Effectivement, comme plusieurs le rappellent sur ce blog, l’ensemble de la vie sociale et politique est victime d’une certaine peopolisation (pour ne pas dire disneylisation, comme nous le rappelle Robert). Nous n’en sommes pas encore à Carla poussant la chansonnette au congrès de l’UMP mais le fait que son disque ait été distribué au conseil des ministres par le Président lui-même montre que la tendance est là.
Le spectacle est aussi de mise à chaque élection américaine et le grand barnum qui s’est déroulé à Denver pour l’investiture d’Obama est dans la logique des choses, ce serait le contraire qui nous aurait surpris. J’aurais aimé un peu plus de retenue chez les démocrates …
Au-delà du côté guignol de ces investitures, n’en demeurent pas moins les discours. Et si les médias français ont surtout retenu le côté show-bizz de cette investiture, marquée notamment par le soutien d’Edward Kennedy dont c’est peut-être le dernier grand discours (son cancer ne lui laissera peut-être pas le temps de voir le résultat de cette élection), il n’en demeure pas moins que le combat se fait avant-tout au niveau des idées. Car c’est bien deux conceptions de l’Amérique qui s’affrontent. Notamment sur la question de la santé. Car le système de santé américain, que certains portent aux nues, est un échec cuisant. Edward Kennedy lui-même, qui est ce que l’on appelle un « libéral pur jus » a axé une partie de son discours sur ce désastre patent et pense que l’enjeu d’aujourd’hui est de « garantir que tout Américain bénéficie de soins de qualité, que l’assurance-maladie soit un droit fondamental et non plus un privilège réservé aux mieux lotis ».
Il en est souvent ainsi avec le libéralisme. On fait miroiter que le fait de transférer au privé quelque chose qui est d’intérêt public (la santé, l’énergie…) va améliorer le fonctionnement et le résultat s’avère souvent catastrophique. Pis : lorsque ça ne va plus, le privé fait appel à la puissance publique pour résoudre ses problèmes. Il en sera probablement ainsi dans les mois qui viennent et l’on parle déjà de la probable nationalisation des deux plus grandes banques américaines qui ont bu le bouillon avec la crise des subprimes. Et il n’est pas inutile de rappeler qu’en France aussi, contrairement à l’idée répandue, ce sont bien les entreprises qui bénéficient le plus des largesses de l’Etat… « Je veux bien être libéral, oui, mais quand même, un peu d’assistanat au patronat, ça ne fait pas de mal … »