Un article proposé par Maïvon :
Henri Michaux m’a inspiré pour ce nouvel atelier d’écriture avant les congés d’été du blog.
Dix mots extraits du texte, In mémoriam page 44 dans le livre « A distance » publié chez Gallimard :
Espions – boue – vinaigre – patrie – avouer – naissance – toupie – froide – engrenage – police.
Inspirons, expirons et lançons nous!
Au poste.
L’autre jour, alors que j’avais un peu abusé (ce n’était pas du vinaigre, je vous prie de croire), j’ai eu la malchance de « tomber » sur la police.
On m’a emmené au poste où mes chaussures recouvertes de boue n’ont pas eu l’heur de plaire. Sûr qu’ils ont du user de la serpillère après mon passage !
Pendant qu’on me laissait cuver sur un banc bien inconfortable, ils étaient tous en grande discussion au sujet des espions de la NSA. Le mot « patrie » a bien du revenir une vingtaine de fois dans leurs propos : « la patrie en danger » etc …
Enfin, j’ai été introduite dans un bureau où m’a reçue un officier à la mine renfrognée et froide, avec une tache couleur lie de vin à la naissance des cheveux.
Tout en jouant avec une toupie rouge traînant sur son bureau, il m’a fait tout un laïus sur l’engrenage dans lequel je risquais d’être entraînée si je cédais à mon goût pour l’alcool.
Il faut avouer qu’il n’avait peut-être pas tort mais sa petite leçon de morale m’a passablement énervé.
Bravo Étincelle!
Bien que ce soit moi qui propose l’exercice, je n’ai pas encore eu le temps de produire un texte. La fin de l’année est dense au niveau du boulot, ce qui laisse peu de temps et d’énergie. Mais je suis sûre que les adeptes inconditionnels de ce blog vont comme à leur habitude faire preuve d’imagination et d’humour. À nos plumes!
« Bravo Etincelle » dit Maïvon …
Pour la grosse faute finale ?
La leçon de morale m’avait énervée avec un « e » !!!
Qui sait, il y a même peut-être d’autres fautes dans mon texte ?
Merci de me les signaler.
Faut qu’elle boive moins l’Etincelle ! :w00t:
Etincelle, ce n’est pas ma nature, je préfère l’expression à la censure, et les erreurs (je préfère ce mot à celui, trop connoté, de « faute ») ne m’empêchent pas d’apprécier les textes, mais puisque tu interroges, j’ai trouvé quelques trucs.
16/20 :biggrin:
Une première erreur, la même, tu vas être verte « on m’a emmenée » : le COD (m’) est placé avant l’auxiliaire avoir, cela implique l’accord du participe passé.
Une autre, 2 fois :tongue:
« Ils ont dû »
« a bien dû »
« lie-de-vin », ça c’est juste pour faire ch… et aujourd’hui je suis à peu près sûr qu’on accepte cette couleur sans ponctuation, dommage, le vin est un sacré trait d’union.
Ah la vache, rien qu’à lire ce commentaire, j’ai honte de moi ; je vais de ce pas sortir mon stylo rouge pour le jeter au feu avec les cahiers pour le traditionnel autodafé de fin d’année, et je me jetterai ensuite dans le brasier. :cwy:
Merci Christophe.
Pour le « dû », je suis incorrigible. On pourra bien me le dire mille fois, je mettrai toujours l’accent circonflexe :silly:
Pour lie de vin, maintenant, on ne sait plus trop où on en est avec les nouvelles règles d’orthographe qui ont supprimé pas mal de traits d’union.
Mais les accords avec le COD …
Je suis impardonnable !!!!
Bon, il faut dire aussi que j’ai écrit le texte d’un jet sans vraiment me relire.
Mais ça ne fait rien, j’ai très honte :blush:
Pfff… Je fais le gros bras, mais je me relis encore moins et j’ai aussi mes fragilités langagières.
Allez, sympa cette sélection Maïvon. Je tente.
Mémère, c’est une bonne pâte, mais si on la traîne dans la boue, y’a pu moyen. Au mieux elle voit rouge : c’est ce qui s’est passé au début quand la police est venue fouiner dans la grange.
On nous avait dénoncés.
Un inspecteur a découvert la bonbonne — un peu trop vite pour que ce ne soit pas bizarre — il l’a portée à la lumière et là, c’était fichu. Il observait perplexe la naissance d’une mère, un joli voile chatoyant qui le médusait à son tour.
Quand ça tourne au vinaigre, elle ne cause pas la vieille toupie, elle ne pense pas aux conséquences non plus.
Le flic il n’a rien vu venir, il disait simplement « bon sang d’mauvais vin, ça va vous coûter cher, il y a crime biologique au premier degré… »
L’aïeule était écarlate, un sosie de sa bonbonne à vinasse fermentée.
Le p’tit poulet versait le liquide quand il a reçu la baffe. Monumentale. Il est tombé d’un coup.
Faut avouer que quand je l’ai vue redevenir froide comme une lame, j’ai compris que c’était grave.
Elle a jamais supporté qu’on interdise les moisissures, les bactéries, tous ces miasmes dont elle se nourrissait depuis l’enfance. Quelle misère.
Ça a été l’engrenage final.
Elle a abattu le commissaire d’un coup de bouille à lait en marmonnant des mots insensés : vive la choucroute ! Cette chienlit d’espions a tué ma mère en 40, jamais elle n’aura les fromages de la patrie ! Et elle m’a appelé : viens Fredo, faut couler le boudin et faire les pâtés, comme au bon vieux temps, va vite faire chauffer de l’eau.
:w00t:
Froide la toupie froide
Tourne tourne vinaigre
Comme la patrie des espions
Froide la boue froide
Avouer devant la police
Terrible engrenage
Froide la police froide
Terrible engrenage
Tourne tourne vinaigre
Les espions tombent dans la boue
Tourne tourne vinaigre
Naissance d’une nouvelle ère
J’adore la petite histoire racontée par Christophe :wub:
Etincelle, le vin étant un formidable trait d’union entre les Hommes, pourquoi enlèverait-on les traits d’union à « lie-de-vin » ? :angry:
Bon, il suffit de demander à Dupdup qu’il les rajoute puisque tout le monde est mécontent de la lie-de-vin sans eux
Je ne peux plus corriger mon commentaire une fois qu’il est parti mais Bernard le peut.
On s’en f…
C’est seulement à la lecture de ta question que je me suis demandé comment on écrivait lie de vin… Je l’écrivais comme toi.
De toute façon, lie-de-vin ou pas lie de vin, c’est dur à avaler ! :sick:
La vieille aurait pu ajouter : et verse-moi un verre de kéfir…
J’y avais pensé mais j’ai oublié. :angry:
Pas pu intervenir, je rentre tout juste de deux jours d’assemblée générale (chiante, comme toute AG) en région Lorraine. Même pas eu le temps de profiter du très beau site du lac de Madine !
Je dois vous l’avouer : je ne suis pas un véritable être vivant, je suis un jouet. Tout simplement. Une toupie. Une véritable toupie comme on en faisait autrefois.
Dans la famille on a toujours été jouet de père en fils, de mère en fille.
Mon ancêtre a commencé petitement, ce n’était qu’un vieux sac de billes faites de boue et d’argile. Il est mort en héros un jour que ce petit con de Vincent a eu l’idée de jouer aux billes avec ses copains en bordure d’un ravin. La partie avait tourné au vinaigre, on a jamais retrouvé le corps de mon glorieux ancêtre. Comme il s’agit du premier jouet connu (on a même retrouvé l’acte de naissance) et qu’il avait bien mérité de la patrie, on lui a élevé une stèle en hommage.
Mon grand-père fut train électrique.
Ses deux frères furent voitures miniatures : l’un une ferrari, l’autre un fourgon de police faisant la chasse aux espions.
Ma grand-mère fut « poupée qui dit maman » mais la destinée de sa fille (ma mère) fut moins glorieuse : en effet, maman fut « poupée qui pète et qui pue ».
Mon fils, dont je suis très fier, a fait grimper d’un cran le niveau de la famille en devenant super mario bross chez Nintendo.
Belle lignée n’est-ce pas ?
Oui, mais tout cela est trop beau. Car nous autres jouets avons du vague-à-l’âme. Autrefois un jouet durait. On le cajolait, on le bichonnait. Un enfant n’en avait bien souvent qu’un par an. Et encore, s’il avait été sage … ! Aujourd’hui, quand on est jouet, on a toutes les chances d’être abandonné dans les jours qui suivent Noël ou parfois le jour de l’anniversaire … quand on n’est pas revendu le jour même sur ebay !
Engrenage consumériste, froide destinée !
Tous ces gamins gavés de jouets nous abandonnent irrémédiablement (une seule exception notoire : mon jeune frère, qui a choisi la destinée de sex toy, est utilisé quotidiennement).
Alors nous autres jouets avons le blues. Et moi tout particulièrement.
Mon psy m’a conseillé d’écrire un livre pour vider mon sac.
Il paraîtra à la rentrée littéraire de septembre.
Allez, je vous donne le titre en avant première. En effet, quoi de mieux, pour traiter de mes problèmes existentiels que d’appeler ce livre « toupie or not toupie » !
J’adore aussi la petite histoire de Bernard !
Vous êtes très fort les gars
:tongue:
Je lirai vos textes demain soir car je suis à la bourre (because la visite de mon jardin demain matin).
J’aime bien ces ateliers d’écriture où personne ne se prend au sérieux. Juste le plaisir d’aligner quelques mots … :wub:
Je crois que cela tourne au vinaigre et qu’il va falloir se trouver une bonne planque. Nous avons la police aux trousses.
Une mauvaise répartition des gains nous coûte cher aujourd’hui.
Quatre potes désœuvrés dans un patelin du fin fond du centre Bretagne, passant leur vie à surfer sur Internet, à l’affût de toute expérience qui les sortirait d’un morne quotidien.
J’ai fini par flairer la bonne affaire: jouer les espions pour un groupe de nationalistes acharnés contre rétribution conséquente. Il faut avouer que j’étais loin de penser qu’une poignée de fervents défenseurs de la culture bretonne veuillent encore s’attaquer à la patrie qui les nourrit.
Au départ je n’en ai parlé qu’à Kev et Steven car je me méfiais de la vibrionnante toupie qu’est notre pote Seb. De naissance, il est instable et nous a déjà foiré quelques petits coups pas très bien montés.
L’entreprise s’est avérée plus complexe qu’il n’y paraissait au départ. Il a fallu solliciter deux mains supplémentaires. Dans notre entourage il n’y avait que Seb de disponible et de suffisamment sûr. En tous les cas, c’est ainsi que nous avons conçu l’affaire.
Dix mille euro à se partager pour surveiller jour et nuit la sous-préfecture de Morlaix, deux week-ends de suite : c’est de l’argent vite gagné. Sauf que ni Kev, ni Steven ni moi n’avions de moyens de locomotion. La seule possibilité était de se faire prêter la vieille guimbarde pourrie de Seb pour faire le trajet et servir de planque. Il a donc fallu lui filer une part du gâteau.Bien que nous ayons décidé de ne lui en dire que très peu de notre expédition morlaisienne, il s’est imposé. :ninja:
Pas de Seb, pas de voiture. Pas de voiture, envolés les dix mille.
Avec Kev et Steven, nous lui avons fait miroiter un gain de cinq cents euro facile à gagner sans lui dévoiler le fin fond de l’histoire. Comme il est toujours à court de fraîche il a de suite accepté. Nous lui avons servi une histoire qui tenait à peu près la route.Tout s’est bien passé, nous avons fait notre job et j’ai remis nos conclusions à nos commanditaires pour encaisser.
Partage : Cinq cents à Seb, trois mille chacun pour Steven et Kev et le reste pour moi qui servait d’intermédiaire.
Quatre mois plus tard : notre petite bande prise dans l’engrenage des petits coups faciles a poursuivi son chemin. Entre temps, la sous-préfecture de Morlaix a été plastiquée. Seb, bien qu’il ne soit pas toujours très finaud a vite fait le lien. Un soir de beuverie comme cela nous est coutumier, Steven a lâché que ce fut vraiment de l’argent facile, vite et bien gagné. Il a laissé échapper le montant de ses royalties.
Seb, sur le coup n’a rien dit mais a commencé à ruminer. Il m’a cassé les pieds. J’ai tenté de le persuader que Steven jouait les vantards et qu’il n’avait pas touché plus que lui, que j’étais le seul à avoir touché huit cents euro car je prenais plus de risques en étant en lien avec les commanditaires.
Hier, on a vu les gendarmes dans le secteur alors qu’on ne voit jamais un képi par ici. Petite enquête de routine, nous a-t-on affirmé. Malgré tout nous avons tous les quatre été interrogés. Aujourd’hui, Kev, Steven et moi sommes convoqués à la gendarmerie. Bizarre, le seul à y échapper est Seb. Il a dû lâcher le morceau et nous traîner dans la boue pour nous servir sa froide vengeance. :devil:
Il ne nous reste plus qu’à fuir et trouver une planque avant de pouvoir quitter le pays. J’espère que les commanditaires vont nous aider dans notre fuite, sinon nous sommes foutus. :alien: Tout cela pour dix mille euro… :sick: Verts de rage!
Comme toi Bernard j’aime bien ce petit exercice qui met le sourire aux lèvres quand on lit les petits textes des uns et des autres. Oui, vos « œuvres » sont vraiment sympas. Mais il manque encore quelques écrivains à l’appel… A vos plumes!
Oh la la! Ça devait s’activer au jardin aujourd’hui. Pas le temps pour une p’tite mousse! :whistle:
Heu si, 4 petites mousses ce soir … (concert du groupe Krachta Valda à Besançon)
Bon , pas très marrant mon p’tit texte … Mais c’est sorti comme ça !
C’est vrai , j’ai la peau bronzée , et qu’avoir un lieu de naissance dans certains coins de France , n’est pas facile à avouer . Allons enfants de la patrie , espions planqués dans les placards , finissent toujours par peur de l’autre , par dénoncer sans jour de gloire . Des jours des nuits en froide cellule , trainé dans la boue pour des années , et cela , juste pour un bout de papier oublié , faut-il en rire ou en pleurer ? La main vite prise dans l’engrenage , car pour la connerie , il n’y a pas d’age . Il faut dire , qu’à tourner sur place comme une toupie , tu finis toujours par tomber . Dans la nuit fade comme sans vinaigre , entre bitume , béton et herbes maigres , j’observe passer les girofards ,d’une police qui ne sait faire que tourner , autour du quartier des mal-aimés . Alors je rêve de prendre un jour , vers le pays des bienvenus , un train de sourires et plein d’espoirs , pour partager un peu d’amour …
:wub:
Pas très gai mais poétique :sideways: Yves
Pas très gai, mais avec une note d’espoir en fin de texte.
L’espoir fait vivre, mais les papiers c’est encore mieux, Yves a bien raison d’enfoncer le clou avec ce joli texte.
J’ai entendu au cours d’un débat plutôt éclairé que le budget prévu par l’Europe pour répondre à ce problème de « migrants » était la moitié de celui que les Italiens, à eux seuls, consacrent actuellement.
Cela situe l’ambition européenne sur un plan humain.
J’ai bien aimé l’usage original du mot vinaigre et l’orthographe admirable du mot gyrophare.
Je précise, car c’est parfois pas simple avec le web, que quand je dis « j’ai bien aimé », c’est que j’ai bien aimé.
Car le mot girofard maquille d’une façon nouvelle les artifices policiers, c’est tout ce que je voulais dire.
Mort aux pisse-vinaigre !
PS : euh… pisse-vinaigres ? :biggrin:
Yes , en effet , il y de quoi piquer un fard :blush: , j’ai réussi à faire trois fautes d’orthographe dans le même mot … Pas mal non !?!
:happy:
Tu vas finir par dépasser Etincelle ! :whistle:
:w00t:
« La défense de la patrie » on nous avait dit.
Et nous voilà coincés en plein hiver dans cette froide tranchée à moins d’un kilomètre des lignes allemandes.
Les livres d’histoire parleront plus tard de nos conditions de vie : des rats qui passent au milieu de nous, des relents de morts un peu partout, nos corps recouverts de crasse, du pain qui ressemble au tourteau qu’on donne aux bestiaux, un lit improvisé dans la boue, du vin qui sent le vinaigre, le Popaul qui vient d’être fusillé pour l’exemple sur décision de l’officier de police militaire, l’Alfred victime d’un projectile et dont j’ai vu le corps tourner sur lui-même comme une toupie, le Jeannot amputé d’une jambe dans d’atroces souffrances … et sans compter sûrement quelques espions ennemis bien cachés parmi nous.
Je dois vous l’avouer : je ne suis pas un courageux, encore moins un héros. La peur me noue le ventre. Même si ma naissance au milieu d’une famille très patriote m’a fait accepter avec un certain enthousiasme la déclaration de guerre du 3 novembre 1914, j’ai vite déchanté. Car partir, c’est ne plus revenir. L’engrenage est total, pas moyen d’échapper à ce foutu destin.
Demain à l’aube, les combats vont reprendre.
J’ai été choisi pour être en première ligne.
Bonheur à ceux qui vont survivre !
Tous vos textes sont … Waouh !
Bravo à tous.
Superbes textes, bravo à tous!
Par qui ai-je été dénoncé ?
Ils ont dit que je faisais partie du groupe des espions parachutés la semaine dernière dans le champ du Père Marcel.
La police est venue me chercher au petit matin pour me conduire au fort St Louis.
Et là …
Pour me faire avouer, ils ont commencé par m’infliger des choses pas trop agréables mais supportables.
En premier lieu, ils m’ont violemment injurié et ont traîné ma femme et ma famille dans la boue la plus abjecte.
Puis on m’a trempé la tête à plusieurs reprises dans un baquet rempli d’eau froide, glaciale même.
Ensuite une grande claque monumentale m’a fait tourner sur moi-même comme une toupie et m’a laissé complètement sonné.
Mais je résistais toujours.
C’est alors que ça a tourné au vinaigre et que l’horrible engrenage s’est enclenché.
Les tortures sont devenues inhumaines, insupportables, se suivant les unes les autres dans une cadence infernale, sans me laisser le temps de reprendre mon souffle.
Honte à moi …
J’ai tout avoué, même ce que je n’avais pas fait.
Je ne serai plus de ce monde pour la naissance de mon fils dans deux mois.
Ce soir, je serai fusillé avec quelques autres malheureux gars.
Par qui avons-nous été dénoncés ?
Je remets mon texte car une erreur de manipulation m’a fait supprimer deux lignes (dont un des mots imposés) et je ne m’en suis pas rendu compte sur le coup.
Voilà donc de nouveau le texte avec tous les mots …
Par qui ai-je été dénoncé ?
Ils ont dit que je faisais partie du groupe des espions parachutés la semaine dernière dans le champ du Père Marcel.
Nous on veut seulement défendre notre patrie. C’est tout !
Eux, ce sont les envahisseurs. Qu’ils repartent chez eux !
La police est venue me chercher au petit matin pour me conduire au fort St Louis.
Et là …
Pour me faire avouer, ils ont commencé par m’infliger des choses pas trop agréables mais supportables.
En premier lieu, ils m’ont violemment injurié et ont traîné ma femme et ma famille dans la boue la plus abjecte.
Puis on m’a trempé la tête à plusieurs reprises dans un baquet rempli d’eau froide, glaciale même.
Ensuite une grande claque monumentale m’a fait tourner sur moi-même comme une toupie et m’a laissé complètement sonné.
Mais je résistais toujours.
C’est alors que ça a tourné au vinaigre et que l’horrible engrenage s’est enclenché.
Les tortures sont devenues inhumaines, insupportables, se suivant les unes les autres dans une cadence infernale, sans me laisser le temps de reprendre mon souffle.
Honte à moi …
J’ai tout avoué, même ce que je n’avais pas fait.
Je ne serai plus de ce monde pour la naissance de mon fils dans deux mois.
Ce soir, je serai fusillé avec quelques autres malheureux gars.
Par qui avons-nous été dénoncés ?
par moi ! :devil:
Nos textes ne sont pas très drôles. Mais ce n’est pas qu’on soit de nature pessimiste, c’est le choix des mots qui a entraîné cela.
Attends mon deuxième passage.
Mais Yves … Mais , tu es encore tombé dans la boue , regardes tes vêtements !! De plus , tu sens le vinaigre ? Mais tu as bu !! Viens ici que je retire ta veste … Arrête de tourner comme une toupie , nom d’une pipe !!! Et ta manche , tu l’as encore pris dans l’engrenage du tracteur ? Mais tu es un imbécile de naissance ma parole !!! Allez , c’est pas la peine d’avouer , de plus tu n’arrives même plus à aligner deux mots … Quoi la patrie ? Tu voulais changer la patrie ?? Ahhh , la batterie du tracteur !!! Vas donc prendre une douche froide , on verra ça demain !! No000n , ce ne sont pas les voisins qui m’ont prévenu de tes bêtises … Arrêtes de voir des espions partout ! Mais de plus …. tu es rentré avec ton tracteur !!! Heureusement que tu n’as pas rencontré la police sur la route !!! Et bien sûr, ça te fait rire de savoir que des femmes ont un fils en or … Et que moi , j’en aurai eu un en tôle !!!! allez , hors de ma vue cornichon !
Maaaaiiis qu’esssst ceee queee j’ai fait au bon dieu pour avoir un fils pareil ???
:w00t:
Un fils pareil, quel cornichon ? Quelle end’yves plutôt ! :whistle:
Yves le matin … Yvres le soir !!
:tongue:
c’est du même genre que « écolo la semaine, alcoolo le week-end ». :sick:
Eh,ben! Il s’en écrit des textes en une journée! Bravo,Bernard! Étincelle! Yves!
Patrie, patrie, patrie ! Jacques n’a que ce mot à la bouche. Et ce depuis sa naissance, le croirait-on. Il faut avouer qu’on ne peut le qualifier de toupie. Plutôt dirait-on qu’il a des idées fixes.
Entrer dans la police, tel était son crédo à l’adolescence. Lui, a échappé à l’engrenage ayant entraîné certains sur la pente glissante de la consommation de stupéfiants.
Certes cela développait d’une certaine manière nos capacités sociales mais nous a empêchés de construire nos vies sur des bases saines. Cela a d’ailleurs bien failli tourner vinaigre pour mes potes et moi. Jacques nous a sorti d’un sale pétrin. Il a intercédé en notre faveur auprès de ses collègues infiltrés comme espions dans le milieu local pour faire disparaître des preuves accablantes. Il a évité à mes parents de voir leur nom traîné dans la boue, accolé à celui de malfrats notoires de la région.
Jacques a agi selon notre code fraternel avant de le jeter aux orties. Notre relation est restée très distante et froide depuis cet épisode. Il ne m’a jamais pardonné mes écarts de conduite.
Et pourtant, aujourd’hui, mis à part quelques verres de vin et un pétard tous les six mois, je suis rangé des voitures.
Patrie, patrie, patrie ! Tel n’est pourtant pas encore mon credo.
Encore quelques sympathiques textes? Tous les habitués du blog et des ateliers d’écriture n’ont pas encore contribué. Je reconnais que la période est plus aux activités d’extérieur qu’à la frappe au clavier.
Allez les Dupdupiens! Encore quelques petites histoires et je vous mets le texte d’Henri Michaux en ligne.
La jument de Michao et son petit poulain a passé dans le pré et mangé tout le foin …
L’hiver viendra les gars, l’hiver viendra : la jument de Michao, elle s’en repentira !!
:whistle:
Ah ben oui , fallait pas parler d’un certain Michaux à un breton !
Ah ce sacré Michaux, on n’Henri encore dans les chaumières !
Michaux , Mifroid … Aujourd’hui c’était plutôt chaud !!
Maïvon, ne t’inquiète pas, le blog va être en congés et ton article va rester en bonne position, on aura donc tout l’été pour ajouter des textes.
:ninja: Moi, inquiète? :ermm: :ermm: :ermm:
IN MEMORIAM
Espions! Police ! Sabords des horizons!
Cependant vous, petits piliers perdus,
étranges étrangers errant en votre patrie
patrie froide à qui veut la défendre
Et voilà que vous êtes pris,
et la vie dévidée en arrière …
Boue et vinaigre
faiblesse du corps
engrenage indépassable …
et tu as avoué, malheureux !
Plus faible qu’au jour gémissant de ta naissance …
Toupie
toupie
toupie
toupie tourmenteuse
toupie qui dit toujours
« avoue»
« avoue»
« avoue »
toupie, la tête
les jambes
le temps
les murs, le jour, la nuit.
et tu as avoué, malheureux !
La mise en croix fut longue
la mise en croix se fit pouce à pouce
par les bras, par les ongles
sur chaque nerf par dague profonde
meulant les os,
la volonté
la crypte en toi aux noms convoités
et le flic tirant sur ta souffrance riait…
Tunnel
tunnel
tunnel de celui qui a parlé en vain
se condamnant soi
se séparant des siens
tunnel extrêmement long des jours dans la prison
tunnel qui tutoie
traversé des cris des torturés.
Demain
demain, comme l’eau monte
demain vient.
Pauvre petit
demain
LA MARE, LE MUR, LA MORT!
Henri Michaux 1944
Publié dans la revue Confluences, N°1 de la nouvelle série – Janvier-Février 1945
J’avais lu le texte car je l’avais cherché dès que tu l’avais cité.
Très beau texte.
Superbe.
J’arrête l’écriture, la guitare, l’ornithologie.
:biggrin:
Oh, Christophe ne t’arrêtes pas en chemin! On a tous une marge de progression…Et puis nos petits textes à la petite semaine, ils nous amusent à les écrire et à les lire.
Va boire un verre de rouge ou une bière et tu te sentiras moins déprimés. :whistle:
Henri Michaux, c’est beau mais c’est aussi très tourmenté. Parfois noir, même.
D’accord.
Pas pour l’écriture hein : juste le canon de rouge !
Allez! Un petit dernier avant le départ:
J1, naissance des vacances.
Il faut avouer que cela fait plusieurs jours si ce n’est plusieurs semaines que je suis une vraie toupie. Je ne sais d’ailleurs plus vraiment dans quel sens je tourne : le sens du vent, le sens du courant ou à contretemps.
L’engrenage du rythme fou d’un service médico-social. Pas d’espions syndicaux pour dénoncer les conditions de travail parfois ubuesques. Les espions, c’est nous. Toujours au front, essayant d’éviter que certaines situations tournent vinaigre, pataugeant parfois dans la boue pour sauvegarder ce qui peut l’être avant parfois d’être acculés à jouer la police et à faire des RIP (relevé d’information préoccupante).
Et la patrie ? Nous en est-elle reconnaissante ? Non, froide, elle tente de désorganiser nos métiers pour arriver à diminuer les coûts. Elle déshabille Paul pour offrir un cache-sexe à Jacques, au détriment des usagers de mon service qui peuvent attendre plus de deux ans avant d’être accompagnés dignement.
Alors ? Vacances bien méritées.
Fuir la foule qui va à la plage. Retrouver l’air pur des montagnes. Observer la flore et la faune. Marcher, grimper, admirer les sommets, les vallées. Descendre et se sentir pleinement détendue. Apprécier l’effort simple puis se plonger dans un bon bouquin.
Prendre tranquillement un petit verre de vin à l’apéro.
J1, naissance des vacances.
Juste deux petits liens pour comprendre ce qui se passe autour de nos métiers du social:
http://www.gazette-sante-social.fr/20700/refonte-des-diplomes-les-travailleurs-sociaux-craignant-de-devenir-interchangeables-dans-la-rue?utm_source=newsletter-gss&utm_medium=email&utm_campaign=newsletter-29-06-2015.
http://www.ones-fr.org/?p=3259
:angry:
et tout ça … sous un régime de gauche ! :angry:
Ou un régime dyslexique ?
Oui, un régime non latéralisé qui ne reconnaît pas sa droite de sa gauche.
Pour notre secteur médico-social le régime amaigrissant s’est accentué depuis notre rattachement à l’agence régionale de santé(ARS) il y a quelques années et bientôt l’anorexie sera de rigueur alors qu’une loi votée récemment interdit de montrer des top-models trop maigres…
En attendant ce sont les usagers qui en pâtissent. 63 usagers dans mon service, une trentaine en liste d’attente et pas d’ouverture de places en vue. Cette année 7 sorties seulement donc il n’y aura que 7 entrées. Les autres restent à la porte. Les parents bricolent des suivis avec des professionnels libéraux sans aucune coordination. Les jeunes sont épuisés car en plus de leur journée scolaire ils ont, qui 2 séances de kiné, qui une séance d’ergothérapie ou une séance d’orthophonie avant ou après l’école. Tout cela sur le temps qu’il pourrait passer à se reposer, à jouer, à lire, à créer, à ne rien faire; à vivre une vie d’enfant tout simplement.
Très beau ton dernier texte, Maïvon. :wub:
Oui texte bien sympa, d’autant plus que c’est les vacances.
Je partage les préoccupations de Maïvon pour le secteur santé-social, j’y travaille aussi et je dresse des constats similaires.
Il me semble juste que l’ARS franc-comtoise est moins dure, ou alors on est seulement un peu en retard sur la cadence…
Merci :cheerful:
Un article très intéressant sur les pléonasmes qu’on faits sans forcément sans rendre compte :
http://correcteurs.blog.lemonde.fr/2015/10/13/les-pleonasmes-les-plus-en-vogue-dans-la-presse/
Je mets très souvent des points de suspension (c’est un peu une manie chez moi). Jusque là, ça va. Mais il m’arrive de les faire précéder de « Etc » . Aïe aïe aïe !!! :blush:
Et s’il n’y avait que cette erreur là que je fais :angel:
Je crois bien que quasiment toutes celles qui ont été citées dans l’article, je les ai faites un jour ou l’autre :whistle:
A partir de dorénavant (Hi hi hi ! Ils ne l’ont pas citée celle-là ), je ferai attention :biggrin:
Belle résolution que tu as prise à partir de dorénavant désormais et dès maintenant à l’avenir par la suite au jour d’aujourd’hui !
Il y a aussi voie de chemin de fer : voie ferrée ou chemin de fer suffisent.
D’ailleurs dans « Blogadupdup » je me demande s’il n’y a pas une répétition ?
:whistle: