Depuis plus de cinq ans je mets en ligne chaque week-end un « petit dimanche musical ».
Bon nombre des visiteurs de ce blog doivent imaginer que ces dimanches musicaux reflètent la musique que j’écoute le plus.
Hé bien non, pas du tout ! les 3/4 de la musique que j’écoute est ancienne. Il s’agit surtout de musique classique. Le terme est d’ailleurs très inapproprié car la période dite « classique » ne couvre en réalité que la période 1750/1820 (essentiellement Haydn, Mozart et Beethoven première période). Mais bon, ne chipotons pas sur les mots, quand on parle communément de musique classique, cela va de la musique très ancienne (Grégorien, Moyen-Âge) à la musique du XXème siècle.
Nous sommes habitués aux concerts de musique rock. Cette musique s’écoute mais elle se regarde aussi. La musique classique est plus difficile à faire passer à l’écran, il n’y a pas de jeu de scène particulier et « on se fait chier » assez rapidement en général. Quand je dis « on », ce n’est pas mon cas mais j’ai bien conscience qu’il en est ainsi de la plupart des gens.
Alors, une fois n’est pas coutume, j’aimerais vous parler de musique baroque avec l’une des oeuvres que j’ai le plus écoutées : le Requiem de Gilles.
Un requiem, c’est une messe des morts. Il y a de nombreux requiems connus (Campra, Fauré, Berlioz, Verdi …) mais celui de Gilles ne l’est pas trop (même s’il est assez bien connu de ceux qui aiment la musique baroque).
Jean Gilles (1668-1705) est un musicien toulousain dont la musique est gorgée de soleil du Sud. En tous les cas, c’est ce que je ressens. Même son requiem, traitant d’un sujet grave, est émaillé de passages musicaux très colorés. C’est très « italianisant » …
L’histoire de ce requiem est étonnante. Gilles l’avait composé à la demande de deux familles « pour honorer la mémoire de leurs pères ». Une fois l’oeuvre composée, les familles des deux défunts avaient trouvé que l’exécution de l’oeuvre coûterait trop cher. Gilles, alors piqué au vif, avait repris sa partition, l’avait scellée dans une enveloppe et avait décidé que l’oeuvre ne serait jouée qu’à sa propre mort. L’oeuvre ne fut donc vraisemblablement jouée la première fois que le 6 février 1705. Plus tard, pendant tout le 18ème siècle, sans doute auréolée de cette légende, elle connut un succès considérable et fut jouée à la mort de plusieurs rois de France.
J’écoute cette oeuvre depuis très longtemps et en 1989 je suis tombé en admiration devant la version que venait d’enregistrer Hervé Niquet. Depuis, j’ai écouté ce disque quelques dizaines de fois. Jamais je n’aurais imaginé qu’on trouverait un jour cette interprétation sur Youtube et que l’un de ses concerts avait été filmé. Hé bien si ! Alors voici cette oeuvre dans son intégralité …
Alors, si dans les temps qui viennent, vous avez 40 mn devant vous …
http://www.youtube.com/watch?v=q-Zsi0Qsyzc
Bon dimanche à tous !