Un peu de « blues blanc »

Après avoir commencé une série sur quelques grands bluesmen noirs (Sonny Boy Williamson, Willie Dixon, Skip James, Memphis Slim et Son House) et commencé très timidement une autre sur les grandes chanteuses de blues (Sippie Wallace), voici une petite incursion aujourd’hui du côté de ceux qui ont amené eux-aussi leur petite pierre à l’édifice de la maison « blues », je veux parler des bluesmen blancs qui ont pu marquer certains d’entre nous (… enfin pour les vieux comme moi qui ont passé la cinquantaine). Certains ont transfiguré cette musique et l’ont amenée sur des chemins nouveaux (Jimi Hendrix, Led Zeppelin, …) mais d’autres sont restés très près de ses racines. Et c’est de ces derniers que je veux commencer de parler aujourd’hui.

Sans doute que je débuterai dans les mois qui viennent une petite série sur ces artistes, la plupart du temps guitaristes, qui ont joué un rôle important dans l’histoire de la musique, en dressant des ponts entre le blues et le rock. Aujourd’hui, juste quelques vidéos consacrées à certains d’entre eux (attention, les trois premières vidéos sont de qualité techniques très moyennes).

Rory Gallagher d’abord (que j’ai eu la chance de voir sur scène, c’était quelques mois seulement avant sa mort).

Vient ensuite notre albinos préféré : Johnny Winter.

Puis le « pape du blues blanc », John Mayall, dont j’ai déjà parlé sur ce blog (à l’occasion de sa venue à Besançon).

Et enfin sans doute le plus célèbre de tous les guitaristes de blues : Eric Clapton.

Bon dimanche à tous.

27 réflexions au sujet de “Un peu de « blues blanc »”

  1. Sacrée belle sélection !
    J’ai recherché un lien pour l’album whoopin’ réalisé par Sonny Terry, Johnny Winter et Willie Dixon… un peu de mixité quoi ! Je regrette de ne pouvoir l’ajouter à ce dimanche musical, ça vaut son pesant de cacahuètes.
    Finalement, je crois que c’est Clapton qui passe le moins dans l’énergie de ces gringos, même si la technique est peu reprochable, je trouve qu’il manque de conviction, pourtant il a le blues, c’est sûr !
    Et plus blanc que Winter, faut se lever tôt !

  2. Après la guerre, la présence des GI’s noirs en Europe allait amener un interet pour le blues. Avec la meme langue, c’est les anglais qui interpretent cette musique. C’est le guitariste Alexis Koerner et l’harmoniciste Cyril Davies qui sont les lanceurs du blues blanc. C’est sur leur modèle que John Mayall (oui, top 5) fonde son groupe avec la venu de Clapton (qui s’emmerde pas, reprend note pour note les solos de Ike Turner). A Londres et Liverpool, pas de modèle Yankee mais de l’électrique venu de Chicago: Muddy Waters, Howlin Wolf (mes préféres), Jimmy Reed et Chuck Berry. Ce forme dans les années 60 les Yardbirds, Moody Blues (ha que j’aime), Animals (tiens ! le trop fameux House of the rising song), Who (hummm c’est bon), Zombies et Rolling Stones(et ce disque Beggars Banquet, trop fort) qui petent a barraque et qui sont dépassés par une génération avide de rock. L’énorme succès international et leurs rencontres avec les bluemens noirs ricains infléchira le cours de la musique (pop)ulaire américaine. Puis des hauts et des bas, des interprétations puériles laissent la place à d’autres représentants comme Peter Green et Jérémy Spencer du trop fameux Fleetwood Mac (mon top 5), Alvin Lee, Stevie Winwood et les irlandais Van Morrison et Rory Gallagher (que j’ai idolatré) – Leur importance est considérable. Sans eux, je doute que le blues serait connu que par une poignée d’amateurs.
    Jeunesse ou vas tu? Te souviens tu de ces délires, de ces beuveries avec les oreilles gavées du son de ces guitares ? Putain que c’était bon

  3. Je ne connaissais pas cette histoire avec Alexis Koerner et Cyril Davis.
    Pour le reste, oui, on en redemande, et tous ceux que tu as cités sont des valeurs sures. Ah, ce terrible Beggar’s Banquet qui marque sans doute l’apogée d’un groupe qui va évoluer ensuite vers une caricature de lui-même (bon cela dit, les Stones continuent à mouliner une sorte de rock n’ roll très efficace).

  4. Christophe, je rebondis sur ce que tu as dit sur Clapton. Le blues, c’est pas technique (trois accords seulement) et pour compenser la faiblesse musicale des morceaux, les bluesmen ont recours à la conviction, il faut chanter avec foi sinon ça ne passe pas. Clapton manque certainement de foi. Est-ce pour cela qu’il a compensé cela en transformant un blues qui aurait dû être un truc viscéral en un truc très technique ?
    Thierry, tu en penses quoi, toi ?

  5. Sur la vidéo, Rory Gallagher chante « too much alcohol ». :sick:
    Titre prémonitoire quand on sait qu’il est mort vingt ans plus tard de complications à la suite d’une greffe du foie. :alien:

  6. Cream et Clapton ne m’ont jamais emballé. Effectivement je pense que Clapton manque de profondeur, de présence sur scène, d’émotion et de voix. Il n’a jamais été mon guitare heroe’s bien que techniquement il s’inscrit chez les grands, je n’ai aucun disque de lui chez moi, donc…. Bien que ce type a composé pas mal et a joué avec les plus grand, notemment avec Howlin’ Wolf, Robert Cray,..
    Je connais Mojo Machine et Jésus Volt que j’ai déjà vu sur scène mais je ne sais plus trop dans quel coin. La Bretagne ce débretonne – Ouaffff

  7. En fait quand on parle de Blues blanc, on pense aux anglais, mais bien avant dans le deta, là-bas, les blancs travailleurs paysans imitent la musique noire rurale. Une personne va ce détachée: James Charles Rodgers dit Jimmie Rodgers (1897-1933). Entre 1927 et 1933 il enregistre 121 titres qui vont faire de lui le véritable créateur de la country music: éclectisme, créativité. Ses blues « blues yodels » sont une source d’inspiration constante pour un grand nombre de musiciens blancs et bluesmen noirs (Howlin’Wolf a toujours affirmé tenir son célèbre hurlement d’une imitation de J. Rodgers). Dans la foulée, le blues demeurera un genre important à l’intérieur de la country (source encyclopédie du blues)

  8. Thierry les a cités tous les deux, mais j’aimerais insister un peu.
    C’est plus leur voix et leur chant que leur talent d’instrumentiste qui marque.
    Je mets Van Morrison et Eric Burdon (avec les Animals, avec les New Animals, avec War mais aussi en solo), très haut sur l’échelle des bluesmen blancs.
    Justement, parce que l’émotion que procure une voix reste pour moi une des plus intenses qui soit (est-ce parce que, toute modestie gardée, je peux m’identifier à l’interprète, ne jouant d’aucun instrument ?).
    Je ne connais rien à jeter dans la discographie d’Eric Burdon, y compris dans ses derniers albums qui sont très récents (2006)
    Van Morrison me semble un peu plus irrégulier. Très prolifique également, il sévit toujours aussi. Et il parait qu’un Astral Weeks live serait sur le point de sortir…

  9. Tiens, je n’avais jamais pensé à ça.
    Moi aussi, je ne joue pas d’un instrument et moi aussi je suis plus sensible aux voix qu’aux instruments de musique (encore que, il y a des exceptions).
    Cela pourrait donc être parce qu’ainsi on peut s’identifier au chanteur alors qu’on n’est pas capable de s’identifier à quelqu’un qui joue d’un instrument ?
    Pourquoi pas ?

  10. Effectivement, Eric Burdon et Van Morrison sont d’immenses artistes et j’en parlerai sans doute dans une autre rubrique que celle des bluesmen blancs que je réserve aux quelques-uns qui ne sont pas écartés de la veine blues noire de départ (les fameux trois accords Mi La Si).

    Même s’il est évident qu’Eric Burdon et Van Morrison sont allés beaucoup plus loin musicalement (ils ne sont pas restés dans le cadre étroit et formel du blues), ils sont tous deux traversés par d’autres influences, Eric Burdon étant avant tout marqué par le ryth’m & blues et même le heavy metal, Van Morrison était plus influencé, et de manière très forte, par la soul.

    Pour Eric Burdon, dommage qu’il soit resté un artiste plutôt confidentiel et sans succès (il semble ne plus être écouté même en Angleterre et ne l’est encore qu’en Europe continentale). Merci au passage à Anne de m’avoir fait connaître tous ses disques.

    Mais vos commentaires m’ont donné envie d’aborder ces deux grands musiciens lors de dimanches musicaux qui leur seront spécifiques.

  11. Vous ne parlez pas d’artistes français pour le blues , il y a pourtant de bon guitaristes et chanteurs dans notre pays !

  12. Oui, je sais que tu as raison. Mais comme je n’ai pas envie de comprendre les paroles et que seule la musique m’intéresse, j’ai toujours préféré écouter les artistes anglo-saxons. Ceci explique sans doute cela.
    C’est une lacune dans ma culture musicale.
    Mais comme je sais que Yves va bientôt nous préparer un petit dimanche musical sur les bluesmen français … :w00t:

  13. Pour moi, Johnny Winter a été l’un des trois plus grands bluesmen blancs, avec John Mayall et Rory Gallagher.
    Sans doute que vous mettrez Clapton au-dessus de ces trois là. C’est sans doute vrai d’un point de vue technique, mais une certaine froideur de sa musique le met, émotionnellement parlant, en-dessous de ces trois musiciens (si l’on excepte la période dans le groupe Cream, qui fut la meilleure de Clapton).

  14. C’est pas du pur blues mais je viens d’écouter 2 versions du même thème et je dois dire que JJ Cale me scotche à chaque fois : tempo, riffs, voix…
    Mais une des interprétations originales vaut le détour…

  15. Au réveil,ça swingue !
    J’aurais jamais imaginé Bing Crosby dans ce répertoire-là. La musique countrysante semble bien convenir à ce crooner et il a l’air de bien s’amuser avec ce type de musique.

  16. Blues 2.0 avec tendance à jouer sur des instruments bizarres (diddley bow, cigar box, skate guitare etc…) Justin Johnson est une star un peu décalée de l’univers blues / americana. Il y use de nombreux accordages différents, dont un que j’ai testé sur une de mes guitares, un open de Ré mineur (Ré – La – Ré – Fa – La – Ré) qui impose une ambiance intimiste, en retrait. En témoigne ce chouette morceau :

    L’usage de la tierce mineure (Ré / fa) pose une ambiance magnifique.

    Pour de la zik vraiment plus blues, il propose des séances d’1 heure, comme celle-ci :

    Très delta. Toujours instrumental. Pas de question de vitesse, c’est très posé.

    Et pour le fun , du Sk8 issu de blues :

  17. Effectivement, pour jouer de cette manière-là, il est évident que les cordes à vide doivent correspondre à un accord parfait et qu’il faut donc accorder les cordes différemment. Je ne connaissais pas ce terme de « open de ré mineur » mais j’ai bien compris ce que c’était. En écoutant l’ambiance particulière produite par ta première vidéo, le climat musical m’a rappelé vaguement quelque chose et en cherchant un petit peu dans ma mémoire, ça m’a rappelé un passage de Atom Heart Mother dans Pink Floyd (ou peut-être un autre morceau du groupe). Peut-être que Gilmour a utilisé aussi une guitare accordée en open ré mineur.

    Je suis tombé sur ce document qui explique bien les choses :
    https://www.instinctguitare.com/open-tunings-et-accordages-particuliers/

  18. J’adore ce mec !
    Il fait aussi des reprises excellentes et fait sonner n’importe quelle planche.
    Pour un peu il me ferait aimer les cow-boys.

  19. C’est probablement le truc le plus intéressant de la guitare, cette possibilité d’accordages multiples. Le revers de la médaille, il faut tout réapprendre ses positions de gammes et d’accords pour chaque open tuning utilisé. Mais à chaque fois, un univers nouveau à explorer. Je ne comprend pas les gens qui s’ennuient :lol:

    Les Stones par exemple mais de nombreux (tous ?) bluesmen du Delta des années fastes jouent en open tuning (G ou A). Et pour le bottleneck (slide) c’est très facile. Enfin, tout est relatif, je suis bien en train de le constater :whistle:

  20. Je vais tester sur Yesterday, fastoche en open tuning, bien plus raide en EADGBE ;-)
    Les routines, les habitudes, les normes… deviennent des rigidités dont j’ai conscience.

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