L’aigrette garzette (1)

Un peu la flemme d’écrire aujourd’hui !

Alors, juste quelques photos d’une scène rapide qui s’est déroulée devant mes yeux en octobre dernier en Camargue : deux aigrettes garzettes ont quitté leur petit groupe pour venir pêcher juste devant moi avant de retourner à leur toilette.

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En direct du monde des oiseaux (2)

Au printemps dernier, beaucoup d’entre vous ont suivi en direct, grâce au site internet estonien looduskalender la nidification du pygargue à queue blanche, de l’aigle pomarin et la tentative de nidification de la cigogne noire (en cliquant sur les mots en couleur, on peut revoir les meilleures scènes et suivre, en différé, l’élevage des jeunes). Il y eut de grands moments ! Et j’ai pris un vif plaisir à suivre le cycle de reproduction de ces oiseaux en direct.

isaslind-ootab_0.preview(image extraite du site de looduskalender)

En retournant sur le site internet, je me suis rendu compte que l’hiver dernier, les webcams avaient été branchées sur deux sites de nourrissage pour pygargue et pour sangliers. En cliquant sur les mots, vous accéderez aux meilleures scènes de cet hiver-là et vous y découvrirez aussi de beaux moments avec le renard ou le chevreuil.

Cet hiver, les webcams sont également placées sur deux sites différents mais les images du site internet sont accolées l’une à l’autre et leur taille s’en trouve donc réduite (cliquer ici). J’aime moins cette présentation. Une fois que vous êtes sur la page qui donne en différé les meilleures scènes, vous pouvez cliquer dans la colonne de droite sur « direct stream » dans la rubrique « winter white-tailed eagle camera », ce qui vous permet d’accéder au direct. Pour l’instant, ce n’est pas très intéressant. Mais l’hiver commence seulement.

Il me tarde de savoir quelles seront les espèces dont nous pourrons suivre la reproduction en direct au printemps prochain.

Flamants : la vie en rose ? (2)

Deuxième petite incursion dans la vie du flamant rose en Camargue (voir ici le premier article).

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J’ai passé beaucoup de temps à les observer cet automne et, tout comme pour les canards dont j’avais déjà noté la tendance à passer un temps fou à faire leur toilette (voir l’article), le flamant rose passe lui aussi une bonne partie de son temps au repos à se gratter ou à se lisser les plumes.

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Il arrive parfois, mais plus rarement, que le flamant se couche dans l’eau, s’ébroue tel un canard puis se relève avec force éclaboussures avant d’évacuer l’eau de son plumage en battant des ailes.

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La marche n’arrête pas la toilette.

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Le vol non plus !

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Oiseaux de Bretagne (4)

Petite ballade cet été dans la région sur la plage de Landéda, à l’embouchure de l’aber Wrac’h, un secteur que j’aime beaucoup. La mer était en train de se retirer.

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Des cris de sternes caugek (« kirriuk, kirriuk… ») ont vite attiré mon attention (pas étonnant, elle n’arrêtent pas de cauger !).

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La mer qui se retirait laissait place à des petites zones d’eau peu profondes où les poissons commençaient à être bien visibles depuis le ciel. Situation que les sternes caugeks mettaient à profit pour en capturer quelques-uns.

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Je connaissais bien cet oiseau pour l’avoir vu en plumage nuptial par centaines en Camargue et surtout dans mon havre nordique de l’île Texel.  Mais là, nous n’étions plus au printemps et le front s’éclaircissait, laissant place à une belle tâche blanche.

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La période de nidification était finie. Pourtant, l’une des sternes, est repartie en emportant une algue. Pour en faire quoi ?

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Je ne ramène que quelques photos de cette petite séance, car beaucoup d’entre elles se sont avérées floues (avec mon cerveau déjà lent de quinquagénaire, il me faut du temps pour découvrir toutes les possibilités techniques de l’appareil photo). Parmi les mauvaises photos, un document : la sterne caugek juste au moment de la plongée.

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Oui, je sais, c’est mauvais (et encore, j’avais pas bu de Britt) mais au moins ça va me faire une bonne occasion de retourner en Bretagne pour y réaliser quelques photos un peu plus correctes. Yves, tu peux déjà préparer les  bières !

Flamants : la vie en rose ? (1)

Paul Géroudet était un grand bonhomme. Un grand naturaliste certes mais avant tout quelqu’un qui écrivait avec talent. Ses ouvrages ont amené beaucoup de poésie dans le monde parfois un peu trop froid des ornithos.

Cet article n’en est pas vraiment un. Je voudrais juste introduire une future série d’articles sur le flamant rose par quelques images et un petit texte. Et il m’a semblé que le texte introductif pouvait justement être un extrait de l’article que Paul Géroudet a consacré à cet oiseau dans son livre « Grands échassiers, gallinacés et râles d’Europe ». De ces flamants, Paul Géroudet disait qu’ils étaient « nés de la boue et de l’eau, du soleil et du sel ».

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Dans le début de son article, Géroudet nous parle d’abord des menaces qui pèsent sur la Camargue : « …. Déjà, dans le flanc du delta, l’ogre industriel a implanté un cancer sinistre et démesuré de béton, de fer et de fumées. Déjà, on ne parle plus de nature qu’en termes de mise en valeur touristique, de zones de verdure ou de détente, et le Flamant se chiffre à l’ordinateur des rentabilités futures sous la rubrique du pittoresque folklorique …

Pourtant, les Flamants roses sont toujours en Camargue, inconscients de nos soucis.

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Tant qu’il y aura des étangs salés, aussi longtemps qu’ils y trouveront nourriture et sécurité, ils reviendront les peupler de leurs multitudes comme le veut leur tradition millénaire.

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Tant et chaque fois que seront réunies les conditions de leur reproduction, ils établiront la cité prodigieuse où naîtra leur descendance. Cette fidélité tenace à leur principal refuge européen, ils ne savent sans doute pas qu’elle peut se perpétuer seulement grâce aux efforts des défenseurs de la nature ; ils ne peuvent s’imaginer qu’elle est pour ces hommes l’encouragement à lutter, le symbole de la vie à sauvegarder, de la radieuse beauté du monde.

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Au-delà des cultures, au-delà des dernières steppes que hantent les sombres taureaux de Camargue, les vastes étangs salés recuillent la lumière du ciel. C’est là, dans la nudité du sable et de l’eau, dans le flottement des mirages ou sous le souffle mordant du mistral, que les Flamants apparaissent. Ce sont d’abord, sur les nappes grises ou bleuâtres des lagunes, des troupes lointaines étalées en ligne blanches à peine teintées de rose, ou des oiseaux égrénés qui semblent immobiles. presque toujours, quelques groupes moins farouches pâturent aussi près des rivages et des temps en temps des files ondoyantes passent au vol en échangeant des cancans sonores.

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Alors se révèlent les « ailes de flamme » rouges et noires qui, en diverses langues, ont valu leurs noms à ces super-échassiers étonnant par leurs proportions. »

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Merci Paul pour ce texte. A suivre.

Des heures dans leur salle de bains !

Toilette, miroir, maquillage, re-miroir, manucure, re-re-miroir, épilation, re-re-re-miroir … il y a des personnes qui passent plus de deux heures par jour dans leur salle de bains. Bon, je ne vais pas citer de nom parmi mes voisines (mais suivez mon regard !).

Hé bien, je crois que malgré tous leurs efforts pour aller encore plus loin que ces deux heures quotidiennes de toilette IN-DIS-PEN-SABLES, ces aimables personnes sont dépassées, et loin de là, par le moindre canard de passage.

J’avais déjà parlé de la toilette des tadornes dans un précédent article.

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Lors de mon dernier séjour en Camargue, j’ai pu constater que le moindre canard passait des heures quotidiennes à sa toilette. Nette rousse et fuligule milouin s’en donnent ainsi à coeur-joie.

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Mais ce sont les canards colverts qui détiennent la palme (quoi de plus naturel !), laissant à des années-lumières derrière eux mon aimable voisine.

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Je sens que ma voisine, si jamais elle venait à tomber sur mon blog, va bientôt se mettre à l’ornitho !

Le garde-boeuf, un conquérant (2)

Dans le précédent article, nous en sommes restés à l’année 1969 qui a vu notre courageux héron garde-boeuf réussir enfin, après une quinzaine d’années d’échecs répétés, sa première nidification en Camargue (neuf jeunes s’étant envolés pour la première fois de nids camarguais).

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Les chiffres de la progression sont ensuite éloquents : 26 couples nicheurs en 1971, 128 en 1975 et … 323 couples au bout de 10 ans en 1979 !  La même année, un comptage réalisé en décembre donnera le chiffre de 1 183 hivernants sur l’ensemble de la Camargue.

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Cette augmentation rapide de la population s’est faite au départ grâce à un afflux d’oiseaux espagnols puis par auto-recrutement sur place.

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Les hérons garde-boeufs se sont installés  pour nicher au centre de colonies mixtes regroupant d’autres hérons arboricoles (hérons cendrés, aigrettes garzettes, hérons crabiers et hérons bihoreaux) dans lesquelles ils s’installent souvent tardivement (deuxième quinzaine d’avril ou même première décade de mai seulement). Se nourrissant essentiellement d’amphibiens et d’orthoptères (criquets, sauterelles, grillons), sa concurrence avec les autres espèces de hérons a été relativement faible, en raison de cette spécialisation alimentaire mais aussi parce les lieux qu’il fréquente sont des milieux plutôt secs où ne vont pas les autres hérons.

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Parallèlement à l’augmentation de la population, un changement de comportement a été observé. D’abord, les hérons ont découvert en 1978 qu’ils pouvaient aussi suivre les tracteurs et bénéficier ainsi d’une foule de petites proies dérangées ou retournées par les engins agricoles, notamment dans les rizières.

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En 1979, ils se sont adaptés également à suivre les troupeaux de moutons, ne laissant pas aux seuls chevaux et taureaux l’exclusivité de leur compagnie.

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La population de hérons garde-boeufs chuta lors de l’hiver froid de 1985, une grande majorité des oiseaux mourant alors de faim cet hiver-là. La capacité de cette espèce à reconstituer ses effectifs fut prodigieuse et la progression continua de plus belle. Aujourd’hui, le nombre de couples s’élève jusqu’à 5700 (les bonnes années), ce qui conduit parfois à la présence sur le sol camarguais de plus de 20000 garde-boeufs en fin de période de nidification.

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Le garde-boeuf, un conquérant (1)

De retour de Camargue avec des images plein les yeux ! Moins d’oiseaux cette fois-ci, les centaines de milliers de canards qui d’habitude viennent hiverner dans cette région semblent être restés plus au nord en raison du temps extrêmement doux qui règne sur la plus grande partie de l’Europe. Beaucoup d’étangs et de marais sont encore déserts.

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Mais il reste les oiseaux classiques de la Camargue. Et parmi eux, un petit héron blanc qui l’on voit partout dans le delta du Rhône : le héron garde-boeuf (Bubulcus ibis). Impossible de louper cet oiseau qui passe une bonne partie de son temps en compagnie des chevaux et des tauraux camarguais.

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Si la voiture s’arrête trop près des chevaux, les garde-boeufs auront tôt fait de s’envoler un peu plus loin.

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Mais si l’on reste calme dans son véhicule, ils reviendront vite, d’abord dans les grandes herbes avoisinantes puis sur le dos de « leur » monture dès que le calme sera revenu.

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Mais d’où viennent ces oiseaux qui semblent faire définitivement partie du paysage camarguais ? Il faut rechercher l’origine de ces oiseaux dans les savanes d’Afrique tropicale. C’est là que, dans des temps très anciens, ce petit héron a pris l’habitude de s’associer aux grands mammifères herbivores (éléphants, rhinocéros, buffles et zèbres), étant tantôt presque sous leurs pieds, tantôt perchés sur leur dos. Lorsqu’est née la civilisation pastorale en Afrique, les garde-boeufs sont devenus les satellites des troupeaux de bovidés domestiques, sous l’oeil bienveillant des bergers qui ont toujours, ici comme ailleurs, toléré la présence de cet oiseau.

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Cet oiseau africain est arrivé un jour au sud de l’Espagne. Et c’est de là qu’il est parti à la conquête de la Camargue, en des temps plutôt récents.

Une période un peu difficile, faite de tentatives avortées de nidification, a précédé l’implantation durable du héron garde-boeuf. Cette implantation a été étudiée par Hafner, en voici les principales étapes : les deux premiers hérons ont été aperçus en 1953. Un couple a ensuite essayé de nicher sans succès en 1957, 1958 et 1961. Des présomptions de nidification ont été notées en 1966, 1967 et des oeufs inféconds ont été pondus en 1968. C’est en 1969 qu’a lieu la première nidification de deux couples avec 9 jeunes à l’envol (source : « Guide des oiseaux de Camargue » de Jacques Blondel et Paul Isenmann, 1981).

C’est le début d’une colonisation à grande échelle.

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La suite, vous la connaîtrez dans un prochain article que je consacrerai à cet oiseau.

L’arolle et le casse-noix moucheté

Article proposé par Etincelle.
Si vous vous trouvez dans une forêt d’arolles, vous avez de grandes chances d’apercevoir, ou tout au moins, d’entendre le casse-noix moucheté.

En effet, on pourrait presque dire que cet arbre et cet oiseau sont inséparables.

L’arolle est le nom donné, dans les vallées alpines, au pin cembro, un bel arbre à croissance très lente, qui pousse en altitude au-dessus de 1500 mètres et jusqu’à 2500 mètres.

On le trouve aux côtés du pin à crochets, de l’épicéa, mais le plus souvent près du mélèze comme ici où on voit un mélèze tout à gauche et deux arolles.

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(Petite devinette : Quelqu’un sait-il le nom du sommet en arrière plan ? C’est facile, c’est un sommet mythique, un des plus connus au monde.)

Une forêt d’arolles et de mélèzes est toujours pleine de charme, un véritable paradis où poussent les myrtilles et les rhododendrons.

Le bois de l’arolle, léger mais résistant, facile à travailler et à l’odeur agréable, a toujours été utilisé par les montagnards pour la fabrication de meubles, notamment pour les coffres où l’on conservait les costumes du dimanche, ce bois étant réputé insectifuge.

Mais le pin cembro a une régénération naturelle difficile et peu abondante, pour différentes raisons.

Tout d’abord, sa croissance très lente.

Puis la difficulté qu’il a à fructifier. Une étude en Engadine (extrême Est de la Suisse) a montré que sur 35 années, il y a eu 5 années de semence totale, 19 années de semence partielle et 11 années sans fructification.

Ses cônes sont de couleur légèrement violette et bien différents des cônes de sapins, d’épicéa, …

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Les graines sont très lourdes, d’un poids similaire à celui des graines du pin pignon, ce qui empêche la dispersion ailleurs qu’à l’aplomb de l’arbre.

Pour couronner le tout, ces graines sont souvent détruites ou mangées par les rongeurs et les oiseaux.

Bref, l’arolle serait en bien piètre situation sans son grand sauveur, à savoir le casse-noix moucheté.

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Cet oiseau ne se nourrit pas exclusivement des graines de l’arolle (il affectionne aussi les noisettes par exemple) mais en grande partie.

Son bec puissant, bien en évidence sur cette photo en ombre chinoise, lui permet de casser les coquilles et d’atteindre les graines.

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Après le passage du casse-noix moucheté, le pin cembro semble avoir été carrément pillé.

Une véritable razzia !

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L’oiseau décortique les cônes directement sur l’arbre ou au sol et on peut dire que le travail est fait proprement !

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Mais alors, pourquoi le casse-noix moucheté aide-t-il à la dispersion du pin cembro, s’il mange ses graines ?

Tout simplement parce qu’il ne les mange pas toutes.

Après en avoir emmagasiné une grande partie dans son jabot, l’oiseau va ensuite enfouir les graines par 10 ou 20, dans des cachettes creusées par lui dans le sol, à quelques centimètres de profondeur, puis recouvertes de mousse, lichen …

Il ira les récupérer pendant l’hiver même sous une épaisse couche de neige

Seulement voilà, s’il est reconnu qu’il a une bonne mémoire, il oublie quand même certaines cachettes et ce sont ces graines oubliées qui germeront et donneront naissance à d’autres arolles un peu plus loin.

La difficile régénération naturelle du pin cembro serait sans doute quasiment nulle sans l’aide du casse-noix moucheté.

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Cet échange de bons procédés, on pourrait presque dire de partenariat, entre un végétal et un animal est loin d’être unique.

Vous en connaissez d’autres exemples ?

Les oiseaux du Finistère (4)

Impossible de parler de la Bretagne où nous étions cet été sans parler des goélands car ils sont partout en bord de la côte  (cela dit, ils m’ont semblé moins nombreux qu’il y a vingt ans, n’est-ce qu’une impression ?). Difficile de pique-niquer en bord de mer sans avoir aussitôt l’arrivée de goélands argentés … pour le plus grand plaisir de Joëlle !

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L’oeil vif et le bec coloré donnent à cet oiseau un look que j’aime beaucoup.

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Les jeunes goélands sont beaucoup moins colorés et n’acquièrent leur plumage d’adulte qu’au bout de plusieurs années. Difficile pour le non-initié d’identifier facilement les plumages des jeunes des différentes espèces.

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Les goélands argentés semblent progresser très vite à l’intérieur du continent, notamment en milieu urbain où plusieurs villes ont été colonisées récemment. Les Bretons, goélands compris, ont toujours eu le goût de la conquête et des voyages !

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Oiseaux du Finistère (3)

J’ai toujours adoré le comportement du bécasseau sanderling qui joue en permanence avec les vagues. Cet oiseau recherche en effet sa nourriture dans la zone de sable battue par les flots. Les troupes de bécasseaux y font un va-et-vient permanent. Ils vont en direction des vagues lorsque celles-ci se retirent et reviennent à vive allure vers le rivage dès que la vague suivante arrive.

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Ce comportement est leur routine quotidienne et c’est là l’activité quotidienne du sanderling, de l’aube au crépuscule et même au clair de lune. Les flots leur amènent des proies minuscules : diptères, petits crustacés,vers … Ils se rabattent aussi sur les « puces de mer » au niveau des laissées d’algues.

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Les oiseaux ne sont donc pas trop difficiles quand aux espèces recherchées, c’est plutôt la quantité de petites proies disponibles qui compte. Il n’ont donc pas, contrairement à d’autres espèces de limicoles, de spécialisation alimentaire. Leur spécialisation tient donc au milieu qu’ils fréquentent : le rivage de sable battu constamment par les flots.

Lors de mon court séjour dans le Finistère, j’ai pu approcher d’assez près une troupe de sanderlings au repos.

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Ces oiseaux nichent dans le grand Nord, autour de la calotte polaire. Ils quittent leurs lieux de nidification dès le mois de juillet en direction du sud. Lors de mon passage en Bretagne (troisième semaine d’août), la migration semblait battre son plein et les bécasseaux sanderlings étaient présents en grand nombre. Ils vont passer l’hiver sur une zone très vaste allant du Danemark  … à la pointe de l’Afrique du Sud.

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Oiseaux du Finistère (2)

Bécasseaux, bécassines, courlis, pluviers, gravelots, barges, vanneaux, chevaliers, échasses, avocettes, tournepierres … La famille des limicoles (terme qui veut dire littéralement « qui aime le limon ») est sans doute la famille d’oiseaux la plus importante sous nos latitudes. Mais elle est relativement peu représentée dans l’Est de la France où j’habite. C’est au bord de la mer, et notamment au bord des vasières, que l’on peut apercevoir les membres de cette grande famille en grosses quantités.

Lorsque je vais sur l’île Texel en Mer du Nord, je passe une grande partie de mon temps d’ornitho amateur à admirer ces oiseaux au long bec et aux longues pattes (car il s’agit là d’une caractéristique propre à la plupart des espèces de limicoles). Ce long bec et ces longues pattes donnent à ces oiseaux une élégance qui a peu d’équivalent dans le reste du monde des oiseaux. Disons-le tout net : les limicoles sont mes oiseaux préférés.

Lors de mon petit séjour en Bretagne de la semaine dernière, nous étions en pleine période de migration.

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Les bandes de petits limicoles qui passaient au raz des flots m’ont donné du fil à retordre. Car s’il faut beaucoup d’habitude pour les déterminer avec précision dans la longue-vue, il faut bien connaître les caractéristiques de chacune des espèces et avoir de l’expérience pour les déterminer à coup sûr sur l’instant lorsqu’ils volent. Mais avec un appareil photo numérique, on peut s’amuser à les déterminer sur l’écran. Tiens, et si vous essayiez … ?

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Oiseaux du Finistère (1)

Tout juste rentré de Bretagne donc. La Bretagne est une belle région, notamment le Finistère et ses côtes découpées.

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Je n’ai pas été bon côté photos, ayant encore du mal à m’approprier toute la complexité des appareils réflex numériques et n’ayant sans doute plus, l’âge aidant (ou plutôt n’aidant pas), la vivacité d’esprit pour digérer les 281 pages de la notice technique. Mais bon, j’ai quand même réalisé quelques clichés et réussi à extraire quelques photos parmi les centaines dont la plupart seront éliminées ou sont déjà passées illico à la poubelle.

Je dois dire que je n’étais pas allé dans le Finistère depuis quelques années et que je n’ai pas retrouvé cette fois-ci les quantités d’oiseaux d’autrefois. Là aussi, comme ailleurs, on assiste à une diminution drastique des populations. C’est très net au niveau des passereaux mais ça l’est également chez les sternes et les limicoles.

Une petite balade à la pointe St Mathieu (à côté du Conquet) m’a permis d’observer d’assez près le cormoran huppé. Lui qui me semblait autrefois présent en grand nombre, m’a semblé en diminution.

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Sur cette même pointe, j’ai pu voir d’assez près le pigeon biset qui est l’ancêtre de notre pigeon domestique et dont il subsiste encore, notamment sur le littoral breton, quelques populations sauvages se reproduisant sur les falaises maritimes.

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Et puis, au détour d’un chemin, juste au moment de finir la balade, la vision fugitive d’une femelle de busard saint-martin en train de chasser les petits rongeurs ou quelques petits oiseaux.

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Martinets en congés

Tiens, vous aviez vu que les martinets nous avaient quitté depuis une quinzaine de jours !

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Vous avez remarqué le départ d’autres espèces ?

Pic cendré

L’association d’éducation à l’environnement dans laquelle je travaille utilise un terrain de 7,5 ha qui est d’une diversité exceptionnelle : 22 espèces de libellules, 137 espèces d’oiseaux observées sur une surface très restreinte, … La LPO Franche-Comté y effectue un suivi des populations d’oiseaux sous forme de séances de baguage d’oiseaux (7 séances par an).

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Les résultats montrent bien la diversité du milieu naturel : le nombre d’espèces capturées (et relâchées après baguage des oiseaux) est supérieur de 50% à ce qui est observé dans les réserves nationales de Franche-Comté. Autant dire qu’on n’en est pas peu fier … !

Les séances de baguage des dernières années se sont singularisées par la capture du hibou moyen-duc, du coucou ou celle de l’autour des palombes. Cette année, trois mâles de gros-bec viennent d’être capturés en pleine période de nidification et il est probable que cette espèce niche désormais sur ce petit terrain.

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Mais la plus grosse surprise de la semaine dernière a été la capture d’un pic cendré. Il s’agissait d’un jeune sorti du nid depuis peu. En 25 ans, le pic cendré n’avait été entendu qu’une seule fois (en juin 1994) et nous n’imaginions pas qu’il se reproduisait sur le site.

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(un grand merci à Brigitte qui a réalisé cette photo)

Comme quoi, même en croyant avoir un oeil (ou une oreille) averti, nous côtoyons parfois, sans même nous en douter, de biens beaux trésors !

Rouges-queues en tracteur !

Les oiseaux ont une capacité d’adaptation étonnante et j’ai déjà trouvé des nids dans des lieux inhabituels. Ainsi ce nid de troglodyte photographié il y a deux mois dans un atelier.

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Samedi dernier, Guy, un habitant du village m’appelle pour venir voir de petits oisillons dans un nid construit … dans la cabine de son tracteur !

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Jusqu’à présent, j’avais déjà vu des nids d’oiseaux installés dans des endroits insolites, aussi n’ai-je guère été surpris qu’un tracteur ait pu être utilisé par un rouge-queue noir (avant d’arriver sur le site, j’avais déjà deviné qu’il ne pouvait s’agir que d’un rouge-queue noir).

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Mais là où j’en suis resté « sur le cul », c’est d’apprendre que depuis des mois, Guy part en forêt tous les mercredis et tous les samedis pour faire son bois. Depuis deux mois, il a tenu ce rythme et deux fois par semaine, le voilà donc parti à plusieurs kilomètres de là pour débarder des arbres, fendre du bois avec la fendeuse attachée au tracteur, … emmenant avec lui, et sans le savoir, les oeufs des rouges-queues puis les jeunes oisillons. Les oiseaux bénéficiaient même de musique, Guy ayant installé des hauts-parleurs tout près du nid (il a même rechangé un haut-parleur la semaine dernière sans se rendre compte que des jeunes oiseaux étaient juste à côté).

Chaque fois que Guy partait en forêt, les parents rouge-queues se séparaient de leur progéniture et ne la récupéraient que trois ou quatre heures plus tard. Guy ne s’est aperçu de la présence des jeunes que vendredi, alors qu’il était en train de jardiner près de son tracteur et que son attention a été attirée par les cris des jeunes lors du nourrissage par les parents.

Samedi, j’ai pu constaté, installé à une dizaine de mètres, l’arrivée de la femelle, insectes au bec, qui venait sur le nid et j’ai entendu les piaillements des jeunes. Je n’ai fait qu’une photo rapide du nid, sachant qu’on ne peut en voir l’intérieur, le nid étant au ras du plafond de la cabine (sur la photo on devine juste deux petites touffes de plumes sombres qui dépassent à peine).

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Hier soir mercredi, soit quatre  jours plus tard, Guy m’a appelé pour me signaler que les rouges-queue venaient de quitter le nid (il a vu la femelle nourrir trois d’entre eux hors du nid). Il a vu une couleuvre lovée sur le nid et pense qu’un ou deux jeunes rouge-queues ont pu être croqués par le reptile.

Vu la durée d’incubation des oeufs (14 j) et la durée moyenne du séjour au nid (17 j), j’ai calculé qu’au rythme exact de deux voyages hebdomadaires en forêt, les oeufs et les jeunes ont chacun été trimballés de la sorte quatre fois.

Les rouge-queues auront-ils pris goût aux voyages en tracteurs et reviendront-ils nicher là l’an prochain ?

Au pays des vautours (6)

Suite et fin de mon aventure.
12H, 13H, 14H, 15H, 16H… Le temps passe et plus aucun vautour ne viendra. Un milan noir cherche à plusieurs reprises à prendre quelques lambeaux de chair en passant. La seule activité sur le site est celle des grands corbeaux, bien moins réguliers que le matin, mais qui reviennent tous les quarts d’heure.

En milieu d’après-midi, les grands corbeaux prennent possession du cadavre de la chèvre.

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Les grands corbeaux attaquent l’animal par les yeux mais le cuir de l’animal est coriace et ils ne pourront pas aller plus loin dans leur tentative.

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Il fait certainement plus de 30°C à l’ombre ce jour-là. La puanteur est à son comble, le vent est fort et je suis malheureusement « sous le vent ». Il était convenu que Joëlle vienne me chercher à l’affût à 17H. C’est avec un peu de soulagement que j’entends sa voix à cette heure précise. Je m’extirpe péniblement de mon petit abri avec, comme chaque fois dans ce genre de situation, l’impression d’être un petit vieux fourbu et plein de rhumatismes.

Ainsi se termine cette belle aventure. Merci aux deux amis qui m’ont permis de réaliser ce rêve que j’avais depuis longtemps.

Le soir, je m’endors avec dans la tête de belles images … !

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Au pays des vautours (5)

Les vautours fauves ont quitté les lieux depuis une demie-heure. Il est midi et quart. De temps en temps, je vois apparaître une petite tête bien reconnaissable à travers les hautes herbes à gauche du charnier. Pendant un bon quart d’heure, le percnoptère va me donner l’impression de jouer à cache-cache avec moi. En fait, ce petit vautour est en train de manger quelques menus déchets un peu à l’écart du charnier. Et puis tout à coup il débouche devant moi et se montre enfin.

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Pendant trois quart d’heure, le percnoptère va se nourrir de petits lambeaux de chair devant moi.

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Les grands corbeaux évoluent autour de lui sans vraiment tenir compte de sa présence.

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J’ai su plus tard que ce percnoptère avait son nid … à une soixantaine de kilomètres de là !

Au pays des vautours (4)

9H. Le dernier vautour est parti et je m’attends à une longue journée. Une heure passe. Puis deux. Les grands corbeaux sont un peu moins actifs mais viennent quand même toutes les cinq minutes, ne s’attardant sur le site que peu de temps à chaque fois.

A partir de 11H, des vautours fauves se mettent de nouveau à survoler le lieu. Cela dure assez longtemps. Les battements d’ailes se font plus proches et puis d’un seul coup deux d’entre eux se posent. Il est exactement 11H40.

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D’autres vautours arrivent et se mettent à manger avec frénésie. Mais ce n’est pas la curée violente telle que je l’imaginais.

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Mais là aussi, même scénario que plusieurs heures auparavant. Les vautours s’arrêtent soudain de manger. Les têtes se lèvent et l’inquiétude gagne les rangs.

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Les vautours se mettent à s’envoler les uns après les autres.

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Deux d’entre eux s’attardent un peu plus que les autres. Je me dis que s’ils restent, les autres reviendront. Mais non, ils finiront malheureusement par quitter les lieux.

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Là aussi, la scène n’aura duré que cinq minutes. Je suis certain de n’avoir pas commis d’erreur et je ne comprends rien à ce départ soudain. Aucune tête de promeneur n’apparaît cette fois-ci.

Joëlle était avec Hélène à quelques centaines de mètres de là. Elles avaient observé toute la scène. Elles me raconteront le soir ce qu’elles ont vu de loin. Ce sont elles qui avaient le meilleur point de vue. Les vautours avaient commencé de descendre en tournoyant. Lorsque les premiers se sont posés, tous les vautours du secteur ont convergé et ce sont 80 vautours qui sont ainsi arrivé quasiment simultanément. Le spectacle était magique paraît-il … !

Allez Dupdup, plus que cinq bonnes heures à attendre !

Et cette odeur qui commence à être entêtante !