Chouette effraie

La chouette effraie me semblait en diminution sur le secteur où j’habite, mais voilà plusieurs soirs que je l’entends après la tombée de la nuit ou que je l’aperçois dans les phares de la voiture.

Pour les personnes intéressées par la manière dont les adultes élèvent leurs jeunes, voir la série d’images sur la galerie de mon blog.

Retrouvailles photographiques (4)

J’ai souvent pratiqué la photographie animalière avec mon ami Michel. Dans certaines situations, nous avons mis nos photographies en commun, ne sachant plus vraiment qui avait appuyé sur le déclencheur. Nous avions parfois très peu de temps pour installer et caler le matériel, alors nous n’installions qu’un seul appareil. Et puis, nous allions nous cacher tous les deux sous une toile de camouflage et nous déclenchions à distance, grâce à la présence d’un moteur sur l’appareil. Alors, quand les photos étaient développées, nous nous les partagions : une sur deux pour chacun, un peu au hasard.

C’est ainsi que nous avons mis en commun des photos de petit gravelot, de pic noir et de huppe fasciée. Sauf que pour la huppe, j’ai égaré toutes les diapos il y a huit ans … y compris celles de Michel. Nous avons souvent parlé de ces photos perdues et j’ai souvent été mal à l’aise dans les discussions. Ce n’était pourtant pas faute de les avoir cherchées.

Et bien, ces photos ont été retrouvées il y a quelques mois, par hasard, en même temps que les photos de grand tétras, de mante religieuse et de chien viverin dont je vous ai déjà parlé. Voici cinq de ces photos. Lesquelles sont de Michel, lesquelles sont de moi ? Nul ne saurait le dire … !

Le nasillard est de retour !

Lorsque je suis rentré à 12H30, il n’y avait aucun son inhabituel autour de la maison : le rouge-gorge égrenait sont fragile chant cristallin, le pic noir ricanait en haut de la forêt, … la routine quoi ! Et puis quand je suis sorti vers 12H45, le chant tant attendu a résonné dans la haie. Il était de retour. Probablement était-il arrivé par le train de 12H38. Qui ça « il » ? Le torcol quoi ! Vous en connaissez beaucoup, vous, des oiseaux qui viennent vous dire un grand bonjour à peine descendu du train qui arrive du Sud ?

J’admire la constance de cet oiseau qui pousse la fidélité à venir chaque année dans le même nichoir.

Son chant est si nasillard que je me demande parfois si ce n’est pas la musique de Dylan qui sort régulièrement de la maison qui l’attire et le pousse ainsi à s’installer sous mes fenêtres.

Encore de belles observations en perspective pour cette année !!!

Le chant des oiseaux (1)

La détermination du chant des oiseaux est un vrai casse-tête pour les débutants. Comment s’y retrouver alors que la campagne résonne de dizaines de chants différents ? Evidemment, il est impossible d’apprendre à reconnaître autant de chants en une seule saison, même si l’on a l’oreille très musicale.

Pour faciliter la tâche de celles et ceux qui aimeraient se familiariser avec ces sons qui jaillissent de partout au printemps, je vous propose une petite sélection des chants les plus fréquents. Focalisons-nous sur une douzaine de chants seulement. Car 80% des chants que nous entendons proviennent essentiellement de 12 espèces d’oiseaux. Il est donc indispensable de commencer par apprendre à reconnaître le chant de ces espèces.

Je publie donc aujourd’hui la première partie d’un diaporama qu’Oetincelleo a réalisé à partir de mes photos et qui vient d’être mis en ligne sur Youtube. Un très très grand MERCI A OETINCELLEO, l’artisane de ce projet !

La deuxième partie paraîtra d’ici quelques semaines, je pense.

Surtout ne pas arrêter de nourrir les oiseaux !

Les oiseaux de nos campagnes sont adaptés à passer l’hiver. Bien sûr, le froid et le manque de nourriture vont avoir raison d’une partie de la population mais les survivants seront ceux qui permettront aux effectifs des différentes espèces de se reconstituer dès le printemps. D’un point de vue purement naturaliste et scientifique, rien ne sert donc de nourrir les oiseaux pendant la saison hivernale.

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Mais à partir du moment où l’on commence de mettre des graines à leur disposition, on créé des conditions inhabituelles de concentrations d’oiseaux. La situation devient très artificielle, il y a alors sur un espace restreint beaucoup plus d’oiseaux que ne peut en contenir cet espace en temps normal. L’arrêt brutal du nourrissage crée alors une situation qui peut être fatale à certains oiseaux.

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La situation est d’autant plus difficile que le mois de mars et le début d’avril sont des périodes charnières pour tous les oiseaux de la famille des fringilles qui se nourrissent de graines (chardonnerets, verdiers, tarins, bouvreuils…). Certes, il fait souvent déjà meilleur à cette époque, mais le stock de graines disponibles dans la nature est épuisé ou presque. Pour ces espèces, la jonction est difficile à faire entre l’hiver et le printemps (la transition est par contre plus facile pour les mésanges qui trouvent déjà quelques chenilles et insectes à leur disposition). C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il vaut mieux nourrir les oiseaux de janvier à avril (plutôt que de novembre à février comme le font la plupart des gens).

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Le mauvais temps de ces jours-ci (il neige ce matin) aggrave la situation déjà tendue en temps normal. Si vous faites partie de ceux qui nourrissent les oiseaux en hiver et que vous habitez en Franche-Comté, prolongez cette activité au moins jusqu’au 10 avril et diminuez les quantités de graines progressivement.

Du changement dans l’air (3)

L’hiver est loin d’être terminé et peut encore réserver son lot de surprises. Mais pour l’instant, à la faveur de l’ensoleillement et de la douceur des journées, l’impression dominante est l’arrivée imminente du printemps. Des choses changent de jour en jour. Certaines sont normales pour la saison, des crocus qui fleurissent, le rouge-gorge qui chante (tiens, j’en ai entendu un qui chantait à tue-tête le 25 janvier à 2 H du mat’ en plein Besançon) ou la chouette hulotte qui hulule la nuit (l’un des nicheurs les plus précoces, la femelle couvant parfois dès février).

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Par contre, des milans royaux qui reviennent dans la vallée de l’Ognon dès le 15 janvier, une chauve-souris qui vole dès le 20 ou des mésanges bleues qui visitent des nichoirs dès la fin janvier, c’est plutôt inhabituel.

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Et vous, vous avez remarqué d’autres changements ?

Du changement dans l’air

Comme chaque année à cette période, il y a un je ne sais quoi de différent dans l’air. Bien sûr, le printemps est loin d’être là mais il y a déjà quelques signes avant-coureurs du changement en cours. La lumière est déjà différente, ce n’est plus une lumière de novembre ou de décembre. L’air est moins lourd et je me suis d’ailleurs réveillé plus léger ce matin.

Et puis l’environnement sonore a déjà bien évolué depuis quelques jours. Le 31 décembre déjà, une sittelle poussait son premier chant dans le petit bois derrière la maison.

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Le jour de l’an, c’était au tour du pic épeiche de manifester son excitation sexuelle en tambourinant avec force contre un tronc (je n’ai jamais entendu de tambourinage aussi tôt dans l’année).

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Hier matin 7 janvier, alors que j’allais au travail (c’était la reprise, la dure reprise, faut bien bosser de temps en temps, on ne peut pas être toujours sur le blog), une grenouille en vadrouille a évité de justesse mes pneus. Là aussi, je n’avais jamais vu de grenouille à cette période (et pourtant, j’ai de l’expérience en matière de grenouilles, j’en ai braconné des tas quand j’étais gamin).

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Dans la matinée, des abeilles sont venues me faire un petit coucou derrière la vitre. Jamais vu un petit coucou d’abeille aussi précoce.

Et vous, vous avez déjà remarqué des petits changements autour de vous ?

La chouette effraie

Un oiseau de nuit que j’aime bien et que j’ai aperçu hier dans les phares de ma voiture : la chouette effraie !
En dédicace à KN’L

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Un grand tétras au pas de charge

Michel a eu vent de mon article du 12 décembre consacré au grand tétras et m’a aussitôt envoyé deux images de cette folle épopée de 1999, dont celle, compromettante, d’un dupdup fuyant devant un grand tétras. J’ai hésité à mettre en ligne ces photos, pour ne pas dévoiler mon identité. Mais bon, vu que maintenant je connais presque tous les blogueurs qui viennent sur ce site … Et puis le ridicule n’a jamais tué personne, paraît-il !

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Retrouvailles photographiques (1)

Je me rappelle du bonheur que j’avais eu lorsque mes photos de milan royal avaient été retrouvées. C’était en 1984. J’avais passé des centaines d’heures, étalées sur plusieurs années, à l’attendre devant mon affût où étaient déposés chaque fois quelques bouts de viande. Le milan était enfin venu. Mais voilà-t-y pas que le labo de Chalon-sur-Saône a égaré mes diapos. Je tenais beaucoup à voir les photos qui m’avaient tant coûté (en temps) et je me souviens avoir beaucoup râlé auprès de ce labo. Alors que je ne m’y attendais plus, les diapos avaient enfin été retrouvées au bout de six mois, elles avaient été livrées par erreur chez un photographe bourguignon et elles m’étaient enfin restituées.

J’ai eu exactement le même bonheur dimanche soir. En vidant une armoire pour la tranformer en penderie, j’ai retrouvé plusieurs séries de diapos que j’avais égarées depuis quatre ans. Je les avais pourtant cherchées partout car j’y tenais beaucoup. Cent cinquante photos de huppe fasciée et de grand tétras m’attendaient ainsi dans le bas du placard, désespérant que je leur mette un jour la main dessus. Merci à Joëlle qui avait insisté pour que je quitte ma flemme dominicale pour me livrer à ce vidage d’armoire.

Je n’avais jamais essayé de ma vie de photographier le grand tétras. D’abord parce que je ne suis pas à la recherche de « tableaux de chasse » et que les espèces rares ou difficiles à photographier ne m’ont jamais vraiment intéressé. Mais aussi et surtout parce que cet oiseau est un animal mythique qui reste auréolé d’un mystère que je n’ai jamais eu envie de casser. C’est l’une des rares forces primitives de la forêt. Il me semble surgi des temps préhistoriques et j’ai toujours pensé que sa vie recluse se devait d’être respectée.

Mais je dois dire que lorsque j’ai entendu dire, par David, qu’un « grand coq fou » (synonyme d’un grand coq détraqué) sévissait à Jougne dans le Haut-Doubs à tel endroit précis, je me suis dépêché d’aller voir « la bête ». Je me souviens avoir attendu une heure. Rien. Aurais-je eu de mauvaises indications ? J’ai cherché un peu dans les fourrés et j’ai vite rebroussé chemin lorsque j’ai vu cet animal qui venait dans ma direction d’un pas décidé, s’arrêtant et paradant comme s’il me prenait pour un beau mâle concurrent (dans le meilleur des cas) ou pour une femelle de passage (dans le pire des cas ! Aïe aïe aïe, je n’avais pas de préservatif à lui proposer !).

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La scène a duré au moins une heure et nous sommes repartis avant que le manège ne soit terminé.

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Mon ami Michel et les personnes de passage ce jour-là sur cette petite route forestière de Jougne se souviendront longtemps de ce grand tétras détraqué et agressif.

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Avec ces photos retrouvées dimanche, les souvenirs précis me reviennent.

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Michel, quant à lui, n’a pas perdu les photos de cette folle journée. Il paraît qu’il a même gardé précieusement une photo compromettante où l’on voit un Dupdup courant, poursuivi par un grand tétras.

De longues heures d’affût

Mon article sur le pic mar a suscité quelques commentaires sur la technique de l’affût qui permet au photographe d’être au plus près des oiseaux. Serenense a rappelé un épisode douloureux en forêt, à l’affût au pic mar, où, complétement gelé, il pensait avoir perdu l’usage de ses pieds et de ses mains. Christophe en a profité – oh le vilain ! – pour parler de « tuyau », de « zigounette » et j’ai même crû déceler une allusion à un certain breuvage. En tous les cas, les propos de Christophe n’ont pas manqué d’intriguer quelques lecteurs et lectrices de ce blog (dont Oups qui, décidément, n’en loupe jamais une …!). J’ai vite compris que Christophe parlait d’une aventure un peu épique qui s’est déroulée il y a longtemps. En 1983 exactement. J’ai replongé dans mes souvenirs et me suis remémorré quelques détails plutôt croustillants.

Michel G. et moi avions construit une petite cabane dans une pente boisée qui surplombait la Saône (sur la commune de Soing-Charentenay exactement). C’était le seul site que nous connaissions qui nous permettait, à cause justement de la pente, d’être à la hauteur des nids de hérons.

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Il y avait là une quarantaine, peut-être même une cinquantaine de nids au sommet des arbres. Nous étions à une trentaine de mètres des premiers nids, ce qui nous obligeaient à utiliser de longues focales, en l’occurence chacun un 400 mm équipé d’un doubleur. Nous en avons ramené peut-être un millier de photos, retraçant la vie du héron, de la parade nuptiale à l’émancipation des jeunes en passant par la construction du nid, l’accouplement …

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Nous avions décidé, pour ne pas gêner les hérons, de venir et de repartir le plus discrétement possible, c’est à dire de nuit. Les journées d’affût étaient longues, très longues. Nous y venions le matin avant le lever du jour et n’en repartions que le soir après la tombée de la nuit. C’était à la période la plus froide de l’année, en février, nos amis les hérons ayant la fâcheuse habitude de nicher dès ce mois. Comme il est impossible de rester 10 heures d’affilée sans pisser, nous avons dû inventer le fameux système de l’entonnoir et du tuyau (le petit tuyau vert qu’on aperçoit sur la photo) dont parle Christophe.

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Pour lutter contre le froid, nous avions évidemment quelques bouteilles thermos pleines de grog, peut-être même aussi quelques boissons beaucoup plus riches en alcool (d’où probablement les allusions de Christophe à « l’esprit embrumé »). Il fallait bien tenir dans ces conditions plutôt extrêmes. Et, évidemment, plus nous buvions, plus nous pissions ! L’allusion à la zigounette faite par Christophe est sans conteste liée à cette étrange constatation : les organes génitaux se rétractent pour être au plus près du corps et deviennent alors riquiquis. Alors que les hérons d’à côté s’en donnaient à coeur joie, tous émoustillés par la présence des partenaires, nos sexes à nous ne devaient pas avoir belle allure, il ne serait venu à l’idée de personne d’en faire des porte-drapeaux ! Pas de quoi être fiers en tous cas ! Si j’en juge par les souvenirs et les quelques allusions de Christophe qui est venu partager nos joies et nos douleurs, il devait faire très froid aussi les jours où il est venu.

Je garde un souvenir ému de ces expéditions qui se déroulaient presque tous les week-ends de février-mars puis de manière un peu plus irrégulière d’avril à juillet. Je crois que partager ces moments difficiles avec d’autres est une expérience rare et précieuse. La faim et le froid sont, comme le dit Christophe, de vraies expériences qu’il faut avoir faites au moins une fois dans sa vie.

Plus tard, c’est en solitaire que j’ai continué mes affûts. De très longs affûts souvent. En hiver notamment pour photographier la buse variable qui m’a valu, en trente ans, des milliers d’heures d’immobilité (voir à ce propos la série d’images que je lui ai consacrée sur ma galerie). Des heures extraordinaires où l’on a l’impression de vraiment faire corps avec la nature et de se frotter à la force des éléments naturels. Mais aussi des moments très difficiles. Car jai toujours redouté l’instant où il faut se lever de son siège. Je sais que c’est à ce moment-là que la vraie douleur commence. Tant que je suis assis, recroquevillé, le froid n’a pas complétement prise sur moi. Mais quand je me lève, les frissons me gagnent, le froid me transperce et il m’est arrivé, dans quelques rares occasions heureusement, de penser que les pieds avaient gelé. Alors je retarde le plus longtemps possible le moment où je vais me lever, trop longtemps parfois car la douleur n’en est ensuite que plus dure.

Christophe a raison de dire qu’il est des épisodes dont on n’est pas forcément très fiers. Alors allons jusqu’au bout du tableau : combien de fois, par exemple, ais-je dû pisser sur mes bottes en caoutchouc pour tenter de réchauffer des pieds devenus inertes et insensibles ! Car c’est aussi ça la vraie réalité de l’affût.

Le pic mar

LES OISEAUX DE L’HIVER (4)
J’ai vécu jusqu’à l’âge de 22 ans sans quasiment voir un oiseau. Fils de paysan, j’ai pourtant habité toute mon enfance à la campagne et passé énormément de temps dans les champs. Mais je n’ai pas souvenir de la moindre espèce. Où avais-je les yeux à cette époque-là ? Et puis il y eut « la révélation » avec Claude-Roland, dans le cadre de mes études, lors de deux séjours nature, l’un à Luc-sur-Mer, l’autre dans la Dombes. C’est l’époque de mon premier oiseau, une rousserolle turdoïde que je cherchais dans les roseaux, ma première paire de jumelles et mes premières sorties naturalistes en solitaire. Depuis, pas une seule fois la mésange charbonnière ou le rouge-gorge ne m’ont déçu. Je les regarde comme au premier jour ! Comme un vrai miracle !

Dès mes premières semaines d’ornitho, une famille d’oiseaux m’a particulièrement attiré : les PICS. J’ai toujours aimé ces oiseaux montés sur ressort qui se propulsent le long des troncs et leur manie de jouer à cache-cache avec l’observateur. C’est au plus profond de la forêt que j’ai fait connaissance avec le pic mar. Je m’étais amusé à l’exciter avec un magnétophone qui diffusait un enregistrement du chant de cette espèce. Je me souviens avoir ainsi attiré simultanément quatre pics mars dans la forêt de Bussières. C’était en avril 77. J’ai toujours associé le pic mar à la forêt profonde, aux vieux tronc crevassés des chênes. Et c’est dans la forêt que pendant de nombreux hivers j’ai installé un poste de nourrissage à son intention. Il ne lui fallait en général que quelques semaines pour trouver le mélange spécial Dupdup (non encore breveté) dont je badigeonnais les troncs (il est vrai que cet oiseau fait parfois partie des bandes de mésanges, aux yeux affûtés, qui explorent sans cesse le territoire et à qui rien n’échappe !).

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Plus tard, je me suis rendu compte qu’en installant des mangeoires en dehors de la forêt, mais pas trop loin du couvert forestier, on pouvait aussi l’avoir à sa table chaque hiver ou presque. Habitant en lisière de forêt depuis 2001, j’ai maintenant l’habitude de le voir régulièrement entre décembre et mars. En avril, le pic mar a déserté le poste de nourrissage, il a rejoint l’intérieur des forêts pour toute la durée de la période de reproduction. Là il va mener une existence discrète, caché par le feuillage des arbres. Car, comme l’accenteur mouchet dont j’ai parlé dans le précédent article de cette rubrique, le pic mar est un modèle de discrétion, sans aucun doute le plus discret des pics. C’est pourtant un oiseau très fréquent dans les forêts de la vallée de l’Ognon. Je me demande d’ailleurs si, localement, il n’est pas parfois plus abondant que le pic épeiche, son proche cousin.

Je propose aux photographes intéressés par cet oiseau de prendre contact avec moi pour une éventuelle séance d’affût cet hiver.

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Le discret accenteur mouchet

LES OISEAUX DE L’HIVER (3)
Comme je l’ai déjà écrit sur ce blog, l’hiver est pour moi la saison la plus animée. Partout autour de la maison, des oiseaux volent et font d’incessantes allées-et-venues entre les arbres proches et la mangeoire sur le rebord de la fenêtre. Je n’ai jamais eu la moindre lassitude à les observer.

Tous les oiseaux qui viennent à cette auberge improvisée sont des oiseaux plutôt bien connus du public : mésanges, rouge-gorges, verdiers, chardonnerets … Mais il en est un qui échappe généralement à l’observation, c’est l’accenteur mouchet. Si l’on n’y fait attention, on ne le remarquera même pas, l’oeil ayant vite fait de qualifier de « moineau » tout oiseau qui n’affiche pas des couleurs vives. Et c’est vrai que le plumage de l’accenteur ne brille pas par son éclat. L’observateur attentif aura cependant remarqué que le bec n’est pas fort comme celui d’un moineau mais au contraire fin comme celui de tout oiseau insectivore qui se respecte.

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Depuis le printemps dernier, l’accenteur est devenu presque inexistant autour de la maison. Mais je sais qu’il est là. Il m’arrive parfois d’entendre son faible chant (de plus en plus indaudible pour mes oreilles de vieux) dans les buissons en contrebas de la route en face de chez moi. Mais depuis quelques jours il sort un peu de sa réserve, l’arrivée des mauvais jours le pousse à rechercher un peu plus de nourriture. Alors timidement, il vient dans le pyrracantha devant la fenêtre. Il ne s’aventure alors que très peu à découvert, ne restant que de courts instants à l’écart des buissons.

Je ne sais pas qui lui a donné ce nom peu compréhensible d’accenteur mouchet. Probablement un mec qui s’emmerdait dans un grenier poussiéreux du muséum d’histoire naturelle et qui a voulu laisser une trace de son pauvre passage sur terre à la postérité. Autrefois, l’accenteur était appelé le « traîne buisson », surnom qui lui allait plutôt bien et qui suppose de fortes capacités d’observation de notre bon vieux peuple). Car cet oiseau est un modeste, un « gagne-petit » qui passe son temps à glaner quelques débris de nourriture au ras du sol, notamment des restes de graines que d’autres oiseaux laissent parfois tomber au sol (il devient en partie « mangeur de graines » pendant la période hivernale).

Je me rappelle que le chanteur Pierre Louki aimait les ânes et disait que pour lui « l’âne est un cheval qui n’a pas réussi ». Pour la même raison, j’aime ce modeste oiseau qui aurait pu devenir moineau. Modeste par son plumage. Modeste par son chant. Modeste de son mode de vie. Un vrai modeste quoi !

Quand les étourneaux carburent au macvin

La semaine dernière, je suis allé dégusté les vins du château d’Arlay dans le Jura. Cette partie du Jura n’est pas réputée pour ses rouges mais plutôt pour ses vins blancs. J’en suis revenu avec quelques bouteilles de chardonnay et d’un très bon mélange savagnin-chardonnay, après avoir évidemment dégusté vin jaune, vin de paille et macvin.

Mais là n’est pas mon propos. Au pied du château, il y avait un étourneau qui venait, insectes au bec, nourrir ses jeunes dans un vieux mur en pierre. Je n’ai jamais vu de nidification aussi tardive chez un passereau (et je vous jure que le macvin n’y était pour rien, c’était avant la dégustation !).

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(étourneau en plumage d’été, photo réalisée en juin 1998)

Il y a quelques années, j’avais remarqué un couple de verdiers qui avait élevé ses jeunes en septembre et cela m’avait déjà beaucoup étonné.

J’ai fait le constat cet automne que certaines espèces d’oiseaux se comportaient comme au printemps. Ainsi, les pouillots véloces ont chanté à tue-tête pendant tout septembre et le début octobre, comportement que je n’avais encore jamais observé. Les rouges-queues noirs m’ont semblé plus chanteurs et beaucoup plus belliqueux que les autres années. Et vous, avez vous observé des comportements inhabituels chez les oiseaux ?

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(étourneau en plumage d’hiver, photo réalisée en octobre 1983)

La capture de l’autour

Les ornithogues de Franche-Comté, regroupés au sein du Groupe Naturaliste de Franche-Comté (appelé maintenant LPO de Franche-Comté) participent depuis les années 70 à des programmes scientifiques de baguage d’oiseaux. Cette pratique, placée sous l’égide du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris, consiste à capturer différentes espèces d’oiseaux et à les relacher après les avoir munis d’une petite bague numérotée. Elle permet d’affiner nos connaissances sur le monde des oiseaux : migrations, sédentarité, grandeur du territoire, fidélité au site …

L’association où je travaille accueille depuis vingt ans le petit groupe de bagueurs sur son site (en moyenne six ou sept fois par an). Au fil des années j’ai ainsi pu voir, à portée de main, un grand nombre d’espèces dont certaines sont difficiles à observer dans la nature. Et pendant toutes ces années, j’ai pu apprécier la patience, la passion et la constance du petit groupe de fidèles regroupés autour de Pierre : Maurice, Jean-Marie, Dominique et bien d’autres.

Le site de Brussey est très riche et il arrive régulièrement que des espèces inhabituelles se fassent capturer dans les filets : martin-pêcheur, pic épeiche, pic vert, gros-bec, hypolaïs … C’est toujours un moment d’émotion lorsqu’on tient l’un de ces oiseaux en main. Chaque séance apporte sa petite surprise. Mercredi dernier, ce fut la plus grande surprise de toute l’histoire du baguage à Brussey : un autour des palombes a été capturé pour la première fois.

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Je sais que ce rapace n’est pas forcément rare en Haute-Saône et qu’il est vraisemblablement présent dans la plupart des grands massifs forestiers mais son observation n’est pas aisée, cet oiseau étant plustôt très discret. L’autour est incontestablement le plus puissant de nos rapaces de plaine : Paul Géroudet dit que ce prédateur de pigeons ramiers et de geais est capable de capturer un canard colvert en plein vol mais aussi des rapaces tels que la buse, la hulotte ou le moyen-duc.

Chose étonnante : ce puissant rapace, une fois capturé, se laisse faire sans résistance. Une fois la bague mise à la patte, l’oiseau posé sur le dos au sol « fait le mort » sur l’herbe (tel le All-black moyen sur la pelouse après un match de rugby contre la France). Beaucoup d’autres espèces d’oiseaux ont d’ailleurs ce comportement étonnant. Ce n’est qu’en faisant pivoter l’oiseau d’un bon quart de tour sur le côté qu’il prendra appui sur le sol et s’envolera de quelques coups d’ailes.

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Je n’ai malheureusement pas assisté à la scène. J’étais en réunion à l’extérieur lorsque la capture de l’autour a été faite. Je n’ai pu voir que les photos après coup. Merci donc à Jean-Marie Michelat pour m’avoir autorisé à mettre en ligne ses clichés.

Hirondelles rustiques

2007 aura peut-être été une bonne année de reproduction pour l’hirondelle rustique, si j’en juge par le nombre de migrateurs qui ont survolé la vallée de l’Ognon depuis le début août. Dans la grange de mes parents, le même nid a abrité trois couvées successives, soit un total de 14 jeunes.

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La couleuvre et la mésange

Petite scène très rapide avant hier sur un petit muret devant ma fenêtre : une couleuvre à collier de taille très modeste (une cinquantaine de centimètres) a tenté d’attraper une mésange charbonnière qui passait à sa portée. La détente de la couleuvre était prodigieuse mais le coup a raté. C’est la première fois que j’observais une telle scène.

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Dans l’intimité de la pie-grièche écorcheur

A la suite de mon article écrit le 7 août dernier, Vincent me demande comment je m’y suis pris pour photographier la pie-grièche écorcheur à son nid. Voici, en image, une partie de la réponse. C’était en 1996, j’étais encore gamin (un gamin de 40 berges) et j’aimais fabriquer des cabanes.

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La pie-grièche écorcheur

Pour les membres du CSA, le mois d’août est un drôle de mois qui pose des problèmes de prononciation.

Pour l’ornithologue, le mois d’août est aussi un drôle de mois : c’est la période de l’année où l’on voit le moins d’oiseaux et c’est pourtant le moment où ils sont le plus nombreux. Les jeunes de toutes les espèces sont nés, le nombre d’oiseaux a peut-être doublé ou même triplé par rapport au printemps mais beaucoup sont invisibles. Les raisons sont multiples. D’abord, les ressources alimentaires sont importantes et les oiseaux n’ont besoin que de quelques heures d’activités pour satisfaire leurs besoins en nourriture. L’été est aussi une période de mue (changement de plumes) pour la plupart des adultes et les oiseaux, plus vulnérables, mènent alors une existence discrète. Enfin, la saison de reproduction est finie et les oiseaux n’ont plus besoin d’exhiber leur plumage et de chanter à tue-tête pour satisfaire « leur belle », d’où une existence d’autant plus secrète à l’abri des regards et des prédateurs.

Tout n’est donc que discrétion chez les oiseaux en ce début août. Sauf peut-être chez quelques espèces dont la pie-grièche écorcheur.

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Les jeunes pie-grièches viennent de sortir du nid et s’apprêtent à une migration périlleuse (200 km par jour en moyenne). Les parents se dépêchent d’apprendre aux jeunes à attraper leurs premiers insectes avant le départ. Les haies de nos campagnes sont animées ces jours-ci des va-et-vient et des piaillements incessants des familles d’écorcheurs. 2007 est un bon crû pour cette pie-grièche : les couples sont venus nombreux ce printemps et la nidification me semble plutôt très bonne, pour ne pas dire exceptionnelle.

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J’ai rarement vu autant d’écorcheurs que cette année. Et c’est rassurant !

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Il est parfois difficile de se faire une idée sur les fluctuations des populations d’oiseaux. Ainsi pour la pie-grièche écorcheur, je me souviens d’une période d’abondance dans le début des années 80, puis d’un déclin dans les anées 90, une nouvelle remontée des effectifs à la fin des années 90 puis une baisse en ce début de millénaire… jusqu’à cette année ! Il me semble surtout très difficile de différencier ce qui relève de variations « en dent-de-scie » avec des hauts et des bas, d’une véritable tendance (à la hausse ou à la baisse) durable et interprétable sur le long terme.

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(cette série de photos a été réalisée au cours de l’été 1996, … ça ne rajeunit pas les pies-grièches !!!)