Troisième et dernière conférence de Roland lundi dernier à la fac de lettres à Besançon. Il y a beaucoup de matière à discuter dans cette troisième conférence et je me permets donc de scinder le propos en deux articles. Je ne parlerai donc des OGM et de la conclusion de Roland que dans la deuxième partie de l’article qui ne sera mis en ligne que la semaine prochaine (vendredi soir 2 mars).
La deuxième conférence ayant traité des introductions délibérées d’espèces étrangères dans les milieux naturels (avec ce fameux exemple de la perche du Nil), Roland s’est attardé lundi sur l’INTRODUCTION INVOLONTAIRE D’ESPÈCES. Car, c’est en voyageant à travers le monde, que l’Homme a disséminé un peu partout, sans le vouloir, des espèces indésirables. Ces introductions involontaires ont commencé il y a longtemps déjà. Ainsi, souris et rats nous viennent de très loin. On prendra comme exemple le rat noir, originaire de l’Inde, qui a gagné l’Egypte puis s’est propagé dans les pays occidentaux à la faveur de voyages opportuns en bateaux.
(photo Michel Guinchard)
L’impact de ces introductions peut-être très important d’un point de vue économique. L’exemple le plus frappant est celui de l’introduction du mildiou en Irlande qui a ravagé les champs de pommes de terre, entraînant en 1845 une énorme famine qui a tué un million d’habitants et un exode massif d’un million et demi de personnes. Dans la deuxième moitié du 19ème siècle, c’est un tout petit puceron, le phylloxera (cliquer sur les liens en bleu) qui anéantira une partie du vignoble français (dont le vignoble haut-saônois) avant que l’on ne découvre la possibilité de greffer nos cépages sur des pieds de vigne américains dont l’écorce est trop dure pour les pucerons. Depuis la fin du 19ème siècle, la processionnaire du pin cause des dégâts considérables sur les peuplements forestiers. L’arrivée du doryphore, parasite de la pomme de terre, lors de la première guerre mondiale eut également des retombées énormes d’un point de vue économique.
(photo Michel Guinchard)
Ces exemples ne sont que les cas les plus notoires. Les introductions involontaires les plus récentes ne sont pas encore bien connues du public, mais commencent à faire parler d’elles. Les conséquences de l’arrivée de la pyrale du maïs et de la chrysomèle du maïs sont déjà énormes mais on peut aussi citer en vrac la palourde asiatique (= moule zébrée), le bupreste du Thuya, le bombyx disparate (Lymantria dispar), petit papillon dont la chenille s’attaque à 130 essences d’arbres, le redoutable capricorne asiatique dont on n’a pas fini de parler, ce drôle d’insecte qu’est le tigre des platanes présent dans le Sud, l’ambroisie qui provoque de graves allergies et qui est aux portes de la Franche-Comté… Le grand nombre de ces réintroductions involontaires est évidemment l’une des conséquences de l’accroissement des échanges entre les hommes. Il suffit en général de peu de choses pour qu’une espèce de petite taille passe au travers des frontières : une caisse en bois infectée par un longicone, quelques minuscules graines collées aux roues d’un avion…
Roland a ensuite abordé les DISPARITIONS MASSIVES D’ESPÈCES qui ont frappé la planète à six reprises : la première il y a cinq cent millions d’années (presque tous les mollusques ont alors disparu), la deuxième touchant la faune marine il y a 450 millions d’années, la troisième détruisant 70% des espèces de la planète il y a 365 millions d’années, la quatrième anéantissant 95% de la faune marine et 70% de la faune terrestre il y a 250 millions d’années, la cinquième plus faible provoquant la disparition de 20% des espèces il y a 195 millions d’années et enfin la dernière , il y a 65 millions d’années, qui est la plus célèbre dans l’esprit du grand public, qui a vu la disparition des grands dinosaures, et qui a été causée par des irruptions volcaniques (à moins qu’il ne s’agisse de la chute d’un météorite). Les mammifères, en raison de leur capacité de thermorégulation, ont mieux survécu à ce dernier coup dur.
Roland nous a parlé également des EXTINCTIONS RÉCENTES D’ESPÈCES qui sont toutes le résultat de l’action humaine. Les plus spectaculaires sont celles qui touchent le monde des oiseaux et celui des mammifères. Parmi les oiseaux : le grand pingouin, disparu de l’hémisphère nord en 1844 et le dronte (ou dodo) dont le dernier a été tué sur l’île Maurice en 1740. Parmi les mammifères, l’auroch disparu de Pologne en 1627 et le loup de Tasmanie, mort en captivité en 1936.
Mais ces extinctions d’espèces, encore limitées, ne doivent pas cacher le nombre énorme d’espèces qui sont sur le DÉCLIN. C’est le cas de grands mammifères tels que l’ours, le lynx, quatre grands primates (le gorille, l’orang-outan, le bonobo et le chimpanzé)… qui sont aujourd’hui menacés mais également le cas de nombreux oiseaux qui voient leurs effectifs diminuer rapidement (sait-on que les populations de moineaux domestiques diminuent dans toute l’Europe ?).
Comme pour les autres articles, notre ami Roland se propose de participer à la discussion. A vos commentaires donc !
Lors de sa conférence, Roland a justement cité les coordonnées de ce blog pour que le dialogue continue. Qu’il en soit remercié. Je rappelle que la discussion peut aussi continuer sur les précédents articles relatant les deux premières conférences (pour les nouveaux arrivés, voir ci-dessous les articles du 6 et 14 février ci-dessous).