Le faucon crécerelle (7)

Dans mon dernier article consacré au faucon crécerelle, j’avais mis l’accent sur les jeunes faucons et leurs différentes attitudes au nid (baillement, étirement, battement des ailes …).

Pour continuer avec ce rapace le plus commun de France (sauf en Franche-Comté où il est supplanté par la buse variable), quelques images du nourrissage des jeunes, ayant assisté lors de la même séance à trois venues des adultes. Un premier nourrissage par le mâle :



Un deuxième extrêmement bref (une ou deux secondes seulement, le temps de déposer à toute vitesse un campagnol) …

… et enfin la femelle qui, elle aussi, est restée très peu de temps.


Peut-être que dans les temps qui viennent je mettrai sur ce blog une vidéo faite ce jour-là.

Le Guillemot de Troïl (3)

J’ai des envies de mer en ce moment ! Alors un petit article sur le sujet, ça va nous changer des rapaces franc-comtois !

Les falaises rocheuses du Nord de la Bretagne possèdent une faune qui leur est propre.


J’aime y aller au printemps en période de reproduction pour y

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La buse variable, encore et encore …

J’ai pris l’habitude depuis quelques années de nourrir les rapaces à la fin juin et au début juillet. J’ai repris hier, ce fut très calme, une seule buse est venue quelques minutes.


Pourquoi nourrir à cette période de l’année ? Simplement parce que

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Le faucon crécerelle (6)

J’ai raconté il y a déjà longtemps sur ce blog que j’avais construit un nichoir pour faciliter l’installation du faucon crécerelle. La nidification avait marché la première année, puis plus rien … Chaque année un couple est là mais il n’y a jamais de jeunes, alors que j’observe tous les ans des parades nuptiales, des accouplements, des offrandes de nourriture entre mâle et femelle …


Je ne sais pas vraiment où est le problème … !

Mais, une chance extraordinaire, mon ami Bruno m’a fait

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Moutardes asiatiques

Dans mon article précédent présenté sous forme de devinette, la photo représentait des fleurs de coriandre. Un jardinier comme Christophe ne pouvait passer à côté ! Idem pour Béatrice qui m’a envoyé un mail pour donner la bonne réponse. Etincelle n’était pas bien loin de la réponse.

Cette devinette était un prologue à une série d’articles que j’aimerais écrire sur le thème des plantes aromatiques. J’ai d’ailleurs déjà commencé d’en écrire quelques-uns sur ce blog, mais c’était il y a si longtemps qu’il va me falloir reprendre tout à zéro !

Les plantes aromatiques ont une place importante en cuisine, et notamment dans les salades. Que serait une laitue sans l’échalote ou tout autre plante aromatique qui la met en valeur ? Et ces plantes sont si faciles à cultiver !

On dispose d’un arsenal phénoménal de plantes qui réhaussent la valeur des plats. Chacun d’entre nous pourrait en citer des dizaines. Mais qui connaît les moutardes asiatiques ?

Je consomme abondamment, en salade principalement, trois sortes de moutardes : verte ou rouge à feuilles découpées, ou vert/rouge à larges feuilles.


L’emploi de ces plantes en cuisine est  très simple : c’est le même type d’utilisation que la roquette : on en ajoute dans les salades, tout simplement (je parle de la vraie roquette, celle qui a du goût et qu’on cultive chez soi, et non pas de la roquette qu’on achète). Les moutardes asiatiques partagent aussi d’autres caractéristiques avec la roquette : tout comme cette dernière, elles ne supportent pas les fortes chaleurs, elles aiment la fraîcheur, elles poussent rapidement et on doit donc renouveler régulièrement ses semis. Dans les salades, tout comme la roquette, c’est un délice ! Le goût est moutardé (bien évidemment) et il n’y a pas beaucoup de différences gustatives entre les trois variétés que j’ai présentées.

Comme les moutardes n’aiment pas les chaleurs et qu’elle apprécient la fraîcheur et mêle le froid assez intense, on ne les sèmera qu’à l’automne. De toute façon, c’est la seule saison possible car ces plantes, qui sont des crucifères (qu’on appelle maintenant brassicacées)  sont détruites irrémédiablement par les altises à la belle saison. En faisant deux semis à cette saison (octobre et novembre par exemple), on peut consommer ces moutardes tous les jours en hiver. Et c’est aussi pour cette raison que cette plante est très précieuse, car finalement dans ma région (dans l’Est de la France), il n’y a pas tant de verdure que ça à consommer en janvier/février. Les moutardes asiatiques peuvent être cultivées tout l’hiver en pleine terre ou en serre, peu importe.

Il est enfantin de faire des graines de moutardes, il suffit de laisser monter un pied ou deux, c’est d’ailleurs assez spectaculaire, en voici photographiées il y a deux mois (depuis elles ont encore doublé de volume).


A noter que les moutardes se ressèment toutes seules au jardin et j’ai des amis qui ne récoltent jamais les graines, ils se contentent de les laisser tomber au sol.

La raison de cet article, c’est aussi parce que je vais récolter des dizaines de milliers de graines dans les temps qui viennent et que je peux en donner aux habitués de ce blog (durée germinative des graines : 5 ans, il suffit donc de laisser monter en graines un pied tous les cinq ans pour conserver ces variétés).

Avis aux amateurs !

Petite devinette

Il y a longtemps que je ne vous ai pas fait bosser et votre dernier pauvre petit neurone me semble très endormi en ce moment, voire en léthargie complète  :tongue: :wink:  il a besoin d’être stimulé, déconfiné.
Alors une petite devinette s’impose.

C’est quoi cette plante ?

C’est juste pour inaugurer une série d’articles qui devrait débuter la semaine prochaine.

Et je ne donnerai aucun indice cette fois-ci, ça c’est mon côté sadique ! :devil:

Le pic noir (3)

Ce printemps, j’ai décidé de passer deux heures auprès de chaque cavité d’arbre récemment creusée que je trouvais. J’avais follement envie de photographier les pics dans cette forêt de Bussières que j’adore et que je connais bien (même s’il m’arrive encore parfois de m’y perdre).


J’espérais au départ trouver le nid du pic épeiche et, avec un peu de chance, celui du pic vert. Et je n’ai rien trouvé avec cette méthode-là, alors que j’ai passé un temps fou, immobile au pied d’un arbre, une une ou deux écharpes de camouflage autour de moi, à quelques dizaines de mètres des arbres que je surveillais.

Et puis le miracle s’est produit ! Alors que j’attendais un hypothétique pic mar qui n’est jamais venu, j’ai aperçu à travers les mailles de mon écharpe de camouflage deux pics noirs qui se poursuivaient en se chamaillant et en criant. Comme je n’avais jamais vu un tel comportement et qu’on était en avril, début de la période de nidification, j’en ai déduit qu’une telle scène ne pouvait avoir lieu qu’à proximité immédiate du nid. Je me suis levé, j’ai cherché et j’ai trouvé le nid en moins de cinq minutes. Effectivement il n’était qu’à une trentaine de mètres de l’endroit où je m’étais camouflé. Je me suis caché, le mâle est arrivé au nid au bout de cinq minutes.

Un couple de pic noir a un domaine vital immense, pouvant aller à 800 hectares, et qui se réduit en période de nidification à un territoire de 20-40 hectares (voir l’article que j’ai écrit récemment sur ces notions de domaine vital et de territoire). Donc évidemment, je n’espérais jamais trouver le nid. Et puis, hop là, sans avoir l’intention de le chercher et en moins de cinq minutes … ! Je vais finir par croire en Dieu ! Ou au diable !

A partir des jours suivants, je suis revenu deux heures tous les matins. Le nid était très haut dans un foyard, les conditions de prise de vue n’étaient pas très bonnes mais par moments, le matin, l’arbre bénéficiait d’une très bonne lumière. Je n’ai pas fait beaucoup de photos car chaque arrivée au nid était très rapide, parfois l’oiseau ne restait que quelques secondes contre le tronc. Et quand un oiseau ne vient que toutes les deux heures et qu’il arrive sans un seul bruit, autant dire que si on n’a pas l’oeil dans le viseur à ce moment précis, il faudra attendre deux heures de plus !

Et puis il y a eu une période de très mauvais temps, froide et pluvieuse, et de ce fait j’ai quasiment loupé toute la période où les jeunes se montraient « à la fenêtre ». Et surtout, ils se sont envolés bien plus vite que je ne le pensais et extrêmement tôt dans la saison (le 14 ou le 15 mai). Voici quelques images, présentées de manière chronologique, essentiellement faites au moment où mâle et femelle se relaient au nid, parmi le peu que j’ai réalisé. La dernière image est la seule où l’on voit un jeune. On peut cliquer sur les images pour les agrandir un peu.

A noter que le pic noir n’est plus vraiment l’oiseau mythique du fond des forêts tel que l’a décrit Paul Géroudet (« une expression des forces primitives de la forêt sauvage »). L’espèce possède une dynamique incroyable qui lui a permis de coloniser d’autres milieux naturels et d’autres régions. Au 19 ème siècle, cet oiseau n’a jamais été signalé en plaine, il n’était cantonné qu’aux forêts d’altitude. En 1976/77, quand j’ai commencé à m’intéresser aux oiseaux, il était déjà bien présent dans la forêt de Bussières. Depuis cette période, d’une part il a progressé vers l’ouest, jusqu’à atteindre la Bretagne (il n’est pas allé plus loin, sans doute que les bières, le cidre et le chouchen breton l’ont convaincu qu’il était enfin arrivé là où il fallait !). Et il a pris l’habitude d’aller dans des milieux plus ouverts, à tel point qu’il niche parfois sur des aires d’autoroute (notamment sur l’aire du Jura). D’ailleurs, à Bussières sur les trois couples que compte la commune, l’un des couples est dans une ripisylve (forêt riveraine) le long de l’Ognon, loin du massif forestier.

A tout bientôt pour un article sur une autre espèce de pic.

La webcam aux ours

Ma webcam préférée de l’année 2021 !
Il s’agit d’un très beau lieu en Roumanie où sont attirés avec de la nourriture bon nombre d’animaux sauvages et notamment des ours. C’est le soir qu’ils arrivent, parfois même dès la fin de l’après-midi. J’adore observer leur comportement. La webcam n’est pas fixe, elle suit les mouvements des animaux, alternant plans larges et zooms. Elle offre aussi l’avantage pour le spectateur, de pouvoir revenir en arrière sur les douze dernières heures (en bougeant simplement le curseur). Au programme également : renards, chevreuils, cerfs, sangliers, huppes, …

J’espère que vous aurez autant de plaisir que moi à regarder de très belles scènes.

Météo: « c’est tout ou rien ! »

Dans la vallée de l’Ognon où j’habite, la pluviométrie annuelle n’est pas très importante : un peu plus de 1000 mm (1036 mm exactement, d’après Didier qui a fait la moyenne précise des années 2008 à 2020). C’est moins que ce qu’il tombe dans le reste de la Franche-Comté (plus montagneuse, donc plus arrosée) et sans doute dans la moyenne de ce qu’il tombe en France (à noter, pour ceux qui ne le savaient pas, que globalement il pleut significativement plus dans la moitié sud de la France que dans la moitié nord, voir la carte).

Ici, dans mon secteur, la pluviométrie a l’avantage d’être régulière et c’est une bénédiction : globalement, à 10% près, il tombe la même quantité d’eau chaque mois. Mais ce schéma de régularité, idyllique pour moi qui suis jardinier (encore que ! il ne pleut jamais assez à mon gré), n’a plus cours.  Cette régularité, c’est de l’histoire ancienne ! Tout est devenu très capricieux et cette année encore plus. Excès et pénuries se suivent et c’est devenu la règle.

Le mois de mai est terminé et on peut déjà analyser ce qu’il s’est passé pour les cinq premiers mois de l’année. C’était très cahotique, en dents de scie. Voici les chiffres, relevés quotidiennement à mon pluviomètre et totalisés par mois :

  • janvier : 154,5mm (+ 78% par rapport à la moyenne mensuelle)
  • février : 99 mm (+ 14%)
  • mars : 70mm (- 19%)
  • avril : 40mm (- 54%)
  • mai : 168,5 mm (+ 95%)

Certaines périodes ont été très excessives, dans les deux sens. Deux exemples : moins de 20 mm entre le 20 mars et le 20 avril, 149 mm en 18 jours entre le 6 et le 23 mai.

Quand j’écoute les gens parler de météo, j’entends souvent cette expression : « maintenant, c’est tout ou rien ! ». Effectivement … !

Et chez vous ? En Bretagne ? Dans la Drôme ? En Suisse ? En Belgique ? … ?

La cabane aux oiseaux, 2021 (1)

Je vais mettre en ligne prochainement une série d’articles sur les oiseaux que j’observe depuis ma « cabane », un lieu où je nourris des rapaces régulièrement depuis plus de 40 ans (j’ai déjà écrit pas mal d’articles sur cette cabane, on peut les retrouver sur ce lien).

J’ai vécu ce printemps quelque chose d’extraordinaire, je n’avais jamais vu autant de milans sur le site. Disons même qu’en trois semaines j’ai vu autant de rapaces sur mon lieu de nourrissage qu’en plusieurs décennies. Entre le 25 mars et le 15 avril, c’était de la folie !

Les photos que j’ai faites à cette occasion et que je vous montrerai dans mes prochains articles ne peuvent pas traduire ce que j’ai vécu, elles ne sont qu’un pâle reflet de ce que j’aimerais montrer. Par contre, Philippe Parolini (Fifitoucourt pour les habitués de ce blog) est venu, l’espace d’une matinée, dans la cabane. Voici un petit bout de film qu’il a fait ce matin-là et qui vous donnera une idée de la chose.

Et voici la même scène, au ralenti !

Et bientôt, un article sur le milan noir.

Happy birthday Bob !

80 piges aujourd’hui, c’est quand même kèk’chose !!!

Je n’ai pas pris le temps d’écrire quelque chose, tout a déjà tellement été dit et redit sur Dylan …

Au départ, je voulais proposer 6 vidéos, une par décennie. Mais finalement, je suis resté « accroché » aux vidéos de la tournée Rolling Thunder Revue, tournée assez délirante comprenant près de 50 concerts entre l’automne 75 et le printemps 76 à travers les Etats-Unis et le Canada. Le Dylan de ces années-là n’était pas le même que le Dylan des années 60, ni le même que les nombreux Dylan qui suivront, année après année, disque après disque, jusqu’à ce moment extraordinaire du confinement 2020 où un nouveau Dylan nous a abreuvé d’un disque crépusculaire, intemporel. Sans doute que depuis, il est reparti dans son univers intérieur, pour de nouveaux chemins de traverse, et que dans quelques années il nous amènera encore, comme à chaque fois, dans son nouveau monde, toujours là où personne ne l’attend.

Mais pour l’instant, retour sur cette fin d’année 1975.

Bonne écoute à tous.

Pics : territoire et domaine vital

Lorsque j’ai commencé à m’intéresser aux oiseaux (1976/1977), les premières espèces que j’ai vues sont les pics. Dans ma première semaine d’observation j’ai vu les cinq principales espèces de mon village, l’année suivante je voyais le pic cendré. Il m’est resté de cette époque-là une sorte de fascination pour ces oiseaux qui donnent l’impression d’être montés sur ressorts et semblent jouer à cache-cache avec vous.


Au niveau des observations ornithos, cette année 2021 est particulièrement riche pour moi, elle l’est encore plus au niveau photographique, le démon de la photo (et de l’affût surtout) m’ayant repris après quasiment trois années d’interruption (mis à part quelques photos d’oiseaux faites en vacances).

Conséquences de cela, je me prépare à écrire une série d’articles sur les trois espèces de pics que j’ai suivies cette année, lors de l’élevage de leurs jeunes.

Mais avant de mettre en ligne le premier article, un petit préambule sur les notions de « territoire » et de « domaine vital » qui sont deux notions différentes.

On pense que les oiseaux sont très territoriaux et défendent leur « pré-carré » becs et ongles, à coup de vocalises surtout. En fait la réalité est à nuancer. Il y a un espace proche du nid qui est effectivement défendu avec ardeur mais souvent les domaines de vie des oiseaux au sein d’une même espèce se recoupent (mêmes lieux de recherche de nourriture, même zones pour s’abreuver …) plus ou moins largement selon les espèces (je vois quatre mâle de fauvettes à tête noire qui viennent actuellement s’abreuver en même temps, alors que nous sommes en pleine période de nidification de cette espèce).

Chez les pics, ceci est encore plus vrai.

En effet, chez les pics, il faut distinguer le domaine vital et le territoire lié à la nidification. Explication : d’une part les pics sont des oiseaux sédentaires et doivent affronter des périodes difficiles, notamment en hiver (nourriture moins abondante, deux fois moins de temps la journée pour se nourrir, besoins en nourriture accrus à cause de la baisse des températures). Ils ont donc besoin d’un vaste espace, qui leur procure la nourriture suffisante pour affronter cette période difficile. Au contraire, au printemps lorsqu’il faut nourrir des jeunes oisillons tous les quarts d’heure, les adultes doivent trouver leur nourriture à faible distance du nid et ne peuvent se permettre d’aller la chercher à l’autre bout de leur espace de vie habituel. Au printemps, qui est par ailleurs une « saison d’abondance », l’espace utilisé est donc beaucoup plus restreint.

Il faut donc distinguer le territoire proprement dit, lié à la nidification, que l’oiseau défend contre l’intrusion de ses congénères, et le domaine vital, beaucoup plus vaste, qui va permettre aux oiseaux de subvenir à leurs besoins en nourriture pendant la période internuptiale (c’est à dire en dehors de la période de reproduction). Ceci est la règle générale pour tous les pics. A noter aussi que chez toutes les espèces de pics, mâle et femelle mènent une vie indépendante en dehors de la reproduction.

Deux exemples chez les pics (mais différents l’un de l’autre) pour illustrer cela :

– Chez le pic noir « le domaine vital d’un couple couvre généralement de 350 à 800 hectares, selon la qualité du milieu ambiant et notamment l’abondance de nourriture. Le territoire proprement dit, c’est à dire la zone défendue contre les congénères étrangers au couple, occupe seulement de 20 à 40 hectares autour du nid » (Michel Cuisin, 1998). Quand on voit la quantité de pics noirs présents dans certaines forêts franc-comtoises, on devine aisément que les domaines vitaux de ces oiseaux se recoupent donc assez largement.

– C’est sans doute chez le pic épeichette que la différence de surface entre domaine vital et territoire est la plus grande : « Le premier occuperait une surface moyenne de 200 à 500 hectares, le second ne ferait que quelques hectares, les parents ne s’éloignant pas à plus de 150-200 m du nid, la plupart du temps dans un rayon de 70 m ». (Pynnöyen, 1939). Par contre, dans le cas du pic épeichette, les domaines vitaux se recoupent peu et les nids sont souvent distants de plusieurs kilomètres (et effectivement, sur le terrain, on constate toujours une très faible densité de cet oiseau, qui n’est jamais abondant et dont les territoires semblent assez clairsemés).

Comme je parlerai souvent, dans les articles à venir, de domaine vital et de territoire, il me semblait utile d’amener ces précisions.

 

Jardinage et ornithologie

Lorsqu’on a plusieurs passions, celles-ci s’enrichissent mutuellement, même lorsqu’elles n’ont rien en commun. C’est difficile à croire, mais c’est ainsi. Ainsi la pratique du jardinage et l’observation des oiseaux. La pratique du jardinage peut conduire à découvrir une nouvelle espèce et, en retour, la découverte d’une nouvelle espèce peut permettre d’enrichir sa pratique du jardinage. Je vois que vous avez du mal à me suivre, mais je vais vous donner un exemple tout récent.

Mercredi dernier, c’est parce que la terre était beaucoup trop humide pour la travailler que je suis allé en forêt observer le pic noir devant le trou où il nichait. Et quelle n’a pas été ma surprise de découvrir une espèce qui chantait au-dessus de l’arbre et qui a ensuite chercher à s’installer dans le trou du pic noir : le pigeon colombin, dont j’ignorais l’existence même dans mon village (en tant que nicheur, car il m’arrive tout de même de voir de temps en temps quelques migrateurs). C’est donc ma décision de renoncer ce jour-là au jardinage qui m’a conduit à découvrir cette espèce.


« Et, en retour ? » vous allez me dire ! Eh bien, c’est parce que j’ai découvert une nouvelle espèce de pigeon qu’il va me falloir maintenant trouver une nouvelle variété de petit pois à cultiver ! :biggrin:

une bière, deux bières …

Caché par ma haie, j’ai entendu depuis mon jardin une voix féminine qui venait de la rue : « Oui nous on s’aime, hein mon amour »  :wub:
C’était dit avec tellement de passion que je me suis dit qu’en cette époque compliquée et incertaine, l’amour n’est pas encore mort et je m’en suis réjoui. :angel:
Alors j’ai ouvert une bière pour fêter l’évènement ! :wink:
En fait, le doute s’est installé, à peine la bière ouverte, et quand j’ai jeté un oeil par-delà la haie : elle parlait à son chien !!! :whistle:
Et j’ai ouvert une deuxième bière pour digérer la chose !  :smile:  :smile:
Ainsi va le monde …

Le Pic noir (2)

Ici, en Franche-Comté, une région où le pic noir est très abondant (présent dans toutes les grandes forêts), cet oiseau creuse presque toujours son trou dans un hêtre (qu’on appelle « foyard » dans notre région). Le pic noir n’est pas compliqué, il ne se pose pas de questions existentielles du genre « hêtre ou ne pas hêtre ». C’est « hêtre », un point c’est tout ! Et le hêtre, c’est bon pour la santé, donc pas non plus de questions philosophiques du genre « toubib or not toubib ». On pourrait se demander « pourquoi pas un chêne ? Mais le pic à dû se référer à l’adage populaire « quand y’a du chêne y’a pas de plaisir ! » (cela dit, une vieille femme du village, Odile, décédée depuis quelques années, avait épousé un certain Eugène et elle disait volontiers : « contrairement à ce qu’on dit, là où y’a d’l’Eugène, y’a du plaisir ! » comme quoi, tout est relatif !).

On est en plein dans la période de nidification des pics et les jeunes sont déjà nés dans des cavités que les adultes ont creusées, en tapant et piquant fortement dans un hêtre pendant quasiment un mois (le pic noir gagne d’ailleurs tous les « concours y pique » du secteur !). Tout ça pour dire que l’an passé, grâce à Christophe qui a trouvé le nid (pas facile, vu que le domaine vital du pic noir peut faire 800 hectares), j’ai pu faire quelques images de cet oiseau. En voici juste une (faite in extremis le jour même de l’envol du dernier jeune).

Quand les jeunes naissent, les adultes leur amènent des fourmis (c’est la nourriture habituelle du pic noir, voir ci-dessous une photo faite par Christophe, diffusée ici avec son aimable autorisation, le plumage du mâle est plein de fourmis), ils leurs en collent des grammes et des grammes en leur apprenant la rengaine suivante bien connue « et pic et pic et colle les grammes ». Oui, je sais, jeu de mots facile et un peu tiré par les plumes… alors je laisse le mot de la fin à la maman pic s’adressant à son chéri : « Quelle époque hé pic ! ». N’est-ce pas !?!


La suite quand même dans un prochain article qui paraîtra avant l’été !

Blog en congés

Habituellement, je fais régulièrement une pause sur ce blog. En général ces pauses coïncident avec les vacances scolaires franc-comtoises. Mais là, aucune pause à Noël, aucune en février ! Alors, comme j’ai besoin de souffler un peu plus que d’habitude (et vous aussi peut-être), je m’octroie une pause d’un mois. Alors ce blog reprendra le samedi 1er mai. D’ici là, bien évidemment, les discussions peuvent continuer.

Pour ce dernier article, quelque chose d’original.

Jeannot, un des chasseurs du village m’a dit en janvier dernier qu’il y avait aux alentours de Bussières, tout près de la route qui mène à Voray-sur-l’Ognon, une buse sans ailes (« peut-être même un busard ») , qui se laisse approcher facilement et qui vit au sol en mangeant des vers de terre et autres petites bêtes. En temps normal, j’aurais dit au mec « T’as bu combien de bières ce matin ? ». Mais bon, le Jeannot en question ne boit pas et il a de très bons yeux, malgré son âge déjà avancé (88 ans). Je ne croyais pas à son histoire mais je l’ai quand même écouté poliment. Et puis les mois ont passé, je n’y pensais plus vraiment, sauf de temps en temps avec un petit sourire au coin des lèvres. Et j’ai aussi répété l’histoire à quelques amis.

Et puis, voilà t-y pas que la semaine dernière (le 26 mars exactement, vers 14H30) , le long de la route qui mène à Voray, j’ai vu l’oiseau en question. Je n’en croyais pas mes yeux. Je n’avais pas mon appareil sur moi, je suis allé le chercher à la maison (5 mn aller-retour). Quand je suis revenu, la buse (c’était une buse, comme l’avait supposé Jeannot, sans en être certain toutefois) s’était encore approchée un peu plus de la route et j’ai pu faire ce cliché après avoir baissé la vitre de la voiture.

Je n’ai aucune explication concernant cette atrophie des ailes. Malformation congénitale ? Accident (mais deux ailes, c’est quand même peu probable) ? Pas d’excès de z’ailes en tous cas ! Alors !?! En tous les cas, je suis scotché par le fait que cette buse atypique n’ait pas, au bout de plusieurs mois (au moins), terminé sa vie sous le bec (ou les crocs) d’un prédateur.

Quand je suis allé montrer la photo au Jeannot (hier midi), il m’a dit d’un air un peu rieur (peut-être même moqueur) : « il m’avait pourtant semblé que tu ne croyais pas trop à mon histoire ». « Euh oui, effectivement » ais-je bredouillé d’un air un peu penaud. Tout ça ne nous a pas empêché de boire une bière ensemble, bien au contraire !

Bonnes vacances (du blog) à vous tous !

Vers la résilience alimentaire (1)

Peut-être qu’un jour un virus fera des dégâts sérieux sur la population de la planète. Mais, visiblement, ce n’est pas le virus actuel qui le fera.
Par contre, bien plus que la crise sanitaire actuelle (qui est bien plus une crise de notre système de santé, de notre système de prise de décision, … qu’une véritable crise sanitaire), je vois arriver un danger bien plus grave : celui de notre système d’alimentation en lien avec le mode de production agricole.

J’ai déjà lu beaucoup d’alertes sur le sujet. Voici un ouvrage important qui est paru en 2020 sur cette problématique et qui synthétise bien les choses.

L’ouvrage « Vers la résilence alimentaire » qui a été produit par « Les Greniers d’Abondance » (collectif d’agronomes, chercheurs, anthropologues, économistes …) et publié aux éditions Yves Michel fait, dans la première partie de l’ouvrage, le point sur les menaces qui pèsent sur notre système de production de notre alimentation :
changement climatique (modification de la croissance des végétaux, impact sur les ravageurs de cultures, problème de gestion de l’eau),
érosion de la biodiversité sauvage et cultivée (problèmes de pollinisation, vulnérabilité et manque d’adaptation des plantes, …),
dégradation et artificialisation des sols (sols érodés de moins en moins fertiles, pollution des sols, urbanisation),
épuisement des ressources énergétiques et minières (dépendance de l’agriculture vis à vis du pétrole et des engrais, dont on sait qu’ils sont « non renouvelables »),
instabilité énonomique et politique (niveau d’endettement global = 320% du PIB mondial, pauvreté des agriculteurs qui vendent leurs produits à perte, absence de repreneurs des fermes familiales, concentration de la distribution dans quelques mains …).

Et il faut rajouter à tout ça des tas d’autres choses toutes aussi importantes : le gaspillage généralisé de la nourriture, la spéculation alimentaire au niveau mondial (il y a parfois des bateaux entiers de céréales qui sont bloqués dans les ports, provoquant des pénuries, qui vont faire grimper le cours mondial des produits, c’est d’ailleurs le but recherché) et bien entendu le fait qu’il n’y a plus de lien entre agriculture et territoires (à ce sujet, la revue Zadig, dans son numéro spécial sur l’alimentation d’il y a quelques mois, a montré que dans le Morvan il n’y a que 4% de la nourriture consommée qui vient du Morvan).

Le constat global de ce livre est édifiant.

Ce livre m’a fait prendre conscience que la masse des menaces est telle que le moindre grain de sable qui viendrait perturber la fragile machine (ne serait-ce qu’une augmentation significative du prix du pétrole, une baisse de la croissance ou une crise financière) viendrait paralyser le système.

Je n’aime pas jouer les oiseaux de mauvaises augures, mais la probabilité d’une crise alimentaire majeure me semble importante. Ce sera peut-être dans quelques mois, quelques années, voire une ou deux décennies, mais tous les ingrédients sont là pour dire que cette hypothèse est largement crédible.

Bien sûr, le livre propose des mesures importantes pour sortir de la situation, notamment en lien avec les territoires. C’est la deuxième partie de l’ouvrage. J’en parlerai dans un autre article. Mais pour l’instant, j’avais juste envie qu’on discute du constat de départ.

Petit rappel : à un moment donné (en  décembre 2019), j’avais annoncé que je parlerais sur ce blog du livre de Fabrice Nicolino « lettre à un paysan sur le vaste merdier qu’est devenue l’agriculture » mais au final je n’en ai pas parlé (explication : c’était au moment où j’avais annoncé que j’arrêtais le blog). Je sais que certains d’entre vous l’ont lu tout de même. En tous les cas, c’est un très bon complément au livre dont je viens de parler, car il peut aider à comprendre comment notre monde en est arrivé là.

L’ail des ours

Cela fait grosso modo 10 000 ans que l’Homme s’est sédentarisé et est passé du statut de chasseur-cueilleur à celui de paysan (cultivateur-éleveur). Il ne reste pas grand chose de cette période très ancienne où l’on prélevait dans la nature des herbes, des baies, des petites bestioles, … Mais certaines activités d’aujourd’hui, telles que la cueillette de mûres, le ramassage des escargots, la récolte des pissenlits, … sont assurément des survivances de ces époques-là. Et j’aime bien tout ça, parce que ça me relie à quelque chose qui me semble fondamental, je ne saurais dire quoi d’ailleurs, mais je sais que c’est important d’être encore un peu dans la continuité des choses qui nous ont précédé.

La cueillette de l’ail des ours est l’une de ces choses ancestrales. Sans doute qu’elle a commencé avant la sédentarisation de l’Homme mais on ne trouve trace de son utilisation qu’il y a 6 000 ans .

Comme l’ail des ours affectionne les forêts plutôt fraîches, c’est dans une forêt de la vallée de l’Ognon, exposée nord-ouest, que nous sommes allés. Il s’agit des forêts qui sont sous le fort de la Dame Blanche. C’est à 5 km de chez moi seulement, c’est aussi le domaine du pic noir, du chamois et du lynx ! Nous y sommes allés avec des amis. On était quatre, c’est plus prudent, à cause des ours … ! Mais finalement, pas de crainte à avoir, j’étais le seul ours de tout le secteur et je suis plutôt du genre « nounours gentil » (en tous les cas, les gens qu’on a croisés n’ont pas eu l’air trop effarouché …). Car, comme nous sommes assez près de Besançon (moins de 10 km) c’est un peu fréquenté et il y a quand même quelques promeneurs sur ce secteur (enfin, faut pas exagérer, on croise un promeneur toutes les heures peut-être).

De l’ail des ours, il y en a un peu partout.


On pourrait en cueillir autant qu’on veut, il y a parfois des taches qui font plusieurs dizaines d’ares (parfois même plusieurs hectares), c’est assez impressionnant.

En moins d’un quart d’heure on en ramasse un panier.

Ici, on transforme souvent l’ail des ours en pesto. Soit on le fait « nature »‘, c’est à dire tout simplement avec de l’huile et un peu de sel, soit on ajoute de l’amande et du parmesan (c’est pas très « local », mais bon … ce n’est pas une raison non plus pour me mettre à l’amende … et pour le parmesan, c’est une amie qui a des ascendants italiens qui nous a donné la recette, on a des excuses !). On peut congeler dans des bacs à glaçons et les ressortir  à diverses occasions (sur des pâtes, en accompagnement d’un steak …). Personnellement, j’adore sur des toasts.

La meilleure manière de faire et peut-être la plus goûteuse, c’est de faire sécher les plantes et de les réduire en poudre. Les utilisations sont ensuite multiples, au gré de l’inspiration de chacun.

Pour les vertus de cette plante, on peut avantageusement cliquer sur ce lien.

On est en plein dans la période où ça se récolte, alors si le coeur vous en dit … !

Vous n’avez pas l’impression, vous, que … ?

Le livre « Ni cru ni cuit » de Marie-Claire Frédéric, que j’ai commencé d’évoquer dans le précédent article est fabuleux. Je vous en parlerai dans un article ultérieur. Mais je peux d’ores et déjà vous dire que ce livre, qui raconte l’histoire de la fermentation et qui fait aussi l’apologie des aliments (et boissons) fermentés, donc extrêmement bons à la santé, devrait être intégralement remboursé par la Sécurité Sociale. Mais comme ce ne sera jamais le cas, bien évidemment, inutile d’attendre, procurez-le vous dès maintenant … !

Pour l’instant, je voudrais juste vous parler d’un passage très drôle (pages 47/48), qui m’a bien fait rire. Voici ledit extrait :

« Le roi qui boit est aussi le roi qui règne, qui décide. Au 5ème siècle avant J.-C, Hérodote raconte que les généraux perses délibèrent des affaires importantes quand ils sont ivres. Le lendemain matin, à nouveau sobres, ils demandent au maître de la maison qui les héberge de leur rapporter le détail des décisions qu’ils ont prises. Alors, un nouveau débat a lieu pour décider de les entériner ou non. Ailleurs, Hérodote rapporte le procédé inverse : d’abord ils délibèrent dans un état de sobriété, puis ils boivent tout en poursuivant la discussion. A la fin ils débattent pour savoir quelle est la meilleure décision prise, celle produite par la sobriété ou celle résultant de la boisson. Tacite raconte la même chose au sujet des Germains au 1er siècle de notre ère. L’alcool désinhibe, atténue la méfiance et engendre la bonne humeur : les hommes de pouvoir arrivent ainsi à trouver des solutions innovantes aux problèmes. Mais comme parfois le procédé allait trop loin, réexaminer les résolutions le lendemain dans un état plus lucide n’était pas inutile ».

Vous n’avez pas l’impression, vous, que Macron et sa bande ont appliqué à la lettre ces méthodes et s’en sont largement inspirés pour gérer la crise du Covid ?