LE COIN DU JARDINIER (21)
Les pêchers poussent mieux dans les jardins que dans les vergers. La raison en est simple : le pêcher aime la terre travaillée (c’est aussi pour cette raison qu’on avait l’habitude de le planter autrefois dans les vignes).
Les franc-comtois cultivent peu de pêchers, hormis la traditionnelle pêche de vigne qui se reproduit à partir de noyau et qui ne nécessite pas de greffage. Pourtant, la plupart des variétés conviennent bien à notre région, pour peu qu’on s’occupe un minimum des arbres : travail au sol et traitement à la bouillie bordelaise contre la cloque qui est la principale maladie du pêcher.
Si la pêche de vigne, au goût savoureux, est bien adaptée à notre région, elle a l’inconvénient de ne donner des fruits qu’en septembre, sur une période très limitée. Or, il est possible de manger des pêches du jardin en continu durant tout l’été. C’est ce que j’ai expérimenté depuis quelques années.
En tablant sur l’échelonnement des dates de maturité, j’ai ainsi planté six variétés différentes qui produisent des fruits de la fin juin jusqu’au 15 septembre. Voici la liste de six variétés que je conseille et qui permettent donc un très bon échelonnement des récoltes :
– May flower (maturité à la fin juin)
– Red Haven (première quinzaine de juillet)
– Dixired (fin juillet)
– Reine des vergers (première quinzaine d’août)
– Bon ouvrier (deuxième quinzaine d’août)
– Pêche de vigne (septembre).
Je ne sais pas laquelle de ces variétés tu m’as fait goûter, mais elle était vraiment très parfumée.
Manger un fruit mûri sur l’arbre et fraîchement cueilli est un luxe…
Combien faut-il compter de temps entre le moment où on plante un pêcher et celui où on peut récolter des fruits ?
Hormis les vergers de professionnels, les vergers n’ont-ils pas tendance à se raréfier ( je pose cette question car j’ai cette impression, mais j’avoue qu’elle n’est fondée sur rien de précis).
Oui, en effet, les vergers disparaissent peu à peu. La régions en était pourtant bien pourvue, il suffit de regarder les anciennes cartes IGN pour s’en rendre compte.
La faute à qui? Un peu tout le monde : l’agriculture d’abord, ou plutôt la PAC (ne jetons pas la pierre à ces pauvres agriculteurs déjà bien malmenés…), en programmant délibérément la disparition de la polyculture au profit des cultures intensives et industrielles, dont la production de fruits, et l’élevage intensif. A ce propos, la disparition des vergers coïncide aussi avec la construction des méga hangars qui envahissent la campagne. Et son corollaire : plus de ferme dans les villages, plus de verger autour.
L’urbanisation ensuite : si on n’a plus besoin des vergers, ben on a qu’à les vendre en terrain à bâtir …. Toujours sur les cartes IGN, comparez l’emprise des villages d’origine et celle de l’urbanisation récente …
Mais il existe une prise de conscience, grâce à des associations comme les Croqueurs de pommes; dans le Pays de Montbéliard, l’agglomération est en train de dresser le bilan de tous les vergers des villages pour en tirer une politique de protection et de réintroduction. Belle initiative, même si elle arrive un peu tard.
Et d’autres : je connais ainsi une association de Haute-Saône qui a planté un verger conservatoire, et dont l’initiateur a de fort belles pêches dans son jardin, à ce qu’il paraît …
Anne dit que « manger un fruit mûri sur l’arbre et fraîchement cueilli est un luxe ». Il m’arrive souvent de me dire, lorsque je ramène une salade du jardin et que je la mange dans les cinq minutes, ou que je cueille un fruit sur l’arbre que je suis un nanti et qu’il s’agit là d’un vrai luxe que même le président de la République ne peut s’offrir.
Encore plus luxueux : « manger un fruit cueilli sur l’arbre… issu d’un noyau qu’on a préalablement planté… après avoir mangé un fruit cueilli sur l’arbre… »
On touche peut-être là le point où la patience et la lenteur atteint la sensation d’éternité.
(même pas la peine de tenter d’en causer au Président de la République et autres… agités du bocal)
Le pêcher est originaire de Chine, où prêtres, poètes et sculpteurs en firent un symbole de l’Immortalité, qu’il éternisât la vie pour les uns ou qu’il empêchât le corps de se corrompre pour les autres.
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Le pêcher est à l’estampe chinoise ce que le cerisier est à l’estampe japonaise : un emblème de la plus pure beauté.
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La pêche fut cutivée en Perse dont on l’a d’abord crue originaire, comme le rappelle sa dénomination latine, Prunus persica. Elle fut introduite en Italie sous le règne d’Auguste. Puis elle connut la vindicte des naturalistes romains, de Pline et de Galien en particulier ; il est vrai qu’à l’époque les pêches étaient plus riches en eau qu’en saveur.
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Sous le règne de Louis XIV, on comptait déjà 33 variétés de pêches, dont la Quintinie établit la liste. Celui-ci cultivait les pêchers en espaliers, appuyés à des murs blancs qui reflétaient la chaleur solaire, selon une technique récemment redécouverte, elle aussi d’origine chinoise. Louis XIV raffolait des pêches et ses successeurs héritèrent de cette prédilection.
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Parmi les diverses variétés de pêches figuraient, à l’époque du Roi-Soleil, la belle de Vitry et la belle de Chevreuse. Ces dénominations nous rappellent que les cultures fruitières se développaient alors dans la région parisienne, avant que la croissance de la métropole ne vînt remplacer arbres et vergers par des tours de béton et des cités-dortoirs. De surcroît, les anciens vergers d’Ile-de-France eurent à subir la concurrence de ceux du Midi de de ceux, encore plus éloignés, d’Espagne ou d’Italie du jour où le chemin de fer permit le transport rapide de ces fruits fragiles.
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Si, autrefois, la pêche fut facilement dénoncée comme un fruit suspect, sans doute à cause de sa propension à pourrir très rapidement, les hygiénistes se sont toujours accordés pour en conseiller l’usage aux dyspeptiques. En effet, en raison de sa faible acidité, de sa faible teneur en sucre, du moelleux de sa chair, elle est l’un des fruits les mieux tolérés par l’estomac.
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Si les Anciens se méfiaient des fruits du pêcher, ils faisaient en revanche grand cas de ses feuilles et de ses fleurs. Henri Leclerc nous rappelle que « le sirop de fleurs de pêcher était un des rares purgatifs qui trouvât grâce aux yeux de Gui Patin, dont on sait que l’arsenal thérapeuthique se réduisait ordinairement au séné, eu son et à la saignée, ces trois « S » avec lesquels Théophraste Renaudot l’accusait charitablement d’envoyer ses malades dans un monde meilleur… »
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Les fleurs et feuilles du pêcher, tout comme les noyaux – de même, d’ailleurs que les noyaux de la plupart des Prunus -, contiennent des traces d’acide cyanhydrique, encore qualifié d’acide prussique, car il est apparenté chimiquement au bleu de Prusse. On en fit jadis des remèdes sédatifs et on conseillait à bon droit le sirop de fleurs de pêcher dans le traitement de la coqueluche : en l’espèce, il répond à une double indication en jouant simultanément le rôle d’un calmant et d’un laxatif, tout en soustrayant les jeunes malades aux débauches médicamenteuses dont les accable trop souvent la sollicitude de leur entourage.
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S’il est en Chine symbole d’Immortalité, le pêcher lui-même ne bat aucun record de longévité : on lui donne au plus quinze ans d’espérance moyenne de vie. »
(Jean-Marie Pelt, Des fruits, Fayard, 1994)
Il y a une variété de pêche qui s’appelle « grosse mignonne ». A qui pensait celui qui a obtenu cette variété ?
Et je me pose la même question à propos de la variété de salade dénommée « grosse blonde paresseuse ».
Pas d’accord avec Jean-Marie Pelt sur la longévité du pêcher. J’en connais un qui a bien plus de trente ans. Il peut donc dépasser allègrement les quinze ans.
La cloque est la principale maladie du pêcher et est souvent responsable du peu de fruits.
Bizarre tout de même : les pêchers, plus ils sont en cloque, moins y’a de petits ! Vous y comprenez quelque chose, vous ?
J’habite dans la commune la plus grosse productrice de pêches de France …
Enfin, qui était, car depuis quelques années, tous les pêchers ont été arrachés à cause d’une maladie : la sharka (orthographe non garantie).
D’après ce qu’un de mes voisins, producteur, m’a dit, cette maladie qui attaquait les pêchers en Grèce aurait été étudiée par un centre de l’Inra des environs. Des agriculteurs auraient volé des plants dans les champs expérimentaux et auraient ainsi causé la propagation de la maladie.
C’est bien dommage tout ça !
En tout cas, mes enfants auront grandi avec les pêches : 2 ou 3 à chaque repas, 4 ou 5 en rentrant de l’école … c’était un plaisir de les voir mordre dedans à pleines dents …un sacré privilège !
Un traitement que je viens de découvrir à propos de la cloque du pêcher : la décoction de prêle à utiliser en début de végétation. Il paraît que ça marche à merveille.
Les différences entre infusion, décoction, macération et purin :
– La décoction : chauffez les morceaux de plantes dans de l’eau sur le feu.
– L’infusion : placez les morceaux de plantes dans de l’eau très chaude pendant une nuit.
– La macération : placez les morceaux de plantes dans de l’eau pendant 2 jours.
– Le purin : placez les morceaux de plantes dans de l’eau pendant plusieurs semaines.
Première pêche du jardin mangée ce soir ! C’est exceptionnellement tôt !
Euh… Ne nous dis rien pour les premiers flocons !
On m’a offert un scion de « Pêche de vigne » . Je l’ai planté hier .
Pour la taille , faut-il respecter la règle des trois charpentières ?
Cette variété est-elle fragile à la cloque ?
J’ai un pêcher chez moi qui chaque année est très sujet à la cloque… (Dès que j’oublie de le traiter à l’apparition des bourgeons), et j’ai un ami qui à plusieurs pêchers de vignes et qui n’a pas ce problème… Est-dû à la variété ?
La pêche de vigne est plus rustique que les autres variétés et effectivement elle est moins sujette à la cloque.
La décoction de prêle, ça marche bien contre la cloque, aussi bien en préventif qu’en curatif.
Faut-il tailler les fruitiers en fonction de la lune ?
Je ne taille les arbres fruitiers qu’en fonction du temps dont je dispose, ce qui fait que je ne tiens pas compte de la lune. Mais c’est un tort. L’idéal serait que j’en tienne compte, d’autant plus que je sais que les arbres fruitiers se taillent en lune descendante.
Ma grand-mère disait que pour ne pas avoir la cloque sur ses pêchers, il faut semer de l’ail à leur pied.
Oui, je l’ai entendu dire également.
On parle aussi beaucoup de suspendre des filets avec des coquilles d’oeufs, je ne sais pas trop quoi en penser.
La lune descendante … Intéressent !
Merci , je vais en tenir compte !
J’en profite pour dire qu’on confond souvent lune montante et lune croissante, lune descendante et lune décroissante.
Lune décroissante, c’est quand le quartier de lune est de plus en plus petit chaque soir. Lune descendante, c’est quand la lune descend de plus en plus bas dans le ciel chaque soir.
Bonjour, tout le monde!
Je n’ai pas encore lu le fil de tous les commentaires, alors j’espère que la question n’a pas déjà été posée : ça ne craint pas trop le gel, les pêchers?
Et au niveau de l’exposition, quand tu les plantes, plutôt sud?
Le pêcher se plante plutôt exposition sud si on en a la possibilité. Mais je pense que les autres expositions, au moins Est et Ouest, conviennent.
J’ai des pêches tous les ans alors qu’il gèle en Franche-Comté pendant leur période de floraison et même après. Je pense que la pluie qui fait « couler » les fleurs est plus embêtante que les petits épisodes de gel.
J’étais en train de me dire que peut-être j’allais essayer contre un mur, avec des pêches de vigne.
Deuxième question, tu crois que ça pourrait fonctionner dans de très gros pots?
Je suis sceptique sur la capacité des pêchers à pousser dans de gros pots. Il faudrait des pots énormes.
A moins de planter des pêchers nains !
http://www.rustica.fr/videos-jardin/fruits-et-verger/planter-pecher-nain-pot,7591.html
Merci Yves! C’est marrant, on dirait qu’il y a une mode avec les arbres fruitiers nains! J’ai reçu la semaine dernière un catalogue d’un vendeur de plants, fleurs et arbres divers qui vendait des fuitiers nains : pruniers, cerisiers et un truc que je ne connaissais pas : le solanim muricatum (melon poire pepino)…. et il y avait aussi des fraisiers grimpants, que tu peux installer contre une palissade ou mettre en pot et faire tomber en cascade…
Il doit y avoir un marché à prendre, pour les marchands, des gens qui vivent en appartement et ont une terrasse à aménager.
Oui, il est certain qu’il existe plein de porte-greffes à très faible vigueur. Je me rappelle qu’il y a 25 ans, les écoles d’arboriculture (j’en avais visité une en Suisse) testaient des portes-greffes dits « nanisants » (vient du mot « nain »). Il y avait par exemple un porte-greffe appelé Edabriz qui est utilisé pour le ceriser (je crois que c’est une obtention de l’Inra). Les porte-greffes nanisants existent donc depuis quelques dizaines d’années mais, d’une part je ne vois pas d’arbres fruitiers nains autour de moi, et, s’il en existe, je serais très curieux de voir s’ils donnent vraiment des fruits lorsqu’ils sont cultivés en pots et surtout comment ils se comportent dans la durée. Car même les porte-greffes nanisants vont chercher leur nourriture loin en profondeur (exemple pour Edabriz cité ci-dessus : 1,20 m). Sans doute que dans ces cas-là, il faut amener continuellement des éléments fertilisants. Mais les gens qui achètent ce type d’arbre nain pour leur balcon le savent-ils ?
D’une manière générale, il faut quand même un sacré volume de terre pour cultiver des légumes en pot, même s’il ne s’agit que de persil … Alors, un fruitier, j’imagine qu’il en faut vraiment beaucoup.
Certains d’entre vous ont-ils déjà vu des arbres fruitiers en pot chargés de fruits ? Si oui, je retire une partie de ce que j’ai dit ci-dessus. Sinon, il me semble que c’est juste une invention de toute pièce faite par des marchands qui surfent sur la vague des gens qui n’ont qu’un balcon et qui se gardent bien de leur dire que la culture de ces plants sera difficile et devra respecter un mode de culture fait d’apports nutritifs permanents. Mais bon, ce ne serait pas la première fois (ni la dernière) que l’on met sur le marché des trucs qui ne servent à rien ou quasi rien.
Je n’ai qu’un exemple autour de moi d’une personne ayant tenté de cultiver un pêcher en pot acheter chez un marchant par correspondance … cette expérience n’est donc peut-être pas une généralité .
La culture ne tient pas dans la durée … Arrivé à un moment si vous voulez sauver l’arbre , il faut le replanter en pleine terre chez un parent qui a un jardin . Et là , surprise , au bout de quelques années , l’arbre « nain » fait 5 à 6 mètres de haut ( mais donne de très bon fruits ) !!
Y aurait-il eu tromperie sur la marchandise ?
:wassat:
Yves, je n’ai pas répondu à ta question ci-dessus. Oui, trois ou quatre charpentières suffisent.
Je ne connais personne qui en cultive. Cependant, il doit y avoir un vrai marché, car j’ai encore vu, hier, dans une grande surface où je faisais mes courses, des arbres en pots avec des agrumes. Ils n’étaient pas très grands et portaient des fruits. l’été dernier j’ai vu aussi chez un grand nombre de fleuristes, des plants de tomates et poivrons en pots. Pour cultiver sur sa terrasse. Je ne sais pas si ça marche et je me suis bien gardée d’en acheter, mais je remarque qu’il y a de plus en plus de produits, de kits, vendus pour les personnes qui n’ont pas de jardin, mais soit un balcon ou une baie vitrée. Bien sûr, tout ça coûte la peau des fesses!
« Cette année j’ai suspendu des filets remplis de coquilles d’oeufs à mon pêcher et je n’ai pas une feuille qui a cloqué !!!! »
J’avais tellement envie d’écrire cette phrase…. MAIS NON !!!! les filets de coquilles sont bien en place et le pêcher à cloqué plus que les autres années….
Etre en cloque est-il vraiment un pêcher capital ! :whistle:
La cloque je ne sais pas, mais la bulle est un péché du capital. Même si elle donne un moment la pêche.
Hou la la, ça fume ce matin …
Vite un abri côtier ! :w00t:
Georges, sans doute qu’il y a une coquille dans ta méthode !
:w00t: Ca aura servi à quelque chôse au moins…. à me fendre la coquille…. :w00t: