Au moment d’écrire un petit mot pour les traditionnels vœux sur ce blog, je suis resté sec devant mon écran. Que dire dans cette période plutôt anxiogène ?
Et puis voilà-t-y pas que Manu m’envoie aujourd’hui un petit florilège des citations de Pierre Dac. Elle sont connues, elles datent de Mathusalem, mais elles me font toujours rire, ou tout du moins sourire.
Alors que vous souhaiter pour affronter les temps qui viennent ? De l’humour bien sûr, de l’amour aussi. Ces deux ingrédients peuvent à eux seuls suffire à concocter de bons petits plats !
Quelques phrases retenues dans les citations de Pierre Dac :
– Il ne faut pas avoir peur des chevaux sous le capot mais de l’âne derrière le volant. – Ce ne sont pas les enfants sur la banquette arrière qui font les accidents, mais bien les accidents sur la banquette arrière qui font des enfants. – L’argent n’a pas d’odeur mais quand on n’en a pas, ça sent la merde. – Quand tu t’adresses à une femme, il faut un sujet, un verbe et un compliment. – La cravate est un accessoire permettant d’indiquer la direction du cerveau de l’’homme. – Les hommes sont comme des arbres : avec l’âge, ils deviennent dur de la feuille et mou de la branche. – Pour les riches : des couilles en or. Pour les pauvres : des nouilles encore. – Le suppositoire est une invention qui restera dans les anales. – Il n’a pas inventé la poudre, mais il n’était pas loin quand ça a pété.
Et puis, comme on ne peut pas commencer décemment une nouvelle année sans musique, restons avec Pierre Dac, accompagné ici de Francis Blanche (il y a tout juste 65 ans) :
Pas facile de faire un article positif par les temps qui courent !
L’actualité ne prête guère à sourire.
Et pourtant « le sourire » !
Tout à l’heure, un disque de Jean-Marie Vivier passait sur ma platine par hasard (enfin presque !). Une chanson que j’avais oubliée depuis des dizaines d’années a glissé dans mon oreille. Elle s’appelait justement « le sourire ».
Parmi les phrases ou les bouts de phrases de la chanson, quelques bribes :
C’est un peu le regard du cœur Celui qui nous vient de l’enfance Le sourire … Il y a celui que l’on reçoit Avant même qu’on ne le donne Et celui qui est maladroit Il arrive même qu’on pardonne D’un sourire …
Mais c’est souvent la seule façon De rompre avec la solitude Un sourire …
Il y a en a qui vous diraient Que c’est le rire en minuscule Que ce n’est rien mais moi je sais Que c’est la vie en majuscule Le sourire
Les citoyens commencent à bien appréhender les conséquences des bouleversements climatiques.
Mais nos décideurs politiques, non !
De grands projets destructeurs d’environnement continuent de naître les uns après les autres : mégabassines, A69, …
Face à l’inertie des pouvoirs publics et à l’urgence climatique, les luttes ne peuvent que se radicaliser. Bien évidemment !
Facile alors pour le pouvoir de dénigrer les opposants, c’est plus simple que de discuter du fond des projets, arguments contre arguments.
La dissolution du collectif « Les Soulèvement de la Terre » en date du 21 juin dernier était une honte pour notre démocratie.
Mais hier 9 novembre, le Conseil d’Etat a annulé cette dissolution.
Une victoire qu’il est important de fêter, ce n’est pas tous les jours … !
Alors, en cette période où l’actualité est bien morose, faites quand même sauter quelques bouchons !!!
Une grand-tante de Joëlle, Jacqueline, a 100 ans aujourd’hui. Elle vie seule, marche, il y a juste une aide extérieure quelques heures dans la journée.
Quand on est allé chez elle en juillet (en région parisienne), on a discuté longtemps avec elle sans la fatiguer.
Jacqueline se souvient avec une précision remarquable de tout ce qu’elle a vécu. Elle peut encore parler, des heures durant, de tas de choses, notamment d’art et de littérature, choses qui l’ont passionnée toute sa vie.
J’ai l’impression que seuls la passion, les centres d’intérêt et les projets qu’on peut avoir permettent d’aller loin dans la vie. Et vous, qu’en pensez-vous ?
Après avoir incité le brave populo à passer à l’électrique (voitures hybrides, pompes à chaleur …), on nous a annoncé hier qu’il va falloir passer dès cet hiver à la sobriété en matière de consommation électrique.
Pourtant, des solutions il en existe, non ?
En voici une, proposée par Paulo …
D’un point de vue visuel, le seul truc qui me gênait depuis ma terrasse était un affreux poteau électrique. Finalement, le temps fait bien les choses et le poteau s’est entouré au fil des années d’un magnifique manteau de lierre. Je crois même pouvoir dire que c’est là le plus beau poteau électrique de France.
Ce serait bien, non, si on laissait les poteaux électriques se garnir naturellement de végétation et devenir des zones de nidification pour fauvettes, merles, pigeons ramiers, tourterelles turques, écureuils … !?!
Je suis en train de trier des photos que j’ai faites à Venise il y a longtemps (en 2009) et que je n’avais jamais pensé à trier. Et, évidemment, comme à chaque fois, je retrouve des images que j’avais complètement oubliées.
Je tombe ainsi des images réalisées au téléobjectif faites depuis le haut du campanile qui domine la place Saint-Marc. Je m’étais amusé à faire des gros plans des toits de Venise et de certaines parties de murs, mis en valeur par la diversité des lumières de la ville, j’avais été époustouflé par l’esthétisme de ces architectures. Une première image :
Chaque année, en cette période de fin d’hiver, moi qui suis si sensible aux premiers signes avant-coureurs du printemps (le noisetier qui fleurit, la grive draine qui chante, l’air qui se parfume d’odeurs …), j’ai envie d’écrire un article sur cette énergie qui arrive d’un seul coup et qui gonfle la poitrine. Et puis, finalement, je n’écris jamais rien sur le sujet, c’est tellement banal ce que je pourrais dire !
Mais ce soir, en lisant une nouvelle de Maupassant qui s’appelle « Au printemps », je tombe sur ces premières lignes qui pourraient exprimer ce que j’ai envie de dire sur le sujet :
» Lorsque les premiers jours arrivent, que la terre s’éveille et reverdit, que la tiédeur parfumée de l’air nous caresse la peau, entre dans la poitrine, semble pénétrer au cœur lui-même, il nous vient des désirs vagues de bonheurs indéfinis, des envies de courir, d’aller au hasard, de chercher aventure, de boire du printemps ».
LA GRANDE LIBRAIRIE (2)
Le 7 septembre dernier avait lieu la reprise de « La Grande Librairie » sur France5 (c’était il y a plus d’un mois, mais, mon âge aidant – ou plutôt n’aidant pas – je suis assez long à la détente). Pari plus que réussi pour Augustin Trapenard, nouvel animateur de l’émission, qui a succédé à François Busnel. Cette émission reste, malgré ce changement, un moment de très grande intelligence et de très grande émotion. C’est le genre de chose qui nous tire vers le haut (ce n’est pas si courant que ça dans le paysage audiovisuel actuel) et que certains de mes amis ne loupent jamais (petit clin d’oeil à Dan et Dom qui me l’ont fait connaître, moi qui ai l’habitude de fuir la télé !). Et il y a toujours beaucoup d’émotions dans cette émission … !
Le fait de pouvoir visionner les émissions en replay est une grande chance, d’un très grand confort (d’autant plus que je serais incapable d’ouvrir la télé à une heure précise). Je pensais que ces émissions ne pouvaient être revues que pendant quelques semaines. Or, il semblerait que dans le cas de La Grande Librairie cela dure bien plus longtemps, vu qu’une partie de la saison précédente peut encore être vue.
La première émission de cette saison a eu pour thème « la réconciliation », thème qui a de l’importance dans ce monde fait de violences multiples. Ecrivains invités de cette émission : Virginie Despentes, Lola Lafon, Laurent Gaudé et Blandine Rinkel.
J’ai adoré. D’où l’idée qu’on en parle éventuellement sur ce blog. Pour accéder au replay, cliquer sur ce lien.
Il y a quelques semaines, j’ai proposé sur ce blog de regarder en replay la vidéo de l’émission « La Grande Librairie » avec Sylvain Tesson.
J’avais été très très intrigué par le passage où il parle des anagrammes. Si vous regardez de nouveau la vidéo (voir ce lien), vous retrouverez l’échange entre Sylvain Tesson et François Busnel au minutage 1H17’25 ». Je pense qu’il est intéressant que vous alliez revoir ce passage, ça ne dure que quelques minutes.
Les mots ont-ils un sens caché ? Les anagrammes ont-ils le pouvoir de les dévoiler ? Jusqu’à présent, j’aurais dit non (pensant que les anagrammes ne sont – au même titre que les contrepèteries – qu’un exercice purement cérébral). Mais les propos de Sylvain Tesson qui parle de Jacques Perry-Salkow ont insinué un profond doute en moi.
Alors j’ai acheté le livre d’Etienne Klein et de Jacques Perry-Salkow qui s’appelle « Anagrammes renversantes » (paru en 2011) et j’ai été subjugué par les exemples donnés. Je vous en donne trois, j’en donnerai sans doute d’autres dans les commentaires : – Albert Einstein : Rien n’est établi – La vérité : Relative – La gravitation universelle : Loi vitale régnant sur la vie
Et le plus étonnant, qui m’a énormément troublé : – Marie-Antoinette d’Autriche : Reine, ta tête a dû choir matin
Il y a très longtemps, en 2006, j’avais écrit un article qui parlait des expressions liées aux fruits et légumes. Cet article, qui était le fruit d’un travail collectif fait par les lecteurs de ce blog, parlait de la signification (parfois coquine) des expressions (exemple : aller aux asperges = faire le trottoir).
Un livre, fort intéressant et paru l’an passé, donne de grandes précisions sur l’origine précise de ces expressions. Alors, si vous avez envie de savoir pourquoi on dit « toucher du bois », « beurré comme un coing », « s’occuper de ses oignons », « tomber dans les pommes », ce livre est peut-être pour vous.
A noter que l’auteur, loin de se satisfaire de l’histoire ancienne, fait souvent référence à des textes plus récents (exemple : « L’homme à tête de chou » de Gainsbourg, « La course à l’échalote » de Zidi), parfois humoristiques.
Et je ne résiste pas à vous livrer cette citation de Pierre Dac, trouvée dans ce livre, qui va vous faire rire (enfin, plus les filles que les mecs je crois …) : « Les hommes sont comme des arbres : avec l’âge ils deviennent durs de la feuille et mous de la branche »
Je ne regarde jamais la télé, à tel point que je n’ai pas vu un seul journal télévisé depuis le siècle dernier (bien que je m’intéresse plutôt beaucoup à l’actualité, je n’aime que la presse écrite car ça va infiniment plus vite pour s’approprier les choses!). Mais, les rares fois où je la regarde, c’est parce que Dan et Dom m’envoient un mail du genre « ce soir émission Trenet sur Arte » ou « Camille Kouchner à la Grande Librairie ». Donc trois ou quatre fois par an, grâce à Dan et Dom (ou à cause d’eux !) j’allume la télévision (ça me convient bien de la regarder de temps en temps, ça me convient très très bien de ne pas la regarder le reste du temps).
Et cette semaine, ce fut à nouveau la Grande Librairie, émission d’une rare intelligence (grâce à François Busnel), qui nous proposait un dialogue, axé notamment sur la mort, avec Sylvain Tesson. Evidemment, comme à chaque fois, je ne souhaite pas qu’une émission télé, aussi exceptionnelle soit-elle, vienne perturber ma petite vie bien tranquille. Alors cette émission-là, comme les autres, je l’ai regardée en replay les jours suivants (c’est très très pratique !!!).
Sylvain Tesson, je dois le dire, c’est ma grande découverte de l’année ! Ce qu’il a raconté dans la Panthère des neiges m’a bouleversé. Et j’ai été très ému par son histoire personnelle, sa chute, sa gueule fracassée, sa force intérieure qui a permis la résurrection …
Il faut avoir un compte personnel (c’est gratuit) pour revoir l’émission. Si cela vous tente, allez sur ce lien, vous devriez trouver facilement :
Juste une petite anecdote que j’ai vécue l’été dernier.
Si l’année 2021 a été plutôt une bonne année pour le jardin, elle ne l’a pas été pour les tomates.
Des amis m’ont amené visité le jardin de Christian au mois d’août. Très beau jardin (dans la droite ligne des jardins d’autrefois, comme je les aime) ! Dans la conversation, j’ai glissé le fait que j’avais réussi à faire quelques dizaines de bouteilles de sauces tomates mais que je n’irais guère plus loin, à cause du mildiou qui commençait d’attaquer tous mes plants. Christian m’a dit « Je verrrai ce que je peux faire ». 1 mois plus tard il m’appelait pour me dire de passer, il m’avait préparé deux magnifiques caisses de tomates d’excellente qualité (j’ai rarement vu des tomates aussi saines), gorgées de jus ! Et lorsque je suis arrivé, il m’a demandé « tu aimes les brocolis ? ». Alors il m’a mis par dessus le marché une grosse caisse de brocolis magnifiques (je n’ai jamais réussi à en avoir d’aussi beaux dans mon jardin).
Ce qui est dingue, c’est que Christian est quelqu’un que je ne vois presque jamais, une fois tous les dix ans peut-être … !
Là où je veux en venir avec cet article, c’est que le don gratuit existe encore dans nos campagnes. Placé dans le contexte de notre vie moderne, cela peut sembler extraordinaire. Mais en fait c’est juste la survivance d’une autre époque où les relations étaient bien différentes dans les villages et où ce type de relations était monnaie courante.
J’ai conscience que ce monde-là, qui est le monde campagnard d’où je viens, est en train de disparaître rapidement. Pas sûr qu’on verra ce genre de choses dans 10 ou 20 ans !
Cet automne je suis allé porter deux sacs de racines d’endives à Christian. Car, bien évidemment, c’est aussi comme ça que ça fonctionne : dans les deux sens !
Putain, ce que j’aime cette manière de faire !
Peut-être qu’un jour un virus fera des dégâts sérieux sur la population de la planète. Mais, visiblement, ce n’est pas le virus actuel qui le fera.
Par contre, bien plus que la crise sanitaire actuelle (qui est bien plus une crise de notre système de santé, de notre système de prise de décision, … qu’une véritable crise sanitaire), je vois arriver un danger bien plus grave : celui de notre système d’alimentation en lien avec le mode de production agricole.
J’ai déjà lu beaucoup d’alertes sur le sujet. Voici un ouvrage important qui est paru en 2020 sur cette problématique et qui synthétise bien les choses.
L’ouvrage « Vers la résilence alimentaire » qui a été produit par « Les Greniers d’Abondance » (collectif d’agronomes, chercheurs, anthropologues, économistes …) et publié aux éditions Yves Michel fait, dans la première partie de l’ouvrage, le point sur les menaces qui pèsent sur notre système de production de notre alimentation :
– changement climatique (modification de la croissance des végétaux, impact sur les ravageurs de cultures, problème de gestion de l’eau),
– érosion de la biodiversité sauvage et cultivée (problèmes de pollinisation, vulnérabilité et manque d’adaptation des plantes, …),
– dégradation et artificialisation des sols (sols érodés de moins en moins fertiles, pollution des sols, urbanisation),
– épuisement des ressources énergétiques et minières (dépendance de l’agriculture vis à vis du pétrole et des engrais, dont on sait qu’ils sont « non renouvelables »),
– instabilité énonomique et politique (niveau d’endettement global = 320% du PIB mondial, pauvreté des agriculteurs qui vendent leurs produits à perte, absence de repreneurs des fermes familiales, concentration de la distribution dans quelques mains …).
Et il faut rajouter à tout ça des tas d’autres choses toutes aussi importantes : le gaspillage généralisé de la nourriture, la spéculation alimentaire au niveau mondial (il y a parfois des bateaux entiers de céréales qui sont bloqués dans les ports, provoquant des pénuries, qui vont faire grimper le cours mondial des produits, c’est d’ailleurs le but recherché) et bien entendu le fait qu’il n’y a plus de lien entre agriculture et territoires (à ce sujet, la revue Zadig, dans son numéro spécial sur l’alimentation d’il y a quelques mois, a montré que dans le Morvan il n’y a que 4% de la nourriture consommée qui vient du Morvan).
Le constat global de ce livre est édifiant.
Ce livre m’a fait prendre conscience que la masse des menaces est telle que le moindre grain de sable qui viendrait perturber la fragile machine (ne serait-ce qu’une augmentation significative du prix du pétrole, une baisse de la croissance ou une crise financière) viendrait paralyser le système.
Je n’aime pas jouer les oiseaux de mauvaises augures, mais la probabilité d’une crise alimentaire majeure me semble importante. Ce sera peut-être dans quelques mois, quelques années, voire une ou deux décennies, mais tous les ingrédients sont là pour dire que cette hypothèse est largement crédible.
Bien sûr, le livre propose des mesures importantes pour sortir de la situation, notamment en lien avec les territoires. C’est la deuxième partie de l’ouvrage. J’en parlerai dans un autre article. Mais pour l’instant, j’avais juste envie qu’on discute du constat de départ.
Petit rappel : à un moment donné (en décembre 2019), j’avais annoncé que je parlerais sur ce blog du livre de Fabrice Nicolino « lettre à un paysan sur le vaste merdier qu’est devenue l’agriculture » mais au final je n’en ai pas parlé (explication : c’était au moment où j’avais annoncé que j’arrêtais le blog). Je sais que certains d’entre vous l’ont lu tout de même. En tous les cas, c’est un très bon complément au livre dont je viens de parler, car il peut aider à comprendre comment notre monde en est arrivé là.
Une partie importante de notre nourriture et de nos boissons est constituée d’aliments fermentés. Mais, ce n’est pas parce que l’Homme s’est sédentarisé il y a dix mille ans qu’il a mis ensuite en place ces types d’aliments. Non, c’est exactement l’inverse : c’est parce qu’il avait découvert la fermentation que l’Homme s’est ensuite sédentarisé. Dit en d’autres termes : c’est la fermentation qui a créé la civilisation et non l’inverse. Etonnant, non ?
Le sujet de la fermentation est très vaste, il touche à des tas de domaines, et j’aimerais entamer une série d’articles sur ce sujet. Je vous parlerai notamment, dans un article à venir, du livre passionnant de Marie-Claire Frédéric : « Ni cru ni cuit – Histoire et civilisation de l’aliment fermenté » (Alma Editeur, 2014, 360 pages). J’avais lu ce livre il y a trois ou quatre ans, je suis en train de le relire.
Voici ce que dit la 4ème de couverture de ce livre : « Nous sommes les descendants de ces hommes et femmes qui ont survécu à tous les aléas, depuis des millénaires, grâce à leurs fromages, leurs poissons saumurés et leurs saloirs remplis de viandes et de chou fermenté. Nous sommes humains parce que nous cuisons nos aliments, certes, mais aussi, et surtout, parce que, depuis encore plus longtemps, nous les faisons fermenter. L’aliment fermenté n’est pas un aliment comme les autres : la fermentation apporte à l’alimentation une sorte de verticalité qui nous conduit dans un autre domaine : la nourriture ne sert plus seulement à sustenter le corps, mais elle acquiert un sens, elle entre dans la dimension des relations humaines, de la mémoire individuelle et collective, de l’histoire, de l’identité des groupes sociaux, voire du sacré. Entre le cru et le cuit, le fermenté a accompagné les humains depuis le début de leur existence, et il est probable qu’il ne s’éteindra pas tant que l’humanité habitera cette terre ».
Mais pour aborder ce sujet très dense de la fermentation, j’avais envie de commencer par quelque chose d’assez léger, plus facile à digérer qu’un pavé de 360 pages, aussi passionnant soit-il. Et la vidéo que je vous propose, qui annonce haut et fort que la bière est à l’origine de notre civilisation (rien que ça !), est une très bonne et très agréable introduction à la série d’articles que j’espère vous proposer prochainement.
Les amateurs de séries sont peut-être passés à côté de la série « Treme » (prononcez : Trémé) parue il y a une dizaine d’années. J’en parle seulement aujourd’hui car on vient juste de finir de la visionner (4 saisons, soit 36 épisodes de presque 1 heure chacun). Cette série est considérée comme une très bonne série, malgré le fait qu’elle n’ait pas eu beaucoup d’audience (elle a tout de même été diffusée en France sur France Ô). Mais la chaîne qui l’a produite (HBO) est réputée pour son engagement militant à faire des séries qui collent à la vie sociale américaine, en tournant de nouvelles saisons, même lorsque l’audience n’est pas au rendez-vous (cette chaîne a produit notamment The Wire, Les Soprano, Six feet under …). L’auteur de cette série, qui avait déjà réalisé The Wire (« Sur écoute ») est David Simon.
Le thème de cette série : la vie à la Nouvelle-Orléans après le passage de l’ouragan Katrina en 2005. La série raconte la vie d’une dizaine de personnes, venues de tous horizons, dans le quartier de Treme. La plupart de ces personnes sont amenées à se rencontrer pendant la série. La vie à la Nouvelle-Orleans est difficile pour presque tout le monde : barmans, cuisiniers, musiciens, enseignants, personnes en recherche de disparus, avocats … La vie est d’autant plus difficile que les croques-morts vieillent. Quand je dis « croques-morts », je veux bien entendu parler de tous ceux qui profitent de la situation chaque fois qu’un malheur s’abat sur le monde, et vous avez donc peut-être deviné qu’on croise aussi dans cette série des politiciens véreux (ouh le beau pléonasme !), des promotteurs, des financiers, des flics corrompus, des compagnies d’assurance, des meutriers, …
Le quartier de Treme est riche de la diversité des gens qui le peuple : noirs, blancs, asiatiques et même des indiens (22 tribus sont recensées à la Nouvelle-Orleans). C’est donc un quartier multiculturel dans lequelle les différentes communautés semblent plutôt bien s’entendre.
Je vous ai cité la plupart des ingrédients qui font de cette série une série très intéressante. Mais le véritable plus de cette série, c’est la musique. Car, bien évidemment, la musique est partout à la Nouvelle-Orléans. C’est quand même la ville de Louis Armstrong, de Sidney Bechet , de Fats Domino, … ! La musique est dans la rue, dans les bars, dans les circonstances difficiles (enterrements) ou heureuses (le carnaval), elle est partout et plusieurs personnages que l’on suit pendant la série sont d’ailleurs musiciens. Il y a du jazz, bien évidemment, du rythm and blues, de la country et plein d’autres musiques. Beaucoup de musiciens jouant dans la série sont de la Nouvelle-Orleans et jouent leur propre rôle (on y rencontre notamment Fats Domino et Dr John qui étaient encore vivants à l’époque du tournage). La série laisse donc une large part à la musique et c’est notamment à travers la vie des musiciens qu’on découvre la vie de la ville (et ses problèmes).
En temps normal je n’aurais sans doute pas parler de cette série ancienne sur le blog. Mais voilà, les séries consacrées à la musique, ce n’est pas si fréquent que ça !
On trouve quelques extraits de Treme sur Youtube, en voici cinq :
Pour amateurs de jazz (qui ne peuvent pas passer à côté de cette série) mais aussi, bien évidemment, pour tous les autres !
Pour celles et ceux d’entre vous qui n’habitent pas trop loin de chez moi, je peux prêter l’intégrale en DVD.
Il y a eu une petite discussion un peu musclée sur ce blog à propos des sportifs, suite à un commentaire dans lequel je disais grosso modo que le sport professionnel n’a aucune valeur significative s’il n’est pas le reflet d’une vie sportive à la base et qu’un pays dans lequel les enfants ne jouent pas au ballon (dans la rue ou ailleurs) n’a pas beaucoup de légitimité pour gagner une coupe du monde. Et j’ai ajouté que si les pays africains nous fournissent en joueurs d’exception (les meilleurs au monde) ce sont avant tout eux qui méritent de gagner les coupes mondiales. Je ne l’ai pas dit avec ces mots-là mais c’est ce que ça voulait dire. Mais c’est sur le fait que j’aie dit que la pratique sportive diminuait en France que les échanges ont été un peu houleux. Tout ça c’est la vie !
Ce nouvel article, que je mets en ligne ce soir, va dans le même sens mais pour un domaine complètement différent : la culture. Mais la comparaison entre sport et culture s’arrête-là car s’il n’y a plus beaucoup de jeunes qui jouent au ballon, il y en a beaucoup qui jouent d’un instrument de musique et le nombre de personnes ayant appris à jouer à un moment ou à un autre d’un instrument est de plus de 20 millions dans notre pays. Mais bon, je ne voudrais pas réduire le sens de mon propos à la musique qui n’est qu’un aspect particulier de la culture.
Notre vie culturelle en France, ce n’est pas le monde des grands artistes professionnels (aussi excellents soient-ils d’ailleurs) mais avant tout le monde des petits artistes qui font vivre au quotidien la musique, la poésie, l’art en général. Et le secteur où j’habite vit, d’un point de vue culturel, grâce à un réseau non seulement d’artistes (amateurs ou professionnels « gagne-petits » qui n’arrivent pas forcément à obtenir le statut d’intermittents du spectale) mais aussi grâce à des structures associatives tenues par des poignées de bénévoles (exemple du Comité d’animation de Voray, dont je fais modestement partie, qui organise à quelques km de chez moi 4 concerts annuels de qualité exceptionnelle).
Lorsque j’ai écrit mon dernier article, celui sur Doumé, c’est avec la même intention de rendre honneur à ce peuple de fourmis, de petites mains, qui maintiennent vivante une certaine tradition de la chanson. Je pourrais dire la même chose, ou à peu près, si je parlais des groupes qui jouent dans les bars (quelque soit le type de musiqsue) ou des chorales qui contribuent à maintenir vivante la transmission de la musique.
La musique ne peut pas aujourd’hui se résumer à des vidéos qu’on regarde sur youtube ou des disques qu’on écoute sur les sites de streaming (tout comme on ne peut réduire la littérature d’aujourd’hui aux derniers Goncourt …). Car ce mode de diffusion, que l’on dit plus moderne, c’est aussi la mort annoncée des artistes (vaste sujet dont on peut discuter). En d’autres termes : le concert vivant avant tout, bordel de m… !
J’en arrive à l’objet de mon article.
Depuis une dizaine d’années, j’ai vu apparaître un phénomène nouveau en Franche-Comté : celui des spectacles à domicile. Peut-être qu’auparavant ça existait ça et là, mais la dynamique de ce genre de spectacle est plutôt récente. Il est bien évident que cela a lieu également dans les autres régions. Mais personne n’en parle (je n’ai jamais vu un seul article sur le sujet dans la presse), alors qu’il s’agit là d’un vrai fait de société, qui donne peut-être même un aperçu de ce que sera une partie de la culture demain. Toujours est-il que depuis une dizaine d’années Joëlle et moi sommes allés dans une dizaine de lieux, souvent chez des amis (Bernard et Brigitte, Thérèse et Jean-Pierre, Monique …). Au total cinq ou six lieux fréquentés régulièrement plus quelques autres. Et nous avons pu y apprécier un large panel de productions artistiques : expos de peinture, chanson française, jazz, flamenco, musique vocale de la Renaissance, musiques expérimentales, poésie, théâtre, … le tout joué aussi bien par des amateurs que des professionnels (d’ailleurs si j’ai pensé à faire cet article c’est grâce à Yves qui a signalé sur ce blog le décès de Morice Benin, et cela m’a rappelé que cet artiste était coutumier des interventions à domicile).
Ce mode de fonctionnement de spectacles « chez les gens » présente plein d’avantages par rapport aux spectacles plus classiques : proximité avec les artistes, très faible coût (souvent juste un « chapeau à la sortie »), public restreint (rarement plus de 30 personnes) et donc beaucoup de convivialité : il y a toujours de bonnes bouteilles à boire, chacun amène souvent un petit plat à partager et l’après-spectacle dure souvent des heures. Et à part les amis qu’on y rencontre, les musiciens qu’on connaît parfois, il y a aussi d’autres personnes qu’on finit par croiser régulièrement et avec qui on noue des relations. Tout ça c’est du bonheur ! Du vrai bonheur !
Le covid a quasiment tué le monde de la culture (c’est sans doute le domaine qui a le plus morflé). Evidemment, les spectacles à domicile ont, eux aussi, énormément souffert de la situation. La culture qui renaîtra dans notre pays aura forcément une autre forme que celle que nous connaissions jusqu’à présent. Peut-être que les spectacles à domicile, qui ont l’avantage de fonctionner avec de toutes petites jauges, ont de l’avenir. Mais avec quels artistes ? Il restera peu d’artistes professionnels. Subsisteront tout de même tous les musiciens et artistes amateurs. ça ne compensera pas la perte mais il faudra bien s’en contenter. Et peut-être que tout va repartir de ce vivier de base. Enfin, on a le droit de rêver …
La petite question que je voudrais poser avec cet article est la suivante : Est-ce que chez vous aussi, dans vos régions respectives, ça fonctionne de cette manière ? Et est-ce que vous sentez que ça pourrait bouger dans ce sens-là ?
Pour terminer cet article, comme j’ai eu l’occasion d’organiser un concert du trio Louki dans la grange désaffectée de mes parents (le 6 septembre 2018), je vais mettre quelques vidéos de mon ami Jean-Pierre qui, accompagné de Pascal et de Philippe, joue régulièrement dans toutes sortes de lieux. Il y récite ou chante quelques textes de Pierre Louki. J’ai trouvé ces vidéos par hasard ce soir (ce sont les seules qui existent a priori), au moment où j’allais mettre mon article en ligne, alors je vous les livre (elles viennent toutes du même concert, je ne sais pas où les vidéos ont été filmées) !
Contexte compliqué pour celui qui se risque à faire des voeux en ce moment. Car 2021 ne se présente guère mieux que 2020.
Il sera difficile de lutter contre la casse énonomique et la casse de notre démocratie. Tout cela est implacablement en marche.
Mais pour ce qui est de la casse des relations sociales, il y a encore bien des meubles à sauver, c’est à chacun de se bouger, et on le peut ! On a des tas de moyens à notre disposition pour maintenir, voire développer les relations avec nos proches, et notamment nos amis. Alors, je vous souhaite avant tout pour cette nouvelle année de très belles relations d’amitiés. Je considère d’ailleurs que le degré de civilisation et le degré d’humanité de chacun peuvent se mesurer essentiellement aux relations fortes que chacun noue avec les autres. Et que relations d’amitié et relations d’amour c’est un peu kif kif finalement (« Entre l’amour et l’amitié il n’y a qu’un lit de différence », Henri Tachan).
Et pour illustrer mon propos sur la prépondérance de l’amitié dans nos vies, une chanson qui a beaucoup d’importance pour moi, à travers une petite séquence filmée qui est une vidéo d’anthologie. Ce petit film est chargé d’émotion, notamment parce que Brassens (pétri d’humanité, son visage nous le raconte) ne sait pas, au début de la chanson, qu’il a derrière lui des amis musiciens qui s’apprêtent à jouer.
Peut-être que cette vidéo préfigure d’autre choses sur ce blog, si c’est le cas j’en dirai plus dans quelques semaines.
Les plus anciens d’entre nous se souviendront sans doute qu’à un moment donné – je crois que c’était avant 2010 – on proposait aux habitués du blog de lire un livre et d’en discuter ensuite.
J’aimerais beaucoup renouer avec cette tradition.
Alors, si certains d’entre vous ont envie de revivre cette expérience d’échanges, je vous propose d’acheter, ou d’emprunter à la bibliothèque la plus proche, ou même de voler (mais ne dites pas que c’est moi qui vous ai donné l’idée !) un livre de Fabrice Nicolino (paru en 2015) qui s’appelle « Lettre à un paysan sur le vaste merdier qu’est devenue l’agriculture ». Ce n’est pas un livre qui coûte cher (6,50 €). C’est un ouvrage écrit sur un sujet qui me touche beaucoup (évidemment, je viens du monde paysan).
Alors, si vous êtes partant, lisez-le. On en parlera ensuite entre nous, je ferai un article sur le sujet dans la deuxième quinzaine de janvier (mais si Christophe, Etincelle, Yves, Maïvon, otto lilienthal, Michel … lisent le bouquin d’ici là et veulent faire l’article en question, je cède évidemment la place). Un bon mois donc devant nous. De quoi vous laisser largement le temps de lire ce bouquin qui se dévore en très peu de temps.