Ce matin, j’étais en train de trier des diapos de goélands en vue d’une petite présentation demain soir lors d’une assemblée générale. Le tri des diapos est un truc que je n’aime pas faire, j’ai l’impression de me bousiller les yeux en les regardant à la loupe. A un moment donné, j’ai regardé par la fenêtre et savez-vous ce qu’il y avait dans le ciel ? Vous l’avez déjà deviné : un goéland. J’ai pris mes jumelles et eu le temps de constater qu’il s’agissait très probablement d’un goéland argenté. C’est la première fois que je vois ce goéland dans la commune où j’habite.
Ce genre de coïncidence m’arrive régulièrement. Par exemple, un jour, j’arrivais de Texel, une île de la mer du nord que vous connaissez au moins pour me lire souvent sur ce blog, la tête chargées d’images d’oiseaux et notamment de sternes pierregarins que j’avais pu observer à quelques mètres. En arrivant dans mon bureau, qui surplombe un cours d’eau, il y avait une sterne qui volait au-dessus de la rivière. C’était la première fois que je voyais une sterne dans la vallée de l’Ognon.
Tiens, à propos de Texel, justement, c’est bientôt le moment du départ. Dans une semaine, nous serons quelques-uns à rejoindre cette île magique. Mon blog sera alors en vacances pour dix jours mais d’ici là, quelques articles, notamment politiques qui me trottent dans ma tête seront mis en ligne. Il va bien falloir que je parle un de ces jours de la douche froide et de cette envie de vomir du week-end dernier. Mais laissez-moi encore un ou deux jours pour digérer avant de régurgiter.
J’ai bien peur que les goélands de Texel que j’ai déjà dans la tête, remplissent complétement ma petite boîte cranienne dans les jours qui viennent. Les derniers jours au boulot vont être durs.
Lors d’un même voyage à Texel il y a juste un an, j’avais essayé de photographier les goélands à contre-jour en surexposant de deux diaphragmes, histoire de faire ressortir la structure des ailes. En voici quelques photos, justement celles que j’étais en train de trier ce matin au moment où l’un d’entre eux est venu me narguer.
Quel talent !!!
C’est pour la rime avec « goéland » ?
LE GOELAND
Dans le sans-fin
Tu habites
Tu le sillonnes.
Tu y dessines
Des volutes.
*
De ces lignes que tu écris
Sur le ciel gris ou bleu
Je cherche à forger le sens
Avec et parmi
Tout l’entourage.
*
Au fait,
T’aurai-je vu un jour,
Ou peut-être un soir,
debout sur une roche,
Eclairant l’horizon ?
*
Tu épouses le sable des plages,
Tu y laisses des traces,
Tu reviens.
*
Tu voles
Avec sur tes pattes
Du sable
Qui tombe dans la mer
Grain par grain.
*
Tu aimes donc
Tellement de bleu d’ici
Que toujours tu reviens
Dans ses parages ?
*
Il y a des continents
Et pour toi ce ne sont
Que des bords de mer
Avec du sable
Où poser tes pieds.
*
Dans cette étendu
Tu n’es qu’un point,
Mais tu te crois
Plus grand que tout ça.
*
Tu situes le centre
Dans ta gorge
Qui te sert
A te plainde.
*
Quand t’entendent
Les gens d’en bas
Ils ont plutôt
Pitié de toi.
*
Je t’ai vu goéland
Vouloir être le roi
Et crier comme on tremble.
*
Jamais tu ne te poses
Sur un arbre
Ou sur un toit.
Il te faut l’eau
Ou le rocher.
*
Dans tes moments
De plus grand vol
L’horizon
Vole avec toi.
*
Vole aussi
Pour moi.
Vole
Avec moi.
*
Tu donnes toujours
Envie de partir
Et peur
De ne pas revenir.
*
J’aimerais te voir
De tout près en train
D’arranger une proie.
*
Regardes-tu parfois
Se dessiner ton ombre
Sur le sable
Ou sur l’eau ?
Vas-tu te reconnaître,
T’étonner ?
Même question quant à l’image
Que tu as vue peut-être
De toi dans une eau calme
Entre deux vagues ?
*
Pourquoi toujours tourner
Autour des mêmes lieux ?
Pourquoi ne pas partir
Un jour tout droit,
Au loin ?
*
La mer te nourrit
Qui ne te doit rien,
Que même tu ne guéris pas
De ses démangeaisons
Comme font certains oiseaux
Sur de grands quadrupèdes.
*
Viens donc une fois
Manger dans ma main
Un éperlan !
Je te regarderai,
C’est tout.
Je ne te retiendrai
Certainement pas.
*
Je te promets même
De ne pas te caresser les plumes
A moins que tu ne le demandes
Par cet oeil que j’imagine.
*
Je ne sais pas
Quels sont les rapports
Entre toi et les mouettes.
*
Pour moi
Tu es plus doux que les mouettes,
Un peu plus étranger
A notre monde,
Plus rattaché
Aux origines.
*
Et dire
Que sûrement tu n’apprécies pas
Ton pouvoir de voler,
De t’élever à la verticale
Ou presque et d’aller
Puis de redescendre,
De te sentir
Sur tous les points du corps
Caressé par l’air.
(Eugène Guillevic, Encoches, Scanéditions, 1993)
Elles sont vraiment magnifiques, tes photos, Bernard.
Et sans vouloir casser la poésie qu’elles dégagent, peux-tu expliquer ce que ça veut dire superposer deux diaphragmes ? (je précise que je n’y connais strictement rien en photographie).
Est-ce que cette technique a une influence quelconque sur la couleur, notamment celle du ciel, si rose sur certaines photos ?
Bon, il va falloir que je révise un peu les goélands avant Texel. Je sais, ça n’est pas si difficile. Mais on en voit si peu ici !
Le rose, c’est dû au scanner, non ? Et surexposer (et non superposer, mais ça se fait aussi en photo !) c’est juste faire rentrer plus de lumière que pour une exposition normale. En gros, si tu surexposes une photo pas en contre-jour, elle est trop claire, et si tu la sous-exposes, elle est trop foncée. Bon, t’as moins d’une semaine pour te mettre au point, Anne, ça va pas du tout, qu’est-ce que tu fais devant ton ordi !
Je suis resté épaté -faut dire que je suis mauvais photographe, nanard, garde ton sang-froid – des photos moi-aussi, tu as réussi ton pari de surexposition, la 3ème et la 4ème pourraient détrôner le jésus des photographes animaliers (et pas le roi des cons, il y a peu de chances, et j’parierais pas qu’il est allemand, tan-tan-tan).
Oui alors voilà, je suis follement amoureux, ça n’arrive pas si souvent, et je m’émeus plus de beauté esthétique (type bonnes photos de goélands) que de fausses découvertes scientifiques (la france est à droite et peuplée de).
Il y a un beau slogan, qu’avec la belle sus-dite, nous traînâmes, ivre lui aussi, accroché à un drap dans les rues riches de lille au soir du deuxième tour.
« c’est moins le bruit des bottes qu’il faut craindre que celui des pantoufles »
allez il n’est plus de première jeunesse, mais les vieux aussi ont droit à la jouissance et à l’amour, non?!
Mon premier est un assassin
Mon deuxième distribue le courrier
Mon troisième ne rit pas jaune
Mon quatrième n’est pas rapide
Mon tout est un très célèbre écrivain français
Indice : mon quatrième est le sujet de ces très belles photos dans lesquelles on distingue effectivement très bien les rémiges des plumes de couverture… des notions importantes chez les goélands que je connais également très mal.
Un prochain indice si vous n’avez pas troiuvé la solution de cette charade à tiroirs.
Désolé de ne pas participer à ce petit jeu, mais je connais la réponse et les moyens d’y parvenir (sauf pour « mon deuxième » que j’ai oublié).
Bon, bon, d’accord, Mag. J’avais déjà avoué être nulle en photo, je suis maintenant obligée de reconnaître que je ne sais pas lire.
Mais à ta place, je ne ferais pas trop la maligne : J’ai vu hier, une photo de toi montrant que, malgré des années d’animation nature, tu ne sais toujours pas dans quel sens on tient des jumelles…
Mon deuxième c’est « tor » car tor est facteur (torrefacteur).
Mon tout c’est évidemment Victor Hugo.
Mon quatrième c’est « go » car go est lent (goéland).
J’abrège vos souffrances parce que les blogueurs d’ici me semblent un peu ansthésiés en ce moment… ou alors il n’y a que moi que ça amuse ?!
Allez, faites pas la gueule quoi !
C’est à nous de chercher pourquoi Vic est assassin et Hu ne rit pas jaune ?
Et on peut trouver ?
Non, non, on ne fait pas la gueule, mais avec les charades à tiroir, je n’essaye même pas, tellement ça me semble impossible.
Mon père était friand de ce type de devinettes. Mais je ne les ai pas retenues.
Alors je profite du fait que le sujet soit lancé pour présenter une requête :
Dans l’une de ces charades que j’ai oubliées, une des syllabes était li parce que
li c’est cinq louis (lycée saint Louis) et cinq louis, c’est cent sous (sans sous), mais je ne me souviens de rien d’autre. Quelqu’un connaît-il l’ensemble de cette charade ?
Anne, je pense que le goéland, justement, pourrait résoudre des charades mais des seulement des charades toutes simples, car, d’un point de vue classification animale, il fait partie de l’ancien ordre des « charadriiformes ». Mais, et je viens d’avoir confirmation sur Wikipedia, il ne semble pas qu’il y ait d’ordre des « charadriiformes à tiroir ». Chez le goéland, l’évolution n’est pas allée plus loin, et nos pauvres goélands ne savent donc aujourd’hui résoudre que les charades de premier niveau. Mes amis goélands sont donc désolés de ne pouvoir t’aider.
C’est vrai que je comptais sur une personne qui savait, plus que sur une recherche approfondie : Anne à raison, celui qui invente une charade à tiroirs a tout fait pour nous égarer et pour se faire rire tout seul.
Voici donc la solution :
Mon premier est un assassin (VIC car VIC TUE AILLES = victuailles)
Mon deuxième distribue le courrier (TOR car TOR EST FACTEUR = torrefacteur)
Mon troisième ne rit pas jaune (U car U RIT NOIR = urinoir)
Mon quatrième n’est pas rapide (GO car GO EST LENT = goéland)
Mon tout est un très célèbre écrivain français : VICTOR HUGO donc…
Anne, il s’agit de la charade à tiroir inventée justement par Victor Hugo :
Mon premier a été volé
Mon deuxième se bourre comme une pipe
Mon troisième vaut cent sous
Mon tout est une voiture légère
1) TIL car Alcali volatil (Alcali vola Til)
2) BU car Bucéphal et Phalsbourg (Bu c’est Phale et Phale s’bourre)
3) RY car Rivoli, Lycée de Saint-Louis et 5 Louis c’est 100 sous
Mon tout est donc TILBURY
Heu… On peut compendre que tu n’aies pas tout retenu… et que ce ne soit pas dans cette voie que ce cher Victor ait gagné sa célébrité !!!
Bon… puique c’est l’ordre même des Goélands qui nous invite à poursuivre sur le sujet :
Si j’en crois Claude Gagnière et son Pour tout l’or des mots (déjà cité pour les épitaphes et les dernières paroles) le pape incontesté des charades à tiroirs est Luc Etienne… qui était également un maître en matière de contrepets.
C’est en effet un divertissement d’adultes : ses tiroirs recèlent bien des équivoques, des plaisanteries salaces et un vocabulaire parfois peu convenable.
Exemples :
Mon 1er prépare des repas pour les Allemands
Mon 2e a de l’inclinaison pour les chèvres
Mon 3e est ce que fait mon 1er
Mon tout est un philosophe français du XVIIIe
1) CON car Confédération germanique
2) DI parce que dithyrambique
3) AC car accélération
Mon 1er est un vampire nécrophage
Mon 2e possède un animal
Mon 3e insulta l’armée française
Mon 4e équivaut à une note de musique
Mon tout est un ancien comptoir français des Indes
1) PON car pont suspendu
2) DI car diabète
3) CHE car chéchia sur la tête d’un zouave
4) RY car Rivoli, Livonie et niveau d’eau
Mon 1er fait l’amour
Mon 2e a ce qu’il faut pour le faire
Mon 3e a envie de le faire
Mon tout es un os de l’épaule
1) O car obèse
2) MO car moabite
3) PLATE car plate-bande
Etc…
NOTA : la charade proposée par Chritophe, peut également débuter par Mon 1er va ça et là, Réponse : VIC car vicaire !
« La charade à tiroirs est à la charade simple ce que le bridge est à la bataille ou au nain jaune. Parfaitement impertinente, elle s’adresse à tous ceux qui ne se sont pas laissé prendre au piège de leur propre gravité. […] Puissent nos lecteurs, en cultivant l’art subtil de la charade, se délecter de sentir sur eux le regard réprobateur des gens graves, et s’abandonner sans remords et sans fausse honte, en ce siècle férocement utilitaire, au délicieux plaisir d’une occupation inutile. »
(Luc Etienne, L’Art de la charade à tiroirs, 1965)
Encore plus « énervant » que les charades à tiroirs… les charades sans solutions. Je me souviens avoir perdu beaucoup de copains, au collège, en les saoulant avec celle-ci (qui me faisait beaucop rire) :
Mon 1er est une locomotive
Mon 2e est un wagon
Mon 3e est un wagon
Mon 4e est un wagon
Mon 5e est un wagon
Mon 6e est un wagon
Mon 7e est un wagon
Mon 8e est un wagon
Mon 9e est un wagon
Mon 10e est un wagon
Mon 11e est un wagon
Mon 12e est un wagon
Mon 13e est un wagon
Mon 14e est un wagon
Mon 15e est un wagon
Mon 16e est un wagon
Mon 17e est un wagon
Mon 18e est un wagon
Mon 19e est un wagon
Mon 20e est un wagon
Mon 21e est un wagon
Mon 22e est un wagon
Et mon tout est un train de marchandise !
Sinon la charade à tiroirs qui circulait dans nos cours de récréations était celle-ci (peut-être la connaissez-vous ?) :
Mon 1er est ce que fait le temps
Mon 2e est ce que fait le rock
Mon 3e est ce que fait Méphisto
Mon tout est la capitale de la France
1) PA car le « t’en fait pas »
2) R car le Rockfeller
3) S car Méphisto Felles
Et le « i » ?
Il manque le « i » dans ta charade; Vincent.
J’attendais justement que tu le remarques car… le con-fetti !
Mon 1er renie sa nationalité
Mon second a des déjections menuisières
Mon tout est une célèbre marque de piano
HER parce que Her nie être anglais
AR parce AR chie et pisse copeaux
Mais tout ça nous éloigne bien des goélands…
Oui, photos superbes ! Surtout que ces oiseaux sont mal aimés par endroits sur les côtes bretonnes ou ailleurs…
Arrêtons-nous un peu sur les deux premières : photos de goélands immatures caractérisés par la présence de taches grises sur le plumage, et d’un bec sombre. Ceci pour dire que les Goélands argentés par exemple ont au moins 4 plumages différents : 1ère, 2ème, 3ème années et nuptial… Avec des phases intermédiaires (mues, intermues).
Voici donc des oiseaux qui ne sont complètement adultes qu’après pas mal d’années « d’enfance et d’adolescence ».
Est-ce lié à une espérance de vie de plus de 25 ans ? Apprentissage lent dans le groupe ? Avantage évolutif ?
On n’a pas la réponse.
Mais Bernard qui les fréquente de plus en plus souvent à Texel doit bien le savoir, surtout si certains d’entre eux viennent dormir sous son toit à Bussières !
NB : au passage rappelons l’immense travail réalisé par Boris Cyrulnik sur le langage et les dialectes des goélands.
NB2 : je viens d’entendre un PIC CENDRE près de chez moi. Est-il présent et causant du côté de Bussières ?
Le pic cendré est également présent vers chez moi à Bussières mais sa discrétion m’étonne, je ne l’entends que quelques fois par an.
Eh eh, moi je reviens justement de Texel !
Le rose du ciel, c’est bien comme suggère Mag, simplement une histoire de scanner ? (Mais comment expliquer ça ?)