Devoirs de rentrée (1)

Pendant mes vacances, je me suis dit que j’aurais dû vous faire bosser en mon absence. Mettre par exemple une ou deux petites devinettes « à la dupdup », dures à élucider. Moi en vacances, vous en train de bosser sur le blog (en plus de votre travail habituel), ça aurait été un peu sadique et je m’étonne même de ne pas y avoir pensé en temps voulu.

Alors, pour me rattraper, je vous propose non pas des « devoirs de vacances » (puisqu’il est définitivement trop tard) mais des « devoirs de rentrée ». A vous de déterminer tout au long de la semaine quelques petites bêtes que j’ai croisées au hasard de mes balades, par exemple sur le Causse Méjean, un lieu aride.

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La première bestiole que je vous propose d’identifier est plutôt facile, bien connue des naturalistes qui vont se balader dans les lieux secs, au sud surtout mais aussi ça et là plus au nord.

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Au cours de ce petit séjour, j’ai eu la chance de rencontrer cette espèce sous une autre forme, bien plus rare, dans laquelle la couleur jaune est remplacée par le blanc.

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A vos guides d’identification !

Les immortels peuvent bien attendre une semaine de plus, non ?

Hou la la, j’en ai des choses à raconter à propos de mon petit périple dans le sud !

Je viens de lire rapidement les commentaires mis sur le blog en mon absence. Suite à la proposition de plusieurs d’entre vous, la discussion sur le livre « les immortels d’Agapia » est retardée d’une semaine afin de laisser le temps à chacun de pouvoir le lire. La mise en ligne de l’article aura lieu le mardi 9 juin seulement.

Blog en congés

Les activités de ce blog cessent pendant une dizaine de jours. Nous voici, Joëlle et moi, en train de nous préparer à partir dans les Gorges de la Jonte pour une petite escapade au pays des vautours et des circaètes.

Je rappelle que nous parlerons sur ce blog, sur proposition de Christophe, du livre « les immortels d’Agapia » le mardi 2 juin et qu’il est encore temps, pour celles et ceux qui auraient envie de participer à la discussion, de commander ce bouquin (il semblerait que sur Amazon les délais de livraison soient assez longs).

Et puisque voici venir la semaine de l’Ascension, scrutez bien le ciel jeudi prochain en mon absence, c’est le moment de la migration de l’esprit saint. Et tachez de le voir cette fois-ci, bande de mécréants ! Moi je l’avais vu il y a tout juste trois ans  (cliquer ici) !

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Bonne semaine à tous. Le prochain article paraîtra le lundi 25 mai.

Une belle paire de fesses au réveil

Je suis certain qu’il ne vous arrive jamais de voir le matin, au réveil, une belle paire de fesses sur votre fenêtre. Hé bien moi si. Et pas seulement quand j’ai trop picolé la veille ou trop fumé la moquette.

Ce matin, il y avait sur la fenêtre de la cuisine, comme cela arrive parfois, ce petit tableau devant mes yeux :

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Et quand le tableau s’est mis à bouger, la petite figure pointue d’un petit mulot est apparue.

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Belle image pour commencer la journée !

Tout est dans les termes employés

3% de baisse du PIB annoncée pour 2009.
« Le gouvernement va revoir à la baisse ses prévisions de croissance pour 2009 » ais-je entendu ce matin sur France-Inter.
Euh…, il va plutôt revoir à la hausse ses prévisions de décroissance, non ?

Poules en liberté

Quand j’étais gamin, les poules de la ferme n’étaient enfermées que la nuit. Toute la journée, elle étaient en liberté, déambulant dans la rue car nous habitions en plein village. Les rares voitures qui circulaient s’arrêtaient pour les laisser passer. On n’était pas pressé à l’époque.

J’ai toujours aimé la présence des poules en train de vaquer autour des maisons. Nostalgie d’une époque révolue ?

Il y a trois ans, je me rappelle avoir dit à mon frère paysan « Tu ne pourrais pas ouvrir la porte du poulailler la journée ? ». Proposition d’autant plus faisable que la ferme de Claude est à l’écart du village. Il a hésité un peu, craignant sans doute pour les semis du jardin, mais a fini par le faire. Depuis, les poules profitent de leur liberté et j’aime les voir lorsque je passe devant la ferme.

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Les poules vont partout : dans les prés, dans le jardin (avec quelques dégâts occasionnés mais finalement assez faibles), au milieu du matériel agricole et même dans l’étable au milieu des veaux et des vaches.

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Ce type de scène est devenu rare aujourd’hui. Quel dommage !

Guides d’identification des insectes (2)

Beaucoup d’entre vous ont l’œil attiré par les papillons ces jours-ci. Il faut dire que la migration des belles-dames prend des allures exceptionnelles cette année, des millions d’entre elles traversant actuellement la Franche-Comté mais aussi sans doute une bonne partie de notre pays.

Le mois de mai est une période riche au cours de laquelle la plupart des espèces de papillons peuvent être observées.

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Mais comment déterminer avec précision les espèces que l’on rencontre au cours de nos promenades ? Avec quel guide ? Le choix est d’autant plus difficile à faire qu’il existe de très nombreux ouvrages sur le sujet.

L’an passé j’avais entrepris de parler des guides d’identification de nos amies les p’tites bêtes, faciles à utiliser. Quand je dis « facile », c’est parce qu’il existe par ailleurs des ouvrages très spécialisés mais qui ne présentent qu’un intérêt limité pour les blogueurs profanes que nous sommes. Le premier article que j’avais écrit était consacré à un ouvrage général, le Guide Vigot des insectes, que je trouve très bien fait et d’une bonne facilité d’emploi.

Concernant les papillons, je possède pas mal de guides de détermination mais celui auquel je me réfère le plus souvent est le guide Nathan intitulé tout simplement « Quel est donc ce papillon ? ». L’auteur de ce livre est Heiko Bellmann.

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La présentation est de qualité, les photos sont très bonnes (concernant les insectes, je préfère de loin les photos aux dessins), le contenu scientifique est irréprochable (pour autant que je puisse en juger). Quant à son utilisation, elle est facile, les espèces étant classées par famille.

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Et puis l’ouvrage aborde également les papillons nocturnes. Bien sûr, le monde des papillons de nuit est si vaste, qu’il est illusoire d’arriver à déterminer, avec quelque ouvrage que ce soit d’ailleurs, l’ensemble des espèces que l’on rencontrera. Petite colle par exemple : si vous arrivez à identifier ce papillon qui était sur ma vitre en septembre dernier, vous êtes vraiment fort … !

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Enfin, la fin de l’ouvrage est consacrée aux plantes hôtes et ce chapitre aide grandement à la détermination des chenilles (les chenilles de la plupart des espèces sont illustrées dans le livre).

Enfin, critère important : le prix qui est très abordable pour ce genre d’ouvrage (21 €).

En résumé : un livre dont l’amoureux des papillons peut difficilement se passer. Et dont je ne me passe pas.

Consommer plus longtemps des tomates ?

LE COIN DU JARDINIER (46)
C’est aujourd’hui qu’ont commencé les trois jours des saints de glace. La tradition populaire dit qu’il y a jusqu’à cette date des risques de gel et qu’il faut attendre que ces fameux 11, 12 et 13 mai soient passés pour mettre en pleine terre les plantes fragiles telles que tomates, poivrons, aubergines …

Ce que je pense des saints de glace ? Ma réponse tient en deux mots : bof bof. Il me semble que durant les 15 dernières années il n’a pas gelé une seule fois en mai dans la région plutôt habituellement froide que j’habite (Dan, toi qui es notre spécialiste météo, tu peux nous le confirmer ?). Je ne pense pas avoir vu de gel après la date du 26/27 avril. De toutes façons, je prends le risque chaque année et si jamais mes tomates venaient un jour à geler, ce n’est pas grave. Le jardinier qui fait ses propres semis n’en est pas à quelques plants près. Il en replante d’autres, c’est pas plus compliqué que ça !

J’essaie sans arrêt d’allonger au maximum la période à laquelle on peut manger des légumes. Si beaucoup de personnes ne mangent leurs tomates que deux mois par an, je pense qu’on peut aisément en consommer pendant quatre mois, voire un peu plus (attention, tous les chiffres et dates dont je parle dans cet article s’appliquent seulement aux zones de plaine de Franche-Comté, à chacun de transposer pour les autres régions).

Comme je l’ai déjà raconté dans un article déjà ancien, on peut mettre ses plants de tomates en terre dès la fin mars en les protégeant d’un dispositif spécial qui s’appelle wallo water. Ce dispositif est à enlever à la fin avril ou au début mai quand les risques de gel ont disparu. Voici par exemple une photo faite il y a tout juste une semaine lorsque j’ai libéré mes plants de tomates de leur ceinture protectrice.

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Grâce à ce dispositif, les plants issus de mes premiers semis (réalisés le 20 janvier) ont aujourd’hui 60 cm de haut et deux d’entre eux ont déjà de petites tomates d’une taille assez respectable. Il s’agit de la variété sibérienne Kotlas qui est très précoce et dont je pourrai envoyer des graines cet été aux jardiniers intéressés.

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Mais il y a aussi une autre manière de consommer des tomates longtemps. Comme les vieux pieds de tomates attrapent facilement le mildiou à l’automne, on peut en semer de nouveau seulement en mai et avoir ainsi à l’entrée de l’automne des plants encore jeunes capables de mieux résister au mildiou. En utilisant une variété réputée comme étant assez résistante, on augmente ainsi ses chances. C’est pourquoi j’ai semé il y a trois jours 10 graines de la variété belle de Lorraine que le catalogue Baumaux présente comme étant la plus résistante au mildiou. Les premières graines devraient sortir après-demain si tout va bien, pour l’instant elles sont en train de s’étirer sous terre dans l’attente de leur vie au grand jour.

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Il s’agit là d’une petite expérimentation dont je reparlerai ultérieurement sur ce blog, que les résultats soient probants ou non. A suivre donc.

Herbe en Zik à Besançon (2)

Steel Pulse, Israël Vibrations, Culture, Aswad, Toots & the Maytals, Peter Tosh… J’aime bien écouter un disque de reggae. C’est une musique que j’ai toujours aimée.

Samedi dernier, toujours au festival Herbe en Zik à Besançon, il y avait sur scène Ziggi. Je n’avais jamais entendu parlé de cet artiste mais plusieurs personnes m’avaient dit que c’était pas mal. Et comme j’avais un peu de temps, juste après le concert de Caravan Palace et juste avant celui de Kusturica (voir mon article de dimanche dernier), je suis allé l’écouter, plus par curiosité à vrai dire que par véritable envie.
Finalement, le concert de Ziggi aura été celui que j’ai le plus aimé de cette soirée. Ziggi a une très forte présence sur scène, il bouge toujours, le concert était très dynamique. Et en plus, il avait lieu sur une petite scène sous un chapiteau assez exigu. Et comme je préfère de loin les petites scènes aux grandes, la configuration de ce concert me convenait bien.

Il y a pas mal de vidéos et de clips de Ziggi sur Youtube (je ne savais pas qu’il était aussi connu !). En voici trois.

Bon dimanche à tous.

Dans l’intimité des renardeaux

Il y a quelques semaines, j’avais parlé des blaireaux installés dans une ancienne mine. J’avais ensuite raconté dans un commentaire sur cet article (le 25 avril à 21H45) le peu d’activités des blaireaux le soir de ce premier affût. Et j’avais parlé aussi dans ce commentaire d’un animal que j’avais entendu trotté derrière moi, alors qu’il faisait déjà nuit, j’avais dit qu’il s’agissait probablement d’un renard, vu la légèreté du trot.

Avant-hier soir jeudi, je suis retourné « au blaireau » (c’est le « terme consacré » que j’ai pris l’habitude d’employer). Comme chaque fois, je suis arrivé à 20H20 devant les terriers (les blaireaux sortent souvent autour de 20H45 mais ils peuvent sortir dès 20H30, aussi je m’arrange toujours pour être installé dix minutes avant).

Dès que je suis entré en lisière de forêt, j’ai regardé, tout en marchant très doucement et sans bruit, le premier terrier devant moi. J’ai vu un petit renardeau qui est alors rentré précipitamment dans la gueule du terrier. Dix secondes plus tard, j’étais installé debout et immobile contre le tronc d’un gros arbre. J’étais à peine installé qu’un petit renardeau est ressorti d’une autre entrée du terrier, suivi d’un deuxième, d’un troisième, … Il en sortait un toutes les trente secondes. Et pour finir, six petits renardeaux étaient là, à tout juste vingt mètres de moi. Pendant une demie-heure, ils se sont amusés, se mordillant, montant les uns sur les autres, se courant les uns après les autres, faisant des roulades … J’ai remarqué qu’ils jouaient presque toujours deux par deux.

Mon coeur battait à 200 à l’heure. L’un des renardeaux est venu à environ cinq mètres de moi. Il aurait pu venir encore un peu plus près. Mais un adulte est arrivé. Probablement la femelle car elle avait une tête plutôt fine. Son pelage, entrevu dans la pénombre de la forêt, m’a semblé plus sombre que la moyenne. Elle n’avait rien dans la gueule, ne semblait ramener aucune nourriture. Elle n’est pas allée directement au terrier, mais est venue dans ma direction. Le renardeau qui était venu près de moi s’est aussitôt précipité vers elle. Arrivée à dix mètres environ, juste à l’endroit où j’étais passé une demie-heure plus tôt, la renarde a perçu mon odeur, elle a grogné un coup mais pas très fort. Le renardeau a filé à toute vitesse au terrier mais arrivé devant celui-ci, il s’est arrêté net et s’est mis à jouer avec ses frères et soeurs comme s’il ne s’était rien passé. Plus aucun signe de présence de la renarde qui a dû s’esquiver en douce.

J’ai aussitôt quitté le lieu avec la plus grande discrétion, ne voulant pas continuer à jouer le rôle d’intrus. J’ai regardé ma montre en sortant de la forêt, j’avais vécu exactement une demie-heure de pur bonheur.

Les renards sont bien plus susceptibles que les blaireaux, ceux-ci restant fidèles à leurs terriers même lorsqu’il y a du danger. Le renard peut par contre déménager ses jeunes en cas de dérangement, le blaireau non. Aussi, je ne retournerai devant ce terrier que bien plus tard, lorsque les jeunes renards auront quitté le domicile parental.

Je ne ramène évidemment pas de photos de cette soirée. Voici par contre trois images de Chipie, la renarde que Joëlle et moi avions élevée il y a tout juste douze ans.

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Hou la la, que de souvenirs !

Dans un mois sur ce blog : « Les immortels d’Agapia »

Poursuite de notre lecture mensuelle proposée par l’un des lecteurs de ce blog. Le mois prochain, le mardi  2 juin exactement, nous discuterons d’un livre qui nous est proposé par Christophe. Il s’agit de « Les immortels d’Agapia » de Constantin Virgil Gheorghiu. Voici la présentation que nous en fait Christophe :

« Constantin Virgil Gheorghiu est un écrivain roumain, prêtre orthodoxe et fils de prêtre, né le 15 septembre 1916 à Valea Alba en Moldavie dans le nord de la Roumanie. Il est mort en 1992 en France.
Surtout connu pour son ouvrage « La vingt-cinquième heure », cet écrivain signe là parmi d’autres un écrit politique.

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Lorsque adolescent j’ai lu « Les immortels d’Agapia », parmi bien d’autres auteurs slaves (Tolstoï, Gogol, Soljénitsyne, Gorky…), j’ai ressenti un bonheur littéraire fort qui m’a permis d’affiner le lieu de mes engagements et ma connaissance de l’humanité.
J’aurais souhaité d’ailleurs partager avec vous les écrits d’un autre auteur de langue roumaine (Panaït Istrati) mais cela aurait été plus lourd en pages bien que passionnant ! (Chef d’œuvre).

Alors bien sûr, au tournant du XXème siècle, nul n’est tombé de la dernière pluie : Gheorghiu est taxé d’antisémitisme, d’anticommunisme primaire et peut-être pire ! La polémique ne devrait pas, j’espère, vous empêcher d’entrer dans une narration puissante (ah ! Les slaves), de retrouver de vieilles questions sur l’humanité sur fond d’enquête juridique… et je l’espère de partager mon goût pour ce livre.
Je vous laisse avec les Satrapes, les Immortels (issus de l’empire Perse), dont vous comprendrez petit à petit la puissance ; vous retrouverez la misère aussi, puissante à sa façon, et baignerez dans une atmosphère empreinte, à nouveau, de rudes conditions climatiques !

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Qu’on ne s’y trompe pas : Gheorghiu dénonce l’oppression totalitaire et se porte au secours de ceux qui subissent la contrainte.
Mais je vous laisse le soin, à la lecture de ce bouquin de vous forger une opinion propre… et de réagir !

Comme souvent avec les livres que j’aime… je les prête… et ils ne reviennent pas toujours !
Alors je l’ai commandé, reçu, et il a disparu ! Sachez tout de même que je l’ai relu 20 ans après ma découverte avec le même bonheur. Vous le trouverez aisément en poche : aux éditions Gallimard, collection Folio.
Merci au Blogadupdup de permettre ce partage. »

« Les voix de Marrakech »

Article proposé par Brind’paille
« Est-ce la langue de là-bas que je ne comprenais pas, et qui doit maintenant se traduire en moi, peu à peu? Il y avait là-bas des événements, des images, des sons dont le sens vous échappe d’abord, qui n’étaient ni traduits, ni définis par les mots et, au-delà des mots, ils sont plus profonds et plus ambigus qu’eux ».

Voilà pour moi, définie par l’auteur lui-même, l’impression profonde de la ville de Marrakech sur Canetti et qu’il a choisi d’évoquer par petits récits.

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Pour qui arrive dans cette ville, le plus étonnant est la place Djemâa El Fna. Cœur de la vieille ville, écrasée de soleil jusqu’au crépuscule, elle commence alors à frémir et s’emplit de badauds, saltimbanques, bonimenteurs, musiciens, mendiants …. Au fur et à mesure que le jour décline et que la foule arrive, le brouhaha augmente, ponctué de musiques, de cris, d’appels, de voix. L’atmosphère devient électrique, trépidante, et ne se détend que tard dans la nuit. C’est un condensé abrupt des diverses voix de la ville.
place
Canetti préfère isoler quelques unes d’entre elles, tout en leur laissant un peu de la « folie », de la cruauté, du rythme extrême de la place.
J’ai aimé ce livre car, à petites touches et par petits épisodes, s’y concentre toute la couleur de la ville : son côté dramatique, drôle, déconcertant, vivant, épuisant aussi, quelquefois à la limite du supportable ; on y sent la distance qui nous sépare, nous occidentaux, de ses habitants fiers, épiques, mais aussi pudiques, l’impuissance à comprendre totalement une civilisation différente de la nôtre.

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Reconnaître un pays par ses voix est une tentative originale, d’une profondeur peut-être ignorée : « La répétition du même cri caractérise celui qui le lance. On s’en imprègne, on le connaît, il est désormais présent pour toujours. Il est ainsi, dans un caractère propre, nettement délimité, qui est justement son cri. On ne saura rien d’autre sur lui. Il se protège, le cri est aussi sa frontière ».
Parmi ces voix, celle des conteurs, « vêtus de façon voyante, en l’honneur de leurs mots« . Quelle belle façon de dire la vie!
En contrepoint, ces récits où les Français ne sont pas à l’honneur …
Dans la ville du dehors se dessine la ville du dedans, silencieuse, obscure, fraîche, avec ses cours qui s’ouvrent sur le ciel et ses terrasses qui sont « comme une deuxième ville ». Une ville dont les femmes sont cachées, dont les façades sont des murailles, où l’étranger ne passe « à aucun moment inaperçu ».

porte

Mais aussi une ville qui accepte et s’ennoblit des plus humbles :
– le Marabout : « Il tourna vers moi un visage rayonnant, prononça une bénédiction à mon adresse et la répéta six fois de suite. La chaleur amicale qui se répandit sur moi pendant qu’il parlait était telle que je n’en avais jamais connu de semblable d’aucune créature humaine« .
– le mendiant du Mellah : « son appétit s’étendit comme un nuage de satisfaction sur la place.« 
– les enfants, à la beauté touchante.
Le livre est aussi un regard sans complaisance, qui relate la dureté la plus féroce (les mendiants du cimetière israélite), à l’origine d’émotions troublantes « Je sentais combien il peut être séduisant de se faire couper tout vivant en morceaux par les hommes »; mais qui discerne aussi la beauté dans la misère la plus totale « Ce n’était plus au travers d’un tas de décombres que je marchais. Je savais maintenant où sa vie et sa lumière s’étaient concentrés » et qui est reconnaissant devant la vie qui s’exprime avec ténacité (L’Invisible).
Chacun de ces petits récits est comme un conte philosophique au cours duquel on traverse diverses sortes d’épreuves qui nous rendent, pour finir, meilleurs.

Je n’aime pas la foule

Je n’aime pas la foule.
Mais avant-hier, je me suis trouvé entouré de milliers de personnes à la manif du 1er mai.
Hier soir, j’étais parmi des milliers de personnes au concert de Kusturica.
Je croyais en avoir fini avec la foule.
Pour un certain temps du moins.
Alors tranquillement, je suis retourné aujourd’hui dimanche dans la solitude de mon jardin.
Pour y trouver quoi ?
125 534 mauvaises herbes … !
Pfouh … !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Herbe En Zik à Besançon

Dernière journée hier du festival Herbe En Zik à Besançon. Joëlle et moi y étions allés pour écouter Emir Kusturica. Car le cinéaste, auteur d’Underground, de Chat noir, chat blanc, du Temps des gitans et de La vie est un miracle, est aussi un grand musicien (que je connaissais par ailleurs sur disque et sur DVD).

L’un des groupes de cette soirée était Caravan Palace. Une très bonne formation que je ne connaissais pas. Il existe quelques vidéos du groupe sur Youtube. En voici deux :

Après un très bon concert de reggae donné par Ziggi, vint le tour d’Emir Kusturica sur la grande scène (un peu après minuit). Joëlle et moi nous étions tout devant. Ce n’était pas une bonne place pour des vieux comme nous. Joëlle a failli se faire piétiner dès le deuxième morceau, je ne sais plus très bien comment nous avons réussi à nous frayer un chemin au milieu du public en délire qui bougeait par vagues. C’est donc assez loin de la scène que nous avons continué la suite du concert. Un peu déçus par ce concert, non par la musique, mais par le côté un peu « spectacle » de la prestation. Mais bon, ça reste de l’excellente musique malgré tout. Voici deux vidéos concernant la musique de Kusturica. La première donne une idée de l’ambiance pendant les concerts. La deuxième vidéo est un extrait de film.

Bon dimanche à tous !

Mes salades de l’année 2009 (1)

LE COIN DU JARDINIER (45)
Le mois d’avril est fini. Tant pis. J’aime bien les « giboulées du mois d’avril ». Il n’y en a pas eu beaucoup cette année mais comme chaque fois qu’elles se produisent, une belle lumière succède à la pluie. Je me demande d’ailleurs si ce n’est pas en avril qu’il y a le plus d’arc-en-ciels. Le dernier date d’avant-hier.

village

Le mois de mai est là avec son lot de promesses. Les premiers oiseaux vont éclore, les derniers migrateurs vont arriver, les petites plantules du jardin vont pousser à vue d’oeil et le myosotis va se mettre « à faire le beau » pour plaire au persil.

myosotis

Mais le mois de mai, tout comme le mois d’avril d’ailleurs, est encore un mois difficile pour celui qui aime manger les produits frais du jardin. Bien sûr, il reste encore quelques légumes de l’année précédente (des carottes, des potirons, des pommes de terre, des poireaux, quelques céleris-raves si on a pris la peine de bien les conserver en cave) mais l’organisme a faim de récoltes nouvelles qui  se laissent un peu désirer.

Du côté des salades, la jonction est difficile entre le mois de mars (avec la dernière mâche que l’on consomme juste avant qu’elle ne monte en graines) et la fin mai (périodes des premières laitues). La jonction est difficile donc, sauf pour les jardiniers qui ont pris la peine de semer en septembre l’une ou l’autre des rares variétés de laitues qui arrivent à passer l’hiver, même lorsque le thermomètre descend à – 15°C. Ces laitues, qu’on aura pris la peine de repiquer en fin d’automne, vont passer tout l’hiver en état de latence et commencer de se développer seulement à partir de la fin mars/début avril. Elles vont alors se développer très vite et donner de belles pommes (c’est ainsi qu’on appelle le coeur serré des laitues).

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Il existe quelques variétés qu’on appelle « laitues pommées d’hiver », par exemple la Brune d’hiver, la passion blonde à graine blanche, la Val d’Orge, … mais celle qui donne le plus de satisfaction aux jardiniers de l’Est de la France semble être la merveille d’hiver. C’est celle que ma grand-mère mettait autrefois dans son jardin, c’est celle que je continue de semer chaque automne. Par fidélité pour la tradition … et pour ma grand-mère. C’est un plaisir immense de pouvoir en consommer en cette période de l’année.

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J’ai également quelques plants d’une variété un peu plus tardive, que j’ai semée en septembre et qui ne donnera probablement des petites têtes de salades qu’à la fin mai. Mais j’ai oublié le nom de la variété (quelqu’un aurait-il un remède comme la progression d’Altzheimer ?). Quelqu’un connaît-il cette salade ?

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L’an passé, bon nombre de mes articles étaient consacrés aux tomates (voir ma série « mes tomates de l’été 2008 »). J’ai bien l’impression qu’il y aura cette année un paquet d’articles consacrés aux salades. Désolé pour les non-jardiniers de ce blog !

Nous y sommes

Il y a quelques mois, plusieurs amis m’avaient envoyé ce texte de Fred Vargas. Je l’avais mis de côté et je le retrouve ce matin. Un texte très fort, intitulé Nous y sommes, que vous connaissez sans doute.

« Nous y voilà, nous y sommes. Depuis cinquante ans que cette tourmente menace  dans les hauts-fourneaux de l’incurie de l’humanité, nous y sommes.
Dans le mur, au bord du gouffre, comme seul l’homme sait le faire avec brio, qui ne perçoit  la réalité

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Faire sécher des tomates

DU JARDIN A L’ASSIETTE (2)
Le mois de mai approche et le moment de planter ses tomates en pleine terre est bientôt là. En attendant de déguster les premières tomates de l’été, finissons de consommer celles de l’an passé. Car il existe une méthode de conservation assez simple que je pratique depuis deux ans.

Chaque été, lorsque le jardin regorge de tomates cerises, j’en fais sécher une bonne partie en utilisant un déshydrateur à plusieurs plateaux (je fais sécher cinq plateaux de tomates à la fois). Le déshydrateur est électrique mais on devrait pouvoir trouver des plans pour se fabriquer soi-même un séchoir solaire. Il faut une journée environ pour que les tomates deviennent sèches.

tomatessechees
Les tomates séchées se conservent très longtemps, le les mets dans des bocaux dans un endroit sec. Plus tard dans l’hiver, j’utilise les tomates au fur et à mesure de mes besoins. Je les fais se réhydrater légèrement, environ une ou deux minutes dans de l’eau tiède puis je les mets dans un petit bocal avec de l’ail et du basilic et je recouvre l’ensemble d’huile (olive ou tournesol).

bocal
Pour le basilic, on arrive tant bien que mal à le cultiver à l’intérieur pendant la période hivernale, le mien n’est plus très beau mais ses feuilles ont encore beaucoup de parfum.

basilic
En plein mois d’avril, je consomme ces petites tomates cerises avec chaque salade. Délicieux ! Et facile à faire !
assiette
Il ne vous reste qu’à planter des tas de tomates-cerises. Ce sont elles qui ont le plus de goût et qui conviennent le mieux pour cette recette.

Grandes chanteuses de blues (1)

En 1982, John Mayall, le « pape du blues blanc », donnait un grand concert avec ses amis bluesmen noirs. Participaient à cette fête de grosses pointures : Junior Wells, Buddy Guy, Etta James et Albert King (tous des artistes dont il faudra que je parle un jour ou l’autre sur ce blog). Le concert avait été filmé mais je n’ai découvert le DVD que récemment. Lorsque j’ai visionné la vidéo, j’ai été très ému par cette autre invitée dont le nom ne me disait absolument rien : Sippie Wallace. Lors de ce concert, cette grande dame du blues avait 84 ans et elle devait décéder quatre ans plus tard. Mais même âgée, Sippie Wallace avait une très forte présence sur scène. A vous d’en juger !

Je n’ai pas trouvé grand chose sur Sippie Wallace en langue française, mais l’article sur Wikipédia en anglais est assez complet. Née en 1898, cette dame a participé à deux des plus grandes aventures musicales du XXème siècle : le jazz et le blues. Côté Jazz, elle a joué avec King Oliver, Johnny Dodds, Louis Armstrong et Sidney Bechet, côté blues avec Ma Rainey et la grande Bessie Smith. Comme pour les autres chanteurs de blues, les tournées de l’American Folk Blues Festival au début des années 60 ont redonné une deuxième vie musicale à Sippie Wallace et ont permis sa redécouverte.

Il existe très peu de documents vidéos sur cette chanteuse. Avec les trois autres documents que voici (pas tous de bonne qualité), nous avons là tout de ce qu’on peut trouver sur le net.