Evidemment, avec tout ce qu’on nous raconte sur la Corse et sur le tempérament sanguin de certains de ses habitants, le touriste s’attend à y trouver pas mal de choses que l’on qualifierait d’inhabituelles pour le continent.
C’est donc sans surprise que j’y ai vu des dizaines de panneaux criblés de plomb ou de balles de chevrotine.
Pas vraiment de surprise non plus d’y lire quelques menaces.
Qu’un Parisien se fasse destroyer sa voiture semble être aussi dans l’ordre des choses.
Et qu’une maison en pleine construction se fasse plastiquer ne m’a pas vraiment choqué, les journaux nous ayant habitués à ce genre de fait divers.
Mais que les pics épeiches eux-mêmes s’y mettent aussi et s’acharnent sur les poteaux téléphoniques, alors là …
Mais ils sont sympas, ces pics, ils frabriquent des prises de pieds et de mains pour les réparateurs des lignes … plus besoin de grande échelle!!
Les pics qui nichent dans les poteaux téléphoniques mettent-ils les humains sur écoute ?
Que le terrain puisse être miné par les Corses, soit, mais que les pics s’en mêlent…
Est-ce à dire que les pics auraient intégré des techniques humaines ?
Alors qu’ils ont dû précéder dans l’histoire naturelle ces fameux Maures cela m’épate : les oiseaux descendent grosso modo des dinosaures du Mésosoïque alors que l’humanité est plus récente. De là à penser que les Corses les plus virulents aient imité le comportement rebelle des pics, il n’y a qu’un pas que je franchis.
Cette image pourrait donc constituer la preuve d’une terrible influence des pics insulaires sur des indigènes placides. Il faudrait donc à tout prix les conserver secrètes… pour ne pas nuire à la biodiversité et à la préservation d’une espèce que l’on pourrait accuser des pires forages. J’ai peur qu’il ne soit trop tard et que l’AFP se soit déjà emparée d’un scoop.
Ces bêtes-là ont vraiment des moeurs bizarres (et pas très catholiques).
On m’a dit qu’en Corse toujours, par exemple, c’est toujours quand on mange dehors que les pics… niquent.
C’est vrai ?
Oui oui, c’est vrai, et même souvent les pics niquent, douillent mais dans ce cas c’est toi l’andouille. Et ils piquent, épiques, et collent et drament, bourent et bourent et ratent à tame … on se demande vraiment où ils trouvent toute cette énergie!
J’ajoute que les pics adorent les brochettes ….
Quelle « peiche », dis donc, ces pics !!!
Plus sérieusement, Bernard, les pics tapent dans les troncs pour trois raisons (faire du bruit et marquer son territoire, chercher de la nourriture, creuser son nid), c’est bien ça ?
Là, ce genre de trous, c’est pour nicher ? Le créosote (ou je ne sais quelle produit de traitement du bois) ne les gênerait donc pas ?
(Et, en passant, à quel détail peux-tu identifier à la seule vue du trou le Pic épeiche ?)
Oui, les pics tapent effectivement dans les troncs pour trois raisons : le creusement du nid, la recherche de nourriture et le tambourinage en période des amours.
Pour le creusement du nid, tous les pics le font et creusent eux-même leur nid mais il leur arrive souvent de réutiliser le même nid et les mêmes cavités nocturnes plusieurs années de suite.
Pour la recherche de nourriture, il s’agit là d’une activité réservée aux pics qui se nourrissent d’insectes dans le bois mort, par exemple le pic épeiche mais cette activité est plus rare chez les espèces qui se nourrissant essentiellement de fourmis au sol (comme le pic vert).
Creusement du nid et recherche de nourriture sont effectués par des coups de becs désordonnés et assez espacés et sont assez semblables. Par contre, le tambourinage n’a rien à voir, il s’agit d’un martellement dont la durée est de quelques secondes, variable selon les espèces, et dont la fréquence des coups est élevée (plusieurs coups par secondes). Ce tambourinage a valeur de chant, il est lié uniquement à la période de reproduction et a deux fonctions : attirer une femelle et marquer le territoire. Tous les pics ne tambourinent pas (le pic vert et le pic mar ne le font pas ou alors extrêmement rarement). Le tambourinage du pic épeiche est celui qui est le plus entendu dans la nature.
Enfin relativisons ce que je viens de dire. Je dis que le tambourinage sert à attirer une femelle et à éloigner les autres mâles. Mais lorsque je suis allé tambouriner à la porte de la voisine, c’est le mari qui est arrivé …
Comment ça, tu vas tambouriner à la porte de la voisine ?
Ourko, c’est à la taille du trou d’envol que l’on peut identifier l’occupant. Le trou du pic épeiche est plus grand que celui du pic épeichette, plus petit que celui du pic vert et bien plus petit que celui du pic noir. Seul le pic mar a un trou de diamètre semblable mais il n’existe pas en Corse. D’ailleurs, le pic épeiche est le seul pic de Corse. Ni épeichette, ni mar, ni vert, ni cendré, ni noir. La Corse, d’une manière générale, est plutôt pauvre en oiseaux. Mais les Corses disent évidemment qu’elle est riche. J’ai même lu dans le guide du naturaliste, probablement écrit par un Corse, que l’île avait une grande diversité de mésanges avec 4 espèces. En Franche-Comté, j’ai déjà vu 7 espèces de mésanges rien que dans mon jardin … Et six espèces de pics, alors que la Corse ne compte qu’une seule espèce.
Attention, je n’ai pas dit que les autres espèces ont été plastiquées !
Le tambouribage du pic épeiche est celui le plus entendu dans la nature, dis-tu Bernard.
Ca dépend où …
Là ou je suis en ce moment, c’est le Grand Pic qui tambourine à tout va.
Ou que tu te trouves, dans n’importe quel coin de forêt, tu en entends un !
Et si je dis qu’il s’agit du Grand Pic, ce n’est pas parce que je reconnais à l’oreille son tambourinage mais parce que je l’ai vu à plusieurs reprise.
Il est absolument magnifique, grand comme son nom l’indique (Je dirais environ 40 cm?), avec de belles couleurs rouge, blanche et noire (Un peu comme le Pic épeiche, je crois).
J’avais déjà vu le Grand Pic de l’exprémité sud du continent américain (Le Pic de Magellan, tout noir avec seulement la tête rouge), et maintenant le Grand Pic de l’extrémité nord du même continent.
Quelle chance !
Seulement en Corse, pique et pêche : normal, non?
Ca me met en forme, moi, ces p’tites bêtes …
Effectivement l’homme s’inspire toujours de la nature et rien n’est donc jamais le fruit du hasard… Je suis vraiment impressionné par le nombre de trou dans le poteau electrique et là je me dis, on frise la sur-population dans ce poteau… Bien sympa ton article… Ca me fait penser qu’il faudra que j’en fasse un dans le même esprit sur la Guyane