On a beau être de gauche (ce que je revendique, personne n’est parfait), il faut bien l’admettre : le bilan des expériences collectivistes sur la planète s’est souvent avéré désastreux : exemple des 20 millions de morts politiques sous Staline. Quant à Mao, impossible de vous donner des chiffres. On ne sait même pas, à 10 millions de morts près le bilan humain du régime maoïste, c’est vous dire ! (et ceci sans compter les centaines de millions de Chinois victimes de lavage de cerveau et déstructurés dans leur mental).
Un livre très beau est paru il y a deux ans : il s’agit de « La rivière et son secret » de Zhu Xiao-Mei, auteure que les amateurs de musique connaissent bien car il s’agit d’une très grande pianiste. Zhu Xiao-Mei raconte dans ce livre son histoire personnelle dans la Chine de Mao et notamment son passage en centre politique de rééducation. Nul doute qu’il y a plus de larmes que de rires dans cette Chine-là et cela ressort admirablement bien de ce livre. A lire donc absolument.
Je ne ferai pas de cet ouvrage un rendez-vous littéraire mensuel comme nous en avons pris l’habitude sur ce blog car ce livre est relativement cher et je tiens à ce que ces rendez-vous voient la participation d’un maximum de personnes.
Au cas ou vous l’achèteriez, voici un petit marque-page à imprimer (accouplement de couleuvres vertes et jaunes que j’ai observé en Corse l’an passé)
Tiens, à propos de couleuvres, quand on ressort, très ému, de la lecture du livre de Zhu Xiao-Mei, on a une furieuse envie : celle de trouver encore quelques maoïstes français survivants (vous savez, ceux qui nous en ont fait avaler des couleuvres) et de leur faire bouffer « le petit livre rouge » de Mao-Tse Toung (qu’on aura, entre temps volé à la bibliothèque municipale du coin).
Pour compléter, je conseille le film Balzac et la petite tailleuse chinoise.
Le « séjour » de deux adolescents, fils de « bourgeois réactionnaires » (un dentiste et un médecin), dans un camp de rééducation, petit village complètement perdu dans les monts du Phénix.
Mais l’histoire ici n’est pas traitée sur le mode du drame, mais plutôt avec un humour très fin et agréable et des images d’une beauté à couper le souffle, sans oublier la musique qui vaut la peine d’être écoutée.
Je raconte juste une scène pour vous mettre l’eau à la bouche :
Les deux jeunes, cultivés, intelligents … viennent d’arriver. Le chef du village, entouré de tous les villageois et villageoises, examine leur bagage et y trouve un violon. Celui-ci passe de mains en mains car personne n’a jamais vu ça. On en déduit que c’est un jouet, mais finalement un jouet qui ne sert à rien, alors … Au feu.
In extrémis, le violon est sauvé parce que l’un des deux jeunes a l’idée de dire que c’est un instrument de musique qui sert à jouer une sonate de Mozart, intitulée « Mozart pense à Mao » !
Après l’avoir vainement cherché en librairie, j’ai commandé ce livre sur Amazon où quelques exemplaires étaient à la vente. Malheureusement, j’ai eu un message d’Amazon comme quoi, contrairement à ce qui est proposé dans le site, La rivière et son secret n’est plus disponible.
Est-ce que quelqu’un peut me le prêter ?
La rivière et son secret n’est plus disponible ?
Même sur Amazon, je ne le trouve pas ?
Mais …. ZORRO est arrivé … é … é …
Le gentil Zorro, c’est Bernard bien sûr, qui m’a prêté le sien.
Alors, j’ai lu le livre et vraiment, oui, c’est un livre exceptionnel.
La première partie relate la vie de l’auteure en Chine, sa jeunesse gâchée avec cet internement en camp de rééducation, avec en corollaire l’élimination de toute humanité en chacun.
C’est très intéressant mais les livres qui abordent ce sujet sont nombreux.
Par contre, la deuxième partie est plus axée sur la musique, et même moi qui ne suis pas musicienne, j’ ai été subjuguée par la façon dont elle en parle.
A mesure que le récit , parsemé de paroles de Lao-tseu, avance, les idées gagnent en profondeur et j’ai été littéralement transportée par la fin du livre.
J’ai eu l’impression d’entrer en résonnance avec ce qu’elle dit.
Je tenais à remercier Bernard en public (c’est à dire sur ce blog) de m’avoir permis de lire La rivière et son secret de Zhu Xiao -Mei.
Juste pour info, Zhu Xiao-Mei donnera un concert à Dijon en janvier (les veinards) et un autre en mai à Paris.
Personne n’avait réagi au dernier paragraphe de cet article mais je répète qu’on ressort de la lecture de ce livre en étant révolté. Et l’envie de faire bouffer, comme je l’ai dit, le petit livre rouge, aux rares maoïstes que l’on peut encore croiser de nos jours. Je crois qu’en fait j’en suis sorti plus révolté contre moi-même que contre le régime maoïste de l’époque, avec cette impression d’avoir été d’une naïveté extrême et d’avoir bu « comme du petit lait » la propagande maoïste en occident dans les années 70.
Mais Etincelle a raison de souligner la deuxième partie qui nous plonge dans le monde d’une pianiste. C’est extraordinaire. Et merci aussi à Brind’paille qui m’a offert ce livre (avant que je ne le prête ensuite à Etincelle) et qui aura d’ailleurs l’occasion d’aller écouter cette pianiste à Dijon.
Ah ben merci à Brind’paille parce que finalement, c’est grâce à elle que j’ai lu le livre ! LOL
Je n’ai pas comme toi, Bernard, été révoltée par ce livre parce que j’avais lu plusieurs autres livres avant, écrits par des chinois qui avaient vécu cette sale expérience de la révolution culturelle.
J’ai surtout retenu de ce livre la sagesse de Zhu Xia-Mei.
Et quand je pense que moi aussi, quand j’étais à la fac, j’avais mon petit livre rouge !!!
Les chinois …
Entre le grand bond en avant, la révolution culturelle, l’enfant unique …
Ils n’ont pas été gâtés ces dernières décennies.
Le français, qui n’est jamais satisfait, devrait parfois regarder un peu ailleurs ce qui s’y passe.
Ils n’ont pas été gâtés, dis-tu …
Il y a comme une espèce de fatalité dans l’histoire du peuple chinois (comme dans celui du peuple russe d’ailleurs). On a l’impression que, dans ces deux pays, l’histoire se répète sans cesse …