« Retouches à un roman d’amour de quatre sous »

J’aimerais vous présenter aujourd’hui une chanson peu connue de Brassens. Je dis « peu connue » car Brassens n’a pas eu le temps de la chanter.

Trois ans après sa mort, Jean Bertola (qui faisait partie du cercle des amis de Brassens) s’est lancé en 1984 dans un très beau projet : enregistrer les chansons que Brassens n’avait pas eu le temps de chanter et, pour certaines, composer les musiques destinées à coller au mieux à des textes qui étaient seulement couchés sur papier. Bertola, grâce à la complicité des musiciens de Brassens (Pierre Nicolas et Joël Favreau) a eu ce grand mérite de nous faire connaître de magnifiques chansons qui auraient pu rester dans le fond d’un tiroir.

Une dizaine d’années plus tard, Maxime Le Forestier reprenait à son tour ces chansons dans de magnifiques interprétations (chansons qu’il a d’ailleurs souvent produites ensuite sur scène, dont à Besançon au Kursaal le 1er février 2006, j’en avais fait l’un de mes tous premiers articles du blog).

Parmi les 29 chansons qui n’ont eu qu’une vie posthume, il y en a une que j’aime particulièrement. Il s’agit de « Retouches à un roman d’amour de quatre sous ». Vous pouvez lire les paroles en cliquant ici.

Les deux premières vidéos que je vous propose sont sans image. Il s’agit-là des enregistrements faits successivement par Jean Bertola (1985) et Maxime Le Forestier (1996). Ces deux interprétations sont aux antipodes l’une de l’autre, jugez-en !

Brassens n’avait auparavant jamais traité ce thème, celui de la vie que les gens s’inventent. Et je trouve que cette chanson, qui aurait pu paraître vieillotte a priori (de par son thème), prend une toute autre dimension aujourd’hui. Car nous sommes entrés de plein fouet dans un monde factice, un monde dans lequel les technologies modernes (smartphones, blogs, facebook, et globalement internet …) permettent à chacun de peaufiner son image et de donner aux autres l’impression que l’on mène une vie très reluisante, que l’on fait telle ou telle chose … la plupart du temps très loin évidemment de la réalité. Ainsi va le monde …

On trouve sur Youtube d’autres versions de « Retouches à un roman d’amour de quatre sous », souvent réalisées par des amateurs (mais pas que !). Il y a même pas mal de versions et ça m’a surpris très agréablement.

Je vous propose successivement quatre lectures très différentes de cette chanson de Brassens (j’adore la première) :

Brassens n’ayant jamais chanté ces chansons, il est évident que cela décuple les possibilités d’interprétation de ceux qui voudraient se les approprier. D’où les grandes différences d’un interprète à l’autre.

Il y a longtemps, Dan et Dom m’avaient offert un magnifique cadeau : les trois volumes représentant les manuscrits de Brassens. Ouvrages superbes ! Concernant cette chanson, on remarquera, comme pour ses autres manuscrits, la calligraphie si particulière, si reconnaissable, de Brassens.

Il est possible que certains d’entre vous (pour les rares qui auraient écouté toutes les vidéos) aient remarqué une petite différence portant sur un mot : il y a ceux qui disent « que je garde la vérité » et ceux qui disent au contraire « que je farde la vérité ». Le verbe « farder » est bien plus fort évidemment, et surtout infiniment plus juste car on n’imagine pas Brassens annonçant qu’il va « garder » pour lui une vérité qu’il va ensuite raconter, cela n’aurait ni queue ni tête. Et comme Brassens avait le sens du mot exact, nul doute qu’il s’agit bien de « farde ». D’ailleurs, quand je regarde le fac-similé des manuscrits de Brassens, je remarque qu’il écrivait ses « f » quasiment comme des « s » et qu’il n’y a plus de doute possible, il s’agit bien de « farder ».

Petite anecdote concernant ce manuscrit : Brassens avait écrit une strophe incomplète en marge de son texte. Elle n’était sans doute pas destinée à être chantée (il y manquait deux vers) mais ça m’a fait sourire.

Enfin pour terminer : y aura peut-être dans un an une autre version sur Youtube : celle de Dupdup qui s’est remis à la guitare et qui prépare un petit truc pour 2021, année du centenaire de la naissance de Brassens.

L’oiseau-vilebrequin

Ah, ça y est enfin, le rêve de ma vie s’est réalisé !

On m’avait toujours dit que le pic était le meilleur oiseau pour percer des trous dans les arbres. Je le savais certes, mais j’avais toujours dans ma tête une petite réserve. Oui, un pic, qu’il soit pic épeiche ou pic vert, reste – aussi beau soit-il – moins efficace pour percer un arbre qu’un véritable outil vendu par Casto.

Alors, bien qu’étant très peu bricoleur, je me suis mis à la recherche de l’oiseau-outil idéal, celui qui allait laisser sur place tous ses concurrents vendeurs de visseuses, perceuses, foreuses …

En quarante cinq ans, depuis que j’ai commencé à m’intéresser à l’ornitho, j’ai fait des milliers d’heures d’affût. Parfois je croyais l’avoir enfin photographié, mais quand je revenais à la maison et que je faisais développer les photos, il n’y avait rien sur le négatif. Combien de stocks de pellicules gâchés ! N’était-ce là qu’un effet de ma consommation de bière excessive ?

Et puis le temps a passé. Les années, puis les décennies …

Et là, surprise, bien que ma consommation de bière n’ait pas baissé, l’oiseau-vilebrequin, dont je suis le premier à démontrer l’existence, a bel et bien été capté par mon nouvel appareil numérique. Il était perché sur un arbre du quartier (c’est à dire « branché sur le secteur »). La preuve de ce que j’avance :


Il existe même une deuxième espèce d’oiseau vilebrequin que j’ai également réussi à photographier. Cette espèce est encore plus performante en ce qui concerne le nombre de tours par minute !

Evidemment, en tant que découvreur d’une nouvelle espèce, c’est à moi que revient le privilège de donner un nom.

Vous avez envie de m’aider ? Qu’à cela ne tienne ! Quel nom latin donneriez-vous à cet oiseau ?

Si vous êtes la personne qui propose le nom le plus original, je vous offre un nombre d’oiseaux-vilebrequins suffisant pour terminer les travaux de votre maison.

Qu’on se le dise dans les chaumières !

« Les fêlés de la graine » (2)

Dans un précédent article, je vous ai parlé de la constitution d’un groupe local de jardiniers dont le but est de parvenir collectivement à l’autonomie du groupe au niveau des graines potagères.
Comme nous travaillons tous ensemble ce sujet très compliqué (car chaque légume pose un problème particulier), nous mettons en place des outils destinés à aider chacun d’entre nous.
A noter que j’avais également mis en ligne un autre article qui parlait des grands principes de la sélection des graines. Les personnes qui seraient de nouveaux lecteurs sur ce blog auraient intérêt à lire cet article « Graines, Tour de France et Shadoks » avant d’aller plus loin.

Lorsqu’on aborde la production de graines de tel ou tel légume, se posent trois questions essentielles auxquelles on est obligé de répondre :

– La plante est-elle annuelle ou bisannuelle ? La question est importante. Prenons l’exemple de la carotte qui a son cycle de développement sur deux années (et qui est donc bisannuelle). Comment procéder pour faire passer l’hiver aux carottes (plantes gélives) que l’on a sélectionnées pour la production de graines ?  Quelles plantes sélectionner (sachant qu’il ne faut surtout pas sélectionner les plantes inadaptées qui auraient tendance à fleurir dès la première année) ? Le jardinier s’attaque rarement à la production des plantes bisannuelles (les poireaux parfois) car il sait, d’instinct, que c’est beaucoup plus complexe que pour les autres plantes.

– La plante est-elle autogame (c’est à dire en autofécondation) ou allogame (c’est à dire à fécondation croisée) ? C’est là sans doute la plus grande difficulté du sélectionneur car seules les plantes autogames sont faciles à reproduire pour le jardinier. Non seulement toutes les variétés des plantes allogames s’hybrident entre elles (par exemple plusieurs variétés de radis ensemble) mais en plus elles s’hybrident avec leurs homologues sauvages (par exemple le radis avec la ravenelle, la carotte avec la carotte sauvage, la chicorée avec la chicorée sauvage …). Et par ailleurs, il faut savoir que plusieurs légumes, qui semblent d’apparence différente, peuvent appartenir à la même espèce botanique et donc forcément s’hybrider entre eux (exemple des bettes, des poirées à couper, des betteraves rouges et des betteraves fourragères qui ne constituent qu’une seule et même espèce). Vous l’avez compris : si vous vous lancez dans la production de graines, vous ne pourrez cultiver qu’une seule variété (de courge, de chicorée …) et à la condition expresse qu’il n’y ait pas d’autres jardins dans votre secteur. Cela donne l’ampleur du défi que notre groupe de « fêlés de la graine » s’est fixé.

– Enfin, il est important de connaître la durée de vie germinative des graines et d’établir un planning de récoltes des graines. Car nous sommes toujours placés devant plusieurs options. Exemple : les graines de courges musquées ont une durée de vie de cinq ans. Vais-je produire ces graines dans mon jardin tous les ans ou tous les cinq ans ? Dans le premier cas, j’adapte plus vite les graines au changement climatique mais j’augmente de cinq fois les risques d’hybridation fortuites avec d’autres variétés. A chacun d’avoir sa stratégie !

Quand on regarde la complexité du problème, on comprend pourquoi les jardiniers qui produisent leurs propres semences ne le font que pour certains types de légumes très faciles : tomates, poivrons, piments, aubergines, laitues … en général moins d’une dizaine de légumes alors que nos jardins en possèdent parfois une cinquantaine.

Nous avons établi un tableau synthétique qui donne pour chaque légume les trois caractéristiques dont je viens de parler : annuelle ou bisanuelle ? Autofécondation ou fécondation croisée ? Durée de germination des graines ? Avec, en plus, mais ça concerne peu notre problématique de sélectionneur de graines, une colonne indiquant les températures et les temps de germination propre à chaque légume.

La suite de ce tableau en ce qui concerne les plantes aromatiques que nous avons préféré mettre à part :

Et enfin, la liste des plantes que notre groupe reproduira sous d’autres formes que les graines.

A noter que ces tableaux ne sont pas d’une grande netteté, je crois que Photoshop est très performant pour les images mais pas pour le texte, il m’aurait fallu « illustrator » que je ne possède pas. Mais bon, ça reste lisible, et en plus je peux envoyer ces tableaux sous forme pdf et word à ceux qui les voudraient.

Vous avez remarqué dans ce tableau que la grande majorité des plantes est allogame et présente donc plein de risques de fécondation croisée. La grande majorité des légumes est donc difficile a reproduire pour les amateurs que nous sommes. Difficile mais pas impossible.

Il a fallu beaucoup de temps pour faire ce tableau, car on a dû regrouper des choses que l’on trouve très éparpillées dans des bouquins, sur des sites internets, … alors on espère surtout qu’il servira à d’autres (c’est d’ailleurs le but : trouver d’autres Fêlés !).

Notre groupe arrivera-t-il à terme à devenir autonome en ce qui concerne la soixantaine de légumes cités dans les tableaux ci-dessus ? Rien n’est moins sûr. Mais c’est un beau défi, non ?

Populations d’oiseaux en berne !

L’endroit où j’habite est très préservé : forêt derrière la maison, nombreuses haies, végétation diversifiée, peu de cultures aux alentours …

Mais, malgré tout, les populations d’oiseaux baissent au fil des années. Je ne parle pas de la fréquentation du poste de nourrissage en hiver qui a toujours été très fluctuante, mais de la densité d’oiseaux nicheurs à la belle saison.

Quelques exemples :

Le troglodyte ne niche plus autour de la maison depuis trois ou quatre ans.


Je ne vois plus la mésange à longue-queue que certains hivers, et jamais en période de reproduction.

Le pic mar se fait rare, lui aussi ne se manifeste plus qu’en hiver … et encore très rarement !

Même la fauvette à tête noire, encore très nombreuse il y  a quelques années, a vu ses effectifs chuter en 2019.

Mais c’est surtout au niveau des espèces dites « cavernicoles, qui se reproduisaient autrefois dans mes nichoirs, que la population baisse.

Aucune nidification des rouges-queues noirs et à front blanc depuis trois ans.


Aucune reproduction de l’étourneau dans mes nichoirs depuis au moins 10 ans.

Disparition complète du moineau friquet.

Pour la première fois, la sittelle ne s’est pas reproduite autour de la maison en 2019.

Et surtout, disparition complète du torcol qui était en quelque sorte l’espèce la plus emblématique de la maison.

Globalement, le bilan n’est donc pas très rose (mais attention, je ne parle que de la zone qui est directement autour de la maison, pas de ce qui est un peu plus distant).

Et chez vous ?

Manu Dibango

Super concert hier soir à Vesoul de Manu Dibango (qui est un habitué de la scène franc-comtoise).
Sur Youtube, un concert qui est très proche de ce que l’on a pu entendre hier (il s’agit d’ailleurs exactement des mêmes musiciens) :

Bonne écoute à tous !

Le jardinage, étonnamment moderne ?


JARDINER À NOTRE ÉPOQUE, ÇA VEUT DIRE QUOI ?

Drôle de question, non ? Car elle sous-entend que jardiner maintenant, ce n’est pas tout à fait la même chose qu’autrefois.

Effectivement, faire du jardin aujourd’hui ne correspond pas aux mêmes préoccupations qu’auparavant.

Pendant une dizaine de millénaires, depuis que l’Homme s’est sédentarisé, le jardinage n’a pas eu vraiment d’autres fonctions que de nourrir l’Homme. On a longtemps été dans une économie de subsistance et il fallait absolument boucler le cycle annuel de nourriture. Question de survie ! Il fallait tenir jusqu’au printemps suivant et, en cas de disette, aucune possibilité d’aller au supermarché du coin. Ce mode de fonctionnement a duré longtemps et je me souviens qu’étant enfant, tout le monde encore faisait du jardin dans le village, c’était une activité essentielle (le jardinage était une activité obligatoire des classes modestes, c’est devenu aujourd’hui une activité en grande partie réservée aux classes moyennes).

Dans nos campagnes, la société de consommation est arrivée de plein fouet, demeurant encore timide dans les années 60, puis au grand galop dans les années 70 et au-delà. Chacun a pu s’affranchir des contraintes de la terre et du climat. On trouvait de tout sur les étalages, pas besoin de « se casser le cul » à faire du jardin. Emancipation de l’Homme aurait-on pu croire …

Certains, pas plus de quelques personnes par villages, ont continué à cultiver leur petit bout de terre comme si l’époque était restée la même, comme si le modernisme n’avait pas prise sur eux. Ils ont été rejoints à un certain moment par d’autres personnes, souvent plus jeunes, qui avaient soif d’authentique et qui avaient envie de renouer avec la pratique du jardinage.

Mais les préoccupations de ces nouveaux jardiniers sont devenues assez différentes et on peut dire qu’aujourd’hui le jardinage répond à d’autres aspirations.

Car aujourd’hui on ne jardine plus tout à fait pour les mêmes raisons.

Evidemment on jardine toujours pour se nourrir des produits de son jardin. Cette fonction nourricière du jardin existe encore bel et bien (même si très peu de jardiniers arrivent à boucler le cycle annuel de la production de nourriture) et il se pourrait même que cette fonction reprenne du poil de la bête dans les temps qui viennent. Jardiner, c’est donc avant tout produire des légumes !

Mais on jardine aussi de plus en plus dans une démarche qualitative. Car si la plupart d’entre nous a les moyens d’acheter des fruits et des légumes, on sait que la qualité des produits du commerce n’est plus vraiment là. Les pommes sont pesticidées à outrance, les concombres n’ont plus le goût de concombres et les tomates sans goût ont pris une telle apparence de plastique qu’on se demande si ce ne sont pas des produits dérivés du pétrole.

On jardine aussi pour des raisons esthétiques. Car le jardinier est souvent quelqu’un qui aime aménager son espace de vie. Il se crée son petit domaine, façonné suivant son aspiration à vivre dans un espace qui lui convient. Autant de jardiniers différents, autant de jardins différents !

Le jardinage a aussi aujourd’hui, sans doute plus qu’autrefois, une dimension sociale. Le jardin est un lieu de rencontres. Le jardinier aime partager sa passion. Il y a souvent autour de chaque jardinier un micro-réseau de personnes qui parlent de jardinage, se partagent des graines, des conseils, boivent un verre de bière ensemble …  J’aime à dire que le jardinier est un sauvage sociable. « Sauvage » parce qu’il aime se retrouver seul au milieu de ses légumes, de ses fleurs, perdu dans ses pensées…et « sociable » parce qu’il aime partager tout ça. Le jardinier est intarissable quand il parle de ses tomates ou de ses salades, il est même parfois difficile de le faire taire.

On jardine aussi pour « se vider la tête ». Le jardinage peut aider à se déstresser, à prendre de la distance par rapport à sa propre vie, professionnelle ou familiale. Et comme notre société moderne nous inflige une vie hyperactive et trépidante, nul doute que cette fonction de bien-être est une fonction essentielle du jardinage. Quand on est dans son jardin, on ne pense plus vraiment aux tracasseries de la vie quotidienne. Faire du jardin, c’est vivre sans doute dans sa petite bulle mais c’est aussi prendre de la distance, du recul, par rapport aux problèmes. Et combien de problèmes résolus lorsqu’on se met à y réfléchir sereinement, la pioche à la main ?

Il y a aussi parfois, dans les différentes préoccupations des jardiniers d’aujourd’hui, une démarche un peu plus intello, voire même affective. Je m’explique. Cultiver le haricot du père Machin qui nous a été transmis par un voisin, c’est se rattacher à la petite histoire locale. Prendre soin d’une variété d’oignon qu’un Algérien vivant à Besançon m’a donnée, c’est pour moi le fruit d’une rencontre humaine. Prendre soin dans son jardin d’une variété de tomate que cultivaient les Aztèques au Mexique il y a 500 ans, c’est aussi nous relier à quelque chose d’universel, qui vient de loin. Ce ne sont que des exemples. Il y en aurait tellement …

Une autre démarche des jardiniers d’aujourd’hui est une démarche environnementale (dans le sens militant du terme). Jardiner c’est dire NON aux légumes qu’on achète et qui viennent de l’autre bout de la planète, avec un mode de production – en matière énergétique ou en matière d’intrants chimiques – qui produit des ravages au niveau de la planète mais aussi des ravages au niveau économique, en détruisant les économies traditionnelles d’ailleurs et nos emplois de producteurs ici. Il y a donc dans le jardinage ce nouvel aspect, nouvelle fonction, qui est d’ordre politique. Jardiner, c’est un acte citoyen de résistance face au monde que l’industrie agro-alimentaire essaie de nous imposer.

J’ai cité 8 raisons de faire du jardin aujourd’hui. Dans mon quotidien, je me sens riche de toutes ces raisons-là, mais je ne perds jamais de vue la fonction première du jardin qui est la fonction nourricière. Et souvent d’ailleurs, je réagis en fonction de ce critère-là. Car je sais que ce critère peut devenir vital un jour et qu’il est peut-être urgent que chaque jardiner travaille ce point-là.

En conclusion à mon propos, on voit bien, vu la somme des enjeux (production nourricière, souci de qualité, esthétique, vie sociale, équilibre personnel, démarche environnementale …) que le jardinage est quelque chose d’étonnamment moderne et qu’il contribue à répondre aux préoccupations actuelles de notre société.

Meilleurs voeux

A l’heure où je rentre de ma nuit de réveillon (assez arrosée je dois dire), il n’y a pas d’éclairage public dans les rues de Bussières, la municipalité ayant pris – et c’est une très bonne chose – la sage décision d’éteindre les réverbères entre 23H et 5 H. Ce qui me permet de vous adresser une carte de vœux, pas très colorée certes, mais d’une extrême et rare originalité !

Notre monde s’assombrit de toutes parts. Alors je vous souhaite de trouver de la lumière partout où ça sera possible : dans les yeux et les sourires de vos proches, dans les musiques que vous aimez, dans vos poèmes et textes préférés, bref dans tout ce qui nous permet d’avancer sur le chemin chaotique de la vie … mais aussi et surtout à l’intérieur de vous-même !

« Les fêlés de la graine »

« Sur l’autoroute du blog, tous les deux mois une petite pause s’impose ! » Alors ce blog fait une petite trêve pour la période des fêtes et reprendra le 1er janvier.

Ce dernier article de la saison est très important pour moi. J’avais dit dans un précédent commentaire que j’annoncerais en fin d’année une initiative dans le domaine des graines. Nous y voilà !

Le 5 octobre dernier une petite bande de joyeux jardiniers s’est réunie autour de quelques verres de bières et d’un couscous pour poser la première pierre d’un mouvement qui pourrait essaimer un peu partout (enfin on l’espère !).

Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, un petit préambule s’impose.

Il y a deux objectifs primordiaux pour le jardinier : d’abord ne pas se contenter de produire des légumes juste en été mais essayer de vivre de ses légumes toute l’année (un principe devenu rare dans notre monde actuel mais qui a pourtant été une nécessité pendant plusieurs millénaires), c’est à dire boucler la boucle : DU PRINTEMPS AU PRINTEMPS. Ensuite, de donner de la cohérence à son activité de jardinier en participant, pour un certain nombre de légumes, au cycle complet de la plante, c’est à dire en bouclant une autre boucle : DE LA GRAINE  À LA GRAINE ! On a tous conscience que ces deux objectifs sont très difficiles à atteindre et qu’il s’agit-là d’un très long cheminement qui se déroule sur toute une vie de jardinier.

Les amis jardiniers impliqués dans ce projet ont décidé de se focaliser uniquement sur le deuxième aspect (la graine) en essayant de répondre à la question suivante : « Sachant qu’il est impossible pour un jardinier de produire lui-même les graines de tous ses légumes, la seule manière d’y arriver ne serait-elle pas de le faire collectivement ? » D’où l’idée d’un petit groupe qui se constituerait sur une base de fonctionnement très simple : par exemple, l’un des membres se charge de produire des semences de carottes pour tous les membres du groupe, un autre des graines de radis, un autre de haricots, etc …

A noter que le mot « graines » est utilisé en priorité car il s’agit-là du mode de reproduction le plus habituel des légumes. Mais le terme n’est pas exclusif car notre groupe se penchera bien évidemment sur les autres modes de reproduction : bulbes, tubercules, bouturage, … A noter également que si les légumes constituent le cœur de notre action, il devrait être aussi question de fruits et de fleurs.

Mais quel intérêt à constituer un tel groupe alors que nous avons accès aujourd’hui, notamment grâce à internet, aux semences d’une foultitude de variétés ? Concernant notre action, il y a bien entendu la volonté de s’affranchir du monde des semenciers et d’entrer dans une démarche de résistance par rapport au mode de jardinage que les grands groupes veulent nous imposer (variétés non reproductibles, semences très chères …). Mais il y aussi et surtout l’importance d’adapter nos semences aux changements climatiques en cours. Comme je l’ai déjà dit sur ce blog, les graines que l’on nous vend sont produites dans des conditions optimales (souvent sous serre), à partir de plantes qui poussent sur un type de sol idéal, qui n’ont jamais eu trop froid ou trop chaud, qui sont à l’abri des vents, et qui n’ont jamais manqué d’eau ou d’éléments nutritifs. Or, les changements actuels sont tels qu’il nous faut sélectionner des plantes qui résistent de plus en plus aux conditions extrêmes que nous connaissons. Et la première des préoccupations est d’adapter ces plantes à nos terroirs. D’où l’idée de constituer un groupe à l’échelle d’un petit territoire. Et aussi évidemment l’idée de susciter la création d’autres groupes à l’échelle d’autres territoires (j’en parlerai plus loin).

De par notre passé, beaucoup d’entre nous avons fait le tour du fonctionnement associatif. Nous n’avons donc pas envie de retomber dans les lourdeurs d’une organisation quelconque (réunions, conseils d’administration, assemblée générale, cotisations …) et son lot de problèmes éventuels (conflits de personnes, luttes de pouvoir …). D’où l’idée d’un groupe qui soit juste un groupe informel, de petite taille, et qui privilégie la convivialité. C’est pourquoi nous l’avons constitué à partir de personnes qui, pour beaucoup d’entre elles, avaient déjà l’habitude d’échanger sur le thème du jardin et qui surtout prenaient du plaisir à se retrouver autour d’un verre. L’idée n’est pas d’étendre la taille de notre groupe, mais bien de susciter la création d’autres groupes avec lesquels nous resterions en contact. C’est un type de fonctionnement qui nous semble être d’une très grande souplesse.

Si on avait envisagé d’en rester seulement à la création de notre groupe, nous n’aurions pas eu besoin de nom. Mais notre démarche n’a de sens que si nous suscitons la création d’autres groupes similaires un peu partout. D’où forcément la nécessité de communiquer. D’où aussi l’importance d’être identifié et donc d’avoir un nom. Evidemment, comme bon nombre de mes amis sont des gens passionnés et donc un peu fêlés sur les bords, le nom « les fêlés de la graine » s’est imposé très vite.

Le nom de domaine « les fêlés de la graine » a été déposé et un site internet démarrera prochainement. Ce site sera sans doute très rudimentaire au départ puis s’étoffera au fil du temps. Probablement que sur ce site nous proposerons quelques outils du genre « tableau de durée germinative des graines », « méthodologie pour la récolte des graines ». Mais tout cela va se construire lentement, nous sommes en plein dans l’expérimentation et il nous semble donc important d’échanger avec d’autres sur la manière de faire, les difficultés rencontrées …

Nous n’avons pas encore vraiment parlé entre les membres de notre groupe des relations avec d’autres groupes qui pourraient naître et qui pourraient faire partie de notre petit réseau. Mais il me semble que le fait de se revendiquer des « fêlés de la graine » suppose juste que ces groupes aient pour objectif principal l’autonomie au niveau graines et gardent un contact avec notre groupe fondateur (constitué de Michèle, Catherine, Daniel, Jacques et Brigitte, Christophe et Isabelle, Didier et Christiane, Joëlle et moi-même). Pour le reste, je ne pense pas qu’il y aura autre chose dans le cahier des charges. Donc, très grande souplesse du système !

Vous l’avez compris: ce projet n’en est qu’à ses débuts. Il va falloir tout construire. Ou plutôt co-construire. Car chacun peut amener sa pierre à cet édifice collectif :

  • En amenant des idées pour construire notre réseau (quel maillage du territoire ? quelles relations entre les différents groupes ?..).
  • En amenant du contenu pour notre futur site internet (techniques de récoltes de graines, de conservation, quels critères pour le choix des variétés …).
  • En mettant éventuellement à disposition des différents groupes certaines variétés locales en voie de disparition.

Mais dans l’immédiat, le plus simple est encore de faire connaître notre initiative auprès de vos amis jardiniers (en leur envoyant le lien de cet article) … et de créer dès maintenant quelques groupes de « fêlés de la graine » pour amorcer la dynamique.

Joyeuses fêtes à vous tous, bande de fêlés !

« Heureux soient les fêlés car ils laisseront passer la lumière » (Michel Audiard)

La diversité des piments (4)

Les piments sont entrés dans ma vie. Pas seulement au jardin mais aussi en cuisine où je les consomme presque tous les jours, essentiellement sous forme de purées. Dans un prochain article, je vous parlerai de quelques recettes de purées pimentées (recette antillaise, africaine, réunionnaise …).
En attendant, je poursuis sur ce blog la présentation des différentes variétés que je cultive (voir les articles déjà parus sur ce thème : 1, 2 et 3).



Je vous propose aujourd’hui 10 nouvelles variétés. Les deux premières variétés appartiennent à l’espèce botanique Capsicum frutescens, les huit autres à l’espèce de piment la plus cultivée : Caspsicum annuum.

1 – Bonbon Pfefferoni
Cette variété a une forme originale en forme de cœur (ou de toupie) et possède une bonne saveur (mais assez forte).


Le fruit est d’abord vert puis devient jaune à maturité. Cette variété est tardive, on aura soin de la semer le plus tôt possible. Les plants sont très productifs.


2 – Tabasco
Cette variété est originaire de l’Etat du Tabasco au Mexique. Ces piments servent à préparer la fameuse sauce piquante.

Les petits fruits sont très forts, ils mûrissent en passant par les couleurs blanc, jaune, orange puis rouge.  Les plants sont très productifs et peuvent atteindre plus de 1,5 m de haut.


3 – Guajillo
Cette variété est également mexicaine où elle est utilisée pour la confection de ragoûts, soupes, tamales, moles, salsas…. Les fruits sont moyennement piquants.


Sous sa forme séchée, le Guajillo révèle une saveur à multiples facettes : fruitée, tannique, herbacée, légèrement fumée, avec des notes de pruneau et de petits fruits.

4 – Bulgarian carrot
Cette variété est d’origine bulgare. Les fruits, à la forme originale de carotte lisse orange, sont superbes. Mais attention, ce piment est très fort, malgré sa saveur fruitée !

La plante, qui aime la chaleur, est assez compacte mais elle peut produire de très nombreux fruits.

5 – Pasilla bajio
Ce piment est utilisé frais ou séché dans certains plats mexicains. Il est appelé Chilaca sous sa forme fraîche. La couleur vert vire au brun foncé en fin de saison.


La saveur de ce piment est peu piquante, avec des arômes de raisin sec ou de cacao. Moulu, il donne un paprika relevé.


6 – NuMex Twilight
Ces petits piments de 3 cm passent par un arc-en-ciel de couleurs : violet, mauve, jaune, orange et enfin, rouge. Chaque plant est couvert simultanément de plusieurs couleurs. Cette variété est donc très décorative et on peut la cultiver facilement en pot.


Ces piments sont comestibles (comme tous les piments d’ailleurs) mais ils sont très forts.

7 – Fresno
Ce piment est de style Jalapeno, il est assez hâtif. Il se distingue par ses fruits poussant vers le haut, ses parois plus minces et sa forme plus conique.


C’est un piment aux usages multiples : salsas, ceviches, nachos, marinades, sauces, conserves, etc. Les fruits verts ont un piquant modéré mais les fruits rouges sont nettement plus forts. Les plants sont compacts, la plante n’excède pas 40 cm de hauteur.

8 – Olive noire
Je n’ai aucun renseignement sur l’origine précise de cette variété. Les petits fruits sont en forme d’olive de couleur violet profond à noir.


La plante a un port aéré et des feuilles vertes bordées et veinées de pourpre. Cette variété rare a une saveur forte.

9 – Ziegenhorn Bello
Ce piment est d’origine autrichienne. Il est appelé également Corne de chèvre.


Les fruits sont longs, pouvant atteindre 25 cm de longueur, et passent du vert clair au rouge à maturité. Ils sont fins et charnus. La saveur est assez forte. Cette variété est très appréciée en frais.

10 – Pénis orange
Cette variété, originaire de Louisiane, est appelée aussi « Piment Peter’s Pepper ». Elle existe en version jaune ou rouge (j’en parlerai dans d’autres articles). Ce piment, rare et très original, possède une forme d’anatomie masculine.


Il est très épicé. La plante est assez compacte et se cultive bien en pot. Elle est très productive.  Je l’ai, quant à moi, rebaptisée « pénis de vieux », vous avez sans doute compris pourquoi.


Je rappelle que je peux donner des graines de ces variétés aux jardiniers intéressés.

Samaris

C’est incontestable : il y a dans les pays du Nord une dynamique créative et artistique incroyable. Il y bien évidemment les écrivains et les romanciers qui sont devenus incontournables. Mais aussi les musiciens !
Aujourd’hui, nous irons faire un tour du côté de l’Islande.
La scène musicale islandaise est très florissante actuellement, inattendue même, car on n’imagine pas qu’il puisse y avoir une telle densité de talents au kilomètre carré dans un pays aussi petit (petit rappel : l’Islande a la même population que la ville de Nice et la démographie se limite à 3 habitants/km2, 35 fois moins que la France).
Lorsque Joëlle et moi sommes allés faire un petit coucou à nos amis en Belgique il y a un mois, Luc était dans une période « musique nordique » et il était en train d’écouter de la musique islandaise. J’ai relevé au passage le nom de Samaris et, de retour à la maison, j’ai écouté les disques de ce groupe.
Je ne suis pas coutumier de la musique électro mais je dois dire que j’ai été très séduit par ce groupe très jeune (déjà trois albums pourtant) qui échappe à toute classification, même si on retrouve le côté envoûtant (et magique ?) propre à bon nombre de musiques nordiques. Et j’ai aimé le type de formation qui est sans doute unique dans le monde de la musique : un chanteuse, une clarinettiste et un programmeur (on trouvera sur ce site une belle présentation du groupe, très intéressante à lire).

Samaris a eu la faveur de passer à trois reprises sur KEXP. Alors, ne boudons pas notre plaisir, les voici les trois par ordre chronologique (2015, 2016 et 2017).

Merci Luc pour cette belle découverte ! Sans toi, je serais passé à côté …

En discussion prochaine sur ce blog : un livre de Nicolino

Les plus anciens d’entre nous se souviendront sans doute qu’à un moment donné – je crois que c’était avant 2010 – on proposait aux habitués du blog de lire un livre et d’en discuter ensuite.
J’aimerais beaucoup renouer avec cette tradition.
Alors, si certains d’entre vous ont envie de revivre cette expérience d’échanges, je vous propose d’acheter, ou d’emprunter à la bibliothèque la plus proche, ou même de voler (mais ne dites pas que c’est moi qui vous ai donné l’idée !) un livre de Fabrice Nicolino (paru en 2015) qui s’appelle « Lettre à un paysan sur le vaste merdier qu’est devenue l’agriculture ». Ce n’est pas un livre qui coûte cher (6,50 €). C’est un ouvrage écrit sur un sujet qui me touche beaucoup (évidemment, je viens du monde paysan).
Alors, si vous êtes partant, lisez-le. On en parlera ensuite entre nous, je ferai un article sur le sujet dans la deuxième quinzaine de janvier (mais si Christophe, Etincelle, Yves, Maïvon, otto lilienthal, Michel … lisent le bouquin d’ici là et veulent faire l’article en question, je cède évidemment la place). Un bon mois donc devant nous. De quoi vous laisser largement le temps de lire ce bouquin qui se dévore en très peu de temps.

Dur dur la culture du potiron !

C’est quoi le plus dur dans la culture des potirons ?


Choisir les variétés dans la multitude qui nous est proposée ?
Réussir ses semis ?
Amener du fumier pour enrichir suffisamment son terrain ?
Travailler la terre ?
Lutter contre l’oïdium qui s’en prend au feuillage des cucurbitacées ?
Se casser le dos à récolter les fruits ?
Avoir suffisamment de place à la maison pour les entreposer ?
Trouver des recettes pour les cuisiner ?

Mais non, vous n’y pensez pas, le plus dur c’est de coller les cosses de cacahuètes sur le potiron « galeux d’Eysines » pour qu’il ait de la gueule !

Incivilités

Personnes qui jettent leurs détritus (canettes, emballages de burgers et de cigarettes, …) par la fenêtre de leur bagnole, sacs-poubelles déposés au bord des routes ou à l’entrée des forêts, détritus de toutes sortes entassés au pied des containers de récupération du verre, personnes qui sortent leur fusil pour tirer depuis leur maison sur les oiseaux, chiens qui divaguent, chiens qui aboient en permanence et qui font chier tout le voisinage, chiens qui bouffent les poules du voisin, chiens qui courent à chaque promenade après les chevreuils (parce que leurs maîtres sont incapables de se faire obéir), automobilistes qui empruntent les sens interdits, qui klaxonnent chaque fois qu’ils passent devant la maison de leurs amis, voitures et scooters qui dégradent le terrain de pétanque, tapage nocturne, voisins qui passent la tondeuse entre 12H et 14H ou le soir après 19H, automobilistes qui vont en bagnole dans les pâtures des paysans (oubliant parfois de refermer la clôture), propriétaires de 4X4 qui font du tout-terrain dans les prés, etc…

C’est fou comme les actes d’incivilité se multiplient dans mon village.

C’est pareil chez vous ? :blink:

Les rapaces, c’est propre !

Y’a des gens qui n’aiment pas les rapaces, ces bouffeurs de viande.
Qui ça ?
Les Vegans d’abord, qui, au train où va leur connerie, vont bientôt déclarer leur présence sur terre illégitime.
Et d’autres qui trouvent que les rapaces c’est comme les autres oiseaux, ça chie n’importe où.
Sauf que, sauf que … j’ai pris il y a quelques semaines une photo qui prouve le contraire (attention, aucune utilisation de photoshop, la photo de ce grand-duc est véridique, juste un recadrage de l’image) :

Séparer l’Homme de son œuvre ?

Je reviens sur un fait qui date de plus d’un mois : l’un des deux prix Nobel de littérature (puisque cette année, exceptionnellement il y en a eu deux) a été décerné à l’écrivain autrichien Peter Handke, qualifié par les académiciens d’« héritier de Goethe », dont l’œuvre « forte d’ingénuité linguistique, a exploré la périphérie et la singularité de l’expérience humaine » (LeMonde.fr)

La nomination de cet écrivain de 76 ans, qui est l’un des écrivains de langue allemande les plus lus (pas par moi, je ne le connais pas) avec plus de quatre-vingts ouvrages publiés, a toutefois suscité une très forte controverse, sur les réseaux sociaux d’abord, puis dans les médias. La raison de la polémique : les positions pro-serbes de Handle et sa présence en 2006 aux obsèques de Slobodan Milosevic, accusé de génocide.

Pour défendre la grande institution Nobel, Anders Olsson, l’un des académiciens suédois, à déclaré : « Ceci est un prix littéraire, pas un prix politique ».

Conséquence de la polémique : dans les médias, on n’a parlé que de l’homme et de ses prises de position contestables, et non de ses livres.

Doit-on séparer, comme certains peuvent le faire pour des écrivains ou artistes contestés sur le plan moral (tels que Céline mais aussi tant d’autres comme Polanski dont on parle beaucoup ces temps-ci), l’Homme de son œuvre ?

Vaste sujet.

Vous en pensez quoi ?

Voyage en « Arpeggiata » (2)

Deuxième article consacré à Christina Pluhar et à son ensemble « l’Arpeggiata ».
Cet ensemble met en place des projets musicaux d’une très grande diversité : musique de la Méditerranée, d’Amérique du Sud, musique de Purcell …
Parmi les musiciens qui viennent d’horizons très divers, on retrouve ici Céline Scheen et Vincenzo Capezzuto. Le concert est enregistré il y a un peu plus d’un an au festival de Sablé.

Bonne écoute !

Les oiseaux de l’hiver 2019-2020

Suite à la photo d’une mésange nonnette en train d’évacuer l’eau de son plumage et que j’avais publiée un jour sur ce blog (à la fin de cet article) …


… j’avais dit que j’essaierais dorénavant de photographier chacun des oiseaux du poste de nourrissage en mouvement ou au vol. Projet pas facile, mais voici une toute première image (vous pouvez cliquer sur les photos pour les agrandir).


Cet article est mis en ligne pour que chacun puisse raconter ce qu’il observe cet hiver au poste de nourrissage hivernal. Alors, ça donne quoi chez vous ?

Graines, Tour de France et Shadoks

En vieillissant, le jardinier essaie souvent de donner un peu de cohérence à son activité. Chez les « vieux amis jardiniers » de mon âge que je connais, je remarque qu’il y a deux choses qui prennent de l’importance au fil des années : d’une part ce magnifique objectif de se nourrir toute l’année des fruits et légumes de son jardin (c’est à dire boucler la boucle : DU PRINTEMPS AU PRINTEMPS !) et d’autre part de produire, pour totalité ou partie de ses légumes, ses propres graines (c’est à dire boucler une autre boucle : DE LA GRAINE À LA GRAINE !). Ces deux choses sont sans doute, pour un certain nombre de jardiniers, l’aboutissement de toute une vie au contact de la terre. En tous les cas, ça l’est pour moi.

Je ne parlerai dans cet article que de la production de semences.

Mais comment sélectionner les plantes qui donneront des graines ?

Il existe plusieurs types de sélection, toutes à la portée du jardinier amateur.

La première méthode consiste à conserver « en l’état » une variété que l’on possède. C’est à dire qu’on prend tout un ensemble de plantes sans faire de choix. Exemple : pour faire ses graines de haricot de l’année suivante, on laisse trois ou quatre poquets de plantes qu’on ne consomme pas et dont on prélèvera les graines à maturité. On prend alors tous les grains de ces haricots-là, sans faire aucun tri particulier. Ce mode opératoire  s’appelle la « sélection de conservation » (je n’aime pas trop ce terme car c’est de la sélection sans vraiment en être).

Une deuxième méthode est à peine plus sélective : on élimine dans les plantes qu’on a gardées celles qui nous semblent un peu trop rachitiques (ce qui revient peut-être à éliminer 10 ou 20% des plantes portes-graines). Exemple : dans un lot de 10 laitues réservées pour la production de graines, deux d’entre elles poussent moins bien que les autres, on les élimine.

La troisième méthode est la plus sélective, la plus draconienne. elle vise surtout à améliorer la variété sur un point particulier. On élimine la plupart des plantes et on ne garde que les meilleures des meilleures (peut-être seulement 10% des plantes). Exemple : on cherche à avoir une laitue qui résiste à la sécheresse et à la canicule, on ne va garder qu’un petit pourcentage des plantes parmi celles qui seront les plus belles et les plus tardives à monter en graines.

Evidemment, en présentant les choses ainsi, beaucoup d’entre nous vont préférer une des deux dernières méthodes qui semblent de prime abord plus performantes.
Mais …
Car il y a toujours un « mais » … (je ne sais plus qui a dit : « Quand il y a un « mais » c’est là que commencent les emmerd’s! »)

Ce « mais », on le trouve formulé dans plusieurs livres qui parlent des graines, et notamment dans le livre de Christian Boué (« Produire ses graines bio » aux éditions Terre Vivante). Christian Boué fait une comparaison très imagée avec le Tour de France. Si on ne sélectionnait que les meilleurs coureurs, ceux des échappées (et donc du classement général) on aurait forcément les meilleurs éléments, sauf que c’est dans le peloton que se trouvent les meilleurs coureurs de plaine, les meilleurs au sprint, les meilleurs contre la montre… Ne pas les sélectionner reviendrait à se priver de coureurs de très bonne qualité. Il en est ainsi des plantes : maintenir tout le potentiel génétique de notre population de haricots revient à garder le maximum de diversité (et non le minimum). D’autant plus que l’ensemble de ce potentiel génétique peut servir à faire face aux modifications – notamment climatiques – en cours.

Par ailleurs, il semblerait qu’on ne puisse pas améliorer les caractéristiques des plantes sans en faire régresser d’autres. C’est ainsi qu’on ne peut pas trouver de grosses variétés de pommes de terre qui aient le goût des petites (si ça existait, ça se saurait hein !). Améliorer un critère suppose donc qu’on prenne le risque de faire régresser la plante sur un autre point. Les points d’amélioration potentiels sont nombreux. Ainsi, sur la carotte, on a recensé 15 points possibles sur lesquels peut porter la sélection (la taille, la forme, l’absence de racines secondaires, le goût, la résistance à tel parasite, la résistance à telle maladie, l’absence de couleur vert au collet …). Mais voilà, la nature est ainsi faite (et sans doute est-ce bien comme cela !) on ne peut pas vraiment agir sur plein de critères à la fois : certains d’entre eux passent irrémédiablement à la trappe. Et Christian Boué de comparer les plantes avec les Shadoks. Je dois dire que ça m’a beaucoup fait rire, moi qui suis fan de cette série des années 60 (merci à Stéphane ne nous avoir offert l’intégrale). Vous vous rappelez ? Les Shadoks ont un cerveau constitué de quatre cases qui ne peuvent contenir que quatre éléments. Introduisez un élément supplémentaire, c’est un autre élément qui fout le camp. Idem pour les nombreux critères de sélection possibles de nos carottes, laitues, poireaux, tomates … Travaillez sur le caractère « résistance au transport » de la tomate, et c’est le goût (ou une autre caractéristique) qui va en pâtir.

(dessin de Caroline Koehly, qui a réalisé toutes les belles illustrations du livre de Christian Boué)

A l’heure où la sélection de graines devient pour certains d’entre nous une véritable passion (vous le saurez prochainement dans un prochain article), il me semblait important, avant de faire quelques articles sur le sujet, de présenter les différents modes de sélection possibles et surtout de mettre en garde les amateurs que nous sommes contre une sélection trop poussée de nos plantes. NE REPRODUISONS PAS LES EXCÈS DES PROFESSIONNELS dans ce domaine. Gardons donc toujours dans un coin de notre tête les deux comparaisons avec le Tour de France et nos amis les Shadoks.

Au moment de terminer cet article, je vois que les plus jeunes d’entre vous s’agitent sur leur banc dans le fond de la classe. Je dois même dire que j’entends de loin et depuis quelques minutes cette petite phrase : « C’est quoi les Shadoks ? »

Ah bon, vous ne savez pas ?