Dans un commentaire à mon article Valeurs républicaines en danger, Anne me demandait de préciser ma pensée sur les intentions que je prêtais à Sarko de fliquer la société. Finalement, ça m’a donné l’idée de relever dans l’actualité différents dérapages verbaux, prises de position, décisions du nouveau chef de l’Etat, tendances … qui iraient dans le sens d’atteintes aux trois valeurs fondamentales de la République. Il devrait donc y avoir plus ou moins régulièrement sur ce blog des articles intitulés « liberté bafouée », « égalité bafouée », « fraternité bafouée ».
Mon premier article concerne la liberté de la presse.
J’ai beaucoup apprécié les dossiers fondamentaux que le journal Marianne a consacré aux élections présidentielles en nous éclairant notamment sur des aspects troublants de la personnalité de Sarko. J’ai encore plus apprécié le fait que ce journal, dès les résultats du 2ème tour, soit « entré en résistance ». J’ai trouvé que son rédacteur en chef, Jean-François Kahn, était courageux et n’avait pas froid aux yeux. Le ton libre du journal est actuellement une véritable bouffée d’air frais dans le monde médiatique actuel dominé par les muselières.
Or, voilà que Daniel Carton publie un livre « Une campagne off » aux éditions Albin Michel et cite une déclaration de Sarko au directeur du Figaro Magazine lors d’un déjeuner : « Je sais déjà ce que je ferai sitôt à l’Elysée : je m’occuperai personnellement de Jean-François Kahn ».
Liberté de la presse, vous avez dit ?
Alors que j’allais mettre ce petit article en ligne, je tombe ce soir sur un article du Monde qui donne encore un peu plus d’eau à mon moulin. Il relate un autre événement, à savoir une lettre que le syndicat des journalistes du Journal du Dimanche a adressé à Arnaud Lagardère, propriétaire du journal, qui est intervenu auprès de la direction pour qu’un article sur Cécilia Sarkozy ne soit pas publié. Cinq petits extraits de ce courrier :
« Vous êtes intervenu samedi auprès de la direction de la rédaction pour que cet article ne soit pas publié ».
« Nous estimons qu’il s’agit là d’une censure inacceptable, contraire à la liberté de la presse. L’ensemble des journalistes du JDD s’indigne de cette pratique d’un autre âge, d’ailleurs largement dénoncée par l’ensemble de notre profession, en France comme à l’étranger ».
« Vos relations privilégiées avec Nicolas Sarkozy ne sauraient nous contraindre à renoncer une nouvelle fois aux exigences de notre métier. La rédaction du JDD, indépendante, revendique le droit de refuser toute subordination qui voudrait la priver de son devoir d’informer ».
« En l’espace d’un week-end, cette intervention a donné du crédit aux graves accusations portées contre les titres du groupe, soupçonnés d’avoir favorisé la campagne de Nicolas Sarkozy ».
Liberté de la presse, vous avez dit ?