La culture des endives

LE COIN DU JARDINIER (16)
La culture des endives est pour moi une nouveauté. Je ne la pratique que depuis l’an passé. Mais je me souviens, que lorsque j’étais tout môme, il y a peut-être 45 ans, j’aidais ma grand-mère à mettre en terre pour l’hiver les précieuses racines.

En raison de son mode de culture qui est très particulier, l’endive est un drôle de légume. La culture de cette salade (qui appartient à la famille des chicorées au même titre que nos scaroles) nécessite plusieurs étapes bien distinctes. J’ai photographié tout au long de l’année ces différentes étapes en vue du présent article.

Les graines de chicorée sont à semer en pleine terre au mois de mai. Au fil de l’été, le feuillage va se développer, de la même manière qu’une autre salade, si ce n’est que l’intérieur du feuillage ne « pomme » pas comme celui d’une laitue. Il arrive parfois que l’un des pieds fleurisse et les fleurs ressemblent alors à s’y tromper aux chicorées sauvages que l’on trouve dans les prés ou sur les abords des routes.

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En octobre ou novembre, vient le temps de la récolte des racines. Celles-ci sont volumineuses et pendant longtemps elles ont servi à obtenir, après torréfaction, la chicorée que l’on mélangeait au café. Ces racines seront débarassées de leurs feuilles (à couper à quelques centimètres au-dessus du collet) puis stockées dans la cave en attendant d’être mises en terre au fur et à mesure des besoins.

Le repiquage consiste simplement à mettre les racines verticalement dans un mélange de terre/terreau humidifé, en laissant la partie supérieure du collet à l’air libre. Attention, la terre ne doit pas être trop humidifiée car les racines pourriraient alors (j’en ai fait la douloureuse expérience l’an passé et je n’a pas réussi cette année à éliminé complétement ce problème).

racinesenmain.jpg racinesenterre.jpg

Si l’on veut échelonner la production et ne récolter que peu d’endives à la fois, un simple seau, plutôt haut, suffira. Les plantes devant rester à l’obscurité, le seau sera recouvert d’un plastique noir ou d’un autre récipient retourné (ce qui permet dans ce cas d’avoir un volume supplémentaire pour que les endives se développent). Les endives vont se développer en puisant dans les réserves accumulées dans les racines. Au bout de quelques semaines (variable selon la température du local), on pourra commencer de récolter ses premières endives. Ne pas oublier de mettre régulièrement d’autres racines en terre pour avoir une production régulière jusqu’en fin d’hiver et même jusqu’en début de printemps.

endivesencave.jpg

Il semblerait que ce mode de culture très particulier, unique chez les jardiniers, ait été découvert en 1850 seulement par le chef de culture du jardin botanique de Bruxelles, un certain Brézier, qui aurait obtenu son premier « chicon » à partir de la variété de chicorée « à grosse racine de Bruxelles ».

En matière de jardinage, nous resterait-il encore aujourd’hui d’autres découvertes de ce type à faire ?

59 réflexions au sujet de “La culture des endives”

  1. J’apprécie beaucoup ces chroniques de jardinage… alors que je n’ai pas de jardin (n’en ai même jamais eu) et ne connais pas grand chose dans ce domaine.
    J’ai en effet l’impression que ces connaissances sont aussi importantes que celles de Proust, Galilée, Picasso, etc. pour construire un « honnête homme ».
    Cela compense en quelque sort les manques cruels de la « culture technique » (agriculture mais aussi construction, mécanique…) de notre éducation moderne.
    Merci donc Bernard…
    Et pourquoi pas, en plus de ces monographies légumières ou fruitières (sur les endives, les tomates et autres potimarons), une chronique sur les travaux du mois dans le jardin ?
    Ca intéresserait même les non-jardiniers.

  2. La morale de l’endive (et du champignon de Paris) : le plus blanc sort toujours du plus noir !!!

  3. Même le jardinage défraye la chronique… Le populisme, d’accord! Mais le jardinage….!!!
    J’arrive pas à me faire à l’idée de « poireauter » derrière la porte des toilettes en attendant que « germe » le commentaire de celui qui s’y enferme pour pouvoir relire des bouquins…
    Et des bouquins sur quoi?? Je vous le demande….
    L’endive!!!

  4. Je suis d’accord sur l’idée de notre manque de culture. Je trouve ça hallucinant d’apprendre seulement à mon âge comment se cultivent les endives, alors qu’il s’agit d’un aliment courant. Je me sens proche de ces mômes qui croient que les poissons sont rectangulaires ou que les poulets sont des animaux à six cuisses.
    Même s’il s’agit d’une nature apprivoisée, je trouve essentiel de connaître son fonctionnement. Je me souviens d’un commentaire de Cess qui nous parlait de son père lui apprenant des choses de la vie à la campagne. J’ai grandi en ville (et qui plus est, dans une grande ville) et je n’ai rien connu de tout ça. Je me rends compte aujourd’hui que je ne comblerai jamais ce manque et que c’est presque douloureux. Je pense que le plaisir que j’ai à lire ce type d’article est lié à cet apprentissage que je reçois maintenant. Un peu comme si j’avais un grand-père jardinier qui me fasse partager ce savoir traditionnel.
    «Grand-père », c’est pour charrier Bernard qui essaye toujours de nous faire croire qu’il est vieux.

  5. D’autres découvertes en matière de jardinage ?
    Oui, ce serait bien, mais faudrait alors peut-être demander à José Bové et ses sbires d’arrêter d’arracher toute nouvelle expérimentation !!!

  6. J’aime bien cette idée de « grand-père jardinier ». Je pense qu’autrefois, il n’y a pas si longtemps encore en milieu rural, les grands-parents jouaient un rôle important. Pas seulement dans la transmission des valeurs, mais aussi la transmission des savoirs et des gestes. Dans le domaine de la nature et du jardinage (deux domaines pas si éloignés que ça, même si Anne a raison de souligner le caractère « apprivoisé » du jardin), c’est peut-être encore plus vrai. Dans mon cas particulier, j’ai commencé de suivire ma grand-mère dans le jardin à partir du moment où j’ai été en âge de marcher !

  7. Si certains lecteurs de ce blog étaient tentés de semer de la salade ces jour-ci, je pense qu’ils peuvent essayer alors que nous ne sommes qu’à la mi-janvier. Je pense que ça vaut le coup d’essayer de semer la variété la plus résistante au froid que l’on connaisse : la laitue appelée « gotte d’or » ou « gotte dorée » (Une variété de laitue résistante au gel, oh mein gotte !). Je pense que la terre est encore si chaude que l’on peut même la semer en pleine terre. D’habitude, on peut la semer en février, mais je pense que cette année, on peut tenter le coup dès maintenant. Amis jardiniers, si vous pensiez pouvoir être encore en hibernation jusqu’à la fin février, c’est râpé, voilà que je vous donne une mauvaise idée pour vous faire sortir de votre torpeur hivernale.

  8. Un truc que j’ai expérimenté l’été dernier : j’ai buté mes poireaux (ce qui veut dire, pour le profane, que j’ai fait une petite butte de terre autour des poireaux), chose qui ne se fait jamais, en tous les cas je n’ai jamais rien lu de cet ordre dans les bouquins. Et bien, je viens de récolter mes premiers aujourd’hui, ils sont plus beaux qu’à l’habitude, il y a beaucoup plus de blanc. Je pense que dans le domaine du jardin, il y a des tonnes de trucs à expérimenter.

  9. Moi, l’été dernier, j’ai buté des aubergines (qui mettaient un PV à ma ouâture) hé ben, j’ai récolé ensuite.. que des emmerdes !

    (Y’aurait-il des limites à ce qu’il faut expérimenter ?)

  10. Vincent, tu dis « le plus blanc sort toujours du plus noir ». Non, pas toujours, car si tu avais bien assimilé ce que j’ai écrit dans mon article et notamment la difficulté à éviter que les endives ne pourissent (ne noircissent), tu saurais que parfois aussi « le plus noir sort du plus blanc ». L’endive, tu ne le savais pas (car je viens juste d’inventer le concept) représente à elle seule l’éternel combat entre le bien et le mal, qui n’est jamais gagné d’avance. Tiens, je vais la faire breveter cette idée, elle me semble originale !

  11. Faire pousser une endive dans l’obscurité (comme un point blanc dans une virgule noire) en évitant qu’elle ne pourrisse (que se développe un point noir dans la virgule blanche), rien n’est plus taoïste, finalement, que la culture de l’endive !!!

  12. Les endives – comme les champignons de Paris – plantes très artificielles (humaines donc… morales), vivent dans un monde en Noir & Blanc. Toutes les autres vivent plutôt dans le monde de la couleur.
    (A ce propos, leur teinte généralement verte ne vient-elle pas de la rencontre de l’eau et du soleil ?)

  13. Les endives vivent quand même dans le monde de la couleur jusqu’au moment où on les arrache de terre. Elles sont donc vertes comme des salades normales de mai à octobre, c’est à dire pendant toute la période où elles sont au jardin et où la synthèse chlorophylienne peut se faire. Ce n’est qu’après leur mise en cave qu’elles vivent dans un monde en noir et blanc. Dur dur le noir et blanc après avoir avoir connu la couleur !!! Les endives vivent donc une vieillesse austère.

  14. C’est en lisant le commentaire d’Anne que je viens de comprendre la chance que j’ai eue. Et pourtant, qu’est-ce que ça pouvait me saoûler de suivre mes parents au jardin, aux ruches, aux étables, aux prés, à la laiterie… etc… J’aurais préféré regarder la télé et pouvoir discuter des programmes avec les copines en retournant en classe! Je rêvais de parler de « Maya l’abeille », alors que j’étais en mesure de raconter comment extraire le miel des rayons (sans soupçonner que c’était beaucoup plus précieux…).
    J’avais honte de raconter ce que je faisais de mes mercredis après-midi… alors que maintenant, j’en suis carrément fière et reconnaissanteà mes parents…
    Les temps changent…!

  15. Plus les choses vivent dans le noir, plus elles blanchissent… c’est bien ça? Alors je viens juste de comprendre les fameuses expressions:

    « blanc comme un cul »
    « blanc comme un dessous de c….  »
    (si vous êtes bourguignon, vous la connaissez sûrement)

    Par contre pour « blanc comme neige, comme un linge et comme une m….. de laitier » (made in auvergne celle-là!!), c’est autre chose qui rentre en ligne de compte…

    Merci… Tout s’éclaire!!

  16. Tout s’éclaire ? Tu veux dire que tout devient blanc dans ton sombre terreau cérébral ???

  17. Une idée intéressante pour une salade hivernale : utiliser trois sortes de salades : l’endive, la chicorée rouge de Vérone (ou de la trévise) et de la mâche (appelée aussi « doucette »). Les goûts de ces trois salades se mélangent à merveille, et en plus, c’est très beau dans l’assiette ce mélange de blanc, vert et rouge. Et évidemment, si vous y ajouter quelques noix et quelques petits carrés de comté … !

  18. Je ne sais pas si je peux me permettre… mais il me semble qu’il vaut mieux avoir un esprit qui s’éclaire (et plus il est sombre plus il est éclairable…!) plutôt qu’un esprit blanc (voir neutre…!) qui s’assombrit à la moindre question… et rentre en cogitation intense pour une histoire de chicon…

  19. « J’aurais adoré écrire un livre sur l’endive »
    (extraits des mémoires de Lewis Scarole, éditions Dujardin)

  20. Et quelle est la valeur diététique de l’endive, siouplé ? (par rapport à la chicorée initiale aussi)

    PS : j’ai vu sur le marché ce week-end des pousses de pissenlit. C’est rare en janvier, nan ? (et ça ne doit pas trop bien se marier en revanche, c’est aussi amer que l’endive, n’est-ce pas ?)

  21. Les feuilles vertes d’été, en plein champ, on en fait quoi ?
    Et la racine, elle est « épuisée » après combien de pousses ?
    Elle devient quoi ensuite ?

  22. Bravo à humeur badine pour sa phrase. ça s’appelle comment ce type de phrase finalement assez proche de la contrepétrie ?

  23. Que dire sur la valeur diététique de l’endive (inutile de parler de sa valeur calorifique, elle est constituée de flotte, de flotte, de flotte .. et d’un petit 5% d’autres choses) ?

    Le légume est intéressant de par sa teneur en fibres, ce qui lui donne par ailleurs sa texture ferme et croquante.

    A noter également sa teneur importante en vitamines (acide folique, carotène, vitamine C) et en oligoéléments (potassium, sodium, fer, magnésium, chlore …). Parmi ces oligoéléments, notons surtout la présence importante de sélénium qui fait partie des oligo-éléments les plus recherchés aujourd’hui : il agit comme un anti-oxydant (souvent en synergie avec la vitamine E). Il protège les cellules du vieillissement, en s’opposant à la formation des radicaux libres, et aurait un rôle protecteur vis-à-vis de l’apparition de certains cancers.

  24. Réponses à Vincent à son dernier commentaire :

    – les feuilles vertes des endives, je les laisse sur le terrain. Il y a sûrement des utilisations possibles des feuilles, mêmes amères, mais il y a tellement d’autres légumes disponibles en automne que l’on préfère à cette époque utiliser des légumes plus nobles.

    – les racines produisent un gros « chicon ». Si on le coupe au-dessus du collet (partie supérieure de la racine), la racine garde alors la possibilité de produire à nouveau de plus petits chicons, sur le pourtour, jusqu’à épuisement de la racine. On peut donc faire en général deux récoltes, la première étant plus présentable que la deuxième.

  25. Selon François Couplan (Encyclopédie des plantes comestibles d’Europe), ou du moins ce que j’en ai compris, il existe trois variétés de Chicorée qui sont communément cultivées (et que l’on peut trouver à l’état subspontané) : la variété endivia (Endive), la variété latifolia (Scarole) et la variété crispa (Chicorée frisée). Toutes trois ont une composition proche, bien que moins riche et forte, de la Chicorée sauvage (Cichorium intybus).

    Celle-ci contient des protéines, des matières amylacées (racine), de l’inuline (racine), des vitamines 1, B, C, P, K et P, des sels minéraux : Ca, Mg, K, P, Na, Cl, S, Fe, Mn, CU…, un latex et une substance amère (intybine). C’est un tonique amer, doué de vertus stomachiques (favorise la digestion), cholagogues (active l’écoulement de la bile), dépuratives (favorise l’élimination des toxines) et légèrement laxatives (vide l’intestin).

    La Chicorée sauvage est utilisée depuis des temps immémoriaux comme plante alimentaire :
    – la RACINE (ramassée avant que les tiges n’apparaissent) peut être torréfiée. Les Arabes la consommaient comem légume (après les avoir longuement fait cuire pour en diminuer l’amertume)
    – les TRES JEUNES FEUILLES sont comestibles crues, bien que fortement amères. Plus tard, il faut les faire cuire à plusieurs eaux. En plantant des racines dans une cave obscure, les jeunes feuilles qui se développent sont moins blanc-jaunâtre et moins amères sont la « Barbe-de-Capucin » que l’on peut produire même en hiver.
    – les BOUTONS FLORAUX peuvent se conserver au vinaigre et les FLEURS bleu-clair décorent joliment les salades.

  26. « Pour préparer vous-mêmes le succédané du café (à partir de Chicorée sauvage) :

    1) Brosser et laver soigneusement les racines. Essuyez-les dans un linge et coupez-les en petits morceaux.
    2) Faites griller dans une poêle sèche sur un feu assez vif en remuant constamment jusqu’à ce que la Chicorée soit brun foncé, mais pas brûlée. Elle durcira en refroidissant.
    3) Conservez tel quel, une fois refroidi, dans un bocal fermant hermétiquement. Au moment d’utiliser, broyez dans un moulin à café, mettez la poudre obtenue dans de l’eau chaude et faites bouillir doucement cinq minutes, puis infuser dix minutes. Filtrez et édulcorez avec un peu de miel. Mettez environ 3 cuillerées à café en poudre pour une tasse.

    Cette boisson a un effet favorable sur le foie, du moins à dose modérée (car des excès répétés de Chicorée peuvent dérégler cet organe, entraînant une coloration jaune de la peau qui est caractéristique).

    La même chose peut être faite avec les racines de pissenlit. »

    (François Couplan, Encyclopédie des plantes comestibles de l’Europe, tome 2)

  27. Encore une ‘tite info sur la Chicorée sauvage :

    Les fleurs d’un bleu tendre s’épanouissent en regardant l’Est : elles s’ouvrent au soleil matinal et se fanent dès l’après-midi. Le jour suivant, il y en a de nouvelles. La légende veut qu’une vierge, dont le bien-aimé était parti en Terre sainte, et devait lui revenir, un jour, de l’Est, avec le soleil levant, l’attendit tous les matins sur la route et fut transformée en cette fleur.

  28. Vincent demande si je peux faire une rubrique sur les travaux du mois au jardin. Ma réponse est non, bien que je sois parfois horrifié de ce que je lis dans les bouquins, les journaux et les revues, tellement il y a d’erreurs.

    Mon problème, c’est que je vis au rythme du jardin. Ainsi, à partir de février, la sève monte en moi, j’ai envie de faire des tas de trucs au jardin et ça dure comme ça jusqu’en milieu d’été. J’ai alors un enthousiasme débordant. A partir du mois d’août, la sève redescend dans les plantes mais aussi dans mon organisme. Je délaisse un peu le jardin et certaines choses que je devrais absolument réaliser restent en souffrance. Je m’occupe peu de mon jardin pendant six mois de l’année (par exemple, tout le monde a bêché son jardin en novembre dernier, je ne l’ai pas encore fait). Je serais donc incapable de parler de travaux que je ne suis pas capable de faire. Désolé, ce sera peut-être quand je serai en retraite (mais il paraît qu’au-dessus d’un certain âge, la sève ne monte plus beaucoup !).

  29. Autre réponse à Vincent concernant le pissenlit. Je ne sais pas trop si les pissenlits que tu as vus sur le marché à Besac sont des pissenlits récoltés dans les prés ou cultivés en jardin, mais, dans les deux cas, ça me semble extrêmement tôt.

  30. Le pissenlit est un légume qui a connu au départ le même essor que l’endive.

    « Le XIXème siècle consacre également le pissenlit comme culture maraîchère à part entière. La revue horticole de 1882, dans un grand article, présente des formes considérablement améliorées que l’on sème encore aujourd’hui … et d’autres, comme le pissenlit-chicorée » géant qui ont disparu. Auparavant, cette plante n’était que rarement cultivée dans les potagers, au point que Vilmorin et Cie ne la cite même pas dans l’édition de 1856 de leurs « plantes potagères ». C’est à Monsieur Ponsart, de Chalon-sur-Marne que l’on attribue les premiers essais de culture du pissenlit, vers 1839, même si, dès 1809, Bosc écrit que quelques amateurs en sèment dans leur jardin et couvrent le plant de paille. ».

    (Jean-Paul Thorez, l’encyclopédie du jardinier, éditions Actes Sud)

  31. Ce qui me semble extraordinaire dans cette aventure des salades, c’est que les laitues et les chicorées sauvages ont une saveur amère qui est insupportable et des feuilles étroites qui sont dures et filandreuses mais que celà n’a pas découragé les agriculteurs (ou des jardiniers éclairés ?) qui au fil des siècles, ont su amadouer cette plante, et en faire, à force de sélection, des légumes « mangeables » puis « agréables à manger ». Est-ce qu’il étaient seulement dans une économie de subsistance et qu’ils faisaient alors, en matière de nourriture, « feu de tout bois », ou est-ce qu’ils avaient, d’une certaine façon, une préscience (ou même quelque chose de plus instinctif) de ce que ces affreuses plantes pouvaient devenir à terme ?

  32. Elle est très belle cette légende de la vierge transormée en fleur de chicorée. C’est celle que l’on raconte en général aux enfants. Mais j’ai lu une autre légende (plutôt pour adultes) qui dit que finalement, la soit-disante vierge n’attendrait pas vraiment son amant parti en Terre Sainte mais se livrerait en cachette à de folles cabrioles et galipettes avec un autre amant. D’ailleurs, la grosse racine de la chicorée qui est sous terre ne serait que la verge de l’amant que la jeune fille volage cacherait sous ses jupes (ses feuilles). Enfin, voici une interprétation qui vaut ce que ça vaut ! Je l’ai lue dans « contes et légendes du pays de dupduperie ».

  33. Tant qu’on y est… Il suffit de planter ensuite cette verge dure dans un bon terreau sombre et humide (dans l’obscurité) pour qu’en jaillisse une belle fleur blanche (un peu amère) !!!

    On a d’abord cru les endives « métaphysiques »… seraient-elles en fait plutôt « salades »… heu… « salaces » ?

  34. La classification des salades, d’un point de vue botanique, semble très complexe. Voici ce qu’écrit Thorez dans un chapître intitulé « nom d’une salade » : « Si l’on en croit les botanistes, l’ancêtre de la laitue cultivée serait la … scarole, qui est une véritable laitue (Lactucia scarola). Or, ce que nous appelons maintenant scarole (la soeur de la frisée) est en fait l’endive (Cichorium endivia), qui n’a évidemment rien à voir avec ce que nous appelons endive, qui est en réalité une forme de chicorée sauvage (Cichorium intybus) ».
    J’espère que vous avez compris. Moi, pas vraiment … !

  35. Dans sa fameuse « Encyclopédie des plantes comestibles d’Europe », François Couplan, botaniste (et non des moindres !), présente les choses un peu différemment :

    On cultive, selon lui, en Europe méridionale, 2 espèces de Chicorée : l’Endive (Cichorium endivia) et la Chicorée intybe ou sauvage (Cichorium intybus).

    L’Endive possède trois variétés :
    – var. endivia (Endive)
    – var. latifolia (Scarole)
    – var. crispa (Chicorée frisée)

    La Chicorée intybe est cultivée pour :
    – ses feuilles qui forment la « Chicorée amère », la « Barbe-de-Capucin » et la « Witloof » belge
    – sa racine qui procure le succédané du café

    Selon ce classement, Jean-Paul Thorez confondrait dès lors l’Endive endive (Cichorium endivia var. endivia) et la « Barbe-de-Capucin » (feuilles blanc-jaune produite à l’obscurité à partir de la Chicorée sauvage), mais bon…

    Pour compliquer le tout, Couplan précise qu’il existe en région méditerrannéenne non seulement une Chicorée épineuse (Cichorium spinosum) mais surtout une forme sauvage de l’Endive que l’on consommait encore en Grèce au début du siècle (Cichorium endivia ssp. divaricatum).

    Est-ce plus clair ainsi ?

  36. Non, ce n’est pas plus clair pour autant car je croyais que la fameuse Witloof était le nom que les belges donnaient à l’endive.
    Déjà, dans la nature, c’est pas facile ! Beaucoup d’espèces sont difficiles à déconnaître les unes des autres. Et comme l’homme a eu à coeur de créer mille et une formes qui appartiennent parfois toutes à la même espèce botanique, il est très difficile de s’y retrouver. Décidément, quelle salade !!!

  37. La Witloof, une endive belge ? Moi qui croyais qu’avec un nom pareil c’était qune bière ! Je comprends pourquoi je n’arrivais pas à la décapsuler !

  38. Pour répondre à une de tes questions, posée plus haut, Bernard (Comment ont-ils pu s’intéresser à une plante au départ si peu avenante ?)je propose une autre hypothèse que les deux que tu formulais :

    Et si l’amertume, saveur aujourd’hui considérées comme désagéable, ne l’était pas pour nos (pas si loitains) ancêtres ?

    Ils y étaient déjà bien plus habitués que nous, les plantes sauvages comestibles qui faisaient une grande part de leur alimentation étant toutes fortes en goût (de toutes sortes d’ailleurs : amertume mais aussi acidité, piquant, astringence…)

    Sans doute avaient-ils aussi, au sortir de l’hiver, après des mois de nourriture monotone (sans pratiquement aucun légume frais), une simple « faim de verdure » (quel que soit son goût) qu’on a du mal à imaginer aujourd’hui.

    On peut même supposer que l’amer pouvait être alors recherché, la cure de « salade amère printanière » (pissenlit, chicorée…) pouvant être perçue comme une sorte de purification d’un sang quelque peu épaissi et encrassé par les aliments secs de l’hiver… ou un truc du genre.

    Je sens bien un truc comme ça…
    A partir de là, bien sûr, les choses ont lentement évolué.

  39. L’amertume est encore recherchée par nombre de personnes. D’abord dans la bière (celle-ci n’est d’ailleurs devenue une boisson de plaisir que lorsqu’on a commencé à utiliser le houblon, qui amène une forte dose d’amertume). Et ensuite dans la salade. Je connais ainsi plusieurs jardiniers qui préfèrent de loin manger une chicorée italienne ou une chicorée « pain de sucre » à une tendre laitue relativement insipide. Je fais évidemment partie de ces jardiniers.
    Je suis d’accord avec tout ce que tu as écrit ci-dessus, Vincent, y compris sur les cures de purification du sang. Il y avait autrefois des tas de trucs de cet ordre-là, notamment au sortir de l’hiver.

  40. je ne me suis pas encore mis à l’endive même si l’envie de…
    Pour les poireaux, je les bute aussi (ou les rechausse comme disent certains), afin d’augmenter la hauteur de la partie dépourvue de chlorophylle… cela est signalé sur les sachets de graines il me semble, et ça marche pas mal. Car les poireaux-vinaigrette, encore chauds… mmmmmm !

  41. Dur dur d’être un poireau habitant le jardin d’Iznogood ou de Dupdup et de savoir qu’il va fatalement se faire buter un jour ! Je comprends pourquoi certains ont parfois l’air dépressif !

  42. Se faire buter, si j’ai bien tout saisi, c’est se faire recouvrir de terre. J’comprends que les poireaux n’apprécient pas. Moi non plus ça ne me plairait pas… du moins de mon vivant !

  43. Remonter la terre autour de la tige pour augmenter la partie blanche ?
    Ca ne serait pas plus simple de les tirer par le bout, en-dessous, pour les enfoncer davantage ?
    (Si vous avez besoin de conseils, demandez-moi !!!)

  44. Si si, il y en a qui tirent les poireaux vers le bas et qui les emmènent dans leur galerie : les campgnols terrestres, qui peuvent être une véritable plaie pour le jardin.

  45. Pour ça, il faudrait avoir mangé les pissenlits par la racine… et donc s’être déjà fait buté…

  46. Allez, une petite citation qui m’a amusée :
    « Pourquoi Dieu a-t-il fait l’homme jardinier ? C’est parce qu’il savait qu’au jardin la moitié du travail se fait à genoux. »
    [Rudyard Kipling]

  47. « Mon voisin du dessus, un certain Blaise Pascal
    M’a gentiment donné ce conseil amical :

    Mettez-vous à genoux, sarclez et labourez
    R’gardez les plantes pousser et bientôt vous croirez »

    (Le mécréant… ou presque)

  48. « J’me mis à débiter, les rotules à terre
    Des rondelles de carottes, de raves et d’pommes de terre »

    (« Le mécréant » … la suite)

  49. « L’endive en tant que vivante apologie herbacée de la fadeur est l’ennemie de l’homme qu’elle maintient au rang du quelconque, avec des frénésies mitigées, des rêves éteints sitôt rêvés et même des pinces à vélo »
    (Pierre Desproges)

    « L’homme qui s’adonne à l’endive (…) aime tendrement la banalité. Aux beaux jours, il vote, légèrement persuadé que cela sert à quelque chose » (Desproges encore).

    « L’endive contribuerait-elle positivement à la cuisine électorale du vote en avril prochain ? » (leMonde.fr)

  50. Bonjour,
    j’ai essayé ce mode de culture mais je n’obtiens pas des chicons bien serrés mais un ensemble de feuilles qui partent en tout sens. Y a t’il une r

  51. Je ne sais pas trop répondre à cette question car cela ne m’est jamais arrivé. Peut-être est-ce dû au fait que les racines ne sont pas plantées assez serrées ?
    En tous les cas, en voyant la photo, je constate que les endives sont trop arrosées (j’ai perdu une fois toutes mes endives à cause de cela). En général, on arrose au début lorsqu’on met en terre et on n’arrose plus du tout ensuite.

  52. Merci Bernard. Je prends note du conseil concernant l’arrosage. J’ai recommencé avec d’autres racines.
    Au fait, combien de temps peut-on conserver les racines d’endives?

  53. Tout dépend de la qualité de la cave. Dans mon sous-sol, elles ne se conservent pas plus que 2 ou 3 semaines. Par contre, dans la cave de mes parents, qui est une bonne cave, elles se conservent plus de deux mois. Mais, même dans ce cas, il faut les mettre en tas, en les recouvrant éventuellement d’une couverture, pour qu’elles ne se dessèchent pas trop.

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