Atahualpa Yupanqui est un grand Monsieur. Cet auteur de 1500 chansons, le plus grand qu’ait connu l’Amérique du Sud, a eu une destinée étonnante. Parti du domicile familial à l’age de 13 ans avec sa guitare au dos, il a parcouru les grands espaces de son pays, l’Argentine, et découvert la misère dans laquelle vivait les indiens et métis des campagnes. Sillonnant les pays d’Amérique latine, il est ensuite devenu, au fil des décennies, le porte parole des damnés de la terre.
Je dois un hommage à Atahualpa Yupanqui. A une époque un peu délicate de ma vie il y a six ans, coincé dans un univers quelque peu artificiel (trois semaines dans une chambre stérile), la musique d’Atahualpa Yupanqui que j’écoutais parfois en boucle, le casque sur les oreilles du fond de mon lit, a été “le lien” avec l’élément qui me manquait le plus : la terre. Les familiers de mon blog auront peut-être deviné que je suis d’une famille paysanne et que la pratique du jardin est une activité qui me permet de poursuivre cette longue tradition ancestrale du rapport à la terre. Dans mes veines ne coule pas seulement le sang, j’ai parfois l’impression qu’il y a aussi de la sève brute qui me vient directement de la terre. Me couper de ce support est source de souffrance. Merci donc à Atahualpa d’avoir été présent en cette période de manque profond.
Il n’existe que très peu de documents vidéos consacré à Atahulapa Yupanqui. Voici l’un d’eux, de qualité technique assez moyenne, enregistré vers la fin de sa vie. Le présentateur parle assez longuement et Atahualpa n’intervient dans la vidéo qu’au bout d’une minute trente.
L’hommage à ce chanteur se poursuivra dans les semaines qui viennent avec d’autres artistes interprétant les chansons d’Atahualpa Yupanqui.
J’ai publié cet article hier soir mais je viens de le modifier ce matin, notamment en remplaçant la première vidéo par une autre plus représentative d’Atahualpa Yupanqui. Il ne m’arrive jamais de remodifier un article, c’est une règle que je m’étais donnée jusqu’à présent mais une fois n’est pas coutume …
Vous prendriez au sérieux, vous, un chanteur qui se ferait appeler Vercincétorix Celtillos …ou un truc du genre ?
…et qui aurait des faux airs de Paul Meurisse et… de Fernandel ?
Effectivement le nom de cet artiste mérite quelques explications. Son vrai nom est Hector Roberto Chavero Aramburu. Dès l’adolescence, il a pris le pseudonyme d’Atahualpa Yupanqui qui est formé d’Atahualpa, le dernier chef inca, assassiné par les conquistadores de Pizarre, et de Yupanqui, «le Grand Méritant », cacique suprême des indiens Quetchuas.
Bravo pour avoir détecté cette parenté de visage avec Paul Meurisse et Fernandel.
Une série sur les interprètes de Dylan, une autre sur les rencontres musicales au sommet, une sur le flamenco, une sur Monterey et maintenant celle sur Yupanqui. Tu en as d’autres comme ça en préparation ?
Il y avait aussi la série « Swinging Bach » que tu as oubliée. Il pourrait y en avoir une sur le blues. Probablement sur Woodstock en 2009 si mon blog existe toujours. Rien d’autre de prévu pour l’instant mais les idées peuvent venir en cours de route.
Peux-tu nous préciser, Bernard, de quelle manière l’écoute d’Atahualpa Yupanqui te permettait de conserver ce lien à la terre si important pour toi (vital) ?
Comprends-tu l’espagnol ?
Ou est-ce ce que tu savais de l’histoire du bonhomme et de ses chansons ?
Avais-tu les traductions ?
Ou bien est-ce que sa seule musique est suffisamment évocatrice pour toi ?
La musique d’Atahualpa Yupanqui a résonné en moi il y a très longtemps (dans les années 75) alors qu’à l’époque je ne connaissais pas l’espagnol et n’avais pas les traductions. Elle me faisait déjà le même effet qu’aujourd’hui, je pense donc que sa musique est suffisamment évocatrice pour que j’aie ressenti dès le départ que Yupanqui était un chanteur de la terre.
Beaucoup plus tard, lors de l’épisode que je relate dans mon article, j’avais le coffret complet que Joëlle m’avait offert à mes 40 ans et j’avais sous les yeux les paroles espagnoles (que je ne comprends toujours pas) et en face les traductions en français. Ces paroles m’ont sûrement permis de ressentir avec encore plus d’acuité encore le message d’Atahualpa Yupanqui mais je crois que l’essentiel, je l’avais intégré 25 ans plus tôt. Je crois savoir qu’Atahualpa Yupanqui est mort en France des suites d’une longue maladie, qu’il a traîné longtemps sur un lit d’hôpital et j’imagine que la terre a dû beaucoup lui manquer. Peut-être cela m’a-t-il rapproché aussi de ce bonhomme, même si l’expérience que j’ai vécue a été infiniment moins douloureuse que la sienne.
Je dois ajouter que j’aime les sonorités de la langue espagnole. Il me faudra d’ailleurs parler un jour sur ce blog de Paco Ibanez, autre grand de la chanson de langue espagnole.
S’il vous plait… veuillez bien vouloir me faire parvenir (par retour si possible) votre adress e.mail directe. Car j’aurais beaucoup à vous dire, en dehors de ce Forum/Blog, au sujet de Atahualpa, que j’ai eu la chance d’enregistrer lors d’un concert que j’avais organisé…le 14.2.1970 à la MJC de Colombes/Paris…. Egalement au sujet de « Radio-Jazz-International » dont semble-t-il vous avez dit un mot… Je ‘ai pas réussi à en retrouer sur quelle page !!!
Donc, à tout bientôt, Amicalement, Philippe Zumbrunn, fondateur et patron de Radio-Jazz, à Neuchâtel en Suisse.
J’aimerais aussi vous féliciter en détails, pour ce magnifique travail….