Nina Hagen

J’ai toujours aimé Nina Hagen, mais, bizarrement, je m’en suis toujours tenu à ses deux premiers disques. Depuis vingt ans donc, j’écoute régulièrement les deux mêmes albums et je n’ai jamais eu la curiosité de savoir ce qu’elle était devenue par la suite. Je savais juste qu’elle sévissait toujours dans la musique, mais sans plus. Pour moi, Nina Hagen restait définitivement liée à ce fameux African Reggae de 1978 que j’ai écouté des dizaines de fois.

J’ai toujours pensé que Nina Hagen était une ancienne chanteuse d’opéra reconvertie à la musique punk. Et puis, en regardant sa biographie, je m’aperçois que non. D’où tenais-je cette information érronée ? En fait, dès l’âge de 16 ans, Nina Hagen avait déjà créé son propre groupe et avait à son programme des reprises des chansons de Janis Joplin et de Tina Turner. Pour des raisons politiques (le beau-père de Nina est un poète dissident), la famille sera déchue de la nationalité est-allemande et passera en Allemagne de l’Ouest. On est en 1976. Un an plus tard, Nina Hagen qui était partie fréquenter la scène punk à Londres, revient en Allemagne et connaîtra aussitôt le succès avec son premier disque.

On peut retrouver les principaux éléments de la vie de Nina Hagen (sa conversion au bouddhisme, les OVNIS qu’elle a aperçus, ses propos sur Dieu) dans la petite biographie que lui consacre Wikipedia.

C’est parce que des amis (René et Claudine) sont allés l’écouter le mois dernier à Colmar et qu’ils m’en ont parlé avec enthousiasme que je me suis penché les quinze derniers jours sur sa discographie. Je n’en connais encore qu’une partie mais j’y ai découvert de petites perles. Voici deux autres vidéos glanées sur Youtube (la deuxième fait très « chant de Noël », mais allez jusqu’au bout quand même !) :

Et pour finir une reprise que beaucoup d’entre vous reconnaîtront aisément :

Bon dimanche à tous !

Est-ce ainsi que les hommes vivent ?

J’aime beaucoup le DVD que Bernard Lavilliers vient de consacrer à celui qui, pour moi, est le plus grand monsieur de la chanson française. Je veux parler de Léo Ferré.

Deux extraits de ce concert, pour vous mettre l’eau à la bouche. « Les poètes » d’abord, une chanson que Ferré avait composée en 1960.

« Est-ce ainsi que les hommes vivent » ensuite dont le texte est d’Aragon et dont la musique a été composée par Ferré à la même époque (1961 exactement).

J’aime beaucoup l’écriture d’Aragon qui est très musicale en elle-même. Pas étonnant donc que ses textes, mis en musique par Ferré mais aussi par Ferrat et par Brassens, se soient prêtés à autant de chansons devenues populaires (« Il n’y a pas d’amour heureux », « Que serais-je sans toi », « Aimer à perdre la raison », « Nous dormirons ensemble » …).

Trois autres versions de « Est-ce ainsi que les hommes vivent ? » glanées sur le net : successivement Marc Ogeret, Mélanie Carp (une très belle révélation pour moi) et Catherine Sauvage qui était une grande interprète des chansons de Léo Ferré (sur sa vidéo qui dure plus de 8 minutes, « est-ce ainsi que les hommes vivent ? » est précédé par une autre chanson de Ferré de la même époque : « vingt ans », elle est chantée juste après l’interview de l’artiste).

Bon dimanche à tous.

Ma période rock préférée : 1966/1971 (1)

CHICAGO
Il y a un an, j’écrivais un avant-propos à une série d’articles sur la musique de la fin des années 60. Vous pouvez relire cet article ancien avant de passer à la suite  en cliquant ici (indispensable sans doute avant de continuer). J’annonçais dans cet article que la série en question commencerait le dimanche suivant. Et puis rien. Aucun article n’est paru. Il y a encore des filiations et des interactions entre les différents artistes de l’époque que j’ai du mal encore à percevoir et je crois que cela m’a arrêté dans mon projet sans doute trop ambitieux. Mais peut-être aussi que la musique rock ne se prête pas, ou très difficilement, à toute tentative de synthèse ou de classement.

Alors, je reprends ce projet de manière moins méthodique et sans vraiment de rapport avec ce que j’envisageais. Je vais parler dans les temps qui viennent de groupes qui m’ont marqué, sans respecter du tout l’ordre chronologique, sans aborder les différents courants musicaux (c’était mon idée de départ). Bref, ça va être un peu fouillis, je vais parler de différents groupes sans ordre particulier avec juste les nombreux souvenirs, très mélangés dans ma tête, qui me restent de cette époque. Peut-être que tout cela me paraîtra plus clair quand j’aurai fini mes différents articles. Mais aurais-je vraiment fini un jour (d’autant plus que je n’écrirai sur le sujet qu’un article de temps en temps) ? Il y a tant et tant à dire …

Il s’agit-là d’une époque lointaine, préhistorique presque aux yeux de certains. Parmi les personnes qui fréquentent ce blog, certains vieux comme moi étaient nés depuis belle lurette, d’autres n’avaient que quelques années et étaient encore dans les jupes de leur mère, d’autres enfin étaient en devenir et étaient encore  – pardonnez-moi l’expression – « dans les sacoches à papa ».

La logique voudrait que je commence par Jimi Hendrix, la grande révélation de l’année 66. Lui qui a tant bouleversé le monde la musique … Et bien non, il y a tellement à dire que ça viendra plus tard. Et puis en ce moment, j’écoute Chicago, alors pourquoi ne pas parler de ce groupe ?

Le groupe s’appelait au départ Chicago Transit Authority mais dès le deuxième disque, il ne gardait que le nom de la ville dont il était issu.

Le groupe fut fondé dès 1966 par Terry Kath, guitare et chanteur, mais le premier disque (Chicago Transit Authority I) ne paraîtra qu’en 1969. Le succès de ce disque fut énorme et les plus vieux d’entre nous se rappelleront sans doute ce fameux « I’m a man » :

La musique de Chicago était surprenante à l’époque car le monde blanc du rock n’avait pas l’habitude d’utiliser « des cuivres qui claquent » comme dans la musique des Noirs. Par la présence de ces cuivres, la musique de Chicago reliait incontestablement le monde du rock à celui du jazz. Un autre titre très représentatif de cette musique à la section rythmique de cuivres puissante : « Questions 67 & 68 ». Désolé, mais la qualité technique de la vidéo laisse à désirer :

A partir de là, les disques s’enchaîneront les uns les autres, presque toujours des doubles albums et prendront les noms peu originaux de Chicago II, Chicago III, Chicago IV … Voici un extrait du Chicago II : « 25 or 6 to 4 » (décidément, Chicago a la passion des chiffres !) (le morceau date de 1970 mais il s’agit sur la vidéo d’un réenregistrement de ce titre célèbre en 1974) :

Aujourd’hui, ce groupe maintenant ancestral qui existe toujours, vient de publier son Chicago XXXII, c’est dire s’il a été prolifique pendant sa longue carrière. Mais de cette longue carrière de plus de quarante ans, on retiendra surtout la musique de la première décennie, Chicago se fourvoyant progressivement dans une musique de variétés un peu soupe épaisse, mais bien léchée et aux arrangements très soignés. Voici à nouveau le morceau « 25 or 6 to 4 » mais dans une version récente. C’est puissant certes, bien rodé, de la vraie artillerie lourde …

La mort du fondateur Terry Kath au début 1978 a accentué ce virage vers une musique de variété. Mais pourquoi a t-il fallu qu’il joue bêtement à la roulette russe ?

Petit dimanche musical avec Beirut (1)

Beaucoup de visites sur ce blog en ce moment (355 visites pour la seule journée de mercredi dernier, record absolu) mais pas forcément beaucoup de commentaires. Brind’paille partie en vacances, Christophe dans un petit havre de paix en Bourgogne, Luc de Belgique dans le sud, Etincelle qui part aujourd’hui pour 15 jours …. Tous des déserteurs du blogadupdup ! Il fut une époque lointaine où l’on fusillait les déserteurs … mais bon, les temps ont bien changé. Malheureusement ! :smile:

Mais le blog continue malgré tout. Et en musique comme chaque dimanche.

Il y a quelques semaines, Yves nous avait proposé une vidéo de Beirut que j’avais beaucoup appréciée, ce groupe étant une véritable découverte pour moi. Mais le blog va si vite que les articles se recouvrent les uns les autres à une vitesse infernale et la vidéo était très vite passée en arrière-plan puis en arrière-arrière-plan …. Bref, nous sommes passés probablement beaucoup trop vite sur ce groupe.

Alors je me permets de remettre en ligne cette vidéo ainsi que trois autres émanant du même groupe. On admirera le charisme de Zach Condon, leader de cette formation musicale. De nombreuses influences traversent cette musique : pays de l’Est, folk américain, musique celtique, chanson …

Encore merci à Yves pour cette belle découverte.

Musiques déjantées

Proposé par Stéphane.
Le premier groupe dont je vais parler pour ce petit dimanche musical axé sur les musiques étranges/déstructurées/déjantées, ou peu importe comme vous les qualifierez, est Extra Life.

Malheureusement, de ce magnifique groupe, on ne trouve que des vidéos de mauvaise qualité sur Youtube. Je vous invite donc à aller voir leur Myspace et à y écouter les titres « I don’t see it that way », « Blackmail Blues » et « The Refrain ».

Plutôt que de vous vanter maladroitement les mérites de cet O.V.N.I., je laisse les personnes dont c’est le métier en parler : Chronique de Secular Works

Deuxième groupe maintenant Battles. C’est d’ailleurs ce dernier qui a découvert et fait connaître Extra Life. Deux petites vidéos :

Pour terminer, un classique, Mr Bungle. Si vous ne connaissez pas, malheureusement on ne trouve pas de vidéo de bonne qualité sur Youtube, mais vous pourrez écouter leurs deux meilleurs albums (California et Disco Volante) en intégralité en cliquant ici.

Bon dimanche !

Félix Leclerc, la nature et l’humanité

Un article proposé par Christophe

« Nous sommes tous nés, frères et sœurs, dans une longue maison de bois à trois étages, une maison bossue et cuite comme un pain de ménage, chaude en dedans et propre comme de la mie. »
Ainsi parle l’artiste de son enfance dans « Pieds nus dans l’aube », disponible en CD.
Ses chansons tiennent une grande place dans mon répertoire du cœur, et pas seulement en raison de cette voix chaude, basse, ni de ce si sympathique accent québécois : c’est un grand poète.

Félix Leclerc chante avec subtilité l’amour

L’ordre de l’homme dans la nature

La souffrance des siens

De nombreuses chansons témoignent de la vie dans le quotidien, où se mêlent le cocasse, la poésie, mais aussi la politique, l’engagement…

Une autre citation pour finir : « Comme du grain en terre, laisse pourrir ton idée. Une tige en sortira peut-être. »

Woodstock festival (2)

Cela fait presque un an que j’ai entrepris de parler du festival de Woodstock dont le 40ème anniversaire aura lieu dans une quinzaine de jours. J’avais commencé à l’époque par la prestation inoubliable de Joe Cocker.

Avant de passer, dans les prochains dimanches musicaux, aux grands de ce festival (les Who, Santana, Jimi Hendrix …), voici quelques musiciens qui ont été présents à ce festival et dont les noms sont peu restés dans la postérité. La musique de certains a sans doute beaucoup vieilli et ceci explique sans doute cela.

Country Joe McDonald d’abord qui fait scander à la foule les lettres du mot « FUCK » :

Vient ensuite la prestation très décalée (et très atypique dans ce festival) du groupe Sha-Na-Na :

John Sebastian ensuite, seul à sa guitare, interprète « young generation » :

Et pour finir, « woodstock Boogie » par Canned Heat :

Bon dimanche à tous.

Bonne fête de la musique !

Proposé par Yves.

Voici des découvertes de bouche à oreille. Des artistes qui ne font pas la une mais qui sans artifices me font passer un bien bon moment souvent plein d’émotion .
Je propose de vous faire « peut-être » découvrir cinq de mes découvertes de ces dernières années .

Le groupe Karpatt, un groupe parisen de chanson française au style plein de Poésie, humour, jazz, sonorités afro-cubaines et brésiliennes … Sur cette vidéo ils interprètent « Le fil » :
Le groupe Beirut un mélange de folk, de musique traditionnelle d’Europe de l’Est et de chanson française, créé par le formidable Zach Condon.Claire Diterzi auteur – compositeur – interprète et guitariste, cette fille d’une française et d’un père kabyle a une voix et un jeu de guitare très accordés.Le trio La rue kétanou est un groupe de musique de rue, mêlant musique Tzigane , reggae et folk . Et ce son d’accordéon qui m’emporte le long de ses mélodies .
Avec leur devise « C’est pas nous qui sommes à la rue, c’est la Rue Kétanou ! ».
Avec la chanson  » Les hommes que j’aime  » que l’on peut écouter en cliquant ici.

Et bien-sûr Batlik un artiste à découvrir sur scène, de la poésie de l’humour … Un homme vrai au jeu de guitare personnel .

Bonne fête de la musique et surtout ne ratez pas le petit groupe du coin de la rue qui peut avoir beaucoup de choses à vous dire et à partager.

Antony & the Johnsons (3)

Dans quelques semaines, c’est le quarantième anniversaire du festival de Woodstock (ben oui, papy … !). Sans doute que je consacrerai à ce moment-là quelques articles (j’avais d’ailleurs commencé avec un premier article consacré à Joe Cocker, la plus grande révélation de ce festival).

En attendant, j’ai envie de vous présenter une nouvelle fois quelques vidéos de quelqu’un qui me touche beaucoup. Il s’agit de Antony (« and the Johnsons » selon qu’il joue ou non avec sa formation d’origine). Il me touche car toute sensibilité qui est à fleur de peau me touche en général. J’aime en plus quand la voix est « sur le fil du rasoir », laissant échapper des nuances dont sont souvent incapables bon nombre de chanteurs, même considérés comme des grands de la chanson.

If it be your will est la première vidéo. La chanson originale est de Leonard Cohen (que l’on voit d’ailleurs apparaître dans le film). J’aurais voulu intégrer cette vidéo à cet article mais, pour des raisons de droits de propriétés sans doute, Youtube ne permet pas son intégration à un site. Mais en cliquant ici, vous y accéderez directement (merci de le faire avant de passer à la suite).

Fistul of love ensuite, enregistré lors d’une session en 2005 à la BBC.

Un classique d’Antony : You are me sister enregistrée sur un plateau télé.

Et pour finir deux vidéos réalisées en duo, la première avec Lou Reed (Candy says), la deuxième avec Björk (Dull flame of desire) (merci à Antonine de m’avoir fait connaître cette dernière version).

Bon dimanche à tous.

Du sable plein la voix

Proposé par Luc de Belgique

Pas moyen de sortir une ligne intelligente à propos du thème de ce jour… et pourtant, je sens, je sais qu’il y a tellement de chose à dire.
Sur la beauté « sauvage » (c’est comme ça que je la ressens) des langues arabes ; sur la force des traditions musicales du Maghreb ; sur la richesse de l’hybridation des musiques du monde et la désastreuse soupe qu’elle engendre.
Mais surtout, sur la fascination qu’exerce sur moi un style de voix, un style de chant bien particulier.
Après quelques heures de recherche sur le net (je savais ce que je voulais entendre), j’ai réalisé qu’elles venaient toutes du même coin du monde, ces voix plus que humaines, de Mauritanie.

Malouma Mint Moktar Ould Meidah est la plus connue. Déjà surnommée la Diva des Sables, c’est elle qui joue le plus entre modernité et tradition.
Personnellement, je trouve qu’elle joue parfois avec le feu du mauvais goût, mais quand c’est bien, c’est très bien.

Dimi mint Abba.
Même dans son chant, elle me paraît bien plus près de la tradition. C’est l’envoutement qui commence. Dimi Mint apparait rarement en Europe. Par contre dans son pays, les riches familles se l’arrachent pour chanter dans les mariages.

Ouleya Mint Amartichit.
Rien à dire, quand je l’entends, je deviens fou. (Quand je la vois aussi)

Allez, un p’tit coup d’accordéon !

Je me rappelle des dimanches matins de mon enfance. Il y avait de l’accordéon qui passait à la radio. C’était du musette, je n’ai jamais aimé cette musique mais il me semble qu’elle donnait un petit air de fête à la maison.

Aujourd’hui, j’écoute souvent cet instrument (déjà parce que Sylvain en joue à la maison) mais dans des styles bien différents, jazz le plus souvent, tzigane parfois, chanson française et musique traditionnelle un peu plus rarement. Je vous propose aujourd’hui quatre morceaux (il s’agit, dans les quatre vidéos, de musiciens que j’ai tous eu l’occasion d’aller écouter en concert) :

Le premier est Tango pour Claude, joué par Richard Galliano et le Tangaria Quartet :

Bernard Lubat et André Minvielle ensuite interprétant le thème bien connu Indifférence :

Vient ensuite une improvisation à deux accordéons avec Michel Portal (l’un de mes musiciens préférés) et Bernard Lubat (c’est un peu lent à partir, mais après ça chauffe !) :

Et enfin Esperanza par Marc Perrone et André Minvielle :

Bon dimanche à tous.

Herbe en Zik à Besançon (2)

Steel Pulse, Israël Vibrations, Culture, Aswad, Toots & the Maytals, Peter Tosh… J’aime bien écouter un disque de reggae. C’est une musique que j’ai toujours aimée.

Samedi dernier, toujours au festival Herbe en Zik à Besançon, il y avait sur scène Ziggi. Je n’avais jamais entendu parlé de cet artiste mais plusieurs personnes m’avaient dit que c’était pas mal. Et comme j’avais un peu de temps, juste après le concert de Caravan Palace et juste avant celui de Kusturica (voir mon article de dimanche dernier), je suis allé l’écouter, plus par curiosité à vrai dire que par véritable envie.
Finalement, le concert de Ziggi aura été celui que j’ai le plus aimé de cette soirée. Ziggi a une très forte présence sur scène, il bouge toujours, le concert était très dynamique. Et en plus, il avait lieu sur une petite scène sous un chapiteau assez exigu. Et comme je préfère de loin les petites scènes aux grandes, la configuration de ce concert me convenait bien.

Il y a pas mal de vidéos et de clips de Ziggi sur Youtube (je ne savais pas qu’il était aussi connu !). En voici trois.

Bon dimanche à tous.

« Les voix de Marrakech »

Article proposé par Brind’paille
« Est-ce la langue de là-bas que je ne comprenais pas, et qui doit maintenant se traduire en moi, peu à peu? Il y avait là-bas des événements, des images, des sons dont le sens vous échappe d’abord, qui n’étaient ni traduits, ni définis par les mots et, au-delà des mots, ils sont plus profonds et plus ambigus qu’eux ».

Voilà pour moi, définie par l’auteur lui-même, l’impression profonde de la ville de Marrakech sur Canetti et qu’il a choisi d’évoquer par petits récits.

monument

Pour qui arrive dans cette ville, le plus étonnant est la place Djemâa El Fna. Cœur de la vieille ville, écrasée de soleil jusqu’au crépuscule, elle commence alors à frémir et s’emplit de badauds, saltimbanques, bonimenteurs, musiciens, mendiants …. Au fur et à mesure que le jour décline et que la foule arrive, le brouhaha augmente, ponctué de musiques, de cris, d’appels, de voix. L’atmosphère devient électrique, trépidante, et ne se détend que tard dans la nuit. C’est un condensé abrupt des diverses voix de la ville.
place
Canetti préfère isoler quelques unes d’entre elles, tout en leur laissant un peu de la « folie », de la cruauté, du rythme extrême de la place.
J’ai aimé ce livre car, à petites touches et par petits épisodes, s’y concentre toute la couleur de la ville : son côté dramatique, drôle, déconcertant, vivant, épuisant aussi, quelquefois à la limite du supportable ; on y sent la distance qui nous sépare, nous occidentaux, de ses habitants fiers, épiques, mais aussi pudiques, l’impuissance à comprendre totalement une civilisation différente de la nôtre.

portecochere

Reconnaître un pays par ses voix est une tentative originale, d’une profondeur peut-être ignorée : « La répétition du même cri caractérise celui qui le lance. On s’en imprègne, on le connaît, il est désormais présent pour toujours. Il est ainsi, dans un caractère propre, nettement délimité, qui est justement son cri. On ne saura rien d’autre sur lui. Il se protège, le cri est aussi sa frontière ».
Parmi ces voix, celle des conteurs, « vêtus de façon voyante, en l’honneur de leurs mots« . Quelle belle façon de dire la vie!
En contrepoint, ces récits où les Français ne sont pas à l’honneur …
Dans la ville du dehors se dessine la ville du dedans, silencieuse, obscure, fraîche, avec ses cours qui s’ouvrent sur le ciel et ses terrasses qui sont « comme une deuxième ville ». Une ville dont les femmes sont cachées, dont les façades sont des murailles, où l’étranger ne passe « à aucun moment inaperçu ».

porte

Mais aussi une ville qui accepte et s’ennoblit des plus humbles :
– le Marabout : « Il tourna vers moi un visage rayonnant, prononça une bénédiction à mon adresse et la répéta six fois de suite. La chaleur amicale qui se répandit sur moi pendant qu’il parlait était telle que je n’en avais jamais connu de semblable d’aucune créature humaine« .
– le mendiant du Mellah : « son appétit s’étendit comme un nuage de satisfaction sur la place.« 
– les enfants, à la beauté touchante.
Le livre est aussi un regard sans complaisance, qui relate la dureté la plus féroce (les mendiants du cimetière israélite), à l’origine d’émotions troublantes « Je sentais combien il peut être séduisant de se faire couper tout vivant en morceaux par les hommes »; mais qui discerne aussi la beauté dans la misère la plus totale « Ce n’était plus au travers d’un tas de décombres que je marchais. Je savais maintenant où sa vie et sa lumière s’étaient concentrés » et qui est reconnaissant devant la vie qui s’exprime avec ténacité (L’Invisible).
Chacun de ces petits récits est comme un conte philosophique au cours duquel on traverse diverses sortes d’épreuves qui nous rendent, pour finir, meilleurs.

Herbe En Zik à Besançon

Dernière journée hier du festival Herbe En Zik à Besançon. Joëlle et moi y étions allés pour écouter Emir Kusturica. Car le cinéaste, auteur d’Underground, de Chat noir, chat blanc, du Temps des gitans et de La vie est un miracle, est aussi un grand musicien (que je connaissais par ailleurs sur disque et sur DVD).

L’un des groupes de cette soirée était Caravan Palace. Une très bonne formation que je ne connaissais pas. Il existe quelques vidéos du groupe sur Youtube. En voici deux :

Après un très bon concert de reggae donné par Ziggi, vint le tour d’Emir Kusturica sur la grande scène (un peu après minuit). Joëlle et moi nous étions tout devant. Ce n’était pas une bonne place pour des vieux comme nous. Joëlle a failli se faire piétiner dès le deuxième morceau, je ne sais plus très bien comment nous avons réussi à nous frayer un chemin au milieu du public en délire qui bougeait par vagues. C’est donc assez loin de la scène que nous avons continué la suite du concert. Un peu déçus par ce concert, non par la musique, mais par le côté un peu « spectacle » de la prestation. Mais bon, ça reste de l’excellente musique malgré tout. Voici deux vidéos concernant la musique de Kusturica. La première donne une idée de l’ambiance pendant les concerts. La deuxième vidéo est un extrait de film.

Bon dimanche à tous !

Grandes chanteuses de blues (1)

En 1982, John Mayall, le « pape du blues blanc », donnait un grand concert avec ses amis bluesmen noirs. Participaient à cette fête de grosses pointures : Junior Wells, Buddy Guy, Etta James et Albert King (tous des artistes dont il faudra que je parle un jour ou l’autre sur ce blog). Le concert avait été filmé mais je n’ai découvert le DVD que récemment. Lorsque j’ai visionné la vidéo, j’ai été très ému par cette autre invitée dont le nom ne me disait absolument rien : Sippie Wallace. Lors de ce concert, cette grande dame du blues avait 84 ans et elle devait décéder quatre ans plus tard. Mais même âgée, Sippie Wallace avait une très forte présence sur scène. A vous d’en juger !

Je n’ai pas trouvé grand chose sur Sippie Wallace en langue française, mais l’article sur Wikipédia en anglais est assez complet. Née en 1898, cette dame a participé à deux des plus grandes aventures musicales du XXème siècle : le jazz et le blues. Côté Jazz, elle a joué avec King Oliver, Johnny Dodds, Louis Armstrong et Sidney Bechet, côté blues avec Ma Rainey et la grande Bessie Smith. Comme pour les autres chanteurs de blues, les tournées de l’American Folk Blues Festival au début des années 60 ont redonné une deuxième vie musicale à Sippie Wallace et ont permis sa redécouverte.

Il existe très peu de documents vidéos sur cette chanteuse. Avec les trois autres documents que voici (pas tous de bonne qualité), nous avons là tout de ce qu’on peut trouver sur le net.

Kurt Weil, vous connaissez ?

Proposé par Luc de Belgique

En ce qui me concerne, le nom de Kurt Weil est resté dans les ténèbres de mon acculture durant des années. Et pourtant, près de 60 ans après sa mort il m’arrivait de fredonner des petits airs qui lui devaient la vie.

Dans un film de Ernst Bush, la chanson est de Kurt Weil, les paroles de Bertold Brecht. C’est vieux, ça vient de loin, ça va loin. Mesdames et Messieurs, j’ai le plaisir ce jour, de faire en partie revivre sur le blog à Dupdup: L’opéra de Quat’sous.

Cette incroyable mélodie à été plus tard réactualisée par un amerloque, et quel amerloque !

Retour au film du réalisateur engagé de gauche (dégénéré diront bien entendu les Nazis) Ernst Bush, avec la chanson des canons (ou canonniers, je ne sais pas). Paroles et musique toujours des mêmes.

L’opéra de quat’sous n’est pas le seul composé par Kurt Weil. Il y a aussi : Grandeur et décadence de la ville de Mahagony. Ça ne vous dit rien ? Alabama Song… les Doors, Marilyn Manson, Bowie… Le plus difficile a été de choisir une version. Mon choix s’est porté sur quelque chose de plus récent, très respectueux me semble-t-il de cette époque bourrée d’humour et de dérision.

Pour terminer, comment ne pas parler du kitch et de cette invraisemblable liberté que soufflaient les artistes allemands de l’époque, sans faire un petit détour par une autre allemande, tout aussi provocatrice, et folle: Nina Hagen. Parole de Brecht, musique de Weil : Surabaya Johnny, extrait de « Happy End ». Nina donne ce qu’elle a de meilleur en elle. La vidéo est épouvantablement mauvaise, mais…

Il y a encore tellement de choses à se remémorer de cette époque foisonnante. Peut-être un autre jour, sur le thème de Lili Marleen, par exemple ou de Marlene Dietrich.

Zut, je ne résiste pas ! Ce n’est pas Marlene Dietrich qui la première a chanté Lili. Il faut rendre cette chanson à Lale Andersen.

Variations autour de « Stand By Me »

Bel anniversaire aujourd’hui. Celui de la naissance du rock. Il y a 55 ans, le 12 avril 1954, Bill Haley & the Comets enregistraient Rock around the clock, le premier rock ‘n roll de l’histoire. Le début d’une grande aventure. Mais j’ai déjà relaté tout ça sur ce blog …

Il y a quelques jours, j’avais mis un lien sur une très belle vidéo : Stand by me chantée simultanément par des artistes différents à plusieurs endroits de la planète. J’ai regardé cette vidéo un grand nombre de fois, tant elle me paraît extraordinaire. Et j’ai eu l’air de cette chanson dans la tête plusieurs jours. Une chance d’ailleurs, car lorsqu’il m’arrive d’avoir dans la tête un air dont je n’arrive plus à me défaire, c’est plutôt un truc du genre « la danse des canards », alors que là Stand by me c’est quand même le niveau au-dessus … !

Je connaissais pas mal d’autres versions de cette chanson et j’ai recherché sur Youtube s’il en existait d’autres en vidéo. Et par bonheur, il y avait la version que j’ai le plus écoutée, celle de John Lennon.

Au cours de mes recherches, je suis tombé sur une version étonnante du groupe Rockacapella :

J’ai découvert Ben E.King dans une belle version que je connaissais pas :

J’ai même trouvé une version en dessin animé :

Enfin, nous pouvons écouter aussi les versions de Julian Lennon & Roland Orzabal, Enrique Iglesias, David Archuleta, U2 & Bruce Springsteen, Darin Zanyar et Maurice White.

Bon dimanche à tous.

Petit dimanche musical avec Radiohead

Proposé par Steph

Un dimanche musical consacré à ce qui est pour moi le plus grand groupe de rock actuel : Radiohead.

Radiohead est un groupe de rock anglais qui existe depuis déjà pas mal de temps (formé en 1986), mais qui au départ n’était qu’un bon groupe de rock parmi tant d’autres… de jolies ballades, quelques tubes, … déjà des très belles choses (Street Spirits par exemple), mais rien qui ne les élevait au rang de groupe exceptionnel. Puis en 2000 sort leur quatrième album « Kid A », et là c’est la claque : une musique profonde, artistiquement incroyable, des harmonies tortueuses, inattendues, un travail sonore aux frontières du rock et de l’electro, …  Trois albums suivent ensuite, tous meilleurs les uns que les autres.

Commençons par un petit extrait live de leur dernier album avec « Nude ».

En juin 2001, ils ont donné un très bon concert pour Canal+. Trois extraits ci-dessous, d’abord « Morning Bell », puis « Idiotheque », puis « How To Disappear Completely », tous trois extraits de l’album « Kid A ».

Bon dimanche !