Poésie : « Les campagnes hallucinées / Les villes tentaculaires »

Un article proposé par Yves suite à sa proposition de lecture du livre de poésie de Emile Verhaeren

Quels sentiments ressentez-vous après la lecture de  ces poèmes ?

Moi j’ai l’impression de retrouver souvent dans les commentaires du blogàdupdup , cet amour pour la nature , pour la terre de notre région et ce dégoût voir une peur de la ville qui malheureusement prend de plus en plus de place dans notre vie . Ne prend-on pas nos balades en nature comme une échappatoire à la ville , à l’usine et aux bruits mécaniques ?

Il ne faut pas oublier que lorsque Emile Verhaeren transposait cette vision épique de la réalité de son époque (qui allait être encore plus terrible quelques années plus tard avec la guerre), les cités industrielles étaient nouvelles dans un paysage plutôt agricole.

Le poème « La plaine «  est parlant sur ce sujet. Dans ces vers le poète constate avec dépit l’arrivée de la modernité dans la campagne… Nous aussi, bien souvent nous nous rendons compte à notre époque que cette modernité a laissé bien du monde sur le bord de la route …. Et a fait migrer bien des malheureux vers les villes . C’est beau la modernité , mais elle fait aussi que beaucoup perdent leur place dans la société ….

Hélas ! La plaine, hélas! Elle est finie!
Et ses clochers sont morts et ses moulins perclus.
La plaine, hélas ! Elle a toussé son agonie
Dans les derniers hoquets d’un angélus.

Pour ceux qui n’ont pas le livre , il est facile de trouver les poèmes de « Les Campagnes hallucinées. Les villes tentaculaires » sur le net.

emile

87 réflexions au sujet de “Poésie : « Les campagnes hallucinées / Les villes tentaculaires »”

  1. J’ai eu beaucoup de mal à démarrer ce livre. Le premier poème m’a plutôt rebuté. « Manque de fluidité dans l’écriture » a été ma première réaction, plutôt négative je dois le dire. J’ai relu ce premier poème deux fois avant de passer à la suite. Et puis, c’est venu petit à petit. Je n’avais pas vraiment lu de poésies depuis un certain temps et sans doute que ceci explique ma réaction première.
    Je n’ai pas encore lu toutes les poésies de cet ouvrage (les deux tiers du livre à peu près).

    Au-delà de ce combat (perdu d’avance) que subit la campagne fasse à la progression du monde urbain, je ressors de la lecture (partielle) du livre avec cette idée de mort omniprésente. La mort est partout, dans plus d’un poème sur deux. Et ce thème de la mort donne les plus beaux poèmes du livre. Deux extraits que j’ai beaucoup aimés (parmi bien d’autres) :

    1er extrait ( « chanson de fou », page 54) :

    Vous aurez beau crier contre la terre,
    La bouche dans le fossé,
    Jamais aucun des trépassés,
    Ne répondra à vos clameurs amères.

    Ils sont bien morts, les morts,
    Ceux qui firent jadis la campagne féconde;
    Ils font l’immense entassement de morts
    Qui pourrissent, aux quatre coins du monde,
    Les morts.

    2ème extrait ( « le fléau », page 65)

    La mort a bu du sang
    Au cabaret des Trois Cercueils.

    La mort a mis sur le comptoir
    Un écu noir,
    – « C’est pour les cierges et pour les deuils ».

    Des gens s’en sont allés
    Tout doucement
    Chercher le sacrement.

  2. C’est difficile de lire un recueil de poésie , je crois qu’il faut prendre son temps tout comme pour l’observation de tableaux dans un musée . Et tout comme pour les tableaux , il y a des poésies qui vous touchent à la première lecture et d’autres vous toucheront plus tard ou même jamais .
    C’est vrai aussi qu’il parle beaucoup de la mort … Comme dans nos gwerz en Bretagne , d’une époque ou l’on parlait plus de la mort qu’aujourd’hui.
    Et ce poète qui avait un mépris pour toutes ces machines bruyantes et fumantes , est mort écrasé par un train !!

  3. Un mépris pour tout ce monde moderne, sans doute. Mais peut-être aussi, à l’opposé, une espèce de fascination morbide pour ce monde d’acier et de fumées.

  4. C’est bien une idée que je défends souvent, celle de la mort confisquée au profit de l’éternelle jouvence que l’on veut ou doit nous vendre.

    Peut-être en suis-je trop resté à ma première lecture comme l’explique Bernard, mais avec cette mort omniprésente où les éléments eux-mêmes composent un paysage souvent lugubre, je crois que j’ai regretté l’absence de paroles de vie, ce que je goûte avec plaisir dans la poésie.
    Avec votre éclairage, et sachant que je fuis autant la ville dans mes promenades que dans ma tête, la seconde lecture s’impose. Je la ferai en me promenant dans les pages de Verhaeren !
    Je me souviens encore avoir appris une de ses poésies à la primaire, mais sans doute pas issue de ce recueil.
    J’ai tout de même beaucoup aimé le premier poème « la plaine » et aussi des passages de « chanson de fou », et je souhaite trouver moi aussi les vers (pas ceux des morts !) qui me plaisent le plus.
    Yves : j’aime beaucoup la plupart des poésies que tu proposes habituellement, mais cet Emile là n’était-il pas un peu mort dans son âme lorsqu’il a composé ces poésies ?

  5. Est-ce que c’est l’auteur qui ressentait une espèce de fascination pour ce monde d’acier et de fumée ou il cherchait plutôt à exprimer la fascination qu’il constatait chez les autres ?

  6. Lorsque j’ai écrit le commentaire précédent, qui faisait suite à celui de Bernard, celui de Christophe n’était pas encore apparu sur mon écran.
    Alors je fais suite maintenant à celui de Christophe.
    Mes sentiments à la lecture de ce livre ont été assez semblables à ceux de Christophe. Tout est si sombre, si lugubre.
    Je me suis demandée comment on pouvait voir toutes les choses sous un jour aussi noir.

  7. Cet auteur nous plonge dans une vérité macabre , qui je comprends peut mettre mal à l’aise . Il parle avec son regard , ses mots , sur cette époque qui allait être un tournant pour l’humanité .
    C’est morbide j’en convient , mais c’est aussi un thème social , comme du Zola du Hugo … Cette pensée pleine de nausées en voyant l’expansion de la misère de la prostitution dans les villes , les campagnes qui se vident de leurs âmes et de leurs êtres . Il attendait je crois , un monde aux lendemains qui chantent , plus humain … Que le soleil revienne sur les champs sur la ville . Il attendait simplement « L’universel baiser qui fait s’aimer les mondes. »
    Qu’écrirait-il maintenant en voyant notre époque ?
    Que ça y est , le monde moderne est en place … Qu’il n’y a plus de misère , que tout n’est que joie ………. Que ceux qui ont les fortunes du monde entre leurs mains les partages ??
    Peut on encore croire en un monde plus HUMAIN ?

    Voici un passage qui m’a beaucoup plu ou l’on sent cet ESPOIR de meilleurs lendemains que nous avons tous . Pour que l’homme avec son intelligence fasse avancer les choses dans le bon sens pour tous . Mais il y a l’ARGENT ……

    Vers le futur

    O race humaine aux destins d’or vouée,
    As-tu senti de quel travail formidable et battant,
    Soudainement, depuis cent ans,
    Ta force immense est secouée ?

    L’acharnement à mieux chercher, à mieux savoir,
    Fouille comme à nouveau l’ample forêt des êtres,
    Et malgré la broussaille où tel pas s’enchevêtre
    L’homme conquiert sa loi des droits et des devoirs.

    Dans le ferment, dans l’atome, dans la poussière,
    La vie énorme est recherchée et apparaît.
    Tout est capté dans une infinité de rets
    Que serre ou que distend l’immortelle matière.

    Héros, savant, artiste, apôtre, aventurier,
    Chacun troue à son tour le mur noir des mystères
    Et grâce à ces labeurs groupés ou solitaires,
    L’être nouveau se sent l’univers tout entier.

    Et c’est vous, vous les villes,
    Debout
    De loin en loin, là-bas, de l’un à l’autre bout
    Des plaines et des domaines,
    Qui concentrez en vous assez d’humanité,
    Assez de force rouge et de neuve clarté,
    Pour enflammer de fièvre et de rage fécondes
    Les cervelles patientes ou violentes
    De ceux
    Qui découvrent la règle et résument en eux
    Le monde.

    L’esprit de la campagne était l’esprit de Dieu ;
    Il eut la peur de la recherche et des révoltes,
    Il chut ; et le voici qui meurt, sous les essieux
    Et sous les chars en feu des nouvelles récoltes.

    La ruine s’installe et souffle aux quatre coins
    D’où s’acharnent les vents, sur la plaine finie,
    Tandis que la cité lui soutire de loin
    Ce qui lui reste encor d’ardeur dans l’agonie.

    L’usine rouge éclate où seuls brillaient les champs ;
    La fumée à flots noirs rase les toits d’église ;
    L’esprit de l’homme avance et le soleil couchant
    N’est plus l’hostie en or divin qui fertilise.

    Renaîtront-ils, les champs, un jour, exorcisés
    De leurs erreurs, de leurs affres, de leur folie ;
    Jardins pour les efforts et les labeurs lassés,
    Coupes de clarté vierge et de santé remplies ?

    Referont-ils, avec l’ancien et bon soleil,
    Avec le vent, la pluie et les bêtes serviles,
    En des heures de sursaut libre et de réveil,
    Un monde enfin sauvé de l’emprise des villes ?

    Ou bien deviendront-ils les derniers paradis
    Purgés des dieux et affranchis de leurs présages,
    Où s’en viendront rêver, à l’aube et aux midis,
    Avant de s’endormir dans les soirs clairs, les sages ?

    En attendant, la vie ample se satisfait
    D’être une joie humaine, effrénée et féconde ;
    Les droits et les devoirs ? Rêves divers que fait,
    Devant chaque espoir neuf, la jeunesse du monde !

  8. C’est aussi un des poèmes du livre que j’ai préféré.
    Un des rares où on sent un peu d’espoir.
    L’espoir d’un futur meilleur.
    Un espoir parfois un peu naïf comme dans le poème sur la Recherche :
    « … Viendra l’instant, où tant d’efforts savants et ingénus,
    Tant de cerveaux rendus vers l’inconnu,
    Quand même, auront bâti sur des bases profondes
    Et s’élançant vers le ciel, la synthèse des mondes! »
    Cette synthèse des mondes qu’il pense possible, plus on s’en approche et plus on en est loin.
    Comme un univers en expansion !
    Il y a une autre passage de ce poème que j’ai particulièrement aimé :
    « Chacun travaille, avec avidité,
    Méthodiquement lent, dans un effort d’ensemble;
    Chacun dénoue un noeud, en la complexité
    Des problèmes qu’on y rassemble; »
    Un énorme paquet d’énormes noeuds et chacun tente d’en dénouer un petit dans son coin et participe à son niverau à la résolution de l’ensemble.
    Unir ses forces pour mieux vaincre …

  9. Je reviens sur mon premier commentaire qui a orienté la discussion surtout sur le thème de la mort.
    En fait, contrairement à l’avis des autres blogueurs qui regrettent son omniprésence, j’ai trouvé que les plus beaux poèmes étaient surtout ceux qui en parlaient de manière très directe.
    Mes reproches concernent donc essentiellement le manque de fluidité de certains passages et parfois la difficulté à suivre le propos tenu, mais pas la thématique de la mort, même dans les passages les plus morbides.
    Je crois que Yves a fait un bon rapprochement en parlant de Zola (un « émile » en appelle un autre).
    La situation noire que décrit Verhaeren, c’est un univers « à la Zola » et, tout comme les livres de Zola, c’est un témoignage très fort de la situation sociale et économique à un moment donné de notre histoire, en l’occurrence en plein développement de l’ère industrielle et de son inévitable corollaire : l’urbanisation.

  10. Tu as raison Yves de rappeler le contexte historique, je n’avais pas pensé à Zola par exemple.
    De la même manière que nous pouvons déplorer le règne de l’argent et du commerce, Verharen a sans doute éprouvé la révolte face à l’industrialisation. Nous en connaissons encore aujourd’hui les redoutables effets…

    Sans doute que ces poèmes ont à voir avec la vie ouvrière et la vie rurale, en grande mutation, douloureusement vécue, le fait « social ». J’apprécie donc pleinement la révolte poétique de Verhaeren, avec sa dimension sociale, presque politique.

    Excusez mon détour personnel, mais qui veut interroger justement ces mutations que je juge négatives, ce qu’exprime fortement le poète :
    Aujourd’hui, j’ai poussé une sorte de coup de gueule lors du repas au boulot, où l’on mange fort bien grâce à deux vrais cuistots et pas une générale de restauration. Mais la situation se dégrade à coup de réglementations.
    Entrée tomate… je ne vous raconte pas la différence avec nos potagers !
    La discussion s’engage sur la qualité des produits : œufs en tube, beurre de surplus de la CCE, j’en passe.
    J’affirme alors haut et fort que des cantines dans ce pays fournissent des produits bios. On me rétorque que les œufs y sont quand même en tube.
    J’affirme à nouveau (faudra bien vérifier mes sources) que des municipalités résistent et proposent autre chose.

    Alors entre résistance, résignation, parole mortifère, ou insurrection des consciences, je ne sais plus trop comment me positionner collectivement, et cela me renvoie à l’ouvrage proposé dans cette lecture.
    La sombre voix d’Emile Verhaeren n’est-elle pas celle de la souffrance, de la chose subie ?
    Et quel leçon en tirer si ce n’est refuser la triste soupe que l’on nous sert ?
    Alors comment réagir efficacement, je ne sais pas ; mais ne pas dénoncer haut et fort l’empoisonnement par la malbouffe, ne pas encourager la désobéissance civile, et ne pas soutenir les personnes qui proposent des voies différentes, porteuses de vie, c’est pour moi un crime.
    Toute ma sympathie donc à Emile qui finalement ne digère pas les couleuvres, je le comprends !

    Ce que je comprends surtout, c’est que ces couleuvres, péniblement avalées, portent à la souffrance, celle des artistes en particulier.
    Ce passage à l’industrialisation est un modèle très difficilement remis en cause, c’est bien le problème. J’espère au moins que Verhaeren dort tranquille, et qu’il ne subit plus les choix désastreux à l’encontre de la vie : il n’a pas fait l’autruche !

  11. Concernant les quelques passages que je n’ai pas aimés, je pense qu’il en est ainsi de bon nombre de poèmes et il me revient en mémoire quelque chose qui m’est arrivé il y a quelques années. Cela concerne trois poèmes d’auteurs célèbres qui ont été mis en musique par Brassens (et que je chante souvent). J’ai découvert à ma grande surprise que je ne connaissais qu’une partie de ces textes, Brassens en ayant éliminé certains passages conséquents. Ma deuxième surprise a été de constater que Brassens avait extrait de ces poèmes la « substantifique moëlle » et que ce qu’il avait éliminé souffrait de grosses lacunes d’écriture. Ce que je croyais être des textes « parfaits » n’étaient en fait parfait que grâce à la patte de Brassens qui avait usé de sa paire de ciseaux. Cela n’a fait que confirmer que, une fois de plus, Brassens, en maître du langage qu’il était, n’agissait toujours qu’avec un goût très sûr (mais bon, ça, on le savait déjà). Il fallait oser couper Alfred de Musset (« ballade à la lune »), Lamartine (« pensées des morts ») ou Richepin (« les oiseaux de passage »). Brassens l’a fait.
    Tout ça pour dire que les poètes ont la tête qui bouillonne de tas d’images poétiques. Leur esprit est un volcan en quelque sorte. Et comme pour un volcan, il en sort de la matière noble (la lave) mais aussi quelques scories. Verhaeren ne pouvait échapper à cette règle de l’imperfection.

  12. Pour rejoindre le commentaire de Christophe que je n’avais pas lu (il a dû mettre en ligne le sien au moment où j’écrivais le mien), je pense aussi qu’on occulte trop facilement et qu’on ne remet jamais en cause ce moment considéré comme historique qu’est le début de l’industrialisation. C’est pourtant le début du déracinement, le début de la laideur des villes et la naissance d’une classe exploitée et pressurisée à son maximum. Mais cette industrialisation était aussi porteuse d’espoir. Tout comme notre société de consommation d’après-guerre nous a semblé porteuse d’espoir. Mais au final ?

  13. Au final , on en revient aux visions de Verhaeren … Cette amertume devant tant d’images négatives alors que l’on rêve toujours à cet amour universel . Et ce fossé qui se creuse chaque jour un peu plus entre les riches et les pauvres gens . Mais devant la mort pas de jaloux riche ou pauvre , tous Ego .

    Drapée en noir, la Mort
    Cassant, entre ses mains, le sort
    Des gens méticuleux et réfléchis
    Qui s’exténuent, en leurs logis,
    Vainement, à faire fortune,
    La Mort soudaine et importune
    Les met en ordre dans leurs bières
    Comme en des cases régulières’.

  14. Désolée de réagir aussi tard mais mon ordinateur a des sautes d’humeur depuis hier et je crains que cela ne s’arrange pas.
    Je ne suis pas sûre d’être d’accord pour Zola. Certes, on peut évidemment faire le rapprochement entre les deux auteurs.
    Mais, si mes souvenirs sont bons, il me semble que Zola apportait dans ses romans, un témoignage plus objectif de l’époque avec ses côtés sombre, oui, mais pas seulement.
    Alors que chez Emile Verhaeren, la réalité, passée au travers du prisme de son âme torturée (?), est assombrie, déformée.
    Je doute que même à cette époque, tout ait été aussi noir.
    De tous temps, en tous lieux, il y a la noiceur, le mal mais il y a aussi la lumière, le bien.
    Certains s’attachent plus à l’une, d’autres à l’autre.
    Personnellement, j’ai du mal à ne voir que la noirceur, tout en étant consciente qu’elle existe, c’est pourquoi, j’ai eu du mal à lire ce livre.
    Il y a pourtant quelques lignes que j’ai trouvé sublimes, comme par exemple :
    « La mer pesante, ardente et libre,
    Qui tient la terre en équilibre ».
    C’est une façon originale de voir les choses !

  15. Est-ce que vous avez remarqué que dans ce livre, dont l’atmosphère est plutôt sombre, voir lugubre, il y a un mot qui revient très souvent, c’est le mot « or » (pas la conjonction mais le métal) ?

  16. Ah bon , pour montrer la misère au monde , il faut absolument avoir une âme torturée , assombrie, déformée !!

    Pour moi c’était un visionnaire . Dans tous les poèmes on peut trouver une phrase qui résonne d’actualité encore et maintenant à notre époque .

    « Les égouts roulent le poison
    Et les acides et les chlores,
    Couleur de nacre et de phosphore,
    Vainement tuent sa floraison. »

    Il parle de quelle époque là ? De ce combat écologique de notre XXIe siècle ?

    « Ils sont les isolés au fond des brumes,
    Côte à côte, mais ne se voyant pas :
    Et leurs deux bras sont las ;
    Et leur travail, c’est leur ruine. »

    Travail de marin difficile et diminution de la ressource au fond des océans .

    « Elle est morte n’en pouvant plus,
    L’ardeur et les vouloirs moulus,
    Et c’est elle qui s’est tuée,
    Infiniment exténuée. »

    Combien le font encore maintenant oppressés par cette société soit par suicide soit à la tache !!

    Et on peut en trouver d’autres qui montrent bien qu’à cette époque et à la notre tous n’est pas rose . Et heureusement que des gens utilisent leur talent pour le crier bien fort par l’écrit la voix et l’image ….. la misère qui est bien-là .
    Cette misère … Souvent à notre porte . A notre époque on croit tout disposer , mais très souvent on a rien , rien de rien , ce sont les banques qui disposent . Y’a même plus d’amour .
    Alors pour paraître on la camoufle , on sort le costume à pailettes et on décor la vitrine pourtant le magasin est vide …. Pour moi C’est encore plus morbide cet état de fait qu’un poème de Verhaeren !!

    C’est vrai aussi que Verhaeren aurait pu avoir une vie tranquille , loin de la misère du monde , s’il n’avait pas renoncé à sa carrière juridique pour s’intéresser a la vie des petites gens .

    Il aurait pu utiliser un peu plus le mot « amour » que le mot « or » , c’est vrai .
    Mais , est-ce l’amour ou l’or qui fait tourner les têtes sur cette terre ?

  17. C’est vrai quEmile Verhaeren a été visionnaire.
    C’est vrai aussi qu’il y a un côté sombre aujourd’hui comme à son époque.
    C’est vrai aussi qu’il faut des personnes pour le dire.
    Je voulais simplement faire remarquer qu’il n’y a pas que vice, corruption …
    Il y a des gens sur terre qui ont une belle âme, se consacrent à faire le bien, ou tout au moins ce qu’ils pensent être le bien, et qui sacrifient parfois leur vie personnelle pour aider les autres.
    Je voulais juste dire que si le mal existe, le bien aussi existe, ce qui ne transparaît pas dans les poèmes de ce livre, où seul le mal apparaît (à mon humble avis).
    En tout cas, moi, je ne pourrais pas supporter l’idée que aucun être n’a une belle âme.
    Cela ne veut pas dire que je suis persuadée que c’est le cas de tout le monde, loin de là.
    Et je suis convaincue que l’Amour existe encore.

  18. Yves, ce qui fait tourner les têtes ?
    C’est bien l’Amour et l’or, ou alors l’or et l’Amour, au choix.

  19. Tout à fait d’accord avec toi Etincelle , moi aussi je suis persuadé qu’il y a des gens bien sur cette terre … Moi déjà :cool: !!!!
    Mais surtout ne pas oublier la misère et les cons qui en profitent pour s’en mettre plein les poches de cet or .

    Tiens en parlant de ça , j’ai lu dans le Monde … Que Basile Boli président de l’association « Entreprendre et diriger en Afrique » est en garde à vue . Selon une source judiciaire, il est apparu lors de l’examen des comptes que les postes budgétaires des salaires et frais de déplacement étaient « tout à fait conséquents » par rapport aux recettes de l’association, largement subventionnée par l’Agence nationale de l’accueil des étrangers et des migrations …
    Basile son grand sourire , sa joie de vivre , son amour pour l’Afrique , un bon mec comme on dit …. Et patatra …. L’ARGENT !!!!

  20. C’est terrible le nombre d’associations qui sont malhonnêtes et qui profitent de la bonté des uns et du malheur des autres.
    Il faut être très vigilant et sélectionner les associations ou ONG, etc … dont les comptes sont transparents et certifiés.
    Pour parler encore de ceux qui font le bien et de ceux qui font le mal.
    Il suffit de regarder la France pendant la collaboration.
    Ceux qui profitaient de la faim des autres pour s’enrichir et ceux qui ont sacrifié leur vie pour la résistance.

  21. Petite réaction au commentaire de Etincelle de 8H55. Je suis d’accord sur le fait que la vision de Zola est plus objective que celle de Verhaeren. Mais pas pour la raison que tu dis, à savoir que chez Emile Verhaeren, « la réalité serait passée au travers du prisme de son âme torturée », ce qui la rendrait « assombrie et déformée ». Je crois que la raison en est simplement que chez Zola il s’agit d’un roman et qu’un roman doit, par définition, rester réaliste (et donc objectif) alors que la poésie n’est pas liée à cette obligation-là, elle doit même au contraire s’en affranchir et devenir quelque chose qui procède plutôt du ressenti ou de la vision. La réalité est donc simplement passée au travers du prisme particulier de l’écriture poétique. Enfin, c’est mon idée … (ce qui ne veut pas dire par ailleurs que Verhaeren n’ait pas une âme torturée).

  22. Autre réaction également, Etincelle, à propos d’une autre de tes phrases : « Je doute que même à cette époque, tout ait été aussi noir. » Il me semble justement que si. La condition de la classe ouvrière a été terriblement dure dans cette deuxième moitié du 19ème siècle, la pire sans doute de toute l’histoire de l’industrialisation. Et d’ailleurs, puisque tu fais la comparaison avec Zola (ce qui est justifié, de par les thèmes traités et de par l’époque, rappelons que seules quinze années les séparent), il y a beaucoup de noirceur aussi dans les romans de Zola (même si, je te l’accorde, il y a aussi de la place pour la lumière, infiniment plus que dans la poésie de Verhaeren).

  23. « Homme, tout affronter vaut mieux que tout comprendre. – La vie est à monter, et non pas à descendre. »
    Emile Verhaeren

    Cet auteur a écrit aussi des poèmes plein de beautés et d’amour … Juste du bout des lèvres .

    DES FLEURS FINES ET MOUSSEUSES COMME L’ECUME .

    Des fleurs fines et mousseuses comme l’écume
    Poussaient au bord de nos chemins
    Le vent tombait et l’air semblait frôler tes mains
    Et tes cheveux avec des plumes.

    L’ombre était bienveillante à nos pas réunis
    En leur marche, sous le feuillage ;
    Une chanson d’enfant nous venait d’un village
    Et remplissait tout l’infini.

    Nos étangs s’étalaient dans leur splendeur d’automne
    Sous la garde des longs roseaux
    Et le beau front des bois reflétait dans les eaux
    Sa haute et flexible couronne.

    Et tous les deux, sachant que nos coeurs formulaient
    Ensemble une même pensée,
    Nous songions que c’était notre vie apaisée
    Que ce beau soir nous dévoilait.

    Une suprême fois, tu vis le ciel en fête
    Se parer et nous dire adieu ;
    Et longtemps et longtemps tu lui donnas tes yeux
    Pleins jusqu’aux bords de tendresses muettes.

  24. Des jours que je cherche… mais impossible de retrouver ne serait-ce qu’un ver d’une poésie d’Emile Verharen apprise à la primaire.
    C’était une du même tonneau, si ça se trouve je me serais rappelé d’une plus triste !

    Impossible de retrouver un ver… Allez ! m’en vais voir en cuisine si l’on y débouche aussi les méninges !

  25. Christophe, rassure-toi : moi aussi, je suis incapable de me remémorer un seul vers, alors que j’ai appris certains poèmes de Verhaeren sur les bancs de l’école.

  26. Dernière remarque concernant la comparaison Zola/Verhaeren :
    Zola est dans la description de la situation, il est donc dans le moment présent.
    Verhaeren est en quelque sorte un visionnaire, donc plongé dans le futur. Pas la même approche donc.
    Ce qui renforce aussi ce côté plus réaliste de Zola qu’a relevé Etincelle.

  27. C’était peut être cette poésie là Bernard et Christophe .

    Mon ami, le paysage

    J’ai pour voisin et compagnon
    Un vaste et puissant paysage
    Qui change et luit comme un visage
    Devant le seuil de ma maison.

    Je vis chez moi de sa lumière
    Et de son ciel dont les grands vents
    Agenouillent ses bois mouvants
    Avec leur ombre sur la terre.

    Il est gardé par onze tours
    Qui regardent du bout des plaines
    De larges mains semer les graines
    Sur l’aire immense des labours.

    Un chêne y détient l’étendue
    Sous sa rugueuse autorité,
    Mais les cent doigts de la clarté
    Jouent dans ses feuilles suspendues.

    Un bruit s’entend : c’est un ruisseau
    Qui abaisse de pente en pente
    Le geste bleu de son eau lente
    Jusqu’à la crique d’un hameau,

    Tandis qu’au loin sur les éteules
    Tassant le blé sous le soleil
    Semble tenir dûment conseil
    Le peuple d’or des grandes meules.

    J’ai pour voisin et compagnon
    Un vaste et puissant paysage
    Qui change et luit comme un visage
    Devant le seuil de ma maison.

    Sous l’azur froid qui le diapre
    L’hiver, il accueille mes pas
    Pour aiguiser à ses frimas
    Ma volonté rugueuse et âpre.

    Lorsqu’en Mai brillent les taillis,
    Tout mon être tremble et chatoie
    De l’immense frisson de joie
    Dont son feuillage a tressailli.

    En Août quand les moissons proclament
    Les triomphes de la clarté,
    Je fais régner le bel été
    Avec son calme dans mon âme.

    Et si Novembre avide et noir
    Arrache aux bois toute couronne,
    C’est aux flammes d’un peu d’automne
    Que je réchauffe mon espoir.

    Ainsi le long des jours qui s’arment
    D’ample lumière ou de grand vent
    J’éprouve en mon cerveau vivant
    L’ardeur diverse de leurs charmes.

    J’ai pour voisin et compagnon
    Un vaste et puissant paysage
    Qui change et luit comme un visage
    Devant le seuil de ma maison …….

    Elle chante en moi cette poésie !!!

  28. T’es sûr que t’as pas plutôt été boire un verre a Rennes avec Emile ?
    Et milles verres à Rennes tu tiendrais le choc :sick:
    Moi je préfère Patrick deux verres ….. Et Gérard , deux par deux ils les boit :wink:

  29. Je viens de le voir cette semaine même dans un film (récent, qui vient de sortir).
    Vu sa tête, c’est plutôt dix à la fois qu’il doit les boire.
    Incroyable la gueule qu’il a !
    N’empêche, où vas-tu chercher tout ça, Yves ?
    Dupdup et toi, vous faites la paire, c’est incontestable ! :wub:

  30. Revenons au livre …
    Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le premier ver que j’ai lu (et non pas le premier verre que j’ai bu), m’a amené instantanément une image à l’esprit, et c’était une image en rapport avec la vie (et non pas avec la mort).
    Je m’explique car tout ça doit paraître bien obscur.
    Le premier ver du livre est « Tous les chemins vont vers la ville ».
    Avant même de lire le ver suivant, je me suis dit « Ce n’est pas vrai, ça ! ».
    Je ne pensais pas à « Tous les chemins mènent à Rome » mais à une photo que j’avais vu quelques jours auparavant. Une des rares ou peut-être même la seule photo que j’aime de Yann Arthus Bertrand.
    Sur cette photo intitulée « L’arbre de vie », on voit un arbre sur une terre africaine recouverte de rares touffes d’herbe et une myriade de sentes qui rejoignent l’arbre, comme les rayons du soleil.
    Ce sont les sentes tracées par les animaux qui viennent se mettre à l’abri sous l’arbre ou manger ses feuilles.
    Et donc en lisant ce premier ver, je me suis dit : « Non, tous les chemins mènent à l’arbre ».
    En fait tous les chemins mènent quelque part, mais ce quelque part dépend du contexte. Ce quelque part peut même être un nulle part quand le chemin est une impasse.

  31. Vous pouvez rajouter un « s » à tous les « ver » que j’ai écrit.
    Décidément, je ne suis pas dans mon assiette en ce moment !

  32. Ce n’était pas ce poème là Yves, qui est d’ailleurs peu tentaculaire ou halluciné, où alors je suis touché plus profondément, sous les méninges !

  33. Voici ce que dit Pascale Arguedas de cet ouvrage, dans la présentation de cette oeuvre aux éditions Labor :

    « Poursuivant le travail d’édition critique de l’oeuvre poétique d’Émile Verhaeren selon les principes établis par feu Joseph Hanse, la collection Archives du Futur présente le diptyque des Campagnes hallucinées et des Villes tentaculaires, qui immortalisa Verhaeren comme poète inspiré de la contradiction sociale de la fin du siècle passé. Établi par Michel Otten, le texte de ces deux recueils majeurs est accompagné d’une préface de Jacques Marx. Elle met à mal certains des clichés qui n’ont cessé, depuis cent ans, d’entourer la figure légendaire du poète, au point d’en altérer parfois la vision. Dans ces deux recueils, le poète s’évade de son autobiographie douloureuse en s’ouvrant aux grandes forces qui traversent le monde. Bien sûr, on retrouve parfois, comme dans les Chansons de fou, les hallucinations morbides de la «trilogie noire», mais le thème principal de ces recueils est bien social : la campagne meurt (Les Campagnes hallucinées) mangée par Les Villes tentaculaires. Et cela même si Verhaeren esquisse le rêve d’une entente cordiale entre la nature et le progrès industriel et scientifique.

    Bien que noire, voire très noire, l’oeuvre de Verhaeren est d’une force poétique magistrale, d’une beauté extraordinaire de simplicité mais d’une vérité macabre. »

  34. « une vérité macabre. » …. Voilà ce qui peut mettre mal à l’aise dans ce recueil . Cette description brute avec des mots qui sentent la puanteur et la mort , ces images du mauvais côté de l’humanité , toujours difficile pour bon nombre à supporter , et surtout , pour ceux et celles qui croient à cette humanité …. Ceux et celles qui ont encore cette Etincelle dans les yeux en regardant le monde .
    Qui n’a pas fait des cauchemars morbides comme ceux mis sur le papier par Verhaeren …. Montrer moi toute une soirée des images sur la Shoah , et pendant la nuit je vais vous reprendre à tue-tête les chansons de fou .

    J’espère ne pas vous avoir trop dégoûté de la poésie avec ce côté sombre de Verhaeren …. Mais l’idée de présenter ce recueil m’est venue (comme je le dis dans la présentation) en lisant un bon nombre de commentaires sur ce blog depuis que je le fréquente bien souvent noirs sur la société et l’être humain ….

  35. Non, non, au contraire pour moi, ça m’a remis le pied à l’étrier de la poésie ! Merci Yves.

    Et puis, on ne va pas chanter non plus tout le temps les petites fleurs et les petits oiseaux. Il y a énormément de souffrances de par le monde. Et pas moins aujourd’hui qu’à l’époque de Verhaeren.

  36. suite de mon propos :

    … et peut-être même plus. Car s’il y a des notes d’espoirs dans la fin du livre de Verhaeren (je l’ai terminé ce matin de bonne heure), il faut bien admettre que les raisons d’espérer à notre époque s’amenuisent au fur et à mesure que le temps passe.

  37. Non, Yves, tu as bien fait de choisir ce livre.
    Comme dit Bernard, même s’il est bien de chanter la nature, les petites fleurs et les oiseaux, on peut aussi parler de ce qui n’est pas tout rose.
    Il ne faut pas se voiler la face !
    J’ai envie de vous retranscrire une phrase du Chant Général de Pablo Neruda, ce grand poème de quelques 550 pages qui retrace l’histoire de l’Amérique latine, l’histoire géologique, végétale, animale, humaine avec ses combats politiques, la misère, l’exploitation des hommes, l’appropriation des terres par les grands propriétaires, etc …
    Quelques mots que j’aime particulièrement :
    « Une goutte de neige pleure et pleure à ma porte, montrant sa robe claire et débraillée de petite comète en sanglots qui me cherche. »

  38. Et ce n’est pas simplement parler de ce qui n’est pas rose, comme on en parle régulièrement sur ce blog. Car avec la poésie, cela va beaucoup plus loin dans le ressenti, il y a une force dans l’évocation poétique, force qu’on peut difficilement retrouver ailleurs.

  39. Cette espérance en l’homme , en la jeunesse qu’avait Verhaeren … Toute ces beautés cette vie que nous offrent la nature qui se recouvrent petit à petit d’une fumer épaisse et noire , cette pourriture ambiante qui sème la misère , et surtout , cette autre pourriture encore plus maléfique que les autres celle qui entraîne le monde dans cette danse des chaises musicales morbide …. L’ARGENT , incolore pour la plupart , inodore pour tous , mais si cruel ….. Cette ruée vers l’OR permanente …. C’est vrai que malheureusement les pensées de Verhaeren reste d’actualité .

    Et comme disait Chaplin :

    « Quand un monde de déceptions et d’ennuis s’abat sur vous, si l’on ne s’abandonne pas au désespoir, on se tourne soit vers la philosophie soit vers l’HUMOUR.  »

    Charlie Chaplin

  40. Ah, l’un de mes cinéastes préférés !
    (je vais faire hurler Etincelle qui est une cinéphile « moderne » mais tant pis !)

  41. Tiens, ton commentaire Yves, me fait penser que Verhaeren est un personnage traversé de choses contraires qui cohabitent en lui. Un personnage ambivalent donc. Car il y a chez lui un mélange d’espoir et de désespérance. Et aussi, comme je l’ai dit dans mon deuxième commentaire, une sorte de rejet du monde moderne mêlé peut-être à une étrange fascination.

    Mais n’avons-nous pas toutes sortes de contraires qui s’agitent en chacun d’entre nous ? Simplement, chez le poète, c’est sans doute – état de poète oblige ! – poussé à son paroxysme.

  42. La campagne a évolué vers un monde de métal (aluminium par exemple) et de loisirs (cinémas par exemple). D’où le titre de ce recueil : « campagnes alu-ciné » :silly:

  43. Ah bon, je suis une cinéphile moderne ?
    Ma foi, si tu le dis !
    Toujours est-il que moi aussi, j’aime énormément Chaplin.

  44. Oh non, pour nous dégoûter de la poésie, il faudrait autre chose, mais pas la mort… vous voyez de qui je veux parler ?

    L’éternité à Lourmarin
    Albert Camus

    Il n’y a plus de ligne droite ni de route éclairée avec un être qui nous a quitté. Où s’étourdit notre affection ? Cerne après cerne, s’il s’approche c’est pour aussitôt s’enfuir. Son visage parfois vient s’appliquer contre le nôtre, ne produisant qu’un éclair glacé. Le jour qui allongeait le bonheur entre lui et nous n’est nulle part. Toutes les parties – presque excessives – d’une présence se sont d’un coup disloquées. Routine de notre vigilance… Pourtant cet être supprimé se tient dans quelque chose de rigide, de désert, d’essentiel en nous, où nos millénaires ensemble font juste l’épaisseur d’une paupière tirée.
    Avec celui que nous aimons, nous avons cessé de parler, et ce n’est pas le silence. Qu’en est-il alors ? Nous savons, ou croyons savoir. Mais seulement quand le passé qui signifie s’ouvre pour lui livrer passage. Le voici à notre hauteur, plus loin, devant.
    A l’heure de nouveau contenue où nous questionne tout le poids de l’énigme, soudain commence la douleur, celle de compagnon à compagnon, que l’archer, cette fois, ne transperce pas.
    René Char

  45. Cette célèbre phrase pourrait éclairer l’œuvre de Verhaeren, bien que formulée en voyant un tableau de René Magritte :

    « La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil. »
    René Char

  46. Lumière et douleur donc.
    La lucidité, c’est aussi l’impossibilité du retour en arrière. Car être lucide, c’est savoir. Après, on ne peut donc plus faire comme si on ne savait pas et fermer les yeux.
    L’acquisition de la lucidité ne peut guère se faire que dans la douleur. Le terme de « blessure » de René Char me semble bien approprié.

  47. Cette citation lue tout à l’heure dans … une papillotte :
    « Touché par l’amour, tout Homme devient poète »
    Je me suis dit que ça pouvait relancer le débat sur la poésie. Car il y a des tas de choses dont on pourrait encore parler sur cet article …

  48. Quelle place pour la poésie dans une société qui se délite ?
    Vaste question.
    Cette question avait été posée, d’une autre manière, dans un commentaire de Lola’s Mother sur la place de l’artiste en général dans la société d’aujourd’hui. Ce commentaire, qui m’avait beaucoup touché, avait été mis à propos de l’article sur la précarité énergétique. En voici un extrait que je rappelle :

    « Oui, la précarité s’installe insidieusement. Les propriétaires les plus « gentils » restent des personnes en proie à cette crise qui les effraie et les alimente à la fois. Depuis de nombreuses années les artistes comme moi, la voyons venir. Personne ne nous croyait il y a vingt ans. Dorénavant, nous avons beaucoup de « frères », et nos paroles résonnent dans celles de nos interlocuteurs. Ca n’est plus drôle du tout. Et encore moins «romantique».
    Si toute la société s’installe, s’embourbe devrais-je dire dans cette précarité, quelle sera la place de l’artiste? Et comment chacun trouvera sa place, son utilité propre à nous rendre le respect de nous même ? »

  49. Personne n’a rebondi sur la phrase posée en première ligne dans mon précédent commentaire.
    « Quelle place pour la poésie dans une société qui se délite ? ».
    Je conseille à tout le monde de lire « toute la jeunesse du monde » de Vialar (un livre que m’a offert Etincelle et que je lis en ce moment). Dans ce livre, Nikita, le Russe, a une très belle réponse à cette question. Il faudrait que je retrouve le texte exact et que je le mette dans un commentaire.

  50. Pour moi , il est évident que la poésie aura toujours sa place même dans une société qui se délite . L’amour le bonheur , la misère la mort sont tant de sujets pour la poésie , qu’elle est en l’homme comme la musique , elle peut jaillir sous différentes formes … Mais elle est là et restera au plus profond de nous tous .

  51. Juste pour corriger une petite erreur de notre ami Dupdup.
    Le titre du livre est « La jeunesse du monde ».
    C’est bizarre d’ailleurs, je crois bien (je n’ai pas vérifié) que la première fois que j’ai parlé de ce livre sur ce blog, je me suis moi aussi trompée et l’ai justement appelé « Toute la jeunesse du monde » !
    Aucun doute, les grands esprits se rencontrent ! :angel:

  52. Je suis tout à fait de l’avis d’Yves, même si la poésie peut prendre des formes inhabituelles, dans lesquelles on le la reconnait pas toujours.

  53. Moi, j’ai pas rebondi parce que je ne comprends pas le mot « délite » :whistle:

  54. Tiens , comme tu as fait un joli mot avec le vent Bernard …Voici un petit poème d’émile Verhaeren . Il y a longtemps que je ne vous ai bassiné avec la poésie … Je crois qu’avec la saison des pluies et du vent , vient pour moi le temps de la saison des poètes .

    A LA GLOIRE DU VENT

    – Toi qui t’en vas là-bas,
    Par toutes les routes de la terre,
    Homme tenace et solitaire,
    Vers où vas-tu, toi qui t’en vas ?

    – J’aime le vent, l’air et l’espace ;
    Et je m’en vais sans savoir où,
    Avec mon coeur fervent et fou,
    Dans l’air qui luit et dans le vent qui passe.

    – Le vent est clair dans le soleil,
    Le vent est frais sur les maisons,
    Le vent incline, avec ses bras vermeils,
    De l’un à l’autre bout des horizons,
    Les fleurs rouges et les fauves moissons.

    – Le Sud, l’Ouest, l’Est, le Nord,
    Avec leurs paumes d’or,
    Avec leurs poings de glace,
    Se rejettent le vent qui passe.

    – Voici qu’il vient des mers de Naple et de Messine
    Dont le geste des dieux illuminait les flots ;
    Il a creusé les vieux déserts où se dessinent
    Les blancs festons de sable autour des verts îlots.
    Son souffle est fatigué, son haleine timide,
    L’herbe se courbe à peine aux pentes du fossé ;
    Il a touché pourtant le front des pyramides
    Et le grand sphinx l’a vu passer.

    – La saison change, et lentement le vent s’exhume
    Vêtu de pluie immense et de loques de brume.

    – Voici qu’il vient vers nous des horizons blafards,
    Angleterre, Jersey, Bretagne, Ecosse, Irlande,
    Où novembre suspend les torpides guirlandes
    De ses astres noyés, en de pâles brouillards ;
    Il est parti, le vent sans joie et sans lumière :
    Comme un aveugle, il erre au loin sur l’océan
    Et, dès qu’il touche un cap ou qu’il heurte une pierre,
    L’abîme érige un cri géant.

    – Printemps, quand tu parais sur les plaines désertes,
    Le vent froidit et gerce encor ta beauté verte.

    – Voici qu’il vient des longs pays où luit Moscou,
    Où le Kremlin et ses dômes en or qui bouge
    Mirent et rejettent au ciel les soleils rouges ;
    Le vent se cabre ardent, rugueux, terrible et fou,
    Mord la steppe, bondit d’Ukraine en Allemagne,
    Roule sur la bruyère avec un bruit d’airain
    Et fait pleurer les légendes, sous les montagnes,
    De grotte en grotte, au long du Rhin.

    – Le vent, le vent pendant les nuits d’hiver lucides
    Pâlit les cieux et les lointains comme un acide.

    – Voici qu’il vient du Pôle où de hauts glaciers blancs
    Alignent leurs palais de gel et de silence ;
    Apre, tranquille et continu dans ses élans,
    Il aiguise les rocs comme un faisceau de lances ;
    Son vol gagne les Sunds et les Ourals déserts,
    S’attarde aux fiords des Suèdes et des Norvèges
    Et secoue, à travers l’immensité des mers,
    Toutes les plumes de la neige.

    – D’où que vienne le vent,
    Il rapporte de ses voyages,
    A travers l’infini des champs et des villages,
    On ne sait quoi de sain, de clair et de fervent.
    Avec ses lèvres d’or frôlant le sol des plaines,
    Il a baisé la joie et la douleur humaines
    Partout ;
    Les beaux orgueils, les vieux espoirs, les désirs fous,
    Tout ce qui met dans l’âme une attente immortelle,
    Il l’attisa de ses quatre ailes ;
    Il porte en lui comme un grand coeur sacré
    Qui bat, tressaille, exulte ou pleure
    Et qu’il disperse, au gré des saisons et des heures,
    Vers les bonheurs brandis ou les deuils ignorés.

    – Si j’aime, admire et chante avec folie
    Le vent,
    Et si j’en bois le vin fluide et vivant
    Jusqu’à la lie,
    C’est qu’il grandit mon être entier et c’est qu’avant
    De s’infiltrer, par mes poumons et par mes pores,
    Jusques au sang dont vit mon corps,
    Avec sa force rude ou sa douceur profonde,
    Immensément il a étreint le monde.

  55. Hé, voila-t’y pas que notre ami Yves
    Avec ses belles poésies récidive !
    De ses rimes, il ne veut pas qu’on s’en prive
    On va donc tous en prendre plein les gencives !

    :biggrin:

  56. Votre petite discussion sur la pluie en Bretagne , me fait penser que nous allons fêter à Pont-Aven , le grand poète qu’était Xavier Grall :

    Voici un de ces poèmes qui raconte cette terre , où la pluie a le goût du sel et où le vent dans un cri , nous ramène à la terre les âmes des marins .

    Allez dire à la ville

    Terre dure de dunes et de pluies
    c’est ici que je loge
    cherchez, vous ne me trouverez pas
    c’est ici, c’est ici que les lézards
    réinventent les menhirs
    c’est ici que je m’invente
    j’ai l’âge des légendes
    j’ai deux mille ans
    vous ne pouvez pas me connaître
    je demeure dans la voix des bardes
    0 rebelles, mes frères
    dans les mares les méduses assassinent les algues
    on ne s’invente jamais qu’au fond des querelles

    Allez dire à la ville
    que je ne reviendrai pas
    dans mes racines je demeure
    Allez dire à la ville qu’à Raguénuès et Kersidan
    la mer conteste la rive
    que les chardons accrochent la chair des enfants
    que l’auroch bleu des marées
    défonce le front des brandes

    Allez dire à la ville
    que c’est ici que je perdure
    roulé aux temps anciens
    des misaines et des haubans
    Allez dire à la ville
    que je ne reviendrai pas

    Poètes et forbans ont même masure
    les chaumes sont pleins de trésors et de rats
    on ne reçoit ici que ceux qui sont en règle avec leur âme sans l’être avec la loi
    les amis des grands vents
    et les oiseaux perdus
    Allez dire la ville
    que je ne reviendrai pas

    Terre dure de dunes et de pluies
    pierres levées sur l’épiphanie des maïs
    chemins tordus comme des croix
    Cornouaille
    tous les chemins vont à la mer
    entre les songes des tamaris
    les paradis gisent au large
    Aven
    Eden
    ria des passereaux
    on met le cap sur la lampe des auberges
    les soirs sont bleus sur les ardoises de Kerdruc
    O pays du sel et du lait
    Allez dire à la ville
    Que c’en est fini
    je ne reviendrai pas
    Le Verbe s’est fait voile et varech
    bruyère et chapelle
    rivage des Gaëls
    en toi, je demeure.

    Allez dire à la ville
    Je ne reviendrai pas.

  57. A propos d’Emile Verhaeren: pour moi aussi, il était un visionnaire . A mes yeux, il possède une étonnante force évocatrice aussi bien pour exprimer ses peurs et ses sentiments que pour décrire son environnement. C’est parfois sombre mais « les chants désespérés ne sont-ils pas les plus beaux »?
    Mes souvenirs de primaire ne sont pas bien fameux non plus…Il me semble avoir appris un texte de lui parlant de vent soufflant sur les bruyères infiniment (mais est-ce que je ne confonds pas avec un autre auteur?) et un autre qui disait que « le batelier promène sa maison naine sur les canaux ».
    Quant à la place de la poésie, je citerai Gabriel Celaya: « La poésie est une arme chargée de futur » et « poésie nécessaire comme le pain de chaque jour ».
    Pour rester dans le thème du vent (cf.A la gloire du vent »), voici un texte que j’ai envie de partager avec vous, c’est une chanson de Juliette.

    La ballade d’Eole

    Lorsque je me sens las de jouer avec les vagues,
    Les roseaux de Camargue ou les fumées de Prague,
    Il m’arrive parfois, du haut de mon royaume,
    De compter tous les noms que m’ont donnés les hommes:
    Sirocco par ici, Tramontane à côté,
    Zéphyr un peu plus loin et ailleurs Alizés,
    Simoun ou bien Mistral, Aquilon ou Blizzard,
    Autant de patronymes exotiques et bizarres,
    Étranges inventions d’esprits à ras de terre,
    Comme s’il y avait des frontières dans l’air.
    Non, je n’ai pas de frères et c’est moi et moi seul,
    Des Rocheuses à l’Oural, qui souffle à fendre gueule.
    On me dit bise ou vent d’Autan.
    On me divise en vingt en cent
    Mais c’est en vain qu’on jase autant.
    Je suis le même Ouest ou le vent,
    Vent de l’instant ou vent d’avant,
    Vandale ici, là, vivifiant.
    Je suis unique et de tout temps.
    Je ne suis qu’un, je suis le vent.

    Je suis né bien avant que vos savants n’inventent
    Les voiles que je gonfle et, même, je me vante
    D’être ici-bas ce qu’on eût pu voir de plus vieux,
    S’il avait existé en ce temps là des yeux.
    Je survolais déjà les Andes et l’Aventin,
    Dévalais les avens, les vals et les ravins
    Bien avant que la pluie ne les ait fait verdir,
    Bien avant que la vie ne les ait fait fleurir
    Et c’est moi, je l’avoue sans offenser le Diable
    Et sa peau de serpent, qui me rendit coupable,
    D’une haleine fiévreuse, d’avoir soufflé à Eve
    L’idée qui l’évinça de son jardin de rêve.

    Vent de l’instant ou vent d’avant,
    Vandale ici, là, vivifiant,
    Je suis unique et de tout temps.
    Je ne suis qu’un, je suis le vent

    Et si j’oublie parfois les parfums enivrants
    Dont je me suis gavé, j’en ramène souvent
    Si loin de leur berceau qu’ils s’en viennent changer
    L’humeur et les pensées des quidams étonnés.
    Lorsque, dans les nuits chaudes de Bahia,
    Sans mobile apparent et malgré la samba,
    Un coeur soudain se glace, un sourire se brise,
    C’est que je traîne encore un soupçon de banquise
    Et quand, dans l’aube blême d’un hiver berlinois,
    En dépit des murs gris des flocons qui tournoient,
    Un émoi se réveille, une bouche fredonne,
    C’est que je m’en reviens des Indes ou de Vérone.

    Vent de l’instant ou vent d’avant,
    Vandale ici, là, vivifiant,
    Je suis unique et de tout temps.
    Je ne suis qu’un, je suis le vent.

    Mon empire est immense et recouvre le monde
    Mais, parfois, je me lasse de l’éternelle ronde.
    Alors, fou de tourner tout autour de ma boule,
    Je dévaste et je hurle, j’arrache et je chamboule
    Ou, plus vicieux, j’insuffle aux hommes ma démence
    Et, de leurs ouragans, je ricane en silence.
    J’attise un peu leurs feux et puis, calmé, je file
    À l’autre bout du globe en des lieux plus tranquilles.
    Là, j’oublie mes bravades, leurs braises et me fais brise.
    Je soulève la robe des belles que je grise,
    Ravivant en passant chez les passants ravis
    L’envie d’être le vent à qui tout est permis.

    On me dit bise ou vent d’Autan.

    Paroles : Frank Giroud. Musique Juliette Nourredine. Interpretée par Juliette

  58. Le vent a été un beau sujet d’inspiration pour les poètes, mais aussi pour les chanteurs comme Juliette (je me rappelle de cette chanson que j’avais entendue sur l’album « deux pianos »).

    Il y a quelques années, j’ai assisté à un concert donné par une grande dame que j’aime beaucoup : Anne Sylvestre. Elle y a chanté « la femme du vent », une chanson que je connaissais par coeur (j’aime tout particulièrement ce qu’elle a écrit à ses débuts) et qu’elle avait enregistré au tout début des années 70. Voici les paroles :

    La femme du vent

    Maman, le vent me fait la cour
    Le vent me trousse et m’éparpille
    Le vent me souffle des discours
    Pardi c’est ennuyeux ma fille
    Ça l’est bien plus encor Maman
    Car le grand vent est mon amant

    (Refrain)
    Fille folle amante du vent
    Boucle ton corset
    Baisse bien la tête
    Méfie-toi qui aime le vent
    Engendre la tempête
    Engendre la tempête.

    Maman le vent partout me suit
    Le vent me presse et me bouscule
    Il pousse mes volets la nuit
    Pardi tu seras ridicule
    De quoi ma fille a-t-on bien l’air
    En accouchant d’un courant d’air

    (Refrain)

    Maman le vent m’aime si fort
    Que je dois ouvrir les fenêtres
    Il ne veut plus coucher dehors
    Et je crois qu’un enfant va naître
    Fille je m’en irai avant
    D’être la grand-mère du vent

    (Refrain)

    Maman mon fils est né ce soir
    J’en suis restée toute meurtrie
    N’ai pas eu le temps de le voir
    Il m’a laissé à ma folie
    Et le voici parti Maman
    Aux trousses de son père le vent

    Mes amours ne sont que du vent
    Est-ce aussi le vent que j’ai dans la tête
    Puisque tu me fuis mon enfant
    Je suivrai la tempête
    Je suivrai la tempête.

  59. Je ne me souviens plus avec précision d’un seul poème écrit par Emile Verhaeren dont nous parle Clo. Mais je sais que son nom m’arrive tout droit de mon enfance et résonne fortement en moi. Il me semble que l’apprentissage de poésies à l’école primaire est quelque chose de fabuleux et qu’il en reste trace longtemps après. Emile Verhaeren mais aussi Paul Fort et Jacques Prévert. C’est le triptyque poétique de mon enfance. :wub:

  60. Clo ,
    Ça doit être cette poésie qui te revient en tête …

    Sur la bruyère longue infiniment,
    Voici le vent cornant Novembre ;
    Sur la bruyère, infiniment,
    Voici le vent
    Qui se déchire et se démembre,
    En souffles lourds, battant les bourgs ;
    Voici le vent,
    Le vent sauvage de Novembre.

    Aux puits des fermes,
    Les seaux de fer et les poulies
    Grincent ;
    Aux citernes des fermes.
    Les seaux et les poulies
    Grincent et crient
    Toute la mort, dans leurs mélancolies ….

    Le vent d’Emile Verhaeren que j’avais mis sur mon site :
    http://naturepassion.e-monsite.com/pages/une-image-une-poesie/tempete.html

  61. Et pour l’autre , c’est Le chaland
    J’aime les derniers vers de cette poésie :
    Oh ! la mobilité des paysages,
    Qui tous reflètent leurs visages
    Autour de son chaland !
    La pipe aux dents,
    D’un coup de rein massif et lent,
    Il manoeuvre son gouvernail oblique ;
    Il s’imbibe de pluie, il s’imbibe de vent,
    Et son bateau somnambulique
    S’en va, le jour, la nuit,
    Où son silence le conduit.

  62. Merci, Yves , pour ce texte que je me souviens avoir adoré enfant: le vent de Verhaeren. Je le retrouve aussi magnifique qu’il me paraissait alors.
    Le chaland, je ne crois pas que ce soit ce que j’avais appris. Mais c’est très beau aussi.

    Bernard, merci pour « La femme du vent » d’Anne Sylvestre. Quel plaisir de la retrouver dans une de ses plus belles chansons à mon goût!

  63. C’est surtout le livre qu’a échangé avec lui cette jeune fille « histoire de la Révolution française écrite par Thiers le versaillais  » qui à changé sa vision de la vie … Et ça le suit toujours maintenant !!

  64. Oui, mais il n’empêche que sans le livre de poésie offert, l’histoire de Mélenchon aurait été différente … Comme quoi, ça tient à peu de choses …

  65. Seul le poème restera quand même …
    J’ai découvert un peu par hasard ce passage d’un concert de Dhafer Youssef , sur lequel , le poète tunisien Sghaier Ouled Ahmed avait posé ces mots …. Très fort !

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