Juste quelques traces …

Un épervier attaque une mésange. La scène est extrêmement rapide, fugitive. Elle se déroule là, juste devant mes yeux, à moins d’un mètre de moi. Quelques secondes plus tard, il ne reste rien de cela. Seule la vitre de la fenêtre de la cuisine garde quelques souvenirs de la scène.


Je passe un coup de chiffon, et hop il ne reste rien.

Ainsi va la vie, ainsi va la mort …

Une journée d’affût « historique » !

Ce blog est en congé estival et ne reprendra que le lundi 19 septembre.

Pour ce dernier article, comme je l’avais promis à Jacqueline (la doyenne de ce blog, mais il paraît qu’on ne dit jamais l’âge des dames), voici un article sur les milans.

« Mes » rapaces savent que je leur suis fidèle. Depuis plus de 40 ans, je les nourris devant ce que j’appelle « la cabane », petit abri dans lequel je me camouflue et à partir duquel j’observe quelques espèces (quand il se passe quelque chose… car rien n’est jamais garanti !). Certaines années, je ne les nourrissais que 10 fois par an (j’habitais à 17 km de là, ce qui explique un peu les choses) mais depuis deux ans, c’est plutôt 70 ou 80 fois chaque année.

Pendant longtemps, les rapaces venaient peu (une buse une séance sur deux, les milans une ou deux fois chaque printemps) et, mis à part les périodes prolongées de gel intense (on atteint facilement les -15°C en Franche-Comté) qui voyaient l’affluence de plus de rapaces, je me satisfaisais de ce que je voyais. C’était souvent peu, mais c’était toujours beaucoup pour moi (les adeptes de l’affût savent que le fait de voir ou de ne rien voir a relativement peu d’importance au final). En tous les cas, j’y trouvais largement mon compte.

L’an passé, les choses se sont accélérées. Beaucoup de rapaces ! Par contre, le début de cette année 2022 ne fut pas à la hauteur des espérances, tout a été très calme alors que je m’attendais à une reprise « sur les chapeaux de roue ». La présence permanente du milan royal (qui se reproduit maintenant à Bussières) a été malgré tout le grand événément de « la cabane » (presque tous les jours au vol, quasiment jamais posé).


Et puis il y a eu l’affluence des dernières semaines … !

J’ai dû faire au moins une cinquantaine de séances d’affût depuis le début de l’année. Bien évidemment, mes images vont finir leur vie au fond de mon ordinateur et je ne sais même pas si je prendrai le temps de les regarder et de les trier un jour … C’est un peu là mon paradoxe, j’adore faire des photos mais je me fous un peu des images réalisées … Je ne suis sans doute pas le seul photographe animalier à être dans ce cas.

Dans cet article, je ne voudrais montrer que des images faites au cours d’une seule séance, afin de montrer la richesse des observations que l’on peut parfois faire en un temps très court. La séance en question s’est passée avant-hier 15 juillet, c’était une séance faste (4 buses variables, 17 milans posés en même temps devant moi, dont 2 milans royaux), la plus belle séance que j’aie jamais faite en 40 ans. Je dis ‘la plus belle » mais au final il n’y avait personne d’autre que moi dans l’affût et je n’ai partagé avec personne ce « moment historique » . Un bémol donc car j’aurais aimé que Michel, Bruno, Jérôme, Christian, Philippe, Christophe ou Joëlle soient là. Mais voilà, même tout seul, le coeur battait fort, très fort même !

La première photo montre l’ampleur de la mêlée (parfois on se croirait à un match de rugby), ça ressemble fort à la curée des vautours !


Voici 40 photos (sur les 400 réalisées), présentées de manière chronologique sans commentaires de ma part (j’ai la flemme d’écrire, la chaleur estivale en est sans doute pour quelque chose, le peu de force que j’ai … je la garde pour décapsuler une ou deux bières !) (à noter que vous pouvez cliquer sur les images pour les agrandir).

Mis à part deux images de buse variable, toutes les photos concernent le milan noir et le milan royal (voir les différences entre les deux espèces sur les deux premières photos qui suivent). Si vous avez du temps, vous pouvez chercher à identifier les jeunes fraîchement sortis du nid.

Merci pour avoir eu le courage d’aller jusqu’au bout des images !

La suite à la rentrée, le 19 septembre.

Très bel été à vous tous !

Mésanges : et c’est reparti !!!

En 2012, j’avais raconté en détail l’expérience que j’avais menée avec les mésanges venant se nourrir sur la main.


Dans les années qui ont suivi, j’ai repris tous les ans l’expérience entre juin et août. Il me fallait chaque fois autant de patience (plusieurs jours) pour qu’une mésange revienne enfin se poser.


Cette année, je n’ai pas pris le temps de refaire l’expérience en juin, j’étais trop pris par les animations dans mon jardin. Comme ma dernière animation a eu lieu avant-hier samedi, je me suis dit que j’allais ressayer mais sans trop y croire (car les jeunes mésanges sont déjà sorties du nid depuis un long moment déjà et il est sans doute bien plus difficile de les attirer maintenant alors qu’elles ont acquis au fil des semaines une certaine méfiance).

Je me suis installé sur mon fauteuil en bois hier matin dimanche (vers 6H15), avec des graines sur mon chapeau et dans les mains. Quelle n’a pas été ma surprise (alors que mon dernier contact datait de l’été précédent) de voir une mésange charbonnière adulte se poser sur ma main en moins de 2 minutes. Dans la matinée, quelques autres mésanges sont venues (4 ou 5 peut-être), uniquement des jeunes de l’année.

Ce matin, à la même heure, tout est reparti de plus belle, et les mésanges sont venues se poser sur ma main (ou mon chapeau) environ 350 fois. Il m’a semblé qu’il y avait 15 ou 20 mésanges différentes qui sont venues se poser (mais il y en a bien plus qui tournent autour de moi et qui n’ont pas encore oser faire le pas), environ moitié-moitié mésanges bleues et mésanges charbonnières, tous des jeunes mis à part l’adulte de charbonnière étant déjà venu hier.

Je vais bien évidemment continuer l’expérience tout l’été et je vous raconterai tout ça à l’automne. Et d’ici là, tous mes amis peuvent passer à l’heure de l’apéro se faire photographier avec les mésanges !

PS – Les deux images de cet article ont été faites en 2012, je n’ai pas encore pris le temps d’en refaire.

L’oeil du milan royal

J’accélère un peu le rythme de parution de mes articles car au début juillet je ferai une pause estivale sur le blog (jusqu’en septembre) et j’ai des tonnes de trucs que j’aurais envie de dire d’ici là (mais de toute façon je n’aurai pas le temps).
Mon dernier article d’avant la pause parlera de ce que je vis en ce moment à mon poste de nourrissage pour rapaces. Voici juste, en préambule de ce prochain article, une image de bisbille entre milan noir et milan royal pour vous donner l’eau à la bouche (cliquer sur l’image pour l’agrandir).


C’est tellement incroyable ce que je vis avec ces rapaces que j’ai fait un millier de photos en trois jours. 90% de ces photos sont à jeter à la poubelle, 10% sont correctes, le 1% restant a quand même de la gueule !!! A suivre donc …

Les oiseaux de l’hiver

Comme je l’ai souvent dit sur ce blog, le nourrissage des oiseaux, à partir du moment où il a été commencé, doit durer absolument jusqu’en avril, le début du printemps étant une période difficile pour les espèces granivores (verdiers, chardonnerets …) car il n’y a quasiment aucune graine disponible dans la nature avant celles des pissenlits. En ce moment, Christophe me le disait hier soir au téléphone, il y a encore beaucoup d’oiseaux au poste de nourrissage (encore 25 gros-becs ce matin devant « ma cabane ») mais la saison tire à sa fin. Le temps donc de faire un bilan.

J’ai deux poste de nourrissage, l’un qui a été très peu fréquenté (à part une grosse bande de 70 tarins), l’autre au contraire qui a reçu la visite de 32 espèces (31 espèces d’oiseaux + un mammifère), ce qui est exceptionnel pour moi (mes critères après 45 années de nourrissage d’oiseaux en hiver : 10 espèces les mauvaises années, 15 en année moyenne, 20 les bonnes années, 25 les années exceptionnelles). Il faut dire que le fait de nourrir aussi avec des déchets de viande attire 5 espèces d’oiseaux que la plupart des gens n’ont pas.

Voici ces espèces, par ordre d’arrivée au poste de nourrissage (« par ordre d’arrivée », ce qui explique le côté un peu décousu de l’article). Je n’ai pas noté les oiseaux qui sont venus et qui n’ont rien consommé, exemple du troglodyte ou de la grive musicienne qui ne font pas partie de ma liste mais qui ont fait malgré tout une apparition à mon poste de nourrissage.

Mésange charbonnière (peu abondante en début d’hiver, très nombreuses en fin de période)

Mésange bleue (de moins en moins nombreuses au fil des semaines qui passaient)

Mésange nonnette (abondance exceptionnelle en début de période, diminution rapide à partir de février)

Sittelle torchepot (un couple tout l’hiver)

Rouge-gorge (én général un seul, disparition au 15 mars)

Verdier d’Europe (deux ou trois seulement, une dizaine pendant quelques jours en mars)

Pinson des arbres (très abondant, jusqu’à 35, encore très présent en avril)

Pic épeiche (un mâle en début de période, une femelle toute la saison jusqu’au début avril, encore présente hier)

Merle noir (onze maximum en janvier, disparition dès février)

Pie bavarde (7 en janvier, peu nombreuses le reste du temps)

Geai des chênes (un seul pendant tout l’hiver)

Buse variable (une buse très habituée venant tous les jours, trois autres plus occasionnelles)

Héron cendré (présent tout l’hiver, une ou deux fois par semaine)

Gros-bec (un vingtaine en permanence, jusqu’à 40 en mars)

Chardonneret (très peu, 2 maximum)

Moineau domestique (un couple)

Ecureuil (un seul en début de période)

Accenteur mouchet (un seul tout l’hiver, encore présent en avril)

Corneille noire (2 seulement, absentes depuis février)

Grand corbeau (l’observation la plus extraordinaire à mon poste de nourrissage, jusqu’à 7, mais ont disparu fin février)

Epervier d’Europe (une femelle, attaques régulières sur les petits passereaux)

Milan royal (trois maximum, dès le 13 janvier soit un mois plus tôt que d’habitude)

Grive litorne (une seule le 18 janvier)

Bruant jaune (dès le 21 janvier, jusqu’à 15 au début avril)

Faisan de Colchide (un couple)

Pinson du nord (45 en mars, encore présent ce jour)

Etourneau (un seul le 21 février)

Tarin des aulnes (70 fin mars, encore un ou deux actuellement)

Milan noir (4 maximum, première observation le 14 mars)

Pigeon ramier (un seul en fin de période, ne vient qu’en fin de journée)

Serin cini (6 ou 7, première arrivée le 24 mars)

Tourterelle turque (la dernière arrivée, présente depuis le début avril)

Et chez vous ?

Le Héron cendré (6)

Joëlle vient de me signaler qu’une petite colonie de hérons cendrés vient de s’installer à côté de chez nous (à 500 m à vol d’oiseau)
Et comme je suis en panne d’inspiration ce soir pour écrire un article, je vous propose juste des images du héron cendré photographié en Camargue lors de ma dernière sortie en 2018 (c’est aussi un petit clin d’oeil à Christophe qui vient de faire une petite virée chez les oiseaux camarguais).
A noter que le héron cendré est l’un de mes oiseaux préférés. Mais ça, je pense que vous l’aviez déjà deviné … !

Le Grand Corbeau (1)

Belle surprise à mon poste de nourrissage que ce Grand Corbeau faisant une attaque-éclair sur un héron cendré, forçant celui-ci à lâcher la nourriture qu’il s’apprêtait à ingurgiter !

(comme chaque fois, vous pouvez cliquer sur l’image pour l’avoir en meilleure qualité)

Sûr de son camouflage !

On croit observer les animaux sauvages, mais bien souvent ce sont eux qui nous guettent du coin de l’oeil. Parfois, au-dessus d’une route, là où passent des centaines de voitures et de piétons à quelques mètres, un hibou moyen-duc nous observe, impassible (photo faite hier après-midi). Cherchez-le en hiver, même en plein village comme ici … !


Merci à Bruno qui me l’a fait découvrir !

L’autour et la poule

Le 27 juillet dernier, à la tombée de la nuit, je me suis aperçu qu’un autour des palombes était dans mon poulailler et avait mangé une de mes poules. Comment avait-il pu entrer alors qu’il y avait un filet de protection au-dessus du poulailler. La seule explication que j’ai trouvé, c’est que, emporté par son élan et sa grande vitesse d’attaque, les mailles du filet se sont élargies sous le poids de l’attaque et qu’il a réussi à passer.
Comme il faisait presque nuit, j’ai pensé qu’il n’était pas judicieux de le relâcher à ce moment-là. Le lendemain matin, aux aurores, j’ai ouvert la porte du poulailler et il s’est envolé tranquillement.
Deux images faites juste avant le relâchage de l’oiseau.


Deux heures plus tard, j’étais dans mon jardin qui est en plein champ (à 1 km de la maison). Mon frère était là et m’a  fait remarqué que tous les corbeaux freux et le choucas qui faisaient beaucoup de dégâts dans les cultures avaient disparu ce matin-là. J’ai fait le rapprochement avec la présence de l’autour.  Dix minutes plus tard, l’autour apparaissait dans le ciel, sans doute le même que celui qui était dans mon poulailler.

Tout est bien qui finit bien donc !

Mais ce n’est pas vraiment l’avis de ma poule …

Le faucon crécerelle (7)

Dans mon dernier article consacré au faucon crécerelle, j’avais mis l’accent sur les jeunes faucons et leurs différentes attitudes au nid (baillement, étirement, battement des ailes …).

Pour continuer avec ce rapace le plus commun de France (sauf en Franche-Comté où il est supplanté par la buse variable), quelques images du nourrissage des jeunes, ayant assisté lors de la même séance à trois venues des adultes. Un premier nourrissage par le mâle :



Un deuxième extrêmement bref (une ou deux secondes seulement, le temps de déposer à toute vitesse un campagnol) …

… et enfin la femelle qui, elle aussi, est restée très peu de temps.


Peut-être que dans les temps qui viennent je mettrai sur ce blog une vidéo faite ce jour-là.

Le Guillemot de Troïl (3)

J’ai des envies de mer en ce moment ! Alors un petit article sur le sujet, ça va nous changer des rapaces franc-comtois !

Les falaises rocheuses du Nord de la Bretagne possèdent une faune qui leur est propre.


J’aime y aller au printemps en période de reproduction pour y

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La buse variable, encore et encore …

J’ai pris l’habitude depuis quelques années de nourrir les rapaces à la fin juin et au début juillet. J’ai repris hier, ce fut très calme, une seule buse est venue quelques minutes.


Pourquoi nourrir à cette période de l’année ? Simplement parce que

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Le faucon crécerelle (6)

J’ai raconté il y a déjà longtemps sur ce blog que j’avais construit un nichoir pour faciliter l’installation du faucon crécerelle. La nidification avait marché la première année, puis plus rien … Chaque année un couple est là mais il n’y a jamais de jeunes, alors que j’observe tous les ans des parades nuptiales, des accouplements, des offrandes de nourriture entre mâle et femelle …


Je ne sais pas vraiment où est le problème … !

Mais, une chance extraordinaire, mon ami Bruno m’a fait

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Le pic noir (3)

Ce printemps, j’ai décidé de passer deux heures auprès de chaque cavité d’arbre récemment creusée que je trouvais. J’avais follement envie de photographier les pics dans cette forêt de Bussières que j’adore et que je connais bien (même s’il m’arrive encore parfois de m’y perdre).


J’espérais au départ trouver le nid du pic épeiche et, avec un peu de chance, celui du pic vert. Et je n’ai rien trouvé avec cette méthode-là, alors que j’ai passé un temps fou, immobile au pied d’un arbre, une une ou deux écharpes de camouflage autour de moi, à quelques dizaines de mètres des arbres que je surveillais.

Et puis le miracle s’est produit ! Alors que j’attendais un hypothétique pic mar qui n’est jamais venu, j’ai aperçu à travers les mailles de mon écharpe de camouflage deux pics noirs qui se poursuivaient en se chamaillant et en criant. Comme je n’avais jamais vu un tel comportement et qu’on était en avril, début de la période de nidification, j’en ai déduit qu’une telle scène ne pouvait avoir lieu qu’à proximité immédiate du nid. Je me suis levé, j’ai cherché et j’ai trouvé le nid en moins de cinq minutes. Effectivement il n’était qu’à une trentaine de mètres de l’endroit où je m’étais camouflé. Je me suis caché, le mâle est arrivé au nid au bout de cinq minutes.

Un couple de pic noir a un domaine vital immense, pouvant aller à 800 hectares, et qui se réduit en période de nidification à un territoire de 20-40 hectares (voir l’article que j’ai écrit récemment sur ces notions de domaine vital et de territoire). Donc évidemment, je n’espérais jamais trouver le nid. Et puis, hop là, sans avoir l’intention de le chercher et en moins de cinq minutes … ! Je vais finir par croire en Dieu ! Ou au diable !

A partir des jours suivants, je suis revenu deux heures tous les matins. Le nid était très haut dans un foyard, les conditions de prise de vue n’étaient pas très bonnes mais par moments, le matin, l’arbre bénéficiait d’une très bonne lumière. Je n’ai pas fait beaucoup de photos car chaque arrivée au nid était très rapide, parfois l’oiseau ne restait que quelques secondes contre le tronc. Et quand un oiseau ne vient que toutes les deux heures et qu’il arrive sans un seul bruit, autant dire que si on n’a pas l’oeil dans le viseur à ce moment précis, il faudra attendre deux heures de plus !

Et puis il y a eu une période de très mauvais temps, froide et pluvieuse, et de ce fait j’ai quasiment loupé toute la période où les jeunes se montraient « à la fenêtre ». Et surtout, ils se sont envolés bien plus vite que je ne le pensais et extrêmement tôt dans la saison (le 14 ou le 15 mai). Voici quelques images, présentées de manière chronologique, essentiellement faites au moment où mâle et femelle se relaient au nid, parmi le peu que j’ai réalisé. La dernière image est la seule où l’on voit un jeune. On peut cliquer sur les images pour les agrandir un peu.

A noter que le pic noir n’est plus vraiment l’oiseau mythique du fond des forêts tel que l’a décrit Paul Géroudet (« une expression des forces primitives de la forêt sauvage »). L’espèce possède une dynamique incroyable qui lui a permis de coloniser d’autres milieux naturels et d’autres régions. Au 19 ème siècle, cet oiseau n’a jamais été signalé en plaine, il n’était cantonné qu’aux forêts d’altitude. En 1976/77, quand j’ai commencé à m’intéresser aux oiseaux, il était déjà bien présent dans la forêt de Bussières. Depuis cette période, d’une part il a progressé vers l’ouest, jusqu’à atteindre la Bretagne (il n’est pas allé plus loin, sans doute que les bières, le cidre et le chouchen breton l’ont convaincu qu’il était enfin arrivé là où il fallait !). Et il a pris l’habitude d’aller dans des milieux plus ouverts, à tel point qu’il niche parfois sur des aires d’autoroute (notamment sur l’aire du Jura). D’ailleurs, à Bussières sur les trois couples que compte la commune, l’un des couples est dans une ripisylve (forêt riveraine) le long de l’Ognon, loin du massif forestier.

A tout bientôt pour un article sur une autre espèce de pic.

La cabane aux oiseaux, 2021 (1)

Je vais mettre en ligne prochainement une série d’articles sur les oiseaux que j’observe depuis ma « cabane », un lieu où je nourris des rapaces régulièrement depuis plus de 40 ans (j’ai déjà écrit pas mal d’articles sur cette cabane, on peut les retrouver sur ce lien).

J’ai vécu ce printemps quelque chose d’extraordinaire, je n’avais jamais vu autant de milans sur le site. Disons même qu’en trois semaines j’ai vu autant de rapaces sur mon lieu de nourrissage qu’en plusieurs décennies. Entre le 25 mars et le 15 avril, c’était de la folie !

Les photos que j’ai faites à cette occasion et que je vous montrerai dans mes prochains articles ne peuvent pas traduire ce que j’ai vécu, elles ne sont qu’un pâle reflet de ce que j’aimerais montrer. Par contre, Philippe Parolini (Fifitoucourt pour les habitués de ce blog) est venu, l’espace d’une matinée, dans la cabane. Voici un petit bout de film qu’il a fait ce matin-là et qui vous donnera une idée de la chose.

Et voici la même scène, au ralenti !

Et bientôt, un article sur le milan noir.

Pics : territoire et domaine vital

Lorsque j’ai commencé à m’intéresser aux oiseaux (1976/1977), les premières espèces que j’ai vues sont les pics. Dans ma première semaine d’observation j’ai vu les cinq principales espèces de mon village, l’année suivante je voyais le pic cendré. Il m’est resté de cette époque-là une sorte de fascination pour ces oiseaux qui donnent l’impression d’être montés sur ressorts et semblent jouer à cache-cache avec vous.


Au niveau des observations ornithos, cette année 2021 est particulièrement riche pour moi, elle l’est encore plus au niveau photographique, le démon de la photo (et de l’affût surtout) m’ayant repris après quasiment trois années d’interruption (mis à part quelques photos d’oiseaux faites en vacances).

Conséquences de cela, je me prépare à écrire une série d’articles sur les trois espèces de pics que j’ai suivies cette année, lors de l’élevage de leurs jeunes.

Mais avant de mettre en ligne le premier article, un petit préambule sur les notions de « territoire » et de « domaine vital » qui sont deux notions différentes.

On pense que les oiseaux sont très territoriaux et défendent leur « pré-carré » becs et ongles, à coup de vocalises surtout. En fait la réalité est à nuancer. Il y a un espace proche du nid qui est effectivement défendu avec ardeur mais souvent les domaines de vie des oiseaux au sein d’une même espèce se recoupent (mêmes lieux de recherche de nourriture, même zones pour s’abreuver …) plus ou moins largement selon les espèces (je vois quatre mâle de fauvettes à tête noire qui viennent actuellement s’abreuver en même temps, alors que nous sommes en pleine période de nidification de cette espèce).

Chez les pics, ceci est encore plus vrai.

En effet, chez les pics, il faut distinguer le domaine vital et le territoire lié à la nidification. Explication : d’une part les pics sont des oiseaux sédentaires et doivent affronter des périodes difficiles, notamment en hiver (nourriture moins abondante, deux fois moins de temps la journée pour se nourrir, besoins en nourriture accrus à cause de la baisse des températures). Ils ont donc besoin d’un vaste espace, qui leur procure la nourriture suffisante pour affronter cette période difficile. Au contraire, au printemps lorsqu’il faut nourrir des jeunes oisillons tous les quarts d’heure, les adultes doivent trouver leur nourriture à faible distance du nid et ne peuvent se permettre d’aller la chercher à l’autre bout de leur espace de vie habituel. Au printemps, qui est par ailleurs une « saison d’abondance », l’espace utilisé est donc beaucoup plus restreint.

Il faut donc distinguer le territoire proprement dit, lié à la nidification, que l’oiseau défend contre l’intrusion de ses congénères, et le domaine vital, beaucoup plus vaste, qui va permettre aux oiseaux de subvenir à leurs besoins en nourriture pendant la période internuptiale (c’est à dire en dehors de la période de reproduction). Ceci est la règle générale pour tous les pics. A noter aussi que chez toutes les espèces de pics, mâle et femelle mènent une vie indépendante en dehors de la reproduction.

Deux exemples chez les pics (mais différents l’un de l’autre) pour illustrer cela :

– Chez le pic noir « le domaine vital d’un couple couvre généralement de 350 à 800 hectares, selon la qualité du milieu ambiant et notamment l’abondance de nourriture. Le territoire proprement dit, c’est à dire la zone défendue contre les congénères étrangers au couple, occupe seulement de 20 à 40 hectares autour du nid » (Michel Cuisin, 1998). Quand on voit la quantité de pics noirs présents dans certaines forêts franc-comtoises, on devine aisément que les domaines vitaux de ces oiseaux se recoupent donc assez largement.

– C’est sans doute chez le pic épeichette que la différence de surface entre domaine vital et territoire est la plus grande : « Le premier occuperait une surface moyenne de 200 à 500 hectares, le second ne ferait que quelques hectares, les parents ne s’éloignant pas à plus de 150-200 m du nid, la plupart du temps dans un rayon de 70 m ». (Pynnöyen, 1939). Par contre, dans le cas du pic épeichette, les domaines vitaux se recoupent peu et les nids sont souvent distants de plusieurs kilomètres (et effectivement, sur le terrain, on constate toujours une très faible densité de cet oiseau, qui n’est jamais abondant et dont les territoires semblent assez clairsemés).

Comme je parlerai souvent, dans les articles à venir, de domaine vital et de territoire, il me semblait utile d’amener ces précisions.

 

Jardinage et ornithologie

Lorsqu’on a plusieurs passions, celles-ci s’enrichissent mutuellement, même lorsqu’elles n’ont rien en commun. C’est difficile à croire, mais c’est ainsi. Ainsi la pratique du jardinage et l’observation des oiseaux. La pratique du jardinage peut conduire à découvrir une nouvelle espèce et, en retour, la découverte d’une nouvelle espèce peut permettre d’enrichir sa pratique du jardinage. Je vois que vous avez du mal à me suivre, mais je vais vous donner un exemple tout récent.

Mercredi dernier, c’est parce que la terre était beaucoup trop humide pour la travailler que je suis allé en forêt observer le pic noir devant le trou où il nichait. Et quelle n’a pas été ma surprise de découvrir une espèce qui chantait au-dessus de l’arbre et qui a ensuite chercher à s’installer dans le trou du pic noir : le pigeon colombin, dont j’ignorais l’existence même dans mon village (en tant que nicheur, car il m’arrive tout de même de voir de temps en temps quelques migrateurs). C’est donc ma décision de renoncer ce jour-là au jardinage qui m’a conduit à découvrir cette espèce.


« Et, en retour ? » vous allez me dire ! Eh bien, c’est parce que j’ai découvert une nouvelle espèce de pigeon qu’il va me falloir maintenant trouver une nouvelle variété de petit pois à cultiver ! :biggrin:

Le Pic noir (2)

Ici, en Franche-Comté, une région où le pic noir est très abondant (présent dans toutes les grandes forêts), cet oiseau creuse presque toujours son trou dans un hêtre (qu’on appelle « foyard » dans notre région). Le pic noir n’est pas compliqué, il ne se pose pas de questions existentielles du genre « hêtre ou ne pas hêtre ». C’est « hêtre », un point c’est tout ! Et le hêtre, c’est bon pour la santé, donc pas non plus de questions philosophiques du genre « toubib or not toubib ». On pourrait se demander « pourquoi pas un chêne ? Mais le pic à dû se référer à l’adage populaire « quand y’a du chêne y’a pas de plaisir ! » (cela dit, une vieille femme du village, Odile, décédée depuis quelques années, avait épousé un certain Eugène et elle disait volontiers : « contrairement à ce qu’on dit, là où y’a d’l’Eugène, y’a du plaisir ! » comme quoi, tout est relatif !).

On est en plein dans la période de nidification des pics et les jeunes sont déjà nés dans des cavités que les adultes ont creusées, en tapant et piquant fortement dans un hêtre pendant quasiment un mois (le pic noir gagne d’ailleurs tous les « concours y pique » du secteur !). Tout ça pour dire que l’an passé, grâce à Christophe qui a trouvé le nid (pas facile, vu que le domaine vital du pic noir peut faire 800 hectares), j’ai pu faire quelques images de cet oiseau. En voici juste une (faite in extremis le jour même de l’envol du dernier jeune).

Quand les jeunes naissent, les adultes leur amènent des fourmis (c’est la nourriture habituelle du pic noir, voir ci-dessous une photo faite par Christophe, diffusée ici avec son aimable autorisation, le plumage du mâle est plein de fourmis), ils leurs en collent des grammes et des grammes en leur apprenant la rengaine suivante bien connue « et pic et pic et colle les grammes ». Oui, je sais, jeu de mots facile et un peu tiré par les plumes… alors je laisse le mot de la fin à la maman pic s’adressant à son chéri : « Quelle époque hé pic ! ». N’est-ce pas !?!


La suite quand même dans un prochain article qui paraîtra avant l’été !

Blog en congés

Habituellement, je fais régulièrement une pause sur ce blog. En général ces pauses coïncident avec les vacances scolaires franc-comtoises. Mais là, aucune pause à Noël, aucune en février ! Alors, comme j’ai besoin de souffler un peu plus que d’habitude (et vous aussi peut-être), je m’octroie une pause d’un mois. Alors ce blog reprendra le samedi 1er mai. D’ici là, bien évidemment, les discussions peuvent continuer.

Pour ce dernier article, quelque chose d’original.

Jeannot, un des chasseurs du village m’a dit en janvier dernier qu’il y avait aux alentours de Bussières, tout près de la route qui mène à Voray-sur-l’Ognon, une buse sans ailes (« peut-être même un busard ») , qui se laisse approcher facilement et qui vit au sol en mangeant des vers de terre et autres petites bêtes. En temps normal, j’aurais dit au mec « T’as bu combien de bières ce matin ? ». Mais bon, le Jeannot en question ne boit pas et il a de très bons yeux, malgré son âge déjà avancé (88 ans). Je ne croyais pas à son histoire mais je l’ai quand même écouté poliment. Et puis les mois ont passé, je n’y pensais plus vraiment, sauf de temps en temps avec un petit sourire au coin des lèvres. Et j’ai aussi répété l’histoire à quelques amis.

Et puis, voilà t-y pas que la semaine dernière (le 26 mars exactement, vers 14H30) , le long de la route qui mène à Voray, j’ai vu l’oiseau en question. Je n’en croyais pas mes yeux. Je n’avais pas mon appareil sur moi, je suis allé le chercher à la maison (5 mn aller-retour). Quand je suis revenu, la buse (c’était une buse, comme l’avait supposé Jeannot, sans en être certain toutefois) s’était encore approchée un peu plus de la route et j’ai pu faire ce cliché après avoir baissé la vitre de la voiture.

Je n’ai aucune explication concernant cette atrophie des ailes. Malformation congénitale ? Accident (mais deux ailes, c’est quand même peu probable) ? Pas d’excès de z’ailes en tous cas ! Alors !?! En tous les cas, je suis scotché par le fait que cette buse atypique n’ait pas, au bout de plusieurs mois (au moins), terminé sa vie sous le bec (ou les crocs) d’un prédateur.

Quand je suis allé montrer la photo au Jeannot (hier midi), il m’a dit d’un air un peu rieur (peut-être même moqueur) : « il m’avait pourtant semblé que tu ne croyais pas trop à mon histoire ». « Euh oui, effectivement » ais-je bredouillé d’un air un peu penaud. Tout ça ne nous a pas empêché de boire une bière ensemble, bien au contraire !

Bonnes vacances (du blog) à vous tous !