Un article proposé par Luc.
Jadis, oh, temps jadis
S’étendait en mon pays
Une forêt immense
De chênes et de hêtres
De fougères et de clairières
Intimes et mystérieuses.
Le paysage condruzien à bien changé depuis ces temps anciens, et parfois, je me demande si je pourrais supporter maintenant, ces forêts épaisses, sans horizon, qui sont le biotope naturel de la Belgique en général, et de «mon» Condroz en particulier.
Le Condroz est cette bande géologique, de collines légères que borde par le nord, la dépression de la Famenne, évoquée dans le premier article consacré au vieux témoins. C’est une alternance de cultures, (colza, céréales) de vaches et de bois, c’est un mélange étrange d’églises et de granges, pour rependre les mots de Julos Beaucarne.
Ce sont ces petits bois qui aujourd’hui retiennent mon attention.
Je ne sais pas si en France, dans les milieux naturalistes, l’expression est usitée, mais chez nous, sachez que des temps anciens, il nous reste les «lambeaux»…
Essentiellement des lambeaux de prairies calcaires en Famenne, et des lambeaux forestiers en Condroz.
Les lambeaux : le costume des pauvres.
Sur les photos qui suivent, des exemples de ces habits forestiers déchirés.
Souvent, ils persistent dans les endroits les moins confortables: les gerçures de la terre, les parcelles inexploitables.
Ne nous fions pas aux apparences: derrière ces images bucoliques, se cache autre chose. Les trésors de la nature se méritent, nous le savons tous. Ici, pas de tondeuses à gazon, pas de gravier dans les chemins, pas de chemins… L’entrée se négocie.
Une fois passé les clôtures à vaches, les éventuels ruisseaux bordés d’orties, les pruneliers et les aubépines, c’est un autre monde qui s’offre à nous. Un monde de trésors rares, celui des plantes étranges, des animaux mal connus ou mal aimés du grand monde, le monde des blaireaux justement, dont on parle beaucoup sur le Blogadupdup, le monde du mariage du végétal et du minéral, celui du chaos, celui de l’équilibre : le monde de la beauté.
Et enfin, pour les petits malins, ceux qui se sentent un peu cousins avec les blaireaux, les cloportes et les limaces, la récompense est au bout du voyage. Car là où cohabitent la pierre et la mousse, le blaireau et la parisette, la mercuriale le frêne et le charme, se cachent les morilles!!!
Alors, à mon goût, les morilles se mangent comme tous les champignons : le plus simplement possible. Un peu de sel, un peu de poivre, une sacrée bonne dose de crème fraîche, et le tout sur un morceau de pain grillé. Bon appétit!
N’oubliez pas que la morille crue ou mal cuite est toxique et que pas lavée, vous avez toutes les chances de manger un de mes cousins…!!!