Bordel de bordel !

On parle assez peu dans les journaux de cette gigantesque foire au sexe organisée en marge de la coupe du monde de football. 40 000 filles ont été « importées », principalement de l’Europe de l’Est et de l’Europe centrale, pour cette occasion. La législation allemande rend la chose possible, la prostitution ayant été légalisée dans ce pays en 2002.

Je ne sais pas combien de « passes » peut faire une fille dans la soirée et la nuit. Une dizaine ? Il pourrait donc y avoir 400 000 personnes qui se rendent le soir dans ces endroits un peu particuliers, que l’on a construits pour l’occasion. Il y en a pour toutes les bourses (si j’ose dire) : dans des hôtels pour les plus riches, mais surtout dans des cabanons construits dans des parcs clos de la taille de terrain de foot pour les moins riches. On y prend un ticket d’entrée et on y fait la queue ! Le chiffre quotidien de plusieurs centaines de milliers de mecs qui se livrent à cette activité montre l’ampleur de cette industrie naissante (la relation sport/sexe n’est peut-être pas nouvelle mais son officialisation est récente, elle date des derniers jeux olympiques d’Athènes). La mafia du proxénétisme s’y fait des « couilles en or » (l’officialisation de la prostitution, comme aux Pays-Bas, montre que sa légalisation n’empêche pas le développement des systèmes parallèles mafieux).

Je suis indigné en imaginant que chaque soir, des centaines de milliers de personnes, imbibées de bière et profitant de leur anonymat passager (la plupart ayant leur domicile à plusieurs milliers de kilomètres de là), vont aller se vautrer dans leur bestialité, réduisant la femme à une fonction purement hygiénique et ne la considérant que comme « un trou et du poil autour ». Faut-il leur rappeler que la masturbation peut rendre d’éminents services ?

Je suis également scandalisé de voir que les autorités apportent leur bénédiction à ces pratiques esclavagistes (toute forme de prostitution relève à mon avis de l’esclavagisme, aucune des prostituées n’ayant choisi de son plein gré de faire ce métier qui n’est pas, comme on le dit souvent, le plus vieux métier du monde… cette expression n’étant qu’un truc de mec voulant trouver à tout prix un argument pour légitimer la prostitution).

Comment Angela Merkel peut-elle accepter que la dignité de la femme soit ainsi bafouée ? Comment peut-elle accepter que l’image de l’Allemagne soit ainsi salie ? Pourquoi aucun des 32 pays ayant ratifié la convention contre la prostitution ne dénonce-t-il pas officiellement la chose ? Pourquoi les sportifs eux-mêmes (la Fifa, les équipes de footballeurs, …) restent-ils en majorité muets sur cette affaire (laissant ainsi se ternir un peu plus l’image du sport en général, et du foot en particulier) ? Et les médias, pourquoi ne parlent-ils pas plus de ce scandale ? Car la mondialisation de la marchandisation du sexe est bien un scandale !

Et les hommes ! On ne les entend pas beaucoup ! Car si cette affaire est une honte pour les sportifs, pour les autorités, pour les médias et pour nos sociétés dites « avancées », elle l’est avant tout et surtout pour les hommes.

Sous les vents dominants

(le 100ème article du blogadupdup)
Vendredi dernier, le vent avait viré à la bise. Bonne occasion pour aller observer les blaireaux en forêt. En effet, vu l’emplacement de mon affût, seule la bise ne porte pas mon odeur au terrier et me permet de faire des observations. A mon arrivée sur le site, j’ai soudain un doute puis une affreuse certitude : le vent vient à nouveau de changer de sens et la situation ne m’est plus du tout favorable, bien au contraire. Effectivement, à peine assis sur mon surplomb qui domine les terriers, un blaireau passe la tête de son antre, hume l’air avec circonspection puis rentre vite au plus profond de sa tanière. Une heure et demie plus tard, je quitte les lieux sans avoir revu l’animal. J’aurai passé tout de même une bonne soirée, le blaireau dérangé un peu moins : IL NE FAIT PAS BON ÊTRE SOUS LES VENTS DOMINANTS.

Dimanche matin, c’est jour de ball-trap pour les blaireaux du coin. Le bruit des kalashnikov est parfois supportable. Mais ce dimanche, le vent propage le bruit des canons avec une grande violence dans le petit jardin qui est habituellement mon domaine de tranquillité. IL NE FAIT PAS BON ÊTRE SOUS LES VENTS DOMINANTS.

Ce matin, je tombe sur un petit article qui traite des cas de cancers dans la zone située au nord-est de l’incinérateur d’ordures ménagères de Besançon. Le taux de lymphomes non hodgkiniens, étudié par le professeur Viel (voir la revue Environmental Science and Technology), y est multiplié par 2,5 par rapport à la normale. Tiens donc, peut-être un début d’explication, ceci explique peut-être celà ! DECIDEMENT, IL NE FAIT PAS BON ÊTRE SOUS LES VENTS DOMINANTS !

Et vive la décroissance ! (1)

La science et le progrès sont des mythes bien solides au sein de nos sociétés occidentales. Beaucoup sont persuadés que des trouvailles scientifiques finiront bien, au bout du compte, par sauver l’homme et la planète. Que l’on arrivera à inventer des machines qui fixeront l’excès de CO2 atmosphérique par exemple. Ou même qu’on arrivera, quand tout semblera perdu, à vivre sous cloche.

Les hommes ne croient à la science que quand ça les arrange. Or, c’est une science fondamentale (LES MATHEMATIQUES), qui nous démontre, non pas que l’on trouvera des solutions, mais au contraire que l’on va droit dans le mur. Je m’explique : tout notre système économique actuel est basé sur la CROISSANCE et tous les hommes politiques n’ont que ce mot à la bouche. Or, nous avons oublié que nous vivons dans un monde fini, qui a ses propres limites. Il est évident qu’il n’existe aucun avenir, à terme, à un modèle basé sur une croissance infinie (aussi faible soit-elle) se développant dans un monde aux dimensions limitées. Tôt ou tard le système en développement se heurte aux murs. C’est mathématique et c’est l’évidence même. On aurait d’ailleurs pu écrire ceci il y a plusieurs siècles ou même deux millénaires, les grands principes mathématiques étaient déjà les mêmes.

Aujourd’hui, il est probable que nous avons déjà atteint les limites car tous les indicateurs semblent être au rouge, que ce soit au niveau de la démographie, de la disponibilité des ressources ou de la pollution.

Je suis même persuadé que nous sommes déjà en période de décroissance. Car notre croissance actuelle (qui se ralentit d’ailleurs) n’est peut-être qu’illusoire. Elle se fait au détriment des autres, d’abord au détriment des pays du sud dont on a pillé les ressources et qui se sont appauvris, et ensuite au détriment des exploités de nos propres sociétés. Il n’y a jamais eu autant de pauvres dans le monde, il n’y en a jamais eu autant chez nous. La décroissance me semble donc être déjà là. Mais qu’elle arrive aujourd’hui ou dans vingt ans seulement, ne change pas grand chose au problème.

On peut s’attaquer au mythe de la croissance, mais de toute façon, ce mythe va tomber de lui-même. Il est inutile de s’en prendre aux groupes alternatifs, à ceux qui constituent ça et là des espaces de réflexion et d’action sur ce thème, et de les traiter d’oiseaux de mauvaise augure ou de défaitistes, l’histoire leur donne déjà raison par avance. Il n’y aura pas non plus à choisir entre deux systèmes politiques, l’un basé sur la croissance, l’autre sur la décroissance. Non, il faut dès maintenant prendre le risque d’une décroissance anticipée et maîtrisée ou se résigner plus tard à la récession. Je ne pense pas qu’il y ait d’autres solutions. Le temps joue contre nous et rien ne dit que nous pourrons, d’ailleurs, éviter le pire.

Je ne suis pas d’un naturel pessimiste, au contraire, mais je pense qu’il y aura beaucoup de casse.

Mais je pressens aussi qu’il y a plein d’aspects positifs dans la décroissance. Celà fera l’objet d’un prochain article … si j’arrive d’ici là à mettre mes idées au clair dans ma petite tête (dont les neurones, sont, avec l’âge, déjà victimes de décroissance).

Erreurs plutôt sympathiques

Deux petites anecdotes assez cocasses qui me sont arrivées récemment.

La première : il y a deux mois environ, un voisin est venu m’apporter deux super bouteilles d’Alsace. Du très bon vin. “Tiens me dis-je, c’est probablement pour soigner les relations de voisinage, la démarche est plutôt sympa”. Mais au cours de la conversation, le brave monsieur me dit “oui, c’était gentil de m’avoir aidé l’autre soir”. Or, voilà que je n’avais pas eu l’occasion de le dépanner. M’avait-il confondu avec quelqu’un d’autre ? Est-ce que le dépannage en question avait eu lieu par téléphone, ce qui expliquerait l’erreur sur la personne physique ? Je n’ai pas osé détromper le monsieur (vous auriez fait pareil ?), il est reparti en me laissant ses deux bouteilles de très bon vin. Je rigole en pensant qu’il doit y avoir quelqu’un dans le village qui a dû se dire “quand même, le père machin, il aurait quand même pu m’offrir une bouteille, avec tout ce que je lui ai fait …”.

Deuxième anecdote : la semaine dernière, je pars en direction du champ pour piocher mes pommes de terre (c’est long et fastidieux, la rangée fait 65 mètres de long !). Et voilà qu’en arrivant, je m’aperçois que les pommes de terres sont déjà piochées et butées avec beaucoup de soin. Pensant que mon frère m’avait fait cette faveur pendant mon absence d’une semaine, je pars le remercier. Mais ce n’était pas lui ! En fait, il s’agissait d’un autre jardinier qui s’était trompé de rangée et qui avait travaillé la mienne au lieu de faire la sienne. Il faut dire que l’erreur est plausible car nous sommes 6 personnes à faire du jardinage dans un champ prêté par mon frère et l’espace dévolu à chacun varie d’une année à l’autre. Par contre, sur ce coup-là, c’est moi qui ai évidemment payé la bouteille.

Au train où vont les choses, mon horoscope semblant donc très favorable pour les heureuses surprises, je me demande s’il va encore m’arriver des trucs sympas de ce genre dans les mois qui viennent. Par exemple, ma caisse de retraite qui m’annonce mon départ dix ans plutôt que prévu (parce qu’il y aurait eu une erreur sur les fichiers avec un autre Dupdup). Ou, plus agréable encore, un copain qui me prête sa copine, en croyant me prêter sa belle-mère ! Mais faut quand même pas rêver !

« The Freewheelin’ Bob Dylan (2) »

TRADUCTION LIBRE DE LA CHANSON « A HARD RAIN’S A-GONNA FALL »

Comme je l’avais annoncé, mon ami Jean-Louis me fait le plaisir et l’honneur de m’accompagner dans mon projet consacré à la dicographie de Bob Dylan. Il apportera sa pierre à l’édifice en traduisant chaque mois l’une des chansons du disque concerné. Nous voici donc au jour J !

Vous retrouverez donc le premier week-end de chaque mois l’article consacré au disque (le samedi) et la traduction d’une chanson (le dimanche). Nous voilà donc partis pour une aventure un peu dingue qui devrait durer trois ou quatre ans. A vous de suivre ou de zapper !

A chaque fois, je ferai un lien avec le texte original en anglais, pour ceux qui voudraient s’y référer.

Les textes de Dylan pouvant être assez longs, seuls les premiers vers de la traduction apparaîtront à l’écran. Il sufira donc de cliquer pour avoir la suite.

Nous commencerons ce mois-ci par la chanson « A Hard rain’s-a-gonna fall » (voir texte original en anglais, écouter 30 secondes de la chanson) traduit de manière libre par Jean-Louis :

AVIS DE TEMPÊTE NUCLEAIRE
Oh, où as-tu mis les pieds, mon fils aux yeux bleus ?
Et toi, où as-tu mis les pieds, ma tendre amoureuse ?
Moi, j’ai trébuché dans le brouillard sur les pentes de douze montagnes

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« The Freewheelin’ Bob Dylan »

DISCOGRAPHIE DE BOB DYLAN (2)
Nous voilà donc en mars 1962. Le premier disque de Dylan, intitulé simplement « Bob Dylan » vient de sortir, sans connaître le succès espéré par la firme Columbia. John Hammond, le « découvreur de talents » va, contre vents et marées, continuer de croire en Dylan, alors qu’il ignorait encore tout du talent de compositeur de son jeune poulain, Dylan n’ayant enregistré dans son premier disque quasiment que des morceaux écrits par de vieux bluesmen et joueurs de country.

Dylan vivait alors avec Suze, qui fut sa première inspiratrice et qui était fortement engagée politiquement. C’est elle qui amena Dylan dans les milieux activistes, militant pour les droits civiques. Le moment était probablement idéal pour devenir un chanteur engagé : les droits des noirs étaient bafoués plus que jamais, la tension montait entre l’Amérique et le bloc soviétique, la jeunesse commençait de remettre en cause l’ensemble du système …

Dylan se met alors à écrire continuellement, puisant l’inspiration dans les journaux qui racontent les faits divers (le lynchage d’un noir, la chasse aux sorcières communistes…). Ses plus grandes chansons sont alors écrites en un temps record. Il écrit partout, même lorsque tout le monde bavarde et piccole autour de lui, il écrit des idées, des phrases, des fragments de poèmes sur des coins de nappe dans les cafés. Dans ces circonstances, il écrivait cinq chansons à la fois et les finissait toutes ! Il y a alors un processus de création qui relève de la magie, personne ne peut interrompre Dylan. Le chanteur Mark Spoelstra dira plus tard que Dylan semblait à cette époque « possédé, illuminé ».

Dylan écrivait, écrivait, écrivait, il disait à l’époque « Tout ce que je peux chanter, c’est une chanson. Tout ce que je ne peux pas chanter, c’est un poème. Et quand c’est impossible à chanter et trop long, c’est un roman ».

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Dylan entre en studio avec 25 compositions majeures à son actif mais treize seulement paraîtront sur le deuxième disque mythique « The Freewheelin’ Bob Dylan » publié en mai 1963 (d’autres compositions extraordinaires ne seront publiées .. que trente cinq ans plus tard dans le disque « Bootlegs, vol. 1 » dont je parlerai … dans quatre ans je pense ! Laissez-moi le temps de souffler un peu !). Comme à chaque article consacré à la discographie de Dylan, je vous invite à écouter sur Amazon.fr des extraits de 30 secondes de chacune des chansons du disque.

Le disque commence par le célèbre « Blowin’ in the wind », écrite en moins d’une demie-heure, qui deviendra rapidement l’un des hymnes emblématiques de la jeunesse. L’interprétation de Dylan est très convaincante, il y a beaucoup de sincérité dans la voix mais c’est la version qu’en feront aussitôt Peter, Paul & Mary qui fera connaître la chanson dans toute l’Amérique et bien au-delà.

La plupart des chansons de ce disque sont engagées. Ainsi la chanson « A hard-rain’s a-gonna-fall » (écrite au moment de la crise de Cuba, au moment où les missilles nucléaires russes étaient aux portes de l’Amérique), « Masters of war » adressée aux dirigeants qui envoient les jeunes au casse-pipe, « Oxford Town » qui traite des droits civiques au Mississippi et « Talking World war III blues » qui traite de l’éventualité d’une guerre mondiale (dans le style parlé « talking blues » que Dylan avait inauguré dans son premier album).

Dylan a toujours accordé beaucoup d’importance à lui-même (il a toujours voulu, je crois, s’affirmer à la face du monde), d’où les titres dans lesquels il se met « un peu » en avant : « Bob Dylan’s blues » et « Bob Dylan’s dream » que l’on retrouve dans ce disque (avis très personnel : Dylan est, je pense, très orgueilleux, il ne fera jamais, même quarante ans plus tard, une seule concession à son public, c’est un peu le genre « je suis Bob Dylan, fier d’être Bob Dylan, je n’irai pas à la rencontre du public, c’est lui qui viendra à moi ». C’est d’ailleurs l’un des aspects du personnage que j’apprécie le plus).

Dylan a écrit deux chansons d’amour sur ce disque (que le chanteur Hugues Aufray popularisera plus tard en France) : « Don’t think twice, it’s alwright » (« N’y pense plus, tout est bien ») et « Girl from the north country » (« La fille du nord »).

La chanson « Don’t think twice it’s alwright » m’impressionne, même après des centaines d’écoute, c’est peut-être celle que je préfère de toute sa carrière. Même lorsqu’on ne comprend pas l’anglais, la chanson est bouleversante, il y a une maturité incroyable dans la voix. Il suffit de regarder la pochette, d’y voir un gars tout jeune de 22 ans au bras de sa belle Suze, et d’écouter en même temps la chanson ; on se dit alors « c’est pas possible, tant de force, tant de nuances et tant de maturité … avec ce visage de gamin ».

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Le disque est devenu mythique. Quand j’ai revu le disque vinyle, trente cinq ans plus tard à Paris, il valait … 42 000 F !

Dylan a frappé très fort avec ce disque. Avant lui, il n’y avait pas de « chanson à texte » aux Etats-Unis (cette particularité n’existait qu’en France finalement). Grâce à ce disque et à ceux qui vont suivre, Dylan va devenir, à vingt deux ans (et malgré lui ?), le porte-parole de la jeunesse américaine. L’idole de Dylan, celui qui avait été son modèle, Woody Guthrie, est déjà dépassée. Aux aspects incisifs et engagés des textes de Guthrie, Dylan a insufflé la poésie, l’ironie, l’intelligence des mots et un côté probablement moins direct (plus oblique) que les paroles militantes de Woody Guthrie. Le génie est indubitable.

Avec ce disque, Dylan quitte le cercle restreint et confidentiel de Greenwich Village pour donner de vrais concerts. C’est là, dans ces « grand’ messes folk » qu’il va rencontrer Joan Baez. Mais c’est une autre histoire… Rendez-vous donc dans un mois pour la suite de la « saga Dylan ».

PS – Mon ami Jean-Louis est partie prenante de mon projet « Discographie Dylan ». Il traduit, de manière très libre et « à tours de bras » des chansons de Dylan et s’est engagé à présenter sur ce blog une chanson de chacun des disques (au moins pour la première décennie de la carrière). J’en suis très honoré. J’envisageais au départ d’inclure ces traductions dans chacun de mes articles mais ceux-ci étant déjà très (trop ?) denses, et les traductions de Jean-Louis si riches (elles devraient susciter pas mal de commentaires), j’ai pris le parti de les publier dans un article à part. La première traduction paraîtra demain dimanche.

L’esprit mal saint

Il est des noms de jours fériés qui ne veulent plus dire grand chose. Si l’on interroge l’homme de la rue et qu’on lui demande ce que signifient les mots Ascension, Pentecôte, Assomption, le plupart des gens sauront que ce sont des jours fériés, mais guère plus … sauf peut-être Raffarin, pour qui la Pente Côte fut rude (et la descente encore plus !) et qui doit donc connaître le sens profond de cette petite fête que lui ont faite les Français.

Même moi qu’on a bassiné avec toutes ces histoires, de l’âge de 9 mois avant ma naissance jusqu’à l’âge de la communion, j’avoue que j’ai oublié la plupart de ces choses (et je m’en porte d’ailleurs plutôt assez bien) et j’ai donc dû m’en référer à ma famille pour savoir quelle était la signification du mot Pentecôte.

La religion catholique dit que l’Esprit-Saint est descendu sur les apôtres ce jour-là. C’est la position officielle de l’église.
Or, je suis obligé d’amener une note discordante et contradictoire à cette assertion de l’Eglise. Les affirmations qui vont suivre, et qui n’engagent évidemment que moi, sont étayées par des faits précis que j’ai observés (avec toute la rigueur scientifique du naturaliste que j’essaie d’être).

Voilà donc les faits : l’an dernier, le jour de la Pentecôte, j’étais sur ma terrasse en train de siroter une bière (la bière du démon, peut-être), lorsque je l’ai aperçu. Qui ça ? Le Saint-Esprit bien sûr ! Premier constat : contrairement à la thèse officielle, l’Esprit-Saint n’est pas invisible, éthéré ou immatériel comme on a bien voulu nous le faire croire, il est d’une forme plutôt ronde et dodue. Deuxième constat et deuxième opposition au dogme officiel : il n’est pas descendu ce jour-là mais, au contraire, s’est élevé vers le ciel. En effet, je l’ai vu sortir de l’église du village, tout gonflé d’importance. Il est d’abord monté à la verticale puis, comme on n’était pas très loin des vacances, il a mis le cap sur le sud.

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Je vous dirais bien que j’ai même vu une petite flamme juste en-dessous, probablement la flamme sacrée de l’Esprit-Saint, mais là, vous ne me croirez-pas !

Une autre preuve que l’Esprit Saint n’est pas descendu au milieu des apôtres, c’est qu’on a déjà du mal, de nos jours, à trouver trois pélerins dans une église, alors 12 apôtres … ! Si vous ne me croyez pas, scrutez quand même le ciel ce week-end, autour de votre église, on ne sait jamais… ! Et prenez quelques bières, ça aide !

Petite question subsidiaire : suis-je sain d’esprit ?

Des oiseaux peu farouches

OISEAUX DE TEXEL (1)
J’ai toujours éprouvé beaucoup de plaisir à observer les oiseaux de très près. C’est même presque un peu maladif chez moi, il faut que je réduise au maximum la distance entre l’animal et moi. C’est pourquoi j’aime aller plus au nord où les oiseaux sont beaucoup moins farouches que chez nous.

L’île de Texel aux Pays-Bas, dans la mer du Nord, est un vrai paradis pour les oiseaux. Ceux-ci ont pris l’habitude de vivre en bonne harmonie avec l’espèce humaine, les habitants ayant interdit la chasse sur leur île. La pratique du tourisme aidant, les oiseaux se sont de plus en plus familiarisés avec l’homme et j’ai pu remarqué la semaine dernière (ce devait être mon douzième séjour à Texel) que ce comportement s’est encore accentué au cours des dernières années.

Il y a bien évidemment les goélands qui sont omniprésents et qui, depuis longtemps, n’hésitent pas à venir chercher leur nourriture très près de l’homme (voir à ce propos, la petite série d’images que j’ai consacrée à ces oiseaux familiers).

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Lorsqu’on se balade à pied ou à vélo (ce sont les deux moyens de locomotion les plus utilisés sur l’île), des oiseaux passent souvent très près de votre tête. Ainsi ce vanneau huppé nullement effarouché par le passage de personnes accompagnées de leur chien.

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Lors de ce dernier séjour, j’ai été particulièrement impressionné par une barge à queue noire qui avait souvent plusieurs photographes autour d’elle et qui défendait son territoire et ses deux jeunes poussins en émettant des cris plaintifs à l’encontre des intrus.

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Non, non, il ne s’agit pas d’un empaillé (je parle de l’oiseau … naturellement !)

(photo qui m’a été prêtée par Magalie)

C’est lors d’une petite balade en mer que j’ai pu remarquer un comportement nouveau que je n’avais jamais observé lors des mes autres excursions sur ce même bateau : d’abord un moineau qui est venu se poser sur le beau bonnet rouge de Magalie (scène que je n’ai pas eu le temps de photographier, tant pis pour ceux qui voulaient connaître Magalie !) puis un grand nombre d’étourneaux qui sont venus manger des crevettes sur le bateau dès son retour au port. Les étourneaux étaient partout : au fond des poubelles, dans les machines, sur les étalages, entre les pieds des gens, sous les yeux de Joëlle …

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A quand de telles observations en France ?

La France rurale et les fonds européens

Voici donc le premier anniversaire du référendum sur la constitution européenne et à nouveau des tas d’articles dans les médias. C’est bizarre, cette manière de parler de l’Europe par intermittence. Entre le traité de Maastricht et le vote sur la constitution, il s’est passé plus d’une douzaine d’années de silence sur la question européenne. Même silence depuis une dizaine de mois. Et voilà que le sujet ressort aujourd’hui pour mieux disparaître dans quelques jours. Espérons tout de même qu’un vrai débat commencera dans quelques mois avec l’approche de l’élection présidentielle.

L’an passé, lors de la campagne à l’occasion du référendum, j’ai été surpris que personne n’aborde le problème des FONDS EUROPEENS. Les élus partisans du « oui » auraient pu nous dire ce que l’Europe, par le biais des sommes reversées aux différents Etats, avait amené aux citoyens de base, en terme de développement local, notamment dans la France rurale. Pourquoi n’ont-ils pas mis en avant cet apport de l’Europe ? Peut-être parce qu’il n’y a pas de quoi être fiers de ce que nous avons fait de cet argent. Je m’explique :

– premier constat : une partie des Fonds Européens est repartie à Bruxelles, faute d’avoir été utilisée. Ainsi, pour ne prendre que l’exemple du département de la Haute-Saône, le Préfet de Région avait, en son temps, montré du doigt les cantons de Marnay, de Gy et de Gray qui n’avaient dépensé que 10 F par habitant alors qu’ils avaient 300 F de disponibles. Est-ce parce que les élus de ces cantons manquaient d’idées, de projets ? Est-ce qu’ils n’ont pas relayé l’info auprès de leur base, notamment auprès du milieu associatif qui est souvent une force de proposition ? Est-ce que ces élus locaux n’ont pas soutenu les projets associatifs lorsque ceux-ci existaient (les associations étant souvent vues par les élus, comme un contre-pouvoir dangereux) ?

– deuxième constat : les Fonds Européens ont souvent été utilisés à mauvais escient. Ainsi, dans le village où j’habite, le cimetière a été agrandi grâce à des fonds européens. Un cimetière, est-ce du développement ? Un chemin forestier a été créé avec les mêmes fonds, il ne sert pas à grand’chose et les élus municipaux disent qu’ils l’ont fait parce que le coût était presque entièrement pris en charge.

– troisième constat : les fonds européens ont fait le jeu des politiques locaux. C’est souvent l’élu le plus important du coin (le conseiller général, le député) qui dit à « ses » maires : « je peux t’apporter tant sur ce projet ». Il s’agit bien entendu de fonds publics, la plus grande part étant souvent européenne, mais tout est présenté comme si le petit seigneur du coin distribuait cet argent en fonction de ses accointances politiques ou simplement de son bon vouloir princier. En milieu rural, l’argent européen est parfois dépensé à des fins électoralistes et clientélistes et renforce le pouvoir de nos petits hobereaux locaux.

Demandez au citoyen espagnol ou portugais : il sait combien l’Europe a permis à son pays de se développer. Demandez au citoyen français, il ne sait pas grand chose de l’existence de ces fonds et de leur utilisation (ou de leur non-utilisation).

Le référendum organisé il y a un an était une bonne opportunité pour aborder un peu ce sujet. L’occasion a été ratée !

Blog en congés (1)

Après une semaine complète de mise en parenthèses de mon blog, au cours de laquelle je vais souffler un peu, mes articles reprendront le dimanche 28 mai. En attendant, vous pouvez continuer à alimenter ce blog de vos commentaires, même sur des articles anciens, je suis automatiquement averti par mail de l’arrivée d’un nouveau commentaire et j’essaierai, dans la mesure du possible, d’y répondre dès mon retour.

A titre préservatif !

Vous connaissez l’AGRIF ? Moi non. Je viens d’apprendre qu’il s’agit d’une association de catholiques intégristes qui viennent de se pourvoir en cassation, suite à une décision de relaxe de la cour d’appel de Paris, contre le journal Libération qui a osé publier un dessin représentant le Christ muni d’un préservatif.

Le représentant de l’AGRIF, Bernard Anthony (qui est aussi membre du Front National, il faut le répéter haut et fort), a déclaré : « Il est à noter que cette caricature immonde du fils de Dieu, blasphématoire et injurieuse pour les Chrétiens, attentatoire à la dignité humaine pour tous les hommes, n’a pas soulevé le milliardième de l’indignation suscitée par les caricatures, ô combien anodines du prophète et chef de guerre Mahomet ».

« Caricature immonde » un préservatif ? Faudrait quand même pas exagérer ! Je pense qu’un préservatif sur le Christ n’a rien d’injurieux. AU CONTRAIRE ! Je m’explique : Aujourd’hui, force est de reconnaître que le Christ n’avait rien d’un visionnaire, vu l’état du Monde dans lequel on vit, on est loin d’un monde d’amour et de tolérance qu’il annonçait. Jusqu’à présent, j’avais donc des doutes sur ce côté visionnaire, et donc, à fortiori, sur tout le reste de son existence. Et voilà qu’un journal nous apprend que le Christ mettait des préservatifs, 2000 ans avant que le monde commence à l’utiliser et 2000 ans avant l’invention du latex. Et là, je me dis : « Merde, ce type-là était vraiment un visionnaire ! ». Merci donc à Libé qui m’a remis dans le droit chemin.

Et maintenant les cathos intégristes, ils vont s’attaquer à quoi, après cette représentation de préservatif ? A Truman Capote ?

Je suggère qu’on les mette une bonne fois pour toutes dans le vieux placard dont ils n’auraient jamais dû sortir.

A titre préservatif bien sûr !

Faut-il des riches, faut-il des pauvres ? (4)

Concernant l’affaire Clearstream, la presse d’aujourd’hui retiendra probablement que Jean-Louis Gergorin a enfin avoué qu’il avait envoyé la première lettre anonyme de cette affaire, comme l’avait annoncé « le Canard » il y a quinze jours.

Mais ce que l’on entendra probablement moins, c’est que d’après les propos de Gergorin, il y a entre 5000 et 10000 particuliers qui ont ouvert un compte Clearstream. Quand on sait que le « ticket d’entrée » dans cette société financière est de 20 millions de dollars, on peut se rendre compte que les pauvres ont encore, comme on dit en jargon sportif, « une bonne marge de progression ». Voilà donc de quoi redonner le moral à tous les exclus de la Terre !

Offres d’emplois

Jean-Louis m’a envoyé aujourd’hui un dessin qui laisse à penser que, contrairement à ce que nous disent les médias, les offres d’emploi se portent bien. Très bien même ….

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Voilà, c’était au cas où vous connaitriez un chômeur dans votre famille ou parmi vos proches … !

L’espérance de vie remise en question

On entend souvent dire dans les médias que l’espérance de vie augmente et on suppose même qu’un enfant qui nait aujourd’hui aurait des chances d’arriver à cent ans. La belle affaire ! Vous vous imaginez, vous, en train de passer dix ans de plus de votre vie à croupir sur un fauteuil dans un mouroir pour vieux ?

Mais ce qui m’a toujours semblé procéder de l’arnaque médiatique, c’est qu’aucun des commentateurs ne souligne le décalage dans le temps entre prévisions d’aujourd’hui et réalités de demain. On peut certes dire que la génération des vieux d’aujourd’hui (celle de nos parents ou de nos grands parents, selon l’âge que l’on a) aura vu son espérance de vie supérieure à celle ce la génération d’avant. Mais n’est-ce pas établir des plans sur la comète que d’affirmer que la génération suivante, ou encore la suivante, ou encore la suivante (c’est à dire celle des enfants qui naissent aujourd’hui) vivra encore plus ? D’autant plus que l’on sait que la génération de nos vieux aura vécu une vie complétement différente de celle vécue par les jeunes générations, sur le plan nutritionnel d’abord, mais pas seulement.

J’avais lu un article assez inquiétant il y a quelques années, disant que la courbe commençait de s’inverser aux Etats-Unis et que l’espérance de vie allait diminuer, contrairement aux prévisions optimistes annoncées un peu partout. Mais je n’ai pas gardé l’article et ne me souviens plus du tout où je l’ai lu.

Ce n’est donc pas une surprise pour moi de voir que le nouveau livre de Claude Aubert s’intitule Espérance de vie, la fin des illusions. Je n’ai pas lu cet ouvrage, mais la revue « les quatre saisons du jardinage », éditée comme le livre aux éditions Terre Vivante, lui consacre cinq pages très documentées.

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Claude Aubert explique que si des changements d’alimentation sont apparus dans les années 50, c’est à la fin des années 70 et surtout au début des années 80 que se sont généralisées de désastreuses habitudes alimentaires. Les conséquences de ces changements sur l’espérance de vie ne sont pas encore apparu car cette première génération de la « malbouffe » n’a aujourd’hui que trente ans, un âge où les maladies chroniques dues à la mauvaise alimentation (cancers, maladies cardiovasculaires, diabètes,…) attendront encore, pour la grande majorité d’entre elles, encore une vingtaine d’années pour se manifester. L’obésité, qui frappe dès le jeune âge, ne serait donc que la partie émérgée de l’iceberg.

Claude Aubert montre également du doigt d’autres facteurs, comme la sédentarité qui est un comportement aujourd’hui généralisé et dont les conséquences seront, là aussi et pour les mêmes raisons, « à retardement ». Autre gos problème : la pollution du foetus est maintenant une évidence depuis les travaux de la chercheuse américaine Théo Colborn (d’autres travaux récents viennent de montrer que le cordon ombilical des bébés contient en moyenne 200 molécules chimiques de synthèse).

Mais le livre de Claude Aubert se base aussi sur des découvertes récentes alarmantes faites par le monde scientifique, en ce qui concerne la programmation foetales des maladies et sur le fait que certains caractères acquis peuvent se transmettre aux générations futures. Aussi bizarre que cela puisse paraître, un enfant a plus de chances d’être asmathique si la grand-mère a fumé, même si la maman n’a jamais fumé. C’est ce qu’on appelle la transmission épigénétique : le patrimoine génétique n’est en aucun cas modifié, mais certains gènes peuvent devenir « silencieux » ou au contraire être activés. Pour l’auteur, il s’agit là de véritables bombes à retardement.

A ces raisons majeures d’être inquiets, Claude Aubert ajoute la pollution de l’air (y compris la pollution de l’air intérieure due aux matériaux de construction des maisons), l’amiante, les pesticides, l’excès de médicaments et d’alcool, les changements climatiques …

Vous aurez donc compris que l’auteur de ce livre, tel un oiseau de mauvais augure, prévoit dans un premier temps une stagnation, puis une diminution de l’espérance de vie.

Petite note optimiste : les évolutions qu’il prévoit ne sont, d’après lui, pas inéluctables. Mais il faudrait « une volonté politique forte et une prise de conscience tout aussi forte de la part de la population ». Vous y croyez, vous ?

Les oiseaux de ce printemps

Dans l’un de ses commentaires en réponse à l’un de mes articles, Roland s’inquiétait de la baisse des effectifs d’hirondelles mais constatait par ailleurs une très forte présence, ce printemps, de certaines espèces, dont la fauvette à tête noire et le rossignol.

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Effectivement, ce printemps apporte, comme chaque année, son lot de bonnes et mauvaises surprises. Ainsi, quelques espèces me semblent être en forte diminution, c’est le cas du verdier, du chardonneret, du rouge-gorge ou du martin-pêcheur alors que d’autres ont plutôt des effectifs en hausse comme effectivement la fauvette à tête noire ou le rossignol. Il en est même qui me semblent reprendre un peu « de la plume de la bête » après quelques années difficiles, comme l’hirondelle de rivage ou le faucon hobereau.

Mais gardons nous des conclusions hâtives ! Des conditions locales qui prévalent à tel endroit peuvent sans doute expliquer de fortes variations d’effectifs alors que ce constat ne sera pas valable ailleurs, même parfois dans des zones assez proches. Ainsi Roland a dit dans son commentaire que la fauvette grisette était peu commune cette année alors que je n’en ai jamais vu autant près de la gravière de Geneuille. Il est difficile d’analyser avec certitude ces fluctuations et de leur trouver une explication objective.

Je suis souvent admiratif de la capacité qu’ont les oiseaux à reconstituer leurs effectifs. Le cas le plus frappant me semble être celui du martin-pêcheur qui semble parfois avoir complètement disparu après un hiver rigoureux mais qu’on retrouve dès l’été en grand nombre le long de nos rivières (Paul Géroudet dit qu’il peut faire jusqu’à trois nichées de 7 petits dans l’année, soit une vingtaine d’oiseaux, je vous dis pas les allocations familiales… !). Je me souviens aussi des pie-grièches écorcheurs qui étaient peu communes dans les années 80, qui sont revenues en masse au début des années 90 mais dont les effectifs sont à nouveau faibles aujourd’hui. Les effectifs varient souvent « en dents de scie » et je crois que c’est le cas de beaucoup d’espèces et que ça a toujours été ainsi.

Là où par contre je suis inquiet, c’est de constater qu’il y a globalement, au fil des années, une baisse générale de la quantité d’oiseaux. Une étude menée sur l’ensemble de l’Europe a montré qu’en dix ans, une quarantaine d’espèces plutôt communes, avaient vu leurs effectifs diminuer, quelque soit l’endroit en Europe, y compris des espèces que l’on pense commune comme le moineau domestique ou la pie bavarde.

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Il est donc difficile de démêler ces deux phénomènes différents, d’une part une propension naturelle des espèces à avoir des effectifs qui varient de manière sinusoïdale, et d’autre part une dégradation générale des conditions de vie avec des conséquences négatives sur la plupart des espèces. En gros, pour résumer, je dirais que les effectifs d’oiseaux prennent l’allure d’une sinusoïde à la pente descendante. Comme le dit si justement Roland, je pense qu’il y a une vraie inquiétude à avoir pour certaines espèces comme les hirondelles, qu’il s’agisse de l’hirondelle rustique ou l’hirondelle de fenêtre.

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Pour beaucoup d’espèces donc, la courbe descend, avec des sursauts épisodiques nous laissant parfois croire à un léger mieux, mais globalement, y’a pas de doute, ça va plutôt vers le bas !

Et vous, avez-vous fait des constats de ce genre, ce printemps plus particulièrement mais aussi les années passées ? Vincent, tu en penses quoi de l’évolution des martinets de Besançon ?

Sous les cocotiers

Parmi la masse d’informations qui nous arrivent quotidiennement, il en est deux dont j’aimerais vous entretenir aujourd’hui :

1) La première information concerne les singes, espèces connues du monde entier pour leur habitude à vivre dans les arbres, et notamment dans les cocotiers. La presse a fait état d’une découverte très intéressante : le singe à la crinière hirsute qui avait été photographié l’an passé en Tanzanie a pu être étudié en détail, d’un point de vue morphologique, et il apparait qu’il s’agit là, non seulement d’une nouvelle espèce de singe, mais qu’il appartiendrait à une famille de primates jusque là inconnue. Les scientifiques du Museum d’Histoire Naturelle de Chicago, peu inspirés, l’ont appelé Rungwecebus Kipunji.

2) La presse « people », et la presse tout court, nous ont longuement abreuvé des mésaventures survenues les temps derniers au guitariste des Rolling Stones. En effet, Keith Richard a dû être transporté à l’hôpital après être tombé … d’un cocotier.

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A priori, il n’y a aucun rapport direct entre ces deux informations. Sauf que mon ami René prétend que si. Il est vrai que cette affirmation s’est produite à table, chez moi, après l’ingurgitation d’une Orval, d’une cuvée jurassienne Bethanie et d’une bouteille de Vendanges tardives.

Evidemment, je ne cautionnerai jamais de telles allégations (bien que ça me fasse rire en douce). Et vous, qu’en pensez-vous ?

Ecureuil pépiniériste

Depuis le début de l’hiver, un écureuil plutôt sombre a pris l’habitude de venir manger sur le rebord de la fenêtre. C’est un vrai bonheur que de le voir tous les matins à trente centimètres de soi, en train de décortiquer noix et noisettes placées là à son intention. Il s’agit probablement d’une femelle, car je l’ai vue régulièrement pendant l’hiver dans le bois derrière chez moi en compagnie d’un autre écureuil, beaucoup plus roux, qui avait plutôt un comportement de mâle.

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Petite surprise, depuis une quinzaine de jours, un deuxième écureuil, beaucoup plus roux et beaucoup plus clair, a pris l’habitude de venir, lui aussi, dérober quelques noix et noisettes tous les matins sur le rebord de la fenêtre. Il s’agit probablement d’un jeune né ce printemps, comme le laissent supposer les traits plutôt fins du visage.

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(les deux photos sont de Joëlle, la nouvelle photographe de la maison)

Ce jeune écureuil a un comportement très prévoyant. Beaucoup des fruits qu’il prend ne sont pas mangés sur place … mais cachés par lui un peu partout dans la pelouse. Il vient prendre une noisette, part aussitôt l’enterrer, chaque fois dans un endroit différent, puis revient aussitôt en prendre une autre, et ainsi de suite, parfois dix fois d’affilée.

Je m’attends donc à voir pousser un de ces jours une forêt de noisetiers et de noyers autour de la maison car, tel un pépiniériste, il en plante un peu partout ! Si mes amis ne retrouvent plus ma maison dans quelques années, ce sera très facile : juste au milieu de la forêt de noyers !

Festival de faucons hobereaux

Il y a quelques semaines, j’ai raconté la capture étonnante d’un chardonneret par un épervier. Il ne m’est pas donné souvent d’observer ce genre de spectacle.

Mardi dernier, j’étais dans mon bureau (eh oui, je bosse de temps en temps, y’a pas que le blog dans le vie, faut bien becqueter et je n’ai pas les moyens physiques d’attraper des chardonnerets) lorsqu’une hirondelle de fenêtre est arrivée dans la cour, « à fond les gamelles », suivie par un faucon hobereau qui la talonnait à moins d’un mètre. Tous deux ont disparu de mon champ de vision mais je n’aurais pas donné cher de la peau de l’hirondelle, son sort semblait scellé d’avance.

Vingt minutes plus tard, un faucon hobereau (le même ?) traverse la cour au ras du sol, alourdi par une grosse proie qu’il tenait entre les serres. Les deux scènes ont été très fugitives, ce qui est souvent le cas pour ce genre d’observation.

Le soir même, lors d’une petite balade sur la gravière de Geneuille, peu de temps après avoir aperçu une femelle de busard des roseaux en migration, un faucon hobereau débouche dans le paysage et attaque les hirondelles qui tournoyaient au-dessus du plan d’eau (il y avait là des hirondelles rustiques, des hirondelles de fenêtre ainsi que des hirondelles de rivage, la totale quoi !). Il loupe une première hirondelle, plonge entre les arbres, une hirondelle en sort, poursuivie rapidement par le faucon hobereau qui remonte dans les airs « en chandelle », la loupe et replonge au milieu des arbres avant de quitter le site. La scène a duré un certain temps, le faucon hobereau me semble être un chasseur beaucoup plus endurant que l’épervier (qui s’arrête vite de chasser s’il a raté sa proie, le temps au moins de reprendre des forces).

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(photographie réalisée en captivité)

Jusqu’à présent, j’avais observé trois fois ce genre de scènes en vingt sept années d’observation ornitho. Et là, trois fois dans la même journée ! Les dieux seraient-ils avec moi ?

Voilà, c’était ma rubrique « Le saviez-vous ? » car si certaines personnes ignorantes du monde des oiseaux, pensaient que nos petits hommes politiques locaux étaient les seuls petits hobereaux connus à ce jour (leur nombre étant en augmentation rapide, conséquence de la décentralisation), mon article aura au moins le mérite de leur faire savoir qu’il existe d’autres hobereaux, les vrais, un peu moins rapaces mêmes, ceux qui ont un peu plus de panache et qui, du haut du ciel, ont un peu plus de hauteur de vue ! (c’était mon petit coup de griffes de la journée ! Mais n’en disons pas plus pour l’instant, c’est un sujet que je garde en réserve pour plus tard).

Danse macabre autour d’un sarcophage

S’il y a un mot qui me fait rigoler en ce moment, c’est bien le mot « sarcophage ». Car je viens juste d’en découvrir le sens et je crois qu’il signifie, éthymologiquement parlant « qui mange du Sarko ». Moi qui côtoie des gens qui bouffent du Sarko à longueur de journée, me voilà donc dans un univers morbide, entouré de sarkophages.

Mais ce mot a aussi une résonnance moins drôle, car le sarcophage est ce nom donné au dispositif qui a été construit autour des ruines fumantes des réacteurs de Tchernobyl en 1986. Savez-vous que ce sarcophage fuit aujourd’hui de toutes parts ? Hervé Kempf (dans leMonde.fr) a consacré à ce problème un article intéressant il y a une quinzaine de jours. L’article commence de la manière suivante :« Le compteur s’agite. Tic-tic-tic, crachote son petit haut-parleur, tel un réveil devenu fou, pendant que les chiffres défilent sur l’écran. Au bout d’une minute, il atteint 545 : ce n’est pas un score de jeu vidéo, mais le nombre de désintégrations radioactives enregistrées à 200 mètres de ce qui reste du réacteur n° 4 de la centrale ukrainienne de Tchernobyl ».

Les « liquidateurs de Tchernobyl » ont construit ce sarcophage à la hâte en 1986. Mais l’enveloppe de béton et la ferraille se sont très vite fissurés et la surface des trous atteint aujourd’hui 100 mètres carrés (oui, oui, vous avez bien lu !). Par ailleurs, tout peut aller très vite car d’après EDF « c’est un vrai Lego, dont le toit ne tient que sur deux poutres, et dont la dalle, comme le sol est sablonneux, a tendance à s’affaisser ». On peut donc s’attendre à ce que 4 tonnes de poussières radioactives soient libérées d’un seul coup. En attendant, ayons tout de même une petite pensée pour ces centaines d’ouvriers qui travaillent aujourd’hui à retaper ce sarcophage et que l’on rechange souvent pour ne pas qu’ils soient exposés à des doses trop massives.

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La BERD (Banque Européenne de Reconstruction et de Développement) a déjà voté 850 millions d’euros pour reconstruire un nouveau sarcophage mais la situation est complétement bloquée depuis pas mal de temps, pour des raisons politiques d’abord mais aussi pour des raisons techniques qui valent le coup d’être dévoilées car, si les officiels nous disent que le réacteur contient encore près de 95 % du combustible originel, soit 190 tonnes (ce qui est énorme), l’Ukrainien Georgi Lépine affirme : « il ne reste que moins de 10 % du combustible ». Le reste, évidemment, se serait échappé par les fameux trous.

A notre niveau de connaissance, en tant que simples citoyens, il nous est évidemment impossible de dire qui a raison mais la situation est grave. Car, si les officiels ont raison, il n’en reste pas moins que 95 % du combustible peut nous sauter à la gueule d’un moment à l’autre. Dans le deuxième cas, si c’est Geori Lépine qu’il faut croire, on l’a pris en pleine poire dans les années passées, mais sur une longue durée, de manière insidieuse, sans que personne n’ait rien dit (mais peut-être que là aussi, ça s’est arrêté aux frontières).

Lors du vingtième anniversaire de Tchernobyl, le 26 avril dernier, les slogans étaient plutôt du genre « Tchernobyl, plus jamais ça ! » comme s’il s’agissait d’un problème passé. Non, non, Tchernobyl c’est aussi aujourd’hui que ça se passe !

Bob Dylan, le premier album

DISCOGRAPHIE DE BOB DYLAN (1)
Me voilà donc parti dans une aventure qui va durer quelques années, au rythme d’un article tous les mois. Merci à Anne et Vincent qui vont me suivre dans ce truc un peu fou. Merci aussi à mon ami Jean-Louis qui écrit « à tours de bras », et avec beaucoup de talent, des traductions des textes de Dylan. Les lecteurs de mon blog pourront en profiter dès le prochain article au début juin.

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Avant de parler du premier album, qui s’intitule tout simplement Bob Dylan, parlons un peu de Dylan en cette année 1961. Dans les derniers jours de décembre 1960, le jeune Robert Zimmermann, qui n’a pas encore vingt ans, venait d’arriver à New York avec sa guitare et son harmonica, et dans la tête la musique des joueurs de country, de rock ‘n roll et de blues qui avaient nourri son adolescence. Il venait de quitter subitement l’université, sans un regard en arrière, s’inventant même un passé (il racontait qu’il n’avait pas connu ses parents, était un vagabond, avait été forain …) et quittant son nom pour prendre celui de Bob Dylan (en référence au poète Dylan Thomas).

Dès son arrivée à New York, Dylan fit plusieurs rencontres décisives avec son idole, le grand musicien Woody Guthrie, alors mourant sur son lit d’hôpital. Pendant ses premiers mois au Greenwitch Village, Dylan rencontre des gens qui vivent en marge de la société : poètes, musiciens, activistes politiques … La vie au Village y est intense, la musique folk est en train de s’y imposer, comblant le vide laissé par la quasi-disparition du rock ‘n roll.

Le soir, dans les cabarets, le jeune Dylan a l’occasion de monter sur scène (par exemple en première partie de John Lee Hooker) et d’y jouer la musique qu’il aime. C’est là que deux hommes reconnaissent aussitôt le génie qui est en lui : Robert Shelton, journaliste au New York Times, et surtout John Hammond, « découvreur de talents » (c’est lui qui a découvert Billie Holliday, Benny Goodman et Count Basie). En très peu de temps, l’histoire de Dylan s’emballe, il obtiendra un contrat d’enregistrement de cinq ans et entrera dans les studios de Colombia dès octobre pour y enregistrer son premier disque, bouclé en quelques jours seulement.

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Nous voici donc à ce premier opus (on peut cliquer ici pour écouter des extraits de 30 secondes de chacune des chansons de l’album). Le premier disque de Dylan contient avant tout des reprises d’autres musiciens, à part deux compositions personnelles. Dylan y égrène tour à tour des blues, des chansons country, du gospel avec une maîtrise sans égale. On sent que Dylan s’est nourri de toutes ces musiques, qu’il en est l’héritier direct. C’est une véritable éponge qui a emmagasiné tout ce qu’il a entendu au cours de son adolescence (Hank Williams, Little Richard, Big Joe Williams … l’ont profondément marqué) mais aussi depuis qu’il a commencé de cotoyer les musiciens de Greenwitch Village. Les blues que chantent Dylan sont de vrais blues que les meilleurs bluesmen ne renieraient pas, les spirituals qu’il chante sont de vrais spirituals (et d’ailleurs Josh White qui est l’auteur de In my time of dyin’ figurant sur cet album a reconnu que la version de Dylan était supérieure à la sienne).

Mais ce qui me plait le plus dans ce premier disque, c’est l’énergie qui se dégage de l’ensemble et la hargne avec laquelle Dylan attaque la plupart des chansons. Il chante les textes avec beaucoup de foi, avec la même conviction qu’un bluesman noir (la maison de disque Vanguard Records avait d’ailleurs refusé d’enregistrer Dylan, jugeant que sa musique était trop « viscérale », ce que l’on comprend aisément à l’écoute de ce disque). Le rythme de la plupart des chansons est très rapide, le dialogue guitare/harmonica donnant à l’ensemble un côté parfois endiablé. Il me semble qu’on ne retrouvera dans aucun des disques ultérieurs de Dylan cette symbiose entre guitare, voix et harmonica (symbiose qui apparaît à de nombreuses reprises sur le disque, notamment dans la chanson Baby, let me follow you down). Du haut de ses vingt ans, armé d’une fougue de jeune cheval, Dylan donne l’impression de partir à l’assaut du monde avec une foi inébranlable. Ce disque est habité par un sentiment d’urgence, c’est pour moi l’impression la plus forte de ce disque.

Notons que la chanson House of the rising sun qui figure sur ce disque fut reprise par les Animals qui en feront le tube que l’on connaît (en France, Johnny Halliday la reprendra sous le titre les portes du pénitencier). La chanson est une complainte qui raconte l’histoire d’une femme que l’on mène à la prostitution. Contrairement à l’usage qui voulait que lorsqu’un homme reprenait une chanson de femme, il devait changer le genre du texte, Dylan a laissé les paroles au féminin.

Ce disque ne contient que deux compositions originales de Dylan. La première Talking New York est ce qu’on appelle un Talking-blues, une forme ancienne de blues née à la fin des années 20, dans laquelle le discours est presque parlé sur un accompagnement très simple à la guitare. Le texte est déjà du Dylan classique, il y développe un humour sarcastique à l’égard des métiers de la musique :
Or, comme je chemine en ce monde
Je vois un tas de drôles de gens
Les uns vous volent avec un six-coups
Les autres avec un stylo-plume…

La deuxième composition originale de Dylan, Song to Woody est née de la rencontre entre Dylan et Woody Guthrie, alors sur son lit de mort. Dylan a écrit cette chanson au bar d’un hôtel (habitude qu’il prendra par la suite, beaucoup de grands textes de Dylan ont été griffonés dans des cafés). Beaucoup d’émotion se dégage de cette chanson.

Dans ce premier disque, Dylan a mis toute sa foi pour nous faire découvrir les chansons traditionnelles de blues, gospels et country qui l’ont marqué. Mais il nous livre aussi ses deux premières compositions qui sont déjà du « vrai Dylan » et qui préfigurent les disques qui allaient suivre. Robert Shelton a d’ailleurs écrit : « le premier album était le testament d’un Dylan et le signe avant-coureur d’un nouveau Dylan ». Effectivement, lorsque le disque paraîtra en mars 62 (cinq mois après les séances d’enregistrement qui datent de novembre 61), Dylan regarda ce premier disque comme quelque chose faisant partie du passé, sorti d’un vieux tiroir. Il était déjà passé à une autre étape de sa vie.

Le disque se vendit mal (5 000 exemplaires seulement). Le producteur John Hammond s’était-il trompé de cheval ? Dans Greenwitch Village, Dylan fut surnommé avec dédain « la lubie de Hammond ». Mais Dylan préparait déjà ce qui allait être son premier « coup de maître », le disque mythique « Freewheelin’ Bob Dylan » dont je parlerai dans le prochain article qui paraîtra au début juin.