Nous sommes entrés inéluctablement dans une période de régression des acquis sociaux. Ce qui a été obtenu de longues luttes par nos parents et les générations qui les ont précédés peut être mis à mal rapidement. Ils peuvent être défaits bien plus rapidement qu’ils n’ont été gagnés, tout comme un pull-over que l’on peut détricoter bien plus vite qu’on ne l’a tricoté. Et celà, qu’il s’agisse de gouvernements de droite ou de gauche. La droite ira à fond dans le sens du capitalisme financier, cela ne fait aucun doute. La gauche non, mais que peut-elle vraiment faire dans un monde où patronat et actionnaires tirent les ficelles. Depuis longtemps, le pouvoir n’appartient plus aux politiques, c’est un leurre.
Mais bien plus que le danger qui pèse sur ces acquis, il y a une autre menace, bien plus sourde et insidieuse, qui est déjà en marche et qui me semble beaucoup plus inquiétante. Je crois en effet qu’aujourd’hui la république est menacée dans ses fondements mêmes. Liberté, égalité, fraternité. Voilà bien trois mots qui sont déjà mis à mal dans les discours et qui peuvent le devenir rapidement dans les faits.
Liberté, vous avez dit ? On sent bien les vélléités du nouveau chef de l’état de fliquer l’ensemble de la société, y compris ce qui se passe sur internet.
Egalité ? En votant Sarko, les français ont clairement voté pour le creusement des inégalités. Les pauvres seront plus pauvres (comment ont-ils pu voter pour lui ? c’est un mystère) et les riches encore plus (là on comprend le sens de leur vote).
Fraternité ? Tout est actuellement bon pour opposer les différentes catégories de citoyens français entre eux : ceux qui bossent contre ceux qui sont au chômage, les français de souche contre les immigrés, les parents contre les enseignants, ceux du privé contre les fonctionnaires de l’Etat … Alors, fraternité mon cul, oui !
Non, non, on a beau essayer de se rassurer, d’espérer que ce type est respectable, différent du manipulateur d’opinion que nous avons vu pendant la campagne, la situation me semble infiniment plus grave que ce que l’on veut dire.
Mais en y regardant de plus près, la gravité de la situation n’est pas due à Sarko lui-même mais bien au fait qu’il s’appuie sur un véritable mouvement d’opinion publique. Sarko ne fait que surfer sur la vague, poussé par une immense lame de fond. Ecoutez autour de vous : beaucoup de gens sont convaincus aujourd’hui qu’il y a trop de libertés, qu’il y a trop de solidarité dans notre société …
Notre peuple, qui n’a plus d’idéal républicain, est bien malade.