Il y a 25 ans : Brassens

Le 25ème anniversaire de la mort de Brassens a eu lieu dimanche dernier, 29 octobre. Je m’attendais à ce que les médias s’apesantissent sur l’oeuvre du bonhomme mais non, peu de choses ont paru dans la presse. La couleur de la jupe de Ségolène avait sans doute plus d’importance. Même Télérama n’a pas été de la fête ! Jusqu’à quand ce journal – le plus parisien de tous les journaux parisiens – va-t-il continuer de baisser dans mon estime ? Celà va t-il s’achever par le non-renouvellement de mon abonnement ?

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Signalons toutefois le dernier numéro de la revue trimestrielle Chorus, qui consacre 57 pages au maître. Je n’avais pas lu cette revue depuis plusieurs années, et je dois dire que j’ai d’abord été agréablement surpris par sa présentation très claire et bien illustrée. Et puis je m’attendais au pire car presque tout a été dit sur Brassens. Il faut dire que de son vivant, il était devenu au fil des années une véritable et vénérable institution, qu’il s’était « statufié » et que son « histoire officielle » s’est définitivement écrite dans les années 60 et 70. Histoire écrite dans le marbre. Plus rien donc à ajouter. Et puis Brassens est devenu tellement consensuel … !

Justement, le premier article de Chorus (écrit par Bertrand Dicale) a pour titre « Brassens, en danger de consensus » et rappelle que Brassens n’est pas seulement l’auteur de textes que l’on trouve dans les livres de français et aux épreuves scolaires, mais aussi celui qui a écrit de véritables textes subversifs, tels que « les patriotes », que l’Education Nationale ne proposera jamais à la réflexion des élèves.

Un excellent article signé également de Bertrand Dicale s’appelle « la prière du mécréant » avec comme sous-titre « Et si Georges Brassens le mécréant avait conservé pour la religion de son enfance une nostalgie inavouée ? ». Là aussi, la question posée n’est pas habituelle et ce n’est pas pour me déplaire. Le contenu de l’article est à la hauteur de ce que semblait laisser espérer le titre.

Un autre article est consacré à une interview de Patachou, qui avait permis à Brassens de chanter pour la première fois en public en mars 1952. Patachou avait toujours refusé de parler de Brassens. Mais voilà qu’à 88 ans, elle se livre un peu au travers de deux petites phrases : « Mon histoire avec Brassens, ça se résume à peu de choses ….mais au fond je crois que c’était surtout l’histoire d’un homme et d’une femme qui se sont aperçus qu’ils avaient une furieuse envie l’un de l’autre. Ils ont fait ce qu’ils avaient envie de faire ensemble, pour le temps que ça a duré, c’est à dire un an, jusqu’à ce que je parte pour l’Amérique ». Tiens, tiens, c’était pas dans l’histoire officielle, tout ça… !

Parmi les autres articles de la revue, je retiendrai celui où des chanteurs actuels donnent leur sentiment sur l’oeuvre de Brassens. Parmi eux : Aldebert, Alexis HK, Benabar, Vincent Delerm, Jamait, ….

A acheter donc sans réserves, même si le prix (13 euros) est un peu élevé. Attention, la plupart des bureaux de tabac n’ont pas cette revue. Il faut donc chercher un peu avant de trouver.

J’ai toujours aimé Brassens pour la manière dont il traite la mort dans ses chansons. J’avais envie d’écrire un petit article sur le sujet mais voilà que leMonde.fr, qui me gonfle beaucoup en ce moment, s’est rattrapé hier, jour de la Toussaint, en publiant un excellent article de Francis Marmande. Avec un nom pareil – la marmande étant une super variété de tomate – je dois dire que j’ai lu l’article avec un a-priori plutôt positif !

« Bianco y negro » par Bebo & Cigala

L’expression « noir et blanc » est souvent utilisée pour qualifier une chose qui est sans nuances. Exemple de phrase entendue : « le monde n’est pas noir et blanc, il est bien plus nuancé que ça ». S’il est un domaine où le noir et blanc est au contraire synonyme de nuances, c’est bien celui de l’image. La photographie et le cinéma en noir et blanc, par exemple, offrent toute une gamme de nuances que la couleur est incapable de proposer. Quel plaisir que de contempler le visage de vieux jazzmen ou de vieux bluesmen que la pellicule de l’époque – forcément en noir et blanc – a immortalisé ! N’avez-vous pas remarqué que les photos en noir et blanc de Brassens dégagent beaucoup plus d’émotion que celles qui ont été faites en couleur ?

En ce moment, je regarde quelques vidéos musicales dont les artistes (il s’agit d’artistes actuels) ont délibérément opté pour le noir et blanc. Par exemple celle du chanteur belge Arno dont je parlerai un jour sur ce blog. Et celle de Bebo & Cigala … !

Ah, Bebo et Cigala … ! Le concert live débute par une superbe intro à la guitare. Un visage apparaît dans l’obscurité, celui de Bebo qui chante une magnifique mélodie en espagnol, d’une très belle tristesse. Les paroles ne sont pas très joyasses : « Il est un lieu où les arbres pleurent et où je pleure sans fin ». L’image noir et blanc convient à merveille à cette ambiance de tragédie. Et puis d’un seul coup, changement de rythme, le piano prend le relais dans un registre plus festif, très inspiré de la musique cubaine et joué par un vieux monsieur qui semble avoir 80 ans, qui possède de longues mains démesurées incontestablement faites pour le piano, et dont le visage ressemble à celui d’un criquet (vous savez : le criquet qui est dans le film Pinocchio !), d’où j’imagine son nom de Cigala. La voix et le piano se rejoignent majestueusement, la guitare restant au deuxième plan. Le percussionniste et le contrebassiste sont ensuite de la partie et le morceau qui s’achève est un parfait modèle d’équilibre entre les différents instruments.

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Dans un commentaire sur ce blog, Vincent avait proposé une soirée chez lui autour de la musique de Nougaro. Nous nous étions retrouvés à quatre en juillet à Besançon pour une belle soirée consacrée aux textes très émouvants du chanteur toulousain.

Aujourd’hui, je reprends momentanément l’idée de Vincent (en espérant que d’autres se l’accapareront aussi par la suite) et propose une petite soirée à la maison, à une douzaine de kilomètres de Besançon, à la frontière de la Haute-Saône. Je ne sais pas encore ce qu’il y aura exactement au programme : des extraits de concerts en noir et blanc de Bebo & Cigala, peut-être Arno, quelques vieux bluesmen des années 60 et puis probablement quelques extraits du DVD Swinging Bach dont j’avais parlé au tout début de ce blog, en janvier dernier. Le rendez-vous est à 19H30 mardi prochain 31 octobre (le lendemain, c’est férié !). Je prévois quelques petites bricoles à grignoter, quelques bières évidemment.

Ceux qui ne me connaissent pas peuvent simplement mettre un commentaire disant qu’ils viendront. Comme leur adresse e.mail m’est systématiquement transmise par ailleurs, je leur enverrai les renseignements pour trouver la maison. Il n’y a pas beaucoup de place mais on peut toujours se serrer. Avis donc aux amateurs ! C’est un peu expérimental comme type de soirée mais bon, on verra bien ce que ça donne !

Ces vieux qui tiennent encore la route !

Je n’éprouve qu’un plaisir limité à écouter les rockers vieillissants dans leurs musiques d’aujourd’hui. Il est rare que l’inspiration des débuts soit encore au rendez-vous. Les Rolling Stones continuent, année après année, à mouliner une espèce de rock ‘n roll toujours dynamique mais sans vraiment de surprise pour l’oreille. Les plus complaisants des auditeurs diront que les Stones sont devenus « une véritable institution », les plus critiques « une caricature d’eux-mêmes ». Une chose est sûre : le spectacle a remplacé la musique … même si c’est du bon spectacle (et même du très grand spectacle !).

Mes véritables émotions musicales des dernières années viennent de musiciens beaucoup plus jeunes : Devendra Banhart, Bright Eyes, Sufjan Stevens ou Cat Power.

Mais bon, ne jetons pas tous les vieux à la poubelle (car je pourrais malencontreusement les y rejoindre) il y en a qui arrivent encore à donner le meilleur d’eux-mêmes alors qu’ils ont allègrement dépassé la soixantaine, c’est par exemple le cas de Van Morrison (le célèbre chanteur de Them, auteur de Gloria en 1966) qui continue au fil des années de sortir des disques très inspirés.

L’année 2006 aura été marquée par deux grands disques réalisés par des rockers d’un autre siècle et qui ont tenu cette année le haut de l’affiche de l’actualité musicale : Paul Mc Cartney (qui a sorti en début d’année le meilleur disque peut-être de toute sa carrière, un disque digne de l’époque des Beatles) et puis surtout Bob Dylan.

Il y a un réel phénomène Dylan depuis le 28 août dernier, date de la sortie de son dernier disque. C’est la première fois dans l’histoire de la musique qu’un artiste de 65 ans est n°1 des ventes (aux Etats-Unis mais aussi dans d’autres pays) (Dylan n’avait plus été au sommet des ventes depuis la sortie de son disque Desire en 1975) et il semblerait qu’il fasse un tabac un peu partout. La presse française a été nombreuse à relayer l’événement. 192 000 CD ont été vendus dès la première semaine aux Etats-Unis (celà dit, les chiffres des ventes n’ont souvent qu’un lointain rapport avec la qualité des disques et ne prouvent rien !).

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Comme je parle chaque mois, de manière chronologique, des disques de Dylan, que je n’en suis qu’au 5ème et que ce dernier disque ne sera chroniqué que dans 3-4 ans, je ne vais pas trop anticiper. Simplement dire que Modern Times, n’est pas, contrairement à ce que pourrait suggérer le titre, une musique très moderne. On est plutôt proche des racines de la musique qui a marqué la première moitié du 20ème siècle : blues countrysant, rythm’ n’ blues et ballade.

L’ambiance générale du disque est plutôt calme malgré un Rollin’ and Tumblin’ débridé. Il y a quelque chose de très nouveau dans ce disque de Dylan, peut-être que c’est à cause de la voix qui est plus lente que d’habitude et mise en tout premier plan. Ce disque ressemble plutôt à la confidence d’un proche.

Le Monde.fr a écrit que Dylan semblait dans ce disque plus dégoûté par le monde que révolté. Peut-être que les paroles expliquent cela mais j’ai plutôt le sentiment d’écouter un Dylan en paix avec lui-même et avec le reste du monde. Il y a un je ne sais quoi de magique et d’envoûtant dans ce disque, c’est la première fois d’ailleurs que dans la voiture j’écoute le même CD en boucle depuis dix jours et je n’ai pas l’impression que cela ait un rapport avec un quelconque Althzeimer naissant !

A acquérir donc sans hésiter !

Nouvelle intégrale des éditions Brilliant

Le monde de la distribution du disque classique a subi un electrochoc l’an passé avec la mise sur le marché, par les éditions Brilliant, de l’intégrale Mozart. Non pas qu’il s’agisse d’une deuxième intégrale Mozart, ce qui est déjà un événement en soi, mais à cause et surtout de son prix incroyable : 99 euros pour 170 CD, mettant le CD à moins de 60 centimes.

La surprise a été aussi du côté de la qualité : les critiques ont été quasiment unanimes pour saluer la richesse des interprétations (supérieure même à celles de la première intégrale Phillips, parue en 1991 lors du bicentenaire de la mort de Mozart) et la qualité technique des enregistrements. Le succès a été au rendez-vous malgré quelques critiques venant de quelques « coincés-du-cul » pour qui il est proprement inadmissible que l’on mette Mozart à la portée de la plupart des bourses, voir à ce propos un article intéressant du directeur des éditions Abeillemusique.com.

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En février 2006, 100 000 coffrets Mozart étaient déjà distribués en France et il semblerait aujourd’hui que le nombre de disques de cette intégrale vendus soit supérieur à tout ce qu’il se vend comme disques de musique classique. Le marché du disque classique en a été boosté comme jamais. Bon nombre de personnes qui n’avaient jamais écouté Mozart se sont vues offrir un coffret à Noël. Espèrons au moins qu’elles auront la curiosité de mettre un disque sur la platine… !

Bien sûr, on peut se poser la question de la nécessité de cet achat qu’on mettra toute une vie à digérer (d’autant plus que 2006 étant le 250ème anniversaire de la naissance de Mozart, nous sommes tous un peu victimes d’indigestion, non ?) et sur cette nouvelle manie, très liée à notre époque, de « consommer de la musique au kilomètre » (et malheureusement je ne suis pas le dernier !).

Les éditions Brilliant ont récidivé, avec un coffret consacré à ce grand compositeur qu’est Chostakovitch (assurément le plus grand symphoniste depuis Beethoven, bien que je sois plutôt un accro de ses quatuors pour cordes) : 27 CD pour 63 euros environ. Il ne s’agit pas là d’une véritable intégrale car il y manque les oeuvres vocales, les oeuvres pour piano solo et les opéras.

Tout ça pour vous signaler un nouvel événement discographique : les éditions Brilliant sortent demain 31 août une « intégrale Jean-Sébastien Bach », la première sur le marché : 155 CD pour un prix de 89 euros. L’événement est de taille, il était annoncé depuis un an.

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Bach étant moins facile, moins « immédiat », moins médiatisé aussi que Mozart, on peut se demander si le succès sera aussi au rendez-vous. Il y a pourtant tellement plus de modernité dans Bach !

Auprès de son arbre

Parmi les nombreux DVD musicaux sortis récemment, signalons la sortie d’un très beau document consacré à Georges Brassens. Ce DVD intitulé Auprès de son arbre est composé de deux parties, la première consacrée exclusivement à Brassens, la deuxième aux chansons qu’il n’a pas eu le temps de chanter avant sa mort.

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Les 27 chansons de la PREMIERE PARTIE sont essentiellement des extraits d’émissions télé réalisées par André Frédérick. Aucune surprise dans cette première partie, Brassens reste Brassens, toujours égal à lui-même. Même si les chansons de Brassens m’accompagnent presque quotidiennement, c’est toujours un grand plaisir de revoir son visage chaleureux et d’y surprendre quelques sourires. Sourires d’autant plus généreux que Brassens est souvent entouré sur le plateau télé de ses amis, notamment Raymond Devos (qui joue même de la clarinette), Lino Ventura, Fred Mella (des Compagnons de la Chanson)…

Les chansons de ce disque sortent un peu des sentiers battus (Marquise, Stances à un cambrioleur, Les amours d’antan, …) et c’est très bien ainsi ! On notera un très beau passage, Brassens interprétant La plus ceci la plus cela en présence de Mireille, qui est l’auteur de la chanson. Juste un petit bémol à cette première partie : quelques arrangements un peu douteux ont été plaqués sur certaines chansons (notamment Les amoureux des bancs publics, La femme adultère et Le Petit cheval). Dommage car la contrebasse de Pierre Nicolas et la guitare de Joël Favreau suffisent largement à mettre en valeur les textes du Maître.

La SECONDE PARTIE de ce DVD est une vraie surprise. Il s’agit du Grand échiquer de Jacques Chancel enregistré en novembre 82, un an après la mort de Brassens. Jean Bertola vient y chanter 9 chansons que Brassens n’a pas eu le temps de chanter. J’ai été surpris d’apprendre que Brassens, un an avant sa mort, avait déjà anticipé sa disparition et souhaité par écrit que d’autres se penchent sur ses chansons, citant d’ailleurs Jean Bertola comme interprète possible.

J’aime beaucoup la modestie dont fait preuve Jean Bertola tout au long de l’émission et son effacement derrière l’oeuvre de Brassens. La qualité d’enregistrement de l’émission est très bonne, les arrangements ingénieux des chansons en font, à mon avis, des modèles d’équilibre (on pourrait regretter que l’esprit Brassens ne soit pas complétement respecté avec l’ajout d’un piano – remarquablement tenu par Maurice Vander – mais c’est un parti-pris qui peut être défendu).

Et puis il y a sur ce plateau du Grand échiquier les proches de Brassens qui apportent tous leur caution au choix de Jean Bertola comme interprète des dernières chansons. Tous les amis présents amènent un éclariage particulier, très émouvant, sur Georges Brassens (ses musiques, ses derniers mois de sa vie,…) : Bertola d’abord, qui était aussi un ami de Georges, mais aussi Pierre Nicolas (le contrebassiste, irrésistible lorsqu’il parle des techniques musicales de Brassens), Eric Battista (l’ami sportif, à qui Brassens avait confié certaines de ses dernières mélodies), Pierre Onteniente (dit Gibraltar, secrétaire particulier et détenteur des derniers manuscrits de Brassens) et le Docteur Bousquet (chez qui Brassens mourra).

9 chansons donc, entrecoupées de paroles et de témoignages aussi émouvants les uns que les autres ! Avec évidemment en plus « l’esprit Brassens » qui plane en permanence sur cette émission.

Le prix du DVD varie de 19 à 22 euros selon l’endroit où on l’achète. Un argument de plus : la durée qui est très généreuse : 2H15 de musique qui sont aussi 2H15 de vrai bonheur (et même beaucoup plus, car longtemps après, les chansons de Brassens vous habitent encore !)

John Mayall, figure de légende (1)

Le blues a imprégné de manière durable toute la musique occidentale et influence encore de nombreux groupes rock d’aujourd’hui. Cette musique est née dans les années 20 aux Etats-Unis mais y est restée plus ou moins confidentielle, concurrencée fortement pas le jazz. Ainsi, la plupart des bluesmen pionniers de cette époque ont vite sombré dans l’oubli. Au début des années 60, la jeunesse blanche américaine redécouvrait certains de ces authentiques musiciens (c’est par exemple le cas de Skip James dont traite le film de Win Wenders : the Soul of a man, que je vous conseille) mais la plupart des musiciens créateurs du blues étaient morts à cette époque, certains n’ayant même pas été enregistrés par les producteurs. Probablement que l’impact considérable du rock ‘n roll, joué surtout par des musiciens blancs (Elvis Presley, Eddy Cochran, Gene Vincent …), musiciens qui avaient finalement repris le cadre musical du blues (avec ses trois accords de Mi7, La7 et Si7) a conduit la jeunesse américaine à se replonger dans les racines du rock et à découvrir cette filiation directe avec le blues.

Rejetés ou incompris dans leur pays d’origine, certains bluesmen authentiques n’ayant pas trouvé le succès aux Etats-Unis sont venus s’installer en France dans les années 60 et ont contribué à faire connaître cette musique dans notre pays. C’est notamment le cas du guitariste Big Bill Broonzy et du pianiste Memphis Slim (dont il existe un somptueux enregistrement live de l’époque, au caveau des Trois Mailletz à Paris en 1962).

Mais ce sont surtout les musiciens blancs qui ont contribué à faire connaître le blues en Europe. Les Rolling Stones étaient de vrais amoureux du blues (ils étaient en particulier fans de Muddy Waters) et leurs cinq premiers disques témoignent de leur profond attachement à cette musique … l’énergie rock en plus ! Plus tard, les Stones deviendront cette immense institution que l’on connaît aujourd’hui.

John Mayall fut celui qui contribua le plus à perpétuer cette musique en Europe. Après avoir fait ses armes musicales avec des groupes divers dès 1956, il fonde en 1963 le légendaire « Bluesbreakers » qui eut une influence considérable sur la musique de cette époque. Les musiciens des années 60 qui passèrent à l’école « Mayall » connurent des destins prestigieux : d’abord Eric Clapton (aujourd’hui infiniment plus connu que le maître), Jack Bruce (qui fonda avec Clapton le groupe Cream) et Mick Taylor qui alla ensuite rejoindre les Stones (dont il fait encore partie aujourd’hui) après la mort de Brian Jones. L’année 1969, avec la sortie du célèbre disque « Turning Point » marque la fin des Bluesbreakers (que Mayall reformera de manière épisodique dans les années 80) et le départ du bluesman pour les Etats-Unis qu’il ne quittera plus. John Mayall est un musicien « accompli » qui joue aussi bien de l’harmonica, de la guitare que du piano. Aujourd’hui, John Mayall a plus d’une cinquantaine de disques à son actif et je pense d’ailleurs parler prochainement dans mon blog d’une petite sélection de ses disques incontournables (il me faudra aussi parler des deux autres grands musiciens de blues blancs : Rory Gallagher et Johnny Winter).

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En 2003, John Mayall a fêté ses 70 ans, entouré d’Eric Clapton et de Mick Taylor, lors d’un concert mémorable à Liverpool.Cet article dans mon blog n’a qu’un but, certains l’avaient peut-être déjà compris : vous dire que le vieux bluesman qui vient se produire le 23 mars prochain à Besançon n’est pas n’importe qui !

Vladimir Vissotski, l’écorché vif

Il y a un chanteur dont il me faut absolument parler, tant il occupe une place particulière et marginale dans la chanson, et tant il a marqué son pays natal, la Russie, par son passage éclair, tel un météore.

Mort à 42 ans en 1980 d’une crise cardiaque, après de nombreux excès dus à l’alcool et au tabac, Vladimir Vissotski a été découvert par hasard : après avoir composé des chansons plutôt confidentielles, un ami décide de l’enregistrer. La cassette est alors copiée et colportée, de main en main, « sous le manteau » dans toute la Russie. C’est à ce moment que débute sa courte mais extraordinaire carrière de chanteur (il a été écouté par des millions de russes), boostée par le fait que toutes ses chansons, trop politiques, ont été officiellement interdites et, par réaction, se sont mises à circuler partout, tant elles reflètaient le triste sort et le quotidien de la population russe, alors sous emprise communiste.

C’est au début des années 80 que j’ai découvert Vladimir Vissotski. Il y a plus de vingt ans, Joëlle est tombée sur une émission de Bernard Pivot au cours de laquelle était invitée la veuve de Vladimir, l’actrice française Marina Vlady (qui avait été mariée avant à Robert Hossein et qui épousera après la mort de Vladimir, Léon Schwartzenberg). Dans cette émission, un reportage étonnant montrait Vladimir hurlant sur sa guitare.

Le mot « écorché vif » est celui qui sied le mieux à ce poète. Il m’est impossible de décrire l’impression que me laisse à chaque fois l’écoute de Vladimir Vissotski. C’est pourquoi je préfère citer Marina Vlady : « Cette voix que l’on ne peut confondre avec aucun autre. Poète violent et rare, les consonances des mots s’entrechoquent et donnent encore plus de force au cri… Il peut hurler comme un loup blessé, puis chanter l’amour avec douceur et tendresse, crier son indignation, sa colère, son désespoir en s’arrachant la glotte ou passer du ton gouailleur des faubourgs au lyrisme le plus pur. Ceux qui l’ont entendu chanter, qui l’ont vu jouer, ne peuvent oublier l’émotion ressentie. ».

Le disque « le vol arrêté » paru aux éditions du Chant du monde, est le plus beau témoignage discographique de l’œuvre de Vladimir Vissotski. Les textes sont en russe mais le livret est magnifique, il présente une très belle traduction et on arrive à peu près à suivre les paroles. Mais attention, l’écoute n’est pas facile, on n’en ressort pas indemne car la voix est dure, rauque, rapeuse (accentuée par le caractère un peu guttural de la langue russe), on ne peut rester indifférent à une telle manière de chanter. Les textes sont souvent d’une noirceur absolue (il suffit d’ailleurs de lire la traduction des titres pour se faire une idée : « les cabans noirs », « à l’hôpital », « le vol arrêté », « l’écho fusillé », « la poursuite », « la demeure étrangère », « la voile déchiré », « l’ornière », « la chasse aux loups », « l’homme fini »).

Ceux qui aiment les choses lisses, un peu aseptiques, passeront leur chemin. Quant à ceux qui aiment les émotions fortes, ce disque est pour vous … !

Brassens, bluesman ?

En ce moment, comme j’ai la gorge un peu enrouée depuis plusieurs semaines, je ne peux pas m’exercer sur les chansons de Brassens (et en plus, Stéphane m’a emprunté ma seule guitare … pour le concert de la Nef des Fous qui a lieu ce soir). Plusieurs semaines sans être accompagné des chansons de Georges, c’est un peu dur, moi qui en ai fait mon quotidien ! Alors, j’en profite pour réécouter les disques du maître, chose qui ne m’arrive pas très souvent. A leur écoute, plusieurs commentaires me viennent et ça me donne envie d’écrire quelques articles à ce propos. Il pourrait donc y avoir plusieurs articles sur Brassens dans les semaines qui viennent. Oui, je sais, je m’étais promis de parler de plein de gens peu connus (Louki, Caussimon, Haillant, Jonas, Bertin…) avant d’évoquer Brassens. Mais je suis désolé, j’y reviens toujours et inlassablement. Et puis, j’ai encore du temps pour parler des autres (d’autant plus que vous avez été plusieurs à souhaiter longue vie à mon blog).

Brassens n’a jamais écrit de chansons vraiment tristes, l’humour finit toujours par l’emporter, même – et surtout – lorsqu’il parle de la mort, qui est son thème de prédilection (« les funérailles d’antan », « la ballade des cimetières » , par exemple, regorgent de traits humoristiques). Même dans la chanson « le testament » qui est un sujet grave et qui compte quelques passages très noirs (« je serai triste comme un saule », « est-il encore debout le chêne ou le sapin de mon cercueil ? », « me v’la dans la fosse commune, la fosse commune du temps »), Brassens ne peut s’empêcher de prendre les choses un peu à la rigolade, comme s’il faisait la nique à la mort, en émaillant son texte de mots d’esprit et de propos ironiques. Si l’on excepte « Pensées des morts » que Brassens a mis en musique tardivement (mais dont le texte superbe est de Lamartine), les très rares chansons foncièrement tristes qu’il a écrites lui-même datent toutes de ses débuts de chanteur.

Parmi ces rares chansons, il y en a une qui retient particulièrement mon attention, il s’agit du « fossoyeur » qui figure sur son tout premier disque. La chanson est bouleversante, c’est une véritable complainte, complainte de celui qui refuse la mort et ne peut se résoudre à faire ce triste travail qui est d’accompagner à la fosse ses « clients ».

Mais au-delà des paroles, c’est aussi la musique qui me frappe. Elle colle si bien au texte, elle est si évocatrice, avec son rythme lancinant, qu’on imagine même le décor de la chanson : au bord d’une tombe, un pauvre fossoyeur égrène quelques notes et paroles tristes. A chaque écoute, la chanson me fait immanquablement penser à un blues. D’abord par sa noirceur et sa tristesse sans fond, par la sobriété de la ligne mélodique et par un très bel accord de La7M qui souligne ce sentiment de tristesse. Cette impression est peut-être renforcée par le fait qu’on y trouve les trois accords classiques du blues (Mi7, La7 et Si7).

Mais c’est surtout par l’ambiance générale de la chanson, son côté plaintif et résigné (on a l’impression que tout le poids du monde pèse sur les épaules de ce fossoyeur), que cette chanson s’apparente vraiment à un blues, peut-être pas d’un strict point de vue musical, mais en tout cas par l’esprit. Bien sûr, le blues ne peut pas se restreindre à ce côté plaintif et résigné. C’est vrai. Mais je fais surtout référence à la première période du blues, celle qui a vu naître les génies de Robert Johnson, Blind Willie McTell ou Skip James (oui je sais, vous n’étiez pas nés … moi non plus) dans les années 20 ou 30 et non du blues tel qu’on l’entend aujourd’hui, avec ses longs solos de guitare électrique, mis à la sauce du public blanc par des gens de talent que sont John Mayall (qui a formé Eric Clapton. Au fait, le saviez-vous, Mayall passe à Besançon le 23 mars) et par les Stones.

Mais revenons à la chanson. Ce fossoyeur, on l’imagine aussi très solitaire (même si Brassens parle des copains qui « s’amusent de moi, y’m’disent mon vieux par moment, t’as une figure d’enterrement ») ! Là aussi, il y a encore un autre point commun car le blues aussi est une musique de solitaire (contrairement au jazz, et encore plus au gospel, également nés en Amérique, qui sont avant tout des musiques communautaires et collectives).

Alors Brassens, bluesman ? Ce concept vous choque-t-il ? Mon ami Vincent va-t-il encore dire que j’ai fumé la moquette ? Quelqu’un a-t-il un avis sur la question ?

Maxime et les chansons du Maître.

Hier soir, Maxime Leforestier était à Besançon au Kursaal pour interpréter les chansons de Brassens. En arrivant plus d’une demi-heure avant le spectacle, j’espérais être dans les premiers rangs mais la salle était ouverte et une bonne partie était déjà pleine (la soirée fonctionnait à guichets fermés). Je me suis donc trouvé relégué au 20ème ou même peut-être au 30ème rang.

Une voix d’aéroport (mais en moins sexy, très monocorde, presque déprimée et sans même l’accent franc-comtois de circonstance) nous a demandé d’éteindre nos portables. La lumière a diminué progressivement puis Maxime est arrivé. Tenue simple, sourire chaleureux, très détendu, à l’image même du concert qui allait suivre.

Avec sa seule guitare pour accompagnement, il a entonné la première chanson « le temps ne fait rien à l’affaire ». A partir de la deuxième, la soirée s’est déroulée telle une loterie : les spectateurs choisissaient un nombre de 1 à 99 et Maxime chantait la chanson correspondante. Il y a bien sûr quelques inconvénients mineurs à cette méthode aléatoire (les 10 premières chansons étaient presque sur le même rythme, il n’y a eu aucun rythme de valse, quasiment aucune chanson des disques 7,8, 9 et 10 de Brassens n’a été tirée au sort). Mais la méthode a surtout beaucoup d’avantages. Elle permet surtout d’écouter des chansons peu connues et même rares (sur scène, Brassens lui-même chantait beaucoup de chansons connues car il n’était pas sûr que les autres soient appréciées). Cette méthode aléatoire nous a donc permis d’apprécier ou de réapprécier des chansons que l’on pourrait qualifier de petites histoires mineures (« les lilas », « l’amandier », « la fille à cent sous »), d’autres grands textes que Brassens lui-même n’aurait peut-être pas oser chanter sur scène (notamment l’une de ses plus belles chansons « le blason ») mais aussi des chansons de la dernière période, celle où Brassens est, à mon avis, un peu désabusé, notamment par rapport au sexe féminin (« si seulement elle était jolie » et « les casseuses »).

Il y a eu un moment très drôle lorsque Maxime a refait l’histoire de la chanson « voir le nombril de la femme d’un flic » en chantant deux autres versions antérieures : « Carcassonne », dont le texte est de Gustave Nadaud, et surtout « la chaude-pisse » que Brassens, avec un humour de potache, avait composé pour ses copains de chambrée lorsqu’il était au STO en Allemagne. Nombreux rires dans la salle !

Beaucoup de spectateurs savaient les textes par cœur, c’était un public de connaisseurs qui a repris en chœur plusieurs refrains. A ce propos je mettrais un petit bémol, non plutôt un gros, à la chanson « le roi des cons », la seule de toute l’œuvre chantée par Brassens que je n’aime pas du tout (ce n’est pas du tout à cause des paroles, que j’apprécie), et que Maxime n’arrive pas à rehausser, bien au contraire (il la chante sur un rythme un peu trop lent et même cassé, ce qui fait que la reprise des paroles par le public tombe un peu à plat). Enfin, ceci est un avis très personnel. A ce petit détail près, j’ai adoré le concert.

Maxime a un très grand respect pour l’œuvre et les musiques de Brassens. La voix est nuancée et très chaleureuse. Le tempo est généralement plus lent que dans les enregistrements de Brassens, ce qui permet de prendre un peu plus de temps pour savourer les paroles. Le texte est évidemment respecté … à un détail près : dans la chanson « la fille à cent sous », Leforestier remplace le prénom de Ninette par Nina, et en insistant sur ce prénom : nul doute que Maxime connaît une Nina qu’il identifie à l’héroïne de la chansonnette. Au total : 29 chansons dont je vais mettre la liste dans les jours qui viennent dans un commentaire lié à cet article. Leforestier aime Brassens, ça se sent tout au long du concert. Remercions-le pour contribuer ainsi à faire vivre l’œuvre du maître, vingt cinq ans après, notamment auprès de publics plus jeunes.

Il paraît que Maxime repasse ce printemps, en juin à Besançon à Micropolis, et je ne sais trop quand à Baume-les-Dames. Quelqu’un connaît-il les dates ?

Journée Mozart : et vive Jean-Sébastien Bach !

Mozart est partout à l’honneur. Ce sacré bonhomme est né le 27 janvier 1756 et c’est donc aujourd’hui le 250ème anniversaire de sa naissance. Après cette « journée Mozart », toute l’année 2006 a déjà été consacrée « l’année Mozart ». MAIS TROP, C’EST TROP ! Mozart, c’est comme le chocolat, on peut adorer, on peut finir aussi par en avoir une indigestion. Et ce ne serait pas la première ! Rappelez-vous le gavage Mozart que nous avions déjà eu en 1991, année anniversaire de la mort du compositeur (car non seulement Mozart est né, mais il est mort aussi … pour le double bénéfice des compagnies de disques, radios et télés, qui en profitent pour nous en mettre une double couche).

Je ne me sens pas concerné par l’hommage d’aujourd’hui, il vaudrait mieux mettre en place une véritable éducation musicale dans notre pays plutôt que de faire des gros coups médiatiques. La musique n’a rien à gagner à ces gesticulations radiophoniques et télévisuelles.

Bref, moi qui écoute très souvent Mozart, j’ai décidé d’écrire le jour même de son anniversaire, un article sur mon blog consacré … à Jean-Sébastien Bach. Et ce, par pure réaction !

Moi qui ne suis pas trop « anniversaire », j’ai envie de parler d’un DVD consacré … justement au 250ème anniversaire de la mort de Bach. Un concert mémorable qui a eu lieu en 2000 sur la place de Leipzig (celle des trois villes où il a été compositeur et habité le plus longtemps). On savait que Bach pouvait être joué avec toutes sortes d’instruments, il existe des tas de transcriptions, je connais des versions au saxophone, au marimba et même … à l’accordéon (par Sylvie Jobard, franc-comtoise). D’ailleurs, dans les dernières œuvres de Bach (l’offrande musicale, l’art de la fugue), la destination de l’instrument n’est pas précisée. Le DVD dont je parle, intitulé « Swinging Bach » est un véritable hommage à l’universalité et au côté intemporel de la musique de Bach.

Les musiciens se succèdent avec une joie communicative. Les versions classiques sont somptueuses avec notamment une superbe transcription pour cuivres d’un concerto brandebourgeois. Ces interprétations purement classiques alternent avec des adaptations que certains qualifieraient de plus modernes (mais ont-ils bien saisi toute la portée de la musique de Bach ?) où des musiciens d’aujourd’hui revisitent avec beaucoup de réussite l’œuvre du maître. Il y a d’abord le trio de Jacques Loussier qui nous donne des interprétations jazz très hautes en couleur (Jacques Loussier est ce défricheur solitaire qui se passionne depuis des décennies pour Bach mais l’intelligentzia classique, généralement très « coincée du cul » méprise ce bonhomme qui – oh sacrilège ! – ose interpréter Bach à sa manière). Il y a ensuite les King’s Singers qui vont plus loin encore dans l’irrespect et surtout dans l’humour en s’amusant à « déconstruire » les morceaux les plus connus de Bach (« Deconstructing Johann »). Jiri Stivin, flûtiste et saxophoniste, nous propose un morceau étonnant dans lequel il passe, en une fraction de seconde et avec beaucoup de brio, d’une interprétation classique à une improvisation jazz. Signalons une magistrale interprétation par le Quintessence Saxophone Quintet.

Mais le plus beau moment de ce concert, ce sont les quatre morceaux chantés a capella par Bobby McFerrin. Il y a bien sûr la virtuosité de cet artiste, capable de tout faire avec sa voix, et notamment de suivre plusieurs lignes mélodiques à la fois, mais il y a surtout la charge émotive qui se dégage de chacun des morceaux interprétés. Pendant que Bobby McFerrin chante, la caméra prend ses aises et se balade dans le public qui écoute avec une ferveur incroyable. La pluie est au rendez-vous, les gouttes d’eau perlent sur les peaux, mais les visages ruissellent surtout … de bonheur. De gros moyens visuels et sonores ont été mis en branle pour ce DVD car le son et l’image sont d’une qualité irréprochable, rarement égalée.

Un seul point négatif, un regret : celui de ne pas avoir été présent ce jour-là sur la place de Leipzig. Il va donc me falloir attendre 2050 pour le 300ème anniversaire ! J’attends donc patiemment.

Pardon Mozart, toi dont j’aime tant la musique, de cette infidélité (passagère, rassure-toi) !

Ah, musique, quand tu nous tiens !

J’ai découvert la musique quand j’étais môme. Enfin pas exactement môme, j’avais déjà 14 ans, mais à cette époque l’adolescence ne commençait qu’à cet âge, pour se terminer au plus tard à 18 (aujourd’hui ça a quelque peu changé, certains disent que ça commence à 10 pour se terminer parfois à 30. Mais non, M… ce n’est pas pour toi que je dis ça, tu n’en as encore que 28 !). 1968 : je n’avais jamais entendu que les émissions de Guy Lux et ne savais pas encore qu’il existait un autre monde musical (si l’on peut dire ainsi !).

C’était en juillet, je m’en souviens bien, j’ai entendu pour la première fois chez une cousine l’album-concept des Beatles, le fameux Sergent Pepper. Quelques mois plus tard, c’était « les trompettes de la renommée » de Brassens. Deux mondes musicaux différents, deux chocs dans ma vie. Plus tard viendront d’autres, aussi grands : Hendrix, Heinrich Schütz, Léo Ferré, Archie Shepp, Atahualpa Yupanqui, …

Mes deux passions, la nature et la musique, rythment ma vie. Ah, s’il fallait choisir entre les deux, je serais bien embêté ! Mais fort heureusement, personne ne me le demande et les instances divines supérieures, qui se désintéressent même du bordel ambiant sur la planète, laissent ma vie osciller tranquillement entre ces deux univers (je dois dire que je n’ai pas communiqué – pas con tout de même ! – ma nouvelle adresse e-mail au Big Boss, histoire de rester quand même un peu maître de ma vie).

Tout ça pour dire que je parlerai très souvent de musique sur mon blog. C’est difficile, car comment mettre des mots sur quelque chose d’aussi éthéré, aussi immatériel que des notes ? Essayons quand même. Enfin, si grâce à ce blog, une seule personne pouvait découvrir les textes de Jacques Bertin, la voix de Bernard Haillant, celle de Devendra Banhart ou le quintet pour clarinette de Mozart (par Michel Portal évidemment), j’en serais simplement très heureux. Je parlerai souvent de gens inconnus, laissés heureusement de côté par le monde du show-bizz, mais je reviendrai constamment à mes trois amours musicaux : Brassens, Bach et Dylan.

Rendez-vous donc dans quelques jours pour parler de … je ne sais pas trop qui d’ailleurs, tout dépendra de qui aura fait vibrer mon oreille ce jour-là ! Enfin, les deux, je n’aimerais pas qu’on m’imagine avec une seule oreille !