Un drôle d’oiseau !

Non, non, Vincent, si tu as cru qu’avec un titre pareil j’allais parler de toi, c’est raté. Ce sera pour une autre fois. Je veux simplement parler d’un petit volatile que peu de personnes connaissent. Sans être fréquent, il n’est pourtant pas rare : il s’agit du torcol fourmilier.

Ce petit oiseau a sensiblement la taille du moineau. Il est étonnant mais il faut avoir la chance de l’observer de près. Etonnant d’abord par son plumage finement chamarré qui est une extraordinaire tenue de camouflage. Etonnant aussi par les mouvements de la tête, l’oiseau ayant la possibilité de tourner la tête à 180°, tel un jouet articulé, d’où son nom de torcol. Vous aurez compris aussi que c’est un mangeur de fourmis, son nom complet le précise.

Le chant du torcol est très particulier, on ne peut le confondre avec aucun autre, ça ressemble à une série de cris de pics mais en très nasillard, on peut le traduire par kin kin kin kin kin kin … (on dirait un pic épeichette qui aurait trop écouté Bob Dylan ! Mais peut-on trop écouter Dylan ?).

Samedi matin, au lever du jour, j’ai crû entendre un cri de torcol depuis mon jardin. La veille encore, il n’était pas encore revenu d’Afrique, j’en suis quasiment sûr, je l’aurais sans doute remarqué, étant très habitué à entendre son chant et j’avais passé la journée entière dans le jardin. Une heure plus tard, un torcol se met à chanter à tue-tête à une dizaine de mètres. C’est bien lui, il est enfin là. Plus tard dans la matinée, je passe à côté d’un nichoir à oiseaux et me dis que je ferais bien de le nettoyer, avant que les oiseaux ne s’y installent. A peine ais-je touché le nichoir qu’une tête affolée de torcol passe par le trou d’ouverture du nichoir puis y retourne précipitamment.

Je suis stupéfait de voir qu’un oiseau qui était encore absent la veille puisse aussitôt reprendre possession de ses anciens quartiers aussi rapidement. Car il s’agit bien entendu du même torcol que l’an passé et qui aura fait un petit séjour en Afrique entre temps ! Cette facilité à revenir sur les mêmes lieux, année après année, est étonnante, elle m’impressionne à chaque printemps. On pourrait écrire des pages et des pages sur les mystères de la migration.

Cette petite anecdote m’a donné envie de mettre en ligne aujourd’hui, sur ma galerie photos, une petite série d’images consacrée à ce drôle d’oiseau.

Avril : mois difficile pour certains oiseaux !

Dan me fait savoir ce soir qu’il y a beaucoup d’oiseaux à son poste de nourrissage, des verdiers, des tarins, et notamment huit gros-becs. Beaucoup de gens pensent qu’il faut arrêter de nourrir les oiseaux aux premiers rayons de soleil et c’est ainsi que beaucoup ont cessé cette activité juste après la période de neige du début mars. Erreur ! Car s’il est des mois difficiles pour nos amis les zoziaux, c’est bien les mois de fin d’hiver et de début de printemps.

S’il ne fallait nourrir que quatre mois, ce ne sont surtout pas les mois de novembre, décembre, janvier et février mais bel et bien ceux de janvier, février, mars et avril. Il y a un groupe d’oiseaux, regroupés au sein de la famille des FRINGILLES, qui souffrent beaucoup en fin d’hiver. Font partie de cette famille les verdiers, les chardonerets, les gros-becs, les tarins … en gros ceux qui ont un bec puissant et s’en servent pour décortiquer des graines. Ce sont donc des granivores et ils vont donc avoir énormément de mal à faire la jonction avec la belle saison. Les mésanges, elles, pourront toujours se nourrir des premiers insectes printaniers. Mais les bouffeurs de graines : tintin ! Vous remarquerez d’ailleurs que le nombre de verdiers, chardonnerets … augmente avec le déroulement de l’hiver. Les fringilles sont bien plus nombreux aux mangeoires en mars qu’en décembre.

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En temps normal, je nourris ces oiseaux à longueur de journée jusqu’en fin mars, puis réduis progressivement l’apport de nourriture, en ne mettant plus que quelques poignées de graines au lever du jour. Mais cette année, il y a deux raisons supplémentaires pour continuer à pratiquer le nourrissage des oiseaux un peu plus longtemps que d’habitude :

1 – l’automne passé a été marqué par une quasi-absence de graines dans la nature, 2005 ayant été une des années les plus pauvres en fruits, baies et graines. De ce fait, l’hiver a été rude pour beaucoup d’oiseaux qui ont dû fuir plus au sud (exode sans retour pour la plupart !).

2 – cet hiver est particulièrement long (il a beaucoup neigé aujourd’hui alors que nous sommes le 5 avril) et les fringilles en souffrent d’autant plus.

En résumé : absence de graines + hiver long font de l’hiver 2005-2006 l’un des plus durs pour la faune sauvage et notamment pour la famille des fringilles, la plus exposée.

Alors, faisons comme Dan, continuons encore un peu à nourrir ces oiseaux. Et comme c’est pour le plus grand plaisir des yeux, ça ne gâte rien !

Des oiseaux, en veux-tu, en voilà ! (7)

Dernier épisode de ma petite aventure hivernale avec mes amis les zoziaux. Avant-hier matin, une quinzième espèce, un gros-bec, est venue se poser sur ma main. La scène a duré cinq minutes, me laissant largement le temps d’admirer la beauté du plumage, à une trentaine de centimètres seulement des yeux. Hier matin, il est revenu une seconde fois.
L’hiver se termine, j’arrête le nourrissage hivernal des oiseaux à la fin mars. Je ne pense pas qu’une nouvelle espèce vienne d’ici là. Tant pis, ce sera pour l’hiver prochain.

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Dur dur pour les premiers migrateurs !

Dans son commentaire sur mon article consacré à l’ouette d’Egypte, Roland s’interrogeait sur la survie des hirondelles de rochers observées lundi dernier 13 mars à Saint-Claude par une température de -5°C. On se demande effectivement comment de telles bestioles, qui ne se nourrissent que d’insectes volants, arrivent à faire face à de telles conditions.

Michel me faisait remarquer lui aussi qu’une trentaines d’hirondelles de cheminée survolaient le Doubs à Osselle samedi dernier 11 mars (pour ma part, je n’ai jamais observé d’hirondelles aussi précoces). Depuis plus d’une semaine, la température est basse, la bise souffle et il n’y a pas l’ombre d’un moucheron qui puisse servir de nourriture à ces oiseaux (Michel me signale tout de même avoir vu avant-hier son premier papillon, un citron).

On ne peut qu’être admiratif devant ces oiseaux, qui paraissent si fragiles mais qui bravent la force des éléments naturels – certes, au prix d’une mortalité probablement élevée – pour rejoindre avec hâte leurs lieux de reproduction. Ah amour, quand tu nous tiens !

D’autres migrateurs arrivent les uns après les autres, le tarier pâtre, le bruant des roseaux, la bergeronnette grise et même le milan noir et le busard cendré (ces deux dernières observations étant également de Michel). Avez-vous vu d’autres espèces migratrices fraîchement revenues d’Afrique ?

Après la mouette : l’ouette !

Dans mon dernier article, je parlais des inondations qui avaient transformé la plaine alluviale devant chez moi en gigantesque lac. Ce plan d’eau provisoire et éphémère avait attiré quelques mouettes rieuses, pour le plus grand plaisir des yeux. Hier matin, autre surprise et autre occasion de se rincer l’oeil, une ouette d’Egypte barbotait dans le champ inondé à cent mètres seulement de la maison. Vous allez me dire : « C’EST QUOI UNE OUETTE ? »

Mon ami Roland avait fait il y a quelques temps un commentaire sur l’un de mes articles à propos des espèces que l’on nomme « férales » et qui sont soit des espèces échappées de captivité, soit domestiques mais qui arrivent toutes deux à se reproduire de manière pérenne dans la nature. L’ouette d’Egypte est l’une de ces espèces férales. Au départ, l’ouette vit à l’état sauvage en Afrique ; elle a été introduite récemment dans le sud de l’Angleterre où elle a commencé à se reproduire, ainsi qu’aux Pays-Bas. C’est d’ailleurs dans ce dernier pays (sur l’île Texel) que j’ai observé pour la première fois cette petite oie, il y a deux ans seulement (auparvant, je ne savais même pas que ça existait !).

Depuis hier, le niveau de la rivière est redescendu et la prairie est fréquentée par de nombreuses alouettes (mars est d’ailleurs un mois particulier pour cet oiseau : nous voyons à cette époque se côtoyer quelques hivernants qui ne sont pas encore repartis, des nicheurs fraîchement revenus qui s’installent déjà sur leur territoire et des migrateurs en transit, les plus nombreux, qui remontent vers le nord).

La vallée de l’Ognon serait-elle envahie par la « bande des ouettes » ? D’abord la mouette, puis l’ouette et enfin l’alouette. A quand la rare marouette ?

Des oiseaux, en veux-tu, en voilà ! (6)

Deux choses extraordinaires viennent de m’arriver dans mon poste d’observation.

Première chose : hier matin, alors que j’étais en train de nourrir des oiseaux, il y avait alors trois tarins sur ma main, les oiseaux se sont mis à pousser de très gros cris d’alarmes, tout le monde s’est envolé. Il y a eu du bruit sur la toile de mon abri et une femelle d’épervier s’est alors perchée devant moi, sur une branche de thuya, juste sous la toile de mon affût. Elle n’avait attrapé aucun oiseau. Elle est restée une quinzaine de secondes puis s’est envolée tranquillement. C’est la première fois qu’un tel oiseau rentre dans mon affût pendant que j’y suis. La scène s’est passée à un mètre cinquante de mes yeux.

Deuxième chose : ce matin, un pic épeiche est venu sur ma main, comme à son habitude, a pris une noix mais l’a laissée tombée dans le fouillis des branchages où il n’a pas pu la retrouver. Il est revenu aussitôt sur ma main, or il n’y avait plus du tout de noix. Il s’est alors mis à prendre une graine de tournesol, est allé la décortiquer dans la fente d’un piquet à un mètre de mes yeux, est revenu à nouveau et ainsi de suite. Cela a duré longtemps. Au seizième voyage, il s’est mis à taper fort sur le bout de mes doigts gauches (mais ne m’a pas fait trop mal, j’ai de la corne sur ces doigts-là en raison de la pratique de la guitare), puis s’est mis à cogner sur mon avant-bras (prenait-il déjà mon bras un peu ridé pour un vieux tronc noueux ?). Trouvant probablement la bête un peu dure (ou indigeste ?), il est parti sur mon autre main et s’est mis à taper avec force sur le bout d’un doigt, ça a commencé à faire mal. Je ne savais pas trop comment arrêter la scène, alors quand j’ai vu qu’il y avait une petite goutte de sang sur le doigt, j’ai simplement dit « hé … ». Effarouché par le son de ma voix, il s’est envolé en poussant un cri. Quand j’ai retiré mes mains, il y avait aussi une petite tache de sang sur mon avant-bras gauche.

Des oiseaux, en veux-tu, en voilà ! (5)

Michel et Pascale sont venus avec leurs deux filles pour observer les oiseaux de très près.

L’attente n’a pas été très longue, la première mésange bleue est venue sur la main de Sarah, suivie rapidement des autres mésanges.

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Idem pour Manon dont la petite main (elle n’a que 8 ans) a accueilli la sittelle torchepot.

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Puis ce fut au tour de Pascale qui eu la chance d’observer le tarin.

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Dans la foulée, Joëlle (ma Joëlle à moi) a fait l’essai, pour la première fois, de tendre sa main pleine de tournesol et de noisettes, c’est un pic épeiche qui s’est agrippé à son bras (y’a pas que son mari !) et a pris délicatement une noisette dans sa main.

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Michel était dans un affût juste à côté, avec un appareil photo pour immortaliser toutes ces scènes.
Pour ceux qui pensaient jusqu’à présent que j’avais un don particulier, voire un certain fluide pour attirer les oiseaux, cette petite expérience leur prouve que non. Il ne suffit que de patience !

L’étau se resserre !

Lorsque j’ai commencé à raconter sur mon blog mes histoires d’oiseaux qui viennent manger sur ma main, mes amis ont commencé à s’inquiéter de ma santé et m’ont demandé si je n’allais pas servir de terrain au virus H5N1. J’avais répondu que j’aurais plutôt tendance à être atteint de la grippe à bière. Je croyais que ma réponse n’était qu’une boutade mais en buvant ce soir une bière de Munich, je m’aperçois qu’elle provient de B’aviaire ! Aïe, aïe, aïe, l’étau se resserre ! Et si mes amis avaient raison ?

Des oiseaux, en veux-tu, en voilà ! (4)

Il y a trois jours, j’avais annoncé un scoop, en disant qu’une quatorzième espèce était venue sur ma main. Je n’avais pas dit le nom mais fait saliver quelques-uns en disant simplement que c’était encore plus invraisemblable que le geai, le pic épeiche ou l’écureuil. Voilà donc l’histoire, telle qu’elle s’est déroulée.

En même temps que je nourris des oiseaux avec du tournesol, des noix ou des noisettes, je mets un peu de déchets de viande sur le terrain derrière la maison et j’ai l’habitude d’avoir comme hôte principal la buse variable, accompagnée parfois de la pie bavarde et de la corneille. Cette année, les buses ont beaucoup plus faim que d’habitude (les centres de soins pour rapaces de Lons-le-Saunier ou de Lyon regorgent cet hiver de buses maigres et épuisées) et j’ai eu la surprise de voir, jeudi de la semaine dernière, onze buses en même temps sur les déchets de viande. Je n’avais jamais attiré autant de buses depuis l’hiver froid de 1986.

Dans la journée, une idée un peu saugrenue m’est venue : et si je mettais de la viande sur ma main, est-ce que l’une d’entre elles oserait venir ? J’ai appelé Michel (avec qui j’avais déjà prévu de faire des photos de petits passereaux le lendemain) en lui disant que j’allais peut-être tenté d’attirer la buse sur ma main. Je suis allé m’acheter une paire de gants (j’aurais bien essayé mains nues, mais Joëlle s’y est formellement opposée !).

Le lendemain matin, Michel s’est installé dans son petit affût, à quelques mètres du mien (je rappelle que je suis planqué dans un abri en toile, que je laisse dépasser mes mains pleines de nourriture et que j’ai fait une ouverture dans la toile pour voir les oiseaux à 30 cm de mes yeux). Au bout d’une heure environ, une première buse est arrivée et a mangé un peu de nourriture que j’avais mise au sol. Et puis la pression a augmenté, d’autres buses ont commencé à tourner. L’une d’elles est enfin venue sur la mangeoire à un mètre de moi. Quand elle a eu fini de dévorer le petit morceau de viande que j’avais mis, elle est venue d’un seul coup sur ma main. Séquence émotion ! La buse est peut-être restée deux ou trois minutes sur ma main. Je ne me rappelle pas vraiment des détails, j’étais un peu dans un rêve. Je n’ai pas gardé l’impression d’un oiseau lourd, je ne me rappelle pas non plus avoir senti ses serres.

Michel a fait trois photos. On avait prévu un cadrage beaucoup trop serré, il aurait fallu un 135 mm plutôt qu’un 200. Michel devait donc attendre que la buse se baisse de temps en temps pour avoir dans le viseur, à la fois la main et l’oiseau. Petit problème d’exposition ou d’accus qui avaient du mal à recharger par le froid, les trois photos sont plutôt très sombres. En voici donc une, à titre de document !

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Mon histoire d’oiseaux sur la main est sur le point de s’achever, au moins au niveau du récit, car je continuerai cette activité qui m’a passionné tout un hiver. Il y aura peut-être encore une ou deux nouvelles espèces d’ici la fin de l’hiver (j’espère que le gros-bec viendra ce week-end) mais avec un rapace aussi spectaculaire que la buse, je crois que la limite est atteinte. Mais bon, il y aura encore au moins un petit « article-bilan » en fin d’hiver !

Des oiseaux, en veux-tu, en voilà ! (3)

Résumé des épisodes précédents : dans un premier article intitulé «des oiseaux en veux-tu, en voilà», j’ai relaté comment, en l’espace d’un week-end, quatre espèces d’oiseaux sont venues manger sur ma main, alors que je les observais, à bout portant, les yeux collés à la vitre (sittelle, mésanges charbonnière, bleue et nonnette). Les 5 et 6 novembre marquaient donc le début d’une véritable aventure et, dans l’article suivant (épisode n°2), j’ai parlé des belles surprises qui m’attendaient (je dis bien « surprise » car comment imaginer que des oiseaux aussi farouche que le geai et le pic épeiche + un mammifère : l’écureuil) deviennent aussi familiers et viennent eux aussi manger dans la main.

Mésange

Dans l’article d’aujourd’hui, il n’y rien d’extraordinaire à dire, si ce n’est que la liste s’allonge progressivement au fil des semaines. Six nouvelles espèces de passereaux sont venus picorer des graines au creux de ma main : l’accenteur mouchet (qui n’est venu qu’une seule fois), le verdier (9 fois), le pinson du nord (deux fois seulement), la mésange boréale (qui vient en permanence, déjà plus de mille cinq cent fois) et puis les deux petits derniers, arrivés tout récemment : le tarin des aulnes (voir photo ci-dessous) et le chardonneret.

Tarin

Tout ça nous amène à treize espèces au total. Enfin quatorze exactement, car la dernière est de taille mais je ne me résous pas encore à en parler aujourd’hui. Je suis encore sous le coup de l’émotion et il me faut un article complet pour décrire ce qui est arrivé vendredi dernier. Alors, patience, vous saurez tout dans un ou deux jours car je dois dire que j’attends le développement de la pellicule diapos pour demain ou après-demain. Eh oui, on a les moyens qu’on se donne, et je me suis attitré les services d’un photographe de choc en la personne de mon ami Michel G (qui avait déjà photographié le pic épeiche dans le précédent article de la série et qui est également l’auteur des deux photos de cet article). Il était là, camouflé dans son affût, lors de la scène de vendredi dernier et a pu prendre trois clichés. Je n’en dis pas plus, mais imaginer l’oiseau dont je parle sur ma main, c’est encore plus incroyable qu’imaginer le geai, le pic épeiche ou l’écureuil !

A très bientôt donc pour la suite de cette série.

Changements de comportements alimentaires chez les oiseaux ?

Depuis quelques années, je remarque quelques bizarreries chez nos amis les oiseaux.

En 2003, pendant la canicule, j’avais d’abord été surpris de voir disparaître des tomates, mangées essentiellement par les merles mais aussi par les mésanges. Au cours de l’été 2004, j’ai remarqué le même phénomène, mais de manière nettement moins forte. En 2005, été à nouveau très chaud, tous les petits fruits du jardin disparaissent dès le mois de juin : les framboises, les cassis, les raisins et même les groseilles acides. Dès le début juillet les premières tomates cerises sont, elles aussi, dérobées par des voleurs ailés qui sont encore les mêmes : merles et mésanges surtout auxquels s’ajoutent quelques fauvettes. Partout, les jardiniers franc-comtois, qu’ils habitent en milieu rural ou en milieu urbain et périurbain, se sont plaints de la même chose. Question : au cours de la canicule de 2003, certaines espèces d’oiseaux auraient-elles acquis de nouveaux comportements alimentaires ? Et pour quelle raison : manque de nourriture ? manque d’eau ?

Autre phénomène constaté au cours de cet hiver : au poste de nourrissage pour oiseaux, plusieurs espèces ont des comportements inhabituels. Ainsi, alors que je nourris, comme chaque hiver, des buses avec des déchets de viande, j’ai eu la surprise de voir, à de très nombreuses reprises, d’autres espèces manger la viande : le merle, le pic épeiche et la sittelle. Je n’avais jamais observé ce comportement. Autre constatation : le tournesol fait lui aussi de nouveaux adeptes : d’abord le pic épeiche mais surtout le merle noir qui d’habitude ne se nourrit pas de graines (ou alors peut-être en quantité très limitée). Actuellement, derrière chez moi, onze merles passent leur journée entière à manger du tournesol. Etonnant, non ? Les relations entre les oiseaux changent aussi du fait de ces nouveaux comportements. Avant, lorsque je mettais du tournesol par terre, il y avait toujours une armée de verdiers, tarins et chardonnerets qui occupaient tout l’espace et qui empêchaient, par leur nombre, les autres espèces d’approcher. Depuis quelques jours, ce sont les merles qui occupent l’espace central, s’accaparent une bonne partie de la nourriture, ne laissant qu’un peu de place aux autres. Est-ce que ce nouveau comportement hivernal est en relation avec un manque de nourriture général dans la nature ?

Rappelons-nous qu’à l’automne dernier, il n’y avait aucune baie dans les haies, aucun fruit aux arbres (la plupart des noix et noisettes étant même vides) et peu de graines sur les plantes. Ce manque de nourriture explique probablement la quasi-disparition de certaines espèces au cours des dernières semaines. Il me semble par exemple que les pies (espèces très sédentaires) sont soudainement devenues plus rares.

Avez-vous remarqué, vous aussi, des changements de comportements alimentaires identiques ? Ou des changements d’attitude au poste de nourrissage ?

Des oiseaux, en veux-tu, en voilà ! (2)

La semaine dernière, j’ai relaté la première partie de cette petite aventure qui a commencé le 5 novembre avec mes copains les zoziaux. Petit rappel : à la fin du premier week-end, sittelles, mésanges charbonnières, bleues et nonnettes, ont pris l’habitude de venir manger sur ma main pendant que je les observe, le nez presque collé à la vitre de la cuisine.

L’aventure continue le week-end suivant avec une très grosse surprise : le jour du 11 novembre, un pic épeiche est venu se poser sur la fenêtre (habituellement, il vient y prendre quelques noix par semaine) et s’est approché à 30 cm de moi. Après son départ, j’ai aussitôt mis deux noix au creux de ma main, en plus du tournesol. Dans la matinée, il est revenu (enfin, elle, c’était une femelle). L’attente a été un peu longue, il est resté un quart d’heure à tourner autour de la main avec de longs moments d’immobilisation et puis, d’un seul coup le voilà sur la main. Je pensais qu’il allait prendre la noix et aussitôt l’emmener, mais non, il s’est mis à taper avec force sur la noix. Celle-ci a cédé assez facilement et le pic s’est mis à la décortiquer au creux de ma main, je sentais ses griffes, j’avais le palpitant qui cognait, ça a été un grand moment émotionnel pour moi, d’autant que la scène a peut-être duré trois minutes (mais je dois dire que dans ces circonstances, je n’ai plus vraiment la notion du temps).

Le 19 novembre, autre régal pour l’œil, un écureuil (assez sombre) est venu sur ma main. Il a eu du mal à trouver la nourriture et m’a mordu deux fois les doigts en essayant de tirer dessus mais il s’est assez vite rendu compte qu’un Dupdup ce n’est pas très comestible. L’écureuil n’a été qu’une demi-surprise car je l’observais régulièrement sur le rebord de la fenêtre, et j’avais déjà habitué un écureuil à grimper sur moi (y compris sur ma tête) il y a 6 ou 7 ans (voir ma galerie photo, image 15 http://www.leblogadupdup.org/gallery/ecureuil/ecureuil-15.jpg).

Autre très grande surprise : le 16 décembre au soir, je dis à quelques amis que je m’attends à la visite du geai, tellement il a une attitude bizarre en fixant ma main, à distance, plusieurs minutes d’affilée. Le lendemain matin, au lieu de continuer à refroidir la maison en laissant continuellement la fenêtre ouverte (on est quand même en hiver et Joëlle est un peu frileuse) je décide d’aller dans mon affût à côté de la maison et de laisser dépasser une (ou deux) mains pleine(s) de tournesol et de noix. J’ai fait un trou dans la toile au niveau des yeux et je peux ainsi voir tout ce petit monde à trente centimètres. Mieux qu’une télé ! Tous les oiseaux du coin ne prennent pas ombrage du changement de situation et adoptent très vite ce nouveau lieu. Au bout de quelques dizaines de minutes seulement, un gros truc se pose sur ma main, la main a du mal à ne pas faire un mouvement car l’oiseau est emporté par son élan et pèse son poids : il s’agit du geai. Au cours de ce week-end du 17-18 décembre, il fera beaucoup d’allées-et-venues très rapides (il se contente de se poser sur la main, de prendre une noix, et s’envole toujours très vite) et viendra de nombreuses fois sur la main, je ne sais pas s’il s’agit d’un seul et même individu car plusieurs geais « rodent » autour de la maison.

Parmi ces trois visiteurs de marque, seul le pic épeiche sur la main a pu être photographié. Et encore, il a fallu que mon ami Michel G (un pro) vienne à la rescousse pour photographier la scène le week-end dernier car je n’ai pas vraiment réussi à maîtriser la technique de nourrir d’une main et de photographier de l’autre (la photo mise ce soir sur ma galerie http://www.leblogadupdup.org/gallery/les-pics/pic-epeiche-05.jpg représente le pic épeiche mâle, reconnaissable à la tache rouge derrière la nuque, car depuis ma première aventure de novembre, la femelle me boude et le mâle l’a remplacée sur la paume de ma main).

La suite de cette aventure la semaine prochaine (car nous n’en sommes qu’à 4 + 3 = 7 espèces différentes, il en reste 5 encore à vous présenter). Mais où donc s’arrêtera-t-il ?

Des oiseaux, en veux-tu, en voilà ! (1)

Comme certains de mes amis le savent, il m’arrive un drôle de truc depuis cet automne. Il m’arrive d’ailleurs souvent des drôles de trucs, mais je crois … que je les cherche un peu.

Depuis plus de vingt cinq ans je nourris des oiseaux chaque hiver et prends beaucoup de plaisir à cette activité. J’attends d’ailleurs toujours l’hiver avec impatience car je sais que pendant quatre mois les abords de la maison seront animés en permanence grâce au va-et-vient incessant de centaines d’oiseaux. Cette année, pour la première fois, j’ai commencé le nourrissage sur le rebord de ma fenêtre, beaucoup plus tôt que d’habitude, dès le mois d’octobre, en raison du manque de nourriture dans la nature (pas de baies, pas de fruits et très peu de graines à l’automne).

Le 5 novembre au petit matin, j’ai mis quelques graines de tournesol dans ma main, ouvert la fenêtre et attendu, le visage presque collé à la vitre, en espérant voir un oiseau se percher sur la main. Mésanges et sittelles n’ont pas tardé à voleter autour de la main, très hésitantes mais se rapprochant de plus en plus. Finalement, c’est la sittelle qui a osé la première, au bout d’un quart d’heure seulement. Plus tard dans la matinée, tout est allé assez vite. Si je me souviens bien, c’est la mésange nonnette, puis la mésange bleue et enfin la mésange charbonnière qui sont venues prendre, chacune à leur tour, quelques graines dans la paume de la main. Je me suis dit que c’était peut-être le début d’une aventure et que l’hiver allait peut-être me réserver d’autres surprises.

Pour cette raison, j’ai commencé de noter au fur et à mesure mes différentes observations et notamment le nombre d’oiseaux qui venaient se poser. Cette première expérience se passait un samedi. Le lendemain, à la fin du week-end, ils étaient déjà venus 236 fois. Comme j’aime assez les chiffres et que j’ai du mal à me défaire d’une certaine rigueur scientifique, j’ai pris l’habitude de noter tout ça. Depuis cette date, ce petit monde ailé est venu se poser sur ma main des milliers de fois et j’ai eu des tas de surprises. Mais ça, je le raconterai plus tard, dans les jours ou les semaines qui viennent.

C’est un peu gênant de raconter tout ça à posteriori, mais à cette époque, mon blog n’existait pas encore.

sittelle torchepot