A peine rentré de vacances hier soir, je suis allé faire un tour rapide de l’actualité (ça fait du bien de ne pas suivre les infos pendant toute une semaine !) et je suis tombé sur un article de Jean-Michel Normand intitulé « La France allait au café, elle discute sur les blogs ».
C’est le genre d’article qui m’énerve, je n’aime pas les raccourcis trop hâtifs et nos journaux sont truffés de ce genre de choses. Pourquoi vouloir absolument faire un profil type du français alors qu’il en existe des millions dans notre pays ? Ce genre d’articles, qui se réfère à des statistiques ou à des sondages, ou pire à des études, a toujours un côté très tendancieux. Lorsqu’un journaliste présente les résultats d’une enquête et conclut « 65% des français préfèrent que … », il montre volontairement du doigt ceux qui font partie des 35% restant, qui ne sont pas dans le moule et ne sont pas « formatés », comme si la majorité avait nécessairement raison.
Pour en revenir à l’article de Normand sur les cafés et les blogs, je ne crois pas du tout qu’une activité en supplante nécessairement une autre, comme le laisse entendre le titre. Oui, statistiquement, il est vrai qu’il y a moins de gens dans les cafés et de plus en plus sur les blogs. Et alors ? Où est le rapport entre ces deux faits ?
Deux petits constats personnels qui vont à l’encontre de ce qu’énonce l’article :
1 – Je n’ai pas l’impression que depuis que je me suis mis à bloguer, j’aille moins dans les cafés qu’auparavant. J’y allais peu, j’y vais de temps en temps, au même rythme qu’avant. Et puis, si jamais j’y allais effectivement moins, ce serait pour d’autres raisons qui n’auraient rien à voir avec le fait que je passe plus de temps à discuter sur la toile. J’ai l’impression que c’est un peu pareil pour mes amis.
2 – Hier matin vers 9H30, je me suis arrêté boire un café dans la banlieue de Rennes. Il y avait là trois mecs en train de boire leur Nième petit blanc du matin. Ils n’avaient pas, comme on dit chez nous en Franche-Comté « une tête à sucer des glaçons », et je ne les imagine pas trop en train de troquer dans quelques années leur petit verre du matin contre une connection, même gratuite, à internet.
Cela dit, il est vrai que les blogs (il y en a 3,2 millions en France) contribuent à modifier, peut-être en profondeur, les relations entre les gens mais je n’ai pas vraiment l’impression que les relations directes entre personnes, en face à face, en souffrent pour autant. Qu’en pensez-vous ?
Non, effectivement, les relations directes entre personnes, en face à face, n’en souffrent pas pour autant;
Internet et les blogs en particulier sont je pense des nouveaux moyen de communication ! (quoi que… nouveau… pas tant que ça ! mais en tout cas ça se développe de + en + ….)
Et je dirais qu’au même titre que le téléphone à l’époque de son apparition, ce sont aujourd’hui des moyens très importants pour échanger, découvrir, apprendre, assouvir quelques curiosités sur n’importe quels thèmes !
Il y a le côté outil de communication, très utile et si rapide (pas besoin de se déplacer !… si pour un peu vous possèder une webcam alors là … c’est encore plus épattant !
Et puis il y a le net en tant qu’outil d’information, d’apprentissage, de découverte ! : On se pose une question ?sur tout et n’importe quoi ? : qu’à cela ne tienne ! en 1 clic, on tout sous la main ! ou presque tout ! C’est purement et simplement une des + grandes révolutions de notre temps ! Une vraie ENCYCLOPEDIE en plusieurs milliards de volumes et qui ne tient pas de place ! …
Au sujet du téléphone, jadis, cela a créé beaucoup de polémiques ou alors les gens étaient heureux de se moderniser ???
La question reste la même aujourd’hui avec le net !
Pour moi, c’est que du bonheur et cela me rend de nombreux services !!!
Je ne développerai pas sur le travail des journalistes qui bien souvent ne véhicule que bêtises, lieux communs et pensée facile… car je vais m’énerver et c’est pas bon pour la santé ! Je sais bien qu’on ne leur accorde bien souvent guère le temps de réfléchir à ce qu’ils écrivent, mais trop y trouvent un bon alibi justifiant leur cynisme méprisant et/ou leur âme servile… Pour moi, le journaliste actuel (cachetonnant dans la presse bien pensante et dominante) est – avec le touriste peut-être – la figure la plus aboutie du « dernier homme » prophétisé par Nietzsche pour les temps à venir de la plus haute décadence dans le nihilisme !
Pour ce qui concerne plus particulièrement le Net et les bistrots… globalement d’accord avec vous, l’un ne remplace pas forcément l’autre… Enfin, tout dépend… C’est à chaque fois une affaire singulière et complexe. C’est sûr que le temps passé sur les Blogs est bien pris sur quelque chose… mais il me semble bien que ce soit une activité libre entre adultes consentants, nan ? Moi, en tout cas, je ne vais quasiment plus dans les bistrots et il se peut que le temps passé (et le plaisir pris) sur le Net y soit pour quelque chose… Et alors ???? En quoi ce serait une grande perte que de réduire l’activité commerciale de consommation de boissons souvent alcollisée monopolisant de plus en plus souvent tout l’espace public, supprimant par exemple les bancs « gartuits » contre des terrasses aux parasols publicitaires hideux ou celui qui n’a pas d’argent à dépenser n’est pas bienvenu ?
C’est la perte de l’agora moi que je déplore… et Internet (espace public gratuit… enfin presque !) me semble davantage un moyen de la reconstruire qu’un obstacle ou… ce qui l’a fait disparaître !
Je ne serai pas aussi incisive que Vincent sur les journalistes, mais je dois dire que ce type de raccourci m’énerve un peu. Il y a forcément de plus en plus de personnes qui passent du temps sur le net. Il paraît qu’il y a de moins en moins de monde dans les bistrots (dixit mes copines, patronnes de bar). Et alors ?
Personnellement, je fréquente assidûment les deux.
Et le blog de Bernard et mon bistrot préféré me procurent des plaisirs assez proches.
D’abord, on ne sait jamais qui on va y trouver. C’est, entre autre, pour cette raison que c’est bien de connaître le patron. Boire un verre tout seul sur son coin de zinc n’est pas forcément agréable (quoi qu’il me soit déjà arrivé de vivre de vrais moments de bonheur dans ce genre de circonstances). Quand on connaît le patron et que c’est un bon professionnel, il aide à établir les connections.
Quand on est habitué, on a évidemment beaucoup plus de chances de retrouver d’autres piliers du lieu. Alors, parfois, on sympathise. Tout le monde prétend que les relations de bar sont superficielles. Je n’ai pas assez des doigts d’une main pour compter les amis que j’ai connus au bistrot. Ils sont devenus des amis parce qu’on s’est vus, aussi, à l’extérieur du bistrot. Mais c’est le bar qui a permis la rencontre.
Bien-sûr, la personnalité du tenancier est primordiale. C’est lui qui donne son âme au lieu et qui fait que les clients vont avoir au moins comme point commun d’aimer venir là.
Dans un café, on cause, de tout et de rien, du temps qu’il fait et du monde qu’on refait. Un voisin de comptoir peut s’immiscer dans la conversation, la faire dévier dans une nouvelle direction parfois.
Il m’est aussi souvent arrivé de faire des découvertes musicales dans les bars. Tiens, c’est quoi qu’on écoute là ?
Si on reprends chaque point cité, on voit facilement qu’il peut pratiquement s’appliquer à la lettre à ce blog, non ?
Une idée peut-être saugrenue : cette histoire de blog et de cafés me fait penser à la célèbre bande des copains de Brassens dont on a tant parlé et qui a été mise en avant, un peu trop peut-être, grâce à la chanson « les copains d’abord ».
En fait, il n’y avait pas la bande à Brassens mais, d’après ce que j’ai pu en lire, plusieurs cercles de copains : le cercle des copains d’enfance, celui des amitiés tardives, celui des artistes (Devos, Louki, Chabrol…). Ces cercles-là ne se rencontraient jamais et Brassens vivait finalement dans un monde relativement cloisonné qu’il s’était lui-même créé (mais chacun ne se créé-il pas son propre monde ?).
Dans ma vie d’aujourd’hui, depuis quelques temps déjà (bien avant la mise en ligne du blog), c’est devenu un peu pareil, ça fonctionne aussi par sphères ou cercles concentriques. Il y a les amis de longue date, ceux que je côtoie tous les jours dans ma vie professionnelle, les personnes de mon village avec qui je ne fais que parler de pluie et du beau temps, ceux que je rencontre de temps en temps à des concerts, ceux avec qui je parle de nature, ceux avec qui je parle de jardinage, ceux avec qui j’échange des disques… et tout ce petit monde ne se côtoie pas, ne se rencontre quasiment jamais à part quelques exceptions.
Et maintenant, il y a en plus ceux avec qui j’échange par blog interposé (mais heureusement aussi autour d’une bière, n’est-ce pas Anne ? ou autour d’un DVD, n’est-ce pas Vincent ?), ce qui rajoute encore une couche (une sphère) supplémentaire.
C’est assez bizarre cette impression de mondes qui évoluent les uns indépendamment des autres. Je ne pense pas que le blog soit responsable de celà, c’est juste encore un truc en plus … !
Internet me semble être en même temps un formidable outil de communication mais aussi un outil qui favorise les communautarismes. Etonnant ! En tous les cas, très paradoxal !
Le constat est inévitable : Internet se développe et les blogs suivent, pendant que les 3 mecs aux ballons de rosé à 9’du mat, à force de ballons, sont en voie de disparition.
Le bistrot n’a plus le même rôle social qu’il y a 30 ans.
Mais faut-il le regretter ?
D’un point de vue strictement social on peut à mon avis regretter cette habitude de discuter dans les cafés à 9 h du mat.
D’un point de vue alcoolisme, c’est autre chose, évidemment ! Bien que si ces personnes n’allaient plus boire leurs verres de blanc ou de rosé tôt le matin, elles le feraient certainement à la maison. Donc finalement, ça ne change peut-être pas grand’ chose.