Notre société privilégie de plus en plus l’apparence, « le paraître », le faux, à la réalité. Il en est ainsi en politique où ce qui est affiché vaut plus que ce qui est fait réellement. Il en est ainsi également chez les individus : ce que l’on affiche est plus important parfois que ce que l’on est dans la réalité. La maison de lingerie Wonderbra l’avait compris l’an dernier lorsqu’elle a mis en vente une culotte au fessier rebondi. Parmi toutes les belles fesses que vous avez vues depuis, il y avait peut-être l’un de ces faux-culs destinés à doter chaque acheteuse d’un soit-disant « cul idéal ».
La même marque vient de récidiver. Elle a présenté au salon professionnel de la lingerie qui s’est tenu début septembre (le Lyon Mode City 2007) un soutien-gorge particulier à l’intention de celles qui veulent faire croire qu’elles ont les mêmes seins que Madonna. Des tétons, « moulés dans le bonnet » vont donc avoir pour effet d’optique de relever le bout des seins de 5 cm. Des seins dressés vers le ciel ! Ce soutien-gorge appelé Nipples (« mamelons » en anglais) permet d’obtenir, sous un pull, l’effet seins nus (avec le maintien de la poitrine en plus). Il est d’ores et déjà en vente dans les magasins Galeries Lafayette de France.
Cet article de lingerie a été réalisé en série limitée. Comme il est peut-être déjà en passe d’être épuisé, les intéressées pourront se rabattre sur des minitétons en silicone d’un autre fabricant, à placer directement sur la poitrine, réutilisables et repositionnables (en vente auprès d’Under Cover). Ou même encore des adhésifs à glisser sous le corsage pour éviter qu’il ne baille, ou sous un décolleté plongeant afin qu’il reste en place, « même en dansant le cha-cha-cha » (dixit l’américain Fashion Forms).
Je mijotais depuis quelques jours déjà l’idée de faire un article à ce propos (dans ma rubrique « coup de gueule » évidemment) et de dénoncer cet affreux concept machiste de « femme-objet ». Mais aujourd’hui, je suis passé en voiture à Amancey. Et là, surprise, une très belle paire de seins apparaît à mes yeux à l’entrée du village, les deux tétons dressés comme je n’en avais jamais vus. Ah cette paire de seins qu’on m’amenait sur un plateau (le Plateau d’Amancey, les francs-comtois l’auront compris). A côté, une église dont le magnifique clocher dressait sa pointe vers les cieux.
Et là j’ai baissé les bras. Je n’avais pas compris le message subliminal du fabricant, probablement soudoyé par le Big Boss : « seins dressés vers le Ciel », j’aurais dû comprendre ! Si Dieu s’y met aussi …! Je ne suis pas de taille à lutter ! Et je dois dire que quand j’ai vu ces trois tétons unis dans la même ferveur, le même élan dynamique entièrement dirigé vers la voie lactée (de la secrétion mammaire du même nom), je dois dire que j’ai été conquis !
Alors au dernier moment, à l’heure de mettre mon article en ligne, j’ai classé celui-ci dans la rubrique « coup de coeur » plutôt que dans la rubrique « coup de gueule » !
TARTUFFE Acte III Scène II
TARTUFFE, LAURENT, DORINE.
TARTUFFE, apercevant Dorine.
Laurent, serrez ma haire, avec ma discipline,
Et priez que toujours le Ciel vous illumine.
Si l’on vient pour me voir, je vais aux prisonniers,
Des aumônes que j’ai, partager les deniers.
DORINE
Que d’affectation, et de forfanterie!
TARTUFFE
Que voulez-vous?
DORINE
Vous dire…
TARTUFFE. Il tire un mouchoir de sa poche.
Ah! mon Dieu, je vous prie,
Avant que de parler, prenez-moi ce mouchoir.
DORINE
Comment?
TARTUFFE
Couvrez ce sein, que je ne saurais voir.
Par de pareils objets les âmes sont blessées,
Et cela fait venir de coupables pensées.
DORINE
Vous êtes donc bien tendre à la tentation;
Et la chair, sur vos sens, fait grande impression?
Certes, je ne sais pas quelle chaleur vous monte:
Mais à convoiter, moi, je ne suis pas si prompte*;
Et je vous verrais nu du haut jusques en bas,
Que toute votre peau ne me tenterait pas.
extrait de la scène II de l’acte III du Tartuffe de Molière
Magnifique article, Bernard !
Je ne sais pas si tu as mis du temps à l’écrire (et le travailler) où s’il t’est venu d’un bloc… en tout cas, quelle virtuosité stylistique !
Les seins siliconés, qui ne s’affaissent jamais, même à l’horizontale.
La pensée siliconée, celle qui ne s’avachit jamais, et qui tient debout toute seule, dans n’importe quel contexte.
(Jean Baudrillard, Cool Memories V, Galilée, 2005)
C’est bien ça, ça se vérifie encore une fois : le soleil est connu pour produire un fort effet aphrodisiaque. Et le retour du beau temps ranime, apparemment, des ardeurs légitimes …
Je me pose une question : comment se porte la démographie à Amancey? Parce qu’avec un spectacle pareil sous les yeux, tous les jours que Dieu fait …
C’est le curé qui doit en avoir, des soucis!
Au fait, je mets au crédit du trouble causé par cette vision céleste le fait de compter trois tétons : moi je n’en vois que deux, et le machin dressé à côté m’évoquerait plutôt autre chose.
Je veux dire : un signe du ciel, bien sûr, un sourire du bon dieu qui donnerait sa bénédiction.
Et on voudrait nous faire croire que tout ça c’est péché et tentation du diable…
Décidemment, il fait bon vivre à Amancey : tous les seins du paradis y veillent…
Et je n’ai pas cité dans mon article les autres chateaux d’eau du plateau d’Amancey qui ont une forme beaucoup plus classique … c’est à dire phallique !
Lorsque la seule beauté est celle créée par la chirurgie esthétique des corps, la seule beauté urbaine celle créée par la chirurgie esthétique des espaces verts, la seule opinion celle créée par la chirurgie esthétique des sondages… et voici venir maintenant, avec la manipulation génétique, la chirurgie esthétique de l’espèce.
*
De la célébrité comme de la sexualité il ne reste que la nostalgie du temps où elles avaient de l’importance (souvent l’une par rapport à l’autre). Mais la nostalgie du sexe est elle-même encore aphrodisiaque – ou bien est-ce la sexualité qui n’est jamais que nostalgique ?
*
Sur la Cinquième Avenue, un corps frêle de femme, véritable symbole du défi militant, brandit un poster qui stigmatise la pornographie générale. Elle le brandit comme sa propre photo d’identité. Elle dit : voyez qui je suis, voyez cette image ! – tout en se consumant sous le regard indifférent de la foule – bel exemple de prostitution gratuite : la profession la plus vieille du monde et la profession de foi confondues sous le signe de l’Armée du Salut.
Elle n’a pas compris qu’il ne faut jamais tendre aux gens le miroir de leur obscénité, où ils n’ont que trop tendance à se voir avec plaisir. Pour ce contresens fatal, cette vierge prosélyte aurait elle-même mérité d’être séduite, voire pieusement débauchée, avec tous les égards dus à la féminité qu’elle bafouait sans le savoir.
*
Présenter la femme comme une victime innocente de la séduction est une insulte à la féminité elle-même.
(Jean Baudrillard, Amérique, 1986, et Cool Memories IV, 2000)
Mais dis-moi, Jean Baud’, t’es pas mort toi ?
Si (entre autres)… pourquoi ?
Tu sais, « l’existence n’est pas tout ».
Maintenant désencombré, j’en profite pour me balader de-ci, delà.
(Je viens, par exemple, de placer des commentaires dans l’article Insup-portable du… 23 août dernier, et du coup mon pote Umberto Eco en a ajouté un aussi, un peu long, certes, mais tellement juste… et drôle !)
…Et je me balade aussi de pseudo en pseudo, semble-t-il !
Le sein
Eut soif
De son lait.
Il le but.
Vint la perle.
*
La femme
Oublie toujours
Ses fesses
Elle est trop
Occupée
De ses seins.
*
Le soutien-gorge
Et le cache-sexe
Crurent
Tous deux
Qu’on les cachait
A cause
De leur transparence.
*
Elle portait
Son sexe
En sautoir
Dans les breloques
De ses seins.
*
Des seins
A contre-pas
Faisaient
Tout
Son charme.
*
Elle était
Putain
De sa robe
Et
Pure
De coeur.
*
Elle vivait
Dans le creux
De ses seins
Afin
De laisser
La place
Aux hommes.
*
Toutes les femmes
Trompent
Leurs maris
Avec leurs robes.
(Sens magique, 2004)
Seins revêches sous soutien-gorge nous donnent l’impression de deux boules de tennis qui la raquette des vertèbres s’évertue à projeter dans l’espace, mais qui retombent à chaque coup dans le filet.
*
Le sein est une pomme dans une poire, où pointe un grain de raison. Le sein est le maximum du fondu : tous les fruits en un.
*
Les seins sont le pont-levis du corps des femmes. Dépassé ce « pont », on est dans la « place ». Mais comme ces couteaux à double tranchant dont est constituée essentiellement toute nature féminine, combien de ces bastions de la féminité investissent chaque jour d’inexpugnables forteresses d’hommes, en éternels chevaux de Troie de la vie.
*
Le corset est comme ces boîtes de chocolat, enluminées et fardées, qui promettent toujours plus que leur contenu.
(Sens plastique, 1948)
Dis donc, Bernard, heureusement que tu as eu l’honnêteté de classer ton article dans Coup de cœur plutôt que dans Coup de gueule parce que si tu annonce et les marques, et les points de vente des dessous chics ( ?) en question, n’est-ce pas dans l’espoir secret qu’une, au moins, de tes lectrices se laisse tenter ?
J’avais lu un article, il y a quelques jours, sur ce nouveau soutien-gorge à faux tétons et j’avais cru rêver, mais non, une photo illustrait même le propos. Ce que j’avais trouvé curieux, c’est que les faux-tétons étaient tellement hauts que ça m’évoquait plus une difformité qu’une superbe paire de seins.
La supercherie est sans doute moins lourde que celle qui consiste à se faire siliconer la poitrine, mais elle est aussi beaucoup plus accessible (la série limitée n’est qu’un coup de marketing), et va peut-être devenir pratique courante.
Le faux fait partie des accessoires de maquillage depuis longtemps : les mouches du XVIII e, les faux cils des années 60, les perruques, etc. Ce qui semble nouveau, c’est qu’on « maquille » à présent les attributs sexuels.
En fait, pas si nouveau que ça. Ceux qui ont déjà vu le film This is Spinal Tap doivent se souvenir qu’un des personnages, un musicien de hard rock, déclenche la sonnerie du portillon à l’aéroport parce qu’il s’est gonflé le pantalon avec un concombre emballé d’aluminium.
Le réalisateur de ce documentaire fiction, Rob Reiner, dit lui-même que ce film n’est parodique que parce qu’il a rassemblé sur un seul groupe une multitude d’anecdotes vécues par des tas de musiciens…
LE LEVER AU SEIN
Si vous faites abstraction de la femme qui les porte, les seins sont presque toujours de bons bougres, un peu exhibitionnistes certes, mais serviables et amis de l’homme, à l’instar des ovidés, des delphinidés et des manchots. Outre qu’ils adorent comme les premiers se montrer nus sans leur laine, s’ébattre comme les seconds pour le bonheur du public des piscines, s’exercer comme les derniers, c’est-à-dire sans l’aide des bras, à l’excellence de la navigation en talons hauts dans les montées et dans les descentes d’escaliers, ils aiment par-dessus tout rendre service.
Quand ils savent que vous vous dépensez à leur propos, c’est quasiment pour eux une obligation. Ils en deviennent parfois envahissants, surtout les petits. Tout sein qui se sait observé développe un côté militant qui s’endormait dans la chaleur et le balancement de ses bonnets. Ils ressemblent aux vieux soixante-huitards. Il leur en faut beaucoup pour s’éveiller, mais quand ils le sont, ils n’ont de cesse que de vous éveiller à leur tour.
Par exemple moi, ces matins-ci, ce sont les seins qui me font me lever. Ce sont eux qui me soulèvent, comme la glande et la graisse soulèvent la peau, et la peau le chemisier des jeunes filles au matin de leur vie. C’est mon troupeau de seins qui doit transhumer, qui le sait mieux que son berger, qui le lui rappelle et, dès l’aurore, j’en entends qui se secouent, d’autres qui bêlent doucement, d’autres encore dont la clochette trémulante me tire du lit plus gentille que l’alarme du réveil, moins brutale que le retour du mari, presque aussi entêtée que la main qui tente de m’éveiller coquinement sous le drap.
(Seins, Gallimard, 2006)
Anne, je crois que ce qui a changé, ce n’est pas seulement que le « maquillage » concerne les attributs sexuels. Il me semble qu’habituellement, le maquillage consiste à souligner (ou surligner) un aspect physique, à le mettre en valeur. Il n’y a jamais d’intention de cacher quelque chose. Là, avec cette nouvelle mode (n’exagérons rien, car je ne pense pas qu’il s’agisse là de quelque chose de durable), il y a une intention réelle de faire croire que quelque chose existe, alors que ce n’est pas le cas. C’est bien différent. Il y a, en quelque sorte « tromperie sur la marchandise » (enfin, je n’aime pas trop cette expression employée dans ce contexte, ça fait un peu macho !).
DES SEINS DES SILICONNES
Les seins des siliconnes tiennent droit toujours et partout, en toute occasion. Quelle que soit la posture, assise, à quatre pattes, couchée sur le dos ou sur le côté, que les amènent à adopter le Kama-sutra, la toilette intime, les besoins naturels ou le sommeil, ils ne sont jamais surpris. Chez une conne quelconque se livrant aux mêmes exercices avec le même alanguissement ou la même ardeur, ils seraient étirés, écrasés, pendants, ballants, bref déformés et mis à mal par la pesanteur. C’est souvent ce qu’aiment leurs partenaires et tous les mateurs qui ne participent pas à leurs ébats. Une preuve que les beautés les plus sculpturales peuvent être bousculées, chahutées, décoiffées par le désir masculin, ce qui ne saurait précisément arriver à une sculpture. Leurs seins sont la partie de l’anatomie qui manifeste le mieux ce chahutage. L’amour ne les ménage pas. Chez une siliconne, rien de tel. Ses éminences les plus mobiles ne perdent jamais leur quant-à-soi. Elles sont un défi à la gravité.
Il existe de par le vaste monde une catégorie de femmes dont les seins sont comme des balises dans l’océan qui anéantit les charmes des autres femmes. On les appelle des siliconnes, par référence à la matière qui emplit plus ou moins complètement l’intérieur de leur flotteur. Lorsque les siliconnes seront vieilles, leurs seins tiendront comme un capitaine au milieu du naufrage général. Qu’un habitant d’une planète inconnue débarque sur terre pour enlever un spécimen d’humanité à la fois âgé et en bon état de conservation afin de l’étudier au retour comme un caillou lunaire, les confins du cosmos croiront de bonne foi que la planète bleue produit des femelles pourvue d’un double ballon pectoral sous-dermique à gonflage variable par injection de sérum physiologique ou de gel de silicone. Ils passeront à côté de ce qui est le plus beau dans l’espèce humaine version fendue : l’éphémère de ses appas les plus menacés par la station debout.
C’est parce qu’ils vont tomber un jour que les seins des femmes nous interpellent de leur museau arrogant quand elles sont jeunes. Après, ils nous disent leur fatigue d’avoir tenu bon contre nos regards maquignons, contre nos suçons, nos morsures, contre nos mains ravageuses, contre les gencives des enfants, contre l’attraction terrestre.
Ils ont tenu, ce sont nos soldats, ils ont donné naissance à d’autres gloires. C’est pourquoi, comme les bourgeons des petites filles, les seins flétris des femmes ont droit à notre vénération. Mais à la différence des bourgeons, on les peut désirer avec la même fougue qu’avant. Ils ne se déroberont pas à elle, au pire s’en amuseront-ils avec bonheur.
Les seins des siliconnes n’aiment pas les caresses. Elles désirent seulement aimanter les regards des deux sexes et se tenir à distance de leurs mains. La vénération des hommes, elles s’assoient dessus. Elles font bien. Elles sont parfois si rondement siliconées qu’on pourrait croire leurs fesses passées sur le devant.
C’est quand on les voit les cajoler elles-mêmes qu’on comprend. Leurs seins sont leurs bébés. Ils ne veulent pas les quitter. Ils ne le font qu’à demi. Leurs seins sont comme des bébés dont elles accoucheraient par le siège sans arriver à les extraire d’elles en entier.
Quand on les voit ainsi, leurs gestes changent de sens. Ça donne une drôle d’expression à leur visage.
Les seins des siliconnes sont les esquisses ratées des seins des femmes du futur. De moyenâgeux bricolages en regard des seins qui tiendront sans prothèse dans l’apesanteur promise à tous les seins. Des femmes partiront un jour vers des planètes si lointaines qu’elles ne les atteindront pas vivantes ou, si elles y arrivent, ne reviendront pas du voyage. Elles concevront en vase clos en cours de route, ce sera une grossesse cosmique pour le souci et le bonheur de quelques-uns, ça ne devait pas être différent question souci au temps des grottes préhistoriques. La parthénogénèse consacrera la victoire des seins flottants. En faisant l’économie, et pas seulement de poids, d’un géniteur embarqué, les conquérants du cosmos seront définitivement des conquérantes.
Les siliconnes sont des femelles de transition sacrifiées par des saboteurs mâles qui ont compris le projet global. Ils concoctent sur terre des nichons qui, dans le vide sidéral, se passeront de leurs sevices. Non contents de désespérer les femelles au sol, ils clonent systématiquement les actrices de pornos. Et ils se font des couilles en or.
Les seins des siliconnes sont les derniers appas du gain.
(Seins, Gallimard, 2006)
Ses seins
Gardent le secret,
En appellent
Au silence.
Ils sont ce qu’elle a
De plus planétaire.
(Elle, Deyrolle, 1993)
A TES SEINS (SAINT THOMAS)
Il vaut mieux s’adresser au Bon Dieu qu’à ses saints
Je ne dis pas non, mais là n’est pas mon dessein
Je n’en veux qu’à tes seins,
Je ne veux parler qu’à tes seins !
Sur terre un peu partout, retentit le tocsin
Je fais l’escalade vers des sommets plus sains
Je m’élève vers tes seins,
Je ne veux parler qu’à tes seins !
D’un rayonnement aigu invisible aux saints
Il protège leur tendre duvet de poussin
Innocents assassins,
Je ne veux parler qu’à tes seins !
Ce poème maladroit, suspect et succinct
Je l’enfante comme si j’en étais enceint
Depuis Nice où tes seins
Giclaient blancs dans l’eau du bassin
Depuis Nice où tes seins
Giclaient blancs dans l’eau du bassin
– Tu veux un sein ?
– Oui, je veux une comète.
*
La quarantaine atteinte, elle disait : « A mon âge, les seins ne sont plus des chats mais des renards. »
*
Il ne faut pas qu’un mot désespéré vole tes seins pour les vendre au premier venu.
*
Chacun de tes seins dit à l’autre : « Suicide-toi. »
*
Tes clavicules, voleuses de fruits.
*
N’avoir que deux lecteurs : tes seins analphabètes.
*
Je prends entre tes seins ma leçon d’infini.
*
Pourquoi les seins sont-ils des hirondelles ?
*
Etc…
(La fable et le fouet, Gallimard, 1995)
ASSEZ… ASSEZ
Assez de ces machins pointus,
De tout c’qui blesse de tout c’qui tue,
Couteaux, coupe-coupes et balles perdues,
Assez de ces machins pointus…
Assez, assez, assez, assez.
Assez de ces machins qui griffent,
Crampons de foot, bijoux Van Cleef,
Tonton-macoutes, scouts à canifs,
Assez de ces machins qui griffent…
Assez, assez, assez, assez.
REFRAIN
Faut des ronds,
Faut des courbes,
Des marchands d’marrons
Rue Lecourbe.
Faut des ballons,
Des cerceaux
Et les seins de
Sophie Marceau…
Assez, assez, assez, assez.
Assez de ces machins qui piquent,
Serpents-pythons et porc-épics,
Du hérisson microscopique,
Assez de ces machins qui piquent…
REFRAIN
Bon, Cupidon est dispensé.
Les abeilles et les crustacés
OK, mais pas les chiens dressés,
Les pit-bulls et les verres cassés,
Les cutters des cours de lycée,
Les harponneurs de cétacés,
Tout ce qui blesse, ooh ! c’est assez.
Effacez tout, recommencez…
(Texte chanté par Julien Clerc)
LETTRE A SOPHIE MARCEAU
Madame,
La chanson a pour titre Assez, assez, elle est interprétée par Julien Clerc, les paroles sont de David McNeil et disent : « Assez de ces machins qui griffent… Faut des ballons, des cerceaux et les seins de Sophie Marceau. »
Vous vous sentez « atteinte » : « Je ne leur appartiens pas, et ma poitrine encore moins. Moi aussi j’ai le droit de répondre quant à mes seins. »
Mais que répond-on à une chanson, à des mots qui ont la clarté de l’eau, sa légèreté de danseuse ? Vous dites : « Mes seins ! » Mais s’agit-il bien des vôtres, madame ? Dans la vie ordinaire, rythmée par les élections, les visites du pape et les rediffusions de La Boum, Marceau est sans doute votre patronyme. Dans Assez, assez, « Marceau » joue au ping-pong avec « cerceaux ». Il s’agit, non de vous, mais d’une rime, et de notre enfance à tous. Et puisque vous vous permettez de prendre les mots en otages, de revendiquer un droit de propriété, sachez que, lorsque Julien Clerc chante se sa voix mélissienne « Faut des cerceaux et les seins de Sophie Marceau », ce sont les seins de Laetitia Casta que les hommes voient.
Vous accusez Julein Clerc et David McNeil de vol de seins. Les tribunaux sont saisis. Votre intention est de « demander des dommages et intérêts qui aideront l’association Arc-en-ciel à réaliser les rêves des enfants malades ». La justice nommera-t-elle un expert, un peseur de seins assermenté ? Vos seins seront cités à comparaître, à déposer. Ils seront entendus. Une question : la beauté, madame, qu’elle soit de chair ou de papier, a-t-elle sa place à l’audience ? Cette affoleuse de boussoles, qu’irait-elle faire au froid pays de la balance ?
« Les enfants malades », dites-vous. Vos seins auraient-ils besoin de caution morale ? Ces enfants, dont je ne doute pas que le sort vous touche, comme tous les enfants du monde n’ont soif que de ballons, de cerceaux et, pour s’endormir, des « seins de Sophie Marceau ».
(Collector, Bartillat, 2002)
Isaac Newton est le pire ennemi des femmes : il a compris et expliqué comment tout descend.
*
Les femmes ont des seins.
C’est comme ça : les femmes sont des mammifères. Mais les seins des femmes ne sont pas que des trucs de mammifères, ou alors peut-être comme des louves. Ce sont des formes pleines, émouvantes, fragiles et temporaires. « Mais que dire ? Mais que faire ? Mais comment ça tient en l’air, ces deux hémisphères ? » dit Alain Bashung.
Certaines femmes savent faire cette chose incroyable avec leurs seins : sans en avoir l’air, elles les compriment légèrement avec le haut de leurs bras, afin de faire pigeonner leur poitrine, et vous laissent baba devant.
*
Les femmes sont indiscutablement plus fortes qu’un prof de gym pour faire courir les hommes.
*
Certaines femmes contribuent à l’augmentation de la température à la surface de la planète.
*
Etc…
(Le nombril des femmes, portraits croqués, Seuil, 2001)
(…) Le dévoilement se dit en grec anasurma, en latin objectio. Objecter ses seins, c’est débander et exhiber les seins interdits de la patricienne. Objectus pectorum traduit ekbolè mastôn (dévoilement des mamelles). Le premier « dévoilé » (le premier « objet ») est le sein. Les femmes nues rangées en ligne dans les batailles constituaient l’enjeu de la bataille : c’est le rapt de Mars (le butin de la victoire). L’objectus au cours de la bataille, le retroussement de la tunique sur la vulve, l’anasurma du peplos, redonnent vie et redonnent vigueur aux fils et aux époux qui combattent devant leurs mères et leurs épouses. Tacite raconte que les épouses des Germains au cours du combat dénudaient leurs seins (objectus pectorum) pour faire craindre à leurs maris ou à leurs fils la captivité toute proche qui les menaçait si la victoire n’était pas de leur côté. (…)
(Le sexe et l’effroi, Gallimard, 1994)
Deux p’tits seins s’promenaient
Dans la ville en fête ;
Deux p’tits seins s’promenaient
Dans la ville en fleur.
*
Dieu qu’ils étaient beaux,
Dieu qu’ils étaient frais,
Ils semblaient si doux
Qu’ils vous chaviraient ;
Dieu qu’ils étaient beaux,
Dieu qu’ils semblaient doux,
Ils sentaient si bon
Qu’ils vous rendaient fou
*
Deux gros seins s’promenaient
Dans la ville en fête ;
Deux beaux seins s’balançaient
Dans la ville en fleur.
*
La Belle qui les promenait
Elle faisait comme ci,
Elle faisait comme ça ;
La Belle qui vous regardait
Elle faisait comme ci
Elle faisait comme ça.
*
Trois p’tits seins s’promenaient
Dans la ville en fête,
Quatre gros seins s’affichaient
Dans la ville en cœur.
*
Y’en avait partout
Même sur les vitrines,
Des petits, des gros,
Des moyens, des gras ;
Ils étaient si beaux,
Ils semblaient si doux,
Voyez-vous Mesdames,
Ca nous rendait fous.
*
Non, les hommes n’en pouvaient plus,
Ils rampaient à terre,
Hurlaient à la mort ;
Prêts à redevenir chrétiens,
Pourvu que le ciel
Les en délivrât.
*
Les Belles qui se promenaient,
Elle faisaient comme ci,
Elles faisaient comme ça ;
Les Belles qui les regardaient,
Elles faisaient comme ci,
Elles faisaient comme ça.
*
Le Diable prit alors la ville
Dans ses griffes monstrueuses ;
Il la saisit et la pétrit
En une énorme mamelle,
Pis monstrueux et sauvage
Où les hommes aux regards lubriques
S’accrochaient en grappes effarées ;
Puis il laissa l’immonde baudruche
Disparaître dans le ciel d’été.
*
Dis-moi, Isidore, elle est de toi cette poésie, c’est bien ça ?
Ne serait-ce pas même une chanson ?
Y aurait-il un endroit (genre « Myspace » ou je ne sais quoi) où l’on pourrait l’écouter en musique ?
Quand j’en trouve une comme ça je me retiens tout de suite
Je lui achète des bonbons je lui fais prendre une cuite
Je lui donne mes sous je lui donne le bras
Je lui file même des tartes si elle aime ça
Quand j’en trouve une comme ça je deviens lâche et mesquin
Je renierais mes amis je me ferai teindre en rouquin
Je me ferais casque bleu quand je suis amoureux
J’en avais une comme ça et j’étais amoureux
Refrain:
Elle avait des seins comme des violons
Et moi j’en jouais comme du piston
Mes airs mélodieux faisaient jaillir de ses yeux ronds
De gros sanglots longs sur ses violons
Elle avait ses seins comme des oiseaux
Dès que je lui fracassais le museau
Mais dès qu’elle s’éloignait
De mes puissants pectoraux
Elle avait des seins comme des poireaux
Quand j’en trouve une comme ça qui a la super tétine
La bouche ouverte je calcule son tour de poitrine
J’aime qu’ils soient gonflés en muscles de docker
Et non comme ces minables en oreille de cocker
Et je ne déteste pas lorsque je les caresse
Qu’ils deviennent subitement aussi gros que ses fesses
J’aime que tout comme ses seins elle soit dodue fessue
Et j’offre un porte-clefs quand j’en trouve une bossue
Refrain:
Elle avait des seins comme des violons
Et je lui jouais le vol du bourdon
Elle battait des mains c’était la fête à la maison
Elle avait ses seins comme des lampions
Elle avait des seins comme des drapeaux
Patriotes et vaillants à l’assaut
On les voyait pour les fêtes de le libération
Qui claquaient au vent sur son balcon
J’en ai vu dans ma vie des seins de toutes classes
Du pauvre sein glin-glin au sein cyrien de race
Des seins sièges relax ou je me suis endormi
Par contre au lit j’ai vu des seins barthélémy
J’ai vu des grosses teutonnes au cœur de la Bavière
Avec des seins germains qui moussaient comme de la bière
La femme imprésario et ses deux seins pour cent
J’ai connu le sein lazare ou tout le monde descend
Refrain:
Elle avait des seins comme des violons
Et chacun jouait sa partition
L’un prenait la mélodie l’autre le contre-chant
C’était un duo vraiment touchant
C’est ainsi que je suis devenu fou
Et qu’ils m’ont bouclé sous les verrous
J’ai dit au psychiatre quand il voulut savoir tout
Elle avait des seins partout partout
Effectivement, Humeur badine, cette chanson est extraite d' »Un si beau voyage », créé en 2002. Malheureusement je n’ai pas d’enregistrement accessible.
Très favorable matinée à tous,
Pour débuter , permettez-moi de vous montrer ma gratitude pour toutes les formidables informations que j’ai découvertes sur cet formidable forum.
Je ne suis pas convaincue d’être au meilleur endroit mais je n’en ai pas trouvé de meilleure .
Je réside à Bathurst, canada . J’ai 47 années et j’ai 3 agréables enfants qui sont tous âgés entre neuf et 15 ans (1 est adoptée ). J’adore beaucoup les animaux domestiques et j’essaie de leur garantir les marchandises qui leur rendent la vie plus à l’aise .
Je vous remercie dès ce jour pour toutes les très pertinentes délibérations à venir et je vous remercie de votre compassion pour mon français moins que parfait: ma langue maternelle est le portuguais et j’essaie de m’enseigner mais c’est très complexe !
A bientôt
Arthru
Tourlou Arthru !!
Bonjour Arthru, quelle excellente idée que tu as eue de venir dire bonjour sur cette page. En fidèle lecteur du blog à Dupdup, je n’avais jamais lu ce superbe article de Bernard (le Dupdup).
Tiens, je cherchais justement cet article qui m’avait fait rire au moment où je l’avais écrit et j’étais incapable de le retrouver.