Tribute to Bob Dylan (2)

Poursuite de notre petite incursion chez les interprètes des chansons de Bob Dylan avec aujourd’hui une magnifique reprise de Masters of War par Pearl Jam, enregistrée en 2004. La chanson originale est sur le deuxième disque de Dylan Freewheelin’ Bob Dylan paru en mai 1963.

37 réflexions au sujet de “Tribute to Bob Dylan (2)”

  1. Merci Bernard d’avoir publier cette video de mon groupe préféré ! Je connaissais cette reprise de Dylan ( en plus de l’original bien entendu ) mais j’avais encore jamais vu cette video !

    Si je peux te conseiller , cherche les reprises des Who par Pearl jam, c’est egalement très bien !

    A bientot

    Guillaume

  2. à la fin de cette vidéo on peut récupérer dans la mosaïque la première vidéo proposée plus haut et dite bloquée. Deux versions par le même artiste, sans doute à plusieurs
    années d’intervalles, et différentes c’est sympa, surtout que le cœur y est toujours aussi
    fort. Je ne connaissais pas du tout et je découvre avec plaisir.

  3. Par contre là, j’entends le disque de Nolwenn Leroy (ma femme avait un père breton..);
    elle chante « Scaborough Fair », vieille chanson irlandaise (dit-elle), mais j’entends les paroles de « The girl from the North Country  » de Dylan: « remember me to one who lives there / he once was a true love of mine » sur une mélodie très cousine de « North Country Blues » du même Dylan.
    Oh Bretons et autres Celtiques, arrêtez de pomper comme ça, Dylan pourrait se facher!

  4. Il est vrai que dans le monde anglo-saxon (USA compris) ,le glissement du traditionnel
    au personnel est non seulement coutumier mais tout à fait respecté .Et des formules
    toutes prêtes et connues servent d’éléments de compositions de chansons nouvelles et
    d’auteur. S’il fallait aligner tous les blues commençant par « I wake up in the morning »
    ou « early in the morning, my baby’s gone.. » on remplirait une compil…

  5. Excuse moi Frusquin mais , c’est Dylan qui a pompé ( en 1963 ) et non pas les bretons … La mélodie et une partie des paroles de Scarborough Fair pour écrire sa chanson Girl from the North Country … Que l’on retrouve dans l’album The Freewheelin’ Bob Dylan !

  6. Hou la la, pas si vite en besogne.

    La chanson Scarborough Fair est anglaise et date de la fin du Moyen-âge.

    SUR LE PLAN DES PAROLES : Dylan n’a pas pompé les paroles, il a repris deux vers (et deux vers seulement) d’une chanson que tout le monde connaît. C’est comme si un chanteur Français incorporait dans une chanson la phrase « au clair de la lune mon ami Pierrot, prête moi ta plume pour écrire un mot », tout le monde verrait alors qu’il s’agit d’un emprunt-hommage. Quand il y a volonté de pomper des paroles, on prend des paroles que personne ne connaît (pour ne pas se faire prendre) et jamais des paroles qui sont sur toutes les lèvres (il en existe d’ailleurs des dizaines de versions récentes, sans compter que jusqu’à une époque récente, elle se transmettait plus de bouche à oreille que par disque). Dylan, en adaptant l’un des fleurons de la chanson anglaise à destination d’une personne, a fait à cette fille-là un véritable cadeau (les biographes de Dylan ont beaucoup cherché et on sait qu’il s’agissait de l’actrice Bonny Jean Beecher, voir le livre référence de Robert Shelton). Il faut savoir que Dylan n’a pas fait l’innocent en disant qu’il ignorait la chanson Scarborough Fair (il ne pouvait pas ne pas la connaître, vu que même l’Homme de la rue la connaissait), il a même déclaré qu’il la connaissait depuis un moment grâce à l’interprétation de Martin Carthy.

    SUR LE PLAN MUSICAL, il y a une certaine parenté (comme bon nombre de chansons de cette époque-là entre elles, vous n’avez qu’à écouter n’importe quel disque de country), mais sans plus. D’ailleurs il n’y a pas de musique attitrée pour Scarborough Fair, il y a eu des tas d’arrangements musicaux forts différents les uns des autres et la mélodie elle-même a évolué au fil des siècles. La parenté n’est qu’apparente car ce ne sont pas du tout les mêmes grilles d’accord : la grille d’accords de Scarborough Fair est très différente (prédominance d’accords mineurs) de celle de Girl From The North Country (accords entièrement sur le mode majeur). Il faut sans doute replacer tout cela dans le contexte de l’époque, le « droit d’auteur » n’ayant pas la même valeur qu’aujourd’hui. Les emprunts musicaux à d’autres étaient monnaie courante. Sans cela on n’aurait jamais fait des milliers de morceaux de rock n’ roll ou de blues avec trois accords seulement sans qu’il y ait d’emprunts (voire la répétition de phrases musicales complètes sans que ça pose problème).

    Yves, est-ce que mon explication te convient ? :wink:

  7. Ajoutons que Dylan a été l’un des rares à revenir souvent, dans ses écrits et dans ses interviews, sur les musiques qui l’ont influencé. Il y a même plusieurs disques (en voici un) sur les musiques qui ont marqué Dylan.

  8. Euh, parce que c’est toi qui as dit que Dylan avait pompé les paroles et la musique et que ça m’a pris une bonne heure de recherche dans mes bouquins sur Dylan … ce dont je te remercie vivement d’ailleurs car ça m’a permis de me replonger dans les chansons de cette époque-là et de quitter Bach dans lequel je suis depuis plusieurs semaines. :wink:

  9. Oui , c’est bien ce que j’ai dit , c’est Dylan qui a repris certaines paroles de cette chanson … Et non pas les Bretons ou autres Celtes qui auraient pompé ces paroles sur Dylan comme le dit Frusquin !!
    J’ai dit « pomper » pour reprendre les propos de Frusquin .

  10. Bon, mon interpellation sur « pomper » était ironique bien sûr et volontairement à l’envers!
    Bernard qui a bien compris, donne des explications très intéressante sur cette chanson dont moi, j’ignorais tout.
    Je trouve très sympa cet héritage « déclaré » dont Dylan (érudits en chansons c’est sûr)
    aurait fait usage dans « the girl from the North Country ».
    Question mélodie, comme ça à l’oreille, c’est plutôt à North Country Blues (« Mr Bob Dylan ») que je pensais en entendant pour la premiere fois de ma vie Scarborough Fair,
    version Nolwenn Leroy…..
    Le premier disque de Dylan n’est fait que de reprises , ce qui l’inscrit d’office dans une multiple filiation revendiquée. C’est le propre des cultures vivantes, filiation/création.
    Sa reprise de « House of Rising Sun » est un coup de maître qui a marqué son époque.
    Moi j’ai une version plus ancienne par Jack Eliott, ça n’a pas cette puissance ni cette mélodie aussi lyrique.
    Quand on écoute « Ramona » ou « One more cup of coffee » on entend aussi qu’il avait une oreille tournée vers l’Espagne……
    Tout ouïe , Dylan.
    (Tiens Bashung dans « Camping Jazz » se réfere à Montand avec son humour: « Près du bivouac où je me réunis, je m’attaque au pot au feu seul dans la nuit ».Montand:
    « Dans les plaines du farwest quand vient la nuit, les cow boys près du bivouac sont réunis. Près du feu sous le ciel de l’Arizona c’est la fête au son d’un harmonica ».
    Réference gardée, le bon maître le lui pardonne…)

  11. Dans « Self Portrait » Dylan interprète « It hurts me too » à sa manière et le signe,
    alors que c’est un vieux blues classique interprété par tous les grands bluesmen.
    Donc personne ne s’y trompe, et mieux encore, personne ne s’en soucie .Dylan veut
    simplement signifier que c’est sa version et qu’il s’est donné toute liberté de la transformer à son gré.
    L’exemple d »au clair de la lune » donné par Bernard est très pertinent.
    Ils n’ont pas, fondamentalement la même conception du patrimoine commun musical
    et se permettent, tranquillement, d’en user, d’une manière qui nous dépasse parfois.
    Il y a sans doute quelque chose qui tient à l’origine religieuse (du verbe relier) de
    beaucoup de leur musique, de l’esprit congrégationniste protestant, du rôle social
    du chant, de sa place comme expression vivante commune de l’histoire et de la vie du pays…
    On a donc parfois, comme moi, des réactions d’ici, un peu crispées et inadaptées.
    Et en même temps tous ces chants qui racontent l’Amérique et leur vie nous attirent
    ,nous émeuvent et nous sont sympathiques. Cette différence nous inspire.

  12. Suite à ton commentaire, je suis en train de réécouter l’album Self Portrait que je n’ai pas écouté depuis au moins 15 ans. Et je m’aperçois que ce disque, considéré en général par la critique comme un mauvais disque de Dylan, contient de bien belles pépites. Et notamment ce « It hurts me too » que je connais par d’autres interprètes. Je n’avais pas remarqué que Dylan avait signé de son nom ce titre alors que c’est un blues classique. Avec sa version, Dylan a recréé ce morceau à sa manière. En signant et revendiquant ce morceau, Dylan affirme haut et fort son statut d’artiste et sa démarche me plait plutôt bien. En tous les cas, je la comprends.

  13. En réécoutant un vieux disque de Dutronc de 1967 (son premier disque), je me rends compte que la musique est d’inspiration très dylanienne :

  14. Oui j’ai le livre de Robert Shelton « Like a Rolling Stone  » . Non je ne l’ai pas lu
    du début à la fin .Je pioche dedans quand j’ai un sujet en tête. D’ailleurs chaque fois que
    tu le cites j’apprends quelque chose …Je vois que toi tu l’as étudié attentivement et
    complètement et te l’ais approprié .ça releve de ton serieux dont on profite dans tes premières synthèses sur Dylan.
    Helas je suis un peu plus dilettante et je papillonne souvent…
    Par contre, dans une autre vie, j’avais un livre 10/18 titré Bob Dylan de Scaduto ,
    je l’ai prété et ne l’ai plus revu, il est épuisé aujourd’hui.Celui là je l’avais bien lu,
    j’étais plus jeune…..

  15. J’avais perdu pendant plusieurs années le livre « like a rolling stone ». En allant jouer au tarot chez une amie il y a un mois, elle m’a dit avoir retrouvé ce livre dans sa bibliothèque lors de son déménagement et elle a aussitôt pensé qu’il pouvait être à moi.
    Donc pas de panique, si tu veux retrouver ton livre, recherche tes vieilles copines ! :whistle:

  16. Oui j’ai bien retrouvé la vielle copine, intéressée à l’époque par la question du judaîsme de Dylan, question très évoquée par Scaduto, mais ,elle, ne retrouve pas le livre…..
    Je ne sais pas si je délire mais j’entends Dutronc dire  » je m’en doutais elle avait un
    ? de Dylan dans le coeur ». Quand on connait le lien (platonique) de Dylan et Françoise
    Hardy, « the french girl » « who says she knows me well » dans Memphis Blues Again,
    ça serait plausible….Mais impossible d’accéder à des Lyrics pour vérifier.

  17. En fait j’entends à la premiere minute exactement « c’est c’que Dylan avait par cœur »…
    Bon simple conjecture tout à fait hypothétique et suppositoire bien sûr, mais qui aurait
    au moins le mérite de donner un peu de cohérence à cette chanson pour le moins bizarre:
    -pourquoi d’un coup, prendre un style dylanien flagrant proche de l’imitation ?
    Dutronc est plus coutumier d’un rock bien senti, presque Kinks (Les Cactus)
    -la chanson finalement n’est pas très rigolote et on se demande ou il veut en venir avec
    cette chose extraite du cœur d’une femme et qui le faisait souffrir lui, le chirurgien…

    Témoins à la barre:
    http://3.bp.blogspot.com/_KYcnDFS019M/SsE8NVhCuXI/AAAAAAAADdI/G0bAiJQ5mHs/s1600-h/francoisdylan.jpg

  18. Pour en revenir au sujet: s’inspirer sciemment du traditionnel pour une création
    personnelle, démarche finalement courante (même dans le classique), et qui n’est pas une tricherie, je vais faire amende honorable, en évoquant d’abord notre éminent connaisseur Georges Brassens avec : « Dans l’eau de la Claire Fontaine », « Les sabots d’Hélène », »La route aux quatre chansons » et d’autres que j’oublie….
    Et puis je découvre, en scrutant d’un œil neuf, ma propre discothèque, un commentaire de Stacey William (qui chronique toutes les chansons du 1° disque de Dylan) concernant « With God on our Side » chanté en duo avec J.Baez au Newport Folk Festival en 1963 ( Vanguard Orizonte 1964 ORL 8196) qui nous explique que cette chanson est issue de « Patriot Game » de Dominic Behan, et qu’en plus, eux les intellectuels citadins, reprennent l’accent « age old hill-country style » (plouc pour faire simple) pour mieux le rappeller. Ce Behans aurait lui même repris « Merry Month of May » pour composer.
    Quand on écoute Dominic Behan c’est convaincant, quand à Merry Month of May,
    un traditionnel, cela mérite sans doute une fine analyse musicale pour passer outre la
    forme tellement différente et peu ressemblante.
    Voila donc « Patriot Game » de Dominic Behan:

    Pour en revenir à Self Portait un des grands mérites. est ce self portait de la couverture, révélant des talents de peintre. Suivi de Planet Waves, Infidels, Oh Mercy (?).Car on ne peut pas dire que des artistes se soient bousculé pour faire ses pochette, à une époque pourtant foisonnante ( voir le trés beau livre « ALBUMS Création graphique et musique de Nick de Ville , Octupus France/Hachette)

  19. D’aprés les Lyrics il s’agirait d’une chanson irlandaise ou le héros O’Hanon mort
    pour la cause de l’indépendance irlandaise laisse planer un doute sur les vertus et l’héroïsme de ce combat tel qu’il est mené -violemment- en en faisant l’éloge, justement.
    Dylan a donc aussi repris le procédé polémique. Il semble évident qu’à cette époque « folk » il s’adressait à un public averti. D’ailleurs il a aussi un duo avec Pete Seeger chef de file du »protest song » (« Ye play boys and play girls »).
    Stacey Williams apprécie beaucoup ces transmissions: « This adds another link in the chain of tradition, because Behan had borrowed the mélody of traditional « Merry Month of May » for his song » écrit-il en parlant de « With God on our side ».

  20. Nous on a « Mourir pour des idées » et « Les deux oncles » de l’ami Georges
    « Et vos filles et vos fils vont la main dans la main
    faire l’amour ensemble et l’Europe de demain »
    mieux que les urnes…
    petit coup d’oeil aussi à Richard Bohringer, fils d’une française et d’un soldat allemand,
    et merci pour ses belles prestations sur des pages voisines dans ce blog.

  21. Voici un nouvel album d’adaptations en français de Bob Dylan.
    Après ceux de Hugues Aufray, Serge Kerval et Francis Cabrel. En fait il s’agit de l’enregistrement d’un spectacle de Sarclo , l’artiste en question. Il écrit et chante ses propres chansons depuis longtemps. Il a raccourci son nom puis qu’avant il s’appelait Sarcloret. C’est un passionné de Dylan et son spectacle (que j’ai déjà vu au festival de théâtre d’Avignon) est parsemé de commentaires mi-sérieux mi-humoristiques et d’échanges, car il se produit dans des salles minuscules.
    Je l’ai trouvé bien sympathique, sensible et intelligent. Après, tout est affaire de goût et de sa propre perception de Dylan. Comme il le dit, est en est très conscient, c’est une tentative à hauts risques….
    https://www.sarclo.ch/

    Je profite de ce message pour remercier Bernard pour le lien pour « Joan Baez How sweet the sound » que j’avais raté par distraction. Passionnant, émouvant. J’ai appris beaucoup de choses. Je ne connaissais rien de l’épisode de Sarajevo par ex.Je croyais que B.H.L. était seul sous les obus et tirs de snippers.
    J’étais content de voir notre vieux couple préféré en être arrivé à l’âge de la sagesse, de la compréhension et de la lucidité réciproque….

  22. C’est effectivement un documentaire très puissant, qui montre à l’évidence que certaines personnes ont un don hors du commun et qu’ils ont su le partager.

  23. Je connais Sarclo pour l’avoir écouté à Besançon il y a plus de 20 ans.
    Merci Frusquin pour l’info, je ne savais pas qu’il avait sorti un disque sur Dylan. Je découvre ce soir deux extraits. J’aime beaucoup. :wub:

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