LE COIN DU JARDINIER (1)
Chaque année en janvier, le jardinier qui sommeille en moi se réveille. Se réveille même violemment : la veille encore j’étais plongé dans la langueur hivernale et le matin, je me réveille soudain avec quelque chose de puissant qui monte en moi. J’ai alors envie d’aller au jardin, de semer, de planter, de travailler la terre. Mais il me faut me rendre à l’évidence : les semis, ce n’est pas avant au moins deux mois ! Alors je trouve une activité « jardinage » de substitution et je me mets à feuilleter, de manière un peu fiévreuse, les catalogues de graines. En janvier et février, ces catalogues deviennent mes livres de chevet et je me plais alors à admirer les poivrons aux couleurs éclatantes, les feuilles biscornues de la laitue « oreilles du diable » ou les formes plantureuses de certains potirons. Mais plus je regarde les catalogues, plus j’ai envie de semer et plus ça devient l’enfer car une petite voix intérieure me répète de manière obsessionnelle « dans deux mois, deux mois … ».
Quand je dis que j’ai souvent la tête plongée dans « les » catalogues, c’est un peu exagéré, car en fait, au fil des années, il n’y en a plus que deux qui retiennent vraiment mon attention. Ils ont chacun leur approche et leur philosophie différentes :
1 – le catalogue des graines Baumaux : c’est le top du top parmi les pros de chez pros, le catalogue est richement illustré (c’est un régal pour l’oeil), il y a une grande diversité (plus de 100 variétés de potirons par exemple) et l’on y trouve un certain équilibre entre variétés anciennes traditionnelles et variétés modernes plus productives (hybrides F1). Seul petit bémol : si les variétés traditionnelles sont d’un prix moyen, les variétés F1 et surtout les nouvelles introductions au catalogue sont chères (mais depuis quelques années, les prix de tous les fournisseurs – qu’il s’agisse de Tézier, Vilmorin … – ont fait un grand bond). Contact : www.graines-baumaux.fr
2 – les graines de Kokopelli : on est là dans un autre univers, non commercial, qui est celui d’une association militante qui fait un travail remarquable de sauvegarde de variétés anciennes menacées, du monde entier, et qui œuvre dans de nombreux pays du tiers-monde pour que les populations s’affranchissent du lobbying inacceptable exercé par les grandes multinationales des producteurs de semences. Le catalogue est très riche, plus riche que celui de Baumaux (plusieurs centaines de variétés de tomates par exemple), mais si l’on est simple acheteur on n’a accès qu’à une gamme limitée (la gamme «boutique») alors que si l’on devient adhérent à l’association, l’ensemble des variétés du catalogue devient accessible. Les graines sont d’un prix très modéré. Seul reproche : un grand nombre de variétés ne sont pas illustrées (mais sont bien décrites). Contact : www.kokopelli.asso.fr
On pourrait aussi se contenter d’acheter des variétés classiques que l’on trouve un peu partout, dans n’importe quel magasin. Mais ce petit article s’adressait en priorité à tous les curieux et amoureux de la biodiversité au jardin. Si vous faites partie de ceux qui ne plantent que des tomates rouges, il n’est pas trop tard, faites le pas : essayez les tomates jaunes, vertes ou roses de Baumaux et Kokopelli !