Johan Dupont, un pianiste d’exception !

MUSIQUE A LIÈGE (1)

En allant régulièrement à Liège, je m’aperçois que la vie musicale y est bien différente, et bien plus riche que dans ma petite région française. Ici, dans ma Franche-Comté habituelle, si je prends l’exemple d’une ville comme Besançon, il me semble difficile de trouver le soir un bar où l’on joue de la musique. Et lorsqu’il y a par hasard un petit concert dans un café, ça se passe dans le contexte d’une ville tellement morte (il n’y a plus un chat dans les rues du centre ville de Besançon dès le début de la soirée) que la moindre initiative musicale parait anachronique, impossible à relier avec le reste de la vie de la cité.

A Liège, au contraire, je vois bien que la vie nocturne forme un tout : des gens qui circulent toute la nuit, des bars qui ne ferment pas (ou très tard), de la musique un peu partout, de la bière qui coule à flots. Et ce, quelque soit la saison ou le jour de la semaine.


Au fil de mes courts séjours à Liège, je me rends compte que la vie musicale n’est pas cloisonnée comme ici en France. On peut ainsi écouter un pianiste jouant un soir Bach et Rossini, le lendemain des oeuvres de jazz et le surlendemain accompagnant des amateurs dans une séance karaoké « chanson française ». Chaque artiste est impliqué en permanence dans de nombreux projets artistiques.

Et il y un autre aspect qui me frappe beaucoup, c’est l’hétérogénéité des lieux. Un instrumentiste que l’on entendra dans la salle prestigieuse de l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège pourra être entendu le lendemain dans un bar et le surlendemain dans un concert en plein air … souvent dans des répertoires différents.


Je crois surtout que la présence très forte du Conservatoire Royal de Liège irrigue en permanence la vie musicale de la ville, en fournissant des musiciens d’exception. Un prof de très haut niveau qui enseigne tel instrument n’hésitera pas à quitter son petit piédestal pour faire partie de groupes de rock, de jazz ou de musiques alternatives de l’actuelle scène musicale. Difficile à imaginer cela en France ou la condescendance règne, même si cela est probablement en train d’évoluer …

Je crois que fondamentalement, à Liège, la musique est sans complexe, entièrement ouverte et décloisonnée. Il n’y a pas vraiment de frontière entre les genres. Si je puis me permettre une comparaison un peu osée, la musique à Liège est comme la République en France : « Une et Indivisible ». C’est ce qui me frappe le plus, venant de l’extérieur.

J’aimerais parler de certains musiciens que j’ai souvent entendus (il faut dire que chaque fois qu’on va à Liège, Stéphane nous programme un ou deux petits concerts de derrière les fagots).

Aujourd’hui, il est question de Johan Dupont (qui porte le même nom que moi), que j’ai écouté à trois reprises cette année : lors d’une soirée karaoké (au bar du Réflektor) l’été dernier, dans un petit kiosque mobile en plein air et la semaine dernière en compagnie d’un grand saxophoniste … dont je vous parlerai dans un autre article.

Petite présentation très rapide en quelques mots (voir ici sa biographie détaillée) : pianiste dès l’âge de 4 ans, sort du Conservatoire Royal de Liège en 2009 avec la plus haute distinction, accompagne n’importe quel répertoire à l’oreille, style très virtuose avec toujours une petite touche jazz même dans les répertoires les plus classiques, intarissable curiosité musicale, volonté délibérée de briser les barrières entre les différents styles.

Je vous propose d’abord une première vidéo qui date de 2016 au Cabaret « Chez Emile » :

Accompagnateur dans un morceau irrésistible : Rhapsody à six cordes :

Johan Dupont fait partie du groupe Music 4 a while (ainsi dénommé en hommage à Henry Purcell, voir cette interview dans laquelle il en parle) et il en est aussi l’arrangeur musical. Style complètement différent !

Encore un autre projet musical, d’une toute autre nature : le projet MDF :

En accompagnement de Corine Chabaud sur une chanson de Barbara :

Un autre projet (« Big Noise ») auquel participe Johan Dupont, ici dans l’interprétation d’un standard américain que vous connaissez tous :

Et puis, le plaisir de jouer est toujours là. Et, avec Johan Dupont et ses amis, cette joie de jouer est irrémédiablement contagieuse, même dans un autre contexte que Liège. Petite scène captée entre deux concerts au festival Brassens de Vaison-la-Romaine en mai 2013 :

Une toute dernière vidéo : Johan Dupont a participé au projet Creative Playground de Jean-François Foliez. Un extrait :

Il y a dans cette dernière vidéo d’autres musiciens qui feront, pour certains, l’objet d’articles sur ce blog.

Vous faire connaître cette scène musicale belge me tient particulièrement à coeur.

17 réflexions au sujet de “Johan Dupont, un pianiste d’exception !”

  1. Je me souviens que lorsque je faisais de la musique dans les années 90 début 2000 , il n’y avait pas un patelin dans la région où un bar n’était ouvert tous les week-ends , pour y donner un concert … Mais les droits à la SACEM , les autorisations préfectorales , la fermeture de beaucoup de bistrots et surtout les plaintes des voisins contre le bruit , ont fait qu’il n’y a plus ces endroits pour découvrir des talents et passer une bonne soirée entre amis dans une belle ambiance :sad: . Heureusement qu’on nous laisse encore le droit au Fest noz dans le coin , pour de beaux moments en musique et donc conviviaux .
    Maintenant , est ce qu’en Belgique c’est comme ça partout , ou est ce une spécificité liégeoise ? :wassat:
    J’ai bien aimé écouter : Rhapsody à six cordes ! :happy:

  2. HI, hi,hi, Raphael, trompetiste de big noise, c’est mon voisin! La Belgique est toute petite!!!

  3. La taille de nos territoires, Ok, la disparition de la musique populaire, entendu, mais le vrai problème c’est que les Dupont sont absolument partout !

    PS : tout de même bien agréable l’univers musical de Johan. :smile:

  4. Bonjour !
    Je viens de tomber par hasard sur votre blog en cherchant des infos sur mon kéfir (qui a décidé du jour au lendemain de me donner une boisson dégueulasse alors qu’auparavant il m’en donnait une délicieuse). J’ai compris en feuilletant vos articles que vous habitiez en Haute-Saône: j’habite à Besançon. Je trouvais ça rigolo…
    Pour réagir à votre article, je vous trouve à peine dur avec la vie musicale bisontine ! Ces dernières années, plusieurs lieux sympas ont ouvert, qui proposent souvent des concerts: le Pixel nouvelle formule, Hop hop hop à Arsenal, le Tandem, la Double écluse en été, la Citronnade, le nouveau Marulaz, l’Antonnoir (le bon vieux pdz aussi)… Après niveau style c’est sûr que cela se limite plutôt au rock et à l’électro, et tous les groupes ne sont pas incroyables, mais quand même ! Et vu que vous semblez amateur de jazz, il y a un jeune groupe prometteur qui s’appelle Potlatch sur Besançon. Ils sont même passé sur Fip ! (je vous avoue que je fais de la pub pour des gens que je connais)
    Bonne journée!

  5. En plus, j’habite le village de Haute-Saône qui est le plus près de Besançon (Bussières).
    Je n’ai pas voulu dénigrer Besançon. Ce que j’ai voulu dire c’est qu’en traversant la ville un soir quelconque de la semaine on ne se rend pas compte qu’il y a une vie musicale. C’est différent à Liège, et pas seulement dans le domaine du jazz, dans d’autres genres musicaux également.
    Quant à Potlatch, je vais essayer d’aller les écouter.
    Pour le kéfir, je peux vous en donner. :wink:

  6. Merci de la proposition pour le kéfir (mieux vaut tard que jamais), mais le mien va mieux ! Et j’ai beaucoup aimé votre article sur les piments, ça m’a permis d’identifier celui qui pousse dans mon appart’. Bonne soirée

  7. Je ne savais pas que l’expression « chauffe Marcel » venait de là.
    C’est sympa de savoir d’ou viennent les expressions et dans quel contexte elles sont apparues, surtout quand il s’agit d’expressions aussi bien entrées dans le langage courant.

  8. Avec Sylvain on vient de faire une bière en se basant sur la recette de la bière Chouffe très connue. Et, la moindre des choses, vu qu’on est en Haute-Saône – chef lieu Vesoul – c’est qu’on l’appelle « la chouffe Marcel ». C’est ce qu’on a fait ! :biggrin:

  9. Superbe exemple de l’ouverture des musiciens classiques à d’autres univers: le quatuor Eben.

    :wub:

  10. Très très beau !
    A l’époque, on jouait cette oeuvre au clavecin (même si le piano forte était déjà apparu). Sauf en de rares occasions, j’ai un peu de mal avec le clavecin (enfin j’aime bien mais au bout de 10 mn je décroche). Je pense que le fait que l’on joue aujourd’hui toutes les oeuvres baroques au piano permet de redonner un nouvel élan à ces musiques. Je trouve surtout que le piano met en valeur la modernité de la musique baroque. On n’a pas l’impression en regardant la vidéo proposée par Yves que cette musique a déjà trois cent ans.
    La même oeuvre, jouée au clavecin :

  11. Pour continuer mon propos, un exemple avec Domenico Scarlatti. Trois interprétations différentes de la même sonate de Scarlatti, l’une au piano, l’autre au clavecin, l’autre à la guitare.

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