Premier article d’une série proposée par Christophe
L’autre jour et pour la deuxième année consécutive, je reçois le 3 septembre un message de JYC, bien connu chez les naturalistes comtois, dont voici quelques passages :
« Salut à toutes et tous. L’an dernier déjà, j’avais lancé un message en relayant l’OPIE et sollicitant votre collaboration pour connaître un peu mieux la présence d’une abeille solitaire, Colletes hederae, qui a la particularité de ne butiner que le lierre, en septembre. Cette espèce, décrite seulement en 1992, semble assez répandue mais il reste de nombreux « vides » … La bourgade (ce sont des abeilles solitaires mais qui vivent en une « colonie » qui peut être très dense, avec de quelques centaines à quelques milliers d’individus) est implantée dans des sols friables, argilo-sableux ou limono-sableux, faciles à creuser. »
Seules 4 stations de ces petites bêtes qui forment des colonies sur sols étaient alors connues en Franche-Comté. (Je précise que l’OPIE est une association : Office Pour les Insectes et leur Environnement, une belle œuvre).
Disposant d’un répit par une belle journée de ce mois de septembre, le 15, je décide donc d’aller interroger le vieux lierre qui occupe les vieux murs au fond du jardin.
La réponse est surprenante : d’abord les odeurs fines et agréables des fleurs de cette familière et originale liane arborescente, un pur régal qui me retient à lui seul plus d’une heure.
Puis de très nombreux représentants de cette famille extraordinaire qui regroupe notamment les fourmis, les termites, les guêpes, les abeilles… j’ai nommé les hyménoptères (du grec hymên « membrane » et ptéron « aile »).
Des guêpes …
Des abeilles …
Qui vrombissent, butinent, vont et viennent sans cesse. Les sensations sont fortes, visuelles, auditives, visuelles et aussi kinesthésiques (le déclencheur, le rameau écarté, la bête libérée, les déplacements lents…).
Et très rapidement, la star attendue : Colletes hederae dite Collète du lierre.
Je la retrouverai quelques minutes plus tard sur un autre vieux mur garni de lierre, dans le village…
Les mâles (l’un illustré ici), sont plus petits que les femelles, mais comme elles portent cette belle ornementation sur l’abdomen, composée d’une alternance de stries, nettes, jaunes et noires. Notez les antennes et les yeux noirs.
Si vous supportez les petites bêtes qui risquent de vous piquer (une tolérance sûrement mal partagée) et vous adonnez à la contemplation (là je suis moins inquiet), visiter le lierre qui fleurit immanquablement à votre portée devrait vous permettre de découvrir cette espèce et enrichir la connaissance à son sujet… septembre finissant doit le permettre. Et vous deviendrez à coup sûr un contributeur essentiel au savoir !
Sûr que l’animal est beaucoup plus répandu que la carte de répartition actuelle ne le laisse supposer (cliquer ici pour en savoir plus sur la répartition et la biologie de cet insecte).
Si l’aventure vous intéresse (pas dur quand même, avec un peu de patience, de repérer malgré sa mobilité ce petit insecte zébré, plus fluet tout de même que les abeilles et les guêpes), vous contribuerez à compléter la cartographie et la connaissance de cette espèce nouvelle… ce qui est rare dans un contexte d’érosion sans précédent de la diversité du vivant !
Et bien sûr, si vous contactez cette espèce, merci de relayer l’information sur ce blog et donc aux chercheurs (dont l’un est Belge), qui s’intéressent particulièrement à Colletes hederae, mais j’y reviendrai…