TRADUCTION LIBRE DE LA CHANSON “ONE TOO MANY MORNINGS”
Mon ami Jean-Louis m’accompagne donc dans ce projet ambitieux consacré à la discographie de Dylan. Le mois dernier, la traduction libre qu’il avait faite de « A Hard rain’s-a-gonna fall » avait suscité beaucoup de commentaires.
La chanson de ce mois, extraite donc du disque « The Times They Are A-Changin » s’appelle « One Too Many Mornings ». Elle est d’une veine complétement différente, Jean-Louis ayant délibérément choisi de nous faire découvrir les différentes facettes de l’écriture de Dylan.
Voir le texte original en anglais et écouter 30 secondes de la chanson.
Une matinée de trop
Là bas, dans la rue les chiens aboient
Et le jour tire à sa fin.
Lorsque la nuit sera vraiment tombée,
Les chiens finiront par se taire.
Dans la nuit enfin silencieuse,
Montera le bruissement de mes pensées
Car j’ai vécu une matinée de trop
Et je suis en rade à mille bornes !
Depuis le carrefour qu’est mon pas de porte,
Mon regard commence par se perdre,
Puis je lève les yeux vers la fenêtre de la chambre
Où mon amour et moi étions allongés.
Alors je fixe à nouveau la rue,
Les trottoirs, l’enseigne au mur,
Car j’ai vécu une matinée de trop
Et je suis en rade à mille bornes !
C’est une sensation de faim permanente
Que surtout personne ne doit m’envier,
Et tout ce que je suis capable de dire sur ce sujet
Tu est capable d’en parler aussi bien que moi
De ton point de vue, tu as de bonnes raisons
De mon côté, j’en ai aussi des tas de bonnes
Nous avons simplement vécu tous les deux une matinée de trop
Et nous sommes en rade à mille bornes !
Traduction libre faite le 3 mai 2006, dédiée à Fernao de Magalhaes (pourquoi pas ?)
Merci pour la traduction… qui doit être aussi passionnante que difficle.
Que signifie la forme grammaticale du titre de l’album ? Est-ce une forme courante, du type langage familier, ou est-ce une forme inventée par Dylan ? Quelle nuance amène-t’elle par rapport à la forme classique The times are changing ?
Petite précision : Jean-Louis m’a envoyée cette traduction en l’accompagnant de ce petit texte :
« Voici une autre « facette de Bob Dylan » (jeu de mot avec le titre de l’album qui sera traité au mois d’août : Another Side of Bob Dylan).
Une chanson courte, poétique et tendre, de l’émerveillement et de la nostalgie sans message politique.
Heureusement qu’il y en a quelques unes comme celle-ci : je ne vais tout de même pas vous faire Hard Rain tous les mois !
Je l’ai choisie car c’est une de mes préférées (pas seulement parce qu’elle est courte !)
Beaucoup de titres de l’album « Freewheeling Bob Dylan » ont été adaptés en français par Pierre Delanoë et Hugues Aufray. Ca leur confère aujourd’hui une image un peu boy-scout ou vieillotte qu’ils ne méritent pas en VO ! À ma connaissance, ce texte-ci a été épargné par nos artistes nationaux… À part moi bien sûr, si j’ose dire !
B. Dylan doit bien aimer cette chanson car il en a fait plusieurs versions à différentes époques.
J’aime particulièrement la version du vinyl de 1976 intitulé Hard Rain
C’est justement une version un peu hard… mais dans ce disque pas de trace du titre « Hard rain ».
Allez-y comprendre quelque chose !… »
Ce qui me semble, comme ça, à première vue, être la principale différence entre ce texte et celui du mois dernier, ce n’est pas l’a-politisme du sujet mais l’absence de métaphore. « Hard rain » en était truffé alors que celui-ci en est presque totalement dénué… à un point qui le rend d’une « platitude » vraiment singulière qui touche aussi au grand art. Ce prosaïsme (ajouté à celui de la musique qui semble être une des « marques de fabrique » de Dylan… que je découvre avec ces articles) donne un « sentiment de réel » très fort. On parierait que c’est une chanson issue d’une expérience vécue par l’auteur, alors qu’elle peut tout à fait être totalement « construite ».
PS : en écrivant « a-politisme » je me suis demandé si « a-changing » ne signifiait pas « absence de changement ». Le titre de l’album serait alors davantage « Rien de neuf sous le soleil » que « Les temps changent »… et aurait bien dès lors, comme le laisse entendre Bernard, une visée davantage prophétique et biblique (n’est-ce pas une phrase qui revient sans cesse dans « L’ecclésiaste » ou je ne sais plus quel livre de la Bible ?) que militant et politique.
Désolé Anne, j’ai lu il y a quelques semaines l’explication sur la forme grammaticale qu’utilise Dylan pour le titre de l’album … mais je ne m’en souviens plus trop. J’ai passé une heure ce matin dans mes bouquins mais je n’ai pas réussi à retrouver l’endroit où c’était écrit. Et dans quel livre ? (j’en ai trois qui me servent de références).
Je crois me souvenir qu’il ne s’agit pas d’une forme grammaticale usuelle mais plutôt d’une vieille forme d’argot. Si je trouve l’explication au hasard de mes lectures sur Dylan, je rajouterai un commentaire.
J’adore quand les bloggers me forcent à bosser un peu et à faire des recherches sur une question précise !
Et sur les photos des pochettes, Bernard, t’as rien ?
Vincent, la seule chose que j’ai trouvé concernant la pochette est dans le livre de Robert Shelton concsacré à Bob Dylan. Il y est écrit : « La photo au recto, de Barry Feinstein, alors époux de Mary Travers, montrait Dylan à l’intensité féroce, torturé et respirant la colère maussade ».
Je crois que Mary Travers est la chanteuse du trio célèbre Peter, Paul & Mary.