Un dernier article, avant de prendre congés de ce blog, l’espace d’une dizaine de jours seulement. J’ai envie de revenir un dernière fois sur les présidentielles. Avec l’intention de rendre hommage à Ségolène Royal.
J’ai espéré jusqu’au dernier moment que les urnes parleraient différemment. Mais à y regarder de plus près, les jeux étaient presque faits d’avance. Finalement le résultat est plutôt logique.
Pendant cinq ans, le PS n’a rien foutu. Pas l’ébauche d’un programme. Rien. Seules les ambitions personnelles ont prévalu : « succéder au déserteur ». En voilà une ambition pour le pays !
Ségolène est arrivée avec probablement beaucoup d’ambition personnelle. On ne peut le lui reprocher. Pour faire de la politique, il faut avoir soit un égo demesuré, soit un très gros complexe à compenser. Je préfère l’égo au complexe de celui qui a une revanche à prendre sur la société.
On ne peut non plus reprocher à Ségolène Royal de ne pas s’être appuyée sur son parti. Vous rigolez ? Sur quel parti ? Un parti en cendres parce qu’il n’a pas fait l’inventaire des années Jospin. Il n’y avait aucun point d’appui possible dans ce panier de crabes laminé par les guerres intestines. Sans pouvoir bénéficer d’un vrai programme et avec des éléphants qui souhaitaient la défaite de la gazelle (cela ne fait aucun doute), Ségolène a fait ce qu’elle pouvait, c’est à dire en comptant avant tout sur elle-même et sur quelques proches. Elle a donc avancé seule avec le lot de maladresses que cela comporte (la presse a d’ailleurs été beaucoup plus encline à relever ses quelques fautes que les bourdes de Sarko). La grosse erreur de Ségolène Royal aura été, à un moment donné, de revenir vers les DSK, Hollande & Co. Elle n’avait pas compris (ou peut-être a-t-elle simplement douté de sa stratégie à un moment donné) que les français ne voulaient plus de cette génération-là. Dans un combat, on ne change jamais de stratégie. Ce fut sa faute.
Elle s’est retrouvée face à un Sarkozy qui avait quatre années de campagne d’avance et qui a probablement fait une campagne exemplaire, grâce d’une part à ses qualités personnelles exceptionnelles (son punch surtout, qu’il faut lui reconnaître) mais aussi grâce à des choses moins avouables, notamment le système de noyautage de la presse et de désinformation mis en place autour de lui.
Si l’on regarde tout ce qui a desservi Ségolène Royal (la campagne forcenée et réussie de Sarko, la désinformation du public, l’absence de programme du PS, les coups de poignards dans le dos ou l’inertie volontaire des vieux socialistes, les dérapages verbaux des machos, la déliquescence complète de la gauche de la gauche…), force est de reconnaître qu’en faisant passer la gauche de 35% au premier tour à 47% au 2ème tour, Ségolène a réussi un petit miracle. Ce petit tour de force, elle le doit à ses propres qualités d’abord (son courage avant tout) mais aussi, il faut le reconnaître, au front anti-Sarko qui s’est installé en fin de campagne.
S’il fallait que je garde une image, une seule, de cette campagne, c’est bien celle, lumineuse, de cette femme, entourée d’adversité, avançant avec courage et détermination vers son destin.
Mais revenons aux éléphants : DSK, Fabius, Lang, Hollande et Jospin. Il est évident qu’ils ont plombée Ségolène Royal, du début à la fin. Par le fait d’abord de n’avoir eu aucun programme à proposer à leur candidate. Mais aussi par le fait de ne pas l’avoir aidée ou, pire, d’avoir entravé sa marche. Jamais dans l’histoire des présidentielles, un candidat n’avait été aussi peu soutenu par son propre parti. Chacun des éléphants, pour des raisons personnelles ou pour des visées stratégiques à moyen terme (2012), a souhaité la défaite de sa candidate, c’est une véritable honte, le pire peut-être ayant été le PIRE (c’est l’abréviation que j’ai trouvé pour le Planqué de l’Ile de RE, je suis assez content de ma trouvaille).
Finalement, si Ségolène Royal méritait de gagner, le PS lui, méritait de perdre.
Juste un petit conseil à Ségolène pour finir. Face à une telle adversité dans son propre parti, il n’y a qu’une seule méthode qui vaille : la méthode Sarkozy, c’est à dire la méthode kärcher. « Vas-y Ségo, pulvérise-les avant qu’il ne reprennent le dessus. Beaucoup de gens sont avec toi. Mais le chemin sera long pour reconstruire ce qui est aujourd’hui en ruine ».
« Je suis à la fois scandalisée et sidérée d’avoir vu hier soir avec quel soulagement les « éléphants » du PS ont salué la défaite de Mme Royal.
1. Ils n’auront pas à gouverner : on sentait bien qu’ils préféraient tout de même l’opposition ; c’est plus simple !
2. « Elle » était battue. « une grave défaite » d’après Strauss-Kahn (Jospin en 2002, c’était un cataclysme ?). On sentait la jubilation intérieure de ces messieurs … Une femme, pensez-donc, on vous avait bien dit qu’elle n’y arriverait pas. En plus, elle avait pris « leur » place ! Quel excellent bouc-émissaire ! Ce n’est pas une défaite du PS, mais une défaite de Mme Royal ! Facile…. »
(C. Chaleyssin, lectrice, Télérama n° 2992)
Pour écrire à Ségolène Royal http://www.parti-socialiste.fr/
Excusez-moi si je me répète car je crois l’avoir déjà dit mais je lui ai envoyé un mail pour lui dire 3 choses :
1. Bravo pour sa campagne courageuse et en dépit d’une adversité redoutable.
2. La gauche est morte… vive la gauche !
3. Il faut désormais placer le vivant au cœur de tous les projets… depuis l’humain maltraité jusqu’à l’amibe… et sans OGM s’il vous plaît.
Jespère que ni DSK, ni Fafa, ni Jack ne vont à la boîte aux lettres !
Sans OGM ? Et pourquoi sans OGM ?
Pour laisser la recherche et la main mise sur ce qui fera, de toutes façons, à coup sûr une bonne part de l’agriculture des années futures aux mains des laboratoires américains, chinois, indiens, argentins et brésiliens ?
Pourquoi pas… C’est en tout cas la marque d’une sacrée confiance dans la capacité des autres nations à gérer convenablement ce qui est assurément porteur de nombreux dangers.
Je n’ai pour ma part pas (encore ?) cette sérénité. Cet optimisme.
Je fais plutôt partie de ceux (minoritaires, il paraît) qui regrettent amèrement que la France s’interdise – au nom de je ne sais quel angélisme (ou « catastrophisme technophobe ») – de participer concrètement à ce qui va inexorablement (et rudement) se jouer dans ce domaine-là, alors qu’elle avait de sacrés atouts (notamment des organismes de recherche de pointe et surtout publics, donc « contrôlables » : INRA et CIRAD) qui auraient pu influer les choses selon certaines valeurs.
REPENSER LA GAUCHE
La gauche française aurait du gagner ces élections présidentielles : un président sortant impopulaire ; un bilan peu flatteur d’une majorité de droite à bout de course ; un pays vieillissant désireux de maintenir la protection sociale; une jeunesse désireuse de réussir l’intégration des minorités et de lutter contre les scandaleux privilèges des plus riches ; un candidat de droite qui ne se cache pas de l’être.
Et pourtant la gauche a perdu. Exactement pour les mêmes raisons : Elle n’a pas su proposer un programme clairement de gauche. Non pas une gauche des mots, du populisme et du maintien des privilèges de quelques uns des salariés : cette gauche-là coule avec le parti communiste et les archéo-socialistes. Mais une gauche moderne, capable de penser le monde, de mettre à profit le progrès technique, de repenser la justice sociale en se fondant sur un principe simple : la fonction de la gauche est de donner une place plus grande à la démocratie fasse au marché. Et pour ca, capable de mettre en avant trois priorités : la gratuité, le savoir et la responsabilité. Et d’en déduire un programme précis, détaillé, cohérent, ambitieux, sur tous les sujets.
La gauche pourrait encore gagner les élections législatives, si elle avait un programme de ce genre, et si elle avait un candidat à la direction du gouvernement, en cas de victoire. Elle n’a ni l’un ni l’autre. Et, à écouter la façon dont elle s’entre-déchire, sur des faux débats, sur des querelles de personnes, elle laissera encore passer sa chance. On va voir triompher des faux maitres à penser, expliquant que la France doit renoncer à être elle-même, qu’elle doit se couler dans la mondialisation libérale, qu’elle n’a plus son mot à dire dans la pensée du monde… Quel gâchis…
(j@attali)
En tout cas le bon père Hollande, il semblerait qu’il n’ait rien vu venir !
Et tout ça (si l’on en croit les derniers potins) pour une petite escapade extra-conjugale !!!
Après l’ « effet papillon » (le battement des ailes d’un papillon provoquant un orage à l’autre bout de la planète), l’ « effet portable » (un coup de fil reçu en pleine réunion qui provoque la « révolution Ségolène » et la probable disparition des dinosaures !)
Entièrement d’accord avec Attali.
Vincent, c’est quoi ces petits potins sur la petite escapade extra-conjugale de Hollande. Désolé, j’aime aussi les petits potins (c’est mon petit côté féminin … mdr !).
« Côté féminin » si tu veux, en tout cas pas si ridicule que ça. Toutes les grandes choses ne sont-elles pas issues de petites ? Et l’essentiel n’est-il pas toujours plus ou moins dans les détails ?
Trève de préambule. Il y a une journaliste du Monde (je ne sais plus son nom, mais c’est elle qui a suivi la campagne de Ségolène Royal) qui vient de sortir un bouquin qui fait apparemment grand bruit.
Elle y relate (si j’ai bien tout suivi) entre autre une confidence déclarant que tout aurait semble-t-il commencé par un coup de fil que François Hollande aurait reçu un soir, au restaurant, alors qu’il dînait avec les cadres du PS. Il aurait alors étrangement chuchoté pour répondre, serait sorti pour poursuivre la conversation… et ne serait pas revenu. Quelques heures plus tard, les même cadres aurait reçu un coup de fil de Ségolène demandant si François était toujours avec eux.
Ce petit accroc aurait simplement servi de signal à Ségolène, indiquant qu’il était temps pour elle aussi d’assouvir ses désirs secrets : laissant le bon gros François à sa gestion minable du Parti tout autant qu’à sa probable aventure avec une jeune sous-secrétaire de section, elle aurait « laché les chevaux » et serait alors parti, sans lui demander son avis, vers un destin autrement plus ambitieux.
Je ne sais pas si tout cela est vrai… mais ça mériterait de l’être.
Ce qui en revanche est sûr, c’est qu’entre François/Ségolène et Nicolas/Cécilia, on n’a pas fini d’en voir fleurir des potins !!!!
…fleurir les potins ? A la limite ! Mais pas les OGM.
Que les autres cherchent la merde, aucun doute qu’ils la trouvent, mais que ni les bousiers, ni les nécrophores ne le puissent encore le faire alors qu’ils sont « eux » génétiquement programmés pour le faire, il y a là une énorme couleuvre que je ne suis pas prêt d’avaler, et pas plus que le reste !
Le respect du vivant reste pour moi la valeur fondamentale. 80 % de la surface agricole argentine est aujourd’hui passée en OGM : Vincent, va voir ce que cela veut dire. Les surfaces non OGM sont « sulfatées » aux pesticides qui traitent les parcelles voisines ; les villages, les écoles sont contaminés et la santé publique (diarrhées, problème de naissances) est gravement atteinte.
Que l’on ne réagisse plus aux énormités de cette situation ni aux souffrances terribles vécues par nos frères me consterne.
Rassurez-vous, ce n’est pas la première fois, et surtout, je sais bien qu’il vaut mieux être consterné bien nourri que mal nourri.
Tout à fait d’accord avec Vincent
Vincent, je me demande pourquoi ma région s’interdit l’acquisition de la bombe H…
Sans bombe H? Et pourquoi sans bombe H ?
Pour laisser la recherche et la main mise sur ce qui fera, de toutes façons, à coup sûr une bonne part des massacres des années futures aux mains des laboratoires américains, chinois, indiens, iraniens et israeliens ?
Pourquoi pas… C’est en tout cas la marque d’une sacrée confiance dans la capacité des autres nations à gérer convenablement ce qui est assurément porteur de nombreux dangers.
Je n’ai pour ma part pas (encore ?) cette sérénité. Cet optimisme.
Je fais plutôt partie de ceux (minoritaires, il paraît) qui regrettent amèrement que la Franche-Comté s’interdise – au nom de je ne sais quel angélisme (ou “catastrophisme technophobe”) – de participer concrètement à ce qui va inexorablement (et rudement) se jouer dans ce domaine-là, alors qu’elle avait de sacrés atouts (notamment des organismes de recherche de pointe et surtout publics, donc “contrôlables” : LMARC (laboratoire de mécanique appliquée Raymond Chaléat), DIREN Franche-Comté et Morteau saucisses) qui auraient pu influer les choses selon certaines valeurs.
Si la discussion par blog interposé est possible sur un sujet aussi « chaud », Christophe, permets-moi de rebondir sur deux points :
1) Si on doit vraiment « respecter le vivant » tel qu’il est « naturellement programmé », on n’aurait pas grand chose à se mettre sous la dent : à part les fruits de la chasse, de la pêche ou de la cueillette sauvage, tous nos aliments (végétaux comme animaux) sont en effet déjà des OGM. La découverte des lois de la génétique et de l’ADN, puis le développement des techniques associées, ont certes augmenté considérablement les possibilités offertes mais, dans le fond, rien ne diffère de ce qui est enclenché depuis le néolithique.
2) Réagir aux énormités de certaines situations, oui bien sûr, mais en quoi interdir la recherche sur les OGM en France est une solution ? Ça changera quoi par exemple pour le cas des Argentins que tu pointes (parmi des centaines d’autres) ? Le monde entier va arrêter le mouvement parce que la France se retire du jeu ? Ça paraît bien utopique et pour tout dire extrêment dangereux, voire (excuse-moi, mais je le pense) carrément irresponsable. On aboutit à quoi avec une telle politique, sinon au monopole aimablement laissé aux firmes américaines et chinoises, toutes heureuses de l’aubaine ? Quelque chose me dit que s’il est possible de créer des céréales à nécessitant moins d’eau, d’engrais et de pesticides (et pourquoi cela ne le serait-il pas ? les transformations déjà réalisées par les méthodes « traditionnelles » de sélection ont déjà accompli de véritables miracles), il vaut mieux que ce soit un organisme public français, voire européen, qui en soit à l’origine, si on veut avoir une chance ensuite, à notre niveau, de pouvoir influer sur la possibilité de les donner aux pays dits « pauvres ». Et je ne parle pas des « alicaments » et des multiples perspectives qu’ils ouvrent.
Mais bon… J’ai bien peur que les deux positions soient inconciliables ?
Quelqu’un perçoit-il une possibilité de les accorder ?
Y a-t-il forcément le Bien d’un côté et le Mal de l’autre ?
Serenense, assimile les OGM à la bombe H si tu veux, mais jusqu’à preuve du contraire, sur c’te fichue planète y’a plus de monde qui crève de faim… que d’avoir mangé du maïs OGM, nan ?
Vincent il y a plus de naïveté dans ta position que dans celle qu’ont pu prendre Christophe et Serenense – qui soit dit en passant se moquait du raisonnement fataliste « de toute façon les autres feront mal alors il faut y participer activement » et n’assimilait la bombe H aux OGM que pour le faire avec humour.
« y’a plus de monde qui crève de faim… que d’avoir mangé du maïs OGM, nan ? »
Et bien pas sur! Si les auteurs des rapports qui ont permis la commercialisation des maïs Monsanto dans la distribution alimentaire européenne se sont contenté de dire que les OGM « ne sont pas un poison violent » il existe dans le rapport de recherche, fait par la firme productrice et rendu public après une longue bataille administrative, des résultats alarmant notamment quand aux effets sur le pancréas. Imagine bien qu’il est aujourd’hui possible que des millions de personnes qui mangent se maïs, bien souvent sans le savoir, soient en train d’en mourir à long terme.
Il est encore plus naïf de croire que les OGM sont destinés à nourrir la planète !
C’est déjà flagrant lorsque l’on regarde ce qui se passe aujourd’hui au canada ou dans toute l’amérique. Les OGM n’ont eu qu’un seul objectif, passé sous brevets internationaux ce qui ne pouvait encore pas l’être. Et c’est royalement réussi puisque si un container de colza contient une graine modifiée par Monsanto, tout le container est légalement leur propriété. On ajoute à ça la contamination généralisée qui est déjà observé en Amérique et la présence de pollen à des altitudes élevées qui laisse penser que ça pourrait aller encore beaucoup plus loin.
Pour bien contrôler tout ça et ne pas perdre la main, Monsanto à créer une police privée qui va faire des prélèvements de sa saule initiative dans les champs et poursuit avec de gros moyen, tout ceux qui peuvent contenir « illégalement » et bien involontairement des OGM. C’est une pression constante sur les agriculteurs qui ne se fournissent pas chez eux qui en a fait céder plus d’un.
« Et je ne parle pas des “alicaments” et des multiples perspectives qu’ils ouvrent. »
Et bien si l’est une chose malhonnête c’est sans doute de faire croire que ce qui se fait côté OGM, que ce soit en Europe ou ailleurs est destiné à la recherche pharmaceutique. Il existe bien quelques équipes britaniques qui ont eu des résultats encourageants mais sans necessité de milieux ouverts et des surfaces de 50 000 hectares (ce qui est réservé aux OGM en France aujourd’hui) ce n’est pas dans cette direction que sont investis les fonds et tout le monde le sait. Deux buts sont recherché en sus de la main mise sur les semences : La productivité, et en cela on peut faire le lien avec ce qui a pus se faire avant, et principalement la résistance aux pesticides. C’est bien ce dernier domaine qui ouvre les perspectives les plus lucratives et qui va faire l’objet du plus grand développement.
Comment alors nourrir le monde en détruisant les terrains ? Penses tu réellement que ce soit une solution pérenne ? A une époque où il est urgent de se rendre compte que l’agriculture intensive telle qu’elle est gerée aujourd’hui n’est pas viable et qu’elle menace le vivant à un terme que l’on ne sait absolument pas mesurer (long, moyen, … qui mourra verra ! ) est ce vraiment la meilleur solution que d’apporter les moyens de déverser tout les pesticides du monde sur une terre mourante ?
Toute les études indépendantes sont unanimes sur un point, il n’est pas besoin des OGM pour nourrir la planète. La direction que prennent les évènements risque plus d l’affamer.
Pour précision, je ne suis pas farouchement opposé à le recherche confinée sur la modification génétique du vivant mais ce qui se fait, en France ou ailleurs n’a rien à voir avec ça !
Etant donnée l’heure, je ne veux pas m’attarder trop longtemps…
Mais en substance :
– oui, comme dit Glorfindel, je ne voulais pas directement assimiler les OGM à la bombe H, mais pointer le côté fataliste agaçant de ton discours ponctué de « inexorablement » et d' »à coup sûr »… Je pense que ces positions sur la veine du « le train est de toute façon en marche, il faut le prendre » font beaucoup de mal. Mais je peux comprendre aussi que mon procédé un peu facile t’aies agacé à ton tour ;
– Christophe ne pointe certainement pas l’Argentine comme un exemple parmi d’autres ; il s’agit quand même du deuxième plus gros producteur d’OGM après les Etats-Unis. Avec le Canada, ces trois pays produisent 90 % des OGM dans le monde, excusez du peu.
– sur la faim et les OGM, le rapport n’est pas évident, et pire, va dans le sens contraire de là où tu voudrais m’amener. Les agriculteurs des pays du sud qui se laissent prendre au mirage et mettent le doigt dans l’engrenage, se trouvent broyés pas l’endettement et l’impossibilité de réutiliser leurs semences, férocement brevetées. Les OGM affament les gens qui ont faim !
– 99 % de la production des OGM, et l’immense majorité de la recherche menée, sont orientées vers l’acquisition d’une résistance aux pesticides (de quoi intensifier l’agriculture un peu plus au détriment de la biodiversité, et inonder le marché et la terre de roundup) ou à la production d’insecticides par les plantes (miam miam). Alors oui, parler de recherche permettant de sélectionner des maïs nécessitant moins de pesticides, c’est aussi naïf ; cautionner ce système est, je le pense aussi, irresponsable et bien triste.
– Jusque là, l’Europe résistait vaillamment et mettait une belle épine dans le pied aux producteurs d’OGM. Etait-ce ridicule de chercher à enrayer l’engrenage, aussi puissant soit-il ? Je ne peux que reprendre le texte d’Attali cité plus haut « On va voir triompher des faux maitres à penser, expliquant que la France doit renoncer à être elle-même, qu’elle doit se couler dans la mondialisation libérale, qu’elle n’a plus son mot à dire dans la pensée du monde… Quel gâchis… »
Vincent, fais donc un tour sur ce site :
http://www.kokopelli.asso.fr
cette image « lumineuse, de cette femme, entourée d’adversité, avançant avec courage et détermination vers son destin. »
C’est tiré de « Autant en emporte le vent, non, et c’est bien de Scarlett O’Hara dont tu parles …?
Il ne manque plus que le fond de coucher de soleil .…
Ah, ce Bernard, quel romantique!
Vincent, ça aussi tu peux aller voir :
info@actu-environnement.com
Avant de lire les liens proposés par Brin’dpaille (promis j’vais le faire ce week-end… bien que je pense connaître a priori les arguments des anti-OGM) et en prenant le risque de tenter de poursuivre le délicat débat en l’absence de PITEX (le Planqué de l’Ile de TEXel), notre « grand modérateur », une réponse encore en deux points :
1) Je veux bien être quelque part « naïf », assumer donc un part de croyance et d’ignorance sur ce sujet (comme sur tout autre), mais de là à l’être forcément « plus qu’un autre », sachant qu’il y a en la matière pas d’instrument de mesure, c’est d’autant plus délicat que me semblerait avant tout l’être (naïf) toute personne convaincue de ne pas l’être du tout. Je ne renchérirai donc pas sur ce point.
2) Sur le fond de la question en revanche, je tiens à préciser que je suis avant tout gêné, dans la position que vous défendez, par ce qui me semble être un amalgame abusif.
Oui bien sûr, il faut lutter contre la mondialisation ultra-libérale, notamment en opposant aux grandes firmes transnationales des contrepouvoirs cadrant leur unique intérêt financier, mais cela ne justifie pas selon moi la « fixette anti-OGM ». Sans connaître en détail son histoire, j’imagine en effet que Monsanto n’a pas attendu les OGM pour développer des projets plus ou moins directement nuisibles, et je ne vois pas en quoi – à supposer que ce soit réalisable – l’interdiction de tout OGM changerait quelque chose. Les OGM, comme toute avancée scientifique, ne sont en soi ni « bien » ni « mal »… Tout dépend simplement, comme pour tout, de ce que nous en faisons.
Il y a sur cette question à mon sens, un aspect économico-politique sur lequel ont peut construire un vaste consensus (notamment en matière de lutte contre le brevetage du vivant) et une dimension que je qualifierais de philosophico-religieuse (refus épidermique de tout « progrès », quel qu’il soit) beaucoup plus discutable.
Ici (comme sur la question nucléaire, soit dit en passant) je pense sincèrement qu’on gagnerait à distinguer les deux ordres pour discuter sereinement… mais bon, ce n’est que mon point de vue (et j’ai bien conscience qu’il est ici non seulement minoritaire, mais qu’il devient peut-être gênant si je persiste à le défendre).
Encore une chose (si vous permettez) :
« Est-ce ridicule de chercher à enrayer l’engrenage, aussi puissant soit-il ? » demande Serenense.
Au-delà du fait que tout (ou rien) peut être qualifié de « ridicule » d’un certain point de vue, tout dépend peut-être de quel engrenage et de quelle méthode employée ?
– Si l’engrenage en question est le plein pouvoir des semenciers et leur totale liberté d’user des nouvelles techniques développées à leur seul intérêt financier, la meilleure option est-elle vraiment d’accorder aux grandes firmes américaines un plus grand pouvoir en éliminant leur concurrents européens et leur offrant du coup le monopole ? Ne pourrait-on pas plutôt tenter de « montrer l’exemple » d’un cadrage raisonné ?
– S’il s’agit plutôt de l’utilisation des OGM dans l’agriculture (déjà 70 milliards d’hectares dans le monde, apparemment, et sans doute le double dans trois ans), j’ai bien peur que l’interdiction en France (de quoi d’ailleurs : des recherches, des cultures, de la consommation ?) ne change pas grand chose… et ne convainque surtout personne.
(La Kenyane Florence Wambgu n’est sans doute pas la seule à considérer que « L’agressivité des Européens à l’égard des OGM relève d’une pathologie de nantis ». Quoiqu’on en pense, choisir de « mourir à long terme », pour reprendre les termes de Glorfindel, bref de « vivre » tout simplement, est en effet un risque que plus d’un sur cette planète est prêt à prendre sans trop hésiter !)
– Si l’engrenage à enrayer, enfin, est le développement de la science et des techniques associées… voire d’en finir avec l’Occident et son imaginaire prométhéen qui se mondialise… heu… il va peut-être vraiment falloir remonter ses manches, envisager d’autres méthodes… et peut-être être encore un peu plus naïfs !!!
Bon je vais pas m’éterniser car je suis convaincu que tu sais pertinemment que ce n’est ni une croisade contre la science (je suis une formation scientifique et je serais vraiment pas crédible dans ce rôle) ni une question religieuse qui motive mon point de vue.
Je ne prétend pas être exempt de naïveté mais accuser les opposants au développement en milieux ouverts des OGM (puisque l’on veut être précis) d’angélisme et apporter sur ce sujet les arguments des olicaments, de la recherche médicale, … je pense que c’est particulièrement douteux.
Je suis en désaccord avec ton relativisme généralisé mais je ne voudrais pas m’appesantir là dessus.
J’ai du mal à considérer dans la situation actuelle que le lien (et non l’amalgame) entre la mondialisation et le développement des OGM soit erroné. On sait, l’un comme l’autre que ce n’est pas une volonté de faire vivre les gens qui motive les autorisations d’exploitation des OGM. Je ne m’oppose à aucune recherche qui conserve son status avant que l’on puisse avoir les moyens d’affirmer que l’on ne modifie pas définitivement l’ordre du vivant au risque de modifier un équilibre sur lequel on sait que l’on a déjà un contrôle très limité.
Quand je dis « mourir à long terme » ça à une portée TOUTE AUTRE que celle que tu veux lui accorder. les effets des OGM peuvent dépasser les générations et entrainer soit des malformations congénitales (qui ont déjà été observées sur des animaux) soit une modification du fonctionnement de l’organisme qui pourrait entrainer à terme (après qq générations de mangeurs d’OGM) une mutation qui fera s’éteindre ceux qui la porte. Je pense notamment à une diminution de la fertilité qui est averée dans les milieux où l’on épand de fortes quantités de pesticides, que ce passe-t-il si les aliments produisent eux même des pesticides ?
On peut me reprocher d’être catastrophiste mais ABSOLUMENT RIEN – au moins à ma connaissance mais je pense que c’est vrai au dela – ne peut aujourd’hui faire penser que cette hypothèse est si peu probable que l’on puisse la négliger totalement et ne pas donner aux consommateurs et aux générations futures par le biais du pouvoir public les moyens de s’en prémunir.
Je ne pense pas faire une « fixette anti OGM », je ne pense pas que mon discours ne relève de l’obscurantisme ni d’une peur de la technique. Je suis convaincu que l’on ne peut pas attendre d’avoir vaincu la mondialisation ultra-libérale pour protéger et se protéger d’une menace véritable qui déstabilise à la fois la flore et l’ensemble de la biodiversité.
Si l’interdiction en France ne change pas grand chose elle serait déjà (encore que ces décisions ce prennent de toute façon au niveau européen) l’expression de nos pouvoir de citoyens, nous n’avons pas le pouvoir de l’imposer à l’inde certes mais nous avons le devoir d’alarmer sur les danger que l’on y voit et cela indépendamment de la considération internationale.
Pour que tout soit plus clair, Glorfindel, quand tu parles d’« interdiction en France », tu penses à quoi en priorité : celle de la recherche en soi, de la culture (même expérimentale) en plein champ, de la vente de semences ou de produits alimentaires en contenant la moindre trace, de tout cela à la fois ?
Je parle de la culture en plein champ, même expérimentale et je demande un étiquetage très visible sur les aliments en contenant ET les dérivés (lait, oeufs et viande provenant d’animaux nourris aux OGM) sans seuil.
Finalement, on n’a pas des positions si différentes que ça.
Je serai tenté par les mêmes deux propositions que toi, seulement je me pose juste encore deux questions :
1) Qu’est-ce qui gène vraiment dans la culture en plein champ ?
Un risque de contamination ? Certes, mais la généralisation du fameux gène « Terminator », imposée par le Ministère de l’agriculture américain au début de l’expérimentation des OGM pour empêcher la reproduction naturelle d’une plante OGM (en cas de problème apparaissant à moyen ou long terme), ne serait-elle pas à bien considérer un « principe de précaution » suffisant ? Quel est réellement le risque encouru ?
2) Pour l’étiquetage, pourquoi pas, sur le principe aucun souci, mais la réalisation concrète est-elle simplement possible ?
Le « traçage » déjà, surtout s’il est sans seuil et va jusqu’aux dérivés, serait d’une lourdeur administrative plus que coûteuse, mais surtout la limite entre plante OGM et non-OGM est-elle si évidente que cela ?
En effet, s’il ne s’agit pas de revenir aux plantes sauvages d’avant le néolithique (je ne pense pas que ce soit le cas), comment distinguer concrètement les plantes « OGM acceptables » (car toutes les plantes cultivées aujourd’hui sont issues de croisements ayant retenus les mutations génétiques hasardeuses qui nous convenaient) des plantes « OGM interdites » ? Quelle manipulation de laboratoire déterminerait le passage d’un camp à l’autre ?
Sincèrement, en réfléchissant un peu au problème, ces deux questions me laissent pour ma part bien perplexe (si quelqu’un a des éléments qui permettent d’avancer un début de réponse… je suis preneur)
Pour le 1), ce n’est pas tant la reproduction de la plante en elle même qui pose problème mais l’hybridation des plantes non OGM voisines qui est elle absolument pas contrôlée. D’autant plus que l’on retrouve des pollens à des altitudes très élevées.
Pour le 2) je ne pense pas que le coût d’un étiquetage sur les produits dérivés et sans seuil soit si élevé étend donné que la traçabilité est déjà assurée pour les produits directement OGM (on fixe juste les 0,9% en fin de chaine) et que celle existante sur la viande est bien rodée après les épisodes « vache folle », il suffirait d’y ajouter un critère.
La limite entre plante OGM et non OGM est claire dès lors que l’on s’interdit la culture en plein champ. En effet les cartes peuvent sembler brouillées une fois les plantes croisées naturellement avec des OGM.
Il faut garder à l’esprit qu’il ne s’agit pas de simples hybridations et que les gènes introduits sont issues d’espèces très différentes et souvent animales. La présence de ses gènes peux être détectée, simplement en remarquant la résistance aux herbicides pour ce qui est sur le marché actuellement ou par une analyse génétique mais là c’est évidement pas possible financièrement.
1) On en connaît des cas d’hybridation « naturelle » avec des plantes non OGM ?
Si oui, n’est-ce pas la preuve que la plante n’est pas si « dénaturée » que ça ? (Si l’on en croit la théorie de l’évolution par sélection naturelle, il y a eu des mutations « naturelles » de gènes bien plus radicales puisqu’elles aboutissaient à des espèces incapables de s’entre-féconder)
Et l’hybride obtenu a-t-il la moindre chance de se propager en se reproduisant lui-même naturellement ?
Si non, n’est-ce pas pousser un peu loin le « principe de précaution » ?
2) La limite OGM/non OGM serait donc déterminée par l’introduction d’une séquence de gène d’un autre règne, voire simplement d’une autre espèce, c’est bien ça ?
LA MONARCHIE QUINQUENNALE
L’élection présidentielle passée, personne ne s’interroge plus sur les résultats des prochaines élections législatives. Chacun accepte que la campagne qui vient de se terminer était aussi (sinon seulement) une campagne pour des élections législatives ; et chacun considère le résultat du mois de juin comme acquis : le parti du président s’en satisfait, évidemment, espérant rafler un nombre inédit de sièges, dans la foulée de l’élection de Nicolas Sarkozy ; la gauche elle aussi s’en contente et préfère se résigner à sa défaite plutôt que de choisir parmi ses dirigeants un candidat au poste de premier ministre en cas de cohabitation. Le président, appuyé par une majorité parlementaire très large, pour cinq ans, sera plus puissant que jamais.
Cette situation, dont la présence de Jean Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle de 2002 avait masquée l’imminence, découle de deux réformes constitutionnelles très contestables : la réduction à cinq ans de la durée du mandat présidentiel et le report de l’élection des parlementaires après celle du chef de l’Etat.
Les conséquences en seront vertigineuses.
D’abord, les élus de la majorité, qui devront leur mandat au seul Président, ne pourront rien lui refuser. Ensuite, le Président, n’ayant plus la moindre tentation de dissoudre un Parlement à sa dévotion, ne sera plus, dès son élection, préoccupé que par sa réélection. Enfin, débarrassé de toute menace électorale nationale, il sera en situation de décider de tout, de nommer qui il souhaitera, à tout poste, même ceux qui ne sont pas, constitutionnellement, de sa compétence.
Nous n’entrons pas dans une 6ème république, mais dans une monarchie quinquennale.
Le Président pourra utiliser ce pouvoir presque illimité pour mener de vastes réformes, comme le fit François Mitterrand pendant les cinq premières années de son premier mandat, ou pour ne rien faire, comme le fit Jacques Chirac pendant les cinq dernières années. Dans les deux cas, l’opposition gagnera toutes les élections locales d’abord municipales, puis régionales, qui serviront d’exutoire, et perdra toutes les élections nationales. Comme si les Français considéraient que la droite était mieux placée pour gérer les enjeux stratégiques, et la gauche plus préparée à prendre en charge la gestion des problèmes de proximité.
Cette situation peut durer très longtemps ; et la monarchie quinquennale pourrait, sauf accident, devenir décennale……
(i@attali.com)
Tu fais ton intéressant là, Vincent, mais pour faire simple : s’il y avait une indication « OGM » sur un emballage, tu achèterais le produit ?
Heu…
Déjà j’me plaindrais de ces fichus écolos qui d’un côté ne veulent plus d’emballages et de l’autre multiplient les logos et autres informations obligatoires.
Ensuite, étant donné que je digère très mal ce qui est trop « bio » (question de génération, je crois, j’ai été élevé au veau aux hormones), il y a de schances que oui, j’en achèterai.
Très drôle, mais tu te défiles là, mon garçon.
A ton fils alors, tu lui en donnerais à bouffer ?
Heu… Tu as raison… Autant que possible (que mon porte-monaie le permet), j’éviterais… mais serait-ce vraiment un acte politique marquant une quelconque solidarité avec les pays ne pouvant pas se permettre ce genre de luxe ?
Tu es désespérant !
Sache juste que si tu sembles beaucoup t’amuser sur ce blog, ce n’est pas toujours très drôle pour les autres de causer avec toi.
Mais le désespoir n’est-il pas l’anti-chambre de la béatitude ?
…plutôt l’antichambre de la « gonflitude » (comme dirait Ségolène)
Fais gaffe Vincent, tu va devenir schizo !
C’est déjà fait… C’est ce qu’on appelle l’autosuffisance…
…ou une simple façon de tenter de maintenir en vie le blog assoupi, en attendant le retour du PITEX.
C’est vrai que c’est un peu mort en ce moment, et en plus, j’ai peu de temps à y consacrer en ce moment ; mais ça va revenir !
Si je peux me permettre…
Ce besoin de se créer des interlocuteurs imaginaires (de venir quasiment tous les jours sur le blog aussi, afin de participer tant bien que mal à toutes les discussions, même quand il n’y connait rien), ne serait-ce pas plutôt la marque d’une sorte d’« auto-insuffisance » ?
Heu… On peut changer de sujet, siouplé ?
Revenir aux OGM… ou à Ségo ?
[…] « Laurent Fabius ne sera jamais Président de la République. En effet, Laurent Fabius est mort. Il ne sait pas qu’il est mort. Il ignore que ses paupières sont baissées, ses mains croisées sur son buste au fond du cercueil. Personne au PS n’osant le prévenir de son état, il continue à se rendre, les soirs d’élection, sur les plateaux de télévision, où il prononce des mots morts. Dominique Strauss-Kahn aussi est mort, et ne sait pas lui non plus qu’il est mort, qu’il gît en compagnie de Fabius au cimetière des Éléphants. C’est pourquoi, dès qu’une émission politique démarre, il se pointe à son tour dans le studio et se réchauffe la langue en parlant de «rénovation». Mais il ignore que la rénovation a déjà commencé sans lui : une maçonne est au pied du mur, et l’on ne voit qu’elle. » […]
(Christian Laborde, Percolateur n°30, chronique à la Nouvelle République des Pyrénées, 21/05/07)
Pour en revenir aux OGM (et à ce souci de ne pas placer de trop fortes convictions sur des pensées trop simples) :
Ne pourrait-on pas simplement suggérer aux faucheurs (et autres anti-OGM plus ou moins militants) de faire un peu la distinction ne serait-ce qu’entre les essais des organismes de recherche publique (qui cherchent des maïs sobres en eau, en pesticides et en engrais, des plantes capables de dépolluer les sols, des bactéries absorbant les métaux lourds des déchets urbains, des alicaments, etc…) et ceux des grands semenciers privés (qui ne visent, a priori et sans scrupules, que l’augmentation de leur profit) ?
Me revoila, ça évitera à Vincent de se causer, il va finir par s’en vouloir de ce qu’il à écrit.
Le problème est le même au final, il y a un risque de contamination avec la plante sous sa forme naturelle (sauf si on sait stopper la production de pollen mais je ne crois pas). Après il y a bien une distinction à faire dans la motivation mais je ne crois pas que l’on puisse savoir quels sont les objectifs des OGM quand on arrive déjà à savoir où ils sont.
Pour ce qui est du maïs moins gourmand en eau, choisir la voie OGM pour cela est le comble du ridicule. Pourquoi produit-on massivement du maïs aujourd’hui ?
La réponse est simple la politique de subvention que les citoyens Chirac et Sarkozy défendent tout les deux pour le coup, et au risque de se mettre toute l’Europe à dos (encore que si la cause était juste je ne penserais pas que ce soit forcement un critère). On pousse les paysans à planter du maïs alors qu’il existe d’une part un risque fort dans le manque de diversité et d’autre part une explosion de la consommation d’eau, le maïs étant très largement plus gourmand en eau que par exemple la luzerne.
Après où placer la limite entre la recherche du profit et la recherche du mieux être ?
A la limite public/privé ? à l’heure où notre président proclame qu’il souhaite que le domaine public soit soumis exactement aux même exigences de rentabilité que le privé…
Est-ce que l’on peut choisir de mettre l’étiquette « Grande multinationale déshumanisée » sur tout le domaine privé ? Surement pas.
De façon purement « stratégique », il me semble que combattre frontalement un ennemi est le meilleur moyen de le renforcer (cela vaut aussi bien pour Le Pen et Sarkozy, le terrorisme ou de façon plus générale le Mal, les OGM ou les « antis », la croissance ou l’héritage de 68, bref… pour absolument tout).
Tout dépend ce que l’on veut : le combat ou la victoire.
Dans le second cas, le plus efficace n’est-il pas d’ignorer l’adversaire et de développer son contraire sans trop se soucier de lui ?
« Tu as un ennemi dont tu souhaites te venger ? dit un proverbe chinois (ou japonais, je ne sais plus), assieds-toi près du fleuve et tu verras sûrement son cadavre passer. »
Sarkozy ?
Pas besoin de s’évertuer de le tuer… Ses « amis » s’en chargeront mieux que nous. Développons plutôt tranquillement ce qui prendra sa succession.
Les OGM ?
Laissez-les donc se développer et construire seuls l’impasse à laquelle ils vont finir par se heurter… et cultivez patiemment vos graines anciennes, rustiques et bio.
Non ?
Je suis partiellement d’accord pour ce qui est de Sarkozy, il est sans doute plus efficace de chercher à construire ce qui lui succèdera mais sans pour autant admettre ce qu’il peut faire et la façon de s’afficher en permanence dans le milieux médiatique sous des formes toujours plus dégradante pour la politique en cherchant à masquer le fond derrière un jogging. Des choses sont proposées mais elles sont bien peu relayées par nos sympathiques médias. A quand une population qui s’informe et ne se laisse pas informer.
Mais je ne crois pas que ce soit une solution efficace contre les OGM, d’une part parce que l’on est responsable de ce que devient le monde autour de nous et que l’accepter sans rien dire, c’est rien d’autre que de le tolérer. Pourquoi alors ne pas s’assoir sur le bord de la rivière et regarder de l’autre côté de ce qui se passe au Darfour. Et d’autre part parce que les dégâts possible de cette agriculture ne seront pas corrigés par un texte de loi ! Ils risquent bien d’être irréversibles… Dans tout le secteur de l’environnement d’ailleurs, je suis très septique sur la possibilité de laisser passer, trop de gens se refusent de voir sur le long terme lorsque de l’argent est en jeu dans le moyen terme et là (comme sur la bombe H pour refaire le lien avec ce qui à pu être dit beaucoup plus haut) les dégâts seront sans doute irréversibles.
« […] je me souviens encore de ce retraité avec qui j’avais lié connaissance et dont le potager-modèle – qu’il passait le plus clair de ses journées à parfaire – jouxtait le grillage du court numéro six où je m’entraînais assidûment ; parfois seul, pour le service, ce qui nous fournissait l’occasion, lorsque nos pauses coïncidaient, d’entamer la conversation. Ce brave homme ne parvenait pas à comprendre les raisons d’un tel acharnement de ma part, et comme il n’était, en bon jardinier, nullement dogmatique, je voyais bien qu’il cherchait en toute sincérité – encore que de temps à autre une légère pointe de commisération – à pénétrer mes motifs. Un effort barrait alors son front d’une grosse ride et il me déclarait :
– Chacun ses préférences, il faut de tout pour faire un monde ! Moi, j’aime pas m’agiter, ce que j’aime c’est prendre le temps de voir les choses arriver lentement, sinon j’ai l’impression que tout va se précipiter et que je vais passer à côté.
– Vous trouvez que je passe si souvent à côté de la balle ? lui demandais-je anxieusement.
– Non ! Non ! Pas du tout, pour ce que j’en connais, i’m’semble que tu te débrouilles plutôt mieux que les autres, mais c’que je veux dire c’est qu’ça doit être angoissant de devoir tout faire si vite et de s’entêter comme ça à vouloir faire mieux que ses copains.
J’avais beau être déjà féru de compétition et de défis, son discours ne laissait pas non seulement de m’interpeller mais aussi d’imprimer une trace indélébile dans mon cerveau. Par la suite, des années durant, aux instants cruciaux de mes matchs les plus éprouvants, me revenait invariablement l’image du vieux bonhomme au chapeau de paille qui, lorsqu’il n’était pas en train de biner consciencieusement ses plans de radis, demeurait assis à fumer sa pipe sur son fauteuil de toile, devant son cabanon, non loin du gros bidon rouillé qui lui servait de réserve d’eau de pluie, m’observant tranquillement en train de me démener comme un beau diable. Le regard amical qu’il posait sur moi, dénué du moindre jugement – un peu à la manière dont certains animaux nous contemplent parfois avec incrédulité depuis leur sphère de calme intrinsèque –, se gravait en secret dans une partie de moi-même demeurée, sans que je le sache encore, irréductiblement contemplative.
Aujourd’hui, à près de quarante ans de distance, je soupçonne que ce personnage fut sans doute placé sur ma route – ainsi qu’il en est dans les contes – pour m’éveiller à la binarité fondamentale à l’œuvre dans le cosmos : ombre et lumière, vitesse et lenteur, concentration et dissipation – dualité rythmique que les premiers observateurs du ciel avaient semblé déduire de la giration nocturne des astres, du mouvement ludique des nuages, de l’alternance de la lune et du soleil – ces deux grosses balles chaude et froide qui rebondissent tour à tour sur le firmament comme pour nous faire entrer dans une danse cosmogonique. […] »
(Denis Grozdanovitch, De l’art de prendre la balle au bond, précis de mécanique gestuelle & spirituelle, JCLattès, 2007)