Du changement dans l’air (2)

Décidément la saison avance. Vite. Trop vite probablement. Les plantes et les animaux commencent déjà à se réveiller. Et nous ne sommes qu’en janvier ! Et pas seulement les grenouilles dont il était question la semaine dernière dans mon article (tiens à ce propos, vous avez vu qu’une certaine « grenouille » a pris l’habitude de laisser des commentaires sur mes articles, décidément ce blog attire toutes sortes de bêtes !).

Hier dimanche 13 janvier, j’ai vu voler mon premier citron, ce papillon commun que beaucoup connaissent. Il semblerait qu’il ait été observé à Besançon le même jour. Du jamais vu à cette période (de mémoire de Dupdup).

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Ce matin, à 7H15, alors qu’il faisait encore nuit, un gros blaireau a dévalé une pente en bord de route. Je l’ai évité de justesse (il est vrai que je partais au boulot et je n’étais donc pas pressé !). Le blaireau n’est pas un vrai hibernant, c’est juste un animal qui passe la « mauvaise saison » à se reposer. Il lui arrive de sortir en plein hiver pour se dégourdir les pattes autour du terrier. Mais jamais loin du terrier. Alors, un blaireau qui se balade en pleine campagne à cette saison, ça me semble plutôt inhabituel, voire inhabituel.

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En arrivant au travail, Vincent, l’un de mes collègues, me dit que ses parents ont vu deux hérissons hier dans leur jardin, à Longwy-sur-Doubs dans le Jura. Alors là, je n’en reviens pas car le hérisson est un véritable hibernant. Au train où la nature avance, il ne serait pas surprenant que nous observions de jeunes hérissons très tôt ce printemps.

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Ce genre d’articles me permet d’exhumer de très vieilles diapos qui étaient toutes condamnées à mourir de leur belle mort au fond d’un placard (à rester en diapo’se en quelque sorte). Recyclons, recyclons …

Des réserves pour les écureuils !

Quand la nature s’y met, elle est d’une profusion incroyable. L’année 2007 aura été exceptionnelle pour bons nombre de fruits. Le printemps a rarement connu une production de cerises aussi abondante. Cet été, les vergers regorgeaient de mirabelles et de prunes. Cet automne, c’est au tour des pommiers dont les branches croûlent littéralement sous les fruits.

Moi qui m’inquiétais pour mes réserves de noisettes et de noix qui me servent à nourrir quelques écureuils sur le bord de la fenêtre, me voilà prémuni pour un moment. Je ne me rappelle pas avoir vu autant de noix et de noisettes sur les arbres. Une partie du week-end a été consacrée à la récolte de ces petits fruits qui sont en train de sécher sous le balcon. Déjà une vingtaine de clayettes (grâce à l’aide de Joëlle) ! Et ce n’est pas fini !

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Il est probable que les écureuils ne viendront pas (ou très peu) sur la fenêtre cet hiver car la lisière de forêt derrière la maison regorge de ces petits fruits. Les écureuils du voisinage sont donc assurés de passer un hiver plutôt plan-plan. Et les deux hivers suivants aussi, car j’ai maintenant ma petite réserve de munitions !

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Recherche de noix

Les écureuils sont de plus en plus nombreux à venir sur notre fenêtre et nous avons l’habitude de les observer tous les jours à quelques dizaines de centimètres. Parmi eux, il semble qu’il y ait quelques jeunes de l’année, reconnaissables à leur tête plus fine et l’absence de « pinceaux » sur les oreilles.

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La différence de pelage est importante d’un écureuil à l’autre, ce qui nous a permis d’identifier au moins cinq individus différents.

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J’avais une dizaine de cagettes de noix et de noisettes avant l’hiver. J’attaque la dernière. A ce rythme, il ne me restera plus rien d’ici une dizaine de jours.

Je sais que certaines personnes ne mangent que les noix de la dernière récolte et jettent celles de l’année précédente. Alors si vous avez des noix dont vous aller vous débarrasser, merci de penser à mes petits visiteurs !!!

Dans l’intimité de la forêt

Mes plus belles émotions naturalistes, je les ai connues devant les terriers de blaireaux à la tombée de la nuit. J’ai toujours aimé ces moments d’immobilité où l’on a l’impression de se fondre dans la nature et de ne faire plus qu’un avec le monde environnant. La pénombre s’installe, la perception que l’on avait de la forêt devient alors très différente, les sens sont aiguisés, c’est le moment où l’on n’est plus qu’un corps, libéré de tout intellect, percuté par des dizaines de sons et d’odeurs. C’est un pur moment de grâce que je souhaite à chacun de vivre au moins une fois dans sa vie.

Et puis vient le moment magique où le premier blaireau sort de son terrier, à une petite dizaine de mètres devant soi… J’aurai l’occasion de reparler dans d’autres articles de cet animal que je crois parfois bien connaître mais qui garde entier sa part de mystère.

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J’aime aussi les « affûts » au blaireau parce qu’il se passe souvent quelque chose d’inattendu : la chouette hulotte qui vient chanter au-dessus de votre tête, le mulot que vous regardez flaner entre vos pieds, le chevreuil qui passe à trois mètres, les sangliers qui arrivent contre vous, votre coeur se met à battre mais ils changent heureusement de direction au moment où l’odeur de l’homme leur parvient, …

Il y a un mois, je suis allé avec Anne observer les blaireaux en forêt de Brussey. A un moment donné, un petit mouvement à une cinquantaine de mètres nous indique la présence d’un animal. Un lièvre se dirige dans notre direction, s’arrête, repart, hésite, finit par venir à moins de trois mètres de nous puis disparaît à notre droite. La scène aura duré peu de temps, peut-être une minute. Ce type d’observation est exceptionnel, assurément ma plus belle observation de lièvre jusqu’à présent.

Je ne pensais pas revivre une nouvelle fois une telle observation de lièvre. Mais quinze jours plus tard, alors que nous étions assis sur le même banc, attendant les mêmes blaireaux, la même scène s’est reproduite, à la même heure … ce qui n’a d’ailleurs rien de surprenant, beaucoup d’animaux sauvages ayant leurs habitudes précises, empruntant les mêmes sentiers, quittant leur tanière à heures fixes,…

Le lièvre est arrivé exactement du même endroit, a eu le même comportement mais s’est approché encore plus près. J’étais là sur mon banc, le corps rigide, n’osant plus respirer, en train de regarder du coin de l’oeil cet animal qui était juste devant Anne (je crois qu’il en était à 1 mètre, un mètre cinquante, pas plus !). Le lièvre est reparti tranquillement, aussi tranquillement qu’il était venu. A-t-il perçu notre présence ? Il m’a semblé à peine inquiet, mais les animaux sauvages ne sont-ils pas continuellement stressés et en permanence sur leurs gardes ?

Nous sommes repartis de la forêt, sans avoir vu un seul blaireau, mais riches d’une observation inoubliable.

Retour inespéré du castor

Le retour du lynx a fait coulé beaucoup d’encre il y a une dizaine d’années. Celui du loup, aujourd’hui aux portes de la Franche-Comté, fait aussi l’objet d’attention de la part des médias.

Par contre, le retour du castor est passé un peu plus inaperçu, malgré un article dans l’Est Républicain il y a quelques mois.

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La Haute-Saône peut s’enorgueillir du retour de cet animal, disparu depuis problablement trois siècles (on considère qu’avant cette époque, cette espèce vivait sur toutes nos rivières) . La réapparition de ce rongeur énorme (jusqu’à trente kilos, 1,20 m de longueur) s’est faite sur la rivière « la Coney », petit affluent de la Saône, dans le secteur de Corre/Vauvillers. La découverte du castor sur le territoire de la Haute-Saône est due, il faut le souligner car une fois n’est pas coutume, à deux agents passionnés de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (Olivier Roch et Nicolas Petit).

Mais d’où vient cet animal, alors qu’il n’en subsistait que quelques colonies dans la basse vallée du Rhône ? C’est dans les années 80 que quinze castors de la vallée du Rhône ont été capturés et relâchés en Lorraine où la réintroduction a été un véritable succès. En 1992, il occupait tous les sites de la Moselle et de ses affluents. Alors, comment passer du bassin rhénan à la petite rivière « le Coney » qui est dans la bassin rhôdanien ? C’est en suivant le canal de l’Est que ce sympathique animal a fini par découvrir le département de la Haute-Saône. Cette observation est d’autant plus intéressante qu’elle peut préluder à une colonisation de toute la vallée de la Saône et de ses affluents (ce qui était impossible en remontant le Rhône car Lyon et son urbanisation constituent un verrou infranchissable).

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L’Est Républicain qui avait, en son temps, salué la réapparition du castor, avait alors publié ces lignes : « Sur la planète, 30 à 60 espèces animales et végétales disparaissent chaque jour. A contre-courant, la Haute-Saône enrichit son patrimoine naturel ». Faut pas exagérer, la Haute-Saône ne va pas quand même pas sauver la planète ! Enfin, si ça pouvait être vrai … !

Ecureuil pépiniériste

Depuis le début de l’hiver, un écureuil plutôt sombre a pris l’habitude de venir manger sur le rebord de la fenêtre. C’est un vrai bonheur que de le voir tous les matins à trente centimètres de soi, en train de décortiquer noix et noisettes placées là à son intention. Il s’agit probablement d’une femelle, car je l’ai vue régulièrement pendant l’hiver dans le bois derrière chez moi en compagnie d’un autre écureuil, beaucoup plus roux, qui avait plutôt un comportement de mâle.

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Petite surprise, depuis une quinzaine de jours, un deuxième écureuil, beaucoup plus roux et beaucoup plus clair, a pris l’habitude de venir, lui aussi, dérober quelques noix et noisettes tous les matins sur le rebord de la fenêtre. Il s’agit probablement d’un jeune né ce printemps, comme le laissent supposer les traits plutôt fins du visage.

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(les deux photos sont de Joëlle, la nouvelle photographe de la maison)

Ce jeune écureuil a un comportement très prévoyant. Beaucoup des fruits qu’il prend ne sont pas mangés sur place … mais cachés par lui un peu partout dans la pelouse. Il vient prendre une noisette, part aussitôt l’enterrer, chaque fois dans un endroit différent, puis revient aussitôt en prendre une autre, et ainsi de suite, parfois dix fois d’affilée.

Je m’attends donc à voir pousser un de ces jours une forêt de noisetiers et de noyers autour de la maison car, tel un pépiniériste, il en plante un peu partout ! Si mes amis ne retrouvent plus ma maison dans quelques années, ce sera très facile : juste au milieu de la forêt de noyers !