Ce blog va-t-il trop vite ?

445 articles depuis le 15 janvier 2006, un rythme actuel de 5 par semaine, le 7000ème commentaire (venant de Oups) vient de tomber il y a quelques minutes … Je me demande, comme d’ailleurs certains des lecteurs, si ce blog ne va pas trop vite. En tous les cas, la question mérite d’être posée.

Il aurait été intéressant les temps derniers de faire durer les discussions. Certains ont continué d’approfondir les thèmes proposés mais les articles se sont vite retrouvés en 10ème ou 12ème position, avalés par une machine infernale qui continuait inlassablement d’avancer. Des discussions que j’aurais aimé voir se poursuivre se sont retrouvées reléguées en arrière-plan.

Un blog est un truc bizarre qui est condamné à avancer sans cesse. Impossible d’empêcher que les articles ne se recouvrent pas les uns les autres. La forte dynamique qui est propre au blog est assurément l’un de ses atouts mais c’est aussi quelque chose qui génère beaucoup de frustations, d’abord chez celui qui écrit des articles mais aussi chez les lecteurs, qu’ils écrivent ou non des commentaires.

J’aimerais avoir votre avis sur la question.

Petit dimanche musical (4)

Nouvelle sélection musicale faite par les lecteurs de ce blog (pour les nouveaux arrivés, se référer à l’article C’est qui VOUS ? du 31 octobre). Avec d’autres propositions faites tout récemment par Brind’paille et Isidore (et qui ont droit à deux extraits, because leur retard), la palette proposée s’est encore élargie.

Commençons en humour avec Aragon et Castille, une vidéo de Boby Lapointe proposée par BF15 :

Mais aussi Romica Puceanu (Brind’paille), Narigon de Daniel Meringo (Brind’paille), La dame Brune par Barbara et Moustaki (Joëlle), Les gens de mon pays de Gilles Vigneault (Isidore), la musique du film The nightmare before Christmas de Danny Elfman (Steph), In my secret life de Leonard Cohen (Serenense), When the music’s over des Doors (Isidore), Sweet Child O’ Mine de Guns N’ Roses (Fred D), The way we are de Lene Marlin (Nico), Serge Utgé-Royo (Nanou), Cécile ma fille de Claude Nougaro (Oups), un extrait de la suite pour violoncelle BWV 1008 de Jean-Sébastien Bach (Anne), Caravan de Thelonious Monk (Vincent) et All along the Watchtower du disque Electric Ladyland de Jimi Hendrix (moi-même).

Et vive la pluie !

Il a beaucoup plu ces jours-ci : 80 mm (80 litres/m2), ce qui est énorme. Il est tombé en deux jours ce qu’il tombe habituellement en cinq semaines. En 24 heures, il est même tombé 50 mm (du mercredi 16H au jeudi 16H).

C’est Dan, familier du pluviomètre, qui vient de me communiquer ces chiffres. Et dans son mail, il m’écrit : Et comme un « bonheur » ne vient jamais seul, arrivée de deux pinsons du nord à la mangeoire pour la première fois depuis deux ans.

J’aime bien cette idée de bonheur associée à celle de la pluie. Je me suis d’ailleurs déjà exprimé plusieurs fois en ce sens sur ce blog. J’ai été très heureux de voir tomber ces gouttes d’eau, j’ai toujours dans ces moments-là ce sentiment très fort que la nature avait besoin de cette eau pour revivre. Mais aussi la sensation puissante que, d’un point de vue physiologique, mon propre organisme avait besoin – aussi bien dans la tête que dans le corps – de cette arrivée de pluie.

Et vous, vous avez apprécié cet épisode pluvieux ?

De longues heures d’affût

Mon article sur le pic mar a suscité quelques commentaires sur la technique de l’affût qui permet au photographe d’être au plus près des oiseaux. Serenense a rappelé un épisode douloureux en forêt, à l’affût au pic mar, où, complétement gelé, il pensait avoir perdu l’usage de ses pieds et de ses mains. Christophe en a profité – oh le vilain ! – pour parler de « tuyau », de « zigounette » et j’ai même crû déceler une allusion à un certain breuvage. En tous les cas, les propos de Christophe n’ont pas manqué d’intriguer quelques lecteurs et lectrices de ce blog (dont Oups qui, décidément, n’en loupe jamais une …!). J’ai vite compris que Christophe parlait d’une aventure un peu épique qui s’est déroulée il y a longtemps. En 1983 exactement. J’ai replongé dans mes souvenirs et me suis remémorré quelques détails plutôt croustillants.

Michel G. et moi avions construit une petite cabane dans une pente boisée qui surplombait la Saône (sur la commune de Soing-Charentenay exactement). C’était le seul site que nous connaissions qui nous permettait, à cause justement de la pente, d’être à la hauteur des nids de hérons.

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Il y avait là une quarantaine, peut-être même une cinquantaine de nids au sommet des arbres. Nous étions à une trentaine de mètres des premiers nids, ce qui nous obligeaient à utiliser de longues focales, en l’occurence chacun un 400 mm équipé d’un doubleur. Nous en avons ramené peut-être un millier de photos, retraçant la vie du héron, de la parade nuptiale à l’émancipation des jeunes en passant par la construction du nid, l’accouplement …

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Nous avions décidé, pour ne pas gêner les hérons, de venir et de repartir le plus discrétement possible, c’est à dire de nuit. Les journées d’affût étaient longues, très longues. Nous y venions le matin avant le lever du jour et n’en repartions que le soir après la tombée de la nuit. C’était à la période la plus froide de l’année, en février, nos amis les hérons ayant la fâcheuse habitude de nicher dès ce mois. Comme il est impossible de rester 10 heures d’affilée sans pisser, nous avons dû inventer le fameux système de l’entonnoir et du tuyau (le petit tuyau vert qu’on aperçoit sur la photo) dont parle Christophe.

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Pour lutter contre le froid, nous avions évidemment quelques bouteilles thermos pleines de grog, peut-être même aussi quelques boissons beaucoup plus riches en alcool (d’où probablement les allusions de Christophe à « l’esprit embrumé »). Il fallait bien tenir dans ces conditions plutôt extrêmes. Et, évidemment, plus nous buvions, plus nous pissions ! L’allusion à la zigounette faite par Christophe est sans conteste liée à cette étrange constatation : les organes génitaux se rétractent pour être au plus près du corps et deviennent alors riquiquis. Alors que les hérons d’à côté s’en donnaient à coeur joie, tous émoustillés par la présence des partenaires, nos sexes à nous ne devaient pas avoir belle allure, il ne serait venu à l’idée de personne d’en faire des porte-drapeaux ! Pas de quoi être fiers en tous cas ! Si j’en juge par les souvenirs et les quelques allusions de Christophe qui est venu partager nos joies et nos douleurs, il devait faire très froid aussi les jours où il est venu.

Je garde un souvenir ému de ces expéditions qui se déroulaient presque tous les week-ends de février-mars puis de manière un peu plus irrégulière d’avril à juillet. Je crois que partager ces moments difficiles avec d’autres est une expérience rare et précieuse. La faim et le froid sont, comme le dit Christophe, de vraies expériences qu’il faut avoir faites au moins une fois dans sa vie.

Plus tard, c’est en solitaire que j’ai continué mes affûts. De très longs affûts souvent. En hiver notamment pour photographier la buse variable qui m’a valu, en trente ans, des milliers d’heures d’immobilité (voir à ce propos la série d’images que je lui ai consacrée sur ma galerie). Des heures extraordinaires où l’on a l’impression de vraiment faire corps avec la nature et de se frotter à la force des éléments naturels. Mais aussi des moments très difficiles. Car jai toujours redouté l’instant où il faut se lever de son siège. Je sais que c’est à ce moment-là que la vraie douleur commence. Tant que je suis assis, recroquevillé, le froid n’a pas complétement prise sur moi. Mais quand je me lève, les frissons me gagnent, le froid me transperce et il m’est arrivé, dans quelques rares occasions heureusement, de penser que les pieds avaient gelé. Alors je retarde le plus longtemps possible le moment où je vais me lever, trop longtemps parfois car la douleur n’en est ensuite que plus dure.

Christophe a raison de dire qu’il est des épisodes dont on n’est pas forcément très fiers. Alors allons jusqu’au bout du tableau : combien de fois, par exemple, ais-je dû pisser sur mes bottes en caoutchouc pour tenter de réchauffer des pieds devenus inertes et insensibles ! Car c’est aussi ça la vraie réalité de l’affût.

Petite phrase de l’ami Victor

En folâtrant sur le Net, je tombe sur cette petite phrase de Victor Hugo : « La grande erreur de notre temps a été de pencher, je dis plus, de courber l’esprit des hommes vers la recherche du bien-être matériel, et de le détourner par conséquent du bien-être intellectuel. (…) Il faut relever l’esprit de l’homme, le tourner vers la conscience, vers le beau, le juste et le vrai, le désintéressé et le grand. C’est là, et seulement là, que vous trouverez la paix de l’homme avec lui-même, et par conséquent la paix de l’homme avec la société. »

Je n’aime pas trop la première phrase qui n’offre que le choix entre le « matériel » et « l’intellect ». Heureusement, il y a le reste  » le beau, … le désintéressé, le grand » et là je m’y retrouve plus. Surtout avec cette idée de paix de l’homme avec lui-même et avec la société.

Et vous, qu’en pensez-vous ?

Bas les PAT !!!

Produire au moindre coût est l’unique préoccupation des firmes agroalimentaires. Quitte à nous faire bouffer de la merde. Et c’est bien de cela dont il s’agit aujourd’hui.

On se souvient de cette idée folle qui avait germé dans la tête d’un irresponsable (« irresponsable mais coupable ») : recycler les animaux morts et les donner à manger à des herbivores ruminants. Il fallait oser avoir l’idée. La mise en oeuvre s’était faite dans l’indifférence générale avec la bénédiction des pouvoirs publics. Jusqu’à cet épisode de la vache folle, ses 181 morts et ses centaines de milliers de vaches calcinées ! Depuis, les célèbres F.V.O. (farines animales et d’os) sont interdites (en 1990 chez les ruminants, en 2001 pour les autres).

Nous nous croyons relativement protégés. Sauf qu’aujourd’hui, dans un contexte de flambée du cours des céréales, ce sont les éleveurs eux-mêmes qui réclament à cors et à cris le retour des farines animales. L’idée est du même ordre : donner à manger les protéines issues de produits d’équarrissage (animaux morts) … aux porcs et aux poulets cette fois-ci. Pour la circonstance, les F.V.O. ont été rebaptisées P.A.T. (Protéines Animales Transformées) pour ne pas trop effrayer les consommateurs. Michel Barnier a reçu il y a un mois les lobbyistes de la filière porcine. A l’issue de la réunion, il a été décidé de porter le débat au sein des instances européennes et celles-ci ont illico débloqué la somme de 1,7 million d’euros pour étudier le projet.

Ce nouveau projet avance donc à la vitesse grand V au mépris des conclusions des rapports de l’INRA et de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments publiés en juin dernier qui tous deux mettaient en garde sur « le risque de réémergence de la maladie qui pourrait résulter d’une réautorisation des farines animales pour l’alimentation des espèces monogastriques » (dont font partie les cochons et les poulets).

Dormez en paix braves gens, vos responsables veillent à votre santé !

Le pic mar

LES OISEAUX DE L’HIVER (4)
J’ai vécu jusqu’à l’âge de 22 ans sans quasiment voir un oiseau. Fils de paysan, j’ai pourtant habité toute mon enfance à la campagne et passé énormément de temps dans les champs. Mais je n’ai pas souvenir de la moindre espèce. Où avais-je les yeux à cette époque-là ? Et puis il y eut « la révélation » avec Claude-Roland, dans le cadre de mes études, lors de deux séjours nature, l’un à Luc-sur-Mer, l’autre dans la Dombes. C’est l’époque de mon premier oiseau, une rousserolle turdoïde que je cherchais dans les roseaux, ma première paire de jumelles et mes premières sorties naturalistes en solitaire. Depuis, pas une seule fois la mésange charbonnière ou le rouge-gorge ne m’ont déçu. Je les regarde comme au premier jour ! Comme un vrai miracle !

Dès mes premières semaines d’ornitho, une famille d’oiseaux m’a particulièrement attiré : les PICS. J’ai toujours aimé ces oiseaux montés sur ressort qui se propulsent le long des troncs et leur manie de jouer à cache-cache avec l’observateur. C’est au plus profond de la forêt que j’ai fait connaissance avec le pic mar. Je m’étais amusé à l’exciter avec un magnétophone qui diffusait un enregistrement du chant de cette espèce. Je me souviens avoir ainsi attiré simultanément quatre pics mars dans la forêt de Bussières. C’était en avril 77. J’ai toujours associé le pic mar à la forêt profonde, aux vieux tronc crevassés des chênes. Et c’est dans la forêt que pendant de nombreux hivers j’ai installé un poste de nourrissage à son intention. Il ne lui fallait en général que quelques semaines pour trouver le mélange spécial Dupdup (non encore breveté) dont je badigeonnais les troncs (il est vrai que cet oiseau fait parfois partie des bandes de mésanges, aux yeux affûtés, qui explorent sans cesse le territoire et à qui rien n’échappe !).

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Plus tard, je me suis rendu compte qu’en installant des mangeoires en dehors de la forêt, mais pas trop loin du couvert forestier, on pouvait aussi l’avoir à sa table chaque hiver ou presque. Habitant en lisière de forêt depuis 2001, j’ai maintenant l’habitude de le voir régulièrement entre décembre et mars. En avril, le pic mar a déserté le poste de nourrissage, il a rejoint l’intérieur des forêts pour toute la durée de la période de reproduction. Là il va mener une existence discrète, caché par le feuillage des arbres. Car, comme l’accenteur mouchet dont j’ai parlé dans le précédent article de cette rubrique, le pic mar est un modèle de discrétion, sans aucun doute le plus discret des pics. C’est pourtant un oiseau très fréquent dans les forêts de la vallée de l’Ognon. Je me demande d’ailleurs si, localement, il n’est pas parfois plus abondant que le pic épeiche, son proche cousin.

Je propose aux photographes intéressés par cet oiseau de prendre contact avec moi pour une éventuelle séance d’affût cet hiver.

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Conférences en vues

A signaler deux conférences qui auront lieu prochainement à la Maison de la Nature de Brussey :
Les poissons de la Vallée de l’Ognon par Jean-Pierre Hérold ce vendredi 23 novembre à 20H.
Darwin et les créationnistes par Claude-Roland Marchand le vendredi 14 décembre à 20H. Cette conférence est sensiblement la même que celle qui a été donnée en février dernier dans le cadre de l’Université Ouverte, dont j’avais fait un compte-rendu et qui avait suscité pas mal de commentaires sur ce blog. Plusieurs lecteurs avaient regretté de n’avoir pu être présents à cette soirée. On peut retrouver le compte-rendu que j’avais fait à l’époque en tapant les conférences de Claude-Roland Marchand (1) dans le moteur de recherche ci-contre.

Petit dimanche musical (3)

Continuons de dérouler, au fil des dimanches, vos choix musicaux. Cette nouvelle rubrique me prend beaucoup de temps (le temps qu’il faut pour visionner des tas de vidéos et les sélectionner) mais je prends un plaisir énorme, chaque samedi, à découvir des talents ignorés et à revoir des artistes que j’avais parfois perdus de vue.

Commençons par Crazy Song, extrait d’une vidéo de Ben Harper choisie par Nico :

Mais aussi Galaxy 500 de Reverend Horton (choix de BF15), Depeche Mode (Fred D.), Bernard Joyet (Nanou), Jean-Marie Vivier (Joëlle), Glenn Gould (Christophe), Nusrat Fateh Ali Khan (Vincent), Douze fois par an de Jeanne Cherhal (Serenense), My Lady Story d’Antony and the Johnsons (Steph), Caught short in the long run, extrait de April d’Elliot Murphy (Anne), Lovefool de The Cardigans (Oups) et L’affiche Rouge extrait de Léo Ferré chante Aragon (moi-même).

Bon dimanche à tous.

Un catalyseur con mais heureux

Je suis IM-PRE-SSIO-NE par la qualité des commentaires sur certains des derniers articles et notamment sur l’article « Travailler plus …? ». Ce nouveau genre d’article était un essai. Parler du couple sans tomber dans l’intime était un véritable défi. Et comme je l’ai déjà dit, je m’attendais plutôt à un flop. Et là, j’ai été subjugué par la teneur des dialogues mené par un ensemble de personnes. Je dis ça surtout à l’intention des nouveaux arrivés sur ce blog qui ont raté ces échanges et qui n’auraient aucune raison particulière, a priori, à aller fouiner sur cet article maintenant relégué en 10ème position. Mes propos sont donc une invit’ aux « petits nouveaux » et « petites nouvelles » d’aller faire un petit tour sur les commentaires de « Travailler plus … ? » et des autres articles récents.

Je ne sais pas trop si c’est la teneur des dialogues qui a permis de créer une nouvelle dynamique sur ce blog mais il se passe quelque chose depuis quelques semaines : le nombre de visites a rapidement augmenté, atteignant 180 dans la seule journée de lundi. Et mon indicateur de statistiques montre qu’il y a là beaucoup de lecteurs très attentifs. Au cours du dernier mois 300 personnes ont effectué une visite de … plus d’une heure (c’était moins d’une centaine par mois il y a peu de temps encore). Travailler plus … ? non, mais aller sur leblogadupdup oui !

Les indicateurs statistiques ne sont que des chiffres à prendre bruts mais ils indiquent probablement que beaucoup de lecteurs se sentent concernés par les propos de Oups, Christophe, Vincent, Brind’paille, Anne, Assourdi, Humeur badine … même si beaucoup n’ont pas encore décidé d’intervenir dans la conversation.

J’interviens moins dans les conversations car je m’aperçois – et c’est un vrai paradoxe – que je lance des sujets d’articles sur lesquels je n’ai finalement que peu de choses à dire. Mais je me délecte. Les phrases des unes et des autres sont parfois si belles, si chargées de significations…! J’ai relu deux fois la plupart de la centaine de commentaires sur l’article Travailler plus … ? Je me sens donc parfois un peu CON sur ce blog, n’ayant rapidement plus rien à dire pour enrichir les dialogues. Alors je me tais. Et j’écoute. J’adore ainsi m’écraser, me faire tout petit et déguster ces petites perles, « vos » petites perles que vous égrennez quotidiennement.

Con oui mais HEUREUX aussi. Heureux même beaucoup ces temps-ci. Car c’est de plus en plus souvent un vrai dialogue qui s’installe avec, me semble-t-il, une bien meilleure écoute de l’autre. Ce blog semble porter maintenant en lui sa propre capacité d’autorégulation. C’est étonnant. Evidemment, il y aura des périodes de crise, de doute surtout, je me suis fait à l’idée que celles-ci étaient non seulement nécessaires mais indispensables à la bonne marche et à la démocratie du blog. J’ai horreur du consensus mou, il faut au contraire que les idées se frottent, se frictionnent entre elles. Les idées surtout ! J’ai traversé les temps derniers quelques périodes de doute (notamment sur la finalité de ce blog) mais ces moments difficiles m’ont permis d’éclaircir et d’ordonner les pensées contradictoires que j’avais dans la tête. Le rebond est venu au rendez-vous !

Continuons donc tous ensemble à faire de ce blog quelque chose de vivant et d’interactif. Vous dans le rôle essentiel de gros pourvoyeurs d’idées et de réflexions, moi dans celui de simple petit catalysateur qui amène des thèmes de discussion sur le tapis. Et ce petit rôle me plaît bien.

Discographie de Brassens (9)

1969. J’avais quinze ans. C’est à cette époque que j’ai rencontré l’oeuvre de Brassens. D’abord par une seule chanson. Ensuite par un album. La chanson, c’était Les Trompettes de la Renommée (qui figure sur le disque 7). L’album, c’était le 9ème. J’étais en classe de seconde au lycée Gérôme à Vesoul. C’est à la chapelle du lycée que nous nous retrouvions, avec Corinne et d’autres, pour écouter ce disque. Les paroles de Brassens ont probablement dû faire se retourner le Christ de la chapelle sur sa croix. Mais comme il ne pouvait pas se boucher les oreilles (because les clous), c’est probable qu’il garde encore en mémoire aujourd’hui les chansons de l’album 9 et qu’il les connaisse par coeur. Désolé pour ce supplice qui lui a été affligé. Mais j’ai dans l’idée qu’il a peut-être aimé ! Merci à Jean, l’aumonier du lycée, plus tard mon ami, aujourd’hui décédé, d’avoir permis ces moments que je considère aujourd’hui comme surréalistes et qui ont été importants dans mon histoire.

Comme dans tous les disques de Brassens, le thème de la mort est omniprésent. Peut-être plus encore avec ce neuvième disque.

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La première chanson liée à ce thème est un modèle d’écriture. Cette Supplique pour être enterré sur la plage de Sète, Brassens l’a travaillée pendant des années. J’avais lu qu’il avait écrit plus d’une cinquantaine de couplets et qu’il avait ensuite réduit la chanson à treize seulement. Mais même avec treize couplets, vidée des trois quarts de sa longueur, la chanson reste la plus longue jamais enregistrée par Brassens. Dan et Dom m’avaient offert un splendide coffret, reproduction des manuscrits de Brassens. C’est un livre enchanteur, on y suit à la trace la construction de certaines chansons. Voici par exemple un fragment de couplet, non terminé, que Brassens éliminera par la suite de la version finale :

Si l’on pouvait se faire enterrer n’importe où
J’aimerais qu’on creusât ma tombe sur la plage
De Sète mon petit village
Où le sable est si dégueulasse mais si doux.

Puis vient l’histoire cocasse d’une rencontre amoureuse entre Brassens et … un Fantôme de passage. Le sexe y est suggéré d’une manière très drôle : « Je conviai sournoisement, La belle à venir un moment, Voir mes icones mes estampes ». Mais ce genre d’histoire n’arrive pas dans la réalité, ce n’était qu’un rêve, le réveil est un peu brutal et un peu dur avec ce père qui secoue l’oreiller en criant « Vains dieux, tu vas manquer la messe ! ». Très belle chute. Ne dit-on pas d’ailleurs que Brassens commençait la chanson par la chute, puis qu’il la continuait à reculons, à rebours.

De toute l’oeuvre de Brassens, La fessée, est l’une de mes chansons préférées. Les mots sont si évocateurs qu’on imagine précisément la scène, dans tous ses détails. Le cadre est mortuaire, insolite (une chapelle ardente), l’histoire est amorale (draguer la femme d’un copain autour de sa dépouille funèbre), le sexe est plus que suggéré (« menteuse la félure était congénitale ! ») et il y a beaucoup d’humour (« un tablier de sapeur, ma moustache, pensez ») et de tendresse (« et le troisième coup ne fut qu’une caresse »). Du grand Brassens assurément. Une manière de désacraliser la mort. Pourquoi cette chanson n’est-elle pas plus connue ?

La mort donc mais aussi la maladie. Brassens fait taire les bruits qui courent sur son état de santé (ne dit-on pas qu’il est atteint d’un cancer) pour rendre la monnaie de la pièce à la profession journalistique qui colporte des rumeurs. C’est cocasse et il en reste ces vers qu’on gardera longtemps en mémoire :

Si j’ai trahi les gros, les joufflus, les obèses
C’est que je baise, que je baise, que je baise,
Comme un bouc, un bélier, une bête, une brut’
Je suis hanté le rut, le rut, le rut, le rut !

(ce dernier vers étant un pastiche du texte de Mallarmé :
« Je suis hanté : l’azur, l’azur, l’azur, l’azur ! »)

L’amour est l’un des thèmes forts de Brassens, même s’il traite ce thème avec toujours beaucoup de retenue. La non-demande en mariage ne déroge pas à la règle. Il y a beaucoup de pudeur dans ce texte et un immense respect pour l’Autre (« De servante n’ai pas besoin … »).

On a souvent comparé Brassens à un chêne. Mais le chêne, aussi solide puisse-t-il paraître, comporte en lui-même sa propre fragilité. On n’oserait lui mettre en concurrence un vulgaire roseau. Et pourtant … Avec Le grand chêne, nous avons là l’une de ces chansonnettes dont Brassens a le secret. L’histoire est anodine mais la mélodie facile et enjouée fait qu’elle est restée dans la tête du public. Là aussi, toute l’histoire converge vers la chute (de l’histoire, pas de l’arbre) et cette idée un peu folle qu’il pourrait y avoir des arbres qui accèdent au paradis. Belle idée !

Brassens plein de retenue et de pudeur n’a jamais écrit de textes purement autobiographiques. Ce disque contient pourtant deux histoires qui sont largement inspirées d’expériences très personnelles : « Les quatre bacheliers » dans laquelle Brassens revient sur un petit cambriolage auquel il a participé et « L’épave » dans laquelle un flic devient le héros de l’histoire. Le flic est à condamner en tant que symbole mais derrière se tient aussi un Homme. Le discours est nouveau. Mais Brassens reste avant tout un anarchiste et affirme haut et fort, dans une autre chanson « Le pluriel », qu’il croit plus à l’individualité qu’aux groupements de tous poils :

« Le pluriel ne vaut rien à l’homme et sitôt qu’on
Est plus de quatre on est une bande de cons.
Bande à part, sacrebleu ! c’est ma règle et j’y tiens… »

Quelques années plus tôt, avec sa chanson « La complainte des filles de joie », Brassens avait pris parti pour cette profession. Dans ce 9ème disque, il va jusqu’au bout de sa démarche et n’hésite pas à montrer du doigt l’amour libre et celles qui font preuve d’une Concurrence déloyale à l’encontre de nos bonnes professionnelles du sexe. L’époque est à la libération des moeurs, Brassens tient là des propos que d’autres pourraient trouver quelque peu réactionnaires. Cette chanson, qui va à contre-courant de l’époque et de l’air du temps, est sans doute à rapprocher de celle qu’il écrira plus tard, une petite merveille d’écriture : « Chansonnette à celle qui reste pucelle ». Mais nous en reparlerons ultérieurement.

Brassens a toujours été tourné vers le passé. « Hors du temps, intemporel » diront les admirateurs, « passéiste », voire « vieux con » diront les plus critiques. Avec « le Moyenâgeux », Brassens affirme sans ambiguïté son attirance pour une époque lointaine. On sait que Brassens a vécu, même au sommet de la gloire, dans l’appartement de « la Jeanne » dans des conditions de confort plus que spartiates. Brassens n’a jamais eu besoin que du minimum vital. Et même le lit ne fait pas partie de ce minimum vital :

Je mourrai pas à Montfaucon,
Mais dans un lit comme un vrai con.
Je mourrai même pas pendard
Avec cinq siècles de retard.

Avec Le Moyenâgeux s’achève le 9ème album. Cette chanson est effectivement la conclusion d’un disque (« l’album de la maturité ») qui, écouté avec quarante ans de recul, n’a pas pris d’âge, est resté un peu hors du temps et garde aujourd’hui encore toute sa fraîcheur et sa portée.

Le poids des mots

Le choix des mots est important. Certains journalistes utilisent des adjectifs qui sont lourds de signification. Ainsi, quelques-uns de ces gratte-papiers, dont ceux du Monde, nous parlent actuellement « d’extrême-droite radicale » (pour qualifier la réunion qui s’est tenue il y a quinze jours à Paris entre catholiques traditionnalistes, racialistes et autres illuminés de la mouvance facho).

Cet adjectif de radical laisserait à penser qu’il existerait une autre extrême-droite plus ordinaire, presque normale et presque respectable. En un mot » acceptable ». Et ça, ça ne l’est pas !

Je ne sais pas quelle attitude il faut adopter face au parti extrémisme. J’avais été très sensible aux arguments défendus ici sur ce blog qui affirmaient que plus on diabolisait ce parti, plus on favorise sa montée en puissance. J’en conviens. Du bout des lèvres, mais j’en conviens. Mais en même temps, les idées extrémistes se propagent aussi rapidement quand on respectabilise le discours du FN. Ce parti joue sur deux tableaux a priori opposés. La stratégie est double. Voire triple car les idées extrémistes se propagent aussi de manière rampante et insidieuse.

Et ne venez pas me dire que la forte baisse du FN lors des dernières élections est un bon signe. Il y a juste des idées extrémistes qui ont fortement imprégné tous les discours ambiants.

J’avoue que je suis plutôt désorienté.

L’amour, une bien belle partition … !

Il me semble que depuis une dizaine de jours, il se passe quelque chose sur ce blog.

Il a a eu d’abord le premier article d’une série intitulée Qui c’est VOUS ? Je crois que par cet article les blogueurs ont appris à mieux se connaître. En tous les cas, la musique qu’écoutent les uns et les autres a semble-t-il intrigué et intéressé chacun d’entre nous.

Et puis ensuite le texte Travailler plus … m’a permis d’inaugurer une série d’articles différents que je n’avais pas encore osé faire. Le sujet de cet article était la vie en couple. Il était facile de tomber dans quelque chose de trop intime. Je m’attendais soit à un flop soit à une dérive. Mais cet écueil a été évité. La discussion a duré longtemps (on en est à 80 commentaires). Elle dure encore, je vous conseille d’aller y faire un tour et d’apporter votre contribution, le sujet est loin d’être clos. De très belles phrases ont été écrites. A propos de la phrase « aimer, c’est déchiffrer une partition », Claudine m’a envoyé ce soir, à point nommé, une très belle image qui permet de l’illustrer.

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A nous de nous exercer à jouer toutes les notes de cette partition !

Les ders de la der des ders

 

Il n’en reste plus que deux et la France entière se penche sur eux. Il y a quelques années, Chirac caressait le rêve de mettre au Panthéon le corps du dernier Poilu. Beaucoup de gens plus jeunes aimeraient ainsi passer à la postérité. Mais voilà que nos deux vieux, forts de leurs 110 années d’expérience, clament haut et fort que ça ne les intéresse pas. C’est pourtant tentant. Ils réfutent même l’idée de funérailles nationales. Pas d’autre ambition que de partir entouré des proches pour un dernier voyage au cimetière familial.

Et cette humilité me plait bien.

Ces deux derniers survivants sont un véritable symbole. L’un est un immigré Italien qui a triché sur son âge pour pouvoir se battre pour son pays d’adoption. Tous deux sont des pacifistes convaincus. Les journaux ont d’ailleurs largement mis en avant les mots justes de ces deux vieillards contre l’absurdité de la guerre. « Un truc absurde, inutile ! A quoi sert de massacrer des gens ? Rien ne peut le justifier, rien ! ».

Probablement aurait-on dû donner la parole aux témoins de l’horreur beaucoup plus tôt ! Les forcer à raconter l’inracontable. Dès 1918 ! Des deux côtés de la frontière ! J’aime imaginer que le reste du siècle en aurait peut-être été différent.

Petit dimanche musical (2)

Vos goûts musicaux présentés dans les commentaires de mon article C’est qui vous ? sont si riches qu’ils vont encore me servir de matière pour les prochains « dimanches en musiques » de ce blog. Voici donc une nouvelle fois un petit mélange sympa « de derrière vos fagots » destiné à faire connaître des artistes pas forcément connus de nous tous.

Commençons par une vidéo de James Blunter choisie par Fred.

Mais aussi Norah Jones (choix de Christophe), Time, extrait de Delicate Sound of Thunder de Pink Floyd (Vincent), My My Hey Hey, extrait de Rust Never Sleeps de Neil Young (Anne), Les patineurs de Clarika (Nanou), Infest de Papa Roach (Nico), Marc-Antoine Charpentier (Joëlle), Take your mama out des Scissor Sisters (Oups), Sleeping Fire to Sleeping Giants, extrait de Miss Machine de Dillinger Escape Plan (Steph), Minuano de Marcio Faraco (Serenense) et Isis, extrait de Desire de Bob Dylan (moi-même).

Il doit y avoir un truc …

Il doit vraiment y avoir un truc chez Harry Potter pour que le succès du livre soit devenu planétaire. J’ai cherché mais je n’ai pas trouvé le truc. Je suis pourtant bon public. Quand on me fait écouter n’importe quelle musique, je rentre vite dedans. Un film ? J’aime tous les films que j’ai l’occasion de regarder, je n’ai pas vraiment un esprit critique très développé. De toute façon, j’en regarde rarement. Les livres ? Dès que je prends un bouquin, j’aime en général, que ce soit un pollar, un roman ou un essai.

Je n’ai pas accroché à Harry Potter et pourtant je suis plutôt prédisposé à aimer. Car les sorciers, je connais ! J’ai lu trois fois « le Seigneur des Anneaux » puis plus tard de grands épopées telles que « les chants de la Belgariade » suivi des « chants de la Mallorée » (4000 pages), « le secret de Ji », « la Citadelle des ombres », « les chroniques d’Arcturus » et j’attaque actuellement le sixième tome de « l’épée de vérité » (4000 pages aussi).

Comme tout le monde parlait de Harry Potter, j’ai lu le premier tome. Je n’ai pas vraiment accroché mais j’ai quand même fait preuve de persévérance car j’ai ensuite lu le deuxième, le troisième et le quatrième (avec un intérêt je dois dire très relatif). Et finalement j’ai calé en plein milieu du cinquième tome. La mayonnaise n’a pas pris, je n’en connais pas la raison, ça doit arriver ce genre de déception.

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Mais c’est sûr qu’il y a un truc dans Harry Potter, un vrai truc pour que ça marche autant. J’en suis évidemment persuadé. Sauf que je n’ai pas trouvé la clé. Y’a quelqu’un qui veut bien me la donner ?

Un drôle de zèbre

Drôle d’aventure que celle de ce zèbre offert au 19ème siècle par un gouvernant africain à Jules Grévy, alors Président de la Rébublique Française. Mis en captivité (le zèbre, pas le président !), il allait être identifié comme appartenant à une espèce inconnue. Les scientifiques ont alors donné le nom de Grévy à ce nouvel animal. Le zèbre de Grévy fait aujourd’hui partie des trois seules espèces de zèbres connues au monde.

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Nul autre Président de la république Française n’est venu depuis concurrencer Grévy dans ce domaine. Même si Sarko est apparemment un drôle de zèbre apparaissant sporadiquement et presque simultanément à tous les coins de la planète, il est très peu probable que soit découverte un jour une nouvelle espèce à qui l’on donnera son nom. Il aurait fallu pour cela que notre président naisse à une époque où la découverte de nouvelles espèces de mammifères était encore possible. Je dois d’ailleurs dire – et vous vous en doutez – que ça ne m’aurait pas déplu qu’il naisse effectivement à une autre époque que la mienne !

Mon ami Samuel Delon est un grand connaisseur de la faune africaine (une quinzaine de voyages d’étude à son actif) et notamment du zèbre de Grévy qu’il suit à chacun de ses voyages. Je crois même que l’idée d’un ouvrage consacré entièrement à cette espèce est en train de le titiller. Samuel est actuellement au Kenya et reviendra juste à temps samedi 10 novembre à 18H salle Proudhon à Besançon pour le vernissage de son exposition consacrée exclusivement au zèbre de Grévy. Avant de partir, Samuel Delon m’a fait savoir que tous les lecteurs de ce blog étaient invités à ce vernissage. Cette exposition est réalisée dans le cadre d’une exposition plus large sur l’Afrique, auquelle ont participé d’autres franc-comtois passionnés. L’expo sera en place jusqu’au jeudi 15 novembre.

Travailler plus … ?

Je ne rate jamais « le courrier des lecteurs » de Télérama. C’est encore ce qu’il y a de plus intéressant dans ce journal et c’est surtout la seule rubrique qui échappe à un certain parisiannisme. La semaine dernière, le courrier de Laurent, habitant de Marsac, m’a bien fait rire : « Travaillez plus pour perdre sa femme ? Non merci ! ».

Evidemment, dans le contexte politique actuel, ça fait sourire. Mais je ne voudrais pas insister trop sur cet aspect là. Il me semble que, d’une manière plus générale, l’activisme lié à notre époque, y compris sur le plan professionnel, n’est pas de nature à favoriser la durabilité des couples. Sujet délicat qui n’est pas du tout le genre de sujet habituellement abordé sur ce blog. Tant pis, c’est lancé !

La roquette, herbe piquante

Voici le premier article d’une série consacrée à des plantes précieuses pour le cuisinier : les aromatiques. Sans elles, la table serait plus terne. Difficile d’imaginer un potage sans une feuille de céleri-branche ou quelques brins de cerfeuil, une salade sans échalote ou feuille de basilic, un lapin sans un petit brin de romarin …

Je ne sais pas trop si la roquette fait habituellement partie des plantes aromatiques. A priori non, elle est plutôt classée dans les salades. Mais sa saveur piquante en fait un aromate idéal pour les crudités et justifie sa présence dans cette nouvelle série d’articles. Depuis quelques mois, elle est l’une de mes plantes fétiches et j’en utilise de plus en plus souvent, notamment dans les salades.

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On considère que la roquette est arrivée d’Asie en même temps que les premières céréales dont elle était la compagne dans les cultures. Depuis cette époque, elle se rencontre à l’état spontané dans les cultures et les terrains vagues du sud de la France (ainsi qu’environ 35 espèces sauvages qui peuvent être consommées comme salades).

La roquette a d’abord été récoltée dans la nature à l’état sauvage. Les Romains en ajoutaient toujours quelques feuilles à la laitue afin d’en relever le goût. Plus tard, Charlemagne inclut la roquette dans la liste des denrées que doit produire, selon lui, une villa carolingienne, ce qui est un véritable honneur car au Moyen Age, en France, les légumes ne sont guère considérés. Aujourd’hui, il n’existe toujours qu’une seule variété de roquette, extrêmement proche de l’espèce sauvage.

Comme pour le cresson ou la moutarde, la roquette doit sa saveur piquante à des composés souffrés. Beaucoup d’auteurs grecs et latins ont rapporté ses vertus toniques, apéritives, digestives, diurétiques, antiscorbutiques et surtout excitantes, la roquette étant considérée comme aphrodisiaque. Pour cette dernière raison, Hildegarde l’avait proscrite des jardins monastiques mais je ne pense pas que cela ait empêché nos braves moines de faire le mur chaque nuit en direction du couvent d’en face (comme l’a si bien rapporté Brassens dans sa chanson Le Moyenâgeux). Et puis, ces braves moines ne se faisaient-ils pas envoyer en douce, par-dessus le mur du monastère, d’importantes quantités de cette salade grâce aux premiers lances-roquettes inventés pour cette si belle occasion !