Une eau à boycotter

L’eau du robinet a de plus en plus la faveur du public. Ce changement d’attitude a démarré l’an passé lorsque l’Académie de Médecine l’a plébiscitée en affirmant par ailleurs que l’eau en bouteille n’était pas la panacée. Et puis il y a eu ce scandale étouffé dont j’ai déjà parlé sur ce blog : l’Université d’Heidelberg en Allemagne avait analysé les principales eaux minérales européennes, et il apparaissait que neuf eaux françaises contenaient jusqu’à 200 composés chimiques. Le principal accusé parmi ces composés était l’antimoine (dont les doses sont parfois 160 fois supérieures à celles du robinet) qui est un métal suspect, dont on ne connaît pas grand-chose, si ce n’est que sa toxicité semble proche de celle de l’arsenic.

Les industriels cherchent donc à faire face à cette désaffection du public. A court d’arguments, le groupe Castel (qui possède 1/4 du marché des eaux embouteillées) vient de mener une campagne ignoble pour vanter les bienfaits de son eau (marque Cristaline). Je vous laisse découvir le panneau publicitaire qui s’étale depuis une semaine à 1400 exemplaires sur le territoire français :

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Les bornes ont été dépassées par le groupe Castel dans son communiqué de presse : « Accepteriez-vous de boire une eau dont une partie peut être issue du retraitement des eaux usées ? ». Rarement on a vu une campagne publicitaire aussi éhontée. D’ailleurs, le comité de déontologie du Bureau de Vérification de la Publicité a donné un avis défavorable à cette publicité mais Cristaline a opté pour le maintien de sa stratégie.

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Voilà, cette info était juste un élément de plus à verser au dossier du lobbying des grands firmes de l’agro-alimentaires (car la publicité mensongère n’est-elle pas l’une des formes les plus insidieuses du lobbying ?).J’imagine d’ici la tête de mes amis, lecteurs de ce blog : « Qu’est-ce qu’il raconte Dupdup à essayer de nous faire croire qu’il boit de l’eau ? Une dupduperie de plus ? ». Non, non, je les rassure : l’eau ne m’intéresse que très très moyennement, qu’elle soit du robinet ou en bouteille. Je suis juste soucieux de la santé des lecteurs de ce blog, ma démarche ne va pas plus loin, et je continuerai évidemment à boire de nombreuses petites mousses avec les amis.

Tiens, au fait, à propos de bières, vous connaissez celles qui sont produites par le chanteur Robert Charlebois (Charles boit ?), propriétaire d’une brasserie ? Je viens de déguster la Maudite, la Don de Dieu, la Fin du Monde et quelques autres. Je vous les conseille toutes.

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Premier anniversaire

Pour mon cadeau de Noël 2005, Stéphane m’avait offert « l’installation et la configuration de mon blog ». A l’époque, je ne savais même pas ce qu’était un blog. Et en plus, je venais juste de lire un article du Monde disant que … 95% des blogs n’étaient jamais lus et n’avaient jamais de commentaires. Très engageant et très encourageant ! J’ai mis quelques semaines avant de prendre la décision d’écrire ou de ne pas écrire des articles. Et puis, il fallait bien que j’assume ce cadeau de Noël, je me suis donc lancé et j’ai écrit mon premier article le 17 janvier 2006, il y a un an exactement, jour pour jour.

Je ne savais pas où cette aventure allait me mener. Et je dois dire que je ne sais pas plus aujourd’hui !

Les premiers commentaires, dès le premier article, m’ont encouragé et je me suis alors mis à écrire sur les sujets qui me trottaient dans la tête et qui tournaient toujours autour des mêmes thèmes : la musique, la nature, le jardinage et (un peu) l’actualité.

Je me suis un peu plus investi lorsque d’autres blogueurs se sont aussi pris au jeu, ajoutant commentaires sur commentaires, mon blog a été pris l’été dernier d’une certaine frénésie. Il a fallu que j’arrête (provisoirement) ma galerie d’images (voir ci-contre) que je renouvelais tous les jeudis soirs pour arriver à suivre le rythme que mon blog m’imposait par ailleurs. Aujourd’hui, l’administration de mon blog me livre les statistiques suivantes : 223 articles en un an, 2 883 commentaires, 15 663 visites (dont 1 521 on duré plus d’une heure !), 92 723 pages consultées et maintenant plus de 600 visiteurs différents chaque mois.

C’est un blog assez atypique finalement car il n’a pas de thème unique. Ceux qui me connaissaient en tant que passionné de nature ont dû être déboussolé en tombant sur un article consacré à Bob Dylan. Ceux qui partagent mes nombreuses passions musicales ont dû tomber des nues en tombant sur un article sur la culture des carottes. Mes amis rockers ne m’imaginaient pas trop passionné par Bach, Ferré ou Miles Davis et la mésange charbonnière n’a pas dû trop les brancher. Mais bon, ce blog restera toujours ainsi fait, il vivra au rythme de mes passions et celles-ci ne sont pas du tout en train de se restreindre ou de s’émousser avec l’âge, bien au contraire.

Le blog est un truc frustrant. A peine les commentaires sur un article commencent-ils de devenir intéressants qu’ils sont aussitôt recouverts par l’arrivée d’un nouvel article puis d’un deuxième, un troisième … Lorsque l’article en question arrive en 5ème ou 6ème position sur le blog, le thème de la discussion s’arrête (parfois au bout de 138 commentaires, le record) puis ressurgit quelques mois plus tard lors d’un nouvel article. La vie d’un blog est ainsi faite, elle a son propre rythme, ses propres contraintes, c’est la vie qui se déroule dans sa fugacité même. Le plus dur a été d’accepter cette frustation permanente, ce mouvement continu qui casse ce qui a été construit. Un article et ses commentaires, c’est un peu comme un château de sable sur la plage que les vagues viennent progressivement détruire.

Autre chose frustrante : de nombreuses personnes que je connais vont régulièrement sur ce blog, parfois quotidiennement, mais n’osent pas mettre en ligne un seul commentaire. J’aimerais tant qu’elles franchissent le pas !

L’un des aspects les plus troublants de ce blog est l’impact des écrits sur sa propre perception des choses. On écrit par exemple un article un peu pamphlétaire sur le sport et voila que des commentaires très argumentés, faits par des lecteurs chevronnés (n’est-ce pas Nico, Vincent ou Roland ?), viennent vous apporter un éclairage différent et nuancer votre point de vue. Le monde n’apparaît plus aussi en Noir et Blanc, le gris et les teintes nuancées y ont leur place. Cela a été pour moi mon principal enseignement de l’année.

Peut-être que certains l’ont compris mais ce blog a quelque peu changé ma vie. Des nouvelles relations, j’allais dire des complicités, se sont tissées. Et ces relations n’ont rien de virtuel. Des blogueurs qui ne se connaissaient pas vont maintenant chanter Brassens ensemble, se retrouvent parfois pour boire une bière (enfin, c’est toujours un peu les mêmes et j’en fais toujours partie) ou lors d’une soirée de découverte musicale chez les uns ou les autres. Je ne m’attendais pas à avoir s’installer autant de relations concrètes et durables grâce à internet.

Me voilà donc reparti pour une année. Pas de changement de cap pour cette année si ce n’est une petite expérimentation en février avec Roland, conférencier dans le cadre de l’Université ouverte de Besançon, qui dialoguera avec nous tous sur les sujets de ses trois conférences (consacrées à l’environnement). Pour le reste : zoziaux, bières et zique. Comme d’hab’, quoi !

Merci à tous ceux qui, par leur participation active, par leur simple lecture ou parfois par un simple mot, m’ont aidé dans ce projet. Encore merci à Steph pour ce beau cadeau de Noël. Et merci à Joëlle qui « supporte » toutes les heures que je passe maintenant devant l’écran.

Environnement : le silence des intellectuels

La planète agonise mais rien, ou presque, n’a vraiment bougé jusqu’à présent dans notre pays. Pourtant, des générations d’hommes de valeur, auréolés de leur pratique de terrain, nous avaient mis en garde depuis longtemps : René Dumont, Jean-Yves Cousteau, Paul-Emile Victor, Théodore Monod, Haroun Tazieff, Jean Dorst…

Dans le bruissement médiatique actuel, il semble impossible de faire entendre sa voix. La science est devenue trop cloisonnée aujourd’hui pour qu’on puisse reconnaître à ses représentants la capacité d’avoir une vision globale des problèmes. Albert Jacquard (philosophe), Pierre Rhabi (agronome), Edgar Morin (philosophe) Serge Latouche (économiste), Gilles Clément (paysagiste et écrivain) ont beau s’égosiller, la sauce ne prend pas et ne prendra jamais. Il semblerait donc qu’il n’y ait point de salut en dehors des médias. Ce qu’ont bien compris d’ailleurs Nicolas Hulot, Yann Arthus-Bertrand, Hubert Reeves et quelques autres. Il ne viendrait à personne l’idée de leur jeter la pierre, la médiatisation de la cause de la Terre est peut-être l’ultime recours, l’écologie politique ayant failli, en attendant le temps bien improbable où les Terriens changeront en profondeur.

Il y a un mois, Télérama avait soulevé le problème du silence des intellectuels français sur la question de l’environnement. C’est vrai que ce silence est inexplicable a priori. On sent bien qu’il va falloir tout réinventer, redéfinir les rapports entre l’Homme et l’environnement, redonner du sens à la vie. C’est peut-être la première fois que l’Homme se trouve confronté à un enjeu aussi important. Il ne s’agit plus aujourd’hui de simplement cantonner le débat à un niveau technique, sur les questions de la grippe aviaire, des esthers de glycol, du nucléaire ou de la diminution de la ressource en eau (même si ces débats sont primordiaux) mais bien de repenser entièrement le système, notre système de vie, dans toutes ses composantes. Il ne s’agit plus de « s’enfermer dans une vision pûrement esthétique de la nature comme s’il ne s’agissait que d’un tableau » mais bien de remettre à plat nos rapports avec notre environnement, à la lumière de ce que nous sommes devenus et savons aujourd’hui. Dans ce débat, le monde intellectuel devrait avoir une place de choix, qu’il n’a pas su occuper.

L’article très intéressant de Télérama, écrit par Weronika Zarachowicz, met l’accent sur les deux derniers siècles et sur l’idée de DEVELOPPEMENT qui règne en maître sur la pensée française. L’intellectuel français est l’héritier du siècle des Lumières. Pour lui, les principales références sont « le progrès et la raison, la croissance et l’accumulation des richesses indéfinies » alors que finalement ces valeurs perpétuent « un humanisme non écologique et un développement techno – économico – scientifique ».

Ces considérations sont probablement vraies en ce qui concerne les intellectuels français, mais je pense que, d’une manière générale, la difficulté à réagir de l’ensemble de la population est à rechercher beaucoup plus loin. Pour survivre, l’Homme a dû, pendant des centaines de milliers d’années, se battre contre la nature et l’asservir (tout du moins dans notre société occidentale). L’idée de l’homme dominateur de la nature est à rechercher très loin, elle constitue l’essentiel de l’histoire de l’humanité. On ne passe pas du concept « dominer » à celui de « composer avec » en quelques décennies seulement. C’est pourtant bien ce que nous sommes aujourd’hui dans l’obligation de faire, faute de crever rapidement et faute d’avoir su anticiper à temps.

Le drame, c’est que nous allons nous poser de vraies questions au moment même ou d’autres civilisations (notamment chinoises et indiennes) sont ent train de faire le chemin inverse. Elles, qui avaient forgé au fil des millénaires un art de vivre basé sur l’harmonie entre l’homme et la nature (la nature étant source en elle-même de spiritualité), viennent de succomber aux charmes des sirènes du monde occidental.

La culture des endives

LE COIN DU JARDINIER (16)
La culture des endives est pour moi une nouveauté. Je ne la pratique que depuis l’an passé. Mais je me souviens, que lorsque j’étais tout môme, il y a peut-être 45 ans, j’aidais ma grand-mère à mettre en terre pour l’hiver les précieuses racines.

En raison de son mode de culture qui est très particulier, l’endive est un drôle de légume. La culture de cette salade (qui appartient à la famille des chicorées au même titre que nos scaroles) nécessite plusieurs étapes bien distinctes. J’ai photographié tout au long de l’année ces différentes étapes en vue du présent article.

Les graines de chicorée sont à semer en pleine terre au mois de mai. Au fil de l’été, le feuillage va se développer, de la même manière qu’une autre salade, si ce n’est que l’intérieur du feuillage ne « pomme » pas comme celui d’une laitue. Il arrive parfois que l’un des pieds fleurisse et les fleurs ressemblent alors à s’y tromper aux chicorées sauvages que l’on trouve dans les prés ou sur les abords des routes.

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En octobre ou novembre, vient le temps de la récolte des racines. Celles-ci sont volumineuses et pendant longtemps elles ont servi à obtenir, après torréfaction, la chicorée que l’on mélangeait au café. Ces racines seront débarassées de leurs feuilles (à couper à quelques centimètres au-dessus du collet) puis stockées dans la cave en attendant d’être mises en terre au fur et à mesure des besoins.

Le repiquage consiste simplement à mettre les racines verticalement dans un mélange de terre/terreau humidifé, en laissant la partie supérieure du collet à l’air libre. Attention, la terre ne doit pas être trop humidifiée car les racines pourriraient alors (j’en ai fait la douloureuse expérience l’an passé et je n’a pas réussi cette année à éliminé complétement ce problème).

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Si l’on veut échelonner la production et ne récolter que peu d’endives à la fois, un simple seau, plutôt haut, suffira. Les plantes devant rester à l’obscurité, le seau sera recouvert d’un plastique noir ou d’un autre récipient retourné (ce qui permet dans ce cas d’avoir un volume supplémentaire pour que les endives se développent). Les endives vont se développer en puisant dans les réserves accumulées dans les racines. Au bout de quelques semaines (variable selon la température du local), on pourra commencer de récolter ses premières endives. Ne pas oublier de mettre régulièrement d’autres racines en terre pour avoir une production régulière jusqu’en fin d’hiver et même jusqu’en début de printemps.

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Il semblerait que ce mode de culture très particulier, unique chez les jardiniers, ait été découvert en 1850 seulement par le chef de culture du jardin botanique de Bruxelles, un certain Brézier, qui aurait obtenu son premier « chicon » à partir de la variété de chicorée « à grosse racine de Bruxelles ».

En matière de jardinage, nous resterait-il encore aujourd’hui d’autres découvertes de ce type à faire ?

La ségolitude de Madame Royal

Etonnant comme la presse a glosé autour des déclarations de Ségolène Royal sur la muraille de Chine et sur ce fameux mot bravitude qu’elle a employé ! On pourrait croire que le sujet ne revêt pas une grande importance. Et bien non ! Ce non-événement a entraîné des réactions innombrables.

C’est en premier lieu un député UMP qui a ouvert le feu suivi par de nombreux journalistes. Mais le feu nourri s’est en partie retourné contre ses auteurs ; en effet, il a semblé rapidement qu’il ne s’agissait peut-être pas d’une énorme faute de français mais tout simplement de l’invention osée d’un nouveau mot qui serait une contraction de Bravoure attitude, c’est à dire un peu dans la lignée de Positive attitude employée jadis par un âne du Poitou mais avec – il fallait oser le faire – la contraction en plus. L’explication est à peine tirée par les cheveux mais semble du domaine du possible et même du probable car c’est sans hésitation et même avec un certain délice que Ségolène Royal semble avoir prononcé ce méfait linguistique. Un homme politique a même déclaré sans rire « Je suis un peu envieux, j’aurais un peu aimé inventer ce beau mot. Le mot est beau, il exprime la plénitude d’un sentiment de bravoure. L’inventivité sémantique fait partie de la capacité d’un candidat à parler une autre langue que la langue de bois ». Cétait signé Jack Lang-de-Bois, vous l’aviez probablement reconnu.

Les réactions des lecteurs du Monde ont été très contrastées. J’ai lu le terme de nullitude employé à l’égard de Ségolène Royal. Certains ont été choqués de voir que les critiques et arguments de la droite se confinaient à ce niveau aussi bas. D’autres n’ont trouvé dans ce mot bravitude qu’un stratagème utilisé par Ségolène Royal pour couvrir la vacuité et la platitude de sa visite en Chine. En soulignant le fait que le mot bravitude était déjà fort employé par les internautes et dans certains jeux vidéos, certains lecteurs du Monde ont montré du doigt à la fois les députés UMP qui ignorent déjà l’usage de ce mot et Ségolène Royal qui se donne la paternité d’un mot qui vient d’ailleurs.

J’ai lu tellement d’opinions contrastées que j’ai du mal à me faire une idée et je dois avouer que je n’ai pas trop d’avis sur la question (une fois de plus, diront certains, alors pourquoi est-ce qu’il nous balance des articles sur son blog ?) mais je pense que Ségolène Royal est très forte en stratégie et en communication et que rien n’est laissé au hasard. Le coup était probablement prévu, et une fois de plus, la petite polémique l’aura servie (avec de tels mots, elle se forge une image plutôt djeune). Dommage, car si ses propos l’avaient isolée, j’aurais inventé le mot ségolitude. Enfin, voilà qui est fait de toute façon, le mot est inventé, même s’il ne sert à rien.

Hiboux moyens-ducs

Petit appel de Régis jeudi dernier : “j’ai trouvé un dortoir de hiboux moyens-ducs, y’en a vingt ou trente, ça t’intéresse de venir ?”. Et comment, ça m’intéresse ! Depuis longtemps, je rêvais de voir ces rassemblements. Je savais que de telles concentrations d’oiseaux hivernants existaient, favorisées généralement par des pullulations locales de campagnols, mais je n’avais jamais eu l’occasion de repérer un seul dortoir. Pourtant, ce n’est pas faute de m’être baladé en hiver.

Avant-hier, nous nous sommes donc retrouvés, avec Anne et Nico, à l’entrée d’un petit village proche de Besançon. Avant même d’avoir garé ma voiture, j’avais remarqué deux formes allongées dans l’un des conifères. Après un examen rapide, nous avons pu comptabiliser rapidement cinq hiboux depuis le bord de la route, mais quelques autres se sont malheureusement envolés. Le feuillage était très dense et il est probable que beaucoup d’autres étaient encore cachés à l’abri des branches. Dans la longue-vue, l’image etait superbe, les hiboux nous fixaient avec attention, avec des yeux étonnés. Les conditions lumineuses étaient très mauvaises, je n’ai pas réussi à faire de bonne photo. Heureusement, Nico m’en a aussitôt adressé une qu’il m’a autorisé à publier sur ce blog.

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Cela me rappelle une petite anecdote. C’est en février 79 que j’ai observé pour la première fois de ma vie cet oiseau, dans des circonstances plutôt particulières. Un moyen-duc épuisé était bizarrement en train de barboter dans une petite mare. Je l’ai pris délicatement, l’ai posé sur un piquet mais il n’a pas réussi à s’envoler.

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Je me souviens avoir ramené l’oiseau chez moi et l’avoir passé au sèche-cheveux. Après plusieurs jours de nourrissage, l’oiseau avait repris des forces. Lorsqu’il a commencé de voler dans la cuisine et d’arracher les rideaux de la fenêtre, j’ai estimé qu’il était temps de le relâcher sur le site même où je l’avais trouvé. J’ai retrouvé tout à l’heure le cliché fait au moment de l’envol, il est de très très mauvaise qualité, abîmé en plus par des tas de poussières. Mais bon, c’était mon premier sauvetage d’oiseau !

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Nashville Skyline (2)

TRADUCTION LIBRE DE LA CHANSON “ONE MORE NIGHT”

Merci encore à Jean-Louis qui nous accompagne toujours dans cette saga Dylan avec ce mois-ci une nouvelle traduction de l’une des chansons du disque NASVILLE SKYLINE :
Il s’agit de la chanson ONE MORE NIGHT.

Voir le texte en anglais et écouter 30 secondes de la chanson.

Une nuit encore

Cette nuit encore, on peut voir les étoiles
Mais cette nuit je suis aussi esseulé qu’on peut l’être !
Oh, la lune est si brillante

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Nashville Skyline

DISCOGRAPHIE DE BOB DYLAN (9)
La saga Dylan continue. Nous sommes en 68 et Dylan vient donc de sortir un disque apaisé, fortement teinté de folk et de country : John Wesley Harding. Depuis deux ans, il n’est plus vraiment dans son époque, se désintéresse des mouvements musicaux pop qui foisonnent et soigne sa vie privée, avec Sarah et ses deux enfants, loin de la foule.

Bien que menant une vie presque recluse, entrecoupée de musique avec les musiciens du groupe The Band, Dylan entretient des relations très étroites cette année là avec Johnny Cash, le géant de la country. Cash vient de traverser de sombres années, il est en complète renaissance. Dylan aussi. Les deux hommes se voient très souvent.

Lorsque Dylan entre en studio en février 69 pour enregistrer Nashville Skyline (dont on peut écouter ici 30 secondes de chaque chanson) avec des musiciens country de Nashville, Johhny Cash fait naturellement partie des musiciens qui l’accompagnent. Plus tard Robert Shelton dira que « Nashville Skyline est le reflet public de la relation privée existant alors entre Cash et Dylan ». Les deux hommes chanteront ensemble sur la première chanson du disque Girl of a north country (que Dylan avait déjà chantée en 63 et qui sera popularisée en France par Hugues Aufray sous le nom de La fille du Nord).

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Le disque contient le célèbre Lay Lady Lay qui deviendra un tube (j’avais quinze ans et c’était le premier morceau de Dylan que j’entendais, je me rappelle plus tard m’être exercé à jouer la très belle suite d’accords de ce morceau). La plupart des chansons du disque sont très country, le deuxième morceau est d’ailleurs un instrumental – le seul instrumental, je crois, de la carrière de Dylan – et ce disque fait parfois un peu « cow-boy ».

La voix de Dylan est inhabituelle, elle ne ressemble plus du tout à ce qu’elle était, elle lui est presque supérieure d’un octave. Beaucoup de gens qui n’aimaient pas autrefois la voix éraillée et nasillarde de Dylan ont aimé ce disque. C’est presque une voix de musique de variétés. Mais que les fans se rassurent, la voix d’origine reviendra ultérieurement (chez Dylan, chassez le nasillard, il revient au galop !).

Les paroles ne sont pas engagées, il s’agit plutôt de chansons d’amour gentillettes qui désorientèrent le public à la sortie du disque. La première réaction très répandue fut « Comment peut-il nous laisser tomber ainsi ? A déverser tout son amour sirupeux pendant qu’on s’amène défoncés vers « son » Woodstock ? ». Les critiques soulignèrent « ce qui manque à l’album : la constestation, l’amertume, la drogue, le ton branché. Comment peut-il nous faire ça ? ». Plus tard, Dylan avouera dans ses mémoires que le coup était calculé pour se « débarasser d’une réputation trop envahissante et des fans qui vont avec » (source : Robert Shelton). Les fans déçus avaient donc raison, il s’agissait bien d’un bras d’honneur de la part de Dylan.

Chose étonnante : six semaines après sa parution, le disque était classé numéro un des ventes.

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Autre surprise : c’est à la suite du succès de ce disque que des tas de musiciens venus du monde de la Pop sont venus enregistrés dans les studios de Nashville (qui étaient jusque là réservés aux seuls musiciens country).

C’est en grande partie grâce à Dylan qui avait fait de Woodstock son lieu de résidence, que cette petite ville fut choisie pour le grand festival qui eut lieu en juillet 69 (se reporter à l’article que j’ai écrit il y a une dizaine de jours). Mais Dylan en fut le grand absent, il n’y eut que son ombre qui plana pendant toute la durée du festival. Il ne se sentait plus vraiment citoyen de Woodstock, il était devenu depuis quelques temps « citoyen d’honneur de Nashville ».

Ce que le public n’a pas su à l’époque, c’est que le soir même de la fin de l’enregistrement de Nashville Skyline, Bob Dylan et Johnny Cash sont restés en studio, à jouer juste pour le plaisir et qu’ils enregistrèrent ensemble une quinzaine de chansons (ces raretés circulent actuellement sur le net et je peux prêter l’intégralité des enregistrements). Par ailleurs, tous deux ont réalisé une petite prestation de sept duos devant les caméras, dont un seul (One too many mornings) sera autorisé par Dylan à la diffusion.

Les vidéos de Dylan auxquelles vous aviez cru pouvoir échapper !

Comme à chaque premier week-end du mois, je m’apprête à présenter l’un des disques de Dylan. Je parlerai donc demain du 9ème disque Nashville Skyline.

Lorsque j’ai écrit les huit premiers articles, qui couvrent les années 61 à 67, je n’avais pas encore découvert le site Youtube qui permet de visionner toutes sortes de documents musicaux et je n’ai donc pas eu le loisir d’agrémenter mes textes de petits documents vidéos. Dommage diront les uns (ceux qui auraient apprécié d’avoir des témoignages filmés de ces années cultes), tant mieux diront les autres (ceux que je commence de gonfler avec ce Dylan qui ne chante même pas en Français et qui a une voix pourrave).

Et bien, c’est aussi à l’intention de ces derniers, qui avaient crû pouvoir échapper au pire, que je présente ici un petit florilège des vidéos disponibles sur les premières années Dylan. Attention, il s’agit de documents d’époque, la qualité technique n’est pas au rendez-vous :

Blowin’ in the wind filmé en 63 (+ un document de Joan Baez interprétant la même chanson).
Ballad of Hollis Brown (filmé en 63).
Man of a constant sorrow (filmé en 63).
With God on our side (filmé en 63).
Girl from the north country (filmé en 64).
The times, they are a-changin’ (filmé en 64).
All I really wanna do (live 64).
It’s all over now, Baby blue (64?).
Don’t think twice, it’s allright (filmé en 65).
To Ramona (live 65).
Maggie’s farm, lors du passage de Dylan à l’électrique au festival de Newport en 65.
One too many mornings (live 66).
Like a rolling stone (live 66).

A demain donc pour un nouvel article.

Retour sur l’année 2006

Chaque année, au début janvier, on a droit au regard que jettent les médias sur l’année précédente. Tous les journaux sont d’accord pour dire que l’un des événements les plus importants de l’année 2006 a été la crise du CPE, la coupe du monde de football et le coup de boule de Zidane. Je ne sais pas si vous vous y retrouvez dans ce genre d’analyse faite en jetant un coup d’oeil rapide dans le rétroviseur. Moi pas du tout.

S’il fallait que je cite le truc qui m’a fait le plus rire dans l’actualité 2006, ce serait inconstestablement le départ de Johnny vers la Suisse, non pas que nous en soyions enfin délivré (quoique … !), mais surtout parce que plusieurs journaux (de droite essentiellement) ont comparé sa fuite vers l’étranger avec celles des cerveaux. Il fallait oser le dire.

S’il fallait par contre que je cite le truc qui m’a fait le moins rire et qui demeure l’un des événements les plus graves de l’année, je parlerais de la guerre Israël/Liban, pas de la guerre en entier mais seulement des tous derniers jours. Car ce qui est arrivé est une escalade de plus vers la barbarie. Essayons de nous rappeler, bien que les journaux en aient à peine parlé.

Fin juillet, on savait que la guerre allait se terminer de manière imminente, un accord avait enfin été trouvé. Pourtant, profitant des dernières heures de guerre officielle, les Israéliens avaient alors sauvagement pillonés le sud Liban avait des bombes à fragmentation. On considère qu’un million deux cent mille bombes ont été tirées.

La particularité de ces bombes est qu’elles n’explosent pas toutes lors du choc. Il en restera ainsi près de deux cent mille qui gardent toutes leur potentiel destructeur et qui, au fil des années, vont tuer ou mutiler des paysans et des enfants libanais. Trente après, si l’on en croit ce qui se passe encore au Laos aujourd’hui, la tuerie continuera.

Ces bombes, que l’on appelle « sous-munitions » font l’objet d’un vide juridique international. Enfin presque, car ces bombes qui sont considérées comme « non-discriminantes », ne peuvent, d’après la loi, être utilisées contre des civils, il s’agirait alors dans ce cas d’actes pouvant être qualifiés de « criminels ». Cet été, l’Etat israélien a donc bien agit de manière criminelle.

Evidemment, les américains, qui possèdent un milliard de bombes à fragmentation, qui sont les principaux fournisseurs d’Israël et qui ont utilisé eux-mêmes les mêmes bombes sur Bassora pendant la guerre du Golfe, n’on rien dit. Idem ou presque de la communauté internationale. Il me semble pourtant que le chef de l’Etat israélien, qui a donné l’ordre de ce bombardement et qui s’est félicité publiquement de la mort par pendaison de Saddam Hussein, présentait lui aussi toutes les caractéristiques pour être jugé par une cour internationale pour crime contre l’Humanité.

Et vous, qu’est-ce que vous avez retenu de l’actualité 2006 ?

Meilleurs voeux en musique

Avec Brassens, l’année 2006 s’était terminée en chanson sur ce blog. Pourquoi ne pas aussi commencer 2007 avec encore un peu de musique (d’autant plus que depuis que j’ai découvert deux sites qui proposent plein de vidéos, je vais de découverte en découverte) ? Voici donc quelques révélations américaines récentes que je vous propose en ce jour de l’an :

– Conor Oberst, jeune prodige de 26 ans, qui a déjà 7 albums à son actif publiés sous le pseudo beaucoup plus connu de Bright Eyes dans une version live de Let’s not shit ourselves (cliquer sur les liens en bleu).

– Devendra Banhart, personnage mystique, excentrique, bizarre et fascinant, âgé seulement de 25 ans (bien que paraissant beaucoup plus), interprétant Sight to behold.

– Mary Gauthier dans un clip intitulé Mercy now (en général, je n’aime pas les clips, mais bon, une fois n’est pas coutume).

Meilleurs voeux. Avec un immense plaisir pour moi de vous retrouver pendant toute cette année 2007 sur ce blog (ou ailleurs autour d’un verre).

Discographie de Brassens (5)

Il y a un mois, j’ai entrepris de parler sur ce blog des différents disques de Brassens, les douze de l’intégrale vinyle Philips. Et, en toute logique, j’ai commencé par le n°1. Mais comme nous sommes une quinzaine de personnes à nous retrouver tous les mois, depuis septembre dernier, pour chanter les chansons de Brassens et que nous en sommes déjà au disque 5, je suis en train de revoir mon plan. Finalement, histoire d’être plus en phase avec ce que fait notre petit groupe musical, je passe directectement au disque n°5. Tant pis, je parlerai plus tard des disques 2, 3 et 4.

Ce disque n°5 est peut-être le plus court de la discographie de Brassens, il ne contient que 10 chansons enregistrées entre 1956 et 1960 (Le vieux Léon – La ronde des Jurons – A l’ombre du coeur de ma mie – Le pornographe – La femme d’Hector – Bonhomme – Le cocu – Comme une soeur – Le père Noël et la petite fille – Les funérailles d’antan).

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Parmi ces dix chansons, Le Vieux Léon a ma préférence. D’abord parce que c’est l’une des deux plus belles valses qu’ait composé Brassens (l’autre étant incontestablement La Marine sur le 1er disque). Et puis, je dois dire que c’est la chanson qui m’a le plus usé les phalanges, à force de la gratter sur la guitare… depuis trente cinq ans ! Enfin, je dois dire que j’aime en général les rimes courtes et celles-ci ne font que quatre pieds, un vrai délice à l’oreille « Y’a tout à l’heur’, Quinze ans d’malheur… ».

Parmi les autres chansons, j’aime beaucoup Les funérailles d’antan qui nous parle d’un monde qui était en train de disparaître à l’époque où Brassens a écrit cette chanson, un monde où l’on prenait le temps de vivre et aussi celui de mourir. Ce texte me parle particulièrement car, dans le petit village de mon enfance, le corbillard était tiré par un cheval. Et comme le cimetière était à un kilomètre de l’église, ça durait, durait longtemps.

Une troisième chanson, La Ronde des Jurons, est également très axée sur le passé. Les jurons d’autrefois, que Brassens nous énumère, valent bien notre Merde devenu si omniprésent (que Brassens ne cite pas dans cette chanson, celà eut été dommage, mais qu’il réserve un peu plus loin pour la chanson Le pornographe). Brassens était, à mon avis, un homme entièrement tourné vers le passé, et ce disque en est la plus grande illustration.

Le disque comprend deux très beaux portraits féminins : La Femme d’Hector qui nous fait étrangement penser à La Jeanne (que Brassens interprètera quelques années plus tard) et Bonhomme qui est une très belle chanson sur le thème de la fidélité.

Après le thème de la fidélité, vient en contrepoids celui de l’infidélité avec lequel Brassens s’amuse dans la chanson Le cocu. Avec ce texte, Brassens inaugure une série de chansons sur le thème de l’adultère, thème qu’il retournera dans tous les sens et pour lequel il imaginera les situations les plus cocasses (viendront donc plus tard sur d’autres disques La traîtresse, La femme adultère et Lèche-cocu).

On retrouve sur ce disque plusieurs petites chansonnettes, petites histoires dont Brassens a le secret. Ainsi Comme une soeur et surtout A l’ombre du coeur de ma mie et Le père Noël et la petite fille, toutes deux chargées de beaucoup de poésie.

Et vous, ça vous inspire ce disque ?

Cadeaux à revendre !

Il y a trois jours, un article du Monde m’a fait sauter au plafond. Il était consacré à la revente des cadeaux de Noël qui se généralise, notamment sur les sites Priceminster et eBay. Il semblerait que 39% des internautes trouvent que l’idée a du bon et envisagent d’avoir bientôt recours à cette pratique.

Aujourd’hui, je ne saute pas au plafond, je le traverse littéralement. Je viens de recevoir un mail d’Amazon intitulé « vos cadeaux peuvent vous rapporter gros » et qui commence ainsi : « Cher Amazonaute, même le père Noël peut se tromper de cheminée… Ne stockez pas : vendez vos cadeaux sur Amazon.fr. Simple et rapide, la mise en vente est gratuite ! ».

La société de consommation dans sa forme la plus caricaturale ! L’argent est devenu la seule valeur reconnue. Notre société a-t-elle perdu tout sens du Sacré pour en arriver à considérer comme normal de monnayer les cadeaux de ses amis ?

Fleur de Noël

Hier, Joëlle a trouvé une fleur dans notre pelouse. Oh, pas une grosse fleur, une petite fleur insignifiante qui semble être du genre polygala, mais une fleur tout de même, ce qui a de quoi surprendre le jour de Noël.

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Le 23 décembre déjà, je m’étais posé quelques questions. J’étais allé écouté Stéphane, Mélanie et Vanessa qui donnaient un concert dans la petite chapelle de Charcenne. Quelqu’un avait posé un bouquet de fleurs de forsythias sur l’autel. Des forsythias en fleurs en décembre, deux mois et demi avant leur date de floraison normale ?

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Le 24 décembre, autre surprise : une fauvette à tête noire dans un buisson près de chez moi, alors que cette espèce est censée hiverner sur le pourtour du bassin méditerranéen. Ce jour-là, j’avais entendu une chouette hulotte à … 4 heures de l’après-midi. Et puis, aujourd’hui, je m’aperçois que tulipes et narcisses sont déjà sortis de terre.

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Voilà, si certains doutaient de la réalité des changements climatiques, vous pouvez aussi vous reporter au site internet que nous a conseillé Anne et qui fournit la preuve d’une réelle évolution.

Les années Woodstock

J’ai toujours aimé la musique de la fin des années 60. Ces années ont été marquées par ces fameux festivals qui accueillaient parfois des centaines de milliers de personnes. Le plus célèbre est de loin celui de Woodstock, devenu mythique (ne parle-t-on pas de la génération Woodstock ?) mais il y eu aussi celui de Monterey en 1967 (le premier festival pop) et celui de l’île de Wight en 1970.

Outre la musique de ces années là qui me touche particulièrement (j’avais une quinzaine d’années à cette époque), je dois dire que ce qui me frappe le plus était la faculté qu’avait cette génération là à écouter toutes sortes de musiques, y compris celles qui étaient aux antipodes les unes des autres. Il n’y avait pas de cloisonnement entre les différents genres. Ceux qui écoutaient Leonard Cohen ou Joan Baez étaient les mêmes que ceux qui écoutaient Hendrix ou Led Zep, Otis Redding ou Ravi Shankar.

Je visionne régulièrement les DVD de ces festivals et j’ai souvent envie d’en parler sur ce blog mais ça n’intéresse au mieux que ceux qui connaissent déjà. Mes écrits ne diraient rien à ceux qui n’ont pas eu l’occasion de visionner les images ou qui ne connaissent pas ces musiques. Comment faire pour résoudre ce problème ? Jusqu’à présent, je ne savais pas trop où trouver les images de ces concerts, mais par bonheur, je viens de découvrir – c’est tout frais, ça date d’hier – le site dailymotion.com qui est une vraie mine en matière de documents musicaux. Dornéavant, dans mes prochains articles, je devrais donc pouvoir mettre des liens avec certaines vidéos.

En attendant d’autres articles, voici une petite sélection de vidéos tirées des festivals des années 60 (il suffit de cliquer sur les noms écrits en bleu pour les visionner) :

– festival de L’ILE DE WIGHT : prestation très émouvante de Leonard Cohen.

– festival de WOODSTOCK : les cinq « incontournables » (à mon goût) : Joe Cocker et son célèbre With a little help from my friends (adaptation d’une chanson des Beatles), Richie Havens (qui a ouvert le festival) et sa chanson improvisée Freedom (la deuxième moitié de la vidéo), Carlos Santana et son jeune batteur de 17 ans (Michael Shrieve) dans une version époustouflante de Soul sacrifice, Ten Years after et son Goin’ home passé dans la légende et bien évidemment Jimi Hendrix jouant au petit matin du dernier jour du festival un hymne américain déstructuré alors qu’une bonne partie du public était déjà parti.

– festival de MONTEREY : la prestation complète et hors du commun d’Otis Redding peu de temps avant sa mort (les images du public sur le dernier morceau Try a little tenderness illustrent bien l’esprit pop de l’époque).

Voilà, j’espère simplement que tout le monde pourra lire facilement ces petites vidéos.
JOYEUX NOEL en compagnie de Sinead O’ Connor ou d’un petit dessin animé pour celles et ceux qui ont envie de rire.

Adieu Pierre Louki

Avant hier soir, je rentre chez moi, très heureux d’être enfin en vacances. Mais il y avait un drôle de mail qui m’attendait : « sale nouvelle, Pierre louki est mort cette nuit ».

Ma découverte de Pierre Louki date du 1er avril 1973. C’était l’année de mon bac et j’étais venu, avec Joëlle, écouter Brassens au Théâtre de Besançon, l’unique fois d’ailleurs où j’ai assisté à l’un de ses spectacles. Assez curieusement, je n’ai pas de souvenir vivace de Brassens ce soir là. Peut-être parce que j’étais encore sous le coup de la première partie. Il y avait en effet un grand gaillard déguingandé qui chantait sur scène des chansons drôles et émouvantes : Pierre Louki.

Dans les jours suivants, je me rappelle avoir acheté un disque vinvyle que j’ai ensuite écouté des dizaines de fois « Le disque d’or de Pierre Louki ». J’ai adoré sur cet album les histoires drôles du grand-père caché dans un placard, du cousin d’écosse qui ne voulait pas écosser les petits pois et les très belles chansons tendres que sont « les mots du vocabulaire » et surtout « Qui viendra me dire bonsoir ? ». Depuis, les chansons de Louki ne m’ont jamais quitté.

Beaucoup plus tard, ayant appris en 1998 que Louki passait dans un petit village près de Château-Chinon, Joëlle et moi avons fait l’aller retour dans ce petit village de Corancy où Louki se produisait. Louki n’en revenait pas que nous ayons fait des centaines de kilomètres pour venir l’écouter. Depuis ce jour, il nous appelait « les fous de Haute-Saône ».

Avec Jean-Pierre, bisontin dont Louki m’avait donné les coordonnées, et Smaïn, un autre larron, nous avons organisé la venue de Louki le 29 septembre 1999 au Petit Kursaal. 400 personnes pour un concert inoubliable. Louki avait alors … 79 ans.

Pierre Louki donnait très peu de concerts. Mais souvent, Joëlle et moi partions à Paris dans le seul but de l’écouter : je me souviens avec beaucoup d’émotion de ses récitals à Sevran, au nord de Paris, puis ceux donnés à l’Espace Kiron et à la Maroquinerie. Et puis quelques pincements de coeur aussi en repensant aux quelques lettres de Pierre, surtout en 2002 alors que je traversais une mauvaise passe au niveau santé.

Cette année là, j’ai eu la chance de gratouiller quelques notes, chez lui à Montreuil, sur la guitare que lui avait offerte Brassens … la guitare qui avait fait le célèbre récital de Bobino 72. Ce jour-là, Pierre nous avait chanté a capella, à Jean-Pierre et moi, quelques chansons qu’il espérait pouvoir enregistrer sur un prochain disque. Odette, la femme de Pierre, était là. Mais l’année suivante, nous nous retrouvions dans ce petit cimetière de Brienon à la mort ce celle qui avait été la compagne de toute une vie. Pierre retrouva alors un peu de courage pour publier il y a deux ans un ultime opus au titre prémonitoire de Salut la compagnie. La sortie de ce disque fut l’occasion de donner un concert à Beaucourt. C’était alors notre dernière rencontre.

Mardi dernier, Pierre Louki dédicaçait encore son dernier ouvrage Confidences dans une librairie parisienne.

Il y a maintenant déjà deux jours que Pierre est mort et aucun mot n’a été dit dans la presse. Rien d’étonnant puisqu’elle l’avait ignoré toute sa vie durant !

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(photo Christian Berjon)

Par le plus grand des hasards – mais était-ce vraiment un hasard ? – en folâtrant ce matin sur le net, je tombe sur une très belle vidéo ou Pierre chante dans les années 70 Mes copains. Pure moment d’émotion pour moi.

Bien sûr, je consacrerai dans les temps qui viennent une série d’articles à Pierre Louki.

La Haute-Saône à l’honneur

Après le Kenya, retour dans nos contrées franc-comtoises. Ou plutôt la Haute-Saône exactement. Ici, pas de lions dans des parcs nationaux, simplement des Haut-saônois que l’on regarde parfois comme si le département tout entier était un immense zoo, une « réserve d’indiens » avec ses autochtones que l’on regarde parfois avec condescendance, comme s’ils étaient derrière des grilles. Le problème des grilles, c’est qu’on ne sait jamais vraiment si l’on est soi-même à l’extérieur ou à l’intérieur.

Je n’aime pas trop les livres qui parlent du terroir, ça sent toujours trop le dépliant touristique. On y retrouve toujours les mêmes images éculées du passé, l’église machin, la fontaine truc bien proprette. Bref, quelque chose d’aseptisé à 100%. Toutes les collectivités locales aiment vendre cette image lyophilisée de leur territoire. Sans aucune honte en général, et même avec fierté en bombant le torse. D’ailleurs, tous les ouvrages de ce type qui paraissent présentent tous en dernière page les logos des financeurs de ces publications.

Pour une fois, j’aurais bien aimé trouvé au dos du livre que viennent de sortir deux de mes amis, le logo du Département de Haute-Saône. Mais non, Anne et Jérôme n’ont pas réussi à forcer les portes qui auraient dû leur être naturellement ouvertes.

Ce livre intitulé « paroles et champs » met en parallèle des paroles de paysans d’aujourd’hui et des photos des paysages que ces travailleurs de la terre entretiennent (tiens donc, c’est en écrivant cette phrase que je fais, pour la première fois, la relation étroite qu’il y a entre ces deux mots « paysans » et « paysages » ; pour être fils et frère de paysan, je n’ai pas à être très fier de cette découverte faite à plus de 50 berges).

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Il y a beaucoup de poésie dans ce livre. D’abord dans les images qui sentent à plein nez l’odeur de l’herbe coupée (prédisposés au rhume des foins, s’abstenir !) et qui vous recouvrent de givre ou de brume haut-saônoise.

Et puis, il y a aussi dans cet ouvrage les mots tous simples des paysans qui nous montrent leur quotidien et leur regard sur la nature. On y sent une vie entièrement marquée par le rythme des saisons « Quand on entend les oiseaux chanter, on tient le bon bout », parfois un regard amusé sur le mode de vie moderne « Aujourd’hui, on court partout. Quand il y a de la neige, les gens ne courent plus ».

Le temps qu’il fait et la nature sont au centre des préoccupations quotidiennes « Dès qu’il y a un rayon de soleil, il faut se sauver, tu peux pas rester enfermé comme çà ! », « Qu’est-ce que le mauvais temps ? C’est le temps qui dure trop longtemps ! » Mais on sent aussi poindre une certaine revendication à vivre à son propre rythme « Par contre, faut pas venir à deux heures quand je fais la sieste, j’ai une sieste à faire, je fais une sieste. D’ailleurs, je suis un homme à siestes », une faculté rare à apprécier des choses tellement simples qu’elles semblent hors de notre époque, hors du temps « J’aime bien voir manger les vaches, c’est beau, elles trient, elles ont une façon de manger ». Bien sûr, certaines phrases vous feront rire mais elles sont tellement réalistes ! « L’été chez nous, c’est pas beau, c’est trop chaud, d’abord le vert est bien moins vert et de temps en temps, il est jaune ».

Finalement, on retrouve aussi dans ce livre les lions d’Afrique pour qui il n’y a pas de vie possible en dehors du territoire « Je ne me suis jamais posé la question d’aller vivre ailleurs ». « Ma femme voudrait bien partir en vacances, mais pour aller où ? »

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Ce très beau livre de 96 pages en quadrichromie est en vente chez les deux auteurs : Anne Millet et Jérôme Marcel, 11 rue de la Grange du Bas – 25170 CHEVIGNEY au prix de 19 euros, franco de port.

La faune du Kenya à l’honneur

Le Kenya est l’un des pays les plus riches au monde de par sa biodiversité. Mon ami Samuel Delon s’est passionné pour la faune de ce pays et en ramène chaque année des photos époustouflantes.

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J’ai assisté à plusieurs de ses conférences et expositions et j’en suis toujours ressorti ébahi par la qualité des documents présentés.

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La prochaine conférence aura lieu demain soir mardi 19 décembre à 20h30 à l’amphi A, Fac de Sciences, la Bouloie, Route de Gray à Besançon. A ne pas manquer. Sous aucun prétexte !

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(les 3 photos sont publiées avec l’aimable autorisation de Samuel)

Le blues de Sonny Boy

Image en noir et blanc. Pièce austère au décor très sobre. Au milieu, un grand bonhomme à l’allure déguingandée. Et qui semble un peu étranger à notre monde.

Le son de l’harmonica retentit. Première notes longues et plaintives. Puis un rythme lancinant qui s’installe. Caméra hésistante qui zoome lentement pour s’arrêter sur un visage étonnant. La voix retentit. Un peu lasse mais si émouvante. Les trois mots répétés ressemblent à un hymne incantatoire Bye bye Bird, Bye bye Bird, … Devant le visage, les mains évoluent de manière incroyable. A-t-on déjà vu des mains pareilles ? Les doigts se lient, se délient et jouent une danse reptilienne autour de l’harmonica. Ils semblent presque faire l’amour à l’instrument. Le corps est animé de mouvements chaloupés. L’homme fait corps avec sa musique. Le deuxième couplet est aussi dénudé. Pendant que résonnent les trois mots Bird I’m gone, la caméra refait le chemin inverse. Zoom arrière donc. L’harmonica est alors planté dans le bouche et les mains continuent ailleurs leur travail : les doigt claquent puis les mains se frappent.

La danse hypnotique se termine en douceur. Dos voûté, saluant timidement le public, Sonny Boy Williamson quitte le champ de la caméra sur la pointe des pieds. Le coeur du spectacteur bat alors très fort.

Scène filmée en 1963, avec une seule caméra. Sobriété de moyens typique de l’époque. Et qui sied à merveille à cette musique dépouillée. Toute la magie du blues condensée dans trois minutes d’émotion.

Galerie d’images « en stand by »

Dans l’un de ses commentaires, Vincent me demande pourquoi j’ai arrêté de mettre de nouvelles séries photographiques sur ma galerie d’images (voir ci-contre la rubrique « coups d’oeil »). Aurais-je fait le tour de la question ?

Non, car j’ai probablement 20 000 diapos qui dorment dans mon armoire. Je pense que parmi elles, il pourrait y avoir encore quelques centaines, voire même mille ou deux mille photos que je pourrais mettre en ligne.

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(tiens, au fait, vous avez réussi à trouver le nid du petit gravelot sur la photo ?)

J’ai cru que j’arriverais à tout gérer : le blog + la galerie d’images. Il me fallait 3 heures chaque jeudi soir pour trier les diapos, les scanner, réduire leur taille informatique, les mettre en ligne. Trois heures, c’était à la limite de ce que je pouvais faire. J’ai tenu six mois, jusqu’en juillet.

Et puis, au cours de l’été, certaines personnes qui avaient beaucoup de vacances (des enseignants, suivez mon regard …) se sont mises à mettre beaucoup de commentaires sur mes articles. J’ai trouvé passionnant de pouvoir participer aux échanges, je me suis un peu pris au jeu, c’était très prenant en temps et j’ai dû délaisser ma galerie d’images.

Et puis, je dois dire que ces photos font partie pour moi du passé. Beaucoup ont été faites dans le début des années 80. Il me semble que c’était il y a très très longtemps. A 52 berges, d’autres activités m’attendent encore. Et il y a trop de choses à découvrir dans ce foutu monde !

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La photo est quelque chose de passionnant, mais je ne suis pas trop dans ce truc là en ce moment, c’est tout. Je fonctionne un peu comme ça, au rythme de mes passions. Celles-ci ne s’émoussent jamais avec le temps, elles s’éclipsent par moment pour laisser la place à d’autres. Mais c’est pour mieux ressurgir plus tard. Rendez-vous donc pour de nouvelles images dans quelques semaines, quelques mois … ou quelques années !