Un petit tour vers mon chanteur suisse préféré et que j’avais un peu perdu de vue je dois dire …
Quelle surprise de le retrouver sur Youtube en train de chanter sept chansons de Dylan !
Bonne écoute !
53 réflexions au sujet de “Sarclo chante Dylan”
Déjà qu’je savais pas que la Suisse existait, alors un chanteur suisse tu parles …
Je ne connaissais pas , je trouve ce gars super!
Simplicité, finesse des textes qui nous parlent et du doigté guitare, le tout avec une sono basique mais bien suffisante.
Sur la 1ère, si la voix « raillait » un peu çà serait presque du Arno.
Dylan est un peu loin mais lui est sacrément présent…
Il chanterait là à un mètre de moi à côté d’un feu de bois, çà le ferait pareil!
Je vais le pirater sans aucun scrupule mais avec bcp de plaisir.
Merci pour cette belle découverte
A noter que Sarclo a écrit une chanson sur Dylan :
A mon avis, Sarclo réussi la prouesse d’être très fidèle à l’esprit Dylan (tout autant que Bashung qui était un vrai fan de Dylan) et d’apporter une vraie touche personnelle. En quelques chansons on entrevoit l’esprit complexe de Dylan (« un peu loin » nous dit Michel) et on comprend qui est Sarclo (alors que les chansons ne sont pas de lui) tellement il a imprégné l’interprétation de Dylan de sa propre patte.
Oh pinaise, j’avais lu Sarko… Je me disais aussi !
Non, Sarclo chante bien toutes les notes, il ne fait pas la nique au « la », sarko si !
Bernard, pour te remercier de cette jolie découverte de Sarclo, je t’offre une « atmosphère Dylan » un peu différente, « un peu loin aussi » mais pas tant que çà, certes plus ciselée que celle de Sarclo que j’ai adoré, dans ce morceau de Asaf Avidan : « My old Pain ».
On ne peut plus avoir la version live de Taratata (la plus proche de Dylan selon moi, avec l’harmonica) sur Youtube, mais celle-ci s’en rapproche, en un peu plus sophistiqué…
Peut-être trouveras-tu que c’est plus loin de Dylan que moi, c’est pas du Sarclo, mais j’ai trouvé çà chouette aussi,alors je propose…
C’est vrai qu’il peut y avoir un p’tit quelque chose de Dylan chez Asaf !
En tout cas , j’ai été deux fois écouter ce mec en concert … un vrai artiste !
Quand à Sarko (sy) il a peut etre chanté Dylan à la veillée puisque Carla Bruni l’a dans son répertoire (Blowin in the wind notamment)
Merci pour l’info, je n’avais pas trouvé le site pour commander.
Commandé à l’instant !
Et pourtant tout était déjà là, sur ton propre blog à « Tribute to Bob Dylan (2) » le 8 fevrier 2019. Sur le site signalé de Sarclo, on va à la rubrique « La marchande » et c’est bon.
Les richesses de ton blog sont insondables……
Avec déjà 1980 articles et 64 000 commentaires, j’ai du mal à me souvenir de tout …
Moi des fois je ne me souviens même pas d’intéressantes propositions faîtes récemment dans mon entourage , et je me retrouve à dire : « Ah oui, j’ai dis ça ? C’était une bonne idée »…..
Allez, on comprend bien, aussi, que lorsque tu t’évades plusieurs jours dans une île scandinave, en Camargue, ,ou dans les potagers italiens, et que tu dois ,de retour mettre en ordre toutes tes belles photos, tu ne va pas, en plus, te mettre à bûcher tout ce qu’on a pu écrire pendant ton absence…..
En général je lis tout (même si j’ai pu zapper de temps en temps un ou deux commentaires) mais ensuite j’oublie beaucoup de choses. Je m’enrichis des commentaires, je m’endors le soir en étant plus intelligent, me semble t-il, mais je me réveille aussi con le matin. A mon avis on perd quelque chose pendant la nuit.
Faudrait pas dormir !!!!!!!!!!!
Bah, tant qu’on ne perd que ses courbatures et pas ses urines , c’est que çà roule!!
Yves, Asaf ne cache pas de s’être inspiré de Dylan…comme aussi de Léonard Cohen, comme dans ce morceau :
« In the box II » , le disque dont est tiré ce morceau, a été enregistré juste à côté de chez moi , dans une ancienne Chartreuse en cours de rénovation. D’autres morceaux sur youtube en montrent quelques jolies architectures , avec une atmosphère décalée comme Asaf les aime…
A noter également que Asaf Avidan avait été choisi pour faire la 1ère partie de Dylan au concert de Tel-Aviv en juin 2011.
….Encore un qui ne triche pas, ni avec lui, ni avec nous.
Les seuls qui m’intéressent vraiment.
Asaf ne cache pas de s’être inspiré de Dylan … Pour la musique , ok . Mais heureusement pas dans l’attitude en concert et dans le partage émotionnel .
Bon je sais , sur ce sujet , les inconditionnelles du grand Bob ne seront pas d’accord avec moi ….
Yves, c’est toute la différence entre la vraie démarche artistique de quelqu’un de généreux recherchant l’équilibre dans le partage, et l’artiste névrotique qui a plus besoin ,à travers son art, de compenser obsessionnellement sa névrose que de partager…Des artistes comme çà il y en a plein, (des Dylan, des Van Gogh, des Lautréamont et tellement d’autres…) .
Je ne sais plus qui a dit que « l’art est une névrose dont le génie est la réussite » …..pour qui?, J’ai lu çà étant étudiant, çà m’avait marqué profond, je n’ai jamais oublié.
Depuis, j’ai toujours filtré tout à travers ces lunettes là pour mes propres choix.
Comprends rien à ce que tu dis. Déjà parce qu’un artiste, s’il a besoin du public pour exister, n’a pas besoin d’être absolument dans le partage pour être un artiste, et par ailleurs parce qu’il n’y a pas d’art sans névrose quelconque (j’en reparlerai plus tard). Et surtout parce que tu parles de Asaf Avidan comme un non-névrosé alors qu’il est en fait un grand névrosé, ça se sent dans ses chansons, ça se voit dans sa manière d’être. C’est d’ailleurs pour ses névroses (et notamment ses cauchemars qui le hantent) qu’il a été foutu en dehors de l’armée israélienne. Et, d’après ce que j’ai lu, dans un pays comme Israël, faut vraiment des motifs sérieux pour être éjecté au bout de 10 mois alors que le service militaire est de 3 ans.
Mais tu as touché un sujet très très sensible pour moi (Dylan), donc j’y reviendrai dans un commentaire bien plus long. Mais il me faut un peu de temps pour structurer ce que j’ai envie de dire sur le sujet. Et peut-être que ce que je vais écrire sera sous la forme d’un article.
On a tous une névrose quelque part, à des degrés divers.
Les artistes plus que d’autres, et Asaf, au vu de son parcours, en a sans doute une bonne.
Tous cherchent à la sublimer d’une façon ou d’une autre, avec plein de variantes et d’inconstances dans le parcours.
S’ils n’y parviennent pas çà finit souvent mal, parce qu’ils gèrent mal le quotidien, ou qu’ils ne le supportent plus. Il y en a plein le dictionnaire…
S’ils y parviennent, ou ils partagent çà dans l’empathie, et çà leur fait du bien et çà nous fait du bien,
ou l’empathie n’est pas leur fort et on fait avec leurs qualités artistiques en restant à distance…Ils fascinent souvent plus que les précédents.
Bcp sont comme l’albatros de Baudelaire, s’ils parviennent à décoller le vol est splendide, hors norme pour nous.
Après çà , ou ils volent loin de nous, ou ils volent avec nous. Je préfère les seconds, ce qui n’enlève rien aux qualités artistiques des 1ers.
En fait, j’ai beaucoup de choses à dire sur le sujet et je le ferai par petites touches dans plusieurs commentaires.
J’ai eu la chance de voir Dylan quatre fois sur scène, dont deux fois à quelques mètres de la scène. Ces deux fois-là, c’était magique, tout était dans la nuance. Asaf Avidan dit d’ailleurs à propos du concert de Dylan à Tel-Aviv : « En fait, l’expérience la plus cool était d’avoir la chance d’être sur le côté de la scène pendant son concert, de le voir interagir avec ses musiciens. Car Dylan est connu pour jouer sans setlist et pour changer de tonalité quand bon lui semble. Ses musiciens ont donc besoin d’être focalisés sur lui constamment, et c’était fascinant de voir cette sorte de chorégraphie ».
J’ai des amis qui l’ont vu lors d’un concert à Strasbourg et qui m’ont dit que c’était grandiose. Mais Dylan a loupé aussi certains concerts. Je crois d’ailleurs qu’après avoir fait un concert extraordinaire aux Nuits de Fourvière il a fait une mauvaise prestation le lendemain aux Vieilles Charrues (c’est peut-être à ça que Yves fait allusion).
Chanter quelque chose de très intériorisé oblige forcément à être statique, contrairement à une grosse partie du répertoire rock ou la gestuelle est très présente. L’intonation de la voix de Dylan et ses mille et une nuances font que c’est sa manière de communiquer, l’émotion passe par là (après, on y est sensible ou non).
Je suis tombé ce soir sur la vidéo de Asaf Avidan qui chante « Girl of the north country » de Dylan, voir la vidéo sur ce lien car elle n’est pas sur youtube : https://mytaratata.com/taratata/518/asaf-avidan-girl-from-the-north-country-bob-dylan-2017
Si vous regardez la vidéo, vous verrez qu’à un moment donné, Asaf Avidan s’arrête de chanter pour dire que cette chanson il ne peut que l’abîmer. Sans doute qu’il est trop modeste parce que son interprétation est très belle. Mais par Dylan c’est quand même aussi quelque chose.
Merci Bernard pour ces 2 vidéos. Elles me plaisent autant l’une que l’autre.
La 2è montre le Dylan que j’ai bcp apprécié, avec un charisme différent de celui d’Asaf et tant mieux, rien de pire que le clonage en musique.
J’ai adoré le Dylan de cette époque et je gratouillais un paquet de ses chansons, surtout celle-là que je connaissais par coeur, (pour plaire aux minettes de l’époque!).
Maintenant j’ai plus de mal avec le Dylan d’aujourd’hui, « qui vole trop à distance « pour moi, un peu plus dans « le spectacle à faire » que dans une vraie communion avec son public.
Je ne sens plus le partage et çà me manque. Son attitude d’indifférence un peu arrogante suite au prix Nobel qui, au delà d’une cérémonie qui peut énerver, était quand-même une bien belle reconnaissance de son talent et de ses apports, ne m’a pas réconcilié avec l’homme qui est derrière l’artiste.
Je ne renie en rien ce que j’ai apprécié de lui, je regrette simplement un peu ce qu’il est devenu. Il me semble gérer des acquis qu’il a peu renouvelé avec une personnalité qui s’éloigne de nous.
Ne le prends pas mal, toi qui l’apprécie tjrs autant, ce que je peux comprendre. Ce n’est que mon avis , subjectif, honnête avec moi-même. Loin de moi l’idée d’en faire une polémique…
Ton lien sur Taratata m’a permis de retrouver « my old pain » tel que je voulais le mettre
Je me permets de le mettre ici pour ceux que çà intéresse. J’adore cette version.
Asaf, c’est un peu le Dylan qui me manque….
Sans interférer sur ces points de vue très bien exprimés et où je n’aurais rien d’important à ajouter, je voudrais juste évoquer ce qui est l’autre moitié de la communication : son public.
Son public en France. Car Dylan et les français, c’est toute une histoire (d’amour?) très particulière et j’en suis persuadé, unique.
Il y aurait beaucoup de choses à dire en considérant les multiples aspects et sources de ce phénomène…
Je veux juste parler de deux expériences vécues : mon premier concert à Avignon, époque dite « religieuse » (par les français) ,alors que Dylan a toujours été profondément religieux,
c’est à dire des disques Saved et Shot of love ,1980 et 1981. Dylan n’a interprété que ce répertoire là ,contemporain, avec un style très Gospel, chœur de chanteuses noires etc…
Public très déçu, presque trahi.
Un 2ème concert à Juan les pins (festival Jazz 19992) dehors. Dylan très relax commence à chanter « Hey Joe » .Surprise, super, on va s’eclater.Ensuite il nous a servi le répertoire d’avant blonde on blonde , sans evoquer Infidels , Empire Burlesque etc…
J’ai eu l’impression qu’il nous servait « la soupe » attendue…..
D’accord avec toi sur le fait que Dylan a été empreint de religiosité (dans le sens « la recherche du Sacré ») toute sa vie. C’est assez curieux qu’en France on ait décrié (pour ne pas dire « détesté ») les trois disques qu’il a sortis entre 1979 et 1981, alors que ces disques ont été bien mieux appréciés aux USA. Là-bas, pays non laïc, ce genre de choses ne choque pas.
Encore plus curieux : ceux qui, ici, n’aiment pas les trois disques de cette période n’ont rien à dire sur les textes de Cohen qui fourmillent de références bibliques.
On ne peut pas, chez Dylan (mais aussi chez d’autres artistes majeurs) isoler une production d’une autre. L’artiste avance sur son chemin et sa recherche personnelle, spirituelle, le mène sur des chemins de traverse qui correspondent rarement à ce que le public attend (et « Dylan est toujours là où on ne l’attend pas », je ne sais plus qui a dit ça). Et en plus Dylan semble toujours avoir une vie d’avance, on a l’impression à chaque fois que c’est toujours une autre facette du personnage, que l’on ne connaissait pas, qui ressort. Et tout est déconcertant chez lui. En tous les cas, il mène son chemin, indifférent à tout ce qui pourrait avoir une prise sur lui (son public notamment), d’où sans doute un certain autisme, et cette attitude me semble profondément respectable.
Les trois disques précités de Dylan n’ont jamais fait partie de mes préférences, j’aimais mais sans plus. Et puis, miracle, le volume 13 des bootleg séries nous propose des versions alternatives, notamment live, de cette période-là. Et là, je suis bien obligé d’admettre que c’était une grande période de la vie de Dylan.
Je tombe à l’instant sur ce qu’en dit un auditeur sur le site d’Amazon, ça correspond bien à l’impression que j’ai de ce disque. Je vous donne ce texte mais je préviens : j’ai laissé les fautes d’orthographe (il y en a beaucoup) :
« Voici un des plus belle album de 2017….eh oui Bobby en 79/81 se cherche mystiquement et pond 3 albums que enfin chaque chanson est ici interprété …Oui les 3 albums très décrié et un peu haï par les fans ( Beurk..) pur et dure qui soit disant ne comprennent pas que Bobby se cherche spirituellement, surtout musicalement…Voilà que ce bootleg vient de prouver que Dylan est juste encore un des plus grands musiciens artistes américains de tous les temps…Bobby se converti, à quoi, je ne sias exactement et à vrai dire je m’en fous…il se cherche, sioniste, catho, protestant, oui il cherche Dieu et alors…tant mieux pour nous car sa recherche fait qu’a cette époque il réunis un groupe de gospel qu’il mélange à ses sublimes musiciens pour des concerts ou la musicalité, la sienne approche la soul et le rock dans des versions de fou…Oui en 79/81 Bob Prêche Dieu et son questionnement de façon Dylanesque sans oublier qu’il est américain et que toute la palette très riche de la musique de son pays en matière religieuse est avant tout baigné par la soul , le blues et le gospel…D’où cette déferlante de morceaux pas connu, qui certainement sur disque ne prenaient pas toute leur dimension mais qui ici en live trouve une splendeur rock and roll qui prouve que Dylan est avant tout un musicien exceptionnel avec des musiciens et choristes qui ne le sont pas moins….Les deux concerts sont différents, je parle du cd/2 disques…le 1er est juste plus intimiste que le second qui voit surtout de grandes jams musicales incroyables qui donnent une couleur rock et blues ou ils se lâchent tous, les musiciens, sur sa voix incroyable…et ses chœurs qui répondent et jouent avec lui, une grande messe rock avec toute la passion du maitre….SUBLIME…… Alors oui du Dylan inconnu, ça fat du bien….et sa recherche de Dieu et ben tant mieux.. c’est son chemin il n’est en rien critiquable et il nous offre 3 heures de musiques inspirés et pas du tout commerciale…mais qui est juste pour moi à une certaine apogé du Monsieur… n’en déplaise au soit disant fans purs et durs qui se croient plus en savoir que le Bobby lui même, ce qui est quand même dingue….la musique ici présenté est juste un pied d’enfer…pour ceux qui aime le rock..tout simplement… »
Une vidéo (de pas très bonne qualité) de cette tournée :
Quand je vous disais qu’ça allait barder … !!!
En effet Bernard , je faisais référence à ce fameux concert des Vieilles charrues … il n’en reste dans notre Finistère qu’un goût amer (Bon , moi j’aime bien l’amertume avec un peu de mousse ….) , de l’homme et de la musique produite ce soir-là , sur la prairie de Kerampuilh !
Mais bon bref , c’est comme une bonne équipe de foot , on a le droit de rater un match de temps en temps .! Et malheureusement , si vous avez une chance dans votre vie de fan d’assister à un seul match ou un seul concert et que vous êtes déçus du résultat … et ben , moi je vous le dis , vous avez le droit de faire la gueule !!! . Mais pour les vrais amoureux , ça ne dure jamais bien longtemps …
Oui, on a le droit de louper un match. Mais Dylan en a loupé plein !!!!!!!!!
J’aime bien ton analyse Yves, de l’amertume jusqu’à la gueule, et avec le foot dont je suis les développements féminins avec grand intérêt, n’en déplaise aux Belges.
Avec tous mes respects pour cette grande équipe qui aurait pu gagner cette autre coupe.
N’est-ce pas la marque des grands artistes que de toujours maltraiter, revoir, modifier, revisiter sans cesse leur œuvre, quitte à l’anéantir, à la rendre horrible, de façon à en explorer l’esthétique jusque dans les extrêmes et surtout à en tirer le meilleur jus ?
Juste cette vidéo (image limite mais son correct) du Dylan que j’apprécie, une seule phrase musicale reprise à l’infini , dont on pourrait croire qu’elle lasserait (9mn qd-même) , un balancement presque autistisque emprunt de nuances et de variations d’intensité qui installent quelque chose de fascinant. Ce Dylan là me plait toujours…
« It Ain’t Me Babe »
Étonnant et très touchant.Super. Alchimie avec des musiciens en verve. Merci pour ce document.
Oui, ça c’est Dylan avec tout ce qu’il peut donner de meilleur sur scène. Il y a parfois ce genre de moments, en apesanteur. Parfois non, la magie n’opère pas. Quand on sait que les musiciens ne savent pas vraiment ce que Dylan va chanter sur scène et dans quelle tonalité il va prendre les morceaux, être musicien de Dylan relève de la performance. Et en plus, il faut que les musiciens reconnaissent le morceau car parfois celui-ci n’est pas reconnaissable, tellement Dylan a cette capacité permanente de s’auto-détruire et de renaître. Un cas unique sans doute dans le monde musical de notre époque.
J’ai bien aimé la phrase de Christophe ci-dessus sur le sujet.
On espère toujours un certain Dylan sur scène et ce n’est jamais celui-là qui apparaît. Il faut s’y faire.
La vidéo proposée par Michel m’a fait penser à une chanson « Masters Of War » dont j’ai au moins une douzaine de versions différentes en live et que j’ai entendue deux fois sur scène. D’un soir à l’autre ce n’est pas la même chose, parfois c’est en apesanteur, parfois d’une dynamique telle qu’on pourrait se demander pourquoi une version aussi opposée à la version originale. Mais en général ça fonctionne. Il y a sans doute plein d’interprétations possibles des textes de Dylan et cela induit plein d’interprétations musicales possibles. Cet aspect là me fascine. Deux exemples avec cette chanson « Masters Of War » (mais il y en aurait plein d’autres) :
Belles vidéos très explicites de ce que tu démontres!
La 2è débordante et explosive, la 1ère plus sobre, plus tendue/retenue dans la voix comme dans l’accompagnement, un coup de fusil musical qui se marie avec le texte qui défile…Celle-là me plait bien!
Content mais jamais vraiment satisfait, le petit truc qui a manqué, l’ambiance d’un soir qui n’est pas celle d’un autre, même chose pour l’artiste lui-même , et il tente autre chose…..
« cette capacité permanente de s’auto-détruire et de renaître »….(peut-être plus d’osciller vers le bas que de s’auto-détruire)…c’est en ce sens que je lui « décernais » la névrose des artistes.
Monet et ses 30 tableaux de la façade de la cathédrale de Rouen ,qui me fascinent aussi, faisait de même.
Après çà, comme disent Frusquin et Yves, pour la musique, comme pour la danse ou le théatre, c’est tjrs un art face à un public…Si l’on réussit l’osmose c’est l’envolée!
C’est pour moi la panoplie totale du vrai artiste de scène : l’extériorisation de sa créativité dans l’empathie. Pas obligatoire…c’était pour moi la différence entre un Brel et un Ferré.
Mais tout le monde se lève aussi de temps en temps du pied gauche.
PS : Et m..de , avec tout ce que tu me fais farfouiller dans ma musicothèque sur ce Phénomène…tu vas finir par me réconcilier avec lui…?
Allez! juste un bonne rasade d’empathie (avec ses musiciens trop « tendus au garde-à-vous » et avec le public) et çà le ferait!
Là , j’adore … J’aimerai y être , quel pied !!!
Paradoxalement (presque), le concert d’Avignon,que j’évoquais, époque religieuse, était un bon concert.
La musique, soul, était puissante et surtout Dylan était complètement dedans, même un peu « rentre dedans », sa conviction du moment lui donnant cette énergie qu’on lui connait parfois. Concert très « sérieux », à l’inverse de ce qu’on peut entendre dans les disques live Hard Rain et Before the Flood. Mais il n’a pas égrainé ses tubes « classiques » , d’avant 1967, que les français connaissent et adorent (même si peut être il en a joué quelques uns, mais la le souvenir m’échappe….)Voici en archive son interpretation de Solid Rock du disque Saved : https://www.dailymotion.com/video/x58juj5
par contre la vidéo « it ain’t me babe présenté par Michel, est de l’époque du festival de jazz d’Antibes. Je reconnais le grand avec sa contrebasse , ce qui n’est pas courant.Par contre, en juillet à Antibes (1992) il étaient plutôt habillés en short style AC/DC. Ce petit orchestre jeune et » sixties » annonçait un vent de liberté, surtout avec l’intro, surprenante « Hey Joe »….et pourtant on a eu ensuite la succession des tubes, à peine reconnaissables, sur un ton uniforme. La liberté est revenue à la fin, avec en guest star Dave Stewart (Mr Eurythmic, qui je crois a produit un disque de Dylan) qui passait par là ,et est venu jouer avec Bob, du Chuck Berry …..
Juste pour dire qu’un autre chanteur interprète de Dylan, Hugues Aufray, vient d’avoir 90 berges.
La musique, ça conserve hein !
Le blog ronronne ? Prends ça Le blog. :devil:
Allez une petite controverse Dylan juste pour rire… ou pas. Triste quand même, ou dérisoire je n’en sais rien, mais une gauchiasse française c’est à prendre en ces temps de ronronnements.
Pour toi Luc, Chimay l’son.
Très drôle ! :w00t:
Quand je dis « très drôle », c’est le sketch évidemment.
Pour le reste … :blush: :angry:
Me reviennent ces vers de Léo Ferré (extrait de « Préface »), ça colle bien à la situation.
Nous vivons une époque épique
Et nous n´avons plus rien d´épique
La musique se vend comme le savon à barbe
Pour que le désespoir même se vende, il ne reste qu´à en trouver la formule
Tout est prêt : les capitaux, la publicité, la clientèle
Qui donc inventera le désespoir?
Fromet a écrit quelques belles chansons déviantes, rigolotes et pertinentes. Ce sont les blaireaux masqués derrière qui décidément ne me feront jamais rire…
exemple :ninja:
Je tombe ce soir sur un texte de Sarclo qui explique pourquoi il a sorti ce disque sur Dylan. Et dans ce texte, il y a ce passage admirable :
« … Dylan a regardé le monde et l’amour comme une blessure chaude, comme une blague vexante, comme la motte de terre vibrante de vie qui se regarde tomber dans sa tombe. Il nous a fait ce cadeau riche, drôle et désabusé de nous montrer ce qu’il y avait à ne pas comprendre, à juste admettre et entrevoir. Il a eu cette liberté de ton, de regard et d’attitude qui a fait de certains d’entre nous des gens plus simples … »
Deux articles très intéressants sur le sujet Sarclo/Dylan :
Superbe analyse que je rapproche de celle de la relativité.
Je ne sais plus qui a dit ça approximativement : Si vous avez compris la loi de relativité c’est que vous n’avez absolument rien compris.
Extraordinaire formule.
Alors pour moi Dylan, c’est la même chose sur le plan musical mais surtout textuel.
Hypothèse : Dylan est à la musique ce que Einstein est à la science.
Et Sarclo est une des rares personnes à comprendre ça, ou à être capable d’approcher l’œuvre.
J’en veux pour preuve que je ne comprends rien à ce qu’il dit. :whistle:
Et je pense ce que je dis : il y a des choses qui résistent à notre pensée.
Je suis un peu bête, mais en bonne compagnie.
:biggrin:
Christophe, pour aller dans le sesn de ce que tu dis, sur le fait de comprendre ou non ce qui est écrit :
Un jour, dans un commentaire, j’avais parlé du disque de Dylan « Rough and rowdy ways » qu’a sorti Dylan en plein confinement au printemps 2020. Ce disque avait été n°1 des ventes et c’est la première fois que ça arrivait pour quelqu’un d’aussi vieux (Dylan avait alors 79 ans). Il y a, comme bien souvent chez Dylan, un magnétisme qui ressort de ce disque, notamment lié à l’intonation de la voix (si si !) mais aussi, comme l’ont signalé les critiques, lié aux « justapositions baroques » qui émaillent chacun des vers. On a dit aussi qu’en un seul morceau (« Murder Most Foul », de 17 minutes), Dylan avait fait le condensé de toute l’histoire des Etats-Unis au 20ème siècle. François Guillez a écrit un livre magnifique sur ce disque. En 190 pages (excusez du peu !) il donne des clés (plus qu’il n’explique) pour comprendre le sens des 10 chansons du disque. On a donc le texte en Anglais, sa traduction et des clés pour comprendre chacun des vers. C’est très complexe, car dans un seul vers il y a parfois plusieurs allusions historiques qui se cachent. Après la lecture du livre, j’étais évidemment bien plus avancé, mais je pense être passé à côté de l’essentiel. Mais l’impression qui demeure, aussi bien à l’écoute qu’à la lecture du livre, c’est qu’il y a la magie du verbe. Il est certain qu’il y a chez Dylan des « fulgurances » dont Rimbaud n’aurait pas rougi. Et peu importe finalement que bien souvent le sens échappe à l’auditeur, et que parfois même il dépasse les intentions de Dylan. Ce qui est du grand art dans le cas de Dylan, c’est d’avoir des mots qui s’entrechoquent violemment dans sa tête, des les avoir assemblés d’une manière magique mais aussi de les interpréter chaque soir en concert avec parfois des manières diamétralement opposées de les jouer et de les chanter, ce qui laisse d’ailleurs à penser qu’il y a des manières très différentes d’en interpréter le sens, aussi bien pour l’auditeur que pour Dylan lui-même. Chacun donc peut se les approprier à sa manière et il n’y a pas beaucoup d’artistes (tous arts confondus) qui peuvent donner ce qu’ils ont au plus profond d’eux-mêmes à des gens qui pourront en tirer finalement ce qu’ils veulent.
A noter aussi, concernant ce dernier disque, c’est que la musique et les arrangements musicaux donnent l’impression d’une oeuvre crépusculaire. Dylan est à la fin de sa vie, il pourrait avoir signé là son disque-testament.
Mais avec Dylan, qui sait !?!
Quand même prix Nobel de littérature le bonhomme…
J’avais lu des choses sur ce que tu décris, il faudra que je lise ce livre à défaut de comprendre Dylan.
Et puis traduire ce niveau de langage, ou en avoir une bonne traduction ce n’est franchement pas facile avec une langue aussi subtile que l’anglais.
Petite blague qui se raconte :
« Si tu ne comprends pas Dylan, n’incrimine pas ton professeur d’anglais, parce que même les Américains eux-mêmes ne le comprennent pas ».
Plus sérieusement :
Je voudrais revenir sur cet extrait de ce que dit Sarclo dans un des deux liens que j’ai proposés : « Une chanson que je n’ai pas traduite, « Desolation Row », débute comme cela: «They’re selling postcards of the hanging.» Littéralement: «Ils vendent des cartes postales de la pendaison.» Commencer de la sorte pour raconter une histoire d’amour, tout de même. On me dirait: «Pourquoi tu as mis ça? C’est du Sarclo!» Mais cette crudité est propre à Dylan ».
Effectivement, on ne pourrait pas prononcer une telle phrase en débutant une chanson en langue française. Mais en langue anglaise non plus. Donc ne sous-estimons pas non plus les autres ingrédients qui font que cette chanson soit considérée comme un chef d’oeuvre : d’une part la musique qui colle au texte et d’autre part l’intonation si particulière de la voix de Dylan qui font que non seulement ça réussit à passer mais qu’en plus on sent bien qu’on atteint des sommets … sans bien pouvoir expliquer d’ailleurs, de manière rationnelle, pourquoi on atteint des sommets ! Chez Dylan tout relève toujours du mystère.
Un dernier truc que personne ne relève (en tous les cas dans ce que j’ai lu) : c’est ce « sentiment d’urgence » qui transparaît presque en permanence dans les chansons qu’il interprète sur scène. Le vrai Dylan (s’il existe, rien n’est moins certain) est dans ses « bootlegs » (16 volumes parus jusqu’à présent), infiniment plus que dans ses disques studios (qui sont pourtant, pour certains d’entre eux, au panthéon de ce qui a été fait dans l’histoire du rock).
Hier soir, séquence émotion, on a vu Georges Chelon sur scène !
On s’est inscrit au récital que donnera Sarclo le 14 octobre prochain à Beaucourt.
On a eu hier soir une info : Sarclo jouera Dylan le lendemain à la médiathèque de Montbéliard. L’information est toute récente (aucune information n’a encore été faite officiellement) et Joëlle et moi sommes les premiers inscrits. A priori, ce sera le samedi 15 octobre à la médiathèque de Montbéliard avec une jauge très limitée (50 personnes). :wub:
Déjà qu’je savais pas que la Suisse existait, alors un chanteur suisse tu parles …
Je ne connaissais pas , je trouve ce gars super!
Simplicité, finesse des textes qui nous parlent et du doigté guitare, le tout avec une sono basique mais bien suffisante.
Sur la 1ère, si la voix « raillait » un peu çà serait presque du Arno.
Dylan est un peu loin mais lui est sacrément présent…
Il chanterait là à un mètre de moi à côté d’un feu de bois, çà le ferait pareil!
Je vais le pirater sans aucun scrupule mais avec bcp de plaisir.
Merci pour cette belle découverte
A noter que Sarclo a écrit une chanson sur Dylan :
poésie à l’état brut
quel personnage attachant!
Excellent, simple et efficace. Merci Sarclo, t’as perdu tes sarclettes ?
A mon avis, Sarclo réussi la prouesse d’être très fidèle à l’esprit Dylan (tout autant que Bashung qui était un vrai fan de Dylan) et d’apporter une vraie touche personnelle. En quelques chansons on entrevoit l’esprit complexe de Dylan (« un peu loin » nous dit Michel) et on comprend qui est Sarclo (alors que les chansons ne sont pas de lui) tellement il a imprégné l’interprétation de Dylan de sa propre patte.
Oh pinaise, j’avais lu Sarko… Je me disais aussi !
Non, Sarclo chante bien toutes les notes, il ne fait pas la nique au « la », sarko si !
Bernard, pour te remercier de cette jolie découverte de Sarclo, je t’offre une « atmosphère Dylan » un peu différente, « un peu loin aussi » mais pas tant que çà, certes plus ciselée que celle de Sarclo que j’ai adoré, dans ce morceau de Asaf Avidan : « My old Pain ».
On ne peut plus avoir la version live de Taratata (la plus proche de Dylan selon moi, avec l’harmonica) sur Youtube, mais celle-ci s’en rapproche, en un peu plus sophistiqué…
Peut-être trouveras-tu que c’est plus loin de Dylan que moi, c’est pas du Sarclo, mais j’ai trouvé çà chouette aussi,alors je propose…
C’est vrai qu’il peut y avoir un p’tit quelque chose de Dylan chez Asaf !
En tout cas , j’ai été deux fois écouter ce mec en concert … un vrai artiste !
Pour les ringards qui utilisent encore les C.D., je signale (à nouveau) qu’on peut acheter le disque de Sarclo en ligne:
https://bacchanales-prod.fr/76-sarclo-sings-dylan-in-french-3760178140485.html
Quand à Sarko (sy) il a peut etre chanté Dylan à la veillée puisque Carla Bruni l’a dans son répertoire (Blowin in the wind notamment)
Merci pour l’info, je n’avais pas trouvé le site pour commander.
Commandé à l’instant !
Et pourtant tout était déjà là, sur ton propre blog à « Tribute to Bob Dylan (2) » le 8 fevrier 2019. Sur le site signalé de Sarclo, on va à la rubrique « La marchande » et c’est bon.
Les richesses de ton blog sont insondables……
Avec déjà 1980 articles et 64 000 commentaires, j’ai du mal à me souvenir de tout …
Moi des fois je ne me souviens même pas d’intéressantes propositions faîtes récemment dans mon entourage , et je me retrouve à dire : « Ah oui, j’ai dis ça ? C’était une bonne idée »…..
Allez, on comprend bien, aussi, que lorsque tu t’évades plusieurs jours dans une île scandinave, en Camargue, ,ou dans les potagers italiens, et que tu dois ,de retour mettre en ordre toutes tes belles photos, tu ne va pas, en plus, te mettre à bûcher tout ce qu’on a pu écrire pendant ton absence…..
En général je lis tout (même si j’ai pu zapper de temps en temps un ou deux commentaires) mais ensuite j’oublie beaucoup de choses. Je m’enrichis des commentaires, je m’endors le soir en étant plus intelligent, me semble t-il, mais je me réveille aussi con le matin. A mon avis on perd quelque chose pendant la nuit.
Faudrait pas dormir !!!!!!!!!!!
Bah, tant qu’on ne perd que ses courbatures et pas ses urines , c’est que çà roule!!
Yves, Asaf ne cache pas de s’être inspiré de Dylan…comme aussi de Léonard Cohen, comme dans ce morceau :
« In the box II » , le disque dont est tiré ce morceau, a été enregistré juste à côté de chez moi , dans une ancienne Chartreuse en cours de rénovation. D’autres morceaux sur youtube en montrent quelques jolies architectures , avec une atmosphère décalée comme Asaf les aime…
Un article d’ailleurs sur le sujet :
http://www.cclj.be/actu/judaisme-culture/asaf-avidan-fils-spirituel-dylan
et une interview de Asaf Avidan sur Dylan :
https://www.rollingstone.fr/interview-asaf-avidan/
A noter également que Asaf Avidan avait été choisi pour faire la 1ère partie de Dylan au concert de Tel-Aviv en juin 2011.
….Encore un qui ne triche pas, ni avec lui, ni avec nous.
Les seuls qui m’intéressent vraiment.
Asaf ne cache pas de s’être inspiré de Dylan … Pour la musique , ok . Mais heureusement pas dans l’attitude en concert et dans le partage émotionnel .
Bon je sais , sur ce sujet , les inconditionnelles du grand Bob ne seront pas d’accord avec moi ….
Yves, c’est toute la différence entre la vraie démarche artistique de quelqu’un de généreux recherchant l’équilibre dans le partage, et l’artiste névrotique qui a plus besoin ,à travers son art, de compenser obsessionnellement sa névrose que de partager…Des artistes comme çà il y en a plein, (des Dylan, des Van Gogh, des Lautréamont et tellement d’autres…) .
Je ne sais plus qui a dit que « l’art est une névrose dont le génie est la réussite » …..pour qui?, J’ai lu çà étant étudiant, çà m’avait marqué profond, je n’ai jamais oublié.
Depuis, j’ai toujours filtré tout à travers ces lunettes là pour mes propres choix.
Comprends rien à ce que tu dis. Déjà parce qu’un artiste, s’il a besoin du public pour exister, n’a pas besoin d’être absolument dans le partage pour être un artiste, et par ailleurs parce qu’il n’y a pas d’art sans névrose quelconque (j’en reparlerai plus tard). Et surtout parce que tu parles de Asaf Avidan comme un non-névrosé alors qu’il est en fait un grand névrosé, ça se sent dans ses chansons, ça se voit dans sa manière d’être. C’est d’ailleurs pour ses névroses (et notamment ses cauchemars qui le hantent) qu’il a été foutu en dehors de l’armée israélienne. Et, d’après ce que j’ai lu, dans un pays comme Israël, faut vraiment des motifs sérieux pour être éjecté au bout de 10 mois alors que le service militaire est de 3 ans.
Mais tu as touché un sujet très très sensible pour moi (Dylan), donc j’y reviendrai dans un commentaire bien plus long. Mais il me faut un peu de temps pour structurer ce que j’ai envie de dire sur le sujet. Et peut-être que ce que je vais écrire sera sous la forme d’un article.
On a tous une névrose quelque part, à des degrés divers.
Les artistes plus que d’autres, et Asaf, au vu de son parcours, en a sans doute une bonne.
Tous cherchent à la sublimer d’une façon ou d’une autre, avec plein de variantes et d’inconstances dans le parcours.
S’ils n’y parviennent pas çà finit souvent mal, parce qu’ils gèrent mal le quotidien, ou qu’ils ne le supportent plus. Il y en a plein le dictionnaire…
S’ils y parviennent, ou ils partagent çà dans l’empathie, et çà leur fait du bien et çà nous fait du bien,
ou l’empathie n’est pas leur fort et on fait avec leurs qualités artistiques en restant à distance…Ils fascinent souvent plus que les précédents.
Bcp sont comme l’albatros de Baudelaire, s’ils parviennent à décoller le vol est splendide, hors norme pour nous.
Après çà , ou ils volent loin de nous, ou ils volent avec nous. Je préfère les seconds, ce qui n’enlève rien aux qualités artistiques des 1ers.
En fait, j’ai beaucoup de choses à dire sur le sujet et je le ferai par petites touches dans plusieurs commentaires.
J’ai eu la chance de voir Dylan quatre fois sur scène, dont deux fois à quelques mètres de la scène. Ces deux fois-là, c’était magique, tout était dans la nuance. Asaf Avidan dit d’ailleurs à propos du concert de Dylan à Tel-Aviv : « En fait, l’expérience la plus cool était d’avoir la chance d’être sur le côté de la scène pendant son concert, de le voir interagir avec ses musiciens. Car Dylan est connu pour jouer sans setlist et pour changer de tonalité quand bon lui semble. Ses musiciens ont donc besoin d’être focalisés sur lui constamment, et c’était fascinant de voir cette sorte de chorégraphie ».
J’ai des amis qui l’ont vu lors d’un concert à Strasbourg et qui m’ont dit que c’était grandiose. Mais Dylan a loupé aussi certains concerts. Je crois d’ailleurs qu’après avoir fait un concert extraordinaire aux Nuits de Fourvière il a fait une mauvaise prestation le lendemain aux Vieilles Charrues (c’est peut-être à ça que Yves fait allusion).
Chanter quelque chose de très intériorisé oblige forcément à être statique, contrairement à une grosse partie du répertoire rock ou la gestuelle est très présente. L’intonation de la voix de Dylan et ses mille et une nuances font que c’est sa manière de communiquer, l’émotion passe par là (après, on y est sensible ou non).
Je suis tombé ce soir sur la vidéo de Asaf Avidan qui chante « Girl of the north country » de Dylan, voir la vidéo sur ce lien car elle n’est pas sur youtube :
https://mytaratata.com/taratata/518/asaf-avidan-girl-from-the-north-country-bob-dylan-2017
Si vous regardez la vidéo, vous verrez qu’à un moment donné, Asaf Avidan s’arrête de chanter pour dire que cette chanson il ne peut que l’abîmer. Sans doute qu’il est trop modeste parce que son interprétation est très belle. Mais par Dylan c’est quand même aussi quelque chose.
Merci Bernard pour ces 2 vidéos. Elles me plaisent autant l’une que l’autre.
La 2è montre le Dylan que j’ai bcp apprécié, avec un charisme différent de celui d’Asaf et tant mieux, rien de pire que le clonage en musique.
J’ai adoré le Dylan de cette époque et je gratouillais un paquet de ses chansons, surtout celle-là que je connaissais par coeur, (pour plaire aux minettes de l’époque!).
Maintenant j’ai plus de mal avec le Dylan d’aujourd’hui, « qui vole trop à distance « pour moi, un peu plus dans « le spectacle à faire » que dans une vraie communion avec son public.
Je ne sens plus le partage et çà me manque. Son attitude d’indifférence un peu arrogante suite au prix Nobel qui, au delà d’une cérémonie qui peut énerver, était quand-même une bien belle reconnaissance de son talent et de ses apports, ne m’a pas réconcilié avec l’homme qui est derrière l’artiste.
Je ne renie en rien ce que j’ai apprécié de lui, je regrette simplement un peu ce qu’il est devenu. Il me semble gérer des acquis qu’il a peu renouvelé avec une personnalité qui s’éloigne de nous.
Ne le prends pas mal, toi qui l’apprécie tjrs autant, ce que je peux comprendre. Ce n’est que mon avis , subjectif, honnête avec moi-même. Loin de moi l’idée d’en faire une polémique…
Ton lien sur Taratata m’a permis de retrouver « my old pain » tel que je voulais le mettre
Je me permets de le mettre ici pour ceux que çà intéresse. J’adore cette version.
Asaf, c’est un peu le Dylan qui me manque….
https://mytaratata.com/taratata/518/asaf-avidan-my-old-pain-2017
Sans interférer sur ces points de vue très bien exprimés et où je n’aurais rien d’important à ajouter, je voudrais juste évoquer ce qui est l’autre moitié de la communication : son public.
Son public en France. Car Dylan et les français, c’est toute une histoire (d’amour?) très particulière et j’en suis persuadé, unique.
Il y aurait beaucoup de choses à dire en considérant les multiples aspects et sources de ce phénomène…
Je veux juste parler de deux expériences vécues : mon premier concert à Avignon, époque dite « religieuse » (par les français) ,alors que Dylan a toujours été profondément religieux,
c’est à dire des disques Saved et Shot of love ,1980 et 1981. Dylan n’a interprété que ce répertoire là ,contemporain, avec un style très Gospel, chœur de chanteuses noires etc…
Public très déçu, presque trahi.
Un 2ème concert à Juan les pins (festival Jazz 19992) dehors. Dylan très relax commence à chanter « Hey Joe » .Surprise, super, on va s’eclater.Ensuite il nous a servi le répertoire d’avant blonde on blonde , sans evoquer Infidels , Empire Burlesque etc…
J’ai eu l’impression qu’il nous servait « la soupe » attendue…..
D’accord avec toi sur le fait que Dylan a été empreint de religiosité (dans le sens « la recherche du Sacré ») toute sa vie. C’est assez curieux qu’en France on ait décrié (pour ne pas dire « détesté ») les trois disques qu’il a sortis entre 1979 et 1981, alors que ces disques ont été bien mieux appréciés aux USA. Là-bas, pays non laïc, ce genre de choses ne choque pas.
Encore plus curieux : ceux qui, ici, n’aiment pas les trois disques de cette période n’ont rien à dire sur les textes de Cohen qui fourmillent de références bibliques.
On ne peut pas, chez Dylan (mais aussi chez d’autres artistes majeurs) isoler une production d’une autre. L’artiste avance sur son chemin et sa recherche personnelle, spirituelle, le mène sur des chemins de traverse qui correspondent rarement à ce que le public attend (et « Dylan est toujours là où on ne l’attend pas », je ne sais plus qui a dit ça). Et en plus Dylan semble toujours avoir une vie d’avance, on a l’impression à chaque fois que c’est toujours une autre facette du personnage, que l’on ne connaissait pas, qui ressort. Et tout est déconcertant chez lui. En tous les cas, il mène son chemin, indifférent à tout ce qui pourrait avoir une prise sur lui (son public notamment), d’où sans doute un certain autisme, et cette attitude me semble profondément respectable.
Les trois disques précités de Dylan n’ont jamais fait partie de mes préférences, j’aimais mais sans plus. Et puis, miracle, le volume 13 des bootleg séries nous propose des versions alternatives, notamment live, de cette période-là. Et là, je suis bien obligé d’admettre que c’était une grande période de la vie de Dylan.
Je tombe à l’instant sur ce qu’en dit un auditeur sur le site d’Amazon, ça correspond bien à l’impression que j’ai de ce disque. Je vous donne ce texte mais je préviens : j’ai laissé les fautes d’orthographe (il y en a beaucoup) :
« Voici un des plus belle album de 2017….eh oui Bobby en 79/81 se cherche mystiquement et pond 3 albums que enfin chaque chanson est ici interprété …Oui les 3 albums très décrié et un peu haï par les fans ( Beurk..) pur et dure qui soit disant ne comprennent pas que Bobby se cherche spirituellement, surtout musicalement…Voilà que ce bootleg vient de prouver que Dylan est juste encore un des plus grands musiciens artistes américains de tous les temps…Bobby se converti, à quoi, je ne sias exactement et à vrai dire je m’en fous…il se cherche, sioniste, catho, protestant, oui il cherche Dieu et alors…tant mieux pour nous car sa recherche fait qu’a cette époque il réunis un groupe de gospel qu’il mélange à ses sublimes musiciens pour des concerts ou la musicalité, la sienne approche la soul et le rock dans des versions de fou…Oui en 79/81 Bob Prêche Dieu et son questionnement de façon Dylanesque sans oublier qu’il est américain et que toute la palette très riche de la musique de son pays en matière religieuse est avant tout baigné par la soul , le blues et le gospel…D’où cette déferlante de morceaux pas connu, qui certainement sur disque ne prenaient pas toute leur dimension mais qui ici en live trouve une splendeur rock and roll qui prouve que Dylan est avant tout un musicien exceptionnel avec des musiciens et choristes qui ne le sont pas moins….Les deux concerts sont différents, je parle du cd/2 disques…le 1er est juste plus intimiste que le second qui voit surtout de grandes jams musicales incroyables qui donnent une couleur rock et blues ou ils se lâchent tous, les musiciens, sur sa voix incroyable…et ses chœurs qui répondent et jouent avec lui, une grande messe rock avec toute la passion du maitre….SUBLIME…… Alors oui du Dylan inconnu, ça fat du bien….et sa recherche de Dieu et ben tant mieux.. c’est son chemin il n’est en rien critiquable et il nous offre 3 heures de musiques inspirés et pas du tout commerciale…mais qui est juste pour moi à une certaine apogé du Monsieur… n’en déplaise au soit disant fans purs et durs qui se croient plus en savoir que le Bobby lui même, ce qui est quand même dingue….la musique ici présenté est juste un pied d’enfer…pour ceux qui aime le rock..tout simplement… »
Info du Monde de ce soir : Scorcese sort un nouveau film sur Dylan.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/06/14/rolling-thunder-revue-scorsese-illumine-les-labyrinthes-de-dylan_5476396_3246.html
Ce film est consacré à la tournée mythique, un peu folle, un peu improbable, qu’ a effectuée Dylan à travers les Etats-Unis en 1975. C’était une tournée déjantée dont le disque Bootleg Series 5 est un bon reflet. Qu’en sera t-il du film de Scorcese ?
Une vidéo (de pas très bonne qualité) de cette tournée :
Quand je vous disais qu’ça allait barder … !!!
En effet Bernard , je faisais référence à ce fameux concert des Vieilles charrues … il n’en reste dans notre Finistère qu’un goût amer (Bon , moi j’aime bien l’amertume avec un peu de mousse ….) , de l’homme et de la musique produite ce soir-là , sur la prairie de Kerampuilh !
Mais bon bref , c’est comme une bonne équipe de foot , on a le droit de rater un match de temps en temps .! Et malheureusement , si vous avez une chance dans votre vie de fan d’assister à un seul match ou un seul concert et que vous êtes déçus du résultat … et ben , moi je vous le dis , vous avez le droit de faire la gueule !!! . Mais pour les vrais amoureux , ça ne dure jamais bien longtemps …
Oui, on a le droit de louper un match. Mais Dylan en a loupé plein !!!!!!!!!
J’aime bien ton analyse Yves, de l’amertume jusqu’à la gueule, et avec le foot dont je suis les développements féminins avec grand intérêt, n’en déplaise aux Belges.
Avec tous mes respects pour cette grande équipe qui aurait pu gagner cette autre coupe.
N’est-ce pas la marque des grands artistes que de toujours maltraiter, revoir, modifier, revisiter sans cesse leur œuvre, quitte à l’anéantir, à la rendre horrible, de façon à en explorer l’esthétique jusque dans les extrêmes et surtout à en tirer le meilleur jus ?
Juste cette vidéo (image limite mais son correct) du Dylan que j’apprécie, une seule phrase musicale reprise à l’infini , dont on pourrait croire qu’elle lasserait (9mn qd-même) , un balancement presque autistisque emprunt de nuances et de variations d’intensité qui installent quelque chose de fascinant. Ce Dylan là me plait toujours…
« It Ain’t Me Babe »
Étonnant et très touchant.Super. Alchimie avec des musiciens en verve. Merci pour ce document.
Oui, ça c’est Dylan avec tout ce qu’il peut donner de meilleur sur scène. Il y a parfois ce genre de moments, en apesanteur. Parfois non, la magie n’opère pas. Quand on sait que les musiciens ne savent pas vraiment ce que Dylan va chanter sur scène et dans quelle tonalité il va prendre les morceaux, être musicien de Dylan relève de la performance. Et en plus, il faut que les musiciens reconnaissent le morceau car parfois celui-ci n’est pas reconnaissable, tellement Dylan a cette capacité permanente de s’auto-détruire et de renaître. Un cas unique sans doute dans le monde musical de notre époque.
J’ai bien aimé la phrase de Christophe ci-dessus sur le sujet.
On espère toujours un certain Dylan sur scène et ce n’est jamais celui-là qui apparaît. Il faut s’y faire.
La vidéo proposée par Michel m’a fait penser à une chanson « Masters Of War » dont j’ai au moins une douzaine de versions différentes en live et que j’ai entendue deux fois sur scène. D’un soir à l’autre ce n’est pas la même chose, parfois c’est en apesanteur, parfois d’une dynamique telle qu’on pourrait se demander pourquoi une version aussi opposée à la version originale. Mais en général ça fonctionne. Il y a sans doute plein d’interprétations possibles des textes de Dylan et cela induit plein d’interprétations musicales possibles. Cet aspect là me fascine. Deux exemples avec cette chanson « Masters Of War » (mais il y en aurait plein d’autres) :
Belles vidéos très explicites de ce que tu démontres!
La 2è débordante et explosive, la 1ère plus sobre, plus tendue/retenue dans la voix comme dans l’accompagnement, un coup de fusil musical qui se marie avec le texte qui défile…Celle-là me plait bien!
Content mais jamais vraiment satisfait, le petit truc qui a manqué, l’ambiance d’un soir qui n’est pas celle d’un autre, même chose pour l’artiste lui-même , et il tente autre chose…..
« cette capacité permanente de s’auto-détruire et de renaître »….(peut-être plus d’osciller vers le bas que de s’auto-détruire)…c’est en ce sens que je lui « décernais » la névrose des artistes.
Monet et ses 30 tableaux de la façade de la cathédrale de Rouen ,qui me fascinent aussi, faisait de même.
Après çà, comme disent Frusquin et Yves, pour la musique, comme pour la danse ou le théatre, c’est tjrs un art face à un public…Si l’on réussit l’osmose c’est l’envolée!
C’est pour moi la panoplie totale du vrai artiste de scène : l’extériorisation de sa créativité dans l’empathie. Pas obligatoire…c’était pour moi la différence entre un Brel et un Ferré.
Mais tout le monde se lève aussi de temps en temps du pied gauche.
PS : Et m..de , avec tout ce que tu me fais farfouiller dans ma musicothèque sur ce Phénomène…tu vas finir par me réconcilier avec lui…?
Allez! juste un bonne rasade d’empathie (avec ses musiciens trop « tendus au garde-à-vous » et avec le public) et çà le ferait!
Là , j’adore … J’aimerai y être , quel pied !!!
Paradoxalement (presque), le concert d’Avignon,que j’évoquais, époque religieuse, était un bon concert.
La musique, soul, était puissante et surtout Dylan était complètement dedans, même un peu « rentre dedans », sa conviction du moment lui donnant cette énergie qu’on lui connait parfois. Concert très « sérieux », à l’inverse de ce qu’on peut entendre dans les disques live Hard Rain et Before the Flood. Mais il n’a pas égrainé ses tubes « classiques » , d’avant 1967, que les français connaissent et adorent (même si peut être il en a joué quelques uns, mais la le souvenir m’échappe….)Voici en archive son interpretation de Solid Rock du disque Saved :
https://www.dailymotion.com/video/x58juj5
par contre la vidéo « it ain’t me babe présenté par Michel, est de l’époque du festival de jazz d’Antibes. Je reconnais le grand avec sa contrebasse , ce qui n’est pas courant.Par contre, en juillet à Antibes (1992) il étaient plutôt habillés en short style AC/DC. Ce petit orchestre jeune et » sixties » annonçait un vent de liberté, surtout avec l’intro, surprenante « Hey Joe »….et pourtant on a eu ensuite la succession des tubes, à peine reconnaissables, sur un ton uniforme. La liberté est revenue à la fin, avec en guest star Dave Stewart (Mr Eurythmic, qui je crois a produit un disque de Dylan) qui passait par là ,et est venu jouer avec Bob, du Chuck Berry …..
Juste pour dire qu’un autre chanteur interprète de Dylan, Hugues Aufray, vient d’avoir 90 berges.
La musique, ça conserve hein !
Le blog ronronne ? Prends ça Le blog. :devil:
Allez une petite controverse Dylan juste pour rire… ou pas. Triste quand même, ou dérisoire je n’en sais rien, mais une gauchiasse française c’est à prendre en ces temps de ronronnements.
Pour toi Luc, Chimay l’son.
Très drôle ! :w00t:
Quand je dis « très drôle », c’est le sketch évidemment.
Pour le reste … :blush: :angry:
Me reviennent ces vers de Léo Ferré (extrait de « Préface »), ça colle bien à la situation.
Nous vivons une époque épique
Et nous n´avons plus rien d´épique
La musique se vend comme le savon à barbe
Pour que le désespoir même se vende, il ne reste qu´à en trouver la formule
Tout est prêt : les capitaux, la publicité, la clientèle
Qui donc inventera le désespoir?
Fromet a écrit quelques belles chansons déviantes, rigolotes et pertinentes. Ce sont les blaireaux masqués derrière qui décidément ne me feront jamais rire…
exemple :ninja:
Je tombe ce soir sur un texte de Sarclo qui explique pourquoi il a sorti ce disque sur Dylan. Et dans ce texte, il y a ce passage admirable :
« … Dylan a regardé le monde et l’amour comme une blessure chaude, comme une blague vexante, comme la motte de terre vibrante de vie qui se regarde tomber dans sa tombe. Il nous a fait ce cadeau riche, drôle et désabusé de nous montrer ce qu’il y avait à ne pas comprendre, à juste admettre et entrevoir. Il a eu cette liberté de ton, de regard et d’attitude qui a fait de certains d’entre nous des gens plus simples … »
Deux articles très intéressants sur le sujet Sarclo/Dylan :
https://www.sarclo.ch/_files/ugd/58553d_87208f651ceb418c862fd553f31d117f.pdf
https://www.sarclo.ch/_files/ugd/58553d_7fee6ab9ff5c4cfbbbf15d0cfae42da5.pdf
Superbe analyse que je rapproche de celle de la relativité.
Je ne sais plus qui a dit ça approximativement : Si vous avez compris la loi de relativité c’est que vous n’avez absolument rien compris.
Extraordinaire formule.
Alors pour moi Dylan, c’est la même chose sur le plan musical mais surtout textuel.
Hypothèse : Dylan est à la musique ce que Einstein est à la science.
Et Sarclo est une des rares personnes à comprendre ça, ou à être capable d’approcher l’œuvre.
J’en veux pour preuve que je ne comprends rien à ce qu’il dit. :whistle:
Et je pense ce que je dis : il y a des choses qui résistent à notre pensée.
Je suis un peu bête, mais en bonne compagnie.
:biggrin:
Christophe, pour aller dans le sesn de ce que tu dis, sur le fait de comprendre ou non ce qui est écrit :
Un jour, dans un commentaire, j’avais parlé du disque de Dylan « Rough and rowdy ways » qu’a sorti Dylan en plein confinement au printemps 2020. Ce disque avait été n°1 des ventes et c’est la première fois que ça arrivait pour quelqu’un d’aussi vieux (Dylan avait alors 79 ans). Il y a, comme bien souvent chez Dylan, un magnétisme qui ressort de ce disque, notamment lié à l’intonation de la voix (si si !) mais aussi, comme l’ont signalé les critiques, lié aux « justapositions baroques » qui émaillent chacun des vers. On a dit aussi qu’en un seul morceau (« Murder Most Foul », de 17 minutes), Dylan avait fait le condensé de toute l’histoire des Etats-Unis au 20ème siècle. François Guillez a écrit un livre magnifique sur ce disque. En 190 pages (excusez du peu !) il donne des clés (plus qu’il n’explique) pour comprendre le sens des 10 chansons du disque. On a donc le texte en Anglais, sa traduction et des clés pour comprendre chacun des vers. C’est très complexe, car dans un seul vers il y a parfois plusieurs allusions historiques qui se cachent. Après la lecture du livre, j’étais évidemment bien plus avancé, mais je pense être passé à côté de l’essentiel. Mais l’impression qui demeure, aussi bien à l’écoute qu’à la lecture du livre, c’est qu’il y a la magie du verbe. Il est certain qu’il y a chez Dylan des « fulgurances » dont Rimbaud n’aurait pas rougi. Et peu importe finalement que bien souvent le sens échappe à l’auditeur, et que parfois même il dépasse les intentions de Dylan. Ce qui est du grand art dans le cas de Dylan, c’est d’avoir des mots qui s’entrechoquent violemment dans sa tête, des les avoir assemblés d’une manière magique mais aussi de les interpréter chaque soir en concert avec parfois des manières diamétralement opposées de les jouer et de les chanter, ce qui laisse d’ailleurs à penser qu’il y a des manières très différentes d’en interpréter le sens, aussi bien pour l’auditeur que pour Dylan lui-même. Chacun donc peut se les approprier à sa manière et il n’y a pas beaucoup d’artistes (tous arts confondus) qui peuvent donner ce qu’ils ont au plus profond d’eux-mêmes à des gens qui pourront en tirer finalement ce qu’ils veulent.
A noter aussi, concernant ce dernier disque, c’est que la musique et les arrangements musicaux donnent l’impression d’une oeuvre crépusculaire. Dylan est à la fin de sa vie, il pourrait avoir signé là son disque-testament.
Mais avec Dylan, qui sait !?!
Quand même prix Nobel de littérature le bonhomme…
J’avais lu des choses sur ce que tu décris, il faudra que je lise ce livre à défaut de comprendre Dylan.
Et puis traduire ce niveau de langage, ou en avoir une bonne traduction ce n’est franchement pas facile avec une langue aussi subtile que l’anglais.
Petite blague qui se raconte :
« Si tu ne comprends pas Dylan, n’incrimine pas ton professeur d’anglais, parce que même les Américains eux-mêmes ne le comprennent pas ».
Plus sérieusement :
Je voudrais revenir sur cet extrait de ce que dit Sarclo dans un des deux liens que j’ai proposés : « Une chanson que je n’ai pas traduite, « Desolation Row », débute comme cela: «They’re selling postcards of the hanging.» Littéralement: «Ils vendent des cartes postales de la pendaison.» Commencer de la sorte pour raconter une histoire d’amour, tout de même. On me dirait: «Pourquoi tu as mis ça? C’est du Sarclo!» Mais cette crudité est propre à Dylan ».
Effectivement, on ne pourrait pas prononcer une telle phrase en débutant une chanson en langue française. Mais en langue anglaise non plus. Donc ne sous-estimons pas non plus les autres ingrédients qui font que cette chanson soit considérée comme un chef d’oeuvre : d’une part la musique qui colle au texte et d’autre part l’intonation si particulière de la voix de Dylan qui font que non seulement ça réussit à passer mais qu’en plus on sent bien qu’on atteint des sommets … sans bien pouvoir expliquer d’ailleurs, de manière rationnelle, pourquoi on atteint des sommets ! Chez Dylan tout relève toujours du mystère.
Un dernier truc que personne ne relève (en tous les cas dans ce que j’ai lu) : c’est ce « sentiment d’urgence » qui transparaît presque en permanence dans les chansons qu’il interprète sur scène. Le vrai Dylan (s’il existe, rien n’est moins certain) est dans ses « bootlegs » (16 volumes parus jusqu’à présent), infiniment plus que dans ses disques studios (qui sont pourtant, pour certains d’entre eux, au panthéon de ce qui a été fait dans l’histoire du rock).
Hier soir, séquence émotion, on a vu Georges Chelon sur scène !
On s’est inscrit au récital que donnera Sarclo le 14 octobre prochain à Beaucourt.
On a eu hier soir une info : Sarclo jouera Dylan le lendemain à la médiathèque de Montbéliard. L’information est toute récente (aucune information n’a encore été faite officiellement) et Joëlle et moi sommes les premiers inscrits. A priori, ce sera le samedi 15 octobre à la médiathèque de Montbéliard avec une jauge très limitée (50 personnes). :wub: