Tiens, ça fait longtemps que je n’avais pas parlé de tomates sur ce blog ! Si vous croyiez avoir définitivement échappé aux articles sur ce légumes, c’est raté … car en voici un nouveau.
Cela a déjà été dit à plusieurs reprises sur ce blog : la récolte de graines de tomates ne peut se faire que s’il s’agit de variétés anciennes. Inutile de vouloir retrouver les caractères de la variété d’origine avec des graines issues d’hybrides F1, vous trouveriez à vos tomates des qualités différentes de celles que vous escomptiez. Ainsi, si la variété hybride d’origine était réputée résistante au mildiou, il y a peu de chance que vous retrouviez ce caractère à partir de votre propre récolte de graines.
Voici une petite expérience qui m’est arrivée et qui peut illustrer ces propos.
Pascale m’avait fait découvrir une cerise jaune succulente de son jardin. J’en ai récolté quelques graines. L’année suivante, alors que j’avais déjà fait mes propres semis, Pascale m’a appris qu’il s’agissait en fait d’une variété hybride. J’ai quand même mis en pleine terre deux plants, histoire de voir ce que ça allait donner (les hommes étant parfois aussi curieux que les femmes !).
Le premier plant donne des tomates cerises qui jaunissent bien, dont la peau est assez fine et dont le goût est plutôt bon.
Le deuxième plant donne des tomates complètement différentes, les tomates sont plus grosses, la couleur reste verte à peine teintée de jaune, la peau est très dure et le goût est très moyen.
Les deux graines ayant donné ces plants très différents sont pourtant issues du même fruit au départ. L’an prochain, je vais semer des graines de la première tomate que j’ai trouvée bonne mais rien ne me garantit que je vais pouvoir retrouver la même bonne tomate cerise jaune.
Il arrive aussi parfois que l’on ait des surprises avec des variétés anciennes. Thierry, que j’avais croisé lors du salon écobio de Besançon, m’avait donné à cette occasion quelques graines d’une variété de tomate africaine appelée « trèfle du Togo ». Je les ai semées, j’en ai gardé deux plants et j’ai donné les autres plants à des amis. L’un des pieds me donne de belles petites tomates rouges côtelées et qui correspondent bien à la description de l’espèce.
Le deuxième plant me donne des tomates de la même forme, sauf que toutes les tomates de la plante deviennent oranges à maturité et non rouges.
Il est certain que même les tomates anciennes ne sont jamais « fixées génétiquement » et qu’il existe des variations, souvent minimes, d’un fruit à l’autre. En étant observateur et en faisant preuve de beaucoup de rigueur, on peut mettre à profit ces petites variations, et obtenir, génération de tomates après génération de tomates, des fruits qui, à un moment donné, s’écarteront suffisamment de la variété type d’origine pour qu’on puisse alors parler de nouvelle variété. C’est ainsi que procédaient nos aïeux jardiniers.
Je me demande si l’évolution n’a pas franchi d’un seul coup un grand pas dans mon jardin en faisant apparaître spontanément ces fruits oranges. Nul doute que je vais conserver précieusement ces graines et les cultiver année après année jusqu’au moment où tous mes plants sélectionnés ne donneront que des fruits oranges. Je pourrai alors sans doute parler de la « trèfle du Togo orange ». A suivre donc.