Aïe, aïe, aïe, Vincent et plusieurs autres bloggeurs sont partis en congés. Il ne devrait donc pas y avoir beaucoup de commentaires à mes articles dans les semaines qui viennent. Tant pis, j’en profite pour écrire deux ou trois trucs qui, de toute façon, n’auraient pas susciter beaucoup de commentaires.
Par exemple, si je vous parle de la sortie des disques Live du Grateful Dead, ça ne va pas vous dire grand’ chose.
Pour ceux qui ne le savent pas, le Grateful Dead, alias « le Dead » pour les habitués, fut l’un des plus grands groupes rock du monde, de par l’ampleur de ses concerts et du phénomène aux Etats-Unis. Son influence et sa notoriété furent pourtant faibles de ce côté-ci de l’Atlantique, excepté auprès d’un certain public « soixante-huitard » (attardé ?) dont je fais peut-être partie.
Né dans le contexte hippie californien des années 60, en même temps qu’un autre groupe mythique le Jefferson Airplane, il fut de toutes les expériences de l’époque : psychédélisme, mysticisme oriental, activisme politique d’extrême gauche, expériences communautaires, consommation de drogues, …
La musique de Grateful Dead, qui se voulait au départ une sorte de laboratoire musical, est influencée par de nombreux genres : blues, rock, country, bluegrass, sans oublier le free jazz et les musiques électroniques. Le groupe était réuni autour de la personnalité exceptionnelle du chanteur-guitariste Jerry Garcia, accompagné de musiciens hors-pairs dont un autre chanteur-guitariste : Bob Weir.
Le Grateful Dead était avant tout un groupe de scène où les concerts étaient marqués par une symbiose exceptionnelle entre les musiciens et le public. Le groupe avait son propre public qui le suivait pendant toutes ses tournées. Celles-ci étaient gigantesques et ressemblaient à une foire ambulante, les concerts de plusieurs centaines de milliers de personnes n’étaient pas rares, commençaient parfois à la tombée de la nuit pour ne finir qu’au petit matin… pour mieux reprendre le soir suivant (de nouveaux baffles s’ajoutaient jour après jour et leur assemblage finissait par ressembler à une montagne de dix mètres de haut). Ces concerts prenaient un peu l’allure de grand’ messes, duraient au moins trois heures, devant un public qui semble-t-il n’était jamais lassé et qui restait aussi nombreux au fil des années. Et celà a duré … près de trente ans. Ce type de concert est resté unique dans toute l’histoire de la musique. Un site internet propose aujourd’hui en ligne les enregistrements mp3 de … 2 500 concerts.
Jerry Garcia, adepte de la consommation de cocaïne, fut retrouvé mort dans sa chambre d’hôtel en 1995 et le groupe cessa alors ses activités (les musiciens survivants du groupe ont alors « repris du service » sous le nom de The Other Ones et ont continué à faire vivre la musique du Dead. Je ne sais pas si ce groupe existe encore aujourd’hui).
L’ingénieur du son Dick Latvala, qui officia sur la plupart des disques du Dead et qui était responsable de leur son spécial, entreprit d’archiver avec minutie les enregistrements qu’il avait réalisés. Latvala est mort en 98 mais ses enregistrements sont actuellement publiés en CD à un rythme assez rapide et s’appellent Dick’s Picks (« les prises de sons de Dick »). 35 volumes ont déjà été publiés, la plupart des concerts de cette collection font trois CD, parfois 4. Ce sont, comme je l’ai dit plus haut, des concerts-fleuves dont les morceaux font parfois 23 minutes. La fluidité de la guitare de Jerry Garcia et la sérénité qui se dégage de cette musique font que la plupart de ces disques sont envoûtants (ils me laissent parfois la même impression que des ragas indiens). Nul besoin de fumer la moquette pour apprécier cette musique à sa juste valeur, les notes se suffisent à elles-mêmes. Parmi les 35 volumes de la collection, peu sont commercialisés en France, on consultera donc avantageusement un site américain comme allmusic.com.
On peut aussi découvrir la musique du Grateful Dead par le disque culte American Beauty (dont on peut écouter des extraits sur Amazon.fr), bien que ce disque « studio » extraordinaire soit nettement plus country que le reste de la production. S’il fallait que j’emmène 10 CD sur une île déserte (dans la mesure évidemment où il y aurait l’électricité pour les écouter, ce qu’on oublie toujours de préciser), j’emmènerais assurément American Beauty. Il y trônerait en bonne place à côté de Hendrix, de Léo Ferré, de Jean-Sébastien Bach … sans oublier bien sûr Dylan sans qui le Grateful Dead, bien entendu, n’aurait jamais existé. On y revient toujours … ! Chassez le Bob, il revient au galop !