Vendredi matin à la radio, un homme politique disait que la nouvelle directive Bolkenstein était une avancée pour notre pays, non seulement parce que le plombier polonais ne viendrait plus concurrencer notre plombier français mais aussi parce que le plombier français pourrait, lui aussi s’il est au chômage, aller travailler en Pologne.
Ce point de vue est choquant. D’abord parce qu’il laisse entendre que notre société se résume à un système économique dans lequel les gens n’ont qu’une valeur marchande et peuvent être déplacés comme des pions en fonction des besoins du marché. Mais aussi et surtout parce qu’il fait abstraction de la valeur humaine de la personne et des conséquences, sociales et familiales, qu’aurait la délocalisation de ce plombier au chômage. Qui, parmi les lecteurs de ce blog, accepterait de renoncer à sa vie familiale, à ses amis, à son quartier, à son village, pour aller travailler à plusieurs milliers de kilomètres ? Je n’en connais pas.
Mais allons jusqu’au bout du raisonnement de ce brave homme. Et si on appliquait la même méthode aux politiques ? Par exemple à tous ceux qui se retrouvent sans mandat parce que le peuple n’a pas voulu d’eux lors d’un scrutin ! Vous imaginer un organisme de type « Assedic » mais réservé aux hommes politiques, qui dirait à ces messieurs : « Monsieur, vous étiez sénateur, vous n’êtes plus rien, vous êtes sans travail politique. Si, dans les six mois, vous n’avez retrouvé aucun mandat, ne serait-ce que comme simple conseiller municipal dans un trou perdu en Haute-Saône (j’ai pris cet exemple au hasard, excusez-moi), nous vous proposerons une circonscription vacante en Pologne, où il vous faudra passer le stade de l’entretien d’embauche (les urnes). Vous avez évidemment le droit de refuser, mais deux fois seulement, sinon vous êtes rayé des Assedic (c’est-à-dire de la vie politique, à jamais)».
Et vive la Pologne où l’on pourrait envoyer tous ces beaux messieurs ! Je suis sûr que vous et moi aurions des tas de noms à proposer.
On a le droit de rêver, non !
C’est pas très très sympa pour la Pologne…
Mag, effectivement, ce ne serait pas sympa pour la Pologne de leur envoyer certains de nos hommes politiques, mais honnêtement, tu crois qu’ils les garderaient ?
Je proposerais bien autre chose à peu près du même ordre : tout simplement que le fameux « cumul des mandats », contre lequel on tente de lutter depuis bien des années, soit davantage considéré en terme de succession qu’en terme de cumulation. Interdiction, donc, de renouveler plus d’une fois un mandat électif, quel qu’il soit.
Cela favoriserait à mon avis au moins deux choses :
1) La politique ne serait plus une « profession » avec tous les travers qui vont avec (souci premier de la « réélection », posture d’ « expert », déconnection avec la vie civile…)
2) On serait du coup sans doute davantage concernés, ne pouvant plus faire porter la responsabilité de la médiocrité de notre société sur la seule et prétendue médiocrité de nos édiles.
(Je rappelle qu’au début de la démocratie, à Athènes, les élus étaient « tirés au sort » parmi les citoyens, je pense qu’un tel système, avec les dangers qu’il pourrait soulever, nous forcerait davantage à nous soucier de l’éducation de façon générale et du type d’information véhiculée aux masses par les différents médias)
C’est marrant, il me semble que cette proposition (le non cumul successif des mandats, pas le tirage au sort), bien que moins délirante que ton idée de vacances en Pologne, ne sera pas plus facile à faire voter par ceux qui, étant pour le coup « juges et parties » (comme lorsqu’ils votent sur leurs émoluments) baffouent une des plus évidente règle de droit.
La question que je me pose depuis le début c’est celle-ci : quelles sont les arrière-pensées de ce brave Monsieur BOLKESTEIN ?
Qui lui a soufflé cette directive tordue qui nous complique la vie ?
Pourquoi, aussi, lui laisse-t-on tant de pouvoir, qui le place au-dessus de la souveraineté des Etats ?
Je trouve, par ailleurs, qu’on ne s’élève pas assez vigoureusement contre l’OMC et l’AGCS. Où se trouvent des gens cooptés (planqués), qui sans vergogne font avancer leurs copains industriels, banquiers, courtiers… et ruinent tous les projets élaborés par le Parlement et le Gouvernement.
Ce pouvoir exorbitant sans contre-pouvoir annonce le déclin de nos démocraties.
Bush doit bien se marrer : les Européens mettent la charrue avant les boeufs ; ils ne savent pas organiser l’Europe économique et sociale, ils travaillent au coup par coup et à la petite semaine… et avec tant de lenteur que l’Amérique, la Chine et l’Inde vont deux fois plus vite et caracolent en tête des nations hégémoniques….
Vincent, je suis d’accord avec toi sur les avantages de la démocratie, telle qu’elle était pratiquée dans la Grèce antique. Effectivement, les élus étaient tirés au sort, mais dans une partie de la population seulement … !
Roland, effectivement la Chine avance au moins deux fois plus vite que nous, mais uniquement vu sous l’angle du P.I.B. car pour le reste … : des libertés bafouées, un environnement qui se dégrade à la vitesse grand V (bientôt plus du tout d’eau potable, érosion des terres…), des conditions de travail qui ressemblent à de l’esclavage, des populations déplacées …
Quand l’économie n’est plus au service de l’homme, à quoi sert-elle ?