Pour cette huitième sélection de vos artistes préférés, commençons par nous mettre en voix avec les King’s Singers interprétant Creole Love Call de Duke Ellington, choisi par Joëlle :
Continuons avec Maceo Parker (choix de Oups), Cat Stevens (Glorfindel), Satisfaction des Rolling Stones (enregistré il y a plus de quarante ans) (Dom), John Lee Hooker (Anne), un medley de Tommy des Who (Christophe), Wuthering Height de Kate Bush (Fred D), une heure de concert de Radiohead enregistré en 2001 lors de la tournée « Kid A » (Steph) et enfin un extrait du troisième album de Soft Machine enregistré en 1969 (moi-même).
Bon dimanche à tous et bonnes fêtes de Noël.
on m’a conseillé de soumettre ma théorie sur le métal au plus grand nombre : si les métalleux continuent à produire du métal, c’est à cause du head banging (très très bien illustré dans cette vidéo : admirez la souplesse de la nuque, la mollesse des vertèbres, la légèreté douteuse du crâne qu’elles portent….). Si les médecins sont si alarmés par le syndrôme du bébé secoué qui peut transformer en quelques « hochements de tête » le plus vif des nourrissons en parfait légume, que faut-il penser de l’exercice auquel se soumettent comme à un rituel, les musiciens métalleux ? on avis est que le syndrôme du métalleux secoué est responsable d’une perte de neurones considérable, ainsi que de l’engourdissement de l’esprit critique; ce qui explique que les-dits métalleux continuent à produire du Metal : ils ne se rendent pas compte de ce qu’ils font !!!!
Si on considère l’hypothèse que tu ne pratiques pas toi même le « head-banging », cela prouve au moins une chose, que l’implication n’est pas réciproque : on peut avoir des problèmes de connexions neuronales sans être métalleux(se)…
nan, moi j’ai essayé longtemps de faire la danse du ventilateur… avec mes cheveux…. putain, c’que ça fait maaaaaal !
ceci explique cela …
et voilà !
c’est con, j’ai un super smiley de métalleux mais je ne sais le mettre que sur msn…..
Pas de surprise pour moi avec ces choix musicaux, je les connaissais tous. Rien que des vieux trucs, que du bon !
Les King’s Singers le manifestent une fois de plus : il y a quelque chose de l’ordre de l’humour dans la musique de jazz.
Une chose est sûre, en tout cas : le « head banging » des Métalleux ne les empêche pas de… réagir au quart de tour !!!
pardon pour le chipotage, Vincent, mais ce n’est pas qu’il y ait quelque chose de l’ordre de l’humour dans le jazz (enfin, à mon avis) : c’est que l’humour EST l’esprit du jazz. IL n’y a qu’à écouter la légéreté des scats d’Ella, la bonhommie de Fats Waller, ou juste sourire de la joie de Peterson sur cette video, et de sa connivence amusée avec le contrebassiste : l’humour, c’est l’essence du jazz !!!
L’humour, c’est ce qui a fait s’envoler cette musique d’une réalité tragique.
Pour les head bangers, c’est normal qu’ils réagissent au quart de tour : regarde comme c’est binaire : pan-action/pan-réaction ! et ça recommence. Après, reste à savoir si les métalleux ont autant d’humour que les jazzmens, hein…
hihihihihihihiiiiii
J’aime beaucoup cette idée que « l’humour EST l’esprit du jazz ».
Je l’entends pour ma part ainsi :
– le « bon » jazz est celui qui surprend, déroute (comme l’humour) : qui plaque par exemple un accord inattendu, ose un rythme casse-gueule.
– le « mauvais » celui où même les improvisations deviennent convenues, ne rabâchent que des lieux communs.
mais le mauvais jazz n’existe pas…
tu voulais peut-être parler de la variété ?
(qui peut être très bonne !)
en fait, le jazz rejoint le débat qu’on a sur la poésie. à tous points de vue. plus l’humour – incontournable. Je ne parle pas là de comique, mais vraiment d’humour, avec toute la gravité que ça implique.
Si si, ça existe le mauvais jazz… comme il y a de mauvais comiques (et il n’y a rien de pire).
Rien de plus facile que d’être un excellent musicien aujourd’hui. C’est le jazz qui est devenu chiant. La musique la plus convenue qui soit. Davantage que le classique encore. Le thème, le solo de saxo, de trompette, de piano, de basse, les quatre-quatre de batterie et le retour du thème. Avec en prime les lieux communs musicaux (l’équivalent de « la pluie diluvienne » ou « c’est pas évident ») par des instrumentistes aux personnalités interchangeables, voilà le jazz. Chacun retourne vers la musique qui lui plaît (1930, 45, 50, 60, 65, 70…). Ce n’est même plus de l’improvisation, tellement l’improvisation est un parcours obligé.
(Kamikaze, journal intime, tome 4, 2000)
Voilà, comme le dit Nabe (qu’est-ce qu’il vient foutre ici, lui, à propos ?), le « mauvais jazz » serait celui qui « imite le jazz » mais ne le crée plus… comme un comique (je le répète) ferait semblant d’être drôle.
Celui qui serait devenu « pro », en quelque sorte. Qui ne prendrait plus de risque. Qui ne s’amuserait plus. Bref qui ne « jouerait » plus !
Quand je dis que le mauvais jazz n’existe pas, c’et qu’à partir du moment où il n’y a plus cet humour, ce détachement, cette prise de risque, ça n’a plus rien du jazz… mais alors plus rien….
quoi qu’en dise le gros nabe…
L’art de Duke est l’un des plus importants du siècle, il a poussé, par l’audace de ses mélanges et la science de ses accords, le « vieux jazz » jusqu’aux portes ébranlées de la « musique classique », tout en enflammant pendant près de cinquante ans par son swing absolu notre pauvre globe éteint !
(Tohu-Bohu, journal intime, tome 2, 1993)
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Le clan, la clique d’amis dans l’ochestre, c’était : Jimmy Woode, Sam, Gonzalvès, Ray Nance et Willy Cook. Que des ivrognes !… Souvent Sam ou Paul disparaissaient pendant trois jours ou revendaient leur ticket de train pour le boire… Duke, très calme, jouait sans eux, attendait qu’ils réapparaissent. Il n’a jamais rien dit, il préférait jouer avec ou sans eux plutôt qu’avec d’autres. Quelqufois, la moitié de son effectif était dispersée dans les bars, la salle, les tripots, les chambres d’hôtel de la ville. Le concert avait commencé : les musiciens le rejoignaient en cours de route… Les uns après les autres, ils montaient sur scène rejoindre leurs instruments. Ce que ça devait être beau. Peu à peu, les sons arrivaient, entraient dans le morceau, gonflaient la musique de Duke !…
(Tohu-Bohu, journal intime, tome 2, 1993)
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Ça ne veut rien dire si ça ne swingue pas. L’aphorisme de Duke devrait être inscrit en lettres de feu dans le ciel toute la journée.
(Au régal des vermines, 1985)
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Duke Ellington est presque trop distingué pour y croire. Le vieux dandy ressemblait à une Cadillac. J’adore le 31 extravagant sur lequel il est toujours. Coiffé avec de longs cheveux plaqués qui descendaient en fer forgé dans la nuque. Sa moue était celle d’un vieil indien subtil et chic : en s’écrasant dans les rides, les poches et les crevasses, elle déforme avec grâce le sombre bois souple de sa peau. On l’a souvent vu habiter de très larges costumes insensés, violets, rouges, bleux, accablés de rayures, de pointillés et de motifs spéciaux… Des pieds-de-poule lancinants, des hachures qu’il fait sourire dans l’espace avec sa grande démarche de fauve anglais. Ses revers de 28, ses cravates par centaines de milliers et surtout ses cols immenses, épineux qui surgissent comme ça en choux de satin, explosions de lavalières superposées… Collerettes écloses par squamules hispides ! Noeuds pap immenses et de travers !
(Zigzags, 1986)
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Duke Ellington c’est Picasso : une tronche éclatée d’où ne cessaient de suppurer des torrents de splendeurs. Son abondance est celle de la race des grosses burnes jamais contentes, qui en foutent partout. Les mains en permanence dans les bielles du climat : retouchant, inversant, reprisant, reprenant, transformant, éludant, boursouflant, étoffant, déportant, malaxant ses arrangements, les fameux arrangements de ses compositions, ces chantiers permanents, et inaccessibles puisqu’il a toujours refusé de les publier.
(Zigzags, 1986)
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etc…
Nabe : en français, ça le fait pas !
« it don’t mean a thing if it ain’t got that swing ! »
mais, surtout… : doowap doowap doowap doowap, doowap doowap doowap !
JAZZ : mot de quatre lettres ainsi que Dieu, jour et nuit, joie et mort, être.
Dans mon enfance, ce mot, cette chose siffla, m’enlaça dans un lasso de sons, un nœud coulant de sortilèges.
Quand de l’antique T.S.F. me parvint cette musique initiale, que déboucha cette soucoupe chantante, je l’identifiai immédiatement comme appartenant à ma constellation interne, à ma viscérale cosmogonie.
La T.S.F. était posée sur le buffet de la cuisine ; je me mis à danser devant le buffet car j’avais faim, faim de ça, de ce message pulsé s’inscrivant de plein fouet dans ma mémoire cellulaire.
Sous la soucoupe tutélaire du Jazz, je sentis, petit, ma vie s’orienter et s’ouvrir à un chant magnétique…
(Laissez passer sa mejestée le jazz)
wow, merveilleux ! Nougaro t’es un Dieu ! Même en lisant, j’entends ton accent.
Sa Majestée le Jazz
Avec un J de joie, dans un D de détresse
Un A comme Amérique et l’Afrique au milieu
Et deux Z pour que les cuivres glissent mieux
Ouvrez les gaz, voici la déesse
Laissez passer Sa Majestée le Jazz !
Avec un sax ténor qui sort de son étui
Comme une pipe d’or à fumer de la nuit
Un Titanic qui joue de la corne de brume
La trompette de Miles (inaudible) de la Lune
La nostalgie mélangée d’extase
Laissez passer Sa Majestée le Jazz !
Avec sa voix blessée sous le satin de sa blouse
Avec ses veines bleues tatouées de piquouzes
Ses yeux de gouttes d’eau à déborder les vases
Son dernier chant d’amour pour faire table rase
Lady The Blues est aussi son blaze
Laissez passer Sa Majestée le Jazz !
Avec un écolier de craie, de croûtes et d’encre
Devant une TSF de 1940
Qui balance une musique venue du fond des tripes
Du fond de l’âme, du fond d’la caisse, du fond du slip
Toute la vie dans une phrase
Laissez passer Sa Majestée le Jazz ! (x3)
(album Bleu Blanc Blues)
Swing ! Swing !
Premier mot de ma langue anglaise.
(L’ivre d’images, le cherche midi, 2002)
suis partagée sur « sa majestée le Jazz »…
je déteste le versant camé de la montagne jazz.