La semaine dernière, je vous parlais du pinson des arbres qui est sans doute l’oiseau le plus commun en France.
Aujourd’hui, je vous parlerai de son cousin : le pinson du Nord.
Les personnes qui pratiquent le nourrissage hivernal des oiseaux et qui habitent dans l’Est de la France connaissent bien cet oiseau venu des pays nordiques.
C’est en effet un habitant de la taïga, des immenses forêts de conifères de Scandinavie. Dans leurs pays d’origine, les pinsons du Nord se nourrissent de graines (de myrtilles, de graminées, de carex, de renoncules …) mais aussi d’insectes (coléoptères, papillons, diptères, hyménoptères …).
En hiver, les pinsons du Nord consomment principalement des faines (le fruit du hêtre) et les déplacements des populations de pinsons dépendant alors essentiellement des ressources locales disponibles.
L’abondance des pinsons du Nord est très variable chez nous. Certains hivers, ils sont quasi-absents alors que d’autres ils seront plusieurs millions à fréquenter notre région. Ces années d’abondance font souvent suite à plusieurs années de bonne reproduction des pinsons et à une fructification exceptionnelle des hêtres. Ces années-là voient souvent une partie des pinsons du Nord fréquenter les postes de nourrissage, pour notre plus grand bonheur.
Je me souviens avoir vu des concentrations incroyables de pinsons du Nord en février 1978 en Haute-Saône (on en parle même dans le livre de Paul Géroudet) et, plus récemment, en mars 2005 j’ai assisté à un rassemblement de cinq millions d’oiseaux à la frontière suisse dans le Haut-Doubs (je faisais alors des photos en argentique et je n’ai pas de scanner à diapos, désolé donc de ne pouvoir vous en montrer des images). Paul Géroudet parle dans son livre de la présence de 100 millions de pinsons du Nord en Suisse lors de l’hiver 1950-1951, dont les trois quarts concentrés dans le même dortoir. A raison de 41 faines en moyenne par oiseau, il faut 17 tonnes de nourriture par jour pour deux millions de pinsons.
Avec l’arrivée progressive du printemps, les mâles de pinsons du Nord prennent au fil des semaines de très belles couleur, la tête passant progressivement au noir.
Les femelles sont reconnaissables à leur aspect très clair.
Au cours de cet hiver 2013, quelques dizaines de pinsons du Nord ont fréquenté régulièrement mes deux postes de nourrissage, jusqu’à une quarantaine la semaine dernière.
Dans quelques jours, les pinsons du Nord repartiront vers la taïga.
Ta précision sur le volume de nourriture est typiquement le genre d’observation qui m’intéresse. Nous sommes souvent devant des choses que l’on ne remarque pas. Un botaniste parlerait sûrement d’une stratégie de l’arbre : en produisant beaucoup il attire les oiseaux pour assurer une propagation de son espèce. Quitte à parler de stratégie, c’est à dire à coller une attitude humaine aux arbres pourquoi ne pas parler de générosité ?
De toute façon, la nature est généreuse, les arbres comme les autres êtres vivants.
C’est toujours un plaisir de regarder les oiseaux qui viennent à la mangeoire mais quand le pinson du nord est là, le plaisir est encore plus grand pour moi. D’abord, certainement parce que je le trouve particulièrement beau, et peut-être aussi parce qu’il m’apporte un peu du Grand Nord ?
Cet hiver, il était bien là
Pas 100 millions, évidemment, mais quelques uns quand même.
« 17 tonnes de nourriture par jour pour deux millions de pinsons » …
« 100 millions de pinsons du Nord en Suisse lors de l’hiver 1950-1951, dont les trois quarts concentrés dans le même dortoir »
Cela nous fait plus de 630 tonnes de nourriture par jour pour ce seul dortoir …
Hallucinant !!! :ermm:
Toujours aussi belles les photos de Bernard .
Sur la photo 18, les couleurs du pinson reprennent exactement celles de son environnement. Le ventre pour la neige, les taches sur les flancs pour les branches, les couleurs orange et noire pour les bourgeons. Cela donne beaucoup de charme à la photo. :wub:
Généralement, les pinsons du Nord dorment en dortoir dans les arbres. Au lever du jour, ils partent se nourrir dans un rayon de 25 km (d’après Géroudet) mais souvent bien plus. Ces 630 tonnes de nourriture dont tu parles correspondent au moins à des dizaines de milliers d’hectares
Oui oui, bien sûr … Je me suis mal exprimée …
C’est évident que ces 630 tonnes ne sont pas prélevées sur le dortoir mais par les oiseaux de ce dortoir.
D’ailleurs, est-ce que les pinsons ont un arbre de prédilection pour installer ces dortoirs ? Si ça se trouve, ce sont sur des arbres où il n’y a pas de nourriture pour eux ? Est-ce que tu sais (ou Christophe) quelque chose à ce sujet ?
Lorsque j’ai vu les 5 millions de pinsons du Nord, il y en avait des milliers par arbres et il y en avait sur tous les arbres. Je n’ai pas regardé en détail mais j’imagine que toutes les essences d’arbres étaient concernées.
Wouahhh, le beau zoziau!
Au risque de se répéter, encore de bien beaux clichés. :wub: :wub: :wub:
Tu pourras bientôt éditer un guide des oiseaux d »Europe rien qu’avec tes photos ! :silly:
Découverte de votre blog par hasard… J’aime votre vision de la nature.
Il peut pas éditer son guide , il a pas le Bouvreuil !!
:tongue:
Le Pinson du nord ,
Voilà un oiseau qui devient très très rare chez moi ( Région Concarneau Finistère ) depuis quelques hivers .
Je n’ai pu signaler qu’un passage de 66 oiseaux le 04 novembre 2012 et 8 oiseaux le 17 décembre 2012 … Ensuite , deux ou trois observations d’oiseaux au milieu de bandes de pinsons des arbres dans la campagne environnante . Dans les années 2006-2007 , les pinsons du nord étaient bien plus nombreux au poste de nourrissage de mon jardin que les pinsons des arbres !
:wassat:
En janvier 2012 j’avais reçu ce communiqué sur mon site :
*** Ils sont là !! Le spectacle fantastique des Pinsons du Nord en Ajoie.
Un immense rassemblement de Pinsons du nord s’est formé à Vendlincourt. Chaque soir des centaines de milliers voire des millions d’entre eux rejoignent un dortoir commun. Leur ballet aérien offre un spectacle unique en son genre qui attire nombre de spectateurs.*** (Station Ornithologique Suisse — communiqué du 13/01/2012).
En ce qui concerne les essences sur le site du dortoir, le hêtre est présent bien sûr !
http://www.eyesonsky.com/oiseaux-info/des-dortoirs-de-pinsons-du-nord
Et comme il est raconté dans cet article, les oiseaux vont loin chercher leur pitance, jusqu’en Haute-Saône, c’est dire !
Je n’ai malheureusement pas encore eu la chance d’assister à ce spectacle.
Une nuée d’oiseaux, c’est toujours impressionnant, j’ai eu l’occasion de le voir avec les oies (200000 posées en Hollande sur le continent) et des goélands (plusieurs centaines de milliers)… à Texel bien sûr.
Chez nous , 150 choucas des tours au dessus du village et c’est la guerre , on veut sortir les longs fusils … Alors des millions de pinsons , ce serait l’apocalypse , la fin de l’humanité !!!
:devil: :devil: :devil:
Lorsque j’avais observé le dortoir de pinsons du nord à Verrières de Joux, je me rappelle les attaques incessantes des éperviers et des faucons pélerins qui s’en donnaient à coeur joie.
Tu m’étonnes !
En voici un autre témoignage :
http://www.ornithomedia.com/breves/enormes-dortoirs-pinsons-nord-attirent-rapaces-00455.html
Ah oui, en lisant ton article je me rappelle également d’un autour …
Et un Faucon pélerin qui pique ça va vite : une petite vidéo qui en retranscrit trop peu, il est chronométré ici à 243 miles/h (soient environ 391 km/h).
Ce film en rend très mal compte car il faudrait un point fixe pour juger de la vitesse.
Il m’a fallu plusieurs observations, dans mes années de débutant, avant de pouvoir suivre aux jumelles un oiseau en phase de piqué, tant l’accélération est forte, faut dire que la chasse se situait sous mes yeux : il n’y a que quand on est loin que l’observation est confortable, de près c’est à se casser la nuque !
Une fois, un oiseau est passé tout près de moi en fin de piqué, il est arrivé dans mon dos alors que j’observais des canards sur un étang. Il m’a fallu un moment pour réaliser qui pouvait être ce petit OVNI capable de faire 100 mètres en une seconde et disparaître.
Quant à la technique de l’autour ou de l’épervier, on en a déjà parlé sur ce blog, c’est tout aussi spectaculaire.
Un tel dortoir de pinsons, c’est une aubaine pour les grands prédateurs, et le pourcentage de capture doit être largement augmenté… C’est aussi ce qui se passe à la mangeoire !
Euh… Yves… Hé Dupdup : L’épervier d’accord, mais vous n’avez quand même pas le pélerin à la mangeoire ?!
« Et un Faucon pélerin qui pique ça va vite… »
Ba oui mon brave môssieur… Suivre à la jumelle c’est pas de la tarte. Quant à filmer … ! :unsure:
Ce matin, à 7H il y avait 5-6 pinsons du nord à la mangeoire. Je pense qu’ils partiront d’ici quelques jours.
Une bonne moitié des tarins est déjà repartie, il en reste une quarantaine.
Sur un quarantaine de tarins, il n’en reste plus que 3 hier, pareil pour les pinsons du nord 3 ou 4 hier.
Gros coup de tonnerre tout à l’heure avec giboulée de grêle !
Les pinsons du Nord ont raison de remonter vers les pays plus chauds ! :whistle: :devil:
Mais comme tu le disais, plus au nord, la situation se gâte pour eux…
Le printemps en retard au Bélarus : des milliers d’oiseaux migrateurs
bloqués
MINSK, 09 avr 2013 (AFP) – Des milliers d’oiseaux migrateurs, dont des
grues, des cigognes et des canards, sont bloqués au Bélarus par le retard du
printemps qui les empêche de poursuivre leur route vers le nord, ont annoncé
des spécialistes mardi.
Quantité d’oiseaux se sont regroupés dans la région de Brest (ouest), près
de la frontière avec la Pologne, a indiqué à l’AFP Viktor Fentchouk, le
directeur de l’Organisation de protection des oiseaux du Bélarus.
Les oiseaux renoncent à poursuivre leur route au travers du Bélarus vers le
nord en raison de la grande quantité de neige et du froid, et leur migration
est déjà en retard de trois semaines, a-t-il ajouté.
Les oiseaux « se regroupent près des routes et des agglomérations, où il est
plus facile de trouver de la nourriture », a ajouté M. Fentchouk.
Ce spécialiste a indiqué que des vols d’oiseaux migrateurs avaient été
observés à deux reprises dans l’intérieur du pays, mais que ceux-ci à chaque
fois étaient revenus en arrière, repoussés par les conditions climatiques.
« Il n’y a là rien de grave, l’intervention de l’homme serait bien plus
néfaste pour les oiseaux », a-t-il souligné.
Le Bélarus ainsi que la Russie, qui est la destination de nombreuses
espèces migratrices, ont connu cette année un hiver particulièrement rigoureux
et neigeux, qui a retardé l’arrivée du printemps comme en Europe occidentale.
On le savait que Brest c’était à l’ouest !
Oui à l’ouest mais ici :
https://maps.google.com/maps?q=52.48278,23.57666&ll=52.48278,25.532227&spn=6.86643,16.54541&num=1&t=m&z=6
En zoomant sur la carte, on ne voit pas grand chose. :blink:
Belarus, Terra incognita ?
Les photos sont comme d’habitude superbes. J’ai vu cet oiseau il y a quinze jours chez une amie qui nourrissait tous les piafs du quartier. :wub:
J’ai fait un peu d’affût ce matin, tous les mâles de pinsons du nord sont partis et il ne reste que des femelles.
Par contre, il y a encore une bande d’une trentaine de tarins, composée à la fois de mâles et de femelles.
Autour de chez moi , Je n’ai jamais observé un mâle Pinson du nord avec le plumage aussi noir que sur l’image 15 !!
Magnifique !
Je suis dans la lune…. je rêve tout en lisant ton article… quel bonheur ! Je les imagine au milieu de la taïga ce doit être impressionnant de voir autant d’oiseaux que Géroudet parle pour la Suisse, c’est complètement fou !
C’est vraiment l’un de mes oiseaux préférés et d’ailleurs que j’ai la chance d’avoir photographié pas mal de fois dans tes affûts…. quelles jolies couleurs ils ont ! :wub:
A Passy en Haute Savoie altitude 1100 m,(25 km de Chamonix) des milliers de pinsons du nord ,un superbe spectacle de ballet autour de ma maison, mais difficile pour les photos…
Suzie
Ils seraient déjà en Haute-Savoie s’en s’être arrêtés auparavant en Franche-Comté ?
Bienvenue à toi Suzie !