De nombreuses personnes ont remarqué la migration exceptionnelle des papillons « belles dames » qui ont eu lieu sur toute la France au cours du mois de mai dernier. Je n’ai pas réussi à trouver sur le net le nombre de papillons qui ont traversé la France mais il s’agit probablement de plusieurs centaines de millions d’individus. Le 16 mai, à notre arrivée en Lozère, les belles-dames étaient partout autour de nous. Quelque soit l’endroit où nous étions, des belles-dames arrivaient continuellement du sud (je n’ai jamais vu autant de belles dames se précipiter vers moi !). Il en est certainement passé quelques millions ce jour-là sur ce département.
S’il arrive que les migrations de papillons prennent des allures spectaculaires, il en est d’autres, plus nombreuses, qui sont infiniment plus discrètes. Et notamment celles des papillons de nuit qui passent incognito.
On sait par exemple que les sphinx tête-de-mort remontent parfois plus au nord et arrivent parfois jusque chez nous en Franche-Comté (on m’avait d’ailleurs amené une chrysalide il y a quelques années et j’avais eu la chance de voir le papillon se métamorphoser un soir puis prendre son envol).
Avant-hier, Daniel, qui habite à côté de Besançon, m’a fait parvenir une photo de papillon que son épouse Monique a trouvé dans le jardin en tondant la pelouse avec … une tondeuse mécanique. Voilà donc un instrument pratique, qui entretient la forme, qui ne gêne pas les voisins par son bruit insupportable et qui laisse le temps au jardinier de regarder autour de lui et de découvrir parfois quelques petits trésors à ses pieds.
C’est ainsi que Monique a trouvé ce magnifique sphinx.
L’espèce a été facile à identifier, il s’agit du sphinx livournien (appelé aussi sphinx orangé), Hyles livornica, que je ne connaissais pas. Voici ce qu’en dit le guide des papillons nocturnes de France : « espèce africaine, migratrice en Europe. Commune dans le midi de la France et en Corse, beaucoup plus rare dans le nord ».
Voila donc une espèce exceptionnelle en Franche-Comté (je ne suis même pas certain qu’elle y ait déjà été signalée) et dont la présence dans le jardin de Daniel et de Monique est sans doute liée aux changements climatiques en cours.
Je ne sais pas ce que vous en pensez mais moi ça me laisse rêveur ces petits êtres qui pèsent sans doute moins d’un gramme et qui arrivent à trouver l’énergie suffisante pour traverser la Méditerranée et venir jusque chez nous.