Dan me fait savoir ce soir qu’il y a beaucoup d’oiseaux à son poste de nourrissage, des verdiers, des tarins, et notamment huit gros-becs. Beaucoup de gens pensent qu’il faut arrêter de nourrir les oiseaux aux premiers rayons de soleil et c’est ainsi que beaucoup ont cessé cette activité juste après la période de neige du début mars. Erreur ! Car s’il est des mois difficiles pour nos amis les zoziaux, c’est bien les mois de fin d’hiver et de début de printemps.
S’il ne fallait nourrir que quatre mois, ce ne sont surtout pas les mois de novembre, décembre, janvier et février mais bel et bien ceux de janvier, février, mars et avril. Il y a un groupe d’oiseaux, regroupés au sein de la famille des FRINGILLES, qui souffrent beaucoup en fin d’hiver. Font partie de cette famille les verdiers, les chardonerets, les gros-becs, les tarins … en gros ceux qui ont un bec puissant et s’en servent pour décortiquer des graines. Ce sont donc des granivores et ils vont donc avoir énormément de mal à faire la jonction avec la belle saison. Les mésanges, elles, pourront toujours se nourrir des premiers insectes printaniers. Mais les bouffeurs de graines : tintin ! Vous remarquerez d’ailleurs que le nombre de verdiers, chardonnerets … augmente avec le déroulement de l’hiver. Les fringilles sont bien plus nombreux aux mangeoires en mars qu’en décembre.
En temps normal, je nourris ces oiseaux à longueur de journée jusqu’en fin mars, puis réduis progressivement l’apport de nourriture, en ne mettant plus que quelques poignées de graines au lever du jour. Mais cette année, il y a deux raisons supplémentaires pour continuer à pratiquer le nourrissage des oiseaux un peu plus longtemps que d’habitude :
1 – l’automne passé a été marqué par une quasi-absence de graines dans la nature, 2005 ayant été une des années les plus pauvres en fruits, baies et graines. De ce fait, l’hiver a été rude pour beaucoup d’oiseaux qui ont dû fuir plus au sud (exode sans retour pour la plupart !).
2 – cet hiver est particulièrement long (il a beaucoup neigé aujourd’hui alors que nous sommes le 5 avril) et les fringilles en souffrent d’autant plus.
En résumé : absence de graines + hiver long font de l’hiver 2005-2006 l’un des plus durs pour la faune sauvage et notamment pour la famille des fringilles, la plus exposée.
Alors, faisons comme Dan, continuons encore un peu à nourrir ces oiseaux. Et comme c’est pour le plus grand plaisir des yeux, ça ne gâte rien !
« Fringilles » ça veut dire quoi ? Qqun connaît l’origine du mot, son étymologie ?
C’est bizarre en tout cas que le « Gros-Bec » (« Grande-Gueule » donc, en quelque sorte) soit de la famille des « Brindilles Fragiles » !
Fringille viendrait de « fringuer », c’est à dire parader ; pour caractériser l’attitude du pinson, ce « fringant célibataire » (Fringilla coelebs ») de la classification linnéenne.
… Le dictionnaire ne fait pas mention de la contrepètrerie de Vincent, mais c’est à retenir pour la prochaine édition (cf Alain Rey).
Dur, dur pour les oiseaux ce passage neigeux (et glacial la nuit) !
Mais ça n’atténue pas leurs ardeurs ; les mésanges construisent voire plus si affinités et j’ai eu la chance, hier, de voir un accouplement de nonnettes sur un branche de mon cerisier… bien entendu il n’y aura pas de photo, car c’est trop rapide et je suis lent à la détente !
Une mauvaise nouvelle pendant que je tiens le blog : dans l’ouest de la France beaucoup de gens commencent à détruire les nids d’hirondelles des fenêtres. C’est consternant et ça montre une belle méconnaissance des menaces qui pèsent sur cette espèce depuis quelques années. Que faire ?
Décidément il y a un problème avec les R !
C’est de CONTREPETERIE qu’il s’agit… je me suis empêtré dans les syllabes.
Vous aviez tous rectifié, bien sûr !
Merci pour l’info Roland !
C’est un sujet à creuser ça, l’appellation des noms d’oiseaux, nan ? En tout cas je trouve ça passionnant (surtout que les noms sont la plupart du temps magnifiques).
Est-ce Linne qui a tout fait ? Ses choix sont-ils toujours justes ?
(Bernard, si tu m’entends…)
Oui, j’ai déjà entendu parlé, il y a plus d’un mois, de ces destructions de nids d’hirondelles. Quelle horreur ! Alors qu’il était si simple de raser toutes les maisons par mesure de précaution !
Roland, bravo pour ton explication sur l’origine du mot fringille. Je ne connaissais pas cette version. J’imaginais qu’un jour un pauvre verdier se morfondait dans son coin et que son copain gros-bec lui avait dit « ronge pas ton frein, Gilles ! ». Mais comme je n’ai rien trouvé de tel dans la biblio, je pense que ton explication doit être la bonne. Tu parles du fringant célibataire (traduction littérale de fringilla coelebs) pour le pinson. En voici l’explication. Les plus ornithos d’entre nous auront peut-être remarqué que pendant la mauvaise saison, les bandes de pinsons sont constituées souvent uniquement de mâles ou de femelles. Les mâles sont, comme chez d’autres espèces, beaucoup plus territoriaux. Les jeunes s’émancipent d’abord et partent en migration. Puis c’est le tour des femelles. Et enfin les mâles qui s’accrochent un peu plus longtemps à leur territoire et qui vont vivre tout l’hiver en vrais célibataires. Les veinards ! Et en plus, comme les glandes ne les travaillent pas trop pendant la saison hivernale, ils n’ont même pas recours à la masturbation. En tous les cas, Linné est silencieux sur le sujet. Mais peut-être n’a t-il pas entendu mes propos !
c’est la première fois que je mets en place un poste de nourrissage, je ne suis donc qu’un débutant. Toutefois j’ai pu noté qu’en ce mois d’avril, nos amis « fringilles » si « fragiles » se faisaient plus nombreux. C’est la première fois la semaine dernière que sont apparus les si « eblouissants » chardonnerets, une quinzaine environ. Au début de l’hiver, Mr pic épeiche m’avait simplement fait une furtive visite, mais cette semaine, il est venu 4 jours de suite terminer les restes misérables de quelques boules de graisse en fin de saison.
Par contre, les sitelles qui étaient les plus fidèles pendant l’hiver, ne viennent plus:ont elles retrouvé leurs mets préférés chez dame nature? Auriez vous une explication à cela Bernard?
Oui, toutes ces observations confirment bien que la jonction entre hiver et printemps est difficile à faire pour tous ces oiseaux de la famille des fringilles. C’est vrai que les chardonnerets sont toujours bien plus nombreux au poste de nourrissage en début de printemps qu’en plein milieu de l’hiver. Idem pour les verdiers et les gros-becs.
Quand à la sittelle, elle est un peu comme les mésanges, elle commence à changer de comportement alimentaire et retrouve un régime plus adapté à la saison, avec l’arrivée des premiers insectes printaniers. Ceci explique sa fréquence moindre au poste de nourrissage depuis une quinzaine de jours. Mais de toute façon, la sittelle est un oiseau dont le régime alimentaire à la mauvaise saison me semble difficile à comprendre. En début d’hiver, elle vient sans arrêt prendre de la nourriture au poste de nourrissage. Pendant le plein hiver, alors qu’il fait très froid, on pourrait s’attendre à ce qu’elle vienne beaucoup plus. Mais non, elle a même plutôt tendance à y venir beaucoup moins. Puis nouveau regain d’affluence en fin d’hiver et enfin quasi-disparition du poste de nourrissage en avril. J’observe tous les ans ce même comportement en dents de scie. Parfois je me demande si elle ne fait pas des réserves en début d’hiver, ça me semble possible car elle prend toujours plein de graines à la fois, part avec les graines mais revient parfois aussi tôt, tellement rapidement qu’il semble impossible qu’elle ait eu le temps de les manger. Les a-t-elle alors cachées ?
Le 8 avril Bernard nous dit que Linné est silencieux sur la masturbation des oiseaux…. !!!
Pas si sûr que ça, car le père Linné avait établi 24 classes, chez les plantes, caractérisées par leurs comportements reproducteurs ; ainsi il parle de « Mariages publics », de « Mariages clandestins », « Un seul mari dans un mariage », « 20 mâles ou plus dans la chambre nuptiale avec une seule femelle » etc….
L »église, d’ordinaire si pointilleuse sur la sexualité, n’a rien condamné à l’époque, car Linné prenait la précaution de dire que tout « cela s’inscrivait dans le grand dessein de Dieu »…. On n’ira pas jusqu’à dire qu’il était obsédé, mais son point de vue anthropomorphique ne peut pas nous laisser indifférents.