Désolé pour ceux qui pensaient que mon blog s’assagirait. Je l’ai sous-entendu dans mon article de vendredi dernier, lorsque j’ai parlé de l’importance de l’engagement : je monte désormais au créneau. Il se passe beaucoup de choses graves aujourd’hui dans notre société et on voit un peu partout que les valeurs essentielles qui fondent notre république ne coulent plus de source, elles ne sont plus forcément des valeurs référentes pour tous. Je me suis jusqu’à présent réfreiné dans l’écriture de certains articles pour ne pas que l’on me parle continuellement « d’indignation facile », de « bien-pensance », … Je souhaite à chacun des lecteurs de ce blog d’être capable d’indignation, même facile. Même si elle ne s’accompagne pas toujours d’actions immédiates, l’indignation est infiniment préférable à la résignation au monde vers lequel on veut nous conduire. L’indignation, lorsqu’elle se partage à un niveau plus collectif, peut devenir le ferment de belles et grandes actions. Enfin, j’ai la faiblesse d’y croire …
La laïcité est l’un des sujets forts du moment. Beaucoup de personnes, de toutes sensibilités, ont été choquées par les propos de notre Président. Il ne s’agit évidemment pas que le débat se cristallise autour du problème de la foi, beaucoup de catholiques s’étant d’ailleurs offusqués des propos tenus, mais bel et bien d’éviter un mélange des genres, entre la sphère publique et la sphère privée, mélange qui a rarement été heureux dans notre histoire.
N’oublions pas, comme le rappelle Eric Conan, que « nos valeurs publiques et nos institutions résultent d’un conflit long, violent et intime entre une Eglise absolutiste et un mouvement des Lumières puisant lui-même dans les racines grecques, l’humanisme de la Renaissance et un judéo-christianisme sécularisé ». N’oublions pas non-plus que la laïcité, on le rappelle rarement, a permis la liberté de croyance à laquelle l’Eglise s’est opposée jusqu’au 20ème siècle et que cette laïcité a été la solution trouvée pour en finir avec un long affrontement et pour pacifier notre pays. Enfin, n’oublions pas que, si le mot laïcité » est apparu très tardivement, Condorcet en a défini ainsi le concept en 1791 : « La puissance publique ne doit accréditer aucune croyance et n’en persécuter aucune. Aucun de ses représentants ne doit afficher une croyance… ».
Sur un sujet important comme la laïcité, je n’hésite donc pas à en rajouter une autre couche.
Je viens de recevoir le dernier numéro de Marianne intitulé : « il met la laïcité en danger : LE FOU DE DIEU ». Il y a plein d’articles sur le sujet. Je vous livre en intégralité l’un d’entre eux que je trouve très fort, de Martine Gozlan « Faire le bigot en terre wahhabite, c’est trop ! » :
« Il fallait oser ! Faire assaut de bondieuseries à Ryad, dans la citadelle du wahhabisme, la secte déjantée et omniprésente qui a réduit à l’impotence les sociétés arabes et condamné tout esprit critique à la potence ! Rester muet sur la laïcité, cette révolution française, alors que tant de rebelles, dans le monde arabe, en font le socle de leurs révoltes interdites ! S’en remettre à Dieu devant les enrubannés saoudiens qui flagellent, mutilent et lapident en son nom ! Saluer « l’impulsion moderniste » du roi Abdallah dont les sbires traquent chaque femelle dont un cheveu dépasse de la cage de tissu ! Malheur à celle qui prétend conduire sa voiture : interdit ! Malheur au blogueur Fouad al Farhan, qui s’en prenait à la lenteur de ces belles réformes : au trou ! Malheur aux jeunes filles violées : ce sont elles et non leurs bourreaux qu’il faut châtier ! Nicolas Sarkozy a-t-il vraiment réalisé, entre deux jeux de sabre, où il se trouvait ? S’est-il souvenu que sur cette terre d’Arabie où le ciel est roi, l’enfer a élu domicile jusque dans les hôpitaux où de pieux médecins amputent les voleurs pour satisfaire aux lois divines ? Au moment même où le président y allait de sa litanie sur le « Dieu qui libère » combien d’otages du wahhabisme – berceau de Ben Laden, d’Al-Qaida et du GIA ! – passaient de vie à trépas? Mais les sourires saoudiens s’élargissaient : pensez, un président français tout près de psalmodier « Au nom de Dieu le tout-puissant et le victorieux » ! A pleurer de honte, tout simplement. »