Très bonne conférence que celle donnée par Jean-Pierre Hérold vendredi dernier. Le thème était « les poissons de la vallée de l’Ognon ». J’y ai appris des tas de choses. Par exemple que la carpe-amour était un poisson suceur. Avec un nom pareil, j’aurais dû m’en douter !
Ce qui m’a le plus impressionné, c’est d’apprendre que 30% environ des espèces recensées ne sont pas originaires de la vallée. 30%, c’est énorme. Ainsi, sur une quarantaine d’espèces, plus d’une douzaine ont été introduites par l’Homme, dont certaines se sont si bien acclimatées qu’elles donnent l’impression d’avoir toujours été là. Il en est ainsi des carpes introduites il y a plusieurs siècles par les moines qui voulaient manger du poisson tous les vendredi, jour où il était interdit de consommer de la viande. Ou de la perche-soleil originaire d’Amérique du Nord et implantée en France par des Sociétés d’Acclimatation vers 1870.
Plus tard viendront le poisson-chat (Etats-Unis) au début du 20ème siècle, le black-bass (dans les années 30-40), la truite arc-en-ciel (Montagnes Rocheuses, Etats-Unis), la carpe-amour (Chine), le silure (pays de l’Est), le sandre (Mer caspienne), la carpe koï (Japon), l’omble de fontaine (Amérique du Nord), l’esturgeon et le pseudorasbora (Japon).
Certaines de ces espèces finissent par se réguler et à vivre dans une certaine harmonie avec le milieu (le sandre par exemple), d’autres n’ont pas encore atteint ce niveau d’équilibre et sont en progression inquiétante (silure), d’autres encore trouvent dans notre rivière des eaux trop froides qui les empêchent de se reproduire (black-bass).
Le problème dépasse évidemment le cadre de l’Ognon. Ainsi, les rivières de Franche-Comté ont vu apparaître 17 espèces, toutes introduites par l’Homme, et disparaître 5 espèces, toutes autochtones. A priori, sur un plan comptable, le bilan est plutôt positif et la biodiversité a augmenté. C’est indéniable. Sauf que les 5 espèces qui ont disparu sont des espèces qui sont menacées partout ailleurs. Et que les espèces apparues sont, à part probablement l’esturgeon, des espèces qui sont largement représentées et florissantes sur le reste de la planète.