Parmi les nombreux DVD musicaux sortis récemment, signalons la sortie d’un très beau document consacré à Georges Brassens. Ce DVD intitulé Auprès de son arbre est composé de deux parties, la première consacrée exclusivement à Brassens, la deuxième aux chansons qu’il n’a pas eu le temps de chanter avant sa mort.
Les 27 chansons de la PREMIERE PARTIE sont essentiellement des extraits d’émissions télé réalisées par André Frédérick. Aucune surprise dans cette première partie, Brassens reste Brassens, toujours égal à lui-même. Même si les chansons de Brassens m’accompagnent presque quotidiennement, c’est toujours un grand plaisir de revoir son visage chaleureux et d’y surprendre quelques sourires. Sourires d’autant plus généreux que Brassens est souvent entouré sur le plateau télé de ses amis, notamment Raymond Devos (qui joue même de la clarinette), Lino Ventura, Fred Mella (des Compagnons de la Chanson)…
Les chansons de ce disque sortent un peu des sentiers battus (Marquise, Stances à un cambrioleur, Les amours d’antan, …) et c’est très bien ainsi ! On notera un très beau passage, Brassens interprétant La plus ceci la plus cela en présence de Mireille, qui est l’auteur de la chanson. Juste un petit bémol à cette première partie : quelques arrangements un peu douteux ont été plaqués sur certaines chansons (notamment Les amoureux des bancs publics, La femme adultère et Le Petit cheval). Dommage car la contrebasse de Pierre Nicolas et la guitare de Joël Favreau suffisent largement à mettre en valeur les textes du Maître.
La SECONDE PARTIE de ce DVD est une vraie surprise. Il s’agit du Grand échiquer de Jacques Chancel enregistré en novembre 82, un an après la mort de Brassens. Jean Bertola vient y chanter 9 chansons que Brassens n’a pas eu le temps de chanter. J’ai été surpris d’apprendre que Brassens, un an avant sa mort, avait déjà anticipé sa disparition et souhaité par écrit que d’autres se penchent sur ses chansons, citant d’ailleurs Jean Bertola comme interprète possible.
J’aime beaucoup la modestie dont fait preuve Jean Bertola tout au long de l’émission et son effacement derrière l’oeuvre de Brassens. La qualité d’enregistrement de l’émission est très bonne, les arrangements ingénieux des chansons en font, à mon avis, des modèles d’équilibre (on pourrait regretter que l’esprit Brassens ne soit pas complétement respecté avec l’ajout d’un piano – remarquablement tenu par Maurice Vander – mais c’est un parti-pris qui peut être défendu).
Et puis il y a sur ce plateau du Grand échiquier les proches de Brassens qui apportent tous leur caution au choix de Jean Bertola comme interprète des dernières chansons. Tous les amis présents amènent un éclariage particulier, très émouvant, sur Georges Brassens (ses musiques, ses derniers mois de sa vie,…) : Bertola d’abord, qui était aussi un ami de Georges, mais aussi Pierre Nicolas (le contrebassiste, irrésistible lorsqu’il parle des techniques musicales de Brassens), Eric Battista (l’ami sportif, à qui Brassens avait confié certaines de ses dernières mélodies), Pierre Onteniente (dit Gibraltar, secrétaire particulier et détenteur des derniers manuscrits de Brassens) et le Docteur Bousquet (chez qui Brassens mourra).
9 chansons donc, entrecoupées de paroles et de témoignages aussi émouvants les uns que les autres ! Avec évidemment en plus « l’esprit Brassens » qui plane en permanence sur cette émission.
Le prix du DVD varie de 19 à 22 euros selon l’endroit où on l’achète. Un argument de plus : la durée qui est très généreuse : 2H15 de musique qui sont aussi 2H15 de vrai bonheur (et même beaucoup plus, car longtemps après, les chansons de Brassens vous habitent encore !)
Ca me fais penser à l’article « accro aux tabacs d’espagne »
(encore et toujours des papillons) où Vincent demandait comment prendre le sens de la phrase de Brassens :
« ….Et ce fut le plus charmant des remue-ménage qu’on ait vu d’mémoire de papillons… »
J’avais essayer de répondre mais sans grand succés apparement.
On pourrait cependant associer cette phrase à celle-ci qui est de Fontenelle :
« Si les roses qui ne durent qu’un jour faisaient des histoires…elles diraient :> »
Ce qui se resume le plus souvent ainsi :
« De mémoire de rose , on a jamais vu mourrir un jardinier »
Allez comprendre…
C’est vrai que personne n’avait donné suite à ton commentaire sur la chasse aux papillons. Probablement est-ce parce que ce blog va parfois trop vite, s’emballe de temps en temps et que les commentaires, à peine lus, sont vite recouverts par d’autres, à un rythme aprfois effreiné (j’ai parfois du mal à suivre alors que je suis en vacances !). Tu as raison de nous rappeler à nos négligences, évidemment non-intentionnelles.
Concernant cette phrase « et ce fut le plus charmant des remue-ménage qu’on ait vu d’mémoire de papillons », que Vincent trouvait bizarre car les papillons ne vivent pas longtemps, je crois que Brassens parle plutôt de mémoire collective et non pas de mémoire individuelle. C’est, à mon avis, le même sens que lorsqu’on emploie l’expression « de mémoire d’homme ».
Quant au fait que la chasse aux papillons n’est qu’un prétexte (ce que tu avais écrit dans l’autre commentaire), je suis d’accord avec toi. Je dirais même que c’est juste une version plus champêtre et un peu plus romantique que le « coup de la panne » !
Exactement!!!
MDR
Bien dit!!(pour le coup de la panne)
Nan mais y a pas de soucis c’est juste que j’aimerais vraiment bien savoir ce que ca signifie vraiment…ca m’intrigue mais je commence a mieux comprendre.Merci
Dis Bernard, j’comprends pas moi ! tu pourrais me faire un dessin steuplait ? :d
Juste une petite précision pour dire qu’il existe un coffret de 3 DVD sur Brassens, qui s’appelle « elle est à toi cette chanson » et qui comprend 96 chansons (40 sur chacun des deux premiers DVD, 16 pour le troisième qui est consacré au récital de Brassens à Bobino en 1972). Le coffret est assez cher : 39 euros. Je peux évidemment le prêter.
Peut-être que je parlerai un jour de ce coffret. Dans quelques années au moins, vu le nombre de sujets d’articles qui se bousculent dans la tête … !
J’ai à la maison un coffret de trois vinyles de Georges retrassant en gros tout ces morceaux de 1952 à 1956 et j’ai vu (ce que je ne savais pas )qu’il a mit en musique un poeme d’Aragon : Il n’y a pas d’amour heureux.
Mais bon je sais pas si vous étes comme moi mais j’ai plus de platine phono(je suis pas sur que ca s’appel comme ca)ben oui place à la nouvelle technologie , on a tous troqué notre lecteur de vinyl contre un lecteur CD.
Ecouter Brassens en vinyl nous met beaucoup plus en ambiance avec autrefois.
J’ai aussi vu des albums qui avaient pour dessins de pochettes les différentes étapes de fabrication d’une guitare et j’ai trouver l’idée vraiment original…
Vous pensez qu’un jour (si ce n’est deja pas fait)que les vieux vinyls de Brassens vaudrons de » l’or » ?
Je connais bien la collection dont tu parles, Butterfly, représentant les différentes étapes de la fabrication d’un guitare, j’avais les 10 disques de cette collection (à partir du 11ème, le disque avec « Fernande », les 2 pochettes suivantes ont été très différentes).
Oui, il a des vieux vinyles qui valent de l’or. Je me rappelle avoir vu un vinyle de Dylan (« Freewheelin’ Bob Dylan) soldé à 42 000 F à Paris. Je ne sais pas pour Brassens mais ça m’étonnerait que les disques valent très cher sur la marché de l’occasion car les disques de cette collection ont été très largement diffusés, j’avais lu que Brassens avait vendu 60 millions de disques de son vivant. Un chiffre énorme qui prouve que Brassens a été un véritable chanteur populaire, ce qui est rare pour les chanteurs qualifiés de « littéraires ».
Je suis allée à une brocante de village hier, enfin, plutôt, un vide-grenier. Et j’ai trouvé, parmi des disques yé-yés, un 45 tours de Dylan (honte à moi, je ne me rappelle plus le titre) et un autre de Pacific Gas & Electric !
C’était une môme qui vendait les disques de son père.
J’ai, bien-entendu, pensé à toi, Bernard… mais je les ai offerts à un ami qui a gardé une platine vinyle.
Ca ne m’étonnerait pas que la môme en question ait vendu les disques de son père sans que celui-ci soit au courant ! Ce serait une pratique assez courante, non ? Et puis pourquoi sans priver, sachant que le père ne va peut-être jamais s’en apercevoir !
Finalement, je n’étais pas le seul français à avoir un disque vinyle de Pacific, Gas & Electric. Je suis très très déçu et si je devais me suicider de manière pacific, choisirais-je le gas ou l’électric ?
Non, non, Bernard, ça ne vaut pas le coup de te suicider, parce que le titre du Pacific Gas & Electric, je m’en souviens bien, c’est « Are you ready ? », tu sais, celui que tu n’as pas mis dans la compilation parce que tu ne l’aimais pas !
J’ai dit « môme », parce qu’elle était beaucoup moins vieille que moi. Et c’est quand je lui ai fait la remarque que je la trouvais bien jeune pour avoir écouté ces diques-là qu’elle m’a expliqué que c’étaient ceux de son père. J’ai cru, un quart de seconde, qu’elle allait me dire que c’étaient ceux de son grand-père.
Enfin, s’il fallait demander au grand-père en question : « Are you ready », ça m’étonnerait fort qu’il réponde, vu son âge : « Yes, complétement raidi », même avec une musique aussi bandante que peut l’être celle de Pacific, Gas & Electric ! C’était ma minute « grivoise » de la journée. Promis, j’arrête !
On se rappelle tous ce qu’on faisait, où on était, le 11 septembre 2001. Les plus anciens d’entre nous se rappellent de même sûrement du moment précis où il ont appris l’assassinant de JFK.
Je ne sais pas vous, mais moi je me rappelle aussi très bien du jour de l’annonce de la mort de Brassens, non pas parce que j’étais « fan » (j’avais 13 ans et écoutais plutôt Renaud et Capdevielle à cette époque) mais parce que c’est la première et unique fois, je crois, où j’ai vu ma mère pleurer ! C’est le genre de truc qui marque !
Je me souviens aussi très bien de l’attente de ce disque « posthume »… et de cette émission de Chancel (au moins dans son ambiance, pas dans les détails). C’est de ce souvenir que je garde une tendresse toute particulière pour les deux disques chantés par Bertola… qui loin de trahir l’auteur me semble un « biais » qui permet de mieux le renconter !
Au fait, depuis Brassens, qui porte encore ces polos à manches longues et fermetures éclair ? Vous pensez que ça va revenir à la mode ?
Oui, je suis d’accord avec toi, Vincent, concernant les deux disques de Bertola que je réécoute toujours avec beaucoup de plaisir. Dans le deuxième disque, j’apprécie particulièrement les quelques musiques que Bertola a composées (Brassens n’en ayant pas laissé) et notamment « le progrès » (la musique est superbe et réhausse un texte de Brassens plutôt moyen) et « le revenant » dont la musique me semble difficile mais toute en nuances. Bertola est un vrai compositeur et on ne parle jamais de cet aspect du personnage. Dommage !
En faisant une petite recherche rapide sur internet, je me suis rendu compte que Jean Bertola était pianiste et compositeur. Il fut l’accompagnateur d’Aznavour à ses débuts puis a connu des années de notoriété comme chanteur de charme en adaptant les grands succès de crooners américains et de groupes tels Les Platters. L’un de ses grands succès personnels a été sa version de «Summertime», extrait de «Porgy and Bess» de Georges Gershwin. Etonnant, non ?
Au rôle de chanteur il préféra ensuite celui de compositeur et de directeur artistique.
Bertola était la référence de Brassens au plan musical. Avant un spectacle, un enregistrement ou au moment de mettre au point une musique, Brassens et Bertola avaient de studieuses séances de travail ; Bertola faisait souvent des commentaires sur le phrasé musical, les harmoniques, ou les accords de Brassens jugés souvent peu orthodoxes.
Voilà une version de Summertime que je ne connais pas… alors que j’en fais la collection (j’en ai une centaine). Quelqu’un sait si elle a été enregistrée, et si oui, dans album ?
« Summertime » de Bertola est paru sur un 45 tours 4 titres. Voir sa discographie complète : http://www.cdandlp.com/liste/index.cfm?lng=1&poch=&bargain=&news=&chunksize=48¤cy=5&stringt=&spop_id=&exact_search=0&pagination_easy_mode=0&n_ref_list=&general_state=&search_mode=3&list_index=1&tete=bertola%20jean&what=artiste&stringa=&fmt=0&seller=0&srt=4&categ_rech=0