La culture des endives (2)

LE COIN DU JARDINIER (37)
Il m’arrive rarement de reprendre l’un de mes anciens articles. Mais comme je ne maîtrisais pas encore complètement la culture des endives à l’époque du premier article et que celles-ci sont de plus en plus belles au fil des années (dis, Dupdup, ça va du côté des chevilles ?), voici quelques éléments nouveaux à apporter au sujet de cet étonnant légume.

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J’ai d’abord remarqué que l’on pouvait repiquer les endives en terre en fin de printemps. Lorsqu’on éclaircit les endives (qui sont toujours semées trop serrées), on peut repiquer dans une autre partie du jardin les petits pieds qu’on a enlevés plutôt que de les jeter sur le tas de compost. Elles reprendront facilement si on a pris soin de les repiquer par temps pluvieux (c’est un point très important car sinon elles s’étiolent facilement en plein soleil).

Deuxième point : il est vraiment dommage que les gens repiquent toutes leurs endives en même temps. On peut aisément les garder en tas en cave bien froide et ne les repiquer en terre dans des récipients à l’obscurité que de manière échelonnée, ce qui permet d’avoir en permanence des endives à plusieurs stades de développement.

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Je mets en terre mes endives tous les dix jours environ, ce qui m’assure une production très régulière de la fin de l’automne  jusqu’au printemps et je n’en repique que très peu à la fois, généralement six ou sept racines seulement installées dans des petits seaux. Les petits seaux sont recouverts d’autres petits sceaux pour que les endives soient encore plus à l’obscurité. Petit avantage supplémentaire : quand on est invité à déjeuner chez des amis, quoi de plus original que d’amener avec soi un petit seau d’endives (en plus de la bouteille réglementaire, cela va de soi …).

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Troisième point : les variétés dites « sans terre de couverture » (c’est en général écrit sur le paquet de graines) sont plus avantageuses, on peut se contenter de faire affleurer la terre juste au niveau du collet de la plante, ce qui donne des endives plus saines, plus propres aussi, et qui s’abîment moins (l’erreur qui est faite le plus souvent est l’utilisation d’une terre trop humide qui fait pourrir les plantes, cela a été un très gros problème pour moi- enfin, pour mes endives – l’an passé).

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Quatrième élément nouveau pour moi : les racines gèlent difficilement en pleine terre. J’ai arraché un premier tiers de ma production fin octobre avant les premières gelées et j’ai pris le risque de laisser les autres en plein champ. Surprise : le 20 décembre, alors qu’il avait fait moins 8°C sur le secteur, le deuxième tiers que j’ai arraché était intact. J’ai arraché le dernier tiers ce samedi 2 janvier, les plants n’avaient pas souffert alors que nous avions traversé une nouvelle période froide avec une bise glaciale. Le fait de les arracher tardivement évite ainsi le dessèchement qui se produit inévitablement en cave lorsqu’on les met en tas dans l’attente du repiquage (j’ai encore des progrès à faire quant au mode de conservation en cave avant repiquage, il faudra que je me livre les années prochaines à de petites expériences à ce sujet).

Cinquième élément : on peut utiliser de la simple terre de jardin, de préférence assez légère, et se passer de terreau. Les conseils d’utilisation de terreau sont bien évidemment proférés pas les vendeurs de terreau. Mais je suis plus terre à terre…

Enfin, le plus important pour moi : la culture hivernale des endives permet de faire du jardin chez soi en plein hiver et c’est un vrai plaisir que de garder ce contact avec la terre.

Mes tomates de l’été 2008 (4)

LE COIN DU JARDINIER (34)
Malgré l’alternance soleil/pluie qui favorise le développement du mildiou, les pieds de tomates que je cultive résistent plutôt bien. Le soleil très fort des derniers jours a accéléré le murissement des fruits. La moisson continue donc.

Certaines variétés ont mes préférences. C’est ainsi que j’aime les tomates de couleur verte et particulièrement la green zebra qui est l’une des plus belles qui soit.

Voici une nouvelle sélection de variétés cueillies hier avec, de gauche à droite et de haut en bas : White beauty, Borodinsky, Russian lime, Liberty bell, Orange queen et Apéro F1.

En fin d’été, lorsque cette petite série sera terminée, je donnerai la liste des variétés dont j’ai récolté les graines et que je pourrai diffuser auprès des visiteurs de ce blog.

Le chou-rave

LE COIN DU JARDINIER (34)
Tout aussi méconnu que son cousin le chou-navet (appelé aussi rutabaga et dont il sera question dans un autre article), très souvent confondu avec lui, le chou-rave pourrait avoir l’honneur de notre table car c’est un excellent légume. Mais il semblerait qu’il soit plutôt inféodé aux pays du Nord et de l’Est de l’Europe et que sa consommation n’ait pas beaucoup pris dans notre pays.

Malgré son apparence, le chou-rave appartient à la même espèce botanique que les autres choux. Il est d’ailleurs étonnant de constater que le chou de Bruxelles, les choux pommés, le chou-navet, le chou brocoli, le chou-fleur, le chou chinois… sont tous dérivés d’une seule et unique espèce de chou sauvage Brassica oleracea qui pousse sur de nombreux rivages maritimes et notamment en Sicile d’où semblent provenir nos choux cultivés. Il a fallu des centaines de générations pour arriver à ces diversités de formes et on estime que la domestication de l’espèce sauvage a débuté il y a sept mille ans sur la partie ouest du bassin méditerranéen. Le chou (ou plutôt la « tribu » des choux) pourrait être le légume le plus anciennement cultivé de la planète.

Je cultive des choux-raves pour la deuxième année consécutive et leur culture ne présente pas de difficulté majeure. Encore faut-il trouver des graines car les semences de choux-raves sont peu vendues en France. On les sème de mars à juillet, on les repique 4 ou 5 semaines plus tard à 20 cm l’un de l’autre. Ils n’aiment pas le sec et l’année 2008 a donc été une bonne année pour la culture du chou-rave. J’ai cultivé plusieurs variétés cette année, dont une variété rouge.

Les choux-raves peuvent être consommés aussi bien crûs (râpés comme des carottes) que cuits (il faut les cueillir avant qu’ils ne deviennent fibreux) mais, pour l’instant, Joëlle et moi n’avons pas de recettes suffisamment originales pour vous les proposer. Peut-être plus tard dans un autre article … Mais avec Google, vous pouvez trouver des idées, comme par exemple le chou-rave glacé au miel ou la râpée de chou-rave aux pommes. Je ne pense pas que le chou-rave soit facile à trouver sur les marchés.

Mes tomates de l’été 2008 (3)

LE COIN DU JARDINIER (33)
Les pieds de tomates continuent de donner leurs fruits. Il y a longtemps qu’il n’y avait pas eu d’aussi bonne année de production. La variété délice du jardinier dont j’avais parlé la dernière fois est l’une des tomates que je découvre cette année et l’une des plus productives de mon potager. C’est aussi l’une des meilleures sur le plan gustatif et elle est à planter absolument au jardin.

Voici une nouvelle sélection de variétés que je teste cette année (et dont je peux fournir des graines aux jardiniers intéressés). Dans l’ordre de lecture (gauche à droite et haut en bas) : Blue fruit, Russian persimmon, Mortage lifter Rieger, Pépée, Rose de Berne et Moldovian green.

La récolte devrait continuer longtemps si le mildiou ne s’installe pas. Tiens, à propos de mildiou, la voisine de mes parents, qui est très croyante, m’a dit que pour éloigner le mildiou, il suffisait de faire le signe de croix sur les pieds de tomates avec une branche de buis. Mais elle a ajouté aussi que ça ne marchait que si, au préalable, on avait trempé la branche de buis dans de la bouillie bordelaise …

Mes tomates de l’été 2008 (2)

LE COIN DU JARDINIER (32)
J’ai toujours préféré les tomates cerises aux autres tomates en raison de leur qualité gustative. Probablement que le goût de ces tomates est le plus proche de celui des tomates originelles d’Amérique du Sud. La variété Matt’s Wild Cherry dont j’ai déjà parlé sur ce blog est, pour moi, sur le plan gustatif, la reine des tomates. Mais si l’on veut varier un peu les goûts et les couleurs, d’autres tomates cerises, très originales, peuvent être plantées. En voici quatre, de couleurs différentes, qui sont actuellement dans mon jardin, successivement Snowberry (blanc jaune), black cherry (très sombre), galina (jaune) et délice du jardinier (enfin une qui est rouge !!!!!!!!!).

Mes tomates de l’été 2008 (1)

LE COIN DU JARDINIER (31)
Avec le soleil des derniers jours, les tomates murissent très vite. Une quarantaine de variétés se partagent l’espace, dispatchées entre le jardin de mon frère et le mien. Je commence de récolter les graines en vue de les diffuser l’an prochain à qui en voudra. Voici aujourd’hui une petite sélection de 6 variétés. Dans l’ordre (ordre normal de lecture, de gauche à droite et de haut en bas) : Kotlas, Auriga, Black ethiopian, Coeur de boeuf jaune, Surprise siberia et Snowberry.

La variété Auriga est étonnante : certains fruits sont munis d’une drôle d’excroissance qui est apparue lorsque ma voisine a pris son premier bain de soleil en maillot de bain. Cela a beau se passer dans mon jardin, je n’assume aucune responsabilité quant au comportement bizarre (mais humain) de mes tomates … !

Tomates à feuilles de pomme de terre

LE COIN DU JARDINIER (30)
Tous les ans, je mange les premières tomates vers le 15 juin. L’année 2007 avait été une exception et pour la première fois j’avais pu consommer quelques tomates à la fin mai. Mais les années se suivent et ne se ressemblent pas. Ainsi 2008 est plutôt une année tardive et si j’ai mangé mes premières tomates en juin, c’était in extremis le dernier jour du mois.

Par contre, 2008 sera peut-être une année exceptionnelle car le printemps pluvieux a fourni de la pluie au moment où les tomates en avaient le plus besoin, pendant leur phase de croissance. Le feuillage s’est ainsi beaucoup développé, la plupart des pieds dépassent déjà 1,50 m et les plants sont déjà chargés de lourdes grappes.

Presque toutes les variétés que j’avais semées en février se comportent bien jusqu’à présent (entre mon frère Claude et moi, nous cultivons cette année 52 variétés différentes). Si le mildiou épargne les fruits, la production 2008 risque d’être d’un très bon crû.

Manger des tomates du jardin pendant quatre ou cinq mois au lieu des deux mois habituels, c’est possible. Parmi les « petits trucs » indispensables pour y arriver, il faut signaler les tomates à feuilles de pomme de terre.

Les tomates à feuilles de pomme de terre sont en général des variétés sibériennes dont le cycle du fruit est très court. Le temps qu’il faut pour passer de la fleur au fruit mûr est moindre. Je suis persuadé que les jardiniers des régions montagneuses pourraient tirer tous les avantages de ce type de plante. Avec des variétés classiques, ce n’est pas facile par exemple de faire pousser des tomates dans le Haut-Jura, mais avec des variétés sibériennes je suis persuadé que ça marcherait.

Chaque année, je cultive un grand nombre de variétés. La première tomate que je mange est toujours une tomate sibérienne. Cette année, la variété la plus précoce s’appelle Kotlas. L’an passé, c’était Matina. Petite proposition : j’enverrai des graines de ces deux variétés à toutes les personnes qui le souhaitent.

Semer quand la terre est sèche, pourquoi pas ?

LE COIN DU JARDINIER (29)
Le jardinier amateur se trouve confronté cette année à des conditions météo inhabituelles. Il y a quinze, jours, il faisait trop froid pour que les graines germent. Il fait maintenant trop sec pour que la germination se passe bien.

Il y a un petit truc que tous les jardiniers devraient savoir, c’est qu’il existe une méthode infaillible pour faire germer les graines en pleine terre malgré la trop grosse chaleur et la sécheresse ambiante. Il suffit juste d’arroser le semis réalisé et de le recouvrir ensuite de deux ou trois feuilles de papier journal. Le papier va maintenir l’humidité nécessaire à la germination.

Dans ces conditions, les salades sortent de terre en deux ou trois jours, les concombres en cinq ou six et les haricots en guère plus d’une semaine. Avec la chaleur ambiante et l’humidité qui remonte sous le journal, il y a là toutes les conditions requises pour une bonne germination. Cette méthode est la meilleure que je connaisse, il suffit juste d’enlever à temps le papier journal dès que la première plantule sort de terre.

Lorsque je fais du jardin en plein champ, les quelques promeneurs du secteur sont intrigués par ma méthode. Mais comme chacun est confronté en ce moment à ce délicat problème de germination, beaucoup me disent qu’ils vont faire de même …

Et en plus, si vous pensiez que France-Soir, Le Figaro et l’Est Républicain n’étaient bons qu’à allumer le feu, voilà une autre utilisation possible … !

Le jardin : un luxe ?

Quand j’étais gamin, il y a cinquante ans, tous les habitants du village faisaient du jardin par nécessité. Acheter des légumes était considéré comme un luxe et peu de gens avaient véritablement les moyens de le faire.
Aujourd’hui, deux générations plus tard, tout s’est inversé : avoir un jardin et produire ses propres légumes est maintenant considéré comme un véritable luxe.
Vous en pensez quoi ?

La teigne du poireau n’aime pas le poivre

LE COIN DU JARDINIER (28)
J’aime bien les petites astuces que connaissent les jardiniers. Il en existe des tas qui sont, pour beaucoup, vouées à disparaître. Car la mémoire collective orale, qui se transmet de bouche à oreille, fout le camp et beaucoup de savoir-faire disparaissent ainsi progressivement.

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Le ver du poireau est une plaie. Pour s’en débarrasser il existe plusieurs méthodes, notamment celle qui consiste à jardiner en mélange carottes et poireaux. Chaque plante tire alors de cette cohabitation un bénéfice réciproque : le poireau éloigne la mouche de la carotte et la carotte éloigne le ver du poireau. Je n’ai pas testé cette méthode, ne semant pas ces plantes aux mêmes époques mais il semblerait que son efficacité soit toute relative.

Les vieux de mon village trempent les racines de leurs poireaux dans de l’eau légèrement javellisée avant de les repiquer et il semblerait que ce soit assez efficace.

Le ver du poireau étant en fait une chenille (la chenille d’un papillon appelé « teigne »), on pourra empêcher le papillon adulte de venir pondre ses oeufs en plaçant un voile de forçage sur les poireaux lors de leur repiquage. C’est probablement la méthode la plus efficace qui soit connue.

Mon ami Robert utilise quant à lui une méthode inédite et très originale : il met trois grains de poivre dans chacun des trous juste avant le repiquage du poireau. L’odeur du poivre serait-elle suffisamment forte pour empêcher les papillons de venir pondre ? Ou les papilles de chenilles seraient-elles beaucoup trop délicates pour supporter le goût du poivre ? Je n’ai pas la réponse précise mais comme cette méthode semble très bien marcher, je vais m’empresser de l’appliquer dès ce printemps … !

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(ma récolte de ce matin)

Faire ses courses au champ (plutôt qu’à Auchan)

LE COIN DU JARDINIER (27)
Drôle de méthode de culture des navets que celle que j’ai découverte cet automne.

Un agriculteur de mon village a pris l’habitude, lorsqu’il sème de l’herbe en fin d’été, de mettre dans le semoir derrière le tracteur le contenu d’un gros paquet de graines de navets au milieu de ses semences de ray-gras, fétuque et autres graminées. Résultat : dès le mois d’octobre, des tas de navets poussent dans l’herbe tendre. Le terrain ayant été semé depuis peu, il est très meuble, les navets prennent alors leurs aises et deviennent très gros.

Evidemment, le paysan a bien plus de navets qu’il n’en a besoin et a fait savoir à son entourage que les gens peuvent aller se servir librement. Les gens du village y sont allés tout l’automne, ramenant parfois des dizaines de kilos pour en faire de la choucroute (appelée dans notre secteur « choucroute de rave »). J’ai également profité de cette aubaine tout l’automne. Je viens tout juste d’aller faire mes courses en plein champ cet après-midi et j’en ai ramené un nouveau panier plein de navets.

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Cette méthode de culture me semble particulièrement astucieuse et originale.

Récolte de potirons

Il a gelé la nuit dernière. La première gelée de l’automne. Les potirons n’ont pas souffert, je pense, abrités par le peu de feuillage qu’il leur reste. Mais il est grand temps de les rentrer. Voilà qui est fait en ce qui me concerne, je finis tout juste de les récolter. La production est plutôt bonne malgré une pollinisation par les insectes qui s’est faite « en dents de scie ».

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Si quelques blogueurs sont intéressés par quelques potirons, merci de mettre un commentaire sur ce blog ou de m’envoyer un mail ou de m’appeler. Il suffira juste ensuite de passer à la maison ce week-end. Mais absolument ce week-end : les potirons que je ne garde pas pour moi resteront dehors, je les couvrirai les deux prochaines nuits d’une couverture pour les mettre à l’abri du gel, mais après je ne garantis rien. Et en plus, il y a une petite bière à l’appui. Evidemment !

Radis asiatiques

LE COIN DU JARDINIER (26)
En matière de jardinage, toutes les variétés m’intéressent à priori et je fais chaque année de nombreux essais de variétés anciennes – que je privilégie – mais aussi de variétés plus modernes (notamment des hybrides F1). Ainsi, lorsqu’une variété asiatique de radis a été disponible en France il y a une vingtaine d’années, j’ai aussitôt semé les graines dans le jardin. Depuis, la variété Rose de Chine se retrouve tous les automnes sur ma table.

La culture des radis est difficile car ce légume doit obligatoirement pousser très vite. Il a donc besoin de chaleur et d’humidité et l’automne est bien souvent la meilleure saison pour le récolter. Quand la pluie fait défaut et qu’il fait trop chaud, les radis deviennent durs et trop piquants.

Les variétés asiatiques me semblent avoir de gros avantages sur les variétés plus classiques : la résistance aux fortes chaleurs est meilleure, la taille est nettement supérieure et ces radis sont naturellement plus doux, d’un point de vue gustatif. L’an passé, j’ai cultivé cinq ou six variétés asiatiques avec des résultats assez mitigés, j’avais dû les semer en mauvaise lune et ils avaient poussé « tout en feuilles ». Cette année, la réussite est totale, je commencer à récolter les premiers, notamment une variété japonaise qui s’appelle Minowase Summer Cross.

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Cette variété est étonnante, elle peut atteindre 60 cm de long (il est possible que mes radis atteignent cette taille en fin d’automne car ils poussent « à vue d’oeil » et ma récolte ne fait que commencer). Cette variété est à semer en juillet-août. Il est donc trop tard pour cette année, mais je pourrai donner quelques graines l’an prochain aux jardiniers qui souhaiteraient expérimenter cette variété dans leur jardin.

L’artichaut

LE COIN DU JARDINIER (22)
J’ai toujours eu une admiration sans bornes pour les jardiniers des derniers millénaires qui ont domestiqué les plantes sauvages et qui, au fil des siècles, les ont transformées en délicieux légumes. Qui sait aujourd’hui que l’artichaut n’était à l’origine qu’un chardon méditerranéen. Il a fallu une patience infinie pour améliorer l’espèce sauvage.

Il y a deux mille ans déjà, les romains en avaient fait une plante moins épineuse dont on épluchait la tige pour en manger le coeur moëlleux. Beaucoup plus tard, au XIIème siècle, les jardiniers de l’Andalousie musulmane ont porté leurs efforts de sélection, non sur la tige mais sur la fleur, et ont obtenu les premiers vrais artichauts, proches parents de ceux que l’on consomme aujourd’hui. Lorsqu’il pénètrent en France, vers 1530, ces nouveaux légumes seront considérés comme denrées de luxe. Un bon siècle plus tard, vers 1650, l’artichaut quitte les jardins nobles pour rejoindre les cultures de plein champ et être appréciés par les couches populaires d’une bonne partie de la France.

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Notons aussi qu’un autre légume très proche, le cardon, est issu du même chardon sauvage que l’artichaut mais aura connu au fil des millénaires des voies de sélection différentes, tout aussi longues et compliquées.

Les franc-comtois ont peu l’habitude de cultiver l’artichaut. Sa culture marche pourtant bien dans notre région. Il lui faut cependant de l’espace (1 mètre carré par pied), une terre riche, profonde et bien drainée.

Le point le plus délicat est le maintien en vie de cette plante pendant l’hiver. Il faut la protéger mais elle peut pourir facilement. Il faut donc la recouvrir de terre (ou de paille ou de feuilles mortes) très tardivement (en décembre) et la découvrir le plus tôt possible en fin d’hiver (quitte à la protéger de nouveau en cas de gel prolongé). Mais ça ne marche pas à tous les coups et lorsque vous croyez avoir sauvé vos artichauts, ce sont les campagnols terrestres qui les achèvent. Je ne réussis à les faire passer l’hiver qu’une année sur deux. Il faut parfois de la tenacité pour être jardinier.

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On peut multiplier les artichauts en repiquant les rejets (appelés « oeilletons ») qui poussent au pied de chaque plant. C’est la technique la plus habituelle. Je procède plutôt par semis, c’est une technique qui me permet d’avoir sur catalogue six variétés différentes dans le jardin. Cette technique du semis a comme inconvénient de produire parfois queques artichauts épineux mais permet par contre d’avoir des plants beaucoup plus résistants.

Si l’on oublie de cueillir quelques artichauts, ce n’est pas grave, ils produiront chacun, au jardin ou dans un pot, une fleur magnifique. C’était paraît-il la fleur préférée de Sigmund Freud.

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Des pêches tout l’été

LE COIN DU JARDINIER (21)
Les pêchers poussent mieux dans les jardins que dans les vergers. La raison en est simple : le pêcher aime la terre travaillée (c’est aussi pour cette raison qu’on avait l’habitude de le planter autrefois dans les vignes).

Les franc-comtois cultivent peu de pêchers, hormis la traditionnelle pêche de vigne qui se reproduit à partir de noyau et qui ne nécessite pas de greffage. Pourtant, la plupart des variétés conviennent bien à notre région, pour peu qu’on s’occupe un minimum des arbres : travail au sol et traitement à la bouillie bordelaise contre la cloque qui est la principale maladie du pêcher.

Si la pêche de vigne, au goût savoureux, est bien adaptée à notre région, elle a l’inconvénient de ne donner des fruits qu’en septembre, sur une période très limitée. Or, il est possible de manger des pêches du jardin en continu durant tout l’été. C’est ce que j’ai expérimenté depuis quelques années.

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En tablant sur l’échelonnement des dates de maturité, j’ai ainsi planté six variétés différentes qui produisent des fruits de la fin juin jusqu’au 15 septembre. Voici la liste de six variétés que je conseille et qui permettent donc un très bon échelonnement des récoltes :

May flower (maturité à la fin juin)
Red Haven (première quinzaine de juillet)
Dixired (fin juillet)
Reine des vergers (première quinzaine d’août)
Bon ouvrier (deuxième quinzaine d’août)
Pêche de vigne (septembre).

Les oreilles du diable

LE COIN DU JARDINIER (20)
La mythologie fourmille d’anecdotes mettant en oeuvre des plantes et notamment des légumes cultivés. Ne dit-on pas par exemple que si le persil met longtemps à sortir de terre (parfois 40 jours), c’est parce qu’entre temps il lui aura fallu descendre sept fois aux enfers avant de pouvoir germer (dans le même ordre d’idée : ne dit-on pas aussi que si Dupdup met parfois longtemps à sortir un article, c’est parce qu’il lui aura fallu entre temps descendre sept fois à la cave avant de trouver un peu d’inspiration !)

Je pense que la salade les oreilles du diable tire plutôt son nom de la forme de ses feuilles que d’un quelconque rapport avec la mythologie. Dommage, car j’aime les histoires.

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Je ne sais plus où je me suis procuré cette variété, pas très commune il est vrai. Toujours est-il qu’elle fait partie des salades qui ont la faculté de se reproduire toutes seules dans le jardin. Il suffit de laisser chaque été « monter à graines » un ou deux pieds puis de laisser tomber les graines dans le jardin pour que le processus de production de salades « ad vitam eternam » soit amorcé.

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Les petites plantules issues des graines vont résister au gel l’hiver puis se développer au printemps suivant. Les oreilles du diable seront alors l’un des premiers légumes de l’année. On sait que ce système marche aussi avec la mâche, mais peut-être pourrait-on essayer avec d’autres variétés (Christiane vient de me dire que ça fonctionne aussi avec la salade rouge grenobloise qui passe l’hiver).

Bien sûr, on peut améliorer le système, prélever une partie des graines, les garder au sec et les semer au fur et à mesure de ses besoins. C’est une manière de donner un coup de pouce à la nature. Mais je dois dire que cette idée de variétés qui se ressèment toutes seules, année après année, sans l’aide de personne (finalement, le diable n’a pas besoin de son contraire – le Bon Dieu – pour exister) me plait bien.

J’aime les petites fleurs

Je ne suis pas un grand amateur de fleurs au jardin. Les fleurs cultivées sont en général trop grosses, elles étalent un peu trop leurs couleurs vives. Il y a beaucoup de vulgarité dans les fleurs d’ornement, alors que ce n’est pas le but recherché. Pourquoi l’homme s’acharne-t-il à sélectionner des fleurs de plus en plus grosses ?

J’aime par contre les choses plus nuancées, les fleurs de petite taille. Il y a un mois, les ancolies (dont Maryse et Dom nous avaient donné des graines) fleurissaient. J’ai aimé leur discrétion au jardin … mais j’ai oublié de les photographier.

Je déteste les massifs de pensées qui ornent tous les espaces publics, ronds-points et autres entrées d’hôpital. Mais j’ai un faible pour les toutes petites pensées sauvages que ma grand-mère avait dans son jardin et dont j’ai transplanté quelques pieds (les pieds des pensées évidemment, pas ceux de ma grand-mère !) dans les graviers de notre cour. C’est le domaine réservé de Joëlle qui veille à ce que les mauvaises herbes ne viennent pas trop les envahir. Au rythme où elles progressent, les pensées devraient avoir coloniser toute la cour d’ici deux ou trois ans.

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Je n’ai pas non plus d’affection particulière pour la plupart des roses, ces soit-disant « reines des fleurs ». Beaucoup trop grosses en général. Mais Pascale m’a donné il y a quelques années une bouture de rosier grimpant à petites fleurs blanches qui me convient bien. Au bout de cinq ans, les dimensions sont impressionnantes.

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Dans l’affreuse haie de Tuhya dont j’ai héritée en achetant la maison (et que je n’ai pas encore remplacée), émerge un églantier d’ornement dont les fleurs sont beaucoup plus petites que les vraies roses mais infiniment plus nuancées.

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Je ne connais pas du tout la technique du bouturage (il va falloir que je me penche un peu là-dessus, c’est une technique qui offre des tas de possibilités) mais si un lecteur de ce blog est intéressé par ces deux plantes à bouturer – petit rosier blanc et églantier rose – le jardin lui est ouvert (en contrepartie : un petit cours sur le bouturage, dont je suis preneur !). Avis aux amateurs.

La culture des tomates

LE COIN DU JARDINIER (18)
Celui qui pense que la nature est idéale, idyllique, n’a qu’à se faire jardinier. Il retombera peut-être de haut. Il verra qu’il n’y a rien d’acquis et qu’il y a continuellement une lutte permanente entre les êtres vivants. Il en est ainsi entre le jardinier et les autres animaux amateurs de végétaux. Sept pommiers en espaliers que je cultivais amoureusement viennent d’en faire les frais. Les dents des rongeurs sont trop bien aiguisées pour que l’écorce des jeunes arbres leur résiste. Je trouve les campagnols terrestres que j’hébergeais jusqu’à présent dans mon jardin bien ingrats. Ou alors est-ce eux qui me considèrent, peut-être avec raison, comme un intrus !

Il faut beaucoup de constance et de persévérance pour devenir jardiner et on peut facilement céder au découragement.

Heureusement, le jardin réserve aussi beaucoup de satisfactions. Ainsi, mes tomates vont à merveille et me promettent déjà de fructueuses récoltes. Comme chaque année, les premières seront consommées dès le mois de juin, les dernières fin octobre. Là où les jardiniers dits « normaux » se bornent à manger des tomates pendant deux mois de l’année, les jardiniers passionnés arriveront, quant à eux, à doubler la période de production.

Chaque jardinier possède sa propre recette, son petit truc, qui lui permettra de dépasser les limites habituelles. Le jardinier digne de ce nom n’est jamais avare de renseignements, il aime confier à d’autres les petites astuces qu’il a trouvées seul ou glanées au fil de ses longues années de jardinage.

Pour arriver à produire des tomates sur une longue période, je cultive en général deux générations de tomates. La première est semée très tôt, pendant la première quinzaine de février. Les graines sont placées dans du terreau humide au chaud, dans le salon, à peine recouvertes de terre. Dès qu’elles germent, je les transplante dans ma serre. En aucun cas, elles ne peuvent rester dans la maison, l’excès de chaleur et le manque de lumière les feront grandir trop vite et les pieds seront trop frêles. Lorsque la température risque de descendre sous zéro, j’allume dans la serre une petite lampe au kerdane, ça ne consomme pas grand chose (20 litres par an me suffisent), il ne s’agit pas de chauffer la serre mais juste de garder une température positive. Au bout d’une semaine seulement, je sépare délicatement les plantules et les mets dans des godets individuels. Je transplante à plusieurs reprises les pieds de tomates dans des pots de plus en plus grands au fur et à mesure qu’ils grossissent. C’est l’une des conditions indispensables pour avoir de beaux pieds de tomates. C’est comme une tortue aquatique dans un aquarium, elle ne grossit que lorsqu’on la place dans un récipient plus gros !

Je transplante les pieds de tomate en pleine terre dès la fin mars ou le début avril. C’est très tôt mais je les préserve du gel grâce à un dispositif astucieux que l’on appelle Wallo Water. Grâce à ce procédé ingénieux, les plantes pourront résister en théorie jusqu’à – 10°C (je l’ai déjà constaté de visu jusqu’à – 6°C).

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Le Wallo Water est un épais film plastique formé d’alvéoles que l’on remplit d’eau. Cette muraille aquatique créera en son sein une petite chambre intérieure douce préservée du froid qui permettra à la plante de se développer.

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J’enlève cette protection lorsque les gelées ne sont plus à craindre, le plus souvent fin avril (exceptionnellement le 15 avril cette année). La production de tomates de la saison 2007 s’annonce d’ores et déjà exceptionnelle si j’en juge par la taille des quelques tomates que j’ai déjà (photo réalisée hier).

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Les pieds de tomates sont en général épuisés à l’automne et contractent facilement le mildiou. Les jeunes plants résistent par contre nettement mieux. C’est pour cette raison que je sème une nouvelle génération de tomates courant juin, celles-ci sont généralement moins sensibles au mildiou à l’automne (je dis bien « en général » car il arrive parfois que ça ne marche pas, les attaques par le mildiou sont difficiles à comprendre).

Lors d’un précédent article, j’avais annoncé une rencontre physique entre les personnes qui fréquentent ce blog, autour d’une dégustation de tomates. La date définitive est le mardi 21 août à 18H30. Si chacun amène un petit truc à grignoter et une bouteille, la soirée pourra se prolonger … ! 25 variétés de tomates vous attendent ce soir-là.

La culture des endives

LE COIN DU JARDINIER (16)
La culture des endives est pour moi une nouveauté. Je ne la pratique que depuis l’an passé. Mais je me souviens, que lorsque j’étais tout môme, il y a peut-être 45 ans, j’aidais ma grand-mère à mettre en terre pour l’hiver les précieuses racines.

En raison de son mode de culture qui est très particulier, l’endive est un drôle de légume. La culture de cette salade (qui appartient à la famille des chicorées au même titre que nos scaroles) nécessite plusieurs étapes bien distinctes. J’ai photographié tout au long de l’année ces différentes étapes en vue du présent article.

Les graines de chicorée sont à semer en pleine terre au mois de mai. Au fil de l’été, le feuillage va se développer, de la même manière qu’une autre salade, si ce n’est que l’intérieur du feuillage ne « pomme » pas comme celui d’une laitue. Il arrive parfois que l’un des pieds fleurisse et les fleurs ressemblent alors à s’y tromper aux chicorées sauvages que l’on trouve dans les prés ou sur les abords des routes.

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En octobre ou novembre, vient le temps de la récolte des racines. Celles-ci sont volumineuses et pendant longtemps elles ont servi à obtenir, après torréfaction, la chicorée que l’on mélangeait au café. Ces racines seront débarassées de leurs feuilles (à couper à quelques centimètres au-dessus du collet) puis stockées dans la cave en attendant d’être mises en terre au fur et à mesure des besoins.

Le repiquage consiste simplement à mettre les racines verticalement dans un mélange de terre/terreau humidifé, en laissant la partie supérieure du collet à l’air libre. Attention, la terre ne doit pas être trop humidifiée car les racines pourriraient alors (j’en ai fait la douloureuse expérience l’an passé et je n’a pas réussi cette année à éliminé complétement ce problème).

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Si l’on veut échelonner la production et ne récolter que peu d’endives à la fois, un simple seau, plutôt haut, suffira. Les plantes devant rester à l’obscurité, le seau sera recouvert d’un plastique noir ou d’un autre récipient retourné (ce qui permet dans ce cas d’avoir un volume supplémentaire pour que les endives se développent). Les endives vont se développer en puisant dans les réserves accumulées dans les racines. Au bout de quelques semaines (variable selon la température du local), on pourra commencer de récolter ses premières endives. Ne pas oublier de mettre régulièrement d’autres racines en terre pour avoir une production régulière jusqu’en fin d’hiver et même jusqu’en début de printemps.

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Il semblerait que ce mode de culture très particulier, unique chez les jardiniers, ait été découvert en 1850 seulement par le chef de culture du jardin botanique de Bruxelles, un certain Brézier, qui aurait obtenu son premier « chicon » à partir de la variété de chicorée « à grosse racine de Bruxelles ».

En matière de jardinage, nous resterait-il encore aujourd’hui d’autres découvertes de ce type à faire ?