Un article proposé par Etincelle
La nature est toujours source d’émerveillement et de découvertes, tous les lecteurs du blogadupdup le savent bien.
Je l’ai constaté une fois de plus cet été sur un alpage de Haute-Tarentaise.
Vous savez ? Cette vallée tout au bout de la Savoie où les tarines sont les plus belles avec leur robe fauve, leurs yeux maquillés de khol et … qui ont encore toutes leurs cornes.
Depuis le temps, je commence à connaître les plantes qui jalonnent les sentiers alpins mais ce jour là, mon regard fut attiré par une toute petite plante que je n’avais jamais vue. Intriguée, comme à mon habitude, je me suis mise à quatre pattes pour observer de plus près cette inconnue.
Et voilà ce que je vis :
Poussant le vice jusqu’à me coucher dans l’herbe pour regarder sous les feuilles, la vision que j’en eue me laissa encore plus perplexe.
Désolée pour la très mauvaise qualité de ces deux clichés, des poussières ayant profité d’un changement d’objectif par grand vent pour venir s’agglutiner sur le capteur de l’appareil.
Cliquer ici pour admirer une belle photo de cette même plante.
La soirée fut passée à consulter toutes les flores à ma disposition, de la plus simple à la plus complète mais rien à faire ! C’est bien chagrinée que je me glissais sous la couette.
Le lendemain, mes pas me menèrent sur un autre sentier et quelle ne fut pas ma surprise de retrouver la fameuse plante de la veille. Cette fois, elle n’était plus isolée mais à côté d’une autre plante que je connaissais.
En y regardant de plus près, il était même évident qu’il s’agissait de la même plante, l’Euphorbe petit-cyprès que vous avez, bien sûr, tous reconnue puisque je vous en ai déjà parlé au sujet de la chenille du sphinx de l’euphorbe.
Mais pourquoi donc n’avais-je pas reconnu l’Euphorbe petit-cyprès (Euphorbia cyparissias de la famille des Euphorbiacées) que je connaissais bien ?
Au cours de son développement, celle-ci passe les stades suivants :
En boutons
En fleurs (vous remarquerez la complexité de l’inflorescence)
Aucune ressemblance avec cette petite plante mystérieuse que j’avais, en vain, passé des heures à déterminer. Difficile de faire le rapprochement avec l’Euphorbe petit-cyprès !
La détermination de ma plante inconnue réussie, l’explication restait encore à trouver.
Et alors ? Et alors ? Zorro est arrivé é é …
Enfin, plutôt le net qui fournit (presque) toutes les réponses à nos questions.
Ici, l’Euphorbe petit-cyprès est attaquée par un champignon répondant au doux nom de Æcidium euphorbiæ ou encore Uromyces pisi, qui transforme complètement l’aspect de la tige et la rend stérile. Elle devient simple, avec des feuilles plus larges tachées de points qui sont en fait les zones d’émission des spores du champignon. Les tiges des plantes attaquées n’ont jamais d’inflorescence.
Cette attaque est très courante chez l’Euphorbe petit-cyprès et je suis sûre que chacun d’entre vous a déjà vu ou aura l’occasion de l’observer un jour ou l’autre.
Vous saurez alors ce qu’il en est.
Avouez que je suis sympa avec vous, chers lecteurs du blogadupdup …
De ne pas vous avoir posé cette colle dans une devinette botanique.
Je n’avais jamais vu l’Euphorbe de si près … Merci la macro !!
Merci à la macro.
Et merci à Etincelle surtout !
Etincelle, à force de te mettre à quatre pattes pour observer les plantes, fais gaffe : un jour, avec l’âge et l’arthrose, tu ne pourras plus te relever ! :devil:
T’inquiète ! Je transporte toujours un treuil dans mon sac à dos :biggrin:
Pratique aussi pour aller en Bretagne observer les guillemots de treuil ! :w00t:
:heart:
Si j’ai bien compris, pour voir « l’euphorbe petit si près » il faut se mettre à quatre pattes, sinon ça reste de la vulgaire « euphorbe petit si loin », c’est bien ça ? :tongue:
Pour revenir à ce champignon, il n’est pas très intéressant pour la plante puisqu’il la rend stérile.
Il existe pourtant des champignons qui sont très intéressants pour les plantes.
J’ai lu hier dans La Recherche que certaines plantes trouvent plein d’avantages à être colonisées par un champignon endophyte (qui se trouve à l’intérieur de la plante).(Ce qui n’est pas le cas du champignon vu sur l’Euphorbe petit-cyprès).
Les endophytes du cacaoyer protègent les feuilles de celui-ci d’autres champignons parasites.
Un autre champignon endophyte (Curvularia) protège des coups de chaud une graminée des sols volcaniques.
Les Neotyphodium colonisent les graminées, au bénéfice de ces dernières.
Par exemple, la fétuque élevée, une graminée très présente dans les grandes plaines américaines tolère ainsi mieux le déficit hydrique, l’excès de sel, la vie à l’ombre, les attaques de champignons pathogènes ou encore les ultraviolets.
Mieux encore, ces endophytes améliorent sa reproduction en augmentant la production d’épis et de graines.
Mieux encore, les Neotyphodium produisent des alcaloïdes toxiques pour les insectes qui attaquent les plantes.
Mieux encore, d’autres sont actifs contre les mammifères herbivores qui limitent la reproduction des plantes en broutant la partie contenant l’épis.
Certains des produits fabriqués par les champignons sont neuroleptiques et conduisent à des comportement anormaux des bovins. D’autres sont vasoconstricteurs et provoquent la chute des sabots et de la queue de l’animal, mal irrigués par le sang. (Messieurs, méfiez-vous des champignons :w00t: )
Si l’homme n’avait « un comportement anormal de bovin » que lorsqu’il consomme ces champignons neuroleptiques, ce serait un moindre mal ! :angry:
Ce qui est assez fort avec cette euphorbe petit cyprès, c’est la proportion de plantes touchées : je pense qu’il est impossible de trouver, sauf îlots préservés, des populations « saines » et de ne pas trouver ces drôles d’exemplaires rabougris et décolorés.
Pour les champignons, c’est comme le dit Bernard, assez intéressant de considérer ceux qui nous font du bien et ceux qui sont toxiques, un peu comme les humains non ?
Quant aux bestiaux qui ont perdu leurs sabots et leur queue, si ce sont des humains, ça ne me gêne pas : chez eux, les bœufs et les moutons sont insupportables !
Cela n’a rien à voir avec les plantes mais je n’arrive plus à me souvenir sur quel article Christophe (ou Yves ?) a mis un lien pour un film sur le vol d’un ? Mince alors, c’était quoi, un autour ? :wassat:
Oui je sais, quand on en sait pas plus que ça, on FERME SA G… :blush:
Bref, voici un petit film sur le vol du Hibou Grand Duc tout simplement magnifique :
http://www.dogwork.com/owfo8/
:heart:
C’est effectivement très beau.
C’est sur un article qui parlait d’une capture exceptionnelle d’autour,ici.
Sur ce superbe atterrissage d’un grand-duc, on a l’impression lors de son arrivée en vol plané qu’il a une tête de chat, est-ce ce qui a donné le nom de chat-huant à la Chouette hulotte ?
Dans le livre de Henriette Walter et Pierre Avenas (La mystérieuse histoire du nom des oiseaux), cette origine n’est pas vraiment élucidée, mais on parle bien des insurgés royalistes de Bretagne et de Vendée qui rappelaient leurs hommes en imitant le chant de cet oiseau.
Ce museau de chat en vol est tout de même troublant.
Oui, moi aussi j’ai été frappée par la ressemblance.
Peut-être aussi qu’à certains égards, la capacité d’observation des nos ancêtres dépassait celle de nos plus fins ornithos d’aujourd’hui. Les ornithos comprennent mal cette appellation ancienne de chat-huant alors que c’est si évident sur cette vidéo.
Et ils avaient d’autres bonnes raisons d’être de meilleures observateurs : pas de télévision pour un bronzage cathodique au chaud, pas d’Internet pour observer les rapaces… Ils étaient donc obligés, en bons ruraux qu’ils étaient aussi, de voir passer les chouettes !
Aujourd’hui, un citoyen moyen vit en ville, observer un rapace nocturne y relève de l’exploit en raison de l’artificialisation des habitats, à supposer que les populations soient aussi prospères qu’à l’époque.
En plus, nous avons de très bonnes jumelles pour observer la nature, mais certains, qui en font n’importe quoi, ne sont de toute façon plus capable de faire la différence entre un chat et une chouette : la nuit, tous les citadins sont gris !
» En plus, nous avons de très bonnes jumelles pour observer la nature, mais certains, qui en font n’importe quoi, ne sont de toute façon plus capable de faire la différence entre un chat et une chouette : la nuit, tous les citadins sont gris ! »
:w00t: :w00t: :w00t:
Voilà une utilisation de la paire de jumelle à laquelle je n’aurais pensé… :silly:
Pour ce qui est de l’observation des rapaces en ville, pourquoi pas. On peut tout de même apercevoir buses ou milans survoler la ville, le crécerelle, voire le pèlerin y habiter, tout comme l’effraie et même la hulotte. ( Je vois tout cela à Besançon…) Mais encore faut-il faire un peu attention, ne pas se contenter de voir mais aussi d’écouter… (oui, d’accord, pas besoin d’une paire de jumelles pour écouter, mais le repérage passe aussi par l’ouïe… )
Pfff ! Vous ne faites pas le poids les gars.
Moi, j’ai une paire de jumelles comme tout un chacun sur ce blog mais en plus, j’ai une paire de jumeaux ! :silly:
Quand à moi, ni jumelles, ni jumeaux …
J’en ai une paire … tout court ! :biggrin:
Je ne sais pas encore qui se cache derrière le pseudo d’Humeur grivoise, mais je sais qu’on a un point commun : on est plutôt assez matinal tous les deux ! :whistle:
Etincelle, tu pourrais avantageusement améliorer l’article de wikipedia consacré à cette euphorbe car il est assez creux :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Euphorbe_petit-cypr%C3%A8s
Il y a une dizaine d’années, un paysan du secteur (M. Gelinotte) avait eu plusieurs vaches qui étaient mortes à cause d’une euphorbe. Par contre, je ne sais pas s’il s’agissait de l’euphorbe petit-cyprès.
Heuuu, Bernard, c’est drôle, ça? :unsure:
Ceux qui veulent en savoir plus sur l’Euphorbe petit-cyprès, y z’ont ka venir sur le blogadupdup au lieu d’aller sur Wikipédia ! :biggrin:
J’aurais pu aussi améliorer mon article sur cette plante en expliquant comment est formée l’inflorescence, qui est assez complexe et intéressante à détailler. Mais j’ai renoncé, faute de photos suffisamment explicites.
Il faudra que j’en fasse l’été prochain.
Dans ce document sur les poisons absorbés par les animaux via des plantes, on trouve bien mention de l’euphorbe petit-cyprès pour l’intoxication des vaches :
http://www.agrireseau.qc.ca/bovinslaitiers/Documents/Plantes%20toxiques.pdf
… Et aussi de la Fétuque élevée lorsqu’elle est parasitée par un certain champignon, ce dont j’ai déjà parlé dans un commentaire plus haut.